Suffocate for fuck sake – to rest in the trust, creates the world

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Alors que je m’apprêtais à vous parler d’un album de plus d’une heure sur lequel je n’ai toujours pas encore trouvé mes marques, je suis tombé sur to rest in the trust, that creates the world, un titre d’une vingtaine de minutes composé par le groupe suédois Suffocate for fuck sake et conseillé par Alice.

La formation donne dans le post-rock hardcore cinématique depuis 2004 avec quatre sorties à son actif en plus de ce titre. Une musique écrite un peu à la manière de Sigur Ros ou de Cult of Luna si vous connaissez, mais en nettement plus accessible d’après moi.

En vingt minutes, vous allez entendre énormément de matériel sonore très contrasté, du scream, du chant clair, un texte de la poétesse Karin Boye, du post-rock, du piano, des chœurs, bref tout plein de belles choses.

Pour la petite histoire, j’ai découvert, en préparant cette chronique, que j’avais lu un roman de Karin Boye, le fameux Kallocaïne, écrit peu avant qu’elle ne se suicide en 1941. Un livre incroyable, sorte de chainon manquant entre Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes et 1984. Si cela vous intéresse, je vous renvoie à mon billet de blog à son sujet.

‘to rest in the trust, that creates the world’ débute sur quelques notes paisibles de piano. Oui, c’est un truc qui marche toujours avec moi, j’ai été conditionné par mon épouse. Une guitare électro-acoustique se superpose au piano pour rapidement prendre une forme post-rock sur lequel le scream explose au bout de deux minutes.

La tempête passe et un chant clair, haut et fragile s’installe sur un post psychédélique incantatoire où le scream revient à nouveau. La voix de Karin Boye arrive alors pour un premier extrait en islandais : “Oui, ça fait vraiment mal quand les bourgeons éclatent. Sinon, pourquoi le printemps hésiterait-il ?”…

Après un second extrait de son texte et une courte digression au piano, le titre vire au post-métal hurlé histoire de ne pas s’endormir sur ses lauriers. Mais rassurez-vous, deux minutes avant la fin, le monstre se calme enfin avec du chant clair et un troisième extrait qui pourrait être traduit ainsi : “Tout peut être brisé. Tout guérira, tant qu’il est vivant, notre germe le plus profond.”.

Je dois reconnaître que ce mélange des genres est pour le moins déroutant, scream, chant clair, poésie, post-rock, cinématique… Mais force est de constater que cela fonctionne à merveille pour peu que vous ayez un zeste d’ouverture musicale.

Je trouve ce titre absolument génial et nettement plus digeste que ce que j’avais initialement programmé. Je suis juste frustré de ne pas en avoir plus à écouter ce qui m’a donné envie d’explorer la discographie des suédois.

J’ai commencé avec l’album Fyra sorti en 2021 et de ce que j’ai déjà écouté, je ne peux que vous recommander chaudement d’aller explorer la discographie de Suffocate for fuck sake.

Atoma – Skylight

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En attendant que déboulent les nouveautés 2024, penchons-nous aujourd’hui sur une vieillerie, à savoir un album de 2012. C’est mon ami Stéphane qui l’a acheté sur Bandcamp et comme j’espionne ce qu’il écoute, j’y ai jeté une oreille indiscrète.

Atoma est une formation suédoise née en 2011 sur les cendres du groupe de doom Slumber et qui n’aura composé qu’un seul album, Skylight, un an après sa formation. Un nom né d’une certaine obsession des quatre artistes pour la bombe nucléaire.

Après un long hiatus, le groupe sortait en 2021 un nouveau single intitulé ‘Then Came The Wave’ et un an plus tard, ‘Divina’ ce qui laisse peut-être espérer un prochain second album.

Mais revenons à Skylight. Il s’agit d’un concept album science fictionnesque, un voyage forcé jusqu’au bout de l’univers pour une poignée d’astronautes fuyant la Terre devenue inhospitalière.

Ce récit fantastique n’est que l’histoire bien trop contemporaine des migrants qui fuient leur pays pour trouver refuge ailleurs comme l’a fait Ehsan, le chanteur claviériste du projet, lorsqu’il a émigré en Suède.

Skylight navigue entre post-rock cinématique, électro orientale et métal atmosphérique. Des morceaux majoritairement instrumentaux où se glissent des sections chantées ou criées. Dix pièces de trois à sept minutes pour un voyage d’un peu plus de trois quart d’heure.

En moins de dix minutes, les claviers jouent du Blade Runner sur des percussions tribales, les guitares donnent dans le heavy, la rythmique se fait électro, le chant se mue en growl et les bruitages installent une impression de B.O. de film.

Les guitares de Markus Hill se font floydiennes sur un ‘Bermuda Riviera’, se teintent d’influences orientales quand le chant crié explose sur ‘Skylight’ et que la forme cinématique s’impose sur ‘Saturn & I’ et se poursuit dans ‘Cloud Nine’ avec des chœurs féminins.  Les synthés de Ehsan sont omniprésents sur l’album, dominant les morceaux. Du coup les passages de guitares appuyés sont suffisamment rares ici pour être soulignés comme dans morceau ‘Resonance’.

Skylight est comme une magnifique B.0. qui peut s’écouter en fond sonore. Un album certes pas vraiment récent mais que je vous invite à découvrir sur Bandcamp par exemple.

Music For Messier – Alien Planet

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Alien Planet est un album de musique instrumentale cinématique ambiante, un peu post-rock simplifiée, un peu space-rock épuré. Une sorte de BO pour documentaires animaliers sur la 5.

Music for Messier est un des multiples projets solo du mystérieux hongrois Istvan Csarnogursky dont on connaît bien peu de choses, hormis le fait qu’il n’en est pas à son coup d’essai avec Alien Planet.

Il joue et compose également pour les projets Black Hill, Silent Island, Realm of Wolves et White Cube, qui, il faut bien l’avouer, se ressemblent tous un petit peu en fait.

Alien Planet invite à l’exploration spatiale en trente minutes et sept mouvements contemplatifs qui conviennent parfaitement comme fond sonore, pour un JDR par exemple.

Alors pourquoi en parler ici, si c’est si minimaliste ? Parce que malgré son apparente simplicité, Alien Planet tourne régulièrement à la maison ainsi qu’au travail depuis quelques mois. Un support sonore à d’autres activités comme la lecture, la tenue du blog ou le développement de photos.

La pochette de Lev Stavitskiy aurait pu illustrer Alien, le huitième passager, le film de Ridley Scott. Un satellite de glace noire gravite autour d’une géante gazeuse bleue semblable à Neptune. Une image belle et froide qui colle à la musique.

Les morceaux rappellent la voûte céleste où scintillent les étoiles. Des nappes sombres de claviers percés de notes claires de guitares, de longues notes médium sur une basse inquiétante. Une musique qui se rapproche de l’univers de Birdy ou de la Dernière tentation du Christ de Peter Gabriel, mais en nettement plus épuré.

Music for Messier se répète, usant d’une palette minimaliste de sons et notes. Une manière de laisser l’esprit libre de divaguer sans vraiment lui imposer un univers.

Alien Planet n’est pas le genre d’album dont on fera une habitude. Il sera peut-être rapidement oublié. Mais écoutez-le lorsque vous voudrez reposer vos neurones. Installez-vous confortablement dans un canapé en lisant les aventures du pilote Pirx de Stanislas Lem tout  en écoutant Music for Messier. Vous verrez, c’est bien agréable.

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