Une semaine pluvieuse

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Je sais maintenant pourquoi personne ne prend de congés en Novembre. Les journées sont brèves et il fait un temps de chiotte. A moins de partir pour une destination exotique dans l’hémisphère sud en explosant son bilan carbone déjà guère glorieux, passer une semaine de vacances par 48 degrés de latitude nord en Novembre est une véritable sinistrose.

Mais voilà, il me restait plein de jours de congés à prendre en 2021 et la belle saison avait été bien trop chargée en travail pour que je puisse quitter le navire en perdition. Et non, je n’en suis pourtant pas le capitaine, mais les femmes et les enfants d’abord, n’est-ce pas ?

Bref me voilà à la maison, seul avec le chat, fin Novembre, à regarder la pluie et la neige tomber par les fenêtres. Ne goûtant guère les sports de glisse, la randonnée dans la poudreuse, la course sur chaussée glissante, je suis resté au chaud, à me disputer les meilleures places avec le chat.

Bien sûr j’aurais pu faire des choses, le bricolage sans cesse reporté (j’ai quand même recollé deux bouts de papier peint), des achats pour les fêtes (deux pantalons car mon vieux jean s’est déchiré en deux), trier le bazar, nettoyer la maison de fond en combles, au lieu de quoi, je n’ai rien fait, enfin rien…

La nature a horreur du vide, surtout moi en fait, alors j’ai écouté de la musique, beaucoup et fort, de vieux disques trop longtemps oubliés, j’ai bouquiné, regardé des films et des séries, enregistrés quelques épisodes de Chroniques en Images. Bref je me suis occupé. 

En réalité j’attendais des LEGO, la Soyouz WO et les pièces pour le North American X 15. Du coup, chaque jour, je guettais le passage du facteur plein d’espoirs. Le X 15 arrivait en trois livraisons, deux germaniques et une thaïlandaise. La fusée Soyouz en un seul envoi, mais via Mondial Relay, ce qui peut prendre une bonne semaine parfois.

La Soyouz est arrivée mercredi midi, ce qui a fait le bonheur de mon après-midi.  Le soir, la fusée russe était parée pour son lancement. Une magnifique réalisation que l’on doit à LegoRocketCollection.

Le jeudi, il pleuvait encore comme vache qui pisse. J’ai sorti d’anciens albums de IQ et me suis lancé dans la construction d’un appareil photo. J’avais déjà réalisé le Nikon D810 à l’échelle 1:1 et le boîtier LEGO réservé aux VIP me faisait envie. Mais faute des deux mille points nécessaires, je ne pouvais le commander. Alors je me suis lancé dans le Panasonic Lumix GX9 que j’ai à la maison en recyclant les briques à ma disposition dans les jouets des enfants.

La chose a bien occupé mon temps libre, car plusieurs parties sont mobiles sur le boîtier, comme l’écran arrière, le flash et le viseur orientable. Pour les arrondis, j’avais perfectionné la technique avec le Nikon donc c’était plus simple, mais ce qui a été redoutable, c’est de le travailler qu’avec le stock de pièces disponibles, certes important, mais limité tout de même, surtout en slope et tiles. (Je parle comme un pro du pot là). Bref voilà le GX9, assez ressemblant mais perfectible à condition de passer commande de nouvelles briques.

Le samedi j’ai reçu le propulseur arrière du X 15. Le lundi une partie du fuselage. C’est le vendredi suivant que le reste de l’avion fusée, après avoir payé huit euros de frais de douane, est arrivé à bon port. En tout plus de six-cent briquettes noires à assembler avec le plan de montage assez foireux livré par le logiciel Studio. J’aurai pu enfin me lancer dans son montage mais j’ai attendu le soir. En effet, pour la première fois en sept jours, le temps était enfin sec et je suis allé marché dans la neige, en montagne, histoire de ne pas trop sentir le renfermé.

Assembler ailes, ailerons, nez et cockpit n’a pas posé de grosse difficulté. Les problèmes ont commencé avec la dérive qui devait être orientable sur la modélisation Studio et qui, confrontée aux théories de Newton, s’est révélée fragile.

Ensuite, la carlingue, que studio n’avait pas réussi à décrire correctement sur le plan d’assemblage, m’a donné du fil à retordre. Elle est constituée de deux demis cylindres de cinquante centimètres de long pas facile à assembler et quasiment impossible à relier l’un à l’autre, d’autant qu’il fallait en même temps fixer le propulseur à l’arrière. Ce qui, en théorie semblait réalisable avec le logiciel, s’est avéré très complexe à mettre en oeuvre sous 1 G.

