Greenleaf au Grillen

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Vous le savez sans doute, je ne suis pas stoner. Le groupe Greenleaf ? Connais pas. Pourtant dimanche soir, je suis allé au Grillen à Colmar les écouter.

Alors non, ce n’était pas une invitation du groupe ou du label, je ne fais plus ça depuis longtemps. C’était une proposition de mon copain Seb qui lui, connaît un peu la discographie du groupe.

J’ai consulté mon planning du lundi pour vérifier qu’il n’était pas trop chargé et j’ai dit ok. Ensuite j’ai écouté la musique de Greenleaf avec l’album Revolution Rock. Ben c’était vraiment stoner et je ne suis pas allé jusqu’au bout.

Du coup j’ai demandé une accréditation photo à l’association Headbang qui organise l’événement, histoire d’avoir quelque chose à faire pendant le concert si je n’accrochais pas trop à la musique.

C’est le groupe local Coma qui ouvrait la soirée, un jeune quatuor de stoner français qui essaye de trouver sa place. Bon comme dit plus haut, je ne suis pas amateur de stoner et Coma n’est pas une formation pro. Le groupe manque d’une identité vraiment affirmée comme de charisme en live et je n’ai pas entendu leur fibre psychédélique.

Il arrive que les premières parties de concert soient de belles surprises, là disons le, la demi-heure qu’a duré leur prestation m’a paru un peu longue. Mais ma patience a été récompensée par une bonne bière offerte par Seb !

Après une communication de l’association Headbang et un gâteau d’anniversaire, c’était au tour de Greenleaf de monter sur scène. Et dès les premiers accords de guitare, j’ai su que ça allait être du lourd.

Greenleaf ne joue pas à proprement parler du stoner. Je parlerai plus de hard rock blues à tendance soul, le genre de truc qui prend aux tripes sans se prendre pour autant vraiment au sérieux. Il sera par exemple question d’odeur d’aisselles en fin de tournée.

Tommi, le chanteur, possède une manière bien à lui d’arpenter la scène avec sa démarche voûtée très particulière, sa main droite souvent pointée vers le ciel et ses yeux un peu fou. Il dégage une incroyable énergie comme son batteur, liquide après deux morceaux. Le bassiste est tout sourire quand le guitariste corpulent se cache dans sa tignasse dégarnie. Ils sont furieusement bons et leur musique me semble étonnamment familière tout en restant très éloignée de ma zone de confort. Je ne comprends pas ce qui m’arrive.

Le public est également conquis. Il bouge, danse, reprend en chœur les refrains, l’atmosphère est chaude bouillante. Pendant un peu moins d’une heure et demie, Greenleaf va mettre le feu au Grillen.

Cela peut sembler court mais le groupe ne s’économise pas une seconde. Pendant qu’ils jouent je shoote comme un fou pour essayer d’obtenir la bonne image qui traduira la dynamique de cette soirée, et ce n’est pas facile d’autant que j’ai également envie de bouger avec la musique.

Après deux rappels nos quatre musiciens tirent leur révérence pour retrouver le public au stand de merch. N’ayant ni payé l’essence, ni la bière ni ma place, sans parler du joli cadeau offert par l’association Headbang, je me suis offert leur dernier album en vinyle, principalement parce la pochette est vraiment magnifique. Et bonne surprise, une fois l’euphorie du concert passé, j’ai vraiment aimé ce que j’ai entendu sur la galette.

Merci à Seb de m’avoir sorti un dimanche soir, merci à Headbang qui fêtait ses dix ans et merci à Coma et Greenleaf pour la musique. Ce fut une soirée mémorable.

Photos sous licence CC BY-NC-ND 4.0

Messa au Grillen

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Mardi 7 octobre, le groupe italien Messa jouait au Grillen à Colmar.

J’ai déjà eu l’occasion de les écouter en live au P8 il y a deux ans et je vous ai récemment parlé de leur excellent album The Spin sorti cette année, un vinyle qui a de fortes chances de figurer dans mon top 2025.

