Karmamoi – Strings From The Edge Of Sound

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Karmamoi vient de Rome et joue du rock progressif. Un duo formé d’Alex et Daniele, qui, contrairement à nombre de leurs compatriotes, ne se complait pas dans le rétro progressif mais plutôt dans un prog cinématique alternatif. Ils restent, malgré leur talent et cinq albums magnifiques, assez méconnus dans la sphère progressive, peut-être parce qu’ils n’ont pas conservé la même voix au fil des années.

En 2013, Serena chantait sur Odd Tripp, en 2016 Serena, Sara et Irene chantaient sur Silence Between Sounds, puis de 2017 à 2021 Sara devenait leur chanteuse avec deux albums, The Day Is Done et Room 101. Enfin en 2023, pour Strings From The Edge Of Sound, l’album dont nous allons parler aujourd’hui, c’est un homme qui reprend le pupitre laissé vacant, Valerio Sgargi.

Strings From The Edge Of Sound est-il bien un album d’ailleurs ? Parce que ce dernier disque reprend cinq anciens titres de leur répertoire. Oui, cinq pièces mais totalement réinventées pour l’occasion. Tout d’abord avec la voix de Valerio, des arrangements à cordes, numériques mais réussis et une réécriture de chacun des morceaux qui les réinventent sans les dénaturer.

Je vais vous présenter les quatre petits nouveaux : 

‘Black Hole Era’ long de près de huit minutes se partage entre guitare acoustique, arrangements à cordes, chant et chœurs. Une magnifique manière de découvrir le style de Valerio qui au final est assez raccord avec la technique de Sara même s’ils ne possèdent pas du tout le même timbre. Et même si c’est un homme qui chante cette fois, celui qui connaît bien Karmamoi ne sera pas déstabilisé.

‘Telle Me’ au refrain stellaire, joue beaucoup plus sur les claviers et arrangements orchestraux de Daniele, rejoint pas la guitare floydienne d’Alex vers la cinquième minute.

Dans ‘I Will Come In Your Dreams’, Valerio se fait crooner sur les notes de piano de Daniele. Un bel interlude épuré qui se poursuit en apothéose orchestrale avant de revenir au piano.

Enfin, le court titre ‘Strings From The Edge Of Sound’ termine l’album de manière cinématique orchestrale avec un texte quasiment parlé.

Si l’album est réussi dans son ensemble, il pêche cependant par sa durée. Je décroche régulièrement à partir du long format ‘Zealous Man’. Douze minutes qui manquent de dynamique pour tenir sur la durée et ce malgré les cordes un un final instrumental qui relance pourtant bien la machine.

Malgré ce petit défaut, je vous recommande chaudement Strings From The Edge Of Sound. Si vous ne connaissez pas Karmamoi, c’est une belle entrée en matière dans leur discographie. Si vous avez déjà écouté le groupe, c’est une agréable manière de découvrir leur nouveau chanteur.

Tous leurs albums sont sur Bandcamp, alors n’hésitez pas.

Terra – Terra

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Entre deux planches de bois peintes, un compact disk. Pas de titre, de groupe, de morceau, pas de livret, rien. Rien que du bois, quatre aimants et un CD.

J’ai entre les mains un des deux albums du groupe Terra que j’ai vu lors du concert de Soen à la Laiterie. Un album éponyme également disponible dans sa déclinaison acoustique, possédant le même habillage menuisier et dont je possède le tout dernier exemplaire.

Terra est un groupe italien né en 2018 venant de Rome que l’on pourrait classer dans le tribal post metal si le genre existait. Peut-être qu’il existe en fait, je n’en sais rien.

Le quatuor m’avait subjugué en live avec leur courte prestation au point de leur prendre deux disques et un tee shirt au stand de merch à la fin du concert. Mais l’enthousiasme du live laisse parfois place à la désillusion une fois rentré à la maison et le CD posé sur la platine.

