Royal Sorrow – Innerdeeps

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Bon, les groupes de métal progressif mélangeant chant clair, djent, électro et pop, j’en ai clairement ma claque, sauf si vous me parlez de Voyager, Leprous ou Vola. Alors pourquoi vous présenter Royal Sorrow aujourd’hui, sérieusement ?

Tout d’abord parce que je n’ai plus rien en stock et qu’il fallait bien trouver un album pour cette semaine. Ensuite parce que je n’ai jamais chroniqué ce jeune groupe de metal. Normal vous me direz, puisqu’ils signent ici leur premier disque chez Inside Out. Enfin parce que malgré son côté commercial, Innerdeeps tabasse pas mal.

Innerdeeps est une galette de trois quarts d’heure contenant dix titres de trois à cinq minutes. Sa musique se rapproche comme mentionné plus haut de Leprous, Voyager, Vola, Tesseract et compagnie, savant mélange de gentil poutrage, de refrains mélodiques, de touches électro, le tout joué par trois gamins.

Markus chante et joue des guitares, Eero est à la basse et Janne cogne sur la batterie. Vocalement, pas de growl qui déchire les oreilles. A la place, c’est un chant clair médium un peu énervé qui domine avec des chœurs à profusion.

La batterie offre un service sur mesure, parfois un rythme paresseux minimaliste, parfois un toucher électrique ébouriffant. Quant à la guitare et la basse, elles se calent sur ce tempo à géométrie variable. Les guitares s’offrent en plus du djent de ‘Survival Complex’, quelques envolées lyriques comme dans ‘Samsara’. Il y a également des claviers à tendance électro qui complètent l’ensemble.

Tout cela est très bien joué, le trio connaît son affaire, mais ne nous mentons pas, c’est archi-classique. Niveau prise de risque et innovation, Innerdeeps risque de vous décevoir. Ceci posé, je trouve ‘Metrograve’ assez réussi avec son effet métronomique en introduction et le poutrage de ‘Survival Complex’ est des plus efficaces. Ce sont les deux titres qui sortent vraiment du lot sur l’album Innerdeeps. J’aurais aimé qu’il y en ait plus du même tonneau.

Le côté pêchu de l’album vient à la fois de la voix et de la musique. Si Markus use le plus souvent de chant clair, il force sur ses cordes vocales de temps à autre, toujours à la limite scream sans pousser jusqu’à la grosse voix, énervant quelques secondes un titre qui aurait pu rester gentillet.

Innerdeeps est une belle entrée en matière pour le jeune groupe Royal Sorrow. Il manque toutefois de personnalité, comme bien souvent, en restant largement influencé par ses modèles.

Si vous aimez le métal prog à la manière de Leprous, allez les découvrir.

Green Carnation – A Dark Poem Part I : The Shores of Melancolia

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C’est Stéphane Gallay de Radio Erdorin qui m’a fait découvrir le groupe Green Carnation avec l’album Leaves of Yesteryear il y a cinq ans. Je ne l’avais pourtant pas chroniqué ici, je ne sais plus pour quelle raison, peut-être simplement parce que je n’avais rien à apporter de plus à la chronique de Stéphane. Mais avec la sortie du premier album du triptyque A Dark Poem, j’ai décidé de prendre ma plus belle plume pour vous en parler.

Déjà commençons par les présentations : Green Carnation est un groupe de métal progressif norvégien né en 1990 donne tout d’abord dans le death. La formation actuelle date de 2014, car l’histoire de Green Carnation a été quelque peu mouvementée. 

D’ailleurs je me suis aperçu, en effectuant des recherches pour cette chronique, que j’avais un de leurs albums de la première période, Light of Day, Day in Darkness, sorti en 2001, deux titres épiques respectivement long de trente-deux et vingt sept minutes. Aujourd’hui, leur univers musical me fait penser à celui du groupe Arena avec un son musclé chargé de claviers et un chant théâtral proche de celui de Paul Manzi. 

