Sleep Token – One

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En 2016, alors que Leprous marchait à peine et que Plini tétait encore le sein de sa mère, sortait One du groupe Sleep Token. Un EP six titres contenant trois instrumentaux au piano.

Si je vous parle de leprous c’est que la voix du chanteur se rapproche de celle d’Einar Solberg. La musique elle, n’est pas loin de celle de Plini et de Leprous.

Autant vous dire que lorsque je suis tombé complètement par hasard sur le titre ‘Thread The Needle’ tiré de leur premier EP One, j’ai failli avoir une attaque cardiaque.

J’ai aussitôt acheté One et Two respectivement composés en 2016 et 2017 et dans la foulée, même si on ne le trouve pas sur Bandcamp, leur dernier album Take Me Back To Eden sorti en 2023.

Sleep Token est un duo anonyme et quatre musiciens en live comme les groupes Ghost ou Slipknot. Ils n’ont que deux EPs et trois albums à leur actif en comptant Take Me Back To Eden. Ils jouent une pop djent à chant clair et growl avec beaucoup de piano, bref tout ce qui me plait.  Du coup, je ne comprends vraiment pas pour quelle raison je ne suis passé à côté de leur musique si longtemps.

Ne nous mentons pas, Sleep Token s’est éloigné de ses premiers amours pour quelque chose de nettement plus commercial aujourd’hui, pas désagréable loin de là, mais infiniment plus mainstream que One. Alors, plutôt que de parler de leur dernier album, je vais me contenter de vous présenter leurs deux premiers EPs, One et Two.

Le premier titre de One, ‘Thread The Needle’, nous entraîne dans un univers de contrastes saisissants. Une épure vocale accompagnée au piano débordée par un djent tabasseur et des guitares mandolines.

‘Fields Of Elation’ est de forme plus classique, un refrain paisible suivi d’un couplet plus chargé et d’un court instrumental qui relance le refrain.

Et le dernier titre chanté ‘When The Bough Breaks’ est un morceau qui va crescendo. Il débute comme une épure a capela, devient progressivement solaire pour s’achever sur des riffs épais de métal.

Quant aux trois instrumentaux, ils revisitent au piano et de très belle manière les trois pièces précédentes, une belle idée pour compléter cet EP assez court et en sortir progressivement.

Two ne dure que dix-huit minutes. Un EP trois titres qui s’éloigne déjà des inspirations du premier en donnant plus de place aux instruments. Il ressemble nettement plus au metal progressif que l’on entend un peu partout, même si le chant reste toujours ensorcelant.

On y décèle également avec ‘Jericho’, les premiers pas du groupe vers ce qui va devenir leur marque de fabrique, à savoir une pop R&B metal qui domine leur dernier album Take Me To Eden.

Si vous ne connaissez pas Sleep Token, allez écouter d’urgence leurs deux premiers EPs sur Bandcamp. Peut-être aurez-vous envie après ça d’aller plus loin avec eux.

OU – ONE

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Prenez une chanteuse chinoise à la voix d’enfant qui chante à contretemps d’un djent et qui soudain donne dans l’ambiant atmosphérique. Vous obtiendrez OU.

Derrière OU il y a également un américain, Anthony Vanacore, qui habite depuis huit ans en Chine. Il signe la musique en plus de taper sur la batterie.

Si vous commencez à avoir mal à la tête et à ne plus entendre de l’oreille droite, c’est normal. Ce sont les symptômes de ONE, le premier album pandémique de OU. Une quarantaine de minutes et huit titres plus tard, vous vous demanderez peut-être si vous avez bien fait d’acheter le disque, mais ça, c’est votre problème.

Car le moins que l’on puisse dire, c’est que ONE est bizarre. Déjà il y a cette pochette rose avec en médaillon le portrait de Lynn Wu. Ensuite il y a le livret saumon rempli d’idéogrammes et de chinois incompréhensible. Seuls les titres des morceaux sont en anglais.

C’est mon grand geek chevelu de fils qui m’a parlé de OU. Alors j’aurai dû me méfier un peu. Lui il est branché gaming, manga, anime, bières au cognac, LGBT et CBD. Vous voyez le genre.

Si j’aime bien les nems et le riz cantonais, j’ai plus de mal avec la culture post maoïste, que ce soit en littérature ou en musique. Pourtant, une fois le premier trauma passé, il faut bien reconnaître que ONE change de la routine occidentale. D’ailleur c’est assez surprenant que le label ultra conservateur Inside Out ait pris un tel risque.

One démarre fort avec ‘Travel’. Si vous vouliez vous faire une idée de ce que donne du djent électro où la ligne vocale en chinois se désolidarise totalement de la musique, vous tenez là un bon exemple. Ne nous mentons pas, c’est un peu hardcore comme mise en bouche.

Après, si vous tenez jusqu’au bout de ‘Travel’,  le reste passe tout seul. Les deux titres suivants sont aussi barrés et j’avoue que j’ai eu un petit peu peur que tout l’album soit du même tonneau. 

C’est là qu’arrivent ‘Ghost’ et ‘Euphoria’. Deux titres nettement plus intimistes, instrumentaux, cinématiques et un peu expérimentaux, surtout pour le second.

Et puis ça repart de plus belle avec ‘Prejudice’ qui donne dans le Plini. Il s’agit de mon morceau préféré au passage, dans lequel djent, guitares et chant étrange trouvent leur équilibre. ‘Dark’ n’est pas mal non plus avec son long couplet basse/chant/batterie même si les ‘Ling en ding de sheng xiang’ du début surprennent un peu.

Après l’obscurité, revient la lumière avec ‘Light’. Un titre lent, expérimental, tout à la voix de Lynn Wu. Une lumière douce comme celle de l’aube, des notes toutes en attente qui terminent ONE sur quelques touches plus traditionnelles.

OU est un OVNI de la scène metal progressive. Passé le choc culturel initial, ONE s’apprivoise au fil des écoutes, alors soyez curieux pour une fois.

Teeshirt : Melanie & Martin