J’adore cette chanteuse brune vêtue de noir chaussée de talons hauts sur scène qui m’ensorcèle avec sa voix fabuleuse. Et j’adore leur musique psyché stoner qui se bonifie d’album en album. Bref, j’adore ce groupe.

J’allais au concert avec deux compères, Sébastien et Jean-Nicolas, bien décidés à ne pas conduire pour profiter des bières du Grillen. Du coup, j’ai transporté deux alcooliques anonymes. 

J’avais demandé une accréditation photo quatre jours auparavant, mais je n’ai reçu la réponse positive que le jour J à 15h, alors que j’étais au travail. J’avais rendez-vous avec mon kiné en sortant du boulot et les portes du Grillen s’ouvrait  à 19h ce qui m’a laissé un petit quart d’heure pour préparer mon matériel photo et manger quelque chose avant d’aller récupérer mes deux zozos. Autant dire que j’étais à cran.

Le trio de doom stoner colmarien Supertzar ouvrait le bal avec un son musclé et une batterie déchaînée. Si j’ai bien compris, ce concert sera l’un de leurs derniers, d’après que qu’a dit Bruno le chanteur guitariste du groupe. Dommage, parce que leur musique fonctionne bien et ils assurent en live. Je dis ça, mais bon, après trois morceaux, j’avais ma dose, ce genre de compositions restent relativement répétitives pour un proghead habitué aux morceaux alambiqués.

Installés au bord de la scène, les trois chevelus faisaient face au public venu nombreux ce soir-là. Bruno à gauche, Jules au milieu derrière sa batterie et Jonas à droite avec sa basse. Gros sons graves, batterie explosive, guitare chargée et chant clair, le groupe a livré un set assez long, jouant des morceaux de plus de sept minutes. Honnêtement, passé la moitié du set, j’ai commencé à trouver le temps long, déjà parce que j’avais mes photographies, ensuite parce que la musique ne m’emballait pas plus que cela.

Mais après un dernier titre et une rapide mise en place, c’est Messa qui s’installe. Bon et je crois que vous l’avez compris, je suis amoureux de leur chanteuse et de leur musique. Le groupe va jouer un large répertoire, avec une belle place au dernier album The Spin, mais pas que. Sara, entre deux gorgées de bière, chante comme une déesse sur ses talons aiguilles. Alberto, le guitariste timide, au look de Ringo Starr, nous livre des merveilles sonores tout en discrétion alors que Marco, à la basse, installé presque en face de moi, est nettement plus démonstratif sur scène. Reste Rocco, au fond de la scène, quasiment dans l’obscurité, qui donne le tempo au quatuor italien.

Le public est chaud bouillant. Un bonhomme torse nu et ventripotent aux cheveux blancs s’agite comme un diable au premier rang (il trinquera avec Sara amusée par tant d’enthousiasme), un photographe hésite entre hurler et prendre des photos (je suis un peu dans le même cas) et mes compagnons de route boivent des bières. Pour ma part j’arrive à me faufiler dans la foule mouvante pour changer d’angle de vue, m’éloigner du gros son du premier rang pour mieux profiter de la voix près de table de mixage.

Je serai plusieurs fois en galère avec mon appareil photo. Comme dit plus haut, je n’ai pas eu le temps de le préparer avant de partir et certaines limitations que je m’impose en concert au matériel sautent pendant cette soirée. Souvent, je monte beaucoup trop haut en sensibilité, ce qui donnera des image quasi inexploitables pour certaines. Je n’ai pris qu’un boîtier, faute de temps pour préparer celui qui me sert principalement pour réaliser les vidéos des chroniques. Cela va m’obliger à des changements d’objectifs acrobatiques en plein salle de concert. Mais malgré toutes ces galères, je suis assez content des photos de Messa même si je me suis un peu trop focalisé sur la chanteuse.

Le son n’était pas génial devant la scène, trop de basses et les voix qui étaient noyées dans les décibels. Mais en allant au fond de la salle, le rendu était nettement meilleur, surtout pour le Grillen qui est une salle qui ne brille pas par son acoustique. C’est près de la porte de la sortie que j’ai profité de la fin du concert de Messa, histoire d’écouter de la musique et ne plus faire de photographies.