Après quelques galères et erreurs, j’ai pu fixer les ailes, la verrière, le nez, les ailerons, les dérives et le réacteur au fuselage. Yes ! Restaient trois détails importants à terminer. Les marquages sur la carlingue, les skis arrières que je n’avais pas modélisé et l’équipement de l’habitacle que j’avais totalement zappé.

Pour les marquages, j’ai fait avec des autocollants de Discovery histoire de mettre quelque chose. On trouve des sites qui impriment ça sur Internet, dingue !

Pour les skis, j’ai bidouillé un truc sans savoir réellement comment ils étaient fixés sur l’avion fusée. Et pour l’habitacle, j’ai fais avec une photo et les moyens du bord. 

Samedi, n’ayant plus rien à brique olé !, j’ai rangé les caisses de LEGO, installé les projecteurs et le vrai Nikon D810 pour photographier mes bêtises.

Police, au secours

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Samedi fut une journée compliquée. Je devais m’évader dans les Vosges pour capturer les couleurs de l’automne mais le destin en a décidé tout autrement. 

La voiture étant à sec, je suis passé à la pompe faire le plein. L’automate  agaçant refuse ma carte pour cause de piste magnétique illisible. Connaissant le problème, je me rends à une autre crèmerie où d’ordinaire ma carte passe bien. 

Mais la loi des séries est contre moi et je ne peux remplir mon réservoir. 

Je reprenais le volant pour passer à la maison voler la Visa de mon épouse quand je tombe sur une voiture arrêtée au milieu de la rue. 

Comme tout bon connard qui se respecte je m’apprête à klaxonner pour faire dégager l’emmerdeur quand j’entends la personne pleurer au volant. 

Je descends pour aller voir ce qui se passe et découvre une femme en pleine panique, les deux mains agrippées au volant, versant toutes les larmes de son corps. 

Après avoir tenté de la calmer, entre deux crises de larmes, la dame m’explique que pour éviter un chauffard, elle a foncé dans la bordure du trottoir. Un tour de la voiture me confirme en effet que trois des quatre roues sont à plat. 

Entre temps des voitures se sont accumulées derrière moi et les klaxonnes commencent à hurler. 

Je tente vainement d’apaiser la conductrice afin qu’elle gare sa voiture pour dégager la chaussée. J’aurais pu prendre sa place au volant si la dame n’était pas handicapée moteur et ne pouvait pas sortir simplement de son véhicule. Il faut la calmer pour qu’elle puisse manœuvrer. 

Arrive alors une dame pressée, prête à hurler sur la conductrice en larmes. Je dois la calmer avant qu’elle n’explose et aggrave la panique de la victime. Un homme furieux déboule à son tour et après lui avoir expliqué la situation, nous arrivons tant bien que mal à faire stationner la voiture accidentée sur le bord de la route. 

Je me gare à mon tour pour libérer la rue, laissant le chemin aux deux conducteurs pressés qui abandonnent la femme paniquée à son triste sort.

Je n’ai pas l’âme d’un sauveteur ni celle d’un bon samaritain mais je ne me vois pas abandonner cette personne seule sans aide.

Sa voiture ne peut plus rouler, la personne est handicapée et en pleine crise d’angoisse. Je me dis que le mieux serait d’appeler Police Secours. Mais le 17 n’en a rien à battre de cette petite dame accidentée et handicapée au bord de la crise de nerf. Elle n’est pas blessée ? Non. Appelez le 15 si elle pète un câble…

La pauvre dame est en larmes. Elle pense à ses courses rangées dans le coffre, à sa voiture dont elle a besoin pour se déplacer et au salop qui lui a coupé la route et s’est enfuit sans demander son reste.

Il faut un bon moment pour l’apaiser, trouver sa carte verte et appeler l’assurance. Contrairement au 17, la personne au bout du fil est nettement plus humaine et compréhensive. Une dépanneuse passera d’ici trois quarts d’heure et la conductrice sera prise en charge par un taxi. Heureusement que cette dame possède un contrat tout risques, sinon comment aurait-elle fait.

Reprenant un peu ses esprits, elle pense alors à appeler son fils. Celui-ci arrivera quelques minutes plus tard en voiture avec un voisin, car il se déplace à vélo. Je leur explique la situation : le chauffard est en fuite, l’assurance prévenue, la dépanneuse en route et la police avertie. Mon rôle s’arrête là.

Je remonte dans ma voiture et retourne à la maison chipper la carte bleue de mon épouse qui elle, miracle, fonctionne. Avec une bonne heure de retard je prends la route des Vosges pour une promenade écourtée.

