Tiger Moth Tales – The Turning Of The World

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Pete Jones

Si je ne suis pas forcément un fan de Tiger Moth Tales, j’adore l’album The Whispering Of The World de Pete Jones.

The Turning Of The World est son disque compagnon, des titres principalement acoustiques dans la même veine qui mélangent mélancolie et joie de vivre sur douze titres musicalement très variés.

Autant vous prévenir tout de suite, ici, il ne s’agit pas de rock progressif, encore moins de métal, mais plus de variété et de chansons à texte. Mais voilà, je n’ai pas pu m’en empêcher, il fallait que je vous parle de The Turning Of The World.

L’album commence sur un étonnant morceau de moins d’une minute intitulé ‘The Gataway’. Le titre me fait penser à une annonce de la fin du monde. Des téléphones portables sonnent tous ensemble au milieu de la foule, des détonations couvrent des hurlements avant qu’un avion à réaction ne frôle les têtes d’une foule terrifiée. Il s’agit peut-être d’une énorme fête avec ces cris de joie, et ces pétards bien que plusieurs éléments comme le battement de cœur et des sons d’acouphènes me font plutôt pencher pour la première version. A la fin de cette poignée de secondes énigmatiques, des petits oiseaux gazouillent, tout semble à nouveau apaisé.

The Turning Of The World

The Turning Of The World correspond sans doute assez bien à mes états d’âme actuels, une des raisons pour lesquelles il a trouvé un écho tout particulier à mes oreilles.

Car la musique n’est vraiment pas celle que j’écoute d’ordinaire. Je pense particulièrement à des morceaux dansants comme ‘Pass It On’ ou encore ‘The Beautiful People Of Munchwald’ qui racontent de beaux moments passés entre amis.

En fait, ces titres “légers” contrebalancent d’autres nettement plus graves comme le magnifique ‘The Snail, The Horse And The River’ ou bien ‘You Reached For My Hand’ qui parle du père de Pete.

Il y a également des pièces aux intonations plus folk comme ‘So Wonderful To Be Alive’ avec ses percussions, ‘We’ll Remember’ où résonne une flûte sur une mélodie toute simple à la guitare ou ‘The Lock Keeper’ également joué à la guitare sans artifice.

De nombreux instruments apparaissent dans cet album, saxophone, flûte traversière, percussions, accordéon sorti des classiques claviers, basse, batterie, guitares sans que je puisse créditer ici les musiciens s’il y en a d’autre que Pete Jones. Donc je ne m’aventurerai pas à affirmer ici qu’il s’agit d’un album solo.

Mon morceau préféré est le long ‘The Snail, The Horse And The River’ qui frise les neuf minutes et qui me chamboule à chaque écoute. Une pièce lente et mélancolique, à l’instrumentation très sobre, qui me rappelle beaucoup son précédent album The Whispering Of The World.

Mais pour tout vous avouer, chaque morceau de The Turning Of The World parle à mon cœur d’une manière ou d’une autre et j’aime l’album dans son intégralité.

Cela pourra sembler surprenant à certains que je me complaise dans ce genre d’atmosphères après avoir écouté du métal dur, du rock progressif alambiqué et du cinématique atmosphérique, mais voilà, je suis comme ça et j’aime beaucoup cet album.

Je ne peux donc que vous le recommander chaudement comme The Whispering Of The World si vous ne l’avez pas encore écouté.

Rétrospective

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Depuis peu, j’ai remis en place l’archive du webzine Neoprog fermé en mai 2020. Et tant qu’a disposer de cet outil, je me suis dit, pourquoi pas l’alimenter avec les chroniques rédigées depuis ?

On parle ici de près de trois années d’écoute à raison d’un disque par semaine à rentrer dans la base de données. Un travail fastidieux que j’entreprends lorsque je m’ennuie. Si si, ça m’arrive même à moi.

