De nos jours, sans doute à cause de la profusion d’images sur Internet et de la démocratisation des smartphones, les gens ont oublié le prix de la pellicule.
Je veux parler de la valeur d’une photographie. 99% des gens prennent des images et les partagent aussitôt sur le web sans se poser de questions. Ils estiment donc naturellement qu’une image n’a pas de valeur et qu’ils peuvent faire ce qu’ils veulent d’un cliché disponible sur la toile.
Oui mais non. Sans entrer dans le détail des licences, les images ne sont pas toutes libres de droits. Par exemple, mes photographies sont sous copyright, tout droits réservés, c’est à dire que personne n’a l’autorisation de les utiliser sans mon consentement. Enfin, pas pour toutes, celles que je fais pour des associations ou des concerts sont un peu moins protégées.
J’ai eu, à plusieurs reprises, la désagréable surprise de découvrir que des journaux s’étaient appropriés mon travail sans en demander l’autorisation et d’en faire un usage commercial. J’avoue que c’est à la fois flatteur et énervant. Mais voilà, ce sont mes photos.
Vous trouvez que je me prends pour une diva, un artiste ? Je ne pense pas, ou alors je n’en ai pas conscience. Je considère légitiment les clichés que je réalise comme ma propriété. Parce que les photographies que je prends ne sont pas des instantanés sortis d’un smartphone. Elles sont le fruit d’un vrai travail.
J’utilise du matériel professionnel (faute d’en être un), histoire de proposer des images relativement qualitatives. Je ne shoote pas au petit bonheur la chance et je recherche à d’obtenir un résultat lorsque j’appuie sur le déclencheur. Je sélectionne les clichés que je vais publier, je n’en conserve généralement qu’une toute petite partie. Ensuite je travaille ces images pour les rendre plus percutantes.
Je passe généralement une matinée à trier et développer les photos après un concert et si elles sont publiées le jour même, c’est que j’ai commencé à travailler dès huit heures du matin après quelques heures de sommeil. Et si j’ai traité une image en noir et blanc, ce n’est pas pour la ressortir à la demande en couleur. C’est un choix ‘artistique’.
Alors je veux bien que l’on utilise mes photographies, cela me fait d’ailleurs toujours plaisir et cela flatte mon égo, mais à condition de m’en demander l’autorisation, de me citer et de ne pas modifier les images. C’est pas une question d’argent, je n’ai jamais monétisé mes images malgré quelques rares propositions, c’est juste une question de respect et de reconnaissance du travail réalisé.
J’avoue que ces derniers temps, la tendance s’améliore. J’ai été contacté à plusieurs reprises pour demander l’autorisation d’utiliser mes clichés. Pour une manifestation sur les flippers, pour un concert et pour une exposition autour de l’astronomie.
Malgré une météorologie des plus liquides, l’été 2025 aura aussi offert quelques belles périodes ensoleillées. Certes, cela s’est accompagné de canicule, mais la nuit, à plus de mille mètres d’altitude, les températures sont restées relativement fraîches. Du coup, c’est au sommet des Vosges que j’ai veillé le plus souvent quand ma famille étouffait en plaine.
Cette année j’ai résolu de nombreux problèmes techniques avec mes instruments d’observation et j’ai également commencé à utiliser des filtres sur la caméra couleur. J’ai amélioré le guidage de la monture équatoriale, ce qui a permis des expositions plus longues avec les télescopes. J’ai aussi commencé à photographier le même objet pendant plusieurs soirées, augmentant considérablement le temps d’acquisition. J’ai aussi opté pour le traitement HOO des images obtenues, ce qui change pas mal de choses.
Expositions plus longues, filtres, traitement, mes clichés d’astronomie commencent à ressembler à quelque chose et mes mentors me donnent maintenant du B au lieu du C- de mes débuts. Je progresse donc un peu.
Je suis sorti le plus souvent possible, même les jours de travail. J’ai installé un matelas dans la voiture, pour me reposer un peu et je maîtrise de mieux en mieux les micro siestes au travail comme à la maison.