A l’entrée de la quatre voies, la police effectue des contrôles au facies sur les conducteurs. Ils étaient donc là nos agents, à cinq cent mètres de l’accident…

En vacances

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Coucher de soleil sur la presqu’île de Quiberon

J’étais en vacances et vous n’en avez rien su, c’est ça la magie d’Internet. Des vacances en train pour traverser la France et retrouver la terre de mes ancêtres, la Bretagne. La Bretagne oui, mais celle du sud histoire d’avoir une petite chance de se baigner dans la mer en septembre.

Carnac

Destination le golfe du Morbihan, au sud de Vannes, un territoire parsemé d’îles et de rivières qui ont façonné au fil des millénaires un paysage absolument unique. C’est également un paradis pour le passionné de mégalithisme que je suis. Ici les menhirs se dressent à dix-sept mètres du sol, les cairns cachent des dolmens sculptés et les cailloux poussent dans les champs comme sur le site de Carnac.

Cairn de Gavrinis

Durant sept jours, je n’ai pas trouvé le temps d’écouter Aphelion de Leprous, trop occupé que j’étais à tremper mes pieds dans la mer, même parfois la tête, à me bâfrer de kouign amann, de galettes au beure, gâteau aux pruneaux, crêpes et galettes de sarrasin (l’objectif principal étant bien entendu de s’alimenter en circuit court bio) et à battre la campagne à la recherche de cailloux dressés il y a six millénaires par nos ancêtres les… qui a dit gaulois ou celtes ?

Armé du bon vieux Nikon D810 équipé d’un Nikkor 24-85 et d’un Tamron 70-200 plus le petit GX9 en dépannage, j’ai pris des clichés de ces cailloux sculptés, des tombaux collectifs, ces sépultures d’une élite, cairns monumentaux qui dessinent le paysage de la région. Le Petit Mont, Gavrinis, la Table des Marchands, les alignements de Carnac, le Tumulus Saint Michel, les menhirs géants de Locmariaquer figurent parmi les plus impressionnants vestiges de cette époque où l’homme s’est sédentarisé et a commencé à cultiver la terre.

Le port d’Arzon

J’avoue avoir croisé plus de camping-cars que de menhirs sur les chemins du golfe, des campings-cars conduits lentement par des têtes blanches, des petits vieux retraités, bronzant leurs rides sur le sable chaud et fêtant leurs dernières années avec force d’apéritifs bien arrosés. Pas encore ces vieux en Ehpad qui attendent la mort comme mon père qui voit son fils une fois l’an quand il passe en Bretagne. Pour peu on se serait cru en Floride sans les bombasses.

Nous avions prévu beaucoup de choses et nous n’avons pas pu tout faire évidemment faute de temps. Une des huit journées était consacrée à la visite à l’Ehpad, cinq heures de route pour trente minutes de visite sous masque. Deux autres au voyage lui-même, Strasbourg-Nantes en train puis Nantes-Arzon en voiture soit 7h30 de trajet contre 12h par autoroute. Le reste s’est partagé entre baignades sur la plage à 20 mètres de notre appartement où les Venettes se sont probablement pris la trempe de leur vie par les armées de César, visite de monuments, promenades sur la côte, lecture et cinéma. Cinéma ? Oui car sans Apple TV il nous fallait bien un grand écran le soir et à Arzon il y a la Locomotive et ses deux salles d’un autre temps où des films sont projetés pour quelques spectateurs égarés.

Château de Suscinio

Le château de Suscinio, la presqu’île de Quiberon et sa magnifique côte sauvage, les alignements de Carnac, la croisière au cairn de Gavrinis, Locmaraiaquer, le Tumulus de César, le Petit Mont, le Golfe du Morbihan, nous avons vécu du néolithique au moyen âge pendant une semaine tout en restant connecté à minima avec notre époque.

L’arc et le flèche

L’exercice photographique ne fut pas des plus aisés. Photographier des menhirs ne pose pas de problème en soit, ce ne sont après tout que des cailloux immobiles, mais il faut réussir à traduire leur grandeur, leur immoralité, éviter les touristes en mal de selfies et pour certains, comme à Gavrinis où nous ne disposions que de cinq minutes dans le couloir obscur à sept entassés à poser au trentième à f 2.8 pour capturer les gravures millénaires. Les immenses champs de pierres levées de Carnac ne furent pas aisés non plus, à cause de l’immensité de la chose et finalement j’ai opté, plutôt qu’un grand angle, pour le 70-200 mm et des échantillons du site. Pas sûr d’avoir réussi mes clichés mais au moins j’ai essayé. Je rêvais de brumes à Carnac, un rayon du levant dans Gavrinis, je me suis contenté du couchant sur le petit mont. On ne peut pas tout avoir.

