Le grossissement

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Un samedi soir, il y a deux semaines, après une nuit blanche au Champ du Feu, la SAFGA – mon nouveau club d’astronomie avec lequel je risque de vous saouler rapidement – organisait une soirée de présentation du ciel à la ferme de Bussierre à Strasbourg. Je n’étais pas vraiment frais mais je tenais à y participer. Au programme présentation de Saturne et de quelques autres objets aux nombreux curieux restés tard ce soir là.

Je ne vais pas vous mentir, j’adore montrer le ciel aux personnes qui n’ont jamais levé les yeux vers la voûte céleste la nuit. Le ciel oui, mais surtout les planètes qui parlent nettement plus au grand public que la tache floue d’une nébuleuse dans l’oculaire.

La planète Saturne, bien visible avec ses anneaux et ses satellites a connu un vif succès. La galaxie d’Andromède, l’amas d’Hercules ou le système double de Mizar et Alcor nettement moins. 

Mais outre les ‘Oh’ et les ‘Ha’ prononcés en contemplant les anneaux de Saturne, la question qui revenait dans chaque bouche ou presque et que je ne me pose jamais est la suivante : « ça grossi de combien de fois votre instrument ? ». Et je l’avoue humblement ici, j’étais bien ennuyé pour répondre, faute de connaître la formule, d’ailleurs je crois que les astronomes amateurs se moquent le plus souvent de la réponse. Ce qui les intéresse simplement de savoir est quels oculaire ils peuvent mettre sur leur instrument pour que l’image reste acceptable.

Alors pour ne pas mourir bête et pour répondre la prochaine fois aux questions, je me suis renseigné.

Plusieurs paramètres rentrent en compte dans ces calculs. Le trajet que parcourt la lumière dans l’instrument, on appelle ça la focale, le diamètre du miroir du télescope ou des lentilles de la lunette et la focale de l’oculaire (nettement plus petite que celle de l’instrument). Au fait l’oculaire, c’est le petit machin rond par lequel on regarde dans un instrument.

Le grossissement est égal à la focale télescope divisée par la focale oculaire. Rien de très compliqué en fait. Encore faut-il connaître la focale de son instrument et même ça je ne le savais pas. Mon Celestron 8 pouces Hedge possède un miroir de 203 mm, une focale de 2000 mm et ouvre à f/10, ce dernier paramètre intéressera particulièrement les photographes, car il détermine beaucoup la lumière capturée par l’instrument. En l’occurence ici, pas beaucoup.

Donc reprenons, j’utilisais un oculaire de 40 mm pour le ciel profond et un oculaire de 15 mm pour les planètes. Vous pouvez donc faire vous même le calcul. En ciel profond, le grossissement était de 2000 divisé par 40 ça donne 50. Un grossissement assez faible adapté pour regarder les galaxies et les nébuleuses. 2000 divisé par 15, cela donne 133 fois, un grossissement parfait pour les planètes. On peut voir par exemple avec un peu d’imagination la tâche rouge de Jupiter et bien distinguer les bandes de ces deux planètes géantes. On voit même le croissant de Vénus ou Uranus.

Pour récolter plus de lumière et observer de grands objets, vous pouvez utiliser un oculaire avec une plus petite focale et pour voir plus de détails il suffit d’utiliser un plus gros oculaire. Du moins en théorie car les instruments possèdent des limitations liées à l’optique. Le grossissent minimum acceptable pour un télescope se calcule ainsi : diamètre du miroir principal divisé par six. Et le grossissement maximum est égal au diamètre du miroir multiplié par deux.

Pour mon Celestron cela donne 203 divisé par 6 soit un grossissement minimum de 33 fois et 203 fois 2 soit un grossissement maximum de 406 fois. Cela veut dire que les oculaires que j’utilise doivent se trouver dans une focale comprise entre 60 mm et 5 mm.

Je dispose actuellement d’un 40 mm tout a fait acceptable, un très bon 15 mm à grand champ (82°), un autre 15 mm assez médiocre que je peux installer dans un projecteur planétaire pour faire de la photographie de planètes, un 9 mm épouvantable et un Barlow x 3. L’idée c’est me m’offrir prochainement un 6 ou un 8 mm Explore Scientific 82° pour remplacer de 9 mm mais pas tout de suite.