En parlant de chant, Grutle Kjellson de Enslaved vient hurler sur ‘The Slave That You Are’, cassant la routine tranquille de Kjetill Nordhus. Et puisque l’on en est aux artistes invités, vous entendrez également Ingrid Ose à la flûte sur deux titres et les percussions de Henning Seldal dans le dernier morceau ‘Too Close to the flame’.

J’ai parlé des claviers et du chant mais il serait cruel de passer sous silence l’incroyable jeu de Tommy qui opère derrière les fûts. Une batterie aux rebondissements fabuleusement progressifs comme dans ‘In Your Paradise’.

L’album de quarante-deux minutes contient six morceaux de cinq à neuf minutes. C’est court, mais à ce rythme là, si les gars arrivent au bout de la trilogie, celà donnera un concept album de plus de deux heures quand même.

Avec ce premier opus intitulé The Shores of Melancolia, Le groupe nous embarque pour un voyage fantastique dans la noirceur de l’âme humaine.

The Shores of Melancolia est sombre, violent, progressif, épique. Tout en gardant une belle unité narrative, il alterne les atmosphères musicales avec des tonalités orientales comme dans le titre album ou du heavy dans le titre final.

Comme dit juste au dessus, le thème de l’album n’est pas franchement bisounours. Si vous faites l’effort de lire les paroles, vous verrez que ça ne rigole pas. Voyez vous-même  : “La fin est proche, les victimes, les adversités sont là …  les accidents, les décès, les calamités sont là… le destin, la misère, l’exigence sont là… l’effondrement est proche, l’urgence, le cataclysme est là”.

Je n’ai trouvé qu’un seul reproche à faire A Dark Poem Part I, son illustration. Franchement, elle ne me plait pas, disons qu’elle ne me donne pas envie d’acheter l’édition vinyle. Il y a de l’idée pourtant, cette cape étoilée, ce ciel doré et le motif des vagues que l’on retrouve un peu partout sauf dans le ciel. Mais bon, je n’aime pas.

Bref, sorti de ce petit détail, le dernier Green Carnation pourrait réconcilier les progeux et les métalleux sous une même bannière, celle de The Shores of Melancolia.

Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Arjen Lucassen – Songs no one will hear

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La fin des temps arrive, une météorite va percuter la Terre dans cinq mois et personne n’en réchappera.Tel est le scénario du dernier long métrage post-apocalyptique de Lucas film, Songs no one will hear.

J’ai dit long métrage ? Vous l’aurez corrigé vous même, il s’agit bien d’un album de métal progressif, le second album solo du prolifique compositeur derrière Ayreon, Star One et bien d’autres projets, le grand Arjen Anthony Lucassen.

Dans une autre vie, Arjen m’avait avoué, que le projet dont il était le plus fier à ce jour, était Lost In The New real, son premier album solo sorti en 2012 et qu’il rêvait d’en écrire un second. Il aura fallu patienter treize années pour qu’il concrétise son projet, mais cela valait le coup d’attendre.

Songs no one will hear un est bébé de cinquante minutes et neuf titres, dont un de près d’un quart d’heure, qui mélange folk, métal et progressif à la sauce Ayreon et compagnie.

Je me suis offert l’édition physique quatre disques pour les morceaux bonus mais aussi pour écouter la narration de Mike Mills absente de la version proposée sur Bandcamp. En bonus j’ai eu les paroles, de belles illustrations et les neuf pièces en versions instrumentales sans parler du blu-ray que je n’écouterai sans doute jamais.

Aux côtés de Arjen, vous allez entendre plein d’autres musiciens, musiciennes, chanteurs et chanteuses. Je n’en citerai que quelques-uns parce que la liste est longue : Joost Van Den Broek à l’orgue Hammond, Irene, Floor Jansen, Marcela Bovio au chant et Mike Mills comme narrateur. Beaucoup de monde mais c’est Arjen qui reste aux commandes, au chant, guitares, basses, et claviers.

Question instruments exotiques vous vous régalerez avec du violon, de la flûte, du hurdy gurdy, de l’orgue Hammond et du violoncelle sur un métal progressif des plus mélodique bouré de refrains accrocheurs.