Je reviens avec deux-cent clichés, deux livres lus, quelques kilos d’embonpoint, requinqué, prêt à affronter mon agent comptable et la centaine de mails en attente.

Le vaisseau Apollo

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J’en suis à la quatrième version. 

Version 2

Plus grande, plus fidèle, plus robuste. J’ai commandé des pièces chez le fabricant puis j’en ai recherché d’autres sur Internet. Ce qui n’était qu’un challenge amusant au début est devenu mon activité principale le week-end et le soir en rentrant du travail. 

Je consulte des photographies de la NASA, recherche des informations techniques sur Wikipedia, m’inspire de MOCs, assemble, démonte, expérimente, casse, emboite, déboite et recommence encore et encore. 

L’objet de ma nouvelle folie s’appelle le vaisseau Apollo composé du module de commande, ce cône dans lequel prenaient place trois astronautes et le module de service, un cylindre de cinq mètres par quatre qui abritait les réservoirs et les moteurs. Si vous ne voyez pas de quoi je parle regardez l’Etoffe des Héros, Le Premier Homme, Apollo 13, For All Mankind, lisez Mary Robinette Kowal, Charles Frankel, Tom Wolfe ou ce blog.

Réaliser un cylindre de 13 cm de diamètre n’est pas une chose facile mais concevoir un cône de 11 cm de haut est un enfer. Il faut ruser tout le temps. 

Version 3

Le vaisseau Apollo fait finalement 32 cm de haut et pèse 1 kg sans le carburant et les astronautes contre 11 mètres et 30 tonnes pour la version qui a été autour de la Lune. Un modèle réduit au 1/30 réalisé en Lego.

Comme ne nombreuses activités de ma vie, d’autres on fait la même chose en mieux avant moi. Il s’agit donc d’une nouvelle occupation gratuite et inutile qui sera certainement remplacée bientôt par une autre encore plus futile.

Mes enfants m’aident, proposant leurs idées, des assemblages audacieux et recherchent des pièces dans les 20 kg de briques répartis dans dix boites, ma femme regarde son vieux bébé avec tendresse jouer sur le tapis et moi je me détends des longues journées éprouvantes en patouillant des briques multicolores avec les mains. Car les constructions en Lego me vident la tête.

La quatrième version a d’abord consisté à remettre à l’échelle le module de service, redistribuer les briques, revoir le propulseur principal ainsi que les antennes. Puis je me suis attaqué au module de commande en revoyant toute sa conception, il ressemble maintenant un peu plus à l’original. Reste à aménager l’intérieur d cela capsule maintenant…

Version 4

Lego mania

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Lunar Lander Apollo 11

Tout à commencé pour mes cinquante-cinq ans. Mon grand m’offrait la fusée Saturn V en Lego, un cadeau d’un mètre-vingt de haut et 1969 pièces. Ce que j’avais longtemps refusé d’acheter est arrivé dans un paquet cadeau. Ensuite Lego a eu la bonne idée de sortir la navette spatiale, une maquette de 2354 briques à laquelle je n’ai pas su résister. Et puis un Lego store s’est ouvert à Strasbourg, et là, j’ai tout fait pour ne pas y aller. Vraiment, j’ai été fort. Jusqu’à un vendredi après-midi oisif où je me suis dit que j’allais y faire quand même n tour. Je ne risquais pas grand chose, je en voulais acheter que des constructions de la NASA et leur déclinaison de la station internationnale est vraiment moche. Pour le Lunar Lander Apollo 11, j’hésitais depuis longtemps, pas trop satisfait de son visuel. Je suis rentré dans la boutique de mes rêves, j’ai vu la machine à écrire, le piano, et au fond du magasin, le Lunar Lander assemblé. Il était magnifique ! Cinq minutes plus tard, je repartais avec un sac Lego (la classe) et le Luna Lander. 1087 pièces, une partie de plaisir assemblé en moins de quatre heures, trop facile !

