180 grammes

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Vous l’avez sans doute remarqué, les galettes en bakélite sont de retour alors qu’elles avaient presque disparues à la fin des années quatre-vingt. 

La majorité des groupes proposent aujourd’hui du digital, des CDs ainsi que des vinyles lorsqu’ils sortent un disque. L’objet est beau mais s’adresse à un public souvent audiophile. 

J’ai remarqué que les jeunes artistes rêvaient de graver leurs créations sur une galette noire. Une sorte de jalon obligatoire sur le chemin de la gloire. Seulement voilà, bien souvent, après un premier album vinyle, ils reviennent au CD. J’ai cherché à en comprendre la raison.

Il y a le prix tout d’abord. Un pressage vinyle est plus onéreux que la fabrication de CDs. Ensuite, comme dit plus haut, les acheteurs de vinyles ne sont pas si nombreux car la galette nécessite le plus souvent, pour l’écouter, une platine, un pré amplificateur, un amplificateur et des enceintes alors qu’un PC suffit pour écouter un CD et un smartphone pour du digital.

Ensuite un master analogique ne se conçoit pas comme un numérique. Et si on ne distingue pas les deux, un des deux supports aura un son inapproprié.

Enfin, le pressage à bas coût tue le vinyle et les artistes à petits tirages s’orientent souvent vers des sociétés peu onéreuses pour essayer de trouver un équilibre financier, négligeant le son pour le look, la galette de couleur, le picture disk, le double volet avec de belles photographies.

Du coup certains vinyles sont très décevants et le mp3 320 parfois même plus dynamique. Le son peut se révéler terne, plat, brouillon, griffé. Je possède quelques galette de ce genre, un Marcela Bovio presque inaudible, un Petter Carlsen terne, un Dream Theater sans aucune dynamique, un TesseracT décevant.

À côté de cela, je possède des merveilles comme un Pink Floyd pressé récemment, un Opeth 180 grammes magnifique, un Cris Luna fabuleux.

Le choix d’un pressage 180 grammes audiophile garantit déjà une certaine qualité mais ne fait pas tout. Si le mix à la base était moyen, n’espérez pas grand chose. Les galettes noires seraient de meilleur qualité que les arc-en-ciel et les pictures. Là dessus j’avoue n’avoir pas d’avis.

Ce qui est certain c’est qu’un grand tirage est nécessaire pour disposer à la sortie d’une bonne qualité d’écoute, parce qu’un grand tirage permet de presser des vinyles de test. Ce n’est cependant pas une garantie absolue loin de là. Bref à chaque fois que vous achetez un vinyle, c’est un peu la loterie, mais parfois, il y a de belles surprises. Alors, le plus souvent, si je ne dispose pas de la version numérique, j’achète également le CD avec.

Zoophilie

Vous aimez les animaux à poil ? Ils sont tout le temps à poils, sauf les poissons rouges, eux ont des écailles et les canards qui possèdent des plumes. Bon il y a bien des mémères qui habillent le chien-chien mais le débat n’est pas là. Philie vient de l’amour, Zoo d’Amnéville, voila pour le latin. La zoophilie, c’est donc l’amour des animaux non ?

Si je transpose cela dans un autre univers, l’audiophilie devrait être l’amour du son. Vous me suivez toujours ? La question que je me pose, un peu comme pour la zoophilie, c’est, ne fait-on pas du mal à quelqu’un ou quelque chose lorsque l’on est soit disant audiophile ? Mais qu’est-ce qu’il raconte là le gars ? J’y arrive…

Nous avons déjà eu une conversation sur le vinyle je crois, pré carré des audiophiles. Mais savez-vous ce que vous faites lorsque vous écoutez de la musique ?

Je prends un exemple classique. Monsieur X possède un iPod et y stocke sa musique. Ses mp3, achetés via Amazon, peuvent être convertis au format AAC (on y reviendra) dans iTunes. Il branche son lecteur via une prise USB sur son home cinéma Sony et lance l’écoute. Comme le son manque de quelque chose, il règle un mode Rock pour donner plus de relief à la musique et balance le tout  en 5.1 à fond dans la pièce.

Qu’a fait ici le malheureux innocent ?

