Voyager – Fearless in Love

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Nous partons aujourd’hui au pays des kangourous. 13 à 18 heures d’avion avec escales, le cauchemar absolu pour une personne comme moi qui déteste les voyages.

Par chance, à l’ère du numérique, il est possible de découvrir l’album d’un groupe australien le jour de sa sortie, sans décalage horaire.

Voyager est une formation avec laquelle je ne suis pas toujours en phase, même si je reconnais le talent évident de ses membres. Ceci dit, lorsque j’ai écouté les premiers extraits de Fearless in Love, j’ai aussitôt commandé l’album.

Il est arrivé le 14 juillet et du fait des restrictions imposées par la sécheresse qui sévit dans notre région, c’est lui qui a été mon feu d’artifice.

Les cinq titres proposés lors de la pré commande m’avaient tout simplement bluffés et si dans les six autres, certains se révèlent moins percutants, Fearless in Love monte sur le podium 2023. Onze pièces pour trois quart d’heure de musique, le nouveau Voyager concilie pop progressive, metal et électro avec brio. Une sorte d’incroyable mélange de Muse, Devin Townsend, The Pineapple Thief et Leprous.

Dans l’album il y a des titres synthwave eighties matinée de metal façon fête foraine comme dans le fabuleux ‘Dreamer’ ou encore ‘Promise’ et ‘Daydream’. La musique de Voyager possède un côté metal festif, un évident côté Eurovision commercial qui aurait dû m’énerver au plus haut point et que aujourd’hui je surkiffe. Comme quoi on peut changer, vous me direz si c’est en bien ou en mal.

La pochette bleue, deux mains entrelacées façon Yin et Yang se décline au dos du vinyle  – oui car après avoir acheté le digital j’ai craqué pour la galette 33 tours – , bref se décline au dos à la manière de Léonard de Vinci dans La Création d’Adam, une main ouverte masculine dans le bleu océan et un doigt tendu féminin, dans l’azur. A l’intérieur, sur deux panneaux, les deux mains sur fond rouge s’agrippent. Un artwork qui évoque le couple, l’amour comme le titre Fearless in Love. Par contre les textes, pleins de répétitions ne m’ont pas beaucoup éclairés sur leur sens, alors je me suis concentré sur la musique.

J’ai parlé au début de cette chronique de titres un peu plus faibles. En réalité, il n’y en a qu’un, ‘The Lamenting’, une pièce nettement moins bling bling que ‘Ultraviolet’ par exemple et qui me fait penser à du The Pineapple Thief. Le titre m’a dérangé à la première écoute de l’album, maintenant il a trouvé sa place dans Fearless in Love et je n’ai plus rien à lui reprocher.

Le nouveau Voyager est sur le podium, juste à côté de 16 de Einar Solberg. Seul le temps et les écoutes pourront peut-être les départager. Deux albums majeurs de l’année à découvrir d’urgence.

Mon beau Nikon

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Il y a quelques semaines, je déballais le Nikon Z8 et préparais le boîtier pour ses premières sorties. 

Après un moucheron collé au capteur, c’est la bague d’adaptation FTZ qui m’a donné du fil à retordre. Disons que j’ai eu un mal de chien à la fixer sur le boîtier. Et puis plus rien. Plus de moucheron, plus de problème de fixation d’objectifs et depuis quatre concerts je peaufine tant bien que mal mes réglages. 

Puis j’ai reçu un e-mail du revendeur pour m’avertir que certains Z8 avaient un problème de verrouillage de l’objectif et que la marque rappelait certaines séries. C’est là que je me suis souvenu du problème avec la bague FTZ. Alors j’ai vérifié sur le site de Nikon, et mon boîtier faisait bien partie des appareils rappelés par le fabricant. Décidément, je jouais de mal chance.

D’autant plus que le boîtier serait absent pendant quinze jours à un mois, ce qui m’obligerait à revenir au Z6 et son capteur  très encrassé.

