Steven Wilson – The Overview

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Vous savez, moi et Steven Wilson ça a toujours été compliqué. 

Comme beaucoup d’entre vous, je l’ai découvert avec Porcupine Tree. J’ai été un inconditionnel du groupe britannique pendant des années, jusqu’à un certain incident qui reste pour moi le sommet de leur carrière. 

J’ai naturellement suivi Wilson en solo et là, on va dire qu’il y a eu des hauts et des bas. Des hauts avec The Raven That Refused to Sing et to the bone. Des bas avec The Future Bites et hand, cannot, erase. 

En plus, sa manie de préserver son image en pourrissant le travail des photographes de concert accrédités n’a pas amélioré nos liens, enfin mes liens avec lui. 

Alors quand la fan base s’est extasiée au sujet de son dernier album The Overview j’ai hésité. Hésité, car il n’est plus disponible sur Bandcamp, il en a été retiré, hésité aussi parce qu’après une écoute rapide, mon avis était mitigé.

Mais bon, un peu d’audimat ne fait pas de mal, même s’il m’a fallu débourser presque seize euros pour une version digitale sans parole avec les morceaux en double sur Apple Music.

L’album est court, deux titres de vingt-trois et dix-huit minutes plus dix autres qui ne sont que les deux précédents saucissonnés. Dans le premier, Wilson revient au rock progressif de The Raven, dans le second à de la pop alternative vaguement expérimentale.

Je comprends que les prog heads se réjouissent du retour de Steven Wilson aux sonorités des seventies. C’est vrai que ‘Objects Outlive Us’, comprenez les objets nous survivent, est proggy. Mais si je le compare le titre à ‘The Raven That Refused To Sing’ ou à ‘Luminol’, est-ce que Wilson joue vraiment dans la même cour de récréation ? Pour moi non. Je trouve qu’il y a beaucoup moins d’envie dans ce premier morceau même s’il est très agréable à écouter. De temps en temps, j’entends quand même une section instrumentale réellement éblouissante comme dans ‘Cosmic Sons Of Toil’, mais sans réinventer la poudre à perlimpinpin non plus. Le fait est que je ne trouve pas mes marques pendant plus vingt minutes et que tout se noie un peu, tant et si bien que je peux écouter le titre à deux reprises sans m’en appercevoir.

‘The Overview ‘ où Wilson s’extasie sur la complexité de l’univers (enfin, je crois), me touche encore moins. ‘Perspective’ aurait dû m’enthousiasmer avec son catalogue d’objets stellaires, mais il est juste étrange, ‘A Beautiful Infinity’ est d’une grande banalité dans l’œuvre de Wilson (il en a écrit combien de titres de cet acabit sérieusement ?). Certes la guitare est super travaillée quand même, mais est-ce que ça en fait une chez d’œuvre pour autant ? ‘Infinity Measured in Moments’ n’a franchement pas grand intérêt et ‘Permanence’ pourrait combler les angoisses des claustrophobes dans les ascenseurs. ‘The Sound of Muzak’ ça vous parle ?

Voilà, je crois que l’on a fait le tour du dernier Steven Wilson. C’est un album bien fait, relativement plaisant à écouter, mais certainement son chef-d’œuvre, disons que je n’ai pas ressenti le grand frisson. Que cela ne vous empêche pas de l’écouter, c’est du Steven Wilson tout de même.

Everon – Shells

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Aujourd’hui je vais vous présenter le groupe Everon et son dernier album Shells. Everon est une formation allemande de rock progressif née dans les années quatre-vingt dix qui n’avait pas donné de nouvelles depuis l’album North sorti en 2008. Du rock progressif symphonique à tendance grandiloquente chanté en anglais.

Shells, sorti seize ans après North, compte pas moins de douze titres dont un grand format final de presque quinze minutes. Alors asseyez-vous confortablement devant votre hifi avec une bonne bière pour l’écouter, car vous allez rester assis pendant soixante onze minutes.

Certaines mauvaises langues disent que je vis trop près de la frontière allemande et que cela a une mauvaise influence sur mes goûts musicaux. C’est vrai, j’avoue, j’aime beaucoup le rock progressif d’Outre Rhin, et ça depuis des années.