Leur côté tribal théâtral, lorsqu’ils s’étaient avancé à trois devant la scène pour jouer ‘The End’ aux percussions m’avait hypnotisé mais quand Davide, le chanteur batteur avait pris le micro, j’étais tombé en pâmoison. Il faut dire qu’il possède quelque chose du charisme de Daniel Gildenlöw de Pain of Salvation. Et pour moi, c’est presque la référence ultime, surtout en live.

Du bois, des dreads, un logo géométrique ésotérique et le nom Terra, tout m’évoquait la mouvance new age écolo planétaire mais avec des instruments électriques et un peu de growl pour pimenter l’herbe fumée.

Pour découvrir les noms des membres du groupe, leur histoire, les titres de morceaux et les paroles, il faudra se rendre sur le site Welcome To Terra car ils n’ont pas encore inventé le livret en écorce de chêne.

Terra joue du post-metal comme dans ‘XII’ mais également du folk avec ‘Siren’s Call’ ou du metal à growl comme dans ‘Father’ sans parler du chamanique ‘Mantra’. Une palette musicale des plus variée à forte personnalité qui fait mouche dès la première écoute. Terra joue dans un registre émotionnel qui fonctionne toujours aussi bien avec moi et une musique suffisamment contrastée pour que je ne m’ennuie pas un seul instant.

Pendant une heure, douze morceaux de deux à cinq minutes plus un mantra de vingt minutes, le groupe nous emporte dans son concept album mélodique et torturé où seuls deux courts instrumentaux offrent une pause dans la narration.

Il s’agit d’un premier album sorti en 2022 qui aurait vraiment mérité de monter sur le podium mais à l’époque j’ignorais encore tout de ce groupe talentueux que je vous recommande d’écouter d’urgence et de suivre de très près.

Ernetti et l’énigme de Jérusalem

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Honnêtement, je me moque de savoir si la Torah, la Bible et le Coran nous racontent des craks. On croit en Dieu ou pas. Bon moi c’est ou pas mais qu’importe. On a tous nos problèmes n’est-ce pas ?

Mon problème en l’occurrence est de comprendre pour quelle raison j’ai pris ce bouquin. J’espérais peut-être un nouveau Jesus Video, je suis tombé sur un sous Da Vinci Code. 

J’ai rarement lu un roman aussi creux. Les personnages n’ont aucune profondeur, juste des silhouettes en papier grossièrement esquissées, l’intrigue n’a aucun intérêt, quant au mystère, il n’y en a pas longtemps puisque tout est dévoilé à la page cent, ou presque. 

Vous voulez savoir ce que recèle le cube dans les ruines du temple de Salomon ? Dedans se cache bip bip bip. Mince ! J’ai été censuré. 

Par contre vous verrez du pays, Rome, Venise, Jérusalem, la Vallée des Rois, Dallas, mangerez des sushis avec le pape Jean-Paul II, paix à son âme, et découvrirez le cureton qui a fabriqué la machine à remonter le temps, le chronocrétin. Vous jouerez à Indiana Jones, du moins avec son petit neveu et vous prendrez l’avion, l’hélicoptère, des voitures et marcherez dans les couloirs des archives secrètes du Vatican. Pathétique !

Aton idée d’écrire un livre pareil ?

Le podomètre des vacances

Les vacances, ce n’est que du bonheur. L’occasion de se ressourcer, de se reposer, de profiter du calme et de manger de bons petits plats.

Destination Rome, la ville antique, ses fontaines, ses ruines, ses musées, sa gastronomie, son soleil, ses métros, son bruit, ses bus sans horaire ni plan, ses trams aux itinéraires improbables, ses voitures qui ignorent la couleur des feux, ses scooters qui surgissent de nulle part, ses hordes de touristes assoiffés, ses marchants ambulants, ses vestiges à chaque pas, ses poubelles odorantes à chaque carrefour,  ses italiens bruyants accrochés à leur téléphone portable, ses tickets coupe file, ses queues devant les musées, ses embouteillages monstres, ses travaux, sa chapelle Sistine poussé par un troupeau aveugle. Rome quoi.