Après avoir fait des démarches auprès du SAV, j’ai été mis en liste d’attente pendant une dizaine de jours avant de recevoir mon bon de retour. Sauf que le grand soleil revenait et que je voulais monter au Champ du Feu regarder les étoiles. En plus, quelques membres du club photo projetaient une sortie ornithologique en Allemagne la semaine suivante. Difficile de me séparer du Z8 dans ces conditions.

C’est un peu comme renvoyer son cadeau de Noël au magasin parce qu’il y a un truc qui ne fonctionne pas bien. C’est carrément trop injuste. 

Ceci dit, il fallait bien que je l’expédie ce Z8. Alors, après avoir repoussé maintes fois ma décision à cause d’une sortie astro, de photos d’oiseaux ou de concerts, j’ai fini par emballer le boîtier et le livrer au relais le plus proche.

Je viens d’apprendre que des modèles de Z8 auraient également des problèmes au niveau des ergos de la courroie. J’espère qu’ils vérifieront ça lors du SAV car je ne voudrais pas me retrouver avec un Z8 et son objectif au sol, comme c’est arrivé à un photographe il y a peu. Je ne voudrais surtout pas subir un second rappel du boîtier dans quelques semaines. En fait j’aimerais surtout profiter de mon nouveau joujou.

Jazz à la Petite France

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Ma culture en matière de Jazz est proche de moins l’infini. Celle de mon épouse également, centrée qu’elle est depuis des années sur la musique classique. 

Mais cette année, comme depuis deux ans, dans le quartier de la Petite France à Strasbourg, prend place un festival de jazz en plein air, alors pourquoi ne pas aller y jeter une oreille après tout  ? D’autant qu’il s’agit d’une musique particulièrement bien taillée pour le live.

La scène était dressée place Saint Thomas, à l’ombre des arbres, non loin de l’école de musique de mon épouse. Derrière les sièges pouvant accueillir de nombreux mélomanes, des tables prenaient place pour se restaurer de tartes flambées dont l’odeur alléchante parvenait jusqu’au premier rang.

Un festival gratuit en partie financé par des sponsors comme la ville de Strasbourg et par une incitation aux dons, sur internet avec un QR code apposé sur chaque siège et des personnes faisant la quête comme à l’église après le premier concert.

Nous n’avons assisté qu’aux concerts du samedi et du dimanche, et encore pas à tous. Le festival ouvrait ses portes vers 17h30 pour quatre live à chaque fois, une programmation très éclectique allant de la world music à l’électro en passant quand même par le jazz.


Las Bakkavas ouvrait les hostilités samedi à 17h15. Un groupe amateur local proposant une musique du monde à cinq chanteuses, violon, basse, batterie, accordéon, saxo et claviers. Ce n’était pas transcendant mais nous avons passé un bon moment. 


Venait ensuite l’Abraham Reunion, un quatuor acoustique, piano, contrebasse, batterie et chant mêlant jazz et musiques créoles. Un frère et deux sœurs accompagnés d’un excellent batteur. Ce fut certainement le meilleur concert des deux soirs. La pianiste était percussive et mélodique à la fois, la contrebasse distillaient de belles notes graves en contrepoint, la batterie très présente savaient rester en retrait pour n’écraser personne et la chanteuse, même si je n’étais pas fan de son timbre, possédait une impressionnante tessiture lui permettant de tout faire.


Après une pause burger mérité, nous avons une bonne adresse pas loin de la place, nous sommes revenus pour Los Negros Soundsystem un duo jeune saxophoniste et dj chenu. Un titre nous a convaincu de rentrer à la maison digérer notre frites d’autant que des averses menaçaient de tout arroser, malgré les stupidités que proféraient un spectateur derrière nous sur les prévisions de Météo-France. D’ailleurs, à peine arrivés à la maison, toute la ville était sous la pluie.


Le lendemain à 17h30 la flutiste Naïssam Jalal ouvrait les hostilités avec ses rituels, entre méditation, chamanisme et yoga tantrique. Le quatuor batterie, contrebasse, violoncelle et flûte n’a pas convaincu le matérialiste que je suis, pas plus que mon épouse qui a failli devenir folle. Son estomac criait famine, les longs morceaux l’ennuyaient, et pour passer le temps et sa faim, elle mordait mon épaule. Chacun sa came. Par contre mentions spéciales pour le violoncelliste très habité , Clément Petit, qui nous a livré de belles choses et pour le batteur virtuose souriant, Zaza Desiderio.