Mais je ne vais pas vous mentir, Songs no one will hear, n’est pas d’une grande originalité. C’est un blockbuster au scénario convenu et à la musique archi confortable, du Ayreon en version courte avec nettement moins d’invités. Mais moi, cela me va parfaitement, je suis un fan de la première heure du bonhomme et son nouvel album solo est bien meilleur que le Transitus sorti il y a déjà cinq ans.

Les chansons abordent différentes problématiques de la fin du monde : l’effondrement de la société, le conspirationnisme, comment vivre ses derniers jours, les regrets, les projets, la solitude… Et puis il y a ce bus bleu qui vous emmène sur l’île où s’écrasera bientôt l’astéroïde, la Sanctuary Island du Dr Slumber, un bel endroit situé aux premières loges pour attendre la fin du monde.

La narration de Mike Mills apporte une touche humoristique et sarcastique à cette histoire de fin du monde. L’album perd beaucoup de son sel dans sa version expurgée même si les titres ‘Goddamn Conspiracy’ et ‘Shaggathon’ apportent leurs touches de dérision à l’histoire.

Dans un autre registre, la performance de Floor Jansen dans ‘We’ll Never Know’ est absolument sublime, comme toujours me direz-vous.

Les quatres titres bonus sont parfaitement à leur place à côté de l’album. Ils ne se seraient pas bien intégrés dans l’ensemble, n’empêche, ils méritent plus qu’un détour et j’ai tout particulièrement aimé le clin d’œil à Elon Musk dans ‘Mr M’s Amazing Plan’.

Par contre la version instrumentale des huit morceaux n’a guère d’intérêt pour moi, il manque cruellement les voix…

Science-fiction, fin du monde, humour, folk, métal progressif, Songs no one will hear est un excellent divertissement musical mais pas forcément le chef d’œuvre de l’année pour autant. 

Même si je suis un grand fan d’Arjen, je suis capable de garder la tête froide. Mais si vous aimez le travail du bonhomme, foncez l’écouter et dans sa version intégrale.

Ilho – Legacy

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L’an passé, je vous avais présenté la réédition du premier album du trio britannique Ilho.

Cette année, ils viennent de sortir Legacy, un disque de plus d’une heure comportant dix morceaux dont plusieurs qui dépassent les sept minutes.

Ilho joue du métal progressif au sens très large puisque vous entendrez sur ce second opus des morceaux relativement pops, du métal, du djent, des orchestrations ainsi que de l’électro. Ilho se rapproche musicalement de Voyager, mais également de Leprous, de Tesseract et parfois de Porcupine Tree comme au début de ‘Empire’ en cherchant bien.

Pour réussir à produire tout ce bruit, le trio fait appel à trois autres musiciens, Liam McLaughlin, Connor Mackie et Romain Jeuniau, parce que bon, voila quoi.

Legacy est un concept futuriste qui critique les progrès technologiques qui servent plus le profit que le bien-être de l’humanité. Autant dire un vaste sujet.

Ce que j’ai tout de suite aimé chez Ilho c’est la voix claire, haute et plaintive d’Andy Robinson. C’est aussi, paradoxalement, la faiblesse du groupe, car le chant prend, à mon goût, trop le pas sur la musique, qui pourtant, est capable de belles poussées forgeronnes.

Legacy alterne douceur et violence, plus du premier que du second d’ailleurs, ce qui est à mon avis regrettable étant donné la durée de la galette. Oui parce que pour le coup, ce que j’ai envie d’entendre, ce sont les poussées de testostérone comme dans ‘Replica’ ou ‘Cenotaph’.

Ceci posé, j’aime quand même beaucoup le morceau final de dix minutes qui est pourtant relativement soft, voir très progressif.

Le problème est que je n’arrive jamais au bout de Legacy lorsque j’essaye de l’écouter d’une traite. Il y a toujours un moment où je décroche. C’est probablement du à sa relative homogénéité sonore. La densité des claviers et du chant nuisent à la lisibilité de la musique.

Pour moi, c’est clairement trop chargé même s’il y a quelques éclaircies par moment. Legacy est un bel album que je n’arrive pas à écouter dans son intégralité.