Quatre jours intenses, éreintants, des merveilles pour les yeux et que de kilomètres parcourus à pied. Le podomètre est éloquent :

  • Jour 1 : 9,1 km  à pied –  25°C temps lourd – voiture, avion, navette aéroport
    • arrivée sans bus
    • recherche de nourriture
  • Jour 2 : 16,4 km à pied – 26°C soleil temps lourd – métro A et B
    • Colisée
    • Place d’Espagne
    • Villa Borghese
  • Jour 3 : 13.,3 km à pied – 26°C soleil – métro A et B, tram 3
    • Palazzo Massimo
    • Vieille ville
    • Panthéon
    • Fontaines
    • Château St Ange
    • Musée du Vatican
  • Jour 4 : 14,3 km à pied  – 26°C soleil – métro A, tram 19
    • Circo Massimo
    • Thermes de Caracalla
    • Via Apia
    • Catacombes de St Callisto
    • Thermes de Dioclétien
    • Basilique St Pierre
  • Jour 5 : 15,4 km à pied –  26°C soleil – métro A, Bus 118, tram 3, bus 3B
    • Via Apia (seconde partie)
    • Vielle ville
  • Jour 6 : 6,3 km à pied – 26°C soleil – navette aéroport, avion, voiture
    • Villa Blanc
    • Retour

Le mythe de la caverne

Je suis d’un naturel pantouflard, me complaisant dans ma maison, mon jardin, détestant voyager. Cette propension naturelle, liée en partie aux migraines, s’est fortement aggravée depuis mon accident, obligé que j’ai été, de rester sédentaire pendant de long mois. Mon activité musicale n’arrange pas les choses, passant des heures à écouter de la musique dans le salon et travaillant beaucoup sur la toile. Je ne vais plus au cinéma, situé trop loin de la maison à mon goût, préférant attendre la sortie des films en Blu-Ray pour les regarder au calme sur mon home cinéma. Pour les concerts, il faut que je me fasse violence, prenant les places à l’avance afin d’être certain d’y aller, sinon, à la dernière minute, je me dégonfle souvent.

A quoi ressemble le monde, vu de ma caverne ? Qui sont réellement ces personnes avec qui je discute via le Mail, Messenger ou Skype. Les ombres sur les murs reflètent-elles fidèlement la réalité ? C’est sur Facebook, où j’ai vécu trop longtemps par procuration, que j’observe le plus de projections, souvent grotesque, du monde réel où le comportement des humains ressemble à s’y m’éprendre à celui des conducteurs de voitures dans un embouteillage. Les derniers événements, attentats, élections, prouvent encore une fois, s’il était besoin, que ce monde virtuel, bien utile au demeurant, reste un exutoire pour toutes les plus viles pulsions de l’espèce humaine.

Il faut que je sorte de temps temps de cette virtualisation caricaturale du monde afin d’affronter la vraie vie et les vrais humains. Sortir de la caverne, aller à la rencontre d’êtres fait de chair et d’os (je ne parle pas de mes deux ados et de mes collègues qui me détestent tous). Alors je vais partir en voyage, si si, avec mon épouse, sans les ados, des vacances. A l’étranger, dans un pays dont je ne connais pas la langue, visiter des musées, manger des plats inconnus, prendre des photos de monuments. Mais est-ce vraiment sortir de sa caverne ? Ce monde là n’est-il pas encore plus déformé que celui des réseaux sociaux ? Si assurément, mais cela me fera du bien de me déconnecter d’Internet, de ne pas chroniquer, de manger ailleurs et autrement, de visiter de magnifiques ruines antiques.

Alors certes, il va y avoir le stress des transports, la gestion des visites, de la location, la consommation d’aliments improbables, des dialogues de sourds en anglais, des queues dans les musées, des galères d’orientation, des additions incompréhensibles, mais qu’importe, je serai en vacances ! Voila un an maintenant que je ne me suis pas éloigné de plus de 150 km de chez moi. Il est temps que je sorte de ma coquille, même si je ne suis pas totalement réparé.