Notre ami Laurent était là. Il avait assisté à tous les concerts de la journée du vendredi et remettait le couvert pour le dernier soir. Il a évidemment bien aimé la première prestation mais les trucs bidules mysticos méditatifs, c’est son truc.


A 19h00, l’estomac sur les talons – madame avait décidé que nous mangerions à la maison – nous avons découvert le Subconcious trio, trois femmes (elles représentent 17,4% des musiciens en Europe semble-t-il), une pianiste, une contrebassiste et une batteuse qui allait nous livrer un beau set de jazz. La pianiste Monique Chao jouait de manière lounge quand la batteuse Francesa Remigi cherchait à en découdre avec le public. Entre elles, Victoria Kirilova cherchait un maintenir l’équilibre. A les réécouter sur Bandcamp, je trouve leur travail studio nettement plus harmonieux qu’en live. Ce n’était pas aussi magique que Abraham Réunion mais il y avait de belles choses.

Nous sommes rentrés affamés vers 21h00, rêvant même de Domino’s Pizza et de Mac Donald dans le tram pour finir avec un oeuf au plat dans notre assiette. Le frigo était vide…


Le premier soir je suis venu avec un objectif passe partout pour prendre quelques photos, on ne se refait pas, et le dimanche, j’ai finalement sorti la grosse bertha, histoire d’obtenir des images avec un meilleur piqué. Rien d’extraordinaire au final mais quelques images souvenir de ces deux belles soirées musicales.

Marc Atkinson – Heart & Soul

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Faut-il que je vous présente encore Marc Atkinson ? Je vous ai parlé maintes fois de de Nine Stone Close, de Riversea et de Moon Halo. C’est lui, le chanteur de ces projets. Un anglais qui vit à la campagne, pas loin de York (j’ai dit Cork ?) et qui joue dans les pubs le week-end pour gagner sa vie.

Il est également artiste solo et c’est dans ce rôle que nous le retrouvons aujourd’hui avec Heart & Soul, son nouvel album treize titres.

Ici pas de rock progressif, encore moins de metal, mais de la pop rock au chant et à la guitare avec parfois de la basse, de la batterie, des claviers ou de la guitare électrique.

Je n’ai aucun recul sur le travail de Marc. J’aime trop sa voix et sa manière de chanter. Comme ça vous êtes prévenus. Donc lorsque Marc sort un disque, je l’achète et me délecte de sa musique.

Aux côtés de Marc, il y a sa compagne Tamsin aux chant, sa fille Enya pour l’artwork, Martin Ledger à la guitare, Maurizio Fornacca à la batterie, Bob Fleming à la basse et son compère Iain Jennings aux claviers.

Dans l’ensemble Heart & Soul est dans un mood relativement soft : guitare acoustique et chant soyeux mais de temps en temps, le ton se durcit comme dans ‘Never give up’. Les textes, eux, parlent d’amour, de Lewis Caroll, de la guerre en Ukraine et même un peu de mysticisme. Un album un peu plus sombre que d’accoutumée comme Marc s’en explique dans le livret.

L’album est pop rock, soul, blues, parfois country et même presque metal avec la guitare rageuse de ‘Never Give Up’. Comme l’explique Marc, Heart & Soul est à la fois un album solo et un projet de groupe. Cinq titres sont joués avec une section rythmique, Martin pose ses soli de guitare sur dix pièces et Iain des claviers sur ‘See Right Through You’. On y retrouve donc un peu de l’esprit de Moon Halo d’autant que Martin, Bob et Iain jouent également dans cet autre groupe.

Certains trouveront probablement cet album facile, voire même sirupeux avec la voix feutrée de Marc, les paroles pleines d’amour et la guitare sans grand défi technique sur de nombreux titres, et ils auront raison. Heart & Soul n’est ni original ni dans la performance musicale. C’est un album bâti sur des émotions, une parenthèse de douceur dans un monde de brutes et j’adore ça.