Je viens en effet d’équiper le télescope d’un Asiair (un ordinateur dédié au pilotage d’un instrument) et d’une caméra guide qui devrait améliorer la qualité de mes photographies. J’ai passé le WE dans mon salon à brancher les câbles, à jouer avec les logiciels et à faire fonctionner l’appareil photo ainsi que la caméra, maintenant il faut que j’aille sur le terrain tester ce nouveau setup. J’ai environ quarante années d’évolution de l’astronomie amateur à rattraper et il y a du boulot.

Que choisir ?

Vous êtes photographe, bardé d’objectifs et de boîtiers et vous avez le même problème que moi, que choisir. Un bon reflex avec son grip et un 300 mm, ça pèse son poids et c’est encombrant. Comment optimiser ses activités de loisir et photographiques sans emporter une maison sur son dos ?

Impossible de tout transporter, c’est trop lourd et trop encombrant, il faut donc faire des choix.

En vacances

Lorsque je suis en mode touriste, je ne prends qu’un boitier sans grip avec à 18-140 mm. Une solution passe partout, légère et très polyvalente. Il arrive parfois qu’une plus grande focale soit nécessaire, mais dans ces cas là, j’essaye de m’approcher le plus possible du sujet. Le photographe en promenade a tendance à fatiguer sa petite famille avec ses perpétuels changements d’objectifs, pauses photo, nettoyage etc. Une promenade reste une promenade et c’est d’abord avec les yeux que l’on mémorise les paysages alors je voyage léger. Mais des fois je regrette de ne pas avoir emporté mon sac.

Pour une fête de famille, même équipement, je suis d’abord là pour profiter de la fête et si à l’occasion je peux faire quelques jolies photos, tant mieux.

Le portrait

Pour du portrait, je voyage léger également, un 35 et un 85 mm, rien de plus, mais jusqu’à présent, je n’ai guère eu l’occasion de m’exercer à cette technique photo.

 

Astronomie

Pour l’astronomie, le package s’alourdit notablement, pied photo, fish-eye, 70-300 mm, 500 mm et déclencheur sans fil. Le fish-eye me sert pour photographier la voûte céleste en pause longue, le 70-300 mm pour des conjonctions planète-lune, le 500 mm pour des photos lunaires (je n’ai pas encore essayé la photo planétaire avec).

La photo animalière

La photo animalière s’apparente beaucoup à l’astronomie, le fish-eye en moins et le sac à dos en plus.

Les concerts

Pour les concerts, tout dépend de la salle et de l’accréditation. iPhone si je ne suis pas autorisé à photographier, et sinon deux boîtiers cette fois. Pourquoi deux boîtiers? Pour ne pas avoir à changer d’optique dans le feu de l’action. Pour les optiques, le plus souvent je prends le 35 mm, le 85 mm, le 18-140 mm et le 70-300 mm. Cela fait beaucoup je sais. Le 35 mm permet de photographier la scène en entier, le 85 mm de se concentrer sur les artistes individuellement, le 18-140 mm de faire la même chose avec un seul objectif mais moins de lumière et le 70-300 mm d’aller chercher les visages et le batteur.

 

Le sport

Pour les compétitions sportives, l’équipement est le même que pour les concerts, avec parfois le fish-eye en plus qui permet de faire des photos surprenantes. Pour le tennis de table, je privilégie le 35 et le 85 mm, des optiques lumineuses avec un bon piqué qui me permettent de monter au 400 ième voir plus et saisir l’instant.

Conclusion

Au final, j’utilise beaucoup le 18-140 mm et le 85 mm. Le fish-eye comme le 35 mm sortent rarement de leur étui même si en quelques rares occasions je suis content de les avoir sous la main, le 500 mm est utilisé régulièrement mais uniquement pour des sujets particuliers, oiseaux et lune, et depuis que je l’ai, le 70-300 mm sert nettement moins.