Les musiciens de Everon ne sont plus tout jeunes tout comme leur musique qui ne va pas insuffler une nouvelle dynamique à un genre passé de mode. Mais, sans se vautrer dans la nostalgie des seventies, le groupe propose un rock progressif symphonique qui emprunte de nombreux éléments au folk et même du métal.

Les morceaux dégoulinent d’orchestrations symphoniques avec force de violons, de piano, de flûtes, rien de franchement épuré et même parfois limite pompier.

C’est ‘No Embrace’, le premier morceau de l’album qui m’a donné envie de découvrir Everon. Des guitares lumineuses posées sur des claviers symphoniques propulsent un chant solaire. La musique emprunte autant au prog symphonique qu’au folk, le tout avec beaucoup d’emphase, rappelant souvent The Ancestry Program et Neal Morse.

Par contre le ‘Broken Angels’ m’a fait très vite douter avec son style lent à la frontière d’une complainte chantée par Demis Roussos vers la fin de sa carrière. Disons que le contraste est saisissant jusqu’au refrain façon oriental qui remet les pendules à l’heure. Maintenant, je l’écoute sans sourciller.

Une fois que l’on est prévenu que Shells ose le kitsch, le pompier et le symphonique programmé, on peut continuer à écouter l’album beaucoup plus sereinement.

En fait, avec Everon je retrouve un peu l’esprit de ASIA, TOTO et des super groupes du même tonneau. Il y a quand même ‘Grace’ qui atteint la limite de ce que je suis capable d’endurer, surtout à cause du chant féminin qui me met mal à l’aise avec son approche quasi lyrique.

Du folk à la musique médiévale il n’y a qu’un pas que le groupe franchit allègrement avec ‘Pinocchio’s Noise’ chanté à deux voix. Une fois encore le symphonique rencontre la musique traditionnelle et c’est assez bluffant de voir comme tout cela est parfaitement arrangé.

Et lorsque l’on découvre ‘Flesh’ et ses quatorze minutes et vingt-cinq secondes, on ne peut que constater que Everon est très à l’aise avec les compositions, même dans leur forme longue. Le titre est une machine de guerre prog symphonique qui vous vole quinze minutes de votre vie sans que vous vous en rendiez compte. Un morceau absolument magistral à la manière de Transatlantic.

Malgré quelques petits dérapages ici où là, Shells est un album qui renoue avec le prog fleuve à grand spectacle. Donc si vous aimez le genre, allez l’écouter, vous ne serez pas déçu.

Moonshine Blast – Realm of Possibilities

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Entre des écossais et des allemands, j’ai décidé de glisser un groupe français qui chante en anglais, histoire de changer un peu de langue.

Je ne sais plus vraiment comment j’ai entendu parler de Moonshine Blast et peu importe. Il s’agit de quatre musiciens de la région parisienne qui proposent du rock progressif à la sauce alternative.

J’avais survolé leur premier album Reality Fear sorti en 2018 sans être totalement convaincu et j’attendais leur prochain effort pour voir s’ils progresseraient. Et pas de doute, Realm of Possibilities change de braquet.

Leur nouvel album est ambitieux avec douze titres en comptant ‘The Cell’, le grand format de plus d’un quart d’heure. Realm of Possibilities explore de nombreuses facettes du rock progressif, des morceaux de quatre à seize minutes qui empruntent au prog, au métal, à l’alternatif et aussi à la pop.

Fatalement, on y retrouve de nombreuses influences comme celle de Porcupine Tree qui est certainement la plus flagrante. ‘Only You’ flirte plutôt avec la pop quand l’instrumental ‘Liquid Feels II’ porte clairement la marque du rock alternatif expérimental de Steven Wilson et que ‘Broken Arrow’ possède quelques passages néo-progressifs quand ‘Fractal’ emprunte des éléments à Opeth.

Pour continuer les comparaisons, j’entends dans Realm of Possibilities du anasazi avec ‘When The Wind Blows’, du Cris Luna sur le rageux ‘Strangled’, du Marillion ou du Peter Gabriel, mais l’influence la plus évidente reste, je l’ai déjà dit, celle de Porcupine Tree.