Voila, l’article aurait pût s’arrêter là si, si je n’avais cherché à fabriquer le V2, la Redstone et la fusée Atlas, les précurseurs du programme Apollo. J’ai bien trouvé des tutoriaux sur la toile our réaliser ces modèles mais hélas les briques nécessaires à leur construction n’existe plus. Quel dommage ! Pourtant en effectuant une nouvelle recherche il y a peu, je suis tombé sur un fondu et son site Lego Rocket Collection. Le gars avait construit presque toutes les fusées, pas de tir, navettes, stations ayant existé où imaginés par l’homme un jour. Je regardais ces photos avec avidité lorsque j’ai découvert que pour financer sa passion, le gars vendait des kits pour nombre de ses créations. Au catalogue la V2, la Redstone et l’Atlas. Je n’ai hésité qu’une seconde, juste à temps pour ne pas commander les fusées russes dans la foulée. Je n’ai pas encore reçu les briques et je piaffe d’impatience.

Redstone Mercury

Mais je me suis souvenu que mes enfants jouaient beaucoup aux Lego lorsqu’ils étaient petits, comme moi d’ailleurs. Alors je suis monté au grenier voir le trésor et j’ai exhumé vingt kilogrammes de briques multicolores. J’ai eu soudain envie de tout trier, une pure folie. Dans dix boites j’ai classé pendant des heures les roues, les personnages, les plaques, les briques, les barres, les mécanismes, les pièces spéciales, les portes, les fenêtres, les tuiles, une activité reposante pour le cerveau pendant laquelle je plongeait mes mains dans les petites pièces en écoutant de la musique.

Lunar Rover

Et là, l’idée m’est venue de copier le modèle de la Redstone/Mercury de Lego Rocket Collection. Ma première réalisation, assez complexe au final à cause de la base de la fusée. Une fois lancé, j’ai cherché à construire le Lunar Rover à l’échelle du Lunar Lander et sur Youtube je suis tombé sur la chaine de Jerry Builds Bricks et son MOC #102 traitant de la chose. J’ai compté autant que faire se peu, adaptant l’assemblage en fonction des pièces dont je disposais. Il reste du travail pour améliorer le résultat mais c’est déjà pas mal pour un début.

Arrivé là, je me suis dit, j’ai la Saturn V, le Lunar Lander, le Lunar Rover, que me manque-t-il ? Le module de service évidemment ! Cette fois pas de MOC, pas de tutorial, des photographies, les astuces d’assemblage de la Saturn V, une longue recherche de briques (des tuiles principalement) et de nombreux essais. La chose est en chantier, cette fois pas à l’échelle, je n’ai pas assez de Lego hélas malgré vingt kilos et dix caisses mais ça prend forme.

Module de service Apollo

Un nouveau prototype, à l’échelle cette fois est en chantier mais pour le réaliser, j’ai dû cette fois par passer une commande de plus de deux-cent briques, en espérant que j’ai bien compté. On se détend comme on peu.

Sainte-Croix

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(c) Jérôme THEROND

Une fois par an, je participe au pèlerinage de Sainte-Croix. Je ne suis ni musulman, ni grec, ni juif, ni orthodoxe, ni protestant et si j’ai baigné dans le catholicisme, je reste définitivement hermétique à toute forme de religion. Pourtant à l’automne, je prends mon bâton de pèlerin et je me rends près de Rhode pour faire pénitence.

Avec dix kilogrammes de jolis cailloux dans le dos, un bâton à la main, je marche sept heures durant, avec à peine une bouteille d’eau, arpentant les chemins ombragés du parc animalier de Sainte-Croix.

Cette année, j’avais fait le choix d’un 24-70 mm, d’un 70-200 mm et d’un 200-500 mm avec un plein format ainsi qu’un monopod. Choix discutable car si la bête est éloignée, le cliché sera inintéressant. D’ordinaire, je travaille plutôt avec une focale de 1400 mm pour tout ce qui est animalier.

Je suis devant la porte dès l’ouverture et à peine entré dans le parc, j’entends le hurlements des loups au fond des bois. Courant aussi vite que me le permet mon bardas, j’emprunte les sentiers à l’envers pour atteindre la tanière des loups blancs où un autre photographe (que je croiserai à de nombreuses reprises au cours de la journée) est déjà en action. Les loups blancs hurlent et répondent au loups gris. Alors que d’ordinaire ces animaux se cachent, aujourd’hui, ils longent leurs enclos, s’allongent devant nous et ne redoutent pas les objectifs. Rien que pour cela, j’ai gagné ma journée.

Après les loups blancs, les loups noirs prennent la pause. Je n’en reviens pas. Il faut dire qu’en semaine, le parc, malgré un soleil radieux, ne déborde pas de visiteurs et la COVID-19 doit dissuader plus d’une personne de sortir. Moi, et quelques autres photographes, nous en profitons. Car le parc de Sainte-Croix est le paradis des photographes amateurs de tout poil. On y voit de nombreux boitiers pros avec de de gros cailloux et le bruit des miroirs en mitraillette vient troubler le silence de la campagne.

