De la photographie lunaire

Connaissez-vous l’art de la photographie lunaire, cette technique élaborée pour capturer la lumière du soleil réfléchie par notre magnifique satellite naturel ?

La Lune se situe à un peu plus de trois-cent-quatre-vingt fois la distance Strasbourg-Brest que j’effectue en douze heures en voiture en comptant les pauses pipi. Cela veut dire qu’il me faudrait environ vingt-sept semaines pour m’y rendre en automobile sans m’arrêter pour dormir. C’est loin, même avec ma nouvelle Peugeot 2008.

La Lune est en outre nettement plus petite que notre belle Terre, une diamètre presque quatre fois inférieur, autant dire une petite boule, située à vingt-sept semaines de voyage à cent kilomètres heure. Un truc insignifiant en fait.

Pourtant cet astre lointain et très proche en comparaison de Mars ou de Venus, ce satellite éclaire nos nuits, soulève les océans et joue sur notre psychisme. Alors pourquoi ne pas le photographier.

Pour ce faire il vous faut idéalement un appareil photo. Mais, si vous avez l’impression que la Lune est grosse dans le ciel, ne vous y trompez pas, tendez le pouce, vous verrez que lui seul est capable d’occulter cette boule de lumière nocturne.

Elle est loin et petite, donc si vous disposez d’un banal appareil photo, sans l’optique qui va bien, vous aurez au mieux sur la pellicule, un petit point lumineux. Equipez-vous d’un téléobjectif, un 500 mm au minimum, le 200-500 5.6 de Nikkor est très bien. Collez-y un doubleur de focale, vous arrivez à 1000 mm, pas mal. Installez tout ça sur un boitier APS-C Nikon D7200 et vous aurez l’équivalent d’une focale de 1400 mm.

Le problème qui se pose alors, c’est de porter l’attirail, car un boitier de 700 g, plus une objectif de 2300 g, sans parleur du doubleur, cela vous revient à porter trois boites de conserves de raviolis Panazanni collées les unes à aux autres pendant plusieurs minutes et ça sans trembler, essayez pour voir.

On en arrive à l’accessoire quasi indispensable, le pied photo, et pas n’importe lequel, un pied capable de supporter trois kilos d’équipement sans broncher, sans plier, sans lâcher.

Vous êtes maintenant fin prêt. Il ne vous manque qu’une télécommande. A quoi sert le pied photo si, lorsque vous appuyez sur le déclencheur, vous faite vibrer tout l’emsemble ? A faire de la photo d’art (un bougé quoi). Donc une télécommande.

Et hop, le tour est joué. Vous installez le doubleur sur le boitier, le zoom sur le doubleur, le pied sur le zoom (oui y a une vis spéciale pour ça, si vous fixez le boitier sur le pied, ça va se casser la gueule dans les cinq secondes et vous aurez le droit de retourner vous acheter un 500 mm, ouille…).

Pour les réglages, rien de plus simple, 400 ISO, ouverture F 11, obturation à 1/200 s, enfin à la louche, ça dépend de la phase de la Lune, de son élévation dans le ciel, de clarté du ciel et de plein d’autres conneries. N’écoutez pas votre appareil qui dit qu’il n’y a pas assez de lumière, c’est bien connu, un appareil photo ne sais pas faire de photographies. Faites plusieurs essais.

Pourquoi 400 ISO, ouverture F 11 et 1/200 s ? F 11 parce que mon matériel ne sait pas faire plus lumineux, le zoom est ouvert à 5.6 et j’ai un doubleur d’où F 11. Ce n’est pas si mal vu la focale. 1/200 s parce que la Lune bouge, le trépied vibre et qu’il y a toujours un peu de vent. 1/100 s c’est la limite, plus lent j’obtiens un bougé. Alors pourquoi ne pas grimper dans les ISO et gagner du coup en vitesse ? Afin de conserver une belle qualité d’image. C’est ma recette. Facile non ?

Reste un problème, un gros problème. Avec un doubleur, l’autofocus de votre objectif ne fonctionne pas, pas plus que la stabilisation. Si vous essayez le mode autofocus stabilisé, il y a de fortes chances que votre boitier patine d’avant en arrière et se fige sur une image floue pendant que le stabilisateur s’affole en produisant des bruits étranges.

La photo lunaire, c’est enfantin, sauf pour ça, la mise au point, et là je vous l’avoue, c’est vraiment la chienlie. Désactivez la stabilisation et l’autofocus, tentez de pointier la Lune dans le viseur : « la vache c’est dur, et la conne elle bouge à toute vitesse, et la rotule ne serre pas assez bien, l’appareil descend, merde je l’ai perdue ! ».