Le titre album compte peut-être parmi les plus originaux, disons que j’ai beaucoup plus de mal à le raccrocher au travail d’autres artistes que j’écoute régulièrement. J’aime beaucoup son ouverture à la basse et la guitare ainsi que l’énergie de la voix Nicolas.

Je trouve que le groupe ne maîtrise pas vraiment la forme longue. ‘The Cell’, du haut de ses seize minutes, est un titre prometteur sur le papier. Hélas, je me perds rapidement en route, passé sa première partie presque psychédélique. Au bout de quatre minutes, Moonshine Blast se lance dans un quasi cover Porcupine Tree qui traine ensuite en longueur, et là, je décroche à chaque fois.

Et c’est bien dommage, car l’album s’achève sur une petite pépite, le délicat ‘When The Wind Blows’ qui débute à la guitare acoustique et au chant pour s’enrichir progressivement de claviers, de batterie et de guitare électrique.

L’album est assez varié, ce qui est une bonne chose si l’on considère sa durée. Par contre, il lui manque une identité bien marquée, et le chant, pourrait être mieux maîtrisé et plus varié.

Realm of Possibilities est album intéressant, certes pas très original et sans doute trop long à mon goût, mais il mérite la découverte.

Dim Gray – Shards

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Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards. 

Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.

Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.

L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux. 

Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.

Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.

‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.

J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.

Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.

Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.

Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

Weather Systems – ocean without a shore

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J’ai longtemps hésité à acheter ocean without a shore. Parce que Weather Systems c’est un peu le Operation Mindcrime de Daniel Cavanagh. On l’écoute parce que ce fut certainement le meilleur album du groupe Anathema et que le nouveau projet, lui, ne réinvente pas la roue un peu comme sur son album solo Monochrome de 2017.

Toutefois, plusieurs éléments m’ont finalement décidé : Weather Systems reste justement le meilleur album d’Anathema à ce jour. J’apprécie également beaucoup le travail de Danny, mais pas tout quand même. Ensuite le groupe sera Chez Paulette le 23 mai 2025  alors autant écouter l’album avant le concert. Enfin parce que Pat et Chris de l’association ArpegiA l’ont placé dans leur top 2024.

Weather Systems est donc le nouveau projet de Daniel Cavanagh. Il fait donc du Anathema sans les magnifiques voix de son frère Vincent et Lee Douglas.

ocean without a shore ce sont neuf titres pour presque une heure de musique prog alternative mélancolique. On y retrouve Daniel Cardoso à la batterie et les continuations de ‘Untouchable’ et de ‘Are You There’. Bref, si vous aimez Anathema, vous ne serez pas dépaysé.

Et c’est certainement le plus gros défaut de cet album, même si j’aime Anathema. Un seul des neuf morceaux sort du mood anathémien. Il s’agit du dernier titre ‘The Space Between Us’ long de six minutes qui se rapproche beaucoup du travail de Peter Gabriel en solo. En effet, il emprunte plus à la world music qu’au rock alternatif progressif qui a fait le succès de Anathema sur ces derniers albums.

À l’autre extrémité de l’album, il y a ‘Synaesthesia’ qui ouvre ocean without a shore avec plus de neuf minutes à la forme très progressive. Le titre débute sur du Anathema posé à deux voix avant de s’engager dans long solo de guitare metal nerveux, se poser quelques secondes et changer de forme à la sixième minute et repartir sur des notes électriques déchirantes soutenues par des chœurs pour conclure le morceau.

Le reste oscille principalement entre déjà vu et continuations. Le fan ne sera pas déstabilisé et s’il n’est pas trop exigeant, il y trouvera son compte. Personnellement, je trouve que cet album a un goût de trop peu même s’il s’écoute agréablement. Il ne peut se mesurer à Weather Systems sorti douze ans auparavant qui reste pour moi le chef-d’œuvre absolu d’Anathema. Mais cela fait tout de même plaisir de retrouver Danny sur un album.