Après les loups, je vais saluer mes copains les chiens de prairie. J’adore ces petites bêtes irascibles qui vous tiennent tête à quelques centimètres de l’objectif. Car là, vous êtes dans leur enclos, comme pour les maki natta. Si vous approchez trop, elles se planquent dans leur terrier pour revenir quelques secondes plus tard vous crier dessus. Si vous ne bougez pas, elles s’approchent et vous défient en criant. Adorables !

Mon pèlerinage me conduit ensuite dans le bon sens sur le sentier bleu après une rapide collation. Le sentier bleu, ce sont les sangliers, les cerfs, les rennes, les ours, les renards et, et les lynxs. Je n’ai jamais eu de chance avec les lynxs. Soient ils dormaient derrière une vitre, soit il se cachaient dans les herbes. Mais cette années, il y a trois naissances et les enfants sont turbulents. A peine arrivé que je découvre les petits monstres en train d’avancer sur un tronc d’arbre, hésitant à sauter pour continuer jusqu’un endroit où soudain les bestioles aux grosses pattes et aux oreilles en pointes semblent intriguer par quelque chose. Une grosse couleuvre bouge dans les feuilles mortes. Inutile de vous dire que le manège d’un jeune lynx affrontant un serpent, cela vaut le détour. D’ailleurs, tous les photographes sont là et dans un silence religieux, shootent comme des fous, encourageant les jeunes fauves à plus plus d’intrépidité. Le spectacle est juste incroyable !

Après un coucou aux ours qui font la sieste, aux pélicans qui prennent la pause, je remonte le chemin bleu, là où d’ordinaire se rassemblent les cerfs. Mais nous sommes en pleine période du brame, et les pauvres cervidés sont épuisés après avoir braillé et combattu toute la nuit, sans parler de la récompense qui va avec. A la place, sur la pente herbue menant au lac, se promènent des cigognes et des hérons, à porté de tir du 500 mm. Connaissant les hérons, je me planque dans une cabane conçue pour observer les cerfs. Et là j’attends. Des cigognes se posent, d’autres s’approchent, les hérons ne me voient pas et je réalise une grand quantité de clichés d’ordinaire impossibles avec une focale presque triple. Décidément, cette journée relève de la folie. Je suis comblé.

Il est 16h, il me reste quelques minutes pour aller saluer les maki catta, les gibons, les daims et les ours noirs avant de reprendre la route vers l’Alsace. Je suis rincé et heureux.

Un mois sans réseau social

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Un mois durant, le webzine Neoprog a vécu comme il y quinze ans, à l’heure des newsletters et des flux RSS, et surtout sans les réseaux sociaux.

Le but était d’étudier l’impact direct de Facebook et Twitter sur le nombre de visiteurs lisant le webzine et d’évaluer l’intérêt d’exister sur ces outils qui ne possèdent pas que des avantages loin de là.

L’analyse des résultats se révèle plus délicate que prévue à appréhender. En août 2020, 2300 personnes ont visité le site.
Si je compare les statistiques entre août 2020 et août 2019 nous avons perdu 19% d’utilisateurs.
Entre 2020 et 2018 13%, entre 2020 et 2017 nous avons gagné 10 % de visiteurs et entre 2020 et 2016 nous avons perdu 33 % d’audimat !

2016 fut une année très particulière pour moi et le webzine puisque j’ai passé cinq mois cloué sur un canapé à écouter de la musique età choniquer 24h/24. Alors oublions 2016. La baisse brutale en 2017 s’explique par la disparition du groupe Facebook Neoprog et son remplacement par une page ainsi que mon retrait de très nombreux groupes Facebook de prog francophones que je ne supportais plus.

Il nous reste donc que 2018 et 2019 comme points de repères. Nous avons perdu de nombreux visiteurs, c’est indéniable mais ceux qui passaient sur le site n’y venaient pas par hasard (forte baisse du taux de rebond). Il semblerait donc que nous ayons gagné en qualité de lecteurs et mieux vaut la qualité à la quantité. D’autres statistiques indiquent bien cette tendance à la baisse mais je ne vais pas vous inonder de chiffres.