Par contre, la pleine lune à trop souvent concordé avec les nuits de ciel clair et j’ai dû chercher des cibles à l’opposé de notre satellite, ce qui a limité mes choix. J’ai principalement photographié des nébuleuses, les dentelles du Cygne, la Lyre, Dumbbell, Rosette, le Sorcier, la trompe de l’éléphant, Pac-Man, des cibles faciles, mais bon je suis encore en rodage.
Comme à chaque fois ou presque, j’ai retrouvé des copains sur le parking du Grand Pré ou des curieux avec qui j’ai passé une partie de la nuit. C’est aussi pour ces rencontres nocturnes que je fais de l’astronomie. Si j’utilisais un instrument en remote, je ferais probablement plus de photographies et sans doute dans de meilleures conditions mais j’aime sous les étoiles à discuter avec des gens pendant que le matériel cible un objet lointain.
Il n’y a pas si longtemps, la copine d’un ami a essayé de me contacter pour obtenir des photos de concert en plein format pour lui faire un cadeau.
Ne pouvant demander mes coordonnées au gars en question, puisque c’était une surprise, elle a tenté de me joindre via les réseaux sociaux, mais sans succès.
Pourtant je suis présent sur de nombreux réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Mastodon, Blue Sky, WhatsApp, Messenger et trois Flickr, oui trois… J’ai également trois sites web et quatre adresses email. Si avec ça je ne suis pas joignable…
En réalité, j’ai tout fait pour que l’on ne puisse pas me contacter. Sur les sites web, mon téléphone et mon adresse email ne figurent nulle part et je n’ai pas installé de formulaire pour me contacter. Tout au plus est-il possible de poster un commentaire sur mes deux pages WordPress.
Sur la page Facebook, j’ai supprimé le bouton contacter, sur Flickr il faut disposer d’un compte pour pouvoir contacter quelqu’un et les réseaux Mastodon et Blue Sky restent tout de même assez confidentiels pour que peu de personnes me recherchent dessus.
Je ne suis pas totalement invisible, par contre je suis relativement injoignable. Et c’est volontaire.
Lorsque le webzine Neoprog existait encore, je recevais de nombreuses sollicitations par mail, messages et SMS pour me proposer des albums, des interviews, des concerts ou même me demander des informations afin d’organiser une tournée en France. Ça n’arrêtait pas. Alors j’ai décidé de disparaître, histoire de ne plus être sollicité.
Malgré ces mesures radicales, je reçois toujours quelques demandes, mais cela n’a rien de comparable avec la grande époque. D’ailleurs ça me manque presque, j’avais l’impression d’être important… Bref passons… Certaines promotions arrivent encore directement par la Poste mais elles sont de plus en plus rares, d’autres par mail et le plus souvent dans les commentaires des réseaux sociaux et de WordPress. Cela ne représente plus qu’une sollicitation par mois au maximum à laquelle je réponds toujours poliment mais fermement pas ‘non merci’.
Dernièrement un groupe de prog d’Amérique du Sud a réussi à me contacter sur Flickr et sur le blog pour m’inviter à écouter sa musique. Ils devaient être désespérés.
Tout ça pour dire que si vous avez essayé de me contacter un jour ou l’autre sans succès, ne vous en voulez pas, je travaille activement à ce que ce soit difficile. Je ne chronique pas de promotion, je ne fais plus d’interview, je ne me rends qu’aux concerts qui m’intéressent et je demande tout seul mes accréditations photos. Cela nuit certainement à ma visibilité sur la toile mais est-ce bien important ?
Quant aux copines qui veulent imprimer des images que j’ai photographié, je leur rappelle tout de même que tous mes clichés sont sous copyright et que donc interdits de reproduction, modification, utilisation, sans une autorisation expresse de ma part pour les utiliser, surtout lorsqu’on les re cadre pour couper la signature. Vilaine fifille !
Nina est le prénom du chanteuse allemande bien connue et que j’adore mais également l’acronyme d’un logiciel d’astronomie. Et pas de chance pour vous, je vais parler du logiciel.