Il est trop long, trop chargé et trop homogène à mon goût. Je lui préfère Union et l’écriture plus mordante et plus fraîche. Mais surtout, ne vous interdisez pas de l’écouter, il pourrait bien vous séduire.

Katatonia – Nightmares as Extensions of the Waking State

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Je me suis enfin décidé à vous parler de l’album Nightmares as Extensions of the Waking State de Katatonia. J’ai hésité parce que sincèrement un titre pareil, c’est juste pas possible à prononcer pendant une vidéo, même avec un prompteur. Nightmares as Extensions of the Waking State, sérieusement…

Je vais vous parler du dernier album Katatonia pour trois raisons.

  • Premièrement, je l’ai acheté.
  • Ensuite, je n’ai plus rien en stock en ce moment.
  • Enfin c’est quand même Katatonia.

Pour moi, Katatonia c’est avant tout la voix fabuleuse de Jonas Renkse. Bon c’est aussi du métal mélancolique, mais c’est d’abord la voix de Jonas.

Nightmares as Extensions of the Waking State change toutefois un peu la donne avec une écriture plus mordante qu’à l’ordinaire. Pour preuve, le premier morceau ‘Thrice’ qui lance l’album. Les guitares flirtent parfois avec le djent et certains passages aux claviers sont très tendus. Reste la voix de Jonas qui garde cette douceur mélancolique malgré tous ses efforts pour l’endurcir.

Les chœurs façon requiem dans ‘Wind of no Change’, innovent un peu comme l’attaque du morceau à la basse et à la batterie, qui est pour le moins inhabituelle chez Katatonia. Il y a également le titre ‘Efter Solen’ chanté en suédois, une petite nouveauté fortement appréciée, car après tout, quelle idée de chanter tout le temps en anglais. Pour le coup, à l’opposé de ‘Thrice’, il s’agit d’une des pièces les plus cool du disque malgré son final électrosensible.

Il faut aussi parler des soli de guitare comme dans le dernier titre, ‘In the Event of’. Ce n’est pas souvent que la six cordes se lâche aussi longtemps dans un album de Katatonia.

Après avoir souligné les petites particularités de cet album au nom à coucher dehors, j’ai presque tout dit. Car c’est du Katatonia, et depuis City Burials, j’ai l’impression d’écouter tout le temps un peu la même chose. Ca n’est pas désagréable, loin de là, mais je me retrouve souvent à écouter le groupe d’une oreille distraite sans vraiment trouver d’accroche ni dans la voix, ni dans la musique.

En fait, j’aimerai bien que Katatonia me surprenne pour une fois. Nightmares as Extensions of the Waking State n’en reste pas moins un bon album, mais il ne rentrera certainement pas dans mon top 2025.

Fallujah – Xenotaph

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Je vous propose un voyage en Irak dans la tristement célèbre ville de Fallujah. Bon, je ne suis pas ici pour vous parler de la chute de Saddam Hussein ou bien des supposées armes de destruction massives inventées par Colin Powell.

Fallujah est aussi le nom d’un groupe de métal progressif américain qui existe depuis une dizaine d’années et qui possède quatre albums à son actif. 

Alias a chroniqué leur travail à maintes reprises, mais c’est le moteur de recherche de Bandcamp qui m’a fait découvrir leur dernier album Xenotaph sorti le 13 juin dernier.

Xenotaph ce sont huit titres de trois à sept minutes pour près de trois quarts d’heure de metal progressif à deux voix où le growl est très présent.

La pochette n’est pas étrangère à mon choix, elle m’a tout de suite tapé dans l’œil. Un artwork qui reprend les codes du précédent album Empyrean, que j’ai également écouté par curiosité.

Fallujah joue d’un metal prog très technique qui part dans toutes les directions et où chant clair et growl se disputent le temps de parole. Cela n’empêche pas leur musique d’être ciselée et extrêmement mélodique contrairement à Empyrean qui était nettement plus brutal. Mais clairement, c’est la grosse voix qui l’emporte ici et c’est peut-être ce qui m’a rebuté la première fois. Xenotaph, écartelé entre une bonne dose de violence et de mélodie, convenait assez bien à mes humeurs caniculaires.

La musique se construit sur des guitares à la Plini, des claviers à la Jordan Rudess et une rythmique djent qui part dans toutes les directions. Les rivages paisibles de cet album ressemblent plus au Cap Horn en pleine tempête et les quarante-deux minutes de traversée pourront sembler très longues à qui soufre du mal de mer.

Les ouvertures sont souvent mélodiques, rapidement submergées par le growl, et de temps en temps, la batterie s’apaise et du chant clair vient tempérer les ardeurs du métal. Mais soyons honnête, cela ne dure jamais très longtemps. Ici, pas de pièce acoustique entre deux charges de djent pour souffler quelques minutes avant de se faire à nouveau tabasser. Du coup, au bout de trois quarts d’heure de ce traitement, je suis à chaque fois lessivé et essoré.

Pour un album court, je le trouve vraiment très long., sauf les jours où je suis survolté. N’empêche, Xenotaph est une belle machine de guerre, un monstre d’énergie débridée, le tout servi par une technique chirurgicale et des contrastes vocaux impressionnants.

Je le recommande au plus métalleux d’entre vous ou bien pour les jours où vos voisins vous tapent sur les nerfs.

Et si vous voulez écouter du metal, vendredi 18 juillet à Selestat, il y aura une nuit consacrée au Pagan avec à l’affiche Primordial, Saor, Can Bardd et d’autres. D’ailleurs, si quelqu’un y va depuis Strasbourg, je cherche un covoiturage…

Hail Spirit Noir – Fossil Gardens

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Aujourd’hui, nous allons parler métal progressif avec un groupe venu de Grèce, Hail Spirit Noir. Je suis tombé dessus grâce au moteur de recherche de Bandcamp. Sa pochette a attiré mon regard et le prix m’a décidé à acheter l’album.

Fossil Gardens est un concept album sorti en juin 2024 qui fait suite à Eden in Reverse et qui explore les secrets de l’univers. Pour paraphraser le groupe, il s’agit d’un combat philosophique et scientifique pour percer les secrets de l’univers et atteindre de nouveaux états de conscience qui défient les limites de l’espace et du temps.

La pochette représente un écorché humain fait de nacre, de corail rouge, de coquillages et d’une perle, avec, en arrière-plan, ce qui ressemble à une nébuleuse.

L’album lui livre sept morceaux de deux à dix minutes pour trois quarts d’heure de musique ou chant clair et growl se partagent la parole. La musique quant à elle scille agréablement entre BO de science-fiction et métal parfois bien appuyé.

Les claviers et le chant clair qui ouvrent ‘Starfront Promenade’, annonceraient presque un album de prog cinématique avant que la double pédale et le scream n’écrasent tout sur leur passage. De temps en temps le côté progressif reprend du poil de la bête, mais ne nous mentons pas, dans Fossil Gardens le métal domine largement.

L’unique instrumental ‘Ludwig in Orbit’, long de seulement deux minutes, et qui allie classique et synthwave, fait exception. Un intermède vocal numérique toujours bienvenu avec de replonger dans la tourmente de ‘Fossil Gardens’.

‘The Blue Dot’ est certainement le morceau le plus hurlé des sept. Après une très brève note éthérée, le groupe rentre dans le vif du sujet et ne redescend plus jusqu’à sa conclusion aux claviers cinématiques. C’est assez dense, surtout avec ce scream grave et la guitare mandoline saturée qui l’accompagne même si quelques choeurs tabassés par la double pédale donne une vague impression aérienne à mi chemin.

La pièce la plus longue de l’album s’intitule ‘The Road to Awe’. Vous lui trouverez probablement un côté Pink Floyd assumé façon The Division Bell. Mais comme pour ‘Starfront Promenade’, très rapidement le growl s’insinue dans une mélodie planante et le titre finit rapidement par s’énerver et virer au western spaghetti.

C’est évidemment cette dualité musicale, le thème science fictionnesque, la pochette sans parler du prix de vente au mois de mars qui m’ont séduits dans Fossil Gardens.

Il va falloir que je me penche à l’occasion sur leurs autres productions comme Mayhen in Blue sorti en 2016 ou bien Pneuma de 2012 pour voir si j’accroche autant.

Mais si vous n’avez pas peur des mélanges, allez jeter une oreille sur le Bandcamp de Agonia Records où j’ai déniché l’album.

rioghan – KEPT

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Rioghan est une formation finlandaise de métal progressif présentée par Alias dernièrement. Du métal progressif à chanteuse qui sur son dernier album Kept varie beaucoup les genres, du métal symphonique en passant par l’électro et la ballade pop au piano.

Contrairement à Stéphane, j’adore le métal progressif à chanteuse. Cela me change de ces métallos qui torturent leurs cordes vocales pour atteindre les hautes notes de la gamme en studio et se plantent magistralement en live.

Rioghan Darcy possède une belle voix, pas forcément exceptionnelle comme Marcela, Anneke ou Floor, mais suffisamment maîtrisée pour que j’y trouve mon compte. Une voix capable de scream démoniaque comme dans ‘Edge’ et de chaleur à la manière de ‘Grief’.

Kept est un album dix titres d’une cinquantaine de minutes. Ici pas de grand format sorti de ‘Red’ qui reste d’une longueur très raisonnable. Par contre, vous allez entendre une grande variété de styles, histoire de ne pas vous ennuyer une seconde.

Les titres alternent douceur et scream, pop et métal, électro et symphonique, voire folk et ce pendant un peu moins d’une heure, si bien que tout le monde y trouvera son bonheur, à moins d’être vraiment difficile.

Si ‘Hands’, ‘Edge’, ‘Motion’ ou ‘Red’ déboitent bien les cervicales, ‘Skin’, ‘Distance’ et surtout ‘Grief’ jouent plutôt l’apaisement. ‘Motion’ donne dans le symphonique, ‘Skin’ n’est pas loin de l’électro, ‘Hopes’ emprunte beaucoup d’éléments au folk avec accordéon et violon quand ‘Grief’ propose une ballade au piano.

Lorsque Stéphane a sorti sa chronique, je suis allé écouter l’album sur Bandcamp et juste après, j’ai commandé le CD dans la foulée. Kept fera certainement partie des albums sur lesquels j’aurai beaucoup de plaisir à revenir, donc tant qu’à faire, autant l’avoir sous la main dans ma discothèque idéale.

Le seul reproche que je ferais à cet album concerne sa production qui manque de ciselé. Sur des enceintes de PC ou au AirPod cela passe assez bien, mais lorsque le digital passe sur mes enceintes colonnes, la finesse du master révèle ses faiblesses. On verra ce que donnera le CD lorsqu’il arrivera à la maison.

Kept ne sera pas l’album de l’année mais j’y reviendrai certainement de temps en temps parce qu’il est très agréable à écouter sans être trop typé. Je vous invite donc à y jeter une oreille et plus si affinités.

Dream Theater – Parasomnia

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C’est à chaque fois la même histoire. Je me dis que je ne vais pas acheter le nouveau Dream Theater parce qu’il y en a marre de ce métal prog démonstratif et pompier chanté par une chèvre et finalement, je craque.

Le premier extrait de Parasomnia, en l’occurrence ‘Night Terror’, ne m’avait pas convaincu malgré le grand retour de Barbe Bleue à la batterie. Trop technique, trop sec, trop ricain.

‘Midnight Messiah’ ne m’avait pas emballé non plus avec son refrain qui arrive comme un cheveu sur la soupe, mais quand la galette est sortie le 7 février, j’ai quand même cliqué sur le bouton acheter.

J’ai écouté les titres sans réel entrain et j’ai décroché au bout d’une heure, laissant ‘Shadow Man Incident’ pour plus tard. Le titre final de près de vingt minutes m’a alors scotché comme presque à chaque fois que le groupe sort un grand format.

Vous l’aurez compris, Parasomnia est le dernier album de Dream Theater et Mike Portnoy est de retour derrière les fûts. Soixante et onze minutes divisées en huit morceaux qui nous plongent dans une débauche de guitares, basses, batterie et claviers, sans parler de la Chèvre de monsieur Seguin.

Les mecs sont vraiment très forts, mais ne prennent pas beaucoup de risques avec cet album. Il faut dire que la seule fois où ils ont essayé d’innover, ils se sont plantés en beauté.

Quand je dis que Dream Theater ne prend aucun risque, ce n’est pas totalement vrai. Avec ‘Dead Asleep’ ils donnent presque dans le rock, surtout avec le solo de guitare de notre ami Petrucci toujours au top de sa forme.

Le ton de Parasomnia est plus sec que d’ordinaire, en grande partie à cause du jeu ciselé de Portnoy. Cela ne l’empêche pas d’être pompier à souhait, sinon ça ne serait pas drôle. Et au top de cet exercice, on trouve le titre ‘A Broken Man’.

Comme dans quasiment chaque album de Dream Theater se glisse une bluette dans laquelle la voie sirupeuse de James atteint des sommets. C’est l’avant-dernier titre ‘Bend de Clock’ qui hérite de ce rôle ingrat. Et pour une fois, c’est plutôt réussi avec en prime un superbe solo de guitare, alors ne boudons pas notre plaisir.

‘The Shadow Man Incident’, que j’avais gardé pour le dessert, est un grand classique de Dream Theater, une pièce épique qui renoue avec les sonorités de ‘Octavarium’. Un titre prog pompier très instrumental, le genre de truc dont je raffole même si il n’est pas d’une grande inventivité. J’ai toujours trouvé que Dream Theater excellait sur les longs formats et ‘The Shadow Man Incident’ ne déroge pas à la règle.

Parasomnia ne figurera certainement pas dans mon top 2025, encore moins dans mon top Dream Theater, même s’il s’agit de mon premier achat de l’année. L’album s’écoute sans fausse note ni passion. Le genre de galette rapidement oubliée même si le dernier titre mérite tout de même le détour.

WILT – hugging

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WILT est un quintet de Winnipeg née en 2010 qui a composé quatre albums et EP depuis 2012. huginn est leur dernière production. Du black metal atmosphérique au growl caverneux.

Le genre de truc qui va faire fuir les progueux, sauf que, sauf que, le rythme de huginn se rapproche beaucoup du doom et que les morceaux comprennent également des passages de guitares mandoline et électro-acoustiques. En résumé, ça n’est pas vraiment bourrin.

Si la pochette représente un corbeau, ce n’est pas par hasard. huginn est un des oiseaux que possédait Odin, dieu des morts et du savoir dans la mythologie nordique. Un corbeau messager du dieu, souvent associé à son compagnon muninn, qui survolent les mondes et se posent sur l’épaule d’Odin pour lui raconter ce qu’ils ont vu.

Les deux morceaux encadrant ‘1831’ et qui durent huit minutes, possèdent globalement la même structure. Une longue ouverture instrumentale aux guitares, électro-acoustiques et électriques, l’apparition de la rythmique avec des sonorités saturées, des vagues de growl écartelé alternant avec un thème construit à la guitare enrichit de quelques variations et s’achève sur un instrumental plus apaisé.

‘1831’ fait exception. Le titre est un peu plus court, plus agité, sans ouverture, rentrant dans le vif du sujet immédiatement sous un déferlement de batterie, et nettement plus torturé, surtout pour le chant limite démoniaque.

J’ai cherché ce qui s’est passé en 1831 au Canada, et sorti du grand recensement, je n’ai pas trouvé grand-chose. Par contre, cette année-là, l’artiste JL Lund a peint ‘Scène sacrificielle nordique de la période d’Odin’, une œuvre liée à la religion nordique ancienne et aux Vikings. Peut-être que la clé de cet EP se cache dans ce tableau même si je n’y vois aucun corbeau.

Toujours est-il que j’aime beaucoup huginn. Le contraste entre sa musique principalement atmosphérique et le growl caverneux est du plus bel effet et construit une ambiance assez unique tout au long de l’EP. Certes cela n’a rien de franchement révolutionnaire, mais ça m’a plu, suffisamment pour que j’aille écouter leurs autres albums comme Ruin.