Moins de visiteurs, moins d’articles lus, moins de nouveaux utilisateurs, l’impact est clair. Facebook génère du trafic sur le site. La question est de savoir si 19% justifie de passer plus d’une demie-heure par jour sur le réseau social et se faire empapaouter par tous les internautes oisifs possédant un avis sur tout. Parce que les chatons, les complots, les fâchos et les abrutis, ça va un temps.

J’ai constaté qu’après quelques baisses d’audiences lors des mutations de Neoprog, le public revenait peu à peu, s’habituant à la nouvelle formule, s’adaptant à nos évolutions.

L’idée n’est pas non plus d’aller contre le sens de l’histoire et de renier les médias modernes. Le « c’était mieux avant », je le laisse aux vieux cons. Neoprog ne va pas quitter les réseaux sociaux Facebook et Twitter mais va réduire son empreinte carbone sur ceux-ci.

Le test d’un mois est prolongé avec quelques ajustements : une fois par semaine nous posterons les dernières chroniques et annoncerons celles à venir.

Dénotifié

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Ne cherchez plus à me joindre via Messenger, Facebook, Twitter, Youtube ou Gmail, car je le suis dénotifié.

Rassurez-vous, Je lirai vos messages, mais lorsque j’en aurai envie et pas en obéissant aux dictas des notifications.

Il est difficile pour moi de résister à l’appel de la petite pastille rouge et de la vibration de mon smartphone. Une notification survient et je plonge dans les cinq pouces de pixels pour savoir ce qui se passe. Un artiste me contacte, une nouvelle promotion vient de tomber, une offre pour du Viagra, une enseigne qui demande mon avis éclairé sur mon dernier achat, et me voila sur mon clavier virtuel à répondre et à me perdre dans les méandres de la toile.

J’ai donc désactivé les notifications non essentielles de mon smartphone : Facebook, Messenger, Twitter, Babelio, Facetime, Flickr, ne gardant que les SMS et les appels téléphoniques actifs.

Du coup je pourrais presque résilier mon abonnement Internet, mais non, je ne me coupe pas de la toile, je l’empêche juste d’envahir ma vie, de me faire perdre mon temps et dans la foulée j’essaye de soigner mon addiction à mon e réputation.

Car à force de publier du contenu sur Internet, je suis devenu addict aux retours des personnes, les likes, les commentaires et le nombre de vues.

Je suis sorti de Facebook mais des accrocs au réseau social trouvent encore le moyen de me raconter les prises de becs dont l’outil est le théâtre quotidiennement. Mais voilà, aujourd’hui ça ne m’intéresse plus du tout.

Je reste quand même incapable de dépasser le stade de vérification quotidienne de ma popularité virtuelle. Je regarde toujours le nombre de favoris d’une photo et la quantité de visiteurs passant sur le webzine. Mais j’y arrivai, enfin j’espère.

Time

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Avez-vous la moindre idée du temps que nous sommes capables de dégager dans une journée avec un minimum de volonté ?  

J’en arriverais presque à m’ennuyer maintenant que je connais le secret.

Si vous aussi, vous désirez connaître mon infaillible secret afin optimiser le temps, une méthode inventée par le grand maître Siddhana Covhididha et transmise de génération en génération avec amour, lisez les préceptes qui suivent :

« Le temps est relatif et nous le dilapidons chaque jour un peu plus. Ecoutez moins votre corps et laissez l’esprit commander. » 

 » – Vous n’avez pas besoin de dormir sept heures par nuit, trois sont amplement suffisantes à notre métabolisme. » 

 » – De même qu’un repas frugal quotidien sustente largement l’organisme sans oublier de pratiquer le jeûne hebdomadaire qui purifie le corps. » 

 » – Les besoins naturels peuvent attendre, ce n’est qu’une question de contrôle. » 

« Avec ces trois règles élémentaires, votre journée s’allonge naturellement de six heures. Six heures gagnées pour votre épanouissement personnel. »

« Lorsque la fatigue survient, méditez quelques secondes, ouvrez vos chakras et respirez profondément, l’énergie affluera dans vos veines. »

« Et surtout concentrez-vous sur l’essentiel: oubliez le travail abrutissant, les voyages inutiles, les biens non indispensables, les relations dénuées de spiritualité, tendez votre esprit et votre corps vers l’illumination et abandonnez tout le reste. »

Sinon, si comme moi, vous n’êtes pas mystique, si vous aimez manger, rire avec des amis et dormir de longues heures au chaud sous la couette, vous pouvez suivre les conseils d’un nihiliste 2.0 :

« Coupez les notifications non vitales de votre smartphone. »

Vous verrez, vous perdrez moins de temps sur les photos de tata Germaine pendant sa cure de balnéothérapie, vous n’entendrez plus les cons et vous gagnerez de précieuses heures que vous pourrez consacrer à lire, vous promener, voir des amis ou écouter de la musique.

Je suis dans ma quinzaine sans réseaux sociaux, du moins juste le minimum. Je continue de photographier et publier et je poursuis ma thérapie sur le bog. Du coup cela me dégage plein de temps pour écrire ce genre de conneries…

Loto mots bile

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Onze ans, cent cinquante milles kilomètres, une portière défoncée, une direction tangente, un embrayage moribond, plus de freins, des pneus usés, un habitacle imprégné d’une odeur de moisissure, des sièges maculés de tâches, la voiture qui m’a accompagnée à nombre de festivals, concerts, qui a traversée de multiples fois la France, qui a vu grandir mes enfants, qui a accueilli sereinement leur vomi, les miettes de biscuits, le placoplatre et les déchets végétaux sur la banquette arrière, ma Logan, ma belle Logan premier modèle du nom, vient de nous quitter pour un monde meilleur.

L’automobile a toujours été la vitrine d’un certain statut social, détrônée pendant quelque temps par le modèle de smartphone. Posséder une voiture bas de gamme, moche, est souvent le signe d’un échec social patenté. Aujourd’hui, la mode écologique désigne la machine à quatre roues comme responsable de tous les maux de la terre, et certains commencent à considérer (à raison) les conducteurs de SUV comme de gros dégueulasses losers. Seul le véhicule électrique a le vent en poupe chez les bobos écolos qui n’ont rien compris au bilan carbone d’une voiture.

Je roule peu, quelques concerts, les courses et un voyage par an en France, mais il est vrai que depuis peu, je roulais encore moins, découragé par la fatigue programmée occasionnée par deux-cent kilomètres en char d’assaut après quelques heures de metal entre les oreilles. Ma chérie ne voulait pas se séparer de la poubelle, moi je n’en pouvais plus de la conduire. Des mois de lutte, de persuasion, de cajolerie et que des refus, jusqu’au jour où le garagiste nous à annoncé que notre tas de ferraille allait passer l’arme à gauche si nous ne changions pas la moitié des éléments le constituant.

Ça a été le déclic et j’ai enfin eu le feu vert pour prospecter. J’ai d’emblée visé de petites voitures économiques et peu polluantes. Une seule exigence, qu’elle soit équipée d’un régulateur de vitesse, parce que la Logan n’avait aucun équipement, même pas d’essuie glace arrière.

Une fois, le premier tri effectué, j’en traîné mon épouse chez les concessionnaires pour quelle fasse un choix, car dans ce genre d’achat, la femme décide toujours n’est-ce pas ?

Les prix l’ont horrifiée, oui c’est cher quatre roues et un moteur, très cher, même en refourguant notre carrosse rutilant. Je lui est montré ma sélection de modèles, Clio, C3, Sandero… Elle s’est assise dans tous les modèles et à chaque fois, venait la même remarque, « c’est petit, tout petit ». C’est vrai que la Logan est affreuse, bruyante et inconfortable, mais l’habitacle est des plus spacieux, sans doute grâce à l’absence de tout équipement encombrant le tableau de bord.

Puis j’ai vu mon épouse errer dans la concession et regarder de plus gros engins, ouvrir des portes et s’asseoir dans des habitacles suréquipés et dire :

– J’aime bien celle-là.

– Non sérieusement, tu as vu la petite étiquette ?

– Oui oui…

Après onze ans de tape cul, ma chérie découvrait enfin le confort, les options, le luxe et elle y prenait manifestement goût. Comme par miracle, les vendeurs sont devenus soudains prévenants, un café ? Vous voulez faire un essai ? Je peux vous faire une offre ?

– Oui, oui, oui !

La totomobile a été acheté, le troisième plus gros chèque de ma vie. Le bilan carbone de la famille va augmenter notablement mais je rechignerai moins à effectuer de longues distances pour aller à des concerts dans des coins paumés. La preuve, pour étrenner le carrosse, je viens de traverser deux fois la France dans sa grande longueur horizontale en soixante-douze heures pour aller faire un bisou à mon papounet.

Ma femme ne conduit plus, elle a peur de casser le joli joujou qu’elle a offert à son mari chéri. Et moi qui préférait pédaler que conduire, je me surprends au volant de la voiture, juste pour le plaisir. Je dois me faire violence pour la première fois de ma vie afin de rester un minimum écolo responsable. J’ai honte mais c’est si bon. Tiens, et si j’allais me promener ?