Pour pratiquer l’astro-photo, j’utilise un ASIAIR qui est en réalité un ordinateur de poche. Il permet de piloter la monture, le moteur de mise au point, le guidage, les caméras et empile les images. Bref il fait tout le travail, est assez simple d’utilisation et peu encombrant. Il nécessite juste un smartphone ou une tablette pour piloter son interface.
NINA est une application sous Windows qui fait globalement la même chose que l’ASIAIR en s’appuyant sur d’autres outils comme par exemple PHD2. Alors pourquoi NINA ? Par curiosité et pour aller plus loin.
J’avais déjà le PC portable dont je me sers pour faire de la photo planétaire, il ne me restait plus qu’à installer plein de logiciels et drivers pour essayer de faire fonctionner mon setup astro avec NINA.
L’étape une consistait à ce que le logiciel dialogue avec mon matériel, à savoir une monture AM5, une caméra ASI533 MC, une caméra ASI120 mini et un EAF ZWO. Tout ça avec le moins de câbles possibles reliés au PC pour éviter un sac de noeuds.
Le logiciel Ascom est fait pour cela. Il sert de driver universel pour presque tous les équipements à condition de lui adjoindre les drivers de ZWO.
Pour limiter le nombre de câbles, j’ai utilisé le wifi de la monture AM5 et branché tous les autres équipements en USB sur la caméra ASI533MC. Du coup, le PC n’est relié au matériel que par un long câble USB. Et tout fonctionne. Enfin tout, le logiciel PHD2 utilise la caméra principale pour le guidage. Il est nécessaire de passer par le driver Ascom et de sélectionner ensuite manuellement l’ASI120 pour que cela fonctionne correctement. Bon il faut dire que les deux caméras passent sur le même câble USB.
Pour l’autoguidage, il fallait installer le logiciel PHD2 dont j’ai parlé plus haut. Pour le plate solving, c’est à dire la reconnaissance de la position de la monture via une caméra, il fallait ajouter ASTAP et pour la mise en station de la monture il fallait ajouter l’extension TSSA. Tout plein d’outils différents que je devrai maîtriser pour réussir à faire aussi bien qu’avec un ASIAIR. Je commençais à comprendre en quoi la sortie de ce petit accessoire de ZWO avait été une révolution.
Le soir du dimanche 7 septembre 2025, se produisait une éclipse lunaire totale en France. Notre satellite totalement éclipsé se levait vers 20h sur la forêt noire et retrouvait son aspect habituel passé 22h, un peu plus haut dans le ciel.
C’est sur la digue de Plobsheim, face au Rhin et à l’Allemagne que certains d’entre nous avaient établi leur campement. Intégralement aspergé de répulsif aux moustiques, équipé de deux appareils photos avec un grand angle et un téléobjectif ainsi que deux trépieds et un siège de camping, je m’étais installé plein Est pour ne rien manquer de l’événement.
Hélas, le ciel était voilé, particulièrement vers l’horizon Est. À 20h, point de satellite au-dessus de la Forêt Noire. Ce n’est que trente minutes plus tard que mon œil a cru discerner une vague lueur rougeâtre que l’objectif de 500 mm à peu après confirmé. La Lune apparaissait enfin. À partir de là, les yeux comme les objectifs se sont tous pointés vers le levant.
Malgré une minutieuse préparation, mon unique image de la totalité est floue. Trop de nuages, pas assez de lumière et une mise au point que j’aurais dû réaliser sur une étoile avant de chercher à résoudre la Lune.
Au 50 mm je tentais une superposition d’images toutes les cinq minutes pendant qu’au téléobjectif 500 mm je capturais l’astre en gros plan ce qui le laissait du temps malgré tout pour admirer le spectacle.
Des navires de croisière passaient sur le Rhin alors que la Lune passait du rouge sang au jaune en s’élevant dans le ciel au milieu des nuages filamenteux. Les personnes n’osaient briser le silence magique qui s’était installé et mon alarme m’indiquant qu’une nouvelle photo devait être prise fit sursauter tout le monde (pardon les gens).
Sur une quarantaine de photos, une seule a trouvé grâce à mes yeux, la fin de la totalité capturée au 500 mm. Ma pitoyable tentative de surimpression s’est soldée par un échec et les autres images manquent de netteté à cause des cirrus ou d’une exposition mal gérée. Mais rien que pour cette photo je suis content de la sortie.