J’aime beaucoup l’avant-dernier morceau ‘Ocean Without A Shore’ même s’il n’est pas forcément du plus original. Un titre qui commence sur des claviers et du chant vocodé et qui bascule sur de l’électro, le genre de pièce qui devrait très bien fonctionner le live.

J’aime également ‘Ghost in the Machine’ pour son duo vocal même si lui non plus ne brille pas par son originalité.

Au final ocean without a shore m’a fait plaisir parce que je suis un fan d’Anathema mais il m’a laissé sur ma faim de musique, parce qu’il n’est ni original ni transcendant. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que j’irai écouter Weather Systems chez Paulette, parce que bon voilà quoi.

Le bilan de l’année 2024

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Bonne année à tous et toutes !

L’année 2024 ne fut pas de tout repos croyez-moi. Entre la photographie, la musique, l’astronomie, le travail, des problèmes familiaux et de santé, le temps a passé très vite, au point de ne pas vraiment trouver le temps de prendre de vraies vacances.

Du coup cette année je n’ai écouté qu’une soixantaine d’albums de rock et je n’ai assisté qu’à quatre concerts de prog. 

Pour les albums, c’est devenu ma moyenne et elle me semble parfaite pour prendre le temps d’écouter de la musique. Pour les concerts c’est vraiment peu mais la salle de la Laiterie à Strasbourg est en travaux et l’association ArpegiA a été contrainte au repos forcé avec la fermeture temporaire de Chez Paulette. Heureusement cette année ils organisent trois soirées de rock progressif. J’ai quand même assisté à quelques des concerts classiques et participé aux shooting de différents événements locaux comme le Printemps des Bretelles.

La chaîne YouTube a dépassé le cap des 200 abonnés (merci à vous) et certaines vidéos ont été visionnées plus de 900 fois.

Le blog, lui, se maintient à 500/600 pages vues par semaine ce qui est amplement suffisant pour justifier son existence même si ce sont principalement quelques amis qui me lisent.

L’astronomie a pris beaucoup d’importance cette année (vous l’avez peut-être remarqué) avec plusieurs sorties en montagne avec les copains pour photographier le ciel et pas mal d’expérimentations en tout genre afin d’améliorer mon setup. Ce sont aussi mes premières images de ciel profond acceptables, du moins dont je n’ai pas trop honte.

La photographie ‘artistique’ reste une de mes grandes activités chronophage. Je publie toujours trois clichés par semaine contre vent et marées et cette année j’ai eu un déclic avec la couleur. Dix de mes photos ont eu l’honneur de figurer dans groupe Explore de Flickr c’est à dire d’être vues plusieurs milliers de personnes chacune et mon exposition 2024 s’est nettement mieux passé que l’année précédente.

J’ai lu seulement une quinzaine de livres (et pas toujours des meilleurs) principalement par flemme. J’ai compensé en regardant en moyenne un épisode de série TV par soir soit pas loin de 35 saisons et une vingtaine de séries différentes. Par contre je n’ai pas été une seule fois au cinéma, oui, je sais c’est mal.

La santé a suivi inexorablement la courbe inverse de celle de l’âge et cette année j’ai réalisé un véritable marathon d’examens suite à de mauvais résultats sanguins. Un épisode stressant où pour la première fois de la vie un médecin m’a parlé de cancer droit dans les yeux. Je vous assure, ça fait flipper. Bon il semblerait que pour l’instant j’échappe au pire mais ce n’est que partie remise. Je vais devoir me faire suivre de très près. À côté de ça, le rein donne les signes de faiblesse habituels et mon hernie discale est de retour en force. Bref je passe beaucoup plus de temps que je ne le voudrais chez les médecins. Par contre je ne fais presque plus de migraines. On ne peut pas tout avoir.

Le travail ressemble toujours à un cauchemar qui se passerait dans la bonne humeur. Plus que six années à tenir si le gouvernement ne change pas à nouveau les règles du jeu. Je ne vous le cache pas, j’ai hâte d’en finir avec ça. 