Le concert se termine vers 22h30, soit trois heures après son début. Cela tombe bien, car demain, je travaille et il faut que je ramène mes deux passagers à domicile avant de me coucher (c’est sur la route). La prochaine date programmée dans mon calepin est le 25 octobre Chez Paulette avec Mystery et si je peux, le 17 octobre avec Antimatter à Karlsruhe, mais pour l’instant j’ai d’autres obligations astronomiques.

Merci à Headbang et à mes deux passagers qui ne m’ont même pas offert une bière.

Toutes les photos de Messa sont ici.

Et les photos de Supertzar sont ici.

The Watch plays Genesis

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Après Genesis en 1977, Steve Hackett en 2022, le groupe italien The Watch joue Seconds Out, un des plus fabuleux live des britanniques.

Leur tournée passait par la salle du Grillen à Colmar le vendredi 17 mars, l’occasion de les revoir après leur passage Chez Paulette il y a quelques années.

Le concert se jouait à guichet fermé mais par chance pour moi, l’association Zik’Inside, qui organisait l’événement, m’avait donné une accréditation photo pour la soirée, merci à eux.

Du coup je suis arrivé très à l’avance pour être certain de trouver une place acceptable et m’installer, car shooter lors d’un concert sold out peut s’avérer compliqué. J’inaugurais ce soir là un harnais photo acheté cet été après le festival Rock Your Brain Fest, un genre de gilet pare-balles permettant d’accrocher les boîtiers et les optiques afin de libérer les mains. J’avoue que c’est très pratique et cela fait presque oublier que l’on trimballe plusieurs kilos de matériel sur soi. Je dis bien presque.

Dans la fille d’attente puis à l’intérieur j’ai retrouvé plein de vieux comme moi, deux trois jeunes égarés et des amis, connaissances et musiciens de la scène prog locale. J’ai rencontré également, pour la première fois, Didier Grillot qui est derrière le projet Plus 33 et avec qui il est prévu de faire une séance de shooting pour son prochain album.

Vers 20h30 The Watch monte sur scène et dès les premières notes je suis sous le charme, il faut dire que Genesis et moi, c’est une vieille histoire d’amour de plus de quarante ans. Un message enregistré de Steve Hackett (non, il n’était pas caché en coulisses, présente le live). Steve joue des guitares sur le dernier album solo du groupe. Car si The Watch est un tribute à Genesis, il enregistre également d’excellents albums de rétro prog qu’hélas il ne joue que trop peu en live. Ce soir, nous n’aurons droit qu’à du Genesis.

Contrairement à la soirée Chez Paulette en 2018, le concert est un véritable show de lumières qui compense le côté très statique de la prestation. Pour résumer, seul le bassiste et chanteur sont debout. Simone Rossetti s’adresse régulièrement au public en anglais, car s’il passe ses vacances dans notre beau pays, il n’en parle pas beaucoup la langue. Il présente brièvement l’historique de ce live et s’attarde sur quelques rares titres comme ‘The Cinema Show’.

Le concert se déroule en deux parties avec une courte pause vers 21h30, le temps pour moi de changer de côté et de discuter un peu avec Didier Grillot. Après un seul rappel, The Watch tire sa révérence. Il faut dire que les morceaux de Genesis sont souvent des titres fleuve et que le lendemain ils doivent être à Paris pour une nouvelle date.

Le son était de qualité étant donné la salle, leur prestation à la hauteur de mes espérances et les morceaux joués tout simplement sublimes, mais c’est normal, c’est du Genesis. J’ai quand même entendu ici ou là quelques doigts palmés et canards mais quand la musique est là…

Un grand merci à Zik’Inside d’avoir organisé cette soirée et à The Watch pour leur fabuleuse prestation. En espérant qu’ils reviendront un jour jouer leur répertoire dans la région.

Toutes les photos sont sur Flickr.