Oui la lune bouge, mais là c’est surtout la Terre qui tourne sur elle-même en vingt-quatre heures, vous savez, le jour et la nuit, ben c’est ça. Un tour sur elle même en vingt-quatre heures c’est pas grand chose vous me direz, oui mais vu d’une focale de 1400 mm, un tour en vingt-quatre heures c’est environ dix secondes dans le viseur, après la Lune s’est barrée.

Une fois que vous avez stabilisé votre pied boitier doubleur zoom main table vers la Lune, reste la mise au point. Vous disposez de moins de cinq secondes pour regarder dans l’objectif, tourner la bague de mise au point (non pas celle du zoom) et de trouver l’image parfaite. Allez-y, éclatez-vous et clic, clac, clic, clac.

Il ne reste plus qu’à rentrer à la maison, regarder vos belles images… floues. Vous croyez peut-être que votre oeil est capable de faire une mise au point sur un objet situé à plus de 385 000 kilomètres les bons jours ? Ben pas le mien assurément.

Alors on recommence, mais cette fois, après avoir chopé une Lune floue dans le viseur, vous basculez en douceur sur l’écran de votre boitier puis vous zoomez, zoomez (le bouton +) de préférence sur le bord de l’astre, parce qu’au centre y a trop de lumière et vous ne distinguez plus rien.

Comment ça vous ne voyez qu’une boule lumineuse ? Mince, j’aurai du commencer par ça. Si vous voulez photographier correctement la Lune, n’attendez jamais la nuit noire. Le contraste entre le ciel nocturne et la la lumière solaire reflétée sur régolithe lunaire est énorme, votre appareil n’arrivera probablement pas à s’en dépatouiller sans filtre. Et utiliser un filtre la nuit, enfin bon, vous faites ce que vous voulez n’est-ce pas.

Donc on recommence tout. A la tombé du jour, sortez votre boitier, doubleur, zoom, télécommande et pied photo dans le jardin. Faites tout ce que j’ai dit avant, passez en mode écran, zoomez et alors là tentez de tourner délicatement la bague de mise au point. Pourquoi délicatement ? Parce que la rotule peut lâcher sous le poids de votre main associée aux trois kilos de matériel, que sur l’écran, la moindre petite pichenette va donner le tournis à l’image devenue folle (déjà dans le viseur c’était l’enfer, là zoomé par dix, c’est l’horreur) et tentez la meilleure mise au point possible.

La meilleures, comment ça la meilleure ?

Oui parce que voilà. S’il fait chaud, il va y avoir des turbulences dans l’air, un peu comme quand vous prenez l’avion, ces vagues qui vous donnes envie de vomir, sauf que là, la masse d’air devient plus où moins dense, agissant à son tour comme une lentille et déformant quelque peu l’image.

Mais j’ai la solution, sortez faire de la photographie lorsqu’il fait froid, très froid. Ok ça caille et avec les gants, toutes la manips de mise au point deviennent infernales, alors équipez-vous de gants de soie. Je ne l’avais pas dit avant ? Les gants de soie sont fins et permettent de faire de la photo sans avoir l’impression d porter des moufles, il y a en a à pas cher chez Décathlon.

J’en étais où ? Oui à la tombé du jour, en hiver, par ciel clair, muni de gants en soies, d’un boitier, d’un doubleur, d’un zoom, d’une télécommande et d’un pied photo, vous êtes fin prêt pour photographier la Lune. Oui mais non. Car deux kilos trois cent de verre, cela possède une certaine inertie thermique et j’imagine que vous ne rangez pas votre 500 mm dans le frigo. Il faut donc que votre optique se mette à la bonne température, pas vos batterie pas contre, elles ne tiendraient pas très longtemps. Donc laissez votre objectif au frais quelques minutes avant de commencer à jouer. Mais pas trop, sinon il va faire nuit ou les nuages vont arriver ou votre femme va crier « à table chéri !, arrête de jouer avec ton appareil à faire des photos moches ».

Vous êtes prêt ? Comment ça la Lune n’est pas encore levée ? Ben oui, déjà que la Lune joue à cache cache avec ses phases mais en plus il faut attendre que la Lune se lève et qu’il ne fasse pas encore nuit noire.

Voila pourquoi j’ai du mal à obtenir une belle image lunaire nette. Il faut que le ciel soit clair, que la Lune soit levée, qu’il fasse encore un peu jour, qu’il fasse froid mais pas trop non plus, que je ne sois pas encore en robe de chambre, que les accus de mon appareil photo soient chargés, que j’ai le temps de mettre tout à température, qu’un voisin ne me tombe pas dessus croyant que je matte les fesses de sa femme, que ce ne soit pas l’heure de manger, que que, que surtout j’arrive à faire une mise au point convenable avec ce pied photo instable et ces trois kilos de matos.