Pour commencer, il a acheté du mp3 320 Kb/s dans le meilleur des cas. Le mp3 ou MPEG-1/2 Audio Layer III, est protocole de compression des fichiers sons, une compression avec perte, c’est à dire qu’une partie du signal initial s’égare en chemin, particulièrement dans le spectre des aiguës.

Ensuite il l’a converti via iTunes en AAC, ADVANCED AUDIO CODING, un autre format de compression sonore plus ancien encore, qui va à son tour déformer le pauvre mp3 déjà bien mal foutu.

Après, il a utilisé un minable processeur sonore pour envoyer du son doublement compressé au DAC (Digital Analog Converter) du home cinéma pour transformer et amplifier le signal numérique en analogique (oui car dans les hauts-parleurs, c’est de l’analogique qui arrive). Non content de cela, pour pousser le son un peu faiblard, il passe par une puce qui va modifier les fréquences afin d’en rehausser certaines et en atténuer d’autres.

Et pour finir, le son 2.0 (comprenez stéréo) va être réparti un peu aléatoirement sur 5 enceintes 1 voix minuscules (twiter) et un gros caisson de basse (subwoofer).

Que reste-il du son enregistré en studio par l’artiste ? Pus grand chose, une bouillie informe. Allez si, quelques basses et des aiguës déformées. Finalement vous feriez mieux d’aller faire pan pan cul cul avec votre lapin, ça fait moins mal aux oreilles (sauf si vous le tenez par les dites oreilles).

Une autre mauvaise option est d’écouter un CD sur un lecteur DVD ou Blu-Ray branché en optique sur un home cinéma. Le signal numérique ne doit pas être amplifié directement, il doit tout d’abord être transformé en analogique, c’est comme ça. Or, un CD contient des 1 et des 0, donc du numérique. Le lecteur DVD ou Blu-Ray, va les transmettre à l’ampli home cinéma via la fibre optique en numérique, et ça c’est mal. S’il y a des lecteurs CD, DVD et Blu-Ray, c’est parce qu’il n’ont pas le même usage, un lecteur CD est fait pour écouter de la musique, pas le lecteur DVD. A votre avis, pourquoi les groupes sortent leurs lives en CDs et DVDs en même temps ?

Inutile d’être Crésus pour écouter de la musique dans de bonnes conditions. Avec une platine CD, un ampli correct et deux enceintes honnêtes vous avez un bon point de départ pour vous faire plaisir pour un budget inférieur à 800€ (oui je sais c’est cher).

Si vous voulez utiliser du format numérique (mp3, flac, wav…), il vous faudra impérativement un DAC (il en existe quelque uns à des prix très raisonnables). Le DAC se place entre le lecteur mp3 (un PC par exemple) et l’amplificateur. Le son transite du lecteur vers le DAC via un câble USB (attention, ne mégotez pas sur la qualité de ce câble) et du DAC vers l’ampli (entrée auxiliaire) via deux câbles RCA (pareil pour la qualité).

  1. signal analogique (son d’origine)
  2. signal digitalisé (CD)
  3. signal digital converti en analogique par le DAC

Préférez toujours le FLAC ou ALAC au mp3, WMA, OGG ou AAC. Les deux premiers font de la compression sans perte. Sur Bandcamp vous pouvez choisir le format de fichier lors du téléchargement. Oui mais iTunes pas lire le FLAC (Flicflac). Du coup prenez du Wav (pas de compression, donc de gros fichiers), mais impossible de mettre la pochette de l’album dans ce cas, vous serez obligé de le convertir en AAC pour que ce soit joli dans votre iPod et là caca… Il existe des formats numériques audiophiles en 24 bits (pauvre petit animal), pour en profiter, il vous faudra un DAC de compétition, une chaîne de riche et un lecteur mp3 audiophile ou un PC avec des drivers spécifiques, sinon ce sera de la frime ou juste par sadisme animalier.