Mon morceau préféré s’intitule ‘Before The Day The World Dies’, vous me reconnaissez bien là avec mon optimisme naturel. J’ai également un faible pour ‘Have You seen Alice’, certainement à clin d’œil à sa compagne, mais tous les titres de cet album me touchent, chacun à sa manière.

Alors si vous êtes curieux de connaître les raisons qui me font aimer Marc Atkinson, je vous recommande d’écouter Heart & Soul avec tout votre coeur votre âme.

Il est sur Bandcamp.

Guêpiers

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En Allemagne, sur les pentes d’un volcan éteint depuis longtemps, des oiseaux multicolores viennent se reproduire chaque année.

Il s’agit d’un événement incontournable pour les photographes animaliers, incontournable certes, mais pour ma part, je n’en avais jamais entendu parler. Ça en dit long sur le photographe que je prétends être…

C’est mon épouse qui m’a parlé la première fous de ce site. Une association de petits vieux proposait une promenade pour découvrir ces oiseaux magnifiques. Mais comme les retraités ne travaillent pas, ils se promènent souvent en semaine. 

La seconde fois, c’est mon ami Robert du club photo que je fréquente qui m’a proposé d’aller un samedi après-midi sur ce spot qu’il connaît bien. Hélas, je couvrais ce jour là un concert en Lorraine donc j’ai dû décliner l’offre alléchante.

La seconde proposition fut la bonne. Le jeudi en soirée, juste après le travail et le quatorze juillet, nous sommes partis à trois direction le Kaiserstuhl, chargés de bazookas et déguisés comme des combattants.

A bien y réfléchir, j’étais dans une voiture avec deux retraités. Cela n’aurait pas beaucoup changé de la promenade proposée par mon épouse au final.

Les guêpiers d’Europe, les oiseaux que nous étions venus photographier, nichent dans des trous dans la roche, sur les parois verticales. Ils se nourrissent d’insectes comme les guêpes (d’où leur nom) qu’ils attrapent au vol. 

Des oiseaux très agiles qui virevoltent, manœuvrent et s’accrochent à la pierre pour rentrer dans le nids, nourrir leurs oisillons et repartir aussitôt à la chasse.

Tout va très vite entre le moment où le guêpier approche du trou et où il en repart. Il faut être rapide, réactif et prêt pour réussir une photographie. Avec un 200-500 mm à bout de bras et des réflexes de tortue, l’exercice est des plus difficiles pour moi.

Avec une focale de 500 mm en DX au 4000eme de seconde, 5.6 d’ouverture, un autofocus à détection d’animaux et une cadence infernale de 20 images par seconde, j’avais bon espoir de réussir quelques images.

Les débuts furent pathétiques. Capturer un oiseau virevoltant dans le ciel avec 4,5 kilogrammes à bout de bras, un oeil dans le viseur, l’autre pour guider la manœuvre, c’est assez sportif. Quand je cadrais l’oiseau, l’autofocus était en panique et sinon je chopais du ciel bleu. La moitié des photos prises ce jour là montrent des feuilles, des murs et du ciel bleu. Rien d’autre.

J’ai fini par attraper quelques chose en plein vol. Un ULM en fait, puis je me suis concentré sur les guêpiers sortant des trous. Là encore, j’ai souvent visé le mauvais nid et malgré un déclenchement au 4000 eme j’ai loupé les instants cruciaux faute d’une rafale adaptée.

Après quelques réglages, choix de spots, j’ai enfin eu quelques petites victoires histoire de ne pas rentrer bredouille. Il faut dire qu’avec plus de 700 déclenchement, je pouvais espérer obtenir quatre ou cinq clichés acceptables.

Outre les guêpiers, nous sommes tombés sur un faucon, un machin huppé (que je n’ai pas vu) et des petits piafs. J’ai photographié également un chasseur d’images camouflé et planqué qui nous a bien fait comprendre que si nous approchions, son 600 mm servirait de massue au lieu d’objectif.

Il faut dire que les trois français sont arrivés avec leurs gros sabots sur le terrain de chasse des photographes déjà installés. Bizarrement, les guêpiers se sont fait particulièrement discrets après notre débarquement tout en finesse et le déploiement de l’artillerie lourde. Les oiseaux ont attendu une bonne demi-heure avant de reprendre leur va et vient jusqu’aux nids. Mais nos voisins d’outre Rhin, sans doute habitués aux gauloiseries, ne nous en ont pas trop tenu rigueur et l’un d’entre eux nous a même désigné du doigt un guêpier posé sur la vigne tout près de nous.

Au final je repartirai avec quelques photos dont je suis relativement content. La balade valait le coup, même si j’ai dû attendre 22h pour remplir mon estomac après la salade verte du midi.

Le pire, c’est que l’on s’habitue

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L’être humain possède une forte résilience.

Je suis né et j’ai vécu en Bretagne plus de vingt années, une terre où la température moyenne avoisine les 15 degrés avec un très faible écart type. En d’autres termes il ne fait jamais chaud sous le crachin.

Après deux années dans la fournaise toulousaine, trois dans la grisaille parisienne, je suis arrivé en Alsace avec ses hivers glacés à moins vingt degrés et ses étés lourds à plus trente.

L’été a débuté cette année le 1er juin avec plusieurs épisodes très chauds. Sorti de quelques rares orages, pas une goutte n’a mouillé le sol poussiéreux, une sécheresse qui dure depuis le début janvier.

Le matin, le mercure dépasse déjà ma température de confort, l’après-midi elle est deux fois plus élevée.

Au réveil, j’ouvre toutes les fenêtres en grand pour perdre quelques calories. Avant que le soleil ne frappe les vitres, je referme les volets et quand la température extérieure dépasse celle de la maison, je ferme les fenêtres encore ouvertes.

Je me couche très tard (par rapport à d’ordinaire), je me lève très tôt et à l’heure brûlante, je fais une sieste réparatrice. Je mange peu, froid, quelques crudités, un régime crétois qui m’a fait perdre cinq kilos depuis le printemps, par contre je bouche mes artères avec des glaces et de la bière pas trop forte pour éviter de tituber dans la rue.

Il y a quelques années, j’étais en véritable souffrance l’été, alors que les canicules étaient l’exception. Je ne dormais pas, je végétais dans la maison, le nez sur le ventilateur. Aujourd’hui je vis certes au ralenti, mais je fais quand même des choses et je n’ai pas cédé à la tentation de la climatisation comme bien des connaissances.

Je me suis habitué.

Tout cela ne va faire qu’empirer, ne nous mentons pas. La fréquence des canicules va s’accroître, les températures maximales vont battre de nouveaux records quotidiens, mensuels, annuels et le nombre d’événements violents va exploser.

Mais l’homme est résiliant. Il va s’adapter. Et c’est bien là le problème. Car au lieu de nous adapter, même si c’est nécessaire, nous ferions mieux de prendre d’urgence des mesures pour endiguer la catastrophe.

Comedy Of Errors – Threnody For A Dead Queen

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Il me semble que c’est bien la première fois que je parle du groupe Comedy of Errors. Un quintet progressif né en 2011 à Glasgow et qui mélange néo-classique avec du rock seventies.

Threnody For A Dead Queen, qui sait, peut-être un hommage posthume à la reine Victoria, surprenant tout de même pour des écossais, est un album huit titres, très instrumental comprenant trois pièces de plus de douze minutes.

D’entrée de jeu, je dirai qu’il y a à boire et à manger sur Threnody For A Dead Queen. Le néo classique aux synthés piquera clairement les oreilles d’un mélomane averti comme le titre final, ‘Funeral Dance’ qui emprunte beaucoup à Mike Oldfield sans la richesse instrumentale. Dans les influences du groupe je retrouve principalement Yes et le géniteur de Tubular Bells, deux formations qui n’ont pas forcément ma préférence dans l’univers du rock progressif.