Tout ça pour quoi ? Pour une photographie, bien moins belle qu’un cliché fait au télescope amateur, bien moins belle qu’une image de la NASA, mais une photographie faite par moi, pour réussir l’image la plus parfaite possible, aux extrêmes limites de mon matériel et de mon oeil, juste pour le fun.

Ce post était sponsorisé par Peugeot, Panzanni, Décathlon et Nikon.

Photo mattons – technique – 3

Image

La photographie peut sembler au premier abord, un sport compliqué, et comme tous les sports, pour devenir, bon il faut s’entraîner et maîtriser les techniques comme l’équipement. 

Vous me direz, avec un smartphone, on peut faire de bonne photographies. Oui et non, c’est souvent beaucoup de chance à moins de bien connaître son téléphone, car il décide quasiment de tous les réglages à votre place.

Car sur un appareil photo, il y a plein de réglages possibles, et quand je dis plein, c’est vraiment plein.

Nikon D810

Il y a la vitesse d’obturation, l’ouverture du diaphragme, la sensibilité de la pellicule, la mise au point, la focale, la balance des blancs, la correction d’exposition, le calcul de la luminosité… Bref c’est l’enfer ! Par chance il existe des modes semi-automatiques pour simplifier l’existence, mais je n’en parlerai pas, car mon but est de vous pourrir la vie (non je rigole, j’en parle plus tard). Je ne photographie qu’en mode manuel, le mode M. Pour quelle raison ? Pour tout maîtriser ou presque et pire encore, je photographie en RAW pour ne laisser que très peu de marge de manœuvre à mon boitier. Des fois je débraye même l’autofocus, c’est à dire la mise au point automatique pour passer en manuel histoire de contrer ses choix douteux. Bref je suis un gros malade.

Les trois réglages de base sont la vitesse d’obturation, l’ouverture du diaphragme et la sensibilité de la pellicule.

La vitesse d’obturation est un des paramètre les plus intuitif, c’est le temps pendant lequel, l’image va recevoir la lumière. Le rideau s’ouvre clic, comptez quelques centièmes de seconde, puis se referme, clac. Le fameux « clic clac ». En fait le bruit vient soit d’un haut parleur (smartphone, compact, bridge), soit du miroir qui se lève et redescend (reflex). Plus de temps sera bref, moins vous recevrez de lumière et plus vous saisirez un instantané. Pour saisir un sujet en mouvement il faut un temps de pose très court 1/400 de seconde par exemple, sinon le sujet sera bougé sur l’image. Alors idéalement on ne ferait que des photographies au 1/800, histoire de ne pas avoir de loupé, sauf que, il n’y a un tout petit problème : plus de temps d’exposition est court, moins il y a de lumière qui imprègne la pellicule ou le capteur de l’appareil, les images risquent d’être trop sombres. Il va donc falloir s’adapter et jouer sur deux autres paramètres essentiels, l’ouverture et la sensibilité.

1/3 de seconde – bougé sur la voiture
1/50 de seconde – la voiture est plus nette

L’ouverture du diaphragme, c’est le petit trou de serrure par lequel rentre la lumière dans l’objectif. Plus le trou est grand f  1.4, plus la lumière rentre en abondance, plus le trou est petit, f 11, moins… bon vous avez compris. Mais l’ouverture ce n’est pas qu’une histoire de lumière, sinon on réglerait son appareil sur 1/800 et f 1.4 et le tour serait joué. L’ouverture détermine également la profondeur de champ (de quoi qu’il me cause le gars là ?).

La profondeur de champ, c’est, pour simplifier, la netteté des sujets sur la photo, ceux qui sont près et ceux qui sont loin de vous. Plus vous avez de profondeur de champ, plus l’image va être nette du premier plan jusque l’arrière plan (on ne parle pas de mise au point). Et la profondeur de champ et dictée principalement par l’ouverture. Ben oui… A f 11, c’est à dire un tout petit trou qui laisse passer très peu de lumière, vous avez une belle profondeur de champ, à savoir que le premier plan et l’arrière plan sont bien nets. A f 1.4, c’est à dire un gros gros trou, un seul plan sera franchement net, celui sur lequel vous avez fait la mise au point, tout le reste risque d’être flou, surtout si votre sujet est proche de vous.

f 11 – toute la pièce est nette
f 1.8 – seul le premier plan est net

Selon vos choix artistiques, vous pourrez vouloir un temps de pause long (sujets bougés et flous), une grande ouverture c’est à dire un petit nombre (f 1.8 par exemple) pour portrait sans arrière plan net ou tout l’inverse. Mais le réglage de la vitesse d’obturation et l’ouverture du diaphragme vont vous obliger à régler la sensibilité de votre capteur, ceci afin que l’image ne soit ni trop sombre, ni trop claire.

