Avez-vous entendu parler de la propriété intellectuelle ? Je vous demande ça à tout hasard au cas où cette notion vous serait inconnue. Parce que voilà, télécharger des albums sur des sites russes, utiliser du pier to pier, enregistrer du youtube, passer à la médiathèque et ripper tout ce qui rentre dans votre lecteur, cela s’appelle du vol.
Pour ma part, je me fous de savoir si vous êtes une personne honnête ou non. Je pense simplement aux artistes qui tentent de gagner leur vie en jouant de la musique. Vous allez me répondre que la musique c’est cher. Qu’un CD se vend quinze à vingt euros. C’est vrai, c’est cher. Mais une Ferrari est beaucoup plus cher, pourtant vous n’en volez pas, si ?
Qu’est-ce qui pousse les gens à voler l’immatériel ? Le contenu numérique n’aurait pas de valeur sous prétexte qu’il est impossible de le tenir entre les mains ? Serait-ce la facilité tout simplement ?
Ne me dites pas « je ne savais pas », même le plus con des cons sait que la musique numérique possède une valeur marchande et que la copier est un délit.
Fut une époque, j’allais aspirer des albums en pier to pier, des live pirates le plus souvent, des enregistrements officieux de concerts où je m’étais rendu, des enregistrements de mauvaise qualité pour garder un souvenir faute d’un CD ou d’un DVD à regarder. J’ai téléchargé, je le confesse, un ou deux albums pas encore sorti pour pouvoir les écouter en avance de phase. Mais je les ai acheté ensuite.
Aujourd’hui je reçois beaucoup de musique pour le webzine et les albums que j’aime vraiment, ce que j’écouterai encore, je les commande en CD ou bien en vinyle. Car dans le prog, il y a presque autant de chroniqueurs que de personnes qui écoutent la musique, alors si les chroniqueurs n’achètent pas les albums, qui va le faire ?
Je connais un gars, un baba cool, grand fan de Yes, ingénieur de son état, bien mieux payé que moi, célibataire de surcroît, qui n’achète jamais de musique. S’il t’emprunte un CD, c’est pour en faire une copie, s’il te parle d’un groupe, c’est qu’il en a téléchargé toute la discographie sur un site pirate. Il ne va même pas aux concerts, « tu comprends, c’est trop cher ». Ces énergumènes, grands consommateurs de musique, ne sont hélas pas si rares et ce sont les premiers à pleurer lorsqu’un jeune talent prometteur laisse tomber faute de moyens.
Cet été combien de crowdfundings prometteurs ont avorté ? Quelle misère quand on réalise qu’il ne leur fallait que quelques milliers d’euros pour sortir leur album, à peine trois cent souscripteurs à quinze euros pour aller au bout de l’aventure.
Vous aimez la musique ? Alors soutenez les artistes, financez leurs projets, achetez leurs albums et allez les écouter en live.
Les meubles Conforama s’effondrent après montage, se décollent, se cassent. Les meubles Fly c’est pire. Les meubles Ikea eux, ils sont sont sympas, faciles à monter sauf pour les blaireaux du tournevis, résistants dans la durée (j’en ai qui survivent depuis plus trente ans). Ils sont passe partout et pratiques. D’accord ce n’est ni chicos ni design mais je ne suis pas encore assez snobinard et riche pour me meubler exclusivement chez Stark.
Lorsque j’ai besoin d’un meuble je vais chez Ikea. Ce n’est pas trop loin de la maison, il y a du choix et on peut se régaler de boulettes en famille au restaurant. Je l’avoue, ils sont relous avec leurs noms de meubles impossible à mémoriser et parfois c’est le parcours du combatant pour trouver son coli dans les rayonnages.
D’ailleurs, en parlant de trouver son coli…
Mon grand geek gamer (oui les chiens ne font pas des chats), avait besoin de remplacer son bureau acheté il y a quinze ans et sur lequel il peinait à poser PC portable, ses deux écrans, son casque avec micro, son clavier de gamer, sa super souris multi fonctions et ses enceintes pour faire du bruit. D’autant que le bureau en question, pourtant un produit Ikea me semble-t-il, a un de ses pieds qui présente un angle assez étrange avec le sol en pente de la chambre, le genre de truc qui menace de s’effondrer à tout instant.