Je retombe sur des albums que je n’ai parfois pas écouté depuis très longtemps. Et j’avoue que c’est assez troublant de les redécouvrir.

Je me souviens le plus souvent des morceaux, de l’atmosphère du disque mais il arrive aussi que je tombe sur une pochette et un nom de groupe qui ne m’évoque plus rien du tout. Je l’exhume alors de ma collection et me plonge dans sa musique, comme si c’était la première fois. Et des fois, je me dis, « j’ai vraiment aimé cette horreur ? » ou bien, « mais pourquoi suis-je passé à coté de cette merveille ? ».

La musique est question de moment, d’état d’âme. Son appréciation est éminemment subjective et les chroniqueurs qui se disent objectifs dans leurs avis me font bien rire. 

Il y a des critères solides comme la qualité de la production et le mixage. Ceux-là ne se discutent pas vraiment, encore que, un enregistrement live analogique n’aura pas la même perfection que des prises en numérique piste par piste. Même si la restitution du premier sera plus organique.

Après il y ne reste que des notions subjectives, le timbre du chanteur, le style du guitariste, le genre musical, l’émotion provoquée par les paroles, les couleurs du mixage, l’enchaînement des morceaux, leur durée…

Une chronique c’est avant tout un feeling entre un être humain dans un certain état d’esprit à un instant t et un album écrit et mixé par plusieurs personnes sur plusieurs mois. La probabilité que ces temporalités et personnalités entrent en phase est assez faible au final.

Bref, tout ça est très subjectif et sujet à changements.

Night Verses – Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

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Night Verses

Vous savez sans doute combien les albums instrumentaux peinent à atteindre la zone du plaisir de mon cerveau. C’est principalement dû à mon appétence toute particulière pour les voix. Mais de temps en temps, un disque vient bouleverser l’ordre établi et je tombe amoureux d’une galette de post-rock.

Alors merci à Alice de Bandcamp qui m’a fait découvrir, sans le savoir, le groupe Night Verses et leur dernier album Every Sound Has A Color In The Valley Of Night. Une heure cinq quasi instrumentale en quatorze morceaux.

Le trio californien joue du rock progressif instrumental entre djent, post-rock et cinématique où de rares invités poussent la chansonnette.

Si le post-rock ne trouve pas souvent grâce à mes oreilles, c’est que souvent il tourne en rond et qu’au bout de trois titres je m’assoupis.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night

Ici, Night Verses ne se répète pas une seule fois pendant plus d’une heure. Chaque morceau est une nouvelle expérience sensorielle qui ne laisse aucun répit aux neurones.

On retrouve dans leur musique des influences comme Toundra, Plini, Tesseract, Earthside mais également des passages stoner, space rock et même folk.

Outre les voix enregistrées qui hantent certains morceaux, deux titres sont chantés : ‘Glitching Prims’ avec Brandon Boyd du groupe Incubus et ‘Slow Dose’ au chant féminin non crédité. J’avoue que la performance de Brandon m’enthousiasme assez peu, par contre j’aime beaucoup la voix sur ‘Slow Dose’ qui lui donne une touche folk.

D’autres invités jouent sur Every Sound Has A Color In The Valley Of Night comme le bassiste de Tool, Justin Chancellor, Author & Punisher ou bien Anthony Green.

On ne va pas se mentir, parfois Night Verses met la patate comme dans ‘Arrival’, ‘Karma Wheel’, ‘Plaque Dancer’ ou ‘Phoenix V: Invocation’. On rencontre également des écritures plus subtiles à la manière de Plini dans ‘Aska’ ou ‘Cristal X’ par exemple.

Every Sound Has A Color In The Valley Of Night m’a pris par surprise. Je ne m’attendais pas à accrocher autant sur un album instrumental. Pourtant c’est bien ce qui m’arrive et il va de ce pas rentrer dans la liste des sérieux candidats à l’album de l’année.

Ne passez surtout pas à côté de cette merveille.