Si vous n’êtes pas né dans une éprouvette et que avez décidé un jour de fonder une famille, arrive un temps où vos enfants deviennent grands et vos parents très vieux. Une période difficile de la vie où les enfants ne sont pas encore vraiment des adultes responsables et où les parents redeviennent des enfants. Bref beaucoup de problèmes. Cette année les vacances ont été utilisées pour faire des aller retours pour aider la famille.

Une année ordinaire qui a filé à toute vitesse et qui annonce une nouvelle année à priori riche en péripéties. Youpi !

Pour les publications je pense conserver le même rythme à savoir une vidéo, trois billets de blog et trois photos par semaine, une exposition photographique, quelques nuits blanches à plus de mille mètres sous les étoiles et des prises de sang régulières.

Mais en attendant les prochaines publications, je vous souhaite une merveilleuse année 2025 !

Oddleaf – Where Ideal and Denial Collide

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C’est encore une fois Stéphane Gallay qui m’a vendu le groupe français Oddleaf. Lui a reçu leur premier album Where Ideal and Denial Collide en service presse. Moi je l’ai acheté.

Oddleaf est une jeune formation française née en 2020 qui joue du rock progressif inspiré de King Crimson, Jethro Tull, Genesis mais aussi de The Flower Kings ou Steven Wilson. Du prog de haut vol avec flûtes, claviers, guitares, basse, batterie, chant et chœurs joué par cinq musiciens, deux filles et trois garçons.

Where Ideal and Denial Collide comprend six morceaux de une à quatorze minutes dont trois qui dépassent les dix et un qui frise les huit.

Un concept album très instrumental qui parle de notre planète bleue et de ses habitants qui l’ont irrémédiablement empoisonnée et défigurée. Les textes parlent de la beauté de notre monde avant que l’homme n’en fasse un dépotoir, du réchauffement climatique, de la montée des océans, du COVID-19, du numérique qui nous submerge mais aussi de la nature qui résiste tant bien que mal.

Les compositions sont signées par Carina Taurer, la claviériste du groupe. Est-ce donc un hasard si l’album est d’une grande richesse en claviers de tous poils  comme dans le long et brillant instrumental ‘Coexistence – Part I’ ?

Pour la petite histoire, elle jouait auparavant avec le flûtiste du groupe, Mathieu Rossi, dans le trio de musique médiévale Vagarem.

Le timbre d’Adeline Gurtner me fait un peu songer à celui de la chanteuse de Magenta, Christina Booth quand sa ligne vocale me rappelle celui d’Elodie du groupe Auspex. Une voix qui a toutefois tendance à me fatiguer quand elle monte en force dans la gamme. Mais comme l’album possède une forte composante instrumentale, ça passe sans douleur.

Pour la musique, rien à dire, c’est du lourd. Le groupe assure et les compositions sont d’une grande richesse. Difficile de faire plus progressif d’autant qu’il y a de la flûte et des claviers vintages rugissants au menu. Les sections instrumentales sont tout simplement éblouissantes et le dernier titre ‘Coexistence – Part I’ est un feu d’artifice qui ravira les amateurs de rock progressif. C’est d’ailleurs mon préféré.

Donc si vous voulez écouter du rock progressif français de très bonne facture, foncez découvrir le groupe Oddleaf, il est sur Bandcamp et propose même une belle édition CD en digipack, comme ça vous avez le choix.

Checking For Echo Project – The Scattering of Leaves

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Checking For Echo Project est le projet de rock progressif mené par le multi-instrumentiste et chanteur écossais Jon Farley. Gravement malade depuis quelques années, il a monté Checking For Echo Project en 2020 et depuis sort un album par an en compagnie de nombreux autres musiciens.

The Scattering of Leaves est son dernier né. Neuf titres pour quarante-quatre minutes de musique où vous pourrez entendre Suzi James, Andy Nixon, Martin Hagarty, Phil Stuckey, Charlie Bramald, Jon Wilkinson, Penny Henderson-Gray et bien entendu Jon.

Un rock progressif atmosphérique parfois gilmourien d’une grande simplicité aux claviers planants et à la rythmique discrète, aux grands soli de guitares et aux voix chargées de pathos.

