Une colonie

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Les romans de Hugh Howey débutent souvent par une idée absolument géniale comme dans son premier livre Silo. Une idée qui pourrait constituer une nouvelle époustouflante mais que l’auteur essaye de transformer en roman.

Une Colonie n’échappe pas à cette règle et le premier chapitre se révèle un tour de maître. C’est le moment critique où Howey peine parfois à transformer l’essai comme dans Outresable. Mais cette fois avec Une Colonie, ce sont plusieurs idées que l’auteur développe dans son roman. 

Il y a tout d’abord ce concept de colonisation pour le moins original qui soutiendra tout le récit, une idée que je n’ai jamais trouvé ailleurs à ce jour malgré toute la science-fiction que j’ai pu lire et regarder. Ensuite il y a cette planète et son écosystème étonnant que l’auteur nous dévoile dans le seconde partie du livre. Il y a également ces liens forts qui se tissent entre les quelques jeunes colons rescapés, ces liens d’amour, de haine, ces jeux de pouvoir dans une population initialement sélectionnée pour bâtir une colonie. Il y a enfin cette intelligence artificielle machiavélique, censée gérer la colonie pour assurer la sécurité et le bien être des colons.

Des colons adolescents s’éveillent à la vie en catastrophe sur un monde totalement inconnu. Les quelques rescapés vont devoir apprendre à survivre dans cet écosystème étranger et lutter contre des dessins obscurs d’une IA qui n’oeuvre pas forcément pour leur bien.

Le roman possède juste le bon nombre de pages pour raconter l’essentiel et ne pas s’égarer en chemin. Il se dévore en quelques heures. 

Le marionnettiste

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Pourquoi faut-il que le cyberpunk use d’images de tous les jours pour nous décrire l’univers numérique ? Pourquoi une IA doit forcément se manifester sous forme d’un avatar parfois ridicule. Pourquoi les flux de données, les pare-feux, les logiciels sont décrits comme pour parler aux des enfants ? Les concepts de glace et de cerbère, inventés, il me semble par William Gibson, suffisaient amplement à expliquer les sécurités des systèmes. Inutile de faire appel à des images enfantines comme des panthères noires, des pantins pathétiques ou des flocons incompréhensibles.

Station : La Chute fait partie des romans de cyberpunk, à savoir des livres qui parlent de mondes futuristes où l’informatique règne en maître et où les habitants sont connectés en permanence.

Quand vous rentrez dans ce genre de livre, vous devez d’abord vous initier au vocabulaire, la Trame, un marionnettiste, la Totalité, le Panthéon, la Guerre Logicielle, l’Allée des Cercueils, l’Epine, les Flocons, Dockland, un exercice qui rend fastidieuses les premières pages.

Si Al Roberstson se vautre dans les clichés du genre, il faut lui reconnaître quelques belles qualités : le concept de marionnettiste et de marionnette, symbiose contre nature entre un être humain et une intelligence artificielle. Même chose pour cette Allée des Cercueils, des serveurs où attendent les consciences numériques des défunts, qu’un vivant les appelle pour tromper sa solitude.

Le reste sonne assez classique, la Station, un lieu clos où se déroule l’intrigue, la Trame, sorte de monde virtuel qui masque le réel sordide, des IA qui ont fait sécession (la Totalité), une enquête sur un meurtre qui nous conduit au sommet d’un vaste complot, un guerrier numérique déchu pour trahison et qui revient, des années plus tard chez lui, privé de tout accès au monde numérique.

Sans être exceptionnel, Station : La Chute se lit bien. Si vous n’avez pas lu de cyberpunk depuis quelque temps, vous passerez un bon moment en sa compagnie.