Chef d’orchestre

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Je prépare une nouvelle série de quatre photographies pour l’exposition du mois d’octobre. 

Et sans trahir mes goûts, j’aimerais présenter un travail qui rencontre un peu plus de succès que les ruines de Pompéi qui ont fait un bide. 

Des photographies en noir et blanc très contrastées sur un thème qui me tient à coeur : la musique. 

L’an passé j’avais proposé une série sur des concerts de rock à l’association mais elle n’avait pas été retenue. Cette année je vais tenter des portraits de chefs d’orchestre.

Depuis que je fais de la photo de concert, j’ai eu l’occasion de photographier des ensembles amateurs ou professionnels et je dispose d’une petite collection de portraits de chefs en pleine action. 

Il y a des clichés d’ensemble avec l’orchestre, des gros plans académiques à la baguette mais aussi des portraits nettement moins politiquement corrects. 

Au bout du compte, je dispose d’une dizaine d’images exploitables pour réaliser une série de quatre : un vieux chef vénérable, un jeune huluberlu, un coincé de la baguette, j’ai pas dit braguette, un chef d’harmonie jovial et un dernier plus enrobé. 

Mais comme l’a fait remarquer mon épouse qui a participé à la sélection (je ne fais plus du tout confiance à mes goûts), je n’a pas de femme chef d’orchestre.  Il faut dire que ce n’est pas courant en fait. 

Ma chérie m’a alors dit qu’elle connaissait une chef qui se produisait une semaine plus tard avec un orchestre amateur pas très loin de Strasbourg. Il suffisait juste de la contacter et de lui demander l’autorisation de venir photographier le concert.

J’ai l’habitude de contacter les salles de concert ou les tourneurs pour obtenir des accréditations dans le monde impitoyable du rock. Moins de contacter les chefs d’orchestre. 

J’ai envoyé un message à la dame, présentant mon travail et expliquant ma démarche sans toutefois mentionner que je cherchais à réaliser un portrait féminin de chef d’orchestre, ceci afin d’éviter de l’effrayer. Il ne faut pas oublier que mes voisins me prennent pour un pervers. Si elle faisait une enquête de voisinage, j’étais très mal.

Après quelques échanges, « que ferez-vous des photos, demandez-vous une rémunération, droit à l’image » etc, la chef a donné son accord de principe et je pouvais même assister au filage histoire de prendre les marques. C’était plutôt cool.

Le jour J, je suis parti avec mon épouse (qui me surveille) équipé du set standard de concerts : Nikkor 24-70 mm 2.8 s, Tamron 70-200 mm 2.8 avec la bague FTZ, Samyang 14 mm 2.7, Nikon Z6 II, Nikon Z8, un flash Godox, trois batteries, un sac photo et un harnais. Une focale de 24 à 200 mm couverte avec deux boîtiers et un flash au cas où les musiciens désireraient avoir une photo de groupe.

Tout ça dans un sac Flipside 400AW de chez Lower pro. Par contre, c’est lourd.

Le concert se passait dans une belle église de Saverne avec un magnifique cloitre. Le régisseur m’a accueilli et montré les endroits auxquels je pourrais accéder pendant le récital sans déranger les musiciens. Royal. Je pouvais shooter du haut de la chaire ou bien du fond de l’église, là où l’organiste s’installe comme dans les travées. J’ai pris mes marques pendant le filage en profitant pour réaliser des images qui seraient impossibles une fois le public installé.

Ce fut pendant ce filage que j’ai eu mon petit bonheur photographique. La violoniste soliste invitée profitait d’une pause pour se recentrer avec son instrument dans le cloitre alors désert où je faisais moi même une pause au soleil. Difficile de résister au sujet. Un belle violoniste répétant son solo dans un cloitre où le soleil jouait avec les colonnes. Alors j’ai osé, osé demander l’autorisation de la photographier, chose qui d’ordinaire me paralyse. Et la jeune fille a dit oui, avec le sourire en plus. Alors je me suis lâché, sans être trop lourdingue tout de même. Je tiens sans doute ici mon plus beau portrait de musicien.