Après être passé chez Conforama constater l’affligeante qualité des meubles proposés, nous avons poussé jusque chez Ikea et après quelques recherches nous avons rencontré Fredde, un grand noir costaud de 1.85 m, dont mon grand est immédiatement tombé amoureux. Un nouveau copain de gaming.
Après renseignements, Fredde n’était disponible que sur commande et livré à un dépôt assez loin de la maison. Mais Fredde était si beau, si fort avec son armature métallique, ses plateaux noirs, ses rangements ergonomiques qu’il nous le fallait. Donc commande.
Le 5 juillet nous voici avec le précieux bon de commande de Fredde. Livraison prévue pour le 11 juillet. La vendeuse m’annonce que je serai informé des étapes de la commande par SMS. Et en effet, le 9 juillet je reçois le SMS suivant :
« Bonjour ! Votre commande portant la référence XXXXXXXXXX est en route. Suivez l’avancement de commande sur IKEA.fr. »
Sur le site, la commande est présente, sans plus d’information.
Le 15 juillet, la commande est au même point sur leur site et je n’ai pas reçu de nouveau SMS.
Le jeudi 18 juillet même chose, alors ma soeur Anne ne voyant rien venir, j’appelle IKEA. Voulez-vous participer à une enquête à la suite de votre appel, pour non tapez 0. Vous nous appelez pour une livraison, tapez 3. Dites le nom de votre de votre magasin, « Strasbourg connard ! ». Je n’ai pas compris, redites le nom de votre magasin, « Strasbourg ». vous êtes un particulier tapez 2. Vous appelez pour une livraison tapez 3.
Là commence la petite musique irritante. Un truc horrible qui au bout de quelques secondes s’arrête et recommence, un truc à devenir fou. Vingt-cinq minutes plus tard, toujours pas de conseillé au bout du fil à part deux bis angoissants au milieu de la douce mélodie, et soudain la communication coupe. Rage !
Le vendredi 19 juillet nouvelle tentative. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg ! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour 45 minutes d’attente mais après cette douce torture, miracle, j’ai un être humain au bout du fil.
La personne vérifie la commande, je l’informe que je n’ai pas reçu le SMS promis, que sur le site il n’y a toujours pas d’information sur la livraison etc. Elle m’annonce que la commande était prévue pour le 15 juillet, « ben non, le 11, c’est marqué sur le bon de commande » ose-je répondre effrontément, elle insiste la bougresse et moi je laisse tomber car cela fait trois quart d’heure que je poirote, je ne suis plus à quatre jours près. Elle me met en attente pendant 10 minutes pour contacter l’entrepôt Seegmuller pour vérifier si ma commande est arrivée, 10 minutes supplémentaires d’attente avec l’horrible musique puis m’annonce que le coli n’est pas arrivé et qu’elle va lancer une recherche. Je recevrai un SMS avec le numéro de recherche et je pourrai contacter Ikea dimanche pour en savoir plus, car chez Ikea ils bossent eux, même le dimanche, oui monsieur.
Ok, zen. Je suis reparti pour la petite musique.
Vendredi, samedi, dimanche, pas de SMS de la dite recherche, alors je recontact Ikea.
Le dimanche 21 juillet, cinquante ans après que l’homme se soit posé sur la Lune, je pars en quête de deux colis chez mon fabriquant de meubles préféré. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg !! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour seulement 35 minutes d’attente. Mais la déconvenue est de taille.
La personne n’a aucune trace de mon dossier, sa collègue a du oublier de faire quelque chose et manifestement elle n’est pas la seule. On recommence donc à zéro et la conseillère m’annonce qu’elle me recontactera lundi pour donner les résultats de la recherche, et si par malheur, elle ne me recontactait pas, il faudrait que j’appelle Ikea.
J’en profite pour faire une réclamation par mail à la firme Suédoise, car je commence à être un peu énervé. Non mais.
Lundi 22 juillet passé midi, pas de nouvelle d’Ikea, mais j’en ai mare, alors je ne téléphone pas, ils font chier, voila.