J’ai tout de même essayé avec Photoshop une supposition des cinq photographies de la Lune au-dessus du Rhin alors que l’éclipse s’achevait. Une image toutes les cinq ou six minutes prises au 50 mm, champ qui devait me permettre de cadrer la fin de la totalité jusqu’à la fin de l’éclipse. Bon le résultat n’est pas terrible, surtout la quatrième lune qui est noyée dans les nuages.
Le prochain rendez-vous avec une éclipse lunaire totale aura lieu le 31 décembre 2028, autant dire qu’il n’y aura pas foule dehors.
Cornelis Engelbrechts. 1468-1533. Leyde. La Passion du Christ. vers 1515. Clermont Ferrand. Musée des Beaux Art. Maniérisme gothique.
Un jour, une amie m’a demandé pourquoi je passais mes nuits à photographier des étoiles que d’autres avaient déjà capturées de bien plus belle manière. Sa question était formulée de façon nettement plus directe, mais c’était l’idée.
Cette question s’applique en réalité à tous mes loisirs et ceux de mon épouse. Pourquoi s’offrir du matériel photo pour réaliser des clichés sans grand intérêt ? Pourquoi accumuler des heures d’images que le télescope Hubble a magnifiquement immortalisé ? Pourquoi parler d’albums que d’autres ont déjà chroniqué ? Pourquoi jouer des œuvres au piano et au violoncelle que des artistes professionnels interprètent superbement ? À quoi tout cela rime-t-il ?
À meubler le temps libre, à dépenser la paye ? À la place nous pourrions soigner notre jardin, briquer l’intérieur de la maison, faire du sport, manger dans des restaurants étoilés, passer des vacances dans un club à Ibiza, découvrir le monde, faire du shopping, rouler dans une grosse voiture… Mais non. Cela ne nous attire pas.
Nous sommes des passionnés. Une forme aiguë de névrose qui touche une petite portion de la population.
Je connais des personnes qui ne sont pas atteintes de cette maladie. Elles travaillent, font des enfants, passent des heures en repas de famille, partent en vacances dans des clubs où elles n’ont rien à gérer, dorment sur des transats à la plage, ne s’intéressent à rien en particulier, restent politiquement correctes, aiment le confort et l’argent. À l’exact opposé de mes aspirations.
Les passionnés sont de grands enfants qui se distraient avec des jouets improbables. Ils sont souvent perçus comme des François Pignon en puissance par ceux qui ne s’intéressent pas à leur domaine de prédilection. Des incompris souvent moqués qui pourtant occupent leur temps libre sans trop s’abrutir sur Internet ou devant la télévision.
Quelques uns d’entre eux atteignent l’excellence et même dépassent les compétences de certains professionnels, ceux qui vivent de leur passion. Une petite poignée d’entre eux sont reconnus dans leur univers pour leur savoir et leurs compétences.
Bon d’accord, ce n’est pas mon cas, n’empêche, je suis un passionné.
Chez les photographes le débat entre les partisans de la retouche et ceux du développement fait rage depuis l’avènement du numérique.
Où s’arrête la photographie et où commence l’image de synthèse ? Avec l’arrivée de l’IA générative, même les fervents adeptes de Photoshop commencent à poser des limites éthiques.
Il est possible d’effacer des personnages, d’enlever des objets disgracieux, de transformer une journée ensoleillée en matin brumeux, de remplacer un ciel par un autre, d’inventer une partie du cliché, voire de fabriquer de toute pièces un paysage grâce à l’IA générative.
Alors à quel moment une photo n’est plus qu’une image numérique ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Personnellement, j’use le moins possible de ces traitements qui substituent une réalité à une autre plus virtuelle. Je n’utilise pas Photoshop mais Lightroom et je n’utilise l’IA que pour réduire le bruit et supprimer de tous petits détails que je n’avais pas noté en réalisant le cliché. Mais ça c’est en photo.
Nébuleuse du Sorcier
En astro photo, tout est différent. