Marjana Semkina – SIRIN

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Sirin est une créature slave maléfique, mi oiseau, mi femme. Telle une sirène, son chant envoûte les hommes jusqu’à leur faire perdre la mémoire. C’est également le second album solo de Marjana Semkina, la seconde moitié du duo iamthemoring.

L’artwork art nouveau dans le style pictural de Klimt représente Marjana en sirine rousse aux ailes repliées sur le corps.

L’album, lui, propose trois quart d’heure de musique vouée à la délicieuse voix de la chanteuse. Dix morceaux où apparaissent également Jim Gray de Caligula’s Horse et Mick Moss d’Antimatter. Y jouent  également de nombreux musiciens invités venus de Agent Fresco, iamthemorning ou Knifeworld par exemple ainsi qu’un quatuor à cordes présent sur tous les titres.

J’ai eu le bonheur d’assister à la listening party de Sirin sur Bandcamp et de dialoguer un peu avec Marjana pendant près d’une heure. Une avant-première qui m’a convaincu de m’offrir l’album et sans doute le vinyle lorsqu’il sortira plus tard dans l’année.

Si vous ne connaissez pas Marjana, foncez écouter iamthemorning. Le duo formé d’un grand pianiste et d’une voix d’ange est tout simplement magnifique.

Ensuite, vous pourrez attaquer la carrière solo de la chanteuse russe. Les albums de Marjana ne possèdent pas forcément la même puissance évocatrice que ceux de iamthemorning mais certains titres sont de purs joyaux. Et c’est la cas encore une fois pour Sirin.

L’album se déguste avec bonheur et quelques morceaux sont tout simplement sublimes. D’autres fonctionnent un peu moins bien hélas, comme le duo avec Mick Moss, un chanteur que j’adore pourtant, tout le contraire du titre ‘Anything but Sleep’ avec Jim Gray. En fait, je trouve que les timbres de Mick et Marjana ne se marient pas très bien. Toutefois ‘Death and the Maiden’ se rattrape vers la fin avec une très belle section instrumentale.

‘We are the Ocean’ ne me semble pas un choix judicieux pour ouvrir Sirin même si le titre est magnifique. Mais si vous écoutez le sombre ‘Pygmalion’ ou bien ‘Swan Song’ et ‘This Silence, This Dreaming’, vous comprendrez que le travail de Marjana touche parfois au génie.

Ce n’est pas forcément un album qui s’impose à vous dès la première écoute. Certains titres vous touchent tout de suite, d’autres devront faire leur chemin.

Evidemment la voix magique de Marjana et la présence du quatuor à cordes contribuent beaucoup à mon plaisir mais attention, ils ont tendance à m’entraîner dans de délicieux songes avant la fin de l’album. Je vous recommande donc d’écouter Sirin bien fort pour profiter de toute sa dynamique.

Si Sirin ne figurera probablement pas sur le podium 2024, il n’en reste pas moins un disque indispensable.

gleb kolyadin / water movements

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Teeshirt : Galaad – Paradis Posthumes 2021

Je vous emmène au pays des poupées gigognes et des compositeurs romantiques, découvrir de la musique française du début du vingtième siècle.

Gleb Kolyadin est plus connu pour sa participation au groupe iamthemorning que pour son travail en solitaire.

Mais Gleb est avant tout un pianiste sorti du conservatoire de Saint-Pétersbourg. Sous le sobriquet de PoloniumCubes, il nous a livré quelques très belles pièces de piano.

Après un premier album solo sorti en 2018 bourré d’invités, Gleb signe sous son nom, de courtes improvisations au piano, enregistrées entre 2015 et 2019. Un disque qui porte le titre évocateur de water movements, à l’image des photographies qui ornent l’artwork et le livret. Des photographies de la mer et de l’horizon, des plages, des digues, des mouettes volant dans des ciels gris, au dessus des eaux vertes.

« Perhaps the main purpose of this music is not to be about something particular, so everyone could interpret it in their very now way. » Gleb.

L’album contient treize pièces instrumentales assez brèves. Et cette fois, un seul musicien invité joue aux côtés de Gleb sur cet album. Il s’agit de Vlad Avy à la guitare sur le titre ‘mirage’.

Classique, impressionniste, cinématique, ces trois adjectifs collent assez bien à cet album. Les connaisseurs y reconnaîtront sans doute un peu de l’esprit de Poulenc, de Ravel, de Debussy mais également des inspirations cinématographiques.

Le mélomane n’y trouvera sans doute pas totalement son compte, peut-être à cause du manque d’ambitions des morceaux joués. Pour ma part, j’aime l’écouter en musique de fond pour travailler ou pour me détendre. Si vous appréciez le piano comme l’artiste, faites-vous plaisir en le découvrant, vous pouvez l’écouter sur Bandcamp.