Oui mais bon, Fredde nous a coûté quand même 229 € alors mercredi 24, je me fais violence. Tapez 0, tapez 3, « Strasbourg !!! », tapez 2, payez 3 et la petite musique revient. Cette fois j’en ai pour seulement 25 minutes d’attente. Mais là, c’est la Bérészina. Je sais, il fait chaud, la canicule est là mais quand même.
La conseillère consulte mon dossier quelques instants et m’annonce que ce genre de commande ne peut-être traitée au téléphone et qu’il faut que je me rende dans mon magasin Ikea pour bouffer des boulettes. Sérieusement ? Et les deux autres personnes que j’ai eu au bout du fil, elles étaient connes ? Ou c’est la toute dernière qui est conne ? Je raccroche, il fait trop chaud.
Mercredi 24 juillet au matin, il fait 34°C dehors, je pars avec la Logan pour Ikea. J’arrive à 9h35, sous un soleil de plomb et pas de chance le magasin n’ouvre qu’à 10h00. Je cuis dans la voiture et me précipite dès l’ouverture au service après vente où la foule se masse déjà. Et en plus il faut prendre un ticket. Un ticket pour une livraison à domicile, oui, on va dire ça, de toute façon dans la rubrique livraisons il n’y que deux choix et aucun ne correspond à mon cas. I8001 dit l’imprimante. Y a plus qu’à attendre.
10h30, sans musique cette fois, je rencontre enfin une interlocutrice. J’explique mon cas à madame Malussène qui appelle illico l’entrepôt. Quelques nouvelles minutes de patience plus tard et toujours sans musique débile, elle revient avec un sourire pour m’annoncer que ma commande est au dépôt depuis le 15 juillet… « Et comment se fait-ce (fesse) que je n’en ai pas été informé par SMS, mail, téléphone, télégraphe, tamtam, signaux de fumée, et que vos collègues au téléphone n’ont pas pu me le dire ? », Hi hi, je ne sais pas…
Par chance j’ai dans le coffre des sangles et mes barres de toit, car les deux colis sont grands et lourds, 25 kilos chaque, et je suis seul, tout seul, et il fait chaud, très chaud. Je prends la direction de Lampertheim et arrive au dépôt Seegmuller. Au moins il existe lui. Le gars consulte mon bon de commande ISOM et trouve les deux colis de 25 kilos. Je signe, installe en plein cagnard la galerie de la Logan, transpirant à grosses grosses gouttes, soulève les deux cartons de 25 kilos à bout de bras avec mon hernie discale, sangle le bazar et repars bravement, avec cinquante kilos sur le toit, vers ma petite maison chérie.
Mercredi 24 juillet 11h30, après onze jours d’attente, j’arrive glorieusement à la maison avec Fredde sur le toit, enfin j’espère que c’est bien lui. Le bonheur était trop grand, il fallait qu’une conne se gare sur ma place de parking privé histoire de pimenter la matinée.
Mercredi 24 juillet 17h30. Il fait 36.5°C dehors à l’ombre, 27.7°C dans le salon. Fredde est bien monté et mon garçon est content, il va pouvoir jouer avec…
Jeudi 31 juillet 18h14. Je reçois un SMS : « Bonjour JEAN CHRISTOPHE, Votre commande XXXXXXXXXX est prete pour le ramassage à PUP – Strasbourg Dépôt Seegmuller 15 rue du chemin de fer, 67450. ». Non non, ce n’est pas une blague…
Mon libraire craint de mettre la clef sous la porte, les disquaires ont presque tous disparus des grandes villes et certaines boutiques de jeux vidéos sont en passe de fermer. A la place poussent des enseignes de vapotage et des opticiens.
Avant le règne de Virgin, La Fnac, Cultura, Amazon, Ali Express fleurissaient des magasins spécialisées tenus par des passionnés. Aujourd’hui, dans ces supermarchés physiques ou virtuels de la culture, on trouve de tout ou presque, jeux, BDs, livres, CDs, vinyles, mini chaînes, téléphones, appareils photos, mixeurs, vibromasseurs. Les vendeurs, dans les rayons, même avec la meilleure volonté du monde, sont incapables de vous conseiller utilement, passant d’une grand-mère cherchant un grille pain à un métalleux en quête d’un obscur groupe de doom écossais.
J’ai encore la chance aujourd’hui d’avoir un libraire qui connaît mes goûts et me conseille, me faisant découvrir des merveilles, ma boutique de disques d’occasion avec son vendeur fan de groupes de métal atmosphérique à chanteuses et un magasin qui ne vend que des vinyles juste à côté et qui soutient la scène locale.
Je commande les livres chez mon libraire, après tout, un livre peu bien attendre une semaine. Pour la musique j’essaye d’abord chez mes disquaires mais il faut avouer que souvent je commande directement aux groupes; ce que j’écoute n’est pas franchement mainstream. J’ai aussi mon photographe, mon magasin audio et de bandes dessinées. Ils sont un peu plus chers parfois, mais de bon conseil, alors je ne fais pas comme beaucoup, posant mes questions dans la boutique et achetant ensuite en ligne. Un jour sinon le conseil fermera ses portes faute de clients.
Je n’achète pas sur Amazon, je fais mes courses au petit supermarché du coin, j‘achète mon pain chez le boulanger, je vais à la boucherie, au marché. J’essaye de faire travailler les magasins de proximité, pas les grands groupes esclavagistes. Attitude de riche ? Pas vraiment. L’achat en ligne coûte cher, rien qu’en considérant les frais de ports. Et si de grandes enseignes cassent les prix à la sortie d’un disque, elles se rattrapent largement quelques mois plus tard, car le stock c’est la mort de leur business.
Se balader dans les rues, faire du lèche vitrine, entrer dans une boutique attiré par un nouveau livre et ressortir avec trois autres, après avoir discuté avec un libraire passionné, c’est autrement plus plaisant que d’attendre que le facteur passe devant sa boite aux lettres vous ne trouvez-pas ?
Un incroyant, par jeu, avait déposé un matin sur mon bureau, cinq cent grammes de ces boules roses recouvertes de sucre rouge aussi appelée tsointsoin, où quelque chose d’approchant. Il n’aurait pas du douter, homme de peu de foie. Quand il est repassé deux heures plus tard, ne restaient qu’un emballage plastique vide et quelques grains de sucre rouges éparpillés devant mon écran d’ordinateur. J’avais tout avalé. Beurp ! Même pas malade.
L’incroyant incrédule a recommencé une nouvelle fois l’expérience, cette fois façon guimauve rose version XXL. Il a perdu. Après, je n’ai plus jamais trouvé de paquet sur mon bureau, même pas joueur le gamin. Pffff.
Le mix mondial est mon pire péché mon père, je le confesse. Des années durant, je gardais précieusement une boite dans la cuisine, une par semaine, pas plus, dosant le plaisir, le partageant avec mes enfants, histoire de les initier aux plaisirs interdits.
Colorants, acide citrique, conservateurs, sucre, gélatine, sirop de glucose, acide malique, gomme, arômes artificiels, que du bon, des mois de travail assurés pour ma dentiste et mon nutritionniste.
Puis mon grand est parti pour Marseille. Déprime ou résolution ? J’ai vidé la dernière boite et n’en ai plus acheté. Septembre, octobre, novembre, décembre, janvier, février, mars, avril. Du jamais vu !
Les dents n’allant pas mieux pour autant, pas plus que les migraines, en passant au rayon douceurs pour prendre du chocolat à mes drogués, j’ai contemplé cette Happy’Box qui me tendait les bras et j’ai replongé.
La boite est dans la cuisine mais je suis seul à en manger. Pas des World Mix, ils ont du arrêter leur production en septembre dernier j’imagine, une autre boite, plus grosse, 600 g de bonheur. Une seule boite par semaine bien entendu. Mais je suis seul à en gober maintenant, donc il faut que j’en avale trois fois plus pour tenir le rythme hebdomadaire. Pas de problème, j’assure ! Un vrai athlète. Rien ne m’arrête malgré le manque d’entraînement. Tétine, alligator, nounours, bouboule, étoile, cœur, je mange tout.
Pourquoi je vous raconte tout ça me demanderez-vous ? Parce que la boite est vide, et que les magasins sont fermés. Si par mégarde, un de ces plantigrade en gélatine jaune traîne par terre, dans la rue, je devrais me faire violence pour ne pas le ramasser et le mettre à la bouche.
Ils marchent dans le rue, fredonnant, parlant tous seuls, le regard perdu dans le vide. Ils roulent à tombeau ouvert sans regarder la route, concentrés sur leurs doigts qui s’agitent frénétiquement. Ils contemplent les paysages au travers d’un trou de serrure, immortalisent des panoramas qu’ils ne regarderont plus jamais.
Ils inondent les éthers de messages inutiles et mangent seuls à table entourés de leurs meilleurs amis. Ils patientent dans les transports, aux caisses, la main sur leur sextoy doudou.
L’objet est sacré, privé, interdit, remplit de secrets inavouables, d’appels cachés, d’amis inconnus, de relations inconvenantes. La chose choyée connait tout d’eux, achats, amis, déplacements, conversations, envies, vices. Leur vie se cache dans cinq pouces.
Dangers public sur routes, pistes cyclables, trottoirs, les humains trois point zéro, connectés en permanence à l’infosphère vivent-ils encore dans notre dimension ? Les seuls stimuli qu’ils connaissent encore sont des vibrations dans leur poche ou une sonnerie pour chaque type de sollicitation numérique.
Rien ne peut attendre, il faut dégainer et réagir, quitte à manquer le virage, percuter un cycliste, se faire faucher dans la rue, mettre un terme à une passionnante rencontre pour un message inutile.
La seule peur panique qu’ils connaissent encore est de ne plus retrouver leur précieux égaré dans une poche, un sac ou une voiture. Soudain ils sont seuls au monde, effrayés, perdus au milieu de sept milliards d’être humains connectés, esclaves de quelques grammes de silicone.
Vous qui me lisez, posez-vous la question, seriez-vous capable de ne pas allumer votre smartphone pendant une semaine ?
Je vais vous parler d’un nouveau concept tirant parti de l’écologie et de la connerie.
Les municipalités incitent de plus en plus les citadins à utiliser des bicyclettes pour se rendre au travail. Certaines proposent même à leurs employés une prime vélo afin de les motiver un peu plus.
Jusque là tout va bien. Elles organisent également des manifestations pour sensibiliser les gens à la pollution, à la circulation écologique, à la sécurité à vélo, allant jusqu’à réviser les deux roues des administrés gratuitement.
Franchement c’est beau. Les bobos sont à la fête, et la course à l’entreprise qui fera le plus de kilomètres à vélo en un mois est lancée. Youpi ! Pour fêter l’événement, on affiche, on placarde, on mail, on plastronne « Venez à vélo ».
C’est là, que tout doucement ils commencent à me gonfler. « Inscris-toi, c’est important, faut venir à vélo au travail. ». Je viens au travail tous les jours à vélo, je me déplace à vélo le plus souvent possible, sinon je marche ou j’emprunte les transports en communs ok ? Je n’ai pas eu besoin d’une grande messe pour développer ma conscience écologique.
Mon refus de participer au grand concours agace. Mais passons, je ne suis pas un bobo communautaire, c’est ainsi.
Pour promouvoir le vélo, le transport écolo, quoi de mieux, outre une communication agressive, que des petits gadgets à ramener chez soi : une mini plaque minéralogique, une pince à vélo brassard jaune auto enroulante, des petites lumières rouge et blanches clignotantes.
Une plaque en aluminium chromée (le top de la consommation électrique), un machin en matériaux divers non recyclables (formidable pour le tri sélectif), des trucs électroniques avec des piles bouton au mercure, des LED et un petit circuit RLC (inutile, moche, polluant)… Les gadgets c’est sympas, mais question écologie ils ont totalement loupé leur communication les bobos. Car ils en ont donné des tonnes de ces conneries inutiles qui finiront à la poubelle ou dans la chambre du gamin, même moi j’en ai trouvé sur mon bureau au travail sans avoir participé à leur farce écologique.
Oui c’est bien de se déplacer à vélo, d’avoir une bicyclette en bon état pour rouler, d’être équipé d’un casque, d’un gilet et de lumières pour augmenter sa survie en milieu hostile. Mais ce n’est pas en distribuant des gadgets non recyclables que l’on incitera les gros cons roulant en SUV à se mettre à la petite reine. Cet l’argent gâché en com aurait pu être investi dans une étude raisonnée des pistes cyclables. Car c’est bien de promouvoir, encore faut-il pouvoir circuler en toute sécurité.
Il m’arrive bien de grignoter quelques biscuits #Lu de temps à autre, surtout au travail, lors de la pause café de 9h00, par contre je ne mange presque jamais de chocolat #CôtedOr pour m’épargner de régulières et violente crises de migraines. Je ne suis pas musicien et si je l’avais été, j’aurais certainement joué des claviers et non de la guitare #MyGuitar. Je ne bois pas de bière bon marché #Pelford, même pendant les concerts. Mes courses, je les fait à Auchan #Carrefour car c’est le magasin le plus proche de chez moi et que je déteste perdre mon temps à cette activité. Je ne vais pas au cinéma #TwoDoorCinemaClub, j’ai un vidéo projecteur, un home cinéma et un écran de deux mètres vingt dans une pièce dédiée à cet usage, en plus je ne suis pas impatient de voir un film, j’attend qu’il soit édité en Blu-Ray et si je participe à de nombreux financement participatifs c’est mon problème #ILoveCrowdfunding. Je me déplace principalement à vélo, parfois en Logan pour les longues distances et je déteste les motos #TriumphMotorcycles. Mon chat ? il mange des croquettes et de la pâté pour chat, comme tous les chats. Je ne l’emmène pas dans des bars à chats, des hôtels à chats, chez un kiné pour chat et son alimentation n’a rien de bio éthique bobo, s’il n’est pas content, il n’a qu’à chasser #NakuAlimentationNaturellePourChiensEtChats. Oui c’est vrai, je suis sensible à l’écologie, aux économies d’énergies #CampagneNationaleDéconomieDénergie mais je n’ai pas besoin d’une campagne pour faire attention, je chauffe peu, je roule peu, je coupe l’éclairage dans les pièces vides. #OnATousUnCôtéFoot, ben non justement, j’emmerde les footeux, leurs gueulantes, leur sport débile, leur engouement pour une équipe, tout l’argent gâché pour faire oublier au peuple que tout va mal et que la planète se réchauffe, du pain et des jeux, plus de deux-milles ans plus tard, nous en sommes toujours au même point, affligeant. La sérénité, vous voulez que je vous en parle de la sérénité #SerenityCoachInstitut ? avec un employeur qui essaye de nous mettre dehors, qui donne aux agents une visibilité de six mois sur leur poste, qui change de discours toutes les semaines. Désolé, je roule dans une Logan pourrie #Peugeot, je n’ai aucune passion pour les voitures et l’idée de claquer quinze mille euros pour polluer un peu plus la planète me sort par les trous de nez. S’épanouir #SépanouirAutrement ? Vous trouvez que je ne suis pas épanoui vous ? Je vous emmerde ! #FDJ ? Non mais sérieusement, il faut être abruti pour aller jouer en donnant de l’argent à l’état pour espérer gagner et si par miracle vous gagniez, redonner encore de l’argent à l’état et se pourrir la vie avec toutes les personnes qui vont venir mendier à votre porte. Je ne suis pas un artiste, je l’ai déjà dit je crois #TheArtistAcademy. Si je déteste les footeux, j’ai bien peur que le rugby ne rejoigne bientôt le niveau du football à force de sur médiatisation alors non merci #ParAmourDuRugby. #MonAvisCitoyen ? Vous voulez le connaître ? Je pense que les élites nous méprisent et jouent le jeu des grands trusts, plus préoccupés par la croissance que par le bien être des hommes. Travaillez plus pour gagner plus pour dépenser plus pour plus de croissance. Sacré programme… Moi aussi ça commence à me pomper toutes ces pubs sur Facebook #PompeAChaleur. #RGEEMICParis me laisse sans voix, je ne sais pas ce que c’est, et de toute façon je m’en fou un peu. Oui je vis dans une maison alsacienne à colombages qui date du dix-septième siècle et alors #Alsamaison ?
En faisant ma revue de presse quotidienne sur Facebook, j’ai subi toutes ces publicités sur mon mur, et cela en une quinzaine de minutes, respect. Décidément leur algorithme de ciblage n’est pas au point, ils auraient pu me proposer du matériel audio, des objectifs photo, des albums de rock, des concerts, des BDs, des romans, des bonbons haricots, mais non, rien que des trucs qui ne m’intéressent pas. Google est bien plus fort sur ce point, eux savent vraiement ce que j’aime.
Lu – Côte d’Or – MyGuitar – Pelford – Carrefour – Two Door – Cinema Club – I Love Crowdfunding – Triumph Motorcycles – Naku, alimentation naturelle pour chiens et chats – Campagne nationale d’économie d’énergie – On a Tous un Côté Foot – Serenity Coach Institut – Peugeot – S’épanouir autrement – FDJ – The Artist Academy – Par Amour du rugby – Mon avis citoyen – Pompe à Chaleur – RGEEMIC Paris – Alsamaison…
Je possède un avis sur tout, film, bande dessinée, livre, jeu vidéo, album, exposition, concert, politique, matériel photo, matériel audio, technologie, science. Donnez-moi un mixeur, je vous le chroniqurai. J’ai interviewé les plus grands, j’ai tutoyé les plus célèbres, je suis prêt pour une heure de tête à tête avec Trump. Sur YouTube, Facebook, Twitter, dans mon blog, mon webzine, sur Flickr, je partage mes gribouillages, communique ma passion, donne mon avis, critique, raconte…
Je suis un influenceur, c’est ainsi que l’on nous appelle. Mes écrits, mes vidéos modifient le comportement d’achat de mes followers. Ils veulent être moi, s’habiller comme moi, boire la même boisson que moi, conduire la même voiture que moi.
Un photographe m’immortalise dégustant une bière tout en écoutant le dernier vinyle de pop. Gros plan sur la cannette mousseuse et sur le nom du groupe, mon visage en second plan, celui que tout le monde le connaît, avec ce sourire béat. Shooting dans un jacuzzi remplit de champagne et de jeunes filles dénudées, sur le pont d’une croisière musicale, interviewant la rock star du moment.
Les marques s’arrachent mes espaces publicitaires. Les grands fabricants audio se battent pour que j’écoute la musique sur leur matériel hifi. Je suis le VIP des soirées de rock, les tourneurs déroulent le tapis rouge, me couvrent de cadeaux. Les plus belles chanteuses rêvent de partager, ne serait-ce qu’une nuit, mon lit à baldaquin. JC, mon JC, Oui , Oui, Ouiiiiiiii !
Nut ! Nut ! Nut ! Le réveil sonne, il est six heures, je dois me lever pour aller bosser. Aujourd’hui il faut changer les pneus de la flotte de Clio, commander du PQ, préparer la grande salle pour une réunion et briefer la femme de ménage sur l’utilisation de la serpillière. A 17h, s’il me reste un peu d’énergie, j’écouterai les fichiers mp3 reçus et transcrirai l’interview téléphonique d’un obscur groupe de prog en buvant un verre d’eau du robinet. Je regarderai une vielle série télé puis me battrait pour un peu de couette avec ma femme dans ma vieille maison qui tremble au passage des bus.
Je suis un influenceur, j’ai une chaîne YouTube que personne ne consulte, une page Facebook désertée, un blog confidentiel, un webzine avec moins de cinq cent pages vues par jour et un Flickr rempli de photos moches. Je suis un influenceur qui n’influence personne, n’intéresse aucun annonceur, ne vend aucun alcool, vêtement et cela me va très bien. Pour le jacuzzi, j’ai une baignoire. Et pour les bulles, devinez…
Vous possédez un avis sur tout ? Non ? Alors pourquoi commentez-vous tout ce que vous voyez ? Avez-vous lu l’article, été sur le site, vérifié l’origine de l’information avant de réagir ?
Vous likez pour exister ou pour passer le temps au bureau ?
Pourquoi réagissez-vous à chaud, sans réfléchir un seul instant, avez-vous pensé qu’une personne se trouve derrière ce que vous commentez, qu’elle va lire, vous trouver probablement ridicule, voir pire ?
