Plus 33 – I Want

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Je connais Plus 33 depuis que Philippe Rau, le guitariste de Out5ide, m’a annoncé qu’il participerait au second album du groupe. J’ai écouté Open Window, leur premier opus et rencontré plus tard, lors d’un concert, Didier Grillot, l’homme derrière le projet. De fil en aiguille, je me suis retrouvé à faire un shooting avec son groupe pour la sortie de l’album I Want. Voilà pourquoi, vous trouverez mon nom dans les crédits et remerciements de l’album. Cela explique également la raison pour laquelle j’ai reçu un exemplaire du CD il y a quelque temps déjà.

Plus 33 est une formation instrumentale alsacienne dans la mouvance prog atmosphérique fusion où les claviers de Didier occupent un bel espace.

I Want délivre cinq morceaux dont trois dépassent les treize minutes. Oui, pas de doute, c’est du prog.

Claviers, guitares, basse, batterie, flûte, saxophone, trombone, piano et orgues participent à la musique de ce second opus avec quatre musiciens et plusieurs invités. Vous entendrez également des chœurs en la personne de Coralie Vuillemin et Yann Grillot comme narrateur sans parler de Lucas Grillot à la guitare acoustique. Une histoire de famille.

L’album est made in Alsace puisqu’il a été enregistré dans le même studio que le dernier Out5ide, à Boersch, pas très loin de chez moi. 

Dans I Want on retrouve le style pianistique de compositeurs français classiques du début du vingtième siècle, tout particulièrement dans le titre fleuve ‘To Have’ qui est un savant assemblage de près de vingt minutes de musique. A contrario, ‘To Know’ joué à la guitare par Lucas, est une pièce toute simple et pourtant délicieuse.

Je suis relativement mal à l’aise avec la flûte dans ce titre et le texte déclamé de ‘Ouvrir la Fenêtre’. Pour la flûte, je n’irai pas par quatre chemins, j’ai entendu de bien meilleurs interprétation mais j’ai cru comprendre que la flûtiste avait dû improviser, technique avec laquelle elle n’est pas à l’aise. Pour le texte parlé, c’est un exercice passé de mode que l’on retrouvait chez les grands anciens des seventies et dont je n’ai jamais été friand. Le choeurs de Coralie qui ouvrent ‘To Be’ font également datés et soyons clair, ce ne sont pas les sœurs McBroom qui chantent ici. Je leur préfère le thème genesissien qui suit où la guitare de Philippe et les claviers de Didier font des étincelles.

Parlons maintenant de ‘The Fleetings Moments Of Eternal Harmony’, ce morceau très cuivré de plus de treize minutes qui ouvre I Want. La première chose qui saute aux oreilles est ce mixage très clair, limite brillant de Mike et Stéphane qui nous accompagne sur les cinq morceaux. Sur ce premier titre, il est particulièrement marqué pour la batterie et les cuivres. Un son que nous n’avons plus l’habitude d’écouter dans notre univers saturé de basses. Le titre d’ailleurs fait songer à du Phil Collins sans le chant. Cela ne l’empêche pas de s’aventurer également sur des terrains plus orientalisants. Une grande pièce pour claviers très rythmée où chaque instrument possède son moment de gloire.

Sur I Want je me délecte de quelques mouvements, mais rarement d’un morceau entier.  Seul le bref ‘To Know’ me convainc de bout en bout. L’album n’est pas parfait mais n’oublions pas qu’il s’agit d’un projet amateur.

Les amoureux des seventies devraient y trouver leur bonheur. Alors n’hésitez pas à l’écouter, d’autant qu’il est sur Bandcamp.

Amarok Chez Paulette

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Le samedi 18 novembre, dans un pub perdu au milieu de la Lorraine, à Pagney derrière Barine, non loin de Toul, l’association ArpegiA invitait ses fidèles à découvrir le quatuor polonais Amarok.

Ama qui ? Je n’avais jamais écouté ce groupe jusqu’à présent et son nom m’était également inconnu. Fort de mon ignorance, j’ai exploré leur discographie sur Bandcamp et suis tombé amoureux de leur dernier album Hero. Dans le même temps, Didier du groupe Plus 33 m’annonçait qu’ils allaient assurer la première partie de la soirée pour fêter la sortie de leur second album I Want. Du coup, comment manquer un tel évènement, d’autant que Didier, le frontman de Plus 33, m’avait demandé si je pouvais faire des photos de la soirée.

C’est avec Carsten, un ami d’enfance de Didier Grillot, que j’ai fait la route en direction de Pagney derrière Barine. Je ne peux vous raconter ici tous les secrets inavouables que Carsten a livré sur ses amis durant les deux heures nous conduisant au fin fond de la Lorraine pluvieuse, ce que je peux vous dire par contre, c’est que le temps a passé très vite.

Arrivé à Pagney derrière Barine il pissait des cordes, un temps Lorrain qui a gagné l’Alsace un peu plus tard pendant la nuit. A l’entrée de pub rock, pas beaucoup de monde, les habitués du sanctuaire du prog et quelques amis fidèles au poste que j’ai grand plaisir à retrouver à chaque fois. Je rencontre également Laetitia, la manageuse du groupe Plus 33, avec qui nous avions déjà échangé pour le shooting du groupe 

Plus 33 commence la soirée dans une formation à cinq musiciens pour un set instrumental progressif avec de temps en temps Coralie au chant. Il s’agit de leur premier concert après trois répétitions. Si Didier, qui n’a pas joué en live depuis dix ans, doit être stressé, il ne le montre pas et leur prestation est irréprochable même si Philippe, le guitariste, nous avouera qu’il s’est planté à un moment. Moi, je n’ai rien entendu. Ils jouent quelques morceaux de I Want et Open Window, leurs deux albums enregistrés à ce jour. Il y a beaucoup de claviers sur la scène comme dans la musique de Plus 33. Coralie, en plus de chanter, seconde Didier et le rendu n’est pas très éloigné des versions studio.

Les deux électrons libres, Philippe et Stéphane, les seuls qui ne sont pas vissés à leur tabouret, font le show, pour du rock progressif instrumental, c’est à dire qu’ils se déplacent de quelques mètres quand ils ne sont pas trop accaparés par les pédales ou la partition. Didier, armé d’une petite feuille, prendra quelques minutes pour s’adresser au public et remercier ArpegiA et Chez Paulette de leur donner l’occasion de se produire devant un public.Une belle performance, appréciée des habitués de la salle.

Les photos de Plus 33 sont disponibles sur Flickr.

Le temps de courir à la voiture chercher mon portefeuille, boire un coca et faire un selfie avec une fan (si si, c’est vraiment arrivé), Amarok est en place. J’avoue que je ne savais pas trop à quoi m’attendre avec ce quatuor polonais en live. Si l’album Hero a su toucher ma sensibilité d’ours, je n’étais pas persuadé que sur scène, cela fonctionnerait aussi bien. Les trombines des musiciens font peur, Michal et son chapeau aux claviers et instruments étranges, Marta aux percussions qui ressemble à une elfe, Kornel au look de mineur de fond qui sort de temps en temps son violon et Konrad à la batterie qui fait la gueule derrière les fûts.

Mais dès qu’ils jouent, le charme opère. Je retrouve les atmosphères techno soft progressives du dernier album. Ok, le violoniste ne chante pas vraiment au diapason et Marta s’adresse au public dans un anglais assez polonais quand même. Mais la magie opère. Si Michal manque de charisme, Marta en a pour deux et les instruments étranges utilisés sur scène font également le spectacle. La musique est belle. Les tubes comme ‘Hero’ et ‘The Dark Parade’ emportent le public alors qu’un silence religieux accompagne ‘What You Sow’, le dernier morceau de l’album Hero. Amarok termine le concert en jouant ‘Hope Is’, le premier single de leur prochain album prévu pour l’année prochaine.

Les photos d’Amarok sont disponibles sur Flickr.

Inutile de dire que outre le plaisir de retrouver plein de copains et copines Chez Paulette, les amis d’ArpegiA, des anciens du magazine Music Waves, Philippe de Music In Belgium, chaque concert dans cette salle est l’occasion de découvrir ou redécouvrir des groupes de rock progressifs qui ne passent jamais en France, à part dans ce petit village perdu de Lorraine. Et à une époque où les festivals de rock ferment les uns après les autres, nous sommes heureux de nous retrouver au chaud Chez Paulette pour partager un moment de convivialité et de musique entre amis.

Je pars heureux sous une pluie battante, avec Hero en vinyle, le pins d’ArpegiA, le pass presse dont je fais la collection et un passager qui va devoir subir comme à l’aller, mon verbiage pendant deux heures.