Près de trois quart d’heure de musique dont les bénéfices financent deux fondations de lutte contre le cancer, autant dire qu’en achetant l’album vous faites en plus une bonne action.

The Scattering of Leaves dégouline de bons sentiments sur une musique proche de celle de Marillion période Easter, de Dave Kerzner ou de Cosmograf. Un truc qui à la base aurait dû me faire fuir et qui pourtant me fait fondre à chaque écoute.

Le coup de foudre est venu pour partie grâce à ces six fabuleux chanteurs mais aussi à cette écriture toute simple, limite naïve qui me change beaucoup de mes dernières découvertes musicales. La présence d’Andy Nixon de Freedom To Glide sur deux morceaux (‘The Scattering of Leaves’ et ‘Those We Leave Behind’) n’y est pas étrangère non plus même si je n’ai pas accroché à son premier album solo The Waterline sorti cette année.

L’album ne comprend que deux titres instrumentaux. Il y a tout d’abord son ouverture à la manière de ‘Serenity’ d’Arena, le court ‘The Darkest Hour is Just Before the Dawn’ et un peu plus loin ‘Ascension’ aux claviers, long quatre minutes et vingt-six secondes.

Sur toutes les autres pièces se succèdent des chanteurs plus ou moins connus mais tous plus talentueux les uns que les autres. Parmi elles, ma préférée est sans nulle doute la plus longue,’ The Ticking Clock’ où une première guitare marque le temps qui passe sur une jolie mélodie pendant qu’une seconde s’envole sur un solo déchirant avant que la voix de Phil Stuckey ne s’impose quelques secondes pour laisser place ensuite à un instrumental angoissant.

Il y a du Floyd dans ‘The Scattering Of Leaves’, du rétro prog dans ‘Venus’, du néo dans ‘The Ticking Clock’, du prog atmosphérique avec ‘Gratis’, une balade sur ‘Stormy Clouds or Brightly Lit’ ou du du planant avec ‘Those We Leave Behind’. Du coup il y en a pour tous les goûts sauf si vous recherchez les sensations fortes et les grands écarts.

L’album The Scattering of Leaves tourne en boucle à la maison au grand désespoir de mon épouse qui ne comprend pas la brutale régression musicale de son époux chroniqueur musical préféré. Mois non plus je ne me l’explique pas trop, peut-être suis-je devenu fleur bleue en vieillissant ? 

Mais voilà, j’adore cet album et je vous le recommande chaudement.

Neal Morse & The Resonance – No Hill For A Climber

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Avez-vous lu le livre ‘On m’appelle Demon Copperhead’ de Barbara Kingsolver ? Non ? Moi non plus. Mais Neal Morse en a fait un album intitulé No Hill For A Climber alors voilà. Pas certain qu’il ai lu le livre lui aussi. Parce qu’il avait déjà fait le coup avec le bouquin Pilgrim’s Progress dont il n’avait parcouru qu’un résumé avant de composer un double album. Peut-être qu’il n’aime pas lire ? Peu importe.

Le roman parle d’un gamin digne des personnages de Dickens qui va être confronté aux pires épreuves de la vie dans une Amérique contemporaine peu reluisante. Voilà pour l’histoire.

Le disque comprend cinq morceaux dont deux de plus de vingt minutes. Du Neal Morse quoi. Oui mais sans ses copains habituels. Pas de Neal Morse Band, mais le Neal Morse & The Resonance. Même son pote Mike Portnoy n’est pas derrière les fûts, c’est dire. A la place plein de gens inconnus (enfin pour moi) .

Mais rassurez-vous, cela ressemble bien à du Neal Morse, pas de doute.Il a même trouvé une voix au timbre et à la tessiture relativement similaires à ceux d’Eric Gillette pour le seconder. Par contre je ne sais pas s’il s’agit de Johnny Bisaha ou bien Chris Riley.

Ma première impression face à ce mastodonte de plus d’une heure, est qu’arrivé à la fin du quatrième morceau, ‘Ever Interceding’, j’ai besoin d’une pause avant d’attaquer la presque demie heure de ‘No Hill For A Climber’. Pourtant j’en ai écouté des longs albums cette année.