Vous partagez comme si une information présente sur Internet était parole d’évangile. Avez-vous perdu tout sens commun, où est passé votre bon sens, votre discernement ? Un édifice brule, vous vous enflammez, criant au complot, vous vous laissez berner par de grossiers montages vidéo, vous prenez pour argent comptant une blague du Gorafi.
Autrefois, tout ce qui venait du tube cathodique était pris pour vérité, aujourd’hui la moindre rumeur sur la toile, un tweet, un post, une vidéo, une news et c’est le tollé, les gitans en camionnette blanche kidnappent nos enfants !
Une personne commet une erreur et c’est la curée, je commente, j’insulte, je me moque, je partage, je démolis. Beaucoup de bruit pour rien. L’erreur sera corrigée, les commentaires désobligeants effacés, l’imbécile bloqué et trente minutes plus tard tout sera oublié. Il aurait été tellement plus simple de signaler l’erreur en message privé, vous ne vous êtes jamais trompé vous ?
Bêtise, ennui, dés inhibition sur Internet ? Pourquoi se comporter ainsi sur la toile alors que dans la vie vous ne l’oseriez jamais ?
L’Internet, qui devrait être source de divertissement et de savoir, est devenu, grâce aux médias sociaux, le lieu de la désinformation, la foire d’empoigne, une arène pour le lynchage, le parlement des imbéciles.
Le drame des créateurs de contenus, auteurs, musiciens, blogueurs, artistes, journalistes, est que pour exister, ils ont besoin de ces médias sociaux, sinon, il sombrent dans l’oubli. Et donc souvent lorsqu’ils publient, ils sont confrontés à cette bêtise humaine quotidienne, ces remarques déplacées, ces réactions débiles, ces lynchages en règle.
Vous n’êtes pas d’accord, argumentez, vous n’y arrivez pas ? Posez vous alors des questions, mais cessez d’écrire n’importe quoi, réfléchissez !
Internet est une jungle où les imbéciles possèdent autant de pouvoir que les personnes sensées. Où le mensonge côtoie indifféremment la vérité. Complot, intox, lobbying, idiotie, contre vérité sont noyées au milieu de l’information. Internet est une plaie et un bienfait, selon ce que NOUS en faisons. Alors avant de réagir, utilisez vos neurones, songez à ce que vous écrivez, aux conséquences pour les autres, car vous n’êtes pas seuls sur la toile, nous sommes très nombreux.
J’ai été très pris par les concerts ces dernières semaines, par les chroniques et les interviews, épuisant toute l’encre de ma plume.
Les beaux jours arrivent, et c’est sur un transat, au fond du jardin, en écoutant Panzerpappa que j’écris ces mots. Le jardin, ma seule activité un temps peu soit saine, loin des écrans et d’Internet.
La saison des semis bat son plein, avec une nouvelle fois un peu d’avance. Les petits pois et les tomates ont déjà fière allure, les salades, si elles ne sont pas dévorées par les limaces, devraient agréablement améliorer les repas. Les fraisiers, poiriers, pruniers, cerisiers sont en fleurs, les potimarrons, courgettes, concombres sont encore sous serre mais ne devraient pas tarder à grandir en pleine terre. Je sèmerai bientôt les haricots et le potager sera complet.Le soir, au lieu d’allumer le mac, je vais dans le jardin, j’arrose, désherbe, bine, parle aux feuilles, plonge les mains dans la terre.
Dès la mi juin, nous consommerons une partie des produits du potager, des tomates aux saveurs incomparables, des légumes bio circuit court éthique bobo, des salades concombre tomate menthe, des tartes à la rhubarbe, des fraises chantilly, des petits poids crus, des haricots frais, des poêlés de courgettes jaune croquantes.
Le blog pourrait souffrir de ce bonheur culinaire retrouvé, des apéritifs en terrasse, de la lecture au fond du jardin mais rassurez-vous, je ne vais pas tarder à vomir sur mes abrutis de voisins buvant jusqu’à point d’heure en terrasse et leur con de chien qui gueule en permanence.
Puis je vais souffrir de la chaleur, ne plus dormir, maudire le réchauffement climatique et la bêtise humaine puis espérer avec impatience la saison des figues. Ici le printemps ne dure que trois jours.