En numérique c’est assez simple, puisque vous pouvez changer la sensibilité du capteur d’un seul bouton. En argentique, il faudra changer de pellicule, c’est à dire rembobiner le film, ouvrir le boitier, déballer une nouvelle pellicule, la mettre en place, armer le système,  et généralement, vu le prix du film argentique, on termine la pellicule avant de passer à la suivante… La sensibilité se note en ISO, de 64 à 256000 voir plus. 64 c’est une pellicule peu sensible à la lumière, idéale pour le plein soleil d’été, 400 pour un temps gris pluvieux, les faibles lumières, 4000 pour lieux très sombres (ici j’use d’un abus de langage, la sensibilité d’une pellicule se note en ASA en réalité et le capteur d’un appareil numérique n’a pas plusieurs sensibilités, c’est le signal du capteur que l’on amplifie en vérité, mais on s’en moque pour l’instant.

Vous me direz une fois de plus, dans ce cas je règle mon appareil à 1/800, f 11 et 4000 ISO, problème réglé. Oui mais non. Car votre capteur a toujours la même sensibilité (je me répète là), l’image est juste plus ou moins amplifiée en fonction de votre réglage en ISO. Et amplification dit bruit (non pas un « bang » mais du bruit électronique, bref un signal parasite), et plus vous amplifiez, plus vous augmentez ce signal parasite qui donnera un aspect granuleux à l’image (un peu comme le grain des bonnes vieilles photos argentiques). Bref pour faire une belle image, mieux vaut rester dans des ISO bas, surtout si vous avez l’intention de faire un tirage papier de 1 mètre de diagonale.

Regardez les trois photographies qui suivent, elles sont quasi identiques à vos yeux non ?

1/100, f 1.8, ISO 2200

La première est prise avec une vitesse assez rapide, 1/100 de seconde et une grande ouverture f 1.8, beaucoup de lumière mais une exposition courte, je suis obligé de monter à 2200 ISO pour avoir assez de lumière.

1/10 s, f 1.8, 250 ISO

Pour la seconde, j’ai utilisé un temps d’exposition dix fois plus long avec la même ouverture. Du coup j’ai besoin d’amplifier nettement moins mon capteur, juste 250 ISO mais je risque le bouger, par chance j’ai un pied photo.

1/10 s, f 5.6, 2200 ISO

Pour la troisième, je suis resté à la même vitesse mais j’ai ouvert le diaphragme à f 5.6, du coup le capteur reçoit moins de lumière et je dois de nouveau amplifier plus l’image, avec 2200 ISO, notez au passage que le sommet de mon photophore est plus net, comme la poussière dessus…

Laquelle des trois est la meilleure ? Tout dépend de ce que vous vouliez en faire. Mais moins vous montez dans les ISO, mieux c’est.

Je résume pour saisir un sujet mobile en conservant un fond net et sans avoir une image bruitée, il faut que j’utilise un temps de pause bref, une petite ouverture et une sensibilité faible… ça va être compliqué, ne nous mentons pas, l’image risque d’être très sombre, car peu de lumières (pause courte), peu de lumière (petit trou) et image peu amplifiée (ISO bas), ça signifie peu de lumière peu amplifiée, le noir quoi ! Alors il va falloir faire des compromis, baisser la vitesse, ouvrir un peu plus le diaphragme, amplifier un peu plus l’image, tout est une question de choix.

Alors bien entendu vous pouvez vous simplifier la vie et utiliser le mode Auto qui choisit tout, dans ce cas n’achetez pas un boitier reflex haut de gamme ou le dernier hybride de chez Nikon. Un compact fera l’affaire, ou même votre smartphone. C’est peu encombrant et ça fait de belles photos, non maîtrisées certes, mais cela suffit à 95% de la population mondiale.

Entre le mode manuel et automatique, existent d’autres modes moins contraignants. Le mode priorité vitesse, où vous choisissiez la vitesse et la sensibilité du capteur et l’appareil règle l’ouverture. Idéal pour des sujets en mouvement. Le mode priorité ouverture, où vous réglez l’ouverture et la sensibilité et le boitier fait le reste. Vous pouvez même laisser le boitier choisir la sensibilité, ISO Auto et là vous n’agissez plus que sur un seul paramètre. Cela permet de photographier vite, mais vous aurez sans doutes quelques surprises à l’affichage, image floue, bruitée, sans profondeur de champ…