Mais comme je sortais d’une grosse période metal, mon cerveau avait envie de revenir aux territoires moins violents des seventies et c’est là que je suis tombé sur les derniers achats de Gerlinde sur Bandcamp, dans lequel figurait cet album. Parmi sa sélection très éclectique, Threnody For A Dead Queen semblait le plus audible, sorti de ceux que je connaissais déjà.

Le premier titre de plus d’un quart d’heure, ‘Summer Lies Beyond’, m’a bien fait saliver. Si je ne suis pas forcément fan du chant transformé de Joe Cairney pour faire plus yessien, la musique centrée sur les claviers de Jim Johnston et les guitares de Mark Spalding, a réveillé en moi d’agréables souvenirs progressifs.

Ok, malgré une pathétique tentative vers la treizième minute, la batterie de Bruce Levick peine à tenir la comparaison face à un Phil Collins, un Gavin Harrison ou un Mike Portnoy et la basse de John Fitzgerald brille par son absence, mais dans l’ensemble, la pièce se tient assez bien.

‘The Seventh Seal’ aux influences yes/genesis/iq/marillion et fort de plus quatorze minutes arrive également à donner le change. Lui aussi est très instrumental et la basse y fait même des apparitions, pas remarquables, mais des apparitions. Par contre la batterie, bon voilà quoi.

Après ces deux monstres, l’album se lance dans trois courts formats avant d’attaquer le ‘God Save The Queen’ ou un truc du genre. ‘We Are Such Stuff As Dreams Are Made On’ est un instrumental façon interlude sur lequel il ne se passe pas grand chose. ‘Jane’ joue d’une balade plutôt sympatoche avec son refrain à reprendre en choeur en live et ‘Throught The Veil’, encore une fois un titre instrumental, donne dans la musique de messe à la guitare et claviers sur boite à rythme ou batterie à deux balles.

Et puis arrive le titre album ‘Threnody For A Dead Queen’, douze minutes et vingt huit secondes principalement instrumentales dans lequel on se rend compte, si ce n’était pas déjà le cas, que c’est sur la forme longue que Comedy Of Errors arrive à exprimer tout son potentiel créatif. Les références progressives sont ici également multiples, avec du Genesis, du Marillion, et du Mike Oldfield, mais une fois que vous avez accepté cette contrainte, vous pouvez prendre plaisir à écouter la musique. C’est un peu facile et répétitif, on est loin de la virtuosité des modèles précités, mais le titre construit une certaine ambiance propice à l’introspection chamboulée à la fin du morceau par la section vocale à la manière de Yes.

Restent deux petites pièces pour terminer l’album :

‘And Our Little Life Is Rounded With A Sleep’ dont le titre est plus long à prononcer que la musique à écouter, un instrumental qui semble d’abord sans grande prétention et qui au final est le morceau court le plus intéressant de cet album et puis le dramatique ‘Funeral Dance’, pseudo néo classique au claviers, à fuir si vous avez un tant soit peu d’oreille.

Threnody For A Dead Queen n’est assurément pas l’album de l’année, ni de la décennie, encore moins du siècle. Il contient des titres fleuves de bonne tenue malgré leur manque d’originalité et des choses intercalées vraiment discutables.

Le vieux proghead intégriste y trouvera peut-être son bonheur, pour ma part, c’était l’occasion de découvrir le groupe Comedy Of Errors. Voilà, c’est fait.

Je vais passer à autre chose maintenant.

Silo

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J’ai beaucoup aimé le premier roman de la saga Silo de Hugh Howey. Un récit claustrophobique, des humains enfermés dans un silo hermétique sous terre pour se protéger d’un mystérieux mal qui sévit à la surface de la planète. Un roman commencé comme une nouvelle et que l’auteur a transformé ensuite avec brillo en livre.

Apple TV en a fait l’adaptation en série de dix épisodes. Et quelle série ! Si j’avais voulu mettre des images sur les mots du romancier, je n’aurais pas fait mieux. Les décors du silo, les escaliers, la cafétéria, les logements comme les champs et les machines collent à ce que mon cerveau avait pu imaginer.

