MIRAR – Mare

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C’est dans un article de Métal Zone  que j’ai découvert le duo français MIRAR. Le billet parlait d’un premier EP conjuguant metal progressif, musique classique et djent. En plus il était disponible sur Bandcamp, alors je suis allé l’écouter.

Bon, honnêtement j’ai hésité à l’acheter après un premier survol. Déjà parce que 14,40 euros c’est cher pour un EP de trente minutes, ensuite, parce que la musique est pour le moins, comment dire, inconfortable.

Alors qu’est-ce qui m’a décidé ? Sans doute le plaisir de faire chier mes voisins, de sortir de ma zone de confort et de reproduire l’expérience du chat de Schrodinger, à savoir la survie d’un chat enfermé dans la même pièce que moi à écouter le groupe MIRAR.

Mare est un EP six titres qui s’inspirent de Jean-Sébastien Bach, de Rachmaninov et de Jean-Philippe Rameau, de la musique baroque, classique et romantique transformée en djent extrême par Marius et Léo.

A la première écoute, ‘Rachma’ est inconfortable et ‘Rose Bonbon’ limite insupportable. Après ces deux morceaux, le cerveau commence à mieux supporter la douleur et cela se passe presque bien jusqu’au moment ou ‘Cauchemar’ rentre en scène.

Piano classique, traits de guitares au vitriol, sons torturés, le moins que l’on puisse dire, c’est que Mare est très original. Techniquement c’est assez bluffant, mélodiquement par contre, c’est l’enfer.

Génial ou insupportable ? Je n’ai pas encore vraiment tranché la question. Le moins que je puisse dire, c’est que c’est très déstabilisant.

‘Rachma’ qui ouvre l’EP s’inspire du concerto n°2 de Rachmaninov (disons que les premières secondes au piano y font penser) puis il déchire les éthers avec ces grincements de guitares, sa batterie bourrine et son djent tablasseur avant quelque secondes cinématiques pour exploser de plus belle.

Mais ce n’est rien en comparaison de ‘Rose Bonbon’ qui n’est que déferlement de batterie, de guitares écartelées, de musique contemporaine et de djent industriel avec quelques secondes de clavecin pour faire bonne figure.

‘Hestehov’ se veut nettement plus cinématique malgré ses accords de guitares dignes des violents FPS auxquels jouent nos enfants. Le morceau propose nettement plus de plages acceptables pour les oreilles humaines.

‘Franka’ s’inspire de deux pièces de Jean-Philippe Rameau, ‘Les Cyclopes’ et ‘Les Sauvage‘. Une base rythmique au clavecin vite submergée par le djent nous maltraite à nouveau avec toutefois un court break au milieu de la pièce. Quant à ‘Oslo’, il ressemble à un train à vapeur lancé à plein vitesse avec des étincelles qui jaillissent de la cheminée de la motrice.

‘Cauchemar’ me semble le titre le plus abouti de l’EP. Il nous parle avec délicatesse de l’insomnie. En plus des guitares effrayantes, des hurlements se glissent dans la composition. Et ce n’est pas parce qu’il y a du piano en seconde partie du morceau que vos rêves seront plus agréables. Une sorte de bande son de l’Exorciste longue de pas loin de neuf minutes, vivement recommandée comme berceuse pour endormir vos petits enfants.

Mais quel est le rapport avec le tableau de Le Caravage, Judith décapitant Holopherne qui fait office de pochette ? Aucune idée sortie de l’horreur de la chose.

Il faut bien reconnaître que cet EP entre ses emprunts au répertoire classique et son artwork que l’on doit à un grand maître du dix-septième siècle, est pour le moins perturbant.

Alors chef d’oeuvre ou mélange blasphématoire des genres ? A vous de voir. Au moins ça sort clairement des sentiers battus.

Tesseract – War Of Being

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J’avais ajouté War Of Being dans ma liste de courses Bandcamp sans franchir le pas. Il a fallu que mon fils me dise que le dernier Tesseract passait en boucle chez lui pour que je me décide. Il faut dire que le garçon a bon goût, c’est moi qui l’aie éduqué musicalement.

Me voila donc avec une heure de djent composé par un groupe que j’adore depuis ses débuts. Neuf titres de cinq à onze minutes dans une magnifique pochette monochrome façon miroir où se détache une silhouette féminine voilée.

Tout s’annonçait donc sous les meilleurs auspices.

Vous le sentez le “mais” qui va suivre ? Oui, car il y a un “mais”, et de taille. Allez, je crache le morceau : je ne suis pas rentré dans l’album. Mais alors pas du tout.

Déjà, le premier titre, ‘Natural Disaster’, gueulard à souhait, m’a rebuté, surtout parce que je sortais d’une période plutôt cool. Ensuite, j’ai trouvé ce War Of Being glacial, bleu arctique, aseptisé, bref vide d’émotions. J’ai même trouvé certains passages techniques vraiment gratuits comme la section djent dans ‘Sacrifice’.

J’ai essayé de l’écouter au casque, sur les enceintes, mais rien à faire. War Of Being ne m’a pas touché. J’ai poussé le volume à faire éclater de triple vitrage, avalé des anabolisants, du café, de la taurine, mais rien à faire, je ne suis pas rentré dans sa musique. Si ça se trouve je n’aime plus le djent ?

Marrant d’écrire ça, mais le dernier Tesseract me semble trop policé, du metal prog se voulant corrosif mais avec des mains lavées plusieurs fois au gel hydro alcoolique. Si je les compare à Leprous qui a pris le chemin du soft metal lyrique petit bourgeois, je me dis que Tesseract n’a pas réussi sa mutation. Car sur War Of Being comme dans les derniers Leprous, il y a pas mal d’écritures softs sur lesquelles on pourrait poser des instruments à cordes.

En plus je trouve la production quasi feutrée. La batterie qui manque de mordant, le chant est amorti et les guitares lointaines. En réalité, je m’ennuie en écoutant l’album. Je n’irai pas jusqu’à dire que je n’aime pas War Of Being, techniquement les mecs maîtrisent leur affaire, soufflant le froid et le glacial, mais bon, chez moi, ça ne prend pas.

Alors un doute m’a pris. Et si je n’aimais plus Tesseract ? Après tout l’âge aidant, avec la surdité, qui sait ? Pour m’assurer de la chose, je reposé Sonder, leur album de 2018, sur la platine. Et là surprise, cet album m’émouvait toujours autant.

Ceci dit, mon fils qui aime beaucoup l’album m’a recommandé de l’écouter à partir du titre ‘War Of Being’ et de poursuivre, après ‘Sacrifice’ par ‘Natural Disaster’. Et c’est vrai, ça passe nettement mieux ainsi.

Vous pouvez tout de même l’écouter sur Bandcamp. Je serai curieux de savoir si vous posez un autre regard que moi sur cet album.