Prochains concerts le 1er avril au Münsterhof à Strasbourg, classique cette fois, c’est ma femme qui joue avec ses amis, et le 8 avril Chez Paulette avec RPWL.

Evergrey au Grillen

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Finalement j’y suis allé, poussé par ma chérie. C’était pourtant un lundi soir, j’avais encore trois points de suture à la main gauche et une béquille pour soulager le pied droit.

Mais madame est fan de Silent Skies, surtout le premier album, comme moi, et lorsqu’elle a fait le lien entre le chanteur de Silent Skies et Evergrey, elle a voulu aller les écouter. Moi aussi je voulais voir le groupe de Goteborg en live depuis des années. Alors nous y sommes allés, juste après une grosse journée de travail.

Evergrey jouait au Grillen à Colmar en compagnie de Virtual Symmetry et des français de Fractal Universe. Autant dire que la soirée s’annonçait très métal, bien loin de la douce mélancolie de Silent Skies. J’avais prévenu ma chérie que ça allait tabasser, surtout au Grillen qui n’est pas réputé pour la subtilité de son acoustique. 

J’ai bien fait sinon je me serai fait disputer. 

Virtual Symmetry ouvrait les hostilités à 19h30. Du metal progressif assez soft façon Dream Theater ou Evergrey avec des claviers électro et pas de growl. Bon, ça tabassait déjà pas mal.  Le groupe a fait son possible pour mettre de l’ambiance devant le public peu enjoué même si c’était un peu forcé. Je n’avais pas vraiment accroché à leur album Virtual Symmetry mais j’ai trouvé leur prestation live de meilleure facture, surtout vocalement.

Juste après, Fractal Universe prenait la relève. Clément, le batteur, prépare son kit avec soin, s’assurant que tout est bien en place. Il faut dire, comme le prouvera le live, qu’il est le cœur du groupe, un batteur fabuleux, qui écrit la mélodie quand guitare et basse construisent la rythmique. Contrairement à leur album The Impassable Horizon où pointe un peu de chant clair, nous aurons droit essentiellement à du growl bien rugueux, du djent tabasseur technique à souhait et une démonstration de maestria metal. Le saxophone s’invite sur quelques morceaux mais sincèrement, avec l’acoustique défaillante du Grillen et le matraquage des basses, toute forme de subtilité a échappé à mes bouchons d’oreille. J’ai quand même adoré leur set.

Vers 22h c’est Evergrey qui monte sur la petite scène. Le public s’est nettement densifié mais on peut toujours se déplacer jusqu’au bar pour commander un coca. 

Une bière? Non un coca. Voilà votre bière, elle est locale. Je voulais un coca… Une bière ? Non un coca. Elle est bonne notre bière. Ok, bon ben je prendrai une bière alors.

Tom n’a manifestement pas chauffé sa voix avant de grimper sur scène. Les débuts sont rocailleux. Mais après deux morceaux, le diésel est chaud, et malgré une certaine fatigue, nous retrouvons la voix de Evergrey. Comme l’a finement remarqué mon épouse, Rikard Zander n’est pas Vikram Shankar (Silent Skies) et Jonas Ekdakri  n’est pas Clément Denys (Fractal Universe). Mais les guitares de Henrik Danhage sont à la hauteur comme la basse de Johan Niemann. L’ensemble fonctionne à la perfection et la prestation de Evergrey est juste impressionnante.

Je n’apprécie le groupe surtout depuis leurs trois derniers albums. Alors lorsqu’ils ont exploré de vieux morceaux j’ai un peu décroché. D’autant que la fatigue de la journée commençait à se faire sentir et que le pied devenait de plus en plus sensible.

Ce fut un belle soirée métal, d’autant plus exceptionnelle que je l’ai partagée avec mon épouse, plus habituée aux auditoriums de musique classique qu’aux salles remplies de métallos en furie. Mais elle, plus tenace que moi, a réussi après avoir lourdement insisté, à avoir du coca dans son verre.

ps : les photos proviennent de mon smartphone, désolé…