Le bon côté du DAC, c’est qu’il peut, mais là on parle d’équipement de moyen de gamme à haut de gamme, améliorer sensiblement la qualité de la lecture de vos CDs. Je m’explique. Un CD c’est du numérique (je l’ai déjà dit). Le lecteur CD transforme le numérique en analogique avant de l’envoyer à l’amplificateur (toute la différence entre un home cinéma et une chaîne Hifi). Il se peut que votre DAC soit plus performant que celui de votre platine CD, dans ce cas, sortez de la platine avec des câbles coaxiaux pour aller vers le DAC et sortez du DAC pour rentrer dans l’ampli. Le DAC se charge alors de la conversion numérique analogique.

Si vous voulez écouter des vinyles, il vous faudra sans doute un pré ampli qui récupère le signal analogique de la platine et l’amplifie avant de l’envoyer à l’amplificateur. Encore un truc à acheter en plus de la platine et de la cellule. Bref pour les riches, les bobos, les frimeurs et les abrutis comme moi.

Comment choisir une platine CD, un ampli et des enceintes ? Surtout n’écoutez pas les vendeurs, écoutez le matériel. Amenez quelques CDs que vous connaissez bien et qui ne sont pas trop mauvais, prenez des genres variés, classique (symphonie et récital de piano), du métal très dense, du lyrique (bref quelqu’un avec une belle voix) et de l’acoustique. Ensuite posez-vous dans le magasin et écoutez. Certaines enseignes possèdent des auditoriums, n’hésitez pas à demander à écouter plusieurs équipements et configurations. Ne vous laissez pas influencer, c’est votre oreille qui écoute, pas celle du voisin. Croisez les solutions, telle platine avec tel ampli et telles enceintes. Après c’est une question de goût, certain préfèreront Cabasse à Triangle, Cambridge à Denon, là franchement il n’y a que votre oreille qui saura. La solution parfaite n’existe pas, sauf pour un budget supérieur à 10000€, il faudra donc faire des compromis déchirants. Chaque amplificateur donne une empreinte particulière au son, les plus neutres sont sans doute les Yamaha (le son universel et sans caractère), mais un Harman Kardon, un Cambrige ou un Denon imposeront leur patte sur les fréquences. Il en va de même pour les enceintes.

Il existe des spécialistes audio dans les grandes villes. N’hésitez pas à franchir la porte de leur boutique intimidantes. Ils sont de bon conseil, prennent le temps même s’ils savent pertinemment bien que vous êtes fauché, vous font écouter dans de bonne conditions et possède un matos de folie. Ce sont souvent des passionnés, et entre passionnés, on se comprend. C’est chez l’un d’entre eux que j’ai trouvé le casque de mes rêves. C’est là que vous trouverez des lecteurs Nagra, des ampli à lampes, des enceintes de folie. Mais il va falloir choisir, la voiture ou la chaîne.

Pour les petits budgets, sachez qu’un dock avec un lecteur mp3 est bien souvent préférable à mini chaîne. Un lecteur mp3 avec un bon casque Sennheiser ou Grado ce n’est pas mal non plus, mais surtout évitez les casques vendus avec les lecteurs qui sont de bien piètre qualité, évitez également les machins qui vous explosent les tympans avec leurs basses genre les épouvantables Beats hors de prix. Un casque, ça s’essaye, de la même manière qu’un matériel audio.

L’oreille s’éduque comme le palais, tant que l’on mange du Mac Do et du Domino, on ne se rend pas compte du goût des aliments. Il en va de même avec la musique. Tant que vous écouterez du mp3 128 kb/s avec un casque Beats qui se la pète, vous aurez du mal à concevoir toute la profondeur que recèlent certaines musiques. Ecoutez Dark Side Of The Moon de Pink Floyd en vinyle sur du bon matériel et juste après le même album en mp3, vous comprendrez sans doute de quoi je veux parler.

Tous les albums ne possède pas la même qualité de production, certains sont exécrables. Vous vous en rendrez compte si vous écoutez certains CDs sur du matériel moyen de gamme à haut de gamme. C’est le problème, quand on monte en gamme, on découvre que les CDs ne sont pas si parfaits et que certains ingés sons ne sont pas des audiophiles.

Tout le monde n’est pas audiophile, encore moins zoophile. Mais sachez quand même ce que vous faites à ces pauvres bêtes quand vous écoutez du mp3 sur une guimbarde.