Les personnages sont également très réussis et si l’histoire ne suit pas forcément le premier roman (encore qu’il faudrait que je me replonge dedans pour vérifier), elle colle à l’univers.

Dans le Silo, le nettoyage des lentilles de la caméra qui regarde à l’extérieur constitue la peine capitale comme un événement exceptionnel. Celui ou celle qui sort du silo, vêtu d’une combinaison étanche, n’en reviens jamais. Pourtant, à chaque fois, il s’efforce de nettoyer au mieux la lentille avant de mourrir quelques mètres plus loin.

Et l’histoire débute justement par un nettoyage, celui du shérif, qui commet le crime suprême, celui de demander à sortir du silo. Du sommet avec son écran panoramique jusqu’au entrailles où gronde la génératrice, tous les habitants du silo assistent à la mort de leur shérif.

La série emprunte un peu à 1984 avec le Judiciaire, la grande révolte et les objets interdits. Le mystère reste entier sur les origines de la catastrophe qui a conduit les hommes à s’enterrer dans le silo et ce qui pousse les nettoyeurs à laver la lentille.

L’histoire s’achève par un nouveau nettoyage. Un autre shérif se retrouve dehors, en combinaison blanche. Et pour vous donner envie de regarder la saison suivante, un panoramique dévoile le paysage. 

Le long des écluses

Pour aller de l’Alsace à la Lorraine, les péniches empruntent un  ascenseur. Si si !

Cela se passe près de Arzviller, lieu choisi par les clubs photo de Sarrebourg et de Lunéville pour organiser leur rencontre annuelle des associations.

Je n’avais jamais parcouru ce canal aux nombreuses écluses pittoresques et j’étais curieux de rencontrer d’autres photographes. Donc samedi matin j’ai pris la route d’Arzviller pour atteindre la seconde écluse où de nombreuses voitures étaient déjà garées. Il y avait nettement plus de boîtiers photos que de personnes présentes, pourtant, il y avait du monde. 

Plusieurs clubs avaient répondu présents, venant pour certains en force et de loin comme d’Epinal. Moi j’arrivai d’Illkirch et j’étais seul ce qui a nettement facilité mon accueil dans ce groupe d’habitués.

Le matin, de dix heures à onze heure trente, heure sacrée pour l’apéro lorrain, nous avions quatre écluses à visiter et quatre-vingt dix minutes pour faire connaissance.

Je me suis tout d’abord concentré sur la photo, en solitaire, peinant à trouver mes marques au milieu de tout ces inconnus. Mais petit à petit les échanges ont commencé. Le conseil d’un angle de vue, un mot sur le matériel, un spot à ne pas manquer. 

L’apéro approchant nous sommes revenus vers le camp de base pour gouter au punch Lorrain, une spécialité peu recommandable par grosse chaleur. Les langues se sont déliées et les derniers glaçons ont fondu. 

Après un casse croûte, une ébauche de sieste pour certains, ce fut l’heure de la photo de groupe, que Sébastien, grand organisateur de l’événement confia au petit nouveau de la bande, c’est à dire moi même. Par sécurité, car il ne faut jamais se fier à un petit jeune et son déclenchement à distance hasardeux, un second photographe ainsi qu’un drone assurèrent mes arrières, au cas où.

L’après-midi, ceux qui étaient restés, sont repartis, cette fois en petits groupes, pour descendre les 18 écluses qui jalonnent les deux kilomètres du canal. Un parcours ombragé sur une piste cyclable jalonné de maisons d’éclusiers pour certaines bien restaurées et pour d’autre, presque à l’abandon. 

Cette promenade bucolique fut l’occasion de mieux faire connaissance avec quelques personnes, de parler photographie et de réaliser quelques images intéressantes comme celle d’un canal asséché ou des lourdes portes d’écluses.

En fin de journée, les plus courageux sont montés jusqu’à un château pas trop éloigné. Pour ma part je suis reparti vers l’Alsace retrouver mon épouse, inquiète de n’avoir pas eu de nouvelles depuis le matin. Une chouette initiative, interrompue par la COVID-19 et que j’ai bien l’intention de renouveler l’année prochaine.