Mais Neal Morse avec ses claviers quasi symphoniques, son côté pompier et son emphase naturelle a tendance, même si je l’aime pour cette raison, à en faire toujours un peu trop. Il faut dire que vous allez entendre des cloches, du trombone, de la trompette, du violon, de l’alto, du violoncelle, du buggle, du tuba plus tous les instruments habituels d’une formation de rock progressif symphonique. Ça fait pas mal de monde tout ça, dix musiciens en fait.

Après il y a tout de même trois ‘petites’ pièces de cinq à six minutes pour alléger le programme. Des titres où Neal Morse sort un peu du prog grandiloquent pour s’essayer à d’autres choses comme dans ‘Thief’ que je trouve tout particulièrement savoureux d’autant qu’il navigue entre deux mondes. J’aime également beaucoup ‘Ever Interceding’ même si je lui trouve un petit air déjà entendu.

Quant aux deux monstres qui encadrent ces trois morceaux plus raisonnables, c’est du grand Neal Morse, prévisible et si bon lorsque l’on aime le genre.

Bref No Hill For A Climber est un classique de bonne facture mais sans grande surprise sorti des nouveaux musiciens. Les fans du fondateur de Spock’s Beard apprécieront, les autres, ben ça dépendra.

FROST* – Life In The Wires

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Sérieusement, êtes-vous prêt à écouter quatre-vingt-six minutes de musique non stop ? Parce que le dernier album de FROST* fait justement cette durée. Un monstre de quatorze titres intitulé Life In The Wires.

Je n’avais pas été tendre avec leur précédent opus Day And Age que je n’écoute plus depuis sa sortie. Alors quand le nouveau FROST* s’est annoncé, je me suis lancé dans une exploration plus que circonspecte des morceaux, cherchant la petite bête qui m’agacerait pour ne pas l’acheter.

Bon si je vous en parle aujourd’hui, vous vous doutez bien de ce qui est arrivé. Je ne lui ai pas trouvé le moindre défaut, même pas sa longueur, pire je l’ai adoré et du coup je l’ai commandé en édition vinyle rouge transparent après une première écoute.

Je rapproche beaucoup et sans doute pour de mauvaises raisons Life In Wires de Experiments In Mass Appeal sorti quatorze ans plus tôt. Sans surprise FROST* fait du FROST*. On reconnaît immédiatement la signature musicale du groupe, ses choix rythmiques et les voix complémentaires de Jem et John. C’est d’ailleurs peut-être ce qui m’a tout d’abord séduit sur ce nouvel album.

Mais sorti des similitudes, il y a aussi les nouveautés comme ce ‘Strange World’ bien nommé où le long ‘Life in the Wires, Pt 2’.

C’est aussi un album très instrumental ce qui le rend plus digeste sur la durée et dans lequel s’incrustent de nombreux extraits sonores radiophoniques vintages. Vous entendrez même des passages symphoniques comme dans ‘Sign of Life’ ainsi qu’une pièce au piano intitulée ‘Absent Friends’.

Life In The Wires est un concept album qui parle de Naio un jeune homme qui fête son vingt-et-unième anniversaire et du mystérieux Mr Lifewire dont la voix radiophonique hante les pistes de l’album. Une histoire d’un monde à la Big Brother dirigé par The Eye, une intelligence artificielle qui surveille les habitants et dont le jeune homme tente de s’enfuir. Il part à la recherche de la mystérieuse voix de Lifewire qu’il a entendu sur un vieux poste radio donné par sa mère.

La musique oscille entre délicates dentelles et accélérations aux dérapages très contrôlés.  Des morceaux maîtrisés et cérébraux qui prennent tout de même aux tripes à chaque écoute.

« Life In The Wires est un des meilleurs albums de FROST* et sans doute un des meilleurs albums de l’année 2024 ». Ce n’est pas moi qui l’écrit mais le magazine Progressive Music Planet et je suis d’accord avec eux. Cet album est brillant et tout simplement brillant. Du coup je vais devoir peut-être réviser mon top trois de l’année.

Foncez l’écouter, il est indispensable.