Pour la chef d’orchestre, l’affaire s’est révélée plus compliquée que prévue. L’agencement des musiciens et la proximité avec le public ne me permettait pas d’avoir un champ dégagé sur la chef tant et si bien que je ne suis pas certain d’avoir le cliché que je cherchais.

Par contre j’ai réalisé pas mal de photos d’ensemble, quelques portraits de musiciens et de choristes que l’orchestre pourra utiliser pour son book. Environ quatre cent images dont je ne devrais conserver qu’une petite quarantaine entre les redites et les loupés, mon fameux Dix pour-cent.

Who Gods Destroy – Insanium

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Who Gods Destroy

Sons of Apollo n’est plus. Mike est retourné chez Dream Theater et Derek s’est retrouvé presque tout seul devant ses claviers. Alors il a cherché de nouveaux virtuoses avec Ron Thal, l’autre survivant de la débâcle, et ils ont monté le projet Whom Gods Destroy.

Insanium, leur premier effort, affiche près d’une heure de metal progressif survitaminé et dix morceaux de trois à sept minutes.

Je me suis pris en pleine figure les deux premiers titres ‘In The Name Of War’ et ‘Over Again’ au milieu des hurlements de Dino et j’ai crié “Le roi est mort, vive le roi !”. Parce que franchement, ils déchirent ces deux-là.

Mon enthousiasme a été quelque peu douché avec ‘The Decision’ qui fait ici figure de tafiole en comparaison des deux premiers, un titre un peu à la manière d’un James Labrie en phase amoureuse.

Le problème c’est qu’il ne s’agit pas d’un cas isolé et ‘Find My Way Back’ est encore moins énervé, faisant songer cette fois à une balade de Ayreon. J’aime beaucoup le morceau, d’autant qu’il joue de belles sonorités vintages, cependant je peine à lui trouver une place dans Insanium.

Sorti de ces deux bleuettes et du bonus track un petit peu too much (mais que j’aime bien), le premier opus de Whom Gods Destroy dépote furieusement, rugueux à souhait, grandiloquent comme j’aime, puissant, technique, limite grandiose.

Le seul instrumental de trois minutes et vingt-quatre secondes (soyons précis), vient donner la parole exclusivement aux musiciens (ben oui c’est ce que l’on appelle un instrumental quoi). ‘Hypernova’, tel est son nom,  fait inévitablement songer à un certain titre de Dream Theater, trop connu pour être cité ici (je dis ça parce que je ne me souviens plus de son nom), preuve que le nouveau projet n’a pas inventé la poudre, mais on s’en fou, ça dépote.

Who Gods Destroy - Insanium

La pochette est à l’image de la démesure de l’album, un dieu assis sur son trône, versant des larmes de sang en contemplant sa misérable création qui s’entretue à ses pieds.

Le problème de Insanium c’est que les deux premiers morceaux sont tellement puissants qu’ils éclipsent le reste de l’album.

Mon titre préféré est le second, ‘Over Again’, au refrain scandé absolument grandiose servi par une musique à la fois vintage et moderne où la basse de Yas Nomura joue des trucs surpuissants sur la guitare folle de Ron et la batterie de Bruno qui n’a rien à envier à Mike.

Insanium est une grosse baffe metal progressive à écouter très fort pour emmerder les voisins. J’en arriverai presque à trouver l’album meilleur que le dernier Sons Of Apollo, MMXX, qui reste pour moi un sommet du genre.

Du coup, vous savez ce qu’il vous reste à faire et ça tombe bien puisque l’album est sur Bandcamp.

Big Big Train – The Likes Of Us

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Sachant que cette chronique allait être publiée un premier avril, je me suis demandé ce que je pourrais faire pour l’occasion. Il fallait marquer le coup, ça n’arrive pas tous les jours. Alors pour une fois, amis lecteurs, je vous invite à regarder la version Youtube qui se trouve à la fin de cet article. Ce n’est pas grand chose, mais sur le moment ça m’a fait rire (pardon)…

Big Big Train devait négocier un virage très délicat après la disparition de David. Remplacer un chanteur dans un groupe est toujours une affaire complexe, surtout lorsque celui-ci possèdait une telle personnalité.

The Likes Of Us est le premier vrai album du groupe sans David, trois années après le fabuleux Welcome To The Planet.

N’étant pas aussi fan de la voix d’Alberto Bravin, je redoutais l’arrivée de ce nouvel opus et j’ai finalement été agréablement surpris.

The Likes Of Us ce sont neuf morceaux dont un version single edit pour près d’une heure et quart de musique. Alors fatalement il y a quelques longs formats. Deux en fait : ‘Beneath The Masts’ et ses dix sept minutes au compteur ainsi que le plus modeste ‘Miramare’.

Pour cet album Big Big Train à mis le paquet sur la musique, peut-être pour compenser le manque d’émotions dans le chant. Et cette musique renoue avec le prog symphonique des seventies, du moins nettement plus que sur les précédents albums du groupe.

Toutefois, je trouve The Likes Of Us un petit peu longuet et j’aurai pu me contenter du quatuor formé de ‘Light Left In The Day’, ‘Beneath The Masts’, ‘Miramare’ et ‘Love Is The Light’. Et justement, puisque l’on parle de ‘Love Is The Light’, je trouve que c’est le titre de l’album sur lequel Alberto insuffle le plus d’émotion. Bon il faut bien reconnaître que le thème s’y prête beaucoup, mais cela fait du bien de vibrer à l’unisson pour une fois avec le chanteur.

Parce que sur le reste de The Likes Of Us, je fonctionne au diapason de la partition plus que du texte.

Les influences à la Genesis ou bien The Tangent s’entendent principalement sur les deux longs formats mais également sur le troisième titre en durée, ‘Last Eleven’, grâce à la guitare et au Mellotron qui ouvrent le morceau et reviennent à plusieurs reprises comme dans ‘Bookmarks’.  Le violon de Clare Lindley, très présent sur cet album, y sème toutefois le trouble à plusieurs reprises.

Je m’aperçois finalement que je n’ai pas grand chose de plus à vous raconter sur The Likes Of Us. J’ai été séduit par son évidente facture rétro progressive et les pièces à rallonge.

The Likes Of Us reste trop long à mon goût, raison pour laquelle il n’entrera pas dans ma collection de vinyles, mais c’est un très bel album.

Je vais certainement regretter encore longtemps la disparition de David. Toutefois, je trouve que Big Big Train a su poursuivre son chemin malgré le décès de leur chanteur.

Universe Effects – The Distance

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J’ignore qui m’a tuyauté sur le groupe québécois Universe Effects. Mais, qui qu’il soit, je l’en remercie.

Je suivais sans le savoir le quintet de cousins depuis quelques temps déjà sur Bandcamp quand leur nouvel album The Distance est sorti sans prévenir. J’y ai jeté une oreille intriguée et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que leur musique m’a clairement tapé dans l’oreille.

Universe Effects existe depuis 2015 mais n’a composé que trois albums en comptant le dernier.

The Distance, ce sont quatre morceaux pour moins d’une demie heure de metal progressif. Une musique qui emprunte au cinématique symphonique, au djent comme au jazz.

Le timbre de Gabriel Antoine Vallée, le chanteur du groupe, est reconnaissable entre tous. Il surprend tout d’abord, d’autant que le chant est très présent sur l’album et finit par prendre aux tripes. Les claviers de Francis Grégoire sont omniprésents et souvent virtuoses comme dans le premier titre ‘Layers’. Mais les guitares aux solis lumineux de Gabriel Cyr ne sont pas en reste loin de là. Quant à la section rythmique tenue par Alexandre Hudon et Dominic Tapin-Brousseau, elle est la colonne vertébrale de ces compositions protéiformes, s’offrant régulièrement quelques mesures de bravoure.

La pochette de The Distance s’apparente à de l’art graphique. Une photographie hyper contrastée de drone prise à la verticale du bord de mer où le blanc de l’écune tranche avec le roux des rochers, séparé par une bande de sable noir. Une thématique déjà exploitée pour leur single ‘Layers’ sorti au mois de février.

Ce titre, qui débute l’album, donne dans le djent  électro cinématique à la manière d’un Tesseract.  Il fait également songer à un Dream Theater avec ses claviers virtuoses.

‘Waves’ débute de manière nettement plus apaisée entre piano et guitare jazzy et explose après trois minutes pour retomber dans la fusion cent-vingt secondes plus tard un peu dans le style de Sanguine Hum.

‘Flow’ est dans la pure veine d’un metal progressif technique et virtuose qui trouve tout de même le temps de se poser sur les couplets plus calmes. Il s’offre également une courte section instrumentale construite sur plusieurs soli de guitare, clavier et de basse.

‘Release’, le long format de neuf minutes qui conclut trop vite cet album, joue avec la forme symphonique. On est pas loin encore une fois d’un Dream Theater avec son emphase mais dans un traitement nettement plus subtil.

Universe Effects est ma première découverte de l’année. Plus je l’écoute, plus je lui découvre de nouvelles qualités. Je vous le recommande donc et de mon côté, je vais explorer leur deux autres albums de ce pas.

The Pineapple Thief de retour à La Laiterie

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Après une nuit blanche au travail, une sortie astronomique avortée et une réunion éco responsable tardive, je suis allé écouter The Pineapple Thief en fin de semaine à La Laiterie. Et comme j’y suis allé avec des personnes peu fréquentables, tout à commencé au Cul Terreux encore une fois.

Après une bière et quelques amuses bouche typiquement alsaciens, nous avons marché jusqu’à la salle de concert où nous attendait une très longue file d’attente. La Laiterie serait quasiment remplie.

En première partie, un chevelu seul avec sa guitare et ses loops chantait d’une voix haut perchée des trucs pas vraiment transcendants. Le gars en question, c’était Randy Mcstine qui jouait autrefois avec Porcupine Tree. Encore une fois, le groupe à Bruce Soord rassemblait des membres éparpillés de la bande à Wilson. Le bon côté c’est que Randy ne va pas cette fois éclipser la prestation de The Pineapple Thief.

Vers 21h, alors que nous sommes tassés sur les gradins, le groupe arrive et attaque directement avec leur dernier album It Leads To This pour mon plus grand bonheur. Ils vont le jouer dans son intégralité, intercalant des titres plus anciens dont un album de 2016.

Autant la dernière fois qu’ils jouaient à La Laiterie je les trouvais fatigués et la salle trop grande pour leur prestation, autant cette fois, ils sont en forme et occupent vraiment bien la scène. Entre jeux de lumières, alternance de douceur et d’énergie, leur set est dynamique et forcément trop bref. Le public répond présent et Bruce tente quelques mots en français pour nous parler. C’est la troisième fois qu’ils jouent à la Laiterie et c’est la cinquième fois que je les vois en live après deux concerts à Karlsruhe. 

Et de ces cinq dates, il s’agit de leur meilleur performance sans aucun doute. Bref j’ai adoré. 

J’ai souvent fermé les yeux pour me concentrer sur la batterie de Gavin Harrison qui joue souvent, mine de rien,  une rythmique dans la rythmique. J’ai aussi dégusté les couleurs des multiples guitares de Bruce Soord qui change sans cesse d’instrument, même au cours des morceaux. Je me demande combien de grattes il trimbale dans son tour bus.

Il y aura tout de même des petits bémols à ce fabuleux concert : au début de la prestation de The Pineapple Thief une voix GPS annoncera qu’il est interdit de filmer,.. Quoi, Bruce Soord nous fait  une crise à la Steven Wilson ? Le guitariste qui chante de temps en temps est toujours à un peu à côté du diapason, rien de grave mais ça a tendance parfois à me déconcentrer. Et beaucoup plus grave, ils n’avaient plus d’exemplaires vinyles de It Leads To This a stand de merch, j’ai dû me rabattre sur une édition hors de prix de Luminescence pour me rattraper…

Après le concert je suis tombé sur quelques amis qui d’ordinaire hantent les concerts de Chez Paulette, salle fermée pour une durée indéterminée hélas. J’ai également rencontré deux lecteurs réguliers du blog que je salue au passage ici, merci pour vos encouragements et votre fidélité. Une épouse jalouse m’a affirmé que ma trombine passait trop souvent sur le petit écran de leur domicile conjugal, encore désolé Pierette, et bisous !

Ce fut un concert exceptionnel et malgré la fatigue accumulée au cours de la semaine. Merci M. Soord.

Steve Hackett – The Circus and the Nightwhale

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Des fois j’adore Steve Hacket, des fois je le boude un peu. Disons que sa carrière est inégale comme mon humeur. Mon dernier coup de cœur s’intitulait Under A Mediterranean Sky. Les extraits de son nouvel album The Circus And The Nightwhale faisaient pencher mon avis du mauvais côté. Mais comme Inside Out publie son catalogue maintenant sur Bandcamp, je l’ai fait tourner dans le salon avant de l’acheter pour être sûr, et après cette écoute, je l’ai immédiatement commandé en vinyle et numérique pour faire bonne mesure.

Avec treize morceaux pour trois quart d’heure de musique, je le trouve finalement trop court. En fait, non, il possède la durée parfaite pour être écouté sur un tourne disque. Retourner un vinyle passe encore, changer de galette pour écouter la suite de l’album, non.

Steve donne dans le prog symphonique mariné de steampunk, de world music, de blues et d’atmosphères désuètes sur des guitares toujours plus époustouflantes et au final assez peu de chant.

Steve raconte dans The Circus And The Nightwale l’histoire de Travla, allusion probable au voyageur (traveler) plutôt que travelo j’imagine. Un garçon qui naît dans les ruines enfumées de l’après-guerre, qui se découvre une passion pour la guitare, connaît la gloire et en oublie l’essence même de la musique avant de retrouver sa passion intacte, en partie grâce à l’amour. Un récit romancé qui ressemble beaucoup à la vie de l’artiste, de Genesis jusqu’à sa carrière solo.

‘People of the Smoke’ entre bruitages, extraits sonores et cris de nourrisson démarre l’album avec la naissance de Travla, le personnage de notre histoire. Le titre, centré sur la guitare de Steve et les harmonies vocales, avec ses interruptions et son atmosphère steampunk Bouglione est écrit comme une ouverture d’opéra, reprenant les thèmes qui seront développés dans les morceaux suivants.  S’il m’avait déstabilisé à la première écoute, c’est maintenant une de mes pièces préférées de l’album.

Écoute après écoute, ‘Taking You Down’ me semble toujours un peu étrange, peut-être à cause de la voix de de Nad Sylvan. Un titre très rock avec un solo de saxophone et un chant qui tranche beaucoup avec le reste de l’album sans parler de ce son de guitare plein de reverb qui revient sans cesse.

Et est-ce mon oreille qui me joue des tours ? Les premières mesures de ‘Enter The Ring’ me rappellent furieusement les atmosphères du groupe Genesis des seventies où alors est-ce parce que je confonds parfois le personnage au guitariste du groupe de l’époque ?

Je vais encore parler de ‘Circo Inferno’ ou Steve emprunte à la musique orientale pour raconter avec des notes plus qu’avec des mots la spirale infernale dans laquelle Travla se trouve piégé.

Je ne peux pas parler ici de tous les morceaux sinon nous y serions encore demain. Mais je vais encore m’attarder sur un petit dernier :

Steve conclut l’album avec ‘White Dove’, une douceur acoustique mandoline et guitare dont il a le secret et qui n’est pas sans rappeler Bay Of Kings ou son dernier album instrumental Under A Mediterranean Sky.

Je pense que Steve Hackett tient ici son chef d’œuvre, un album qui résume une immense carrière en nous racontant son histoire tout en se réinventant. Il a de très bonnes chances de s’asseoir sur la première marche du podium 2024.

Caligula’s Horse – Charcoal Grace

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Charcoal est le premier album sorti cette année dont je vais vous parler. Oui encore du métal progressif, je sais, mais c’est le genre de musique que j’aime écouter en ce moment sorti de vieux albums sur lesquels je noie ma nostalgie.

Charcoal dépasse une heure avec deux titres ouvrant et fermant l’album qui explosent le compteur symbolique des dix minutes. Du metal progressif relativement soft au chant clair qui n’est pas sans rappeler le travail de Vola sur leur deux précédents albums.

Après la découverte de la musique du groupe Unprocessed, il faut avouer que Caligula’s Horse manque clairement d’assaisonnement. Il y a bien ‘Golem’ qui démarre sur les chapeaux de roues mais il se dégonfle assez vite. En fait, je crois que j’ai trop écouté de growl depuis le premier janvier et que ici, j’aurai bien aimé entendre quelques hurlements histoire de pimenter la sauce.

Charcoal Grace est un enfant de la pandémie de COVID 19, oui encore un. Un album qui évoque ces mois de confinement et l’espoir de jours meilleurs. Il contient d’ailleurs un tableau en quatre panneaux de plus de vingt minutes, mini concept album dans l’album, qui évoque cette période. D’ailleurs c’est là que se glisse un de mes morceaux préférés, ‘Vigil’, une petite douceur de trois minutes vingt-deux qui tranche avec le reste de l’album.

Mais c’est en regardant le clip du second single de l’album ‘Stormchaser’ que je me suis décidé à l’achat de Charcoal Grace. Le titre alterne plages dynamiques et eaux stagnantes. Vocalement il y a de belles constructions en écho et le refrain fonctionne particulièrement bien sans parler de la guitare tout simplement sublime à la quatrième minute.

J’en oublierai presque de parler de ‘Sails’, une pièce à l’écriture toute simple, pop progressive un peu éclipsée par sa place dans l’album, coincée entre ‘Charcoal Grace’ et ‘Stormchaser’. Il faut également souligner l’ouverture instrumentale magistrale longue de deux minutes quarante de ‘The World Breath With Me’ qui nous immerge dans l’album ou le chant fragile de ‘Mute’, presque comme une complainte folk

Caligula’s Horse joue ici d’un djent très mélodique, un métal prog à claviers, guitares et chant clair assez haut perché, ressemblant beaucoup au Leprous d’avant leur période orchestrale, et qui contrairement à leur précédent album Rise Radiant, prend assez peu de risque.

Le principal reproche que je ferai à cet album, c’est d’être trop long, pourtant il dure à peine plus d’une heure. Mais avec deux titres fleuves qui encadrent sept autres pièces au format moyen relativement homogène, j’ai tendance à décrocher par moment. Du coup j’ai souvent écouté les morceaux indépendamment les un des autres, ce que je fais rarement, pour réussir à m’en imprégner totalement.

Bon ce n’est pas le premier album sorti en 2024 que j’écoute, mais c’est le premier que je chronique par contre. Il n’entrera certainement pas dans mon top 2024 mais il mérite la découverte, d’autant que le label Inside Out a eu la bonne idée de passer son catalogue sur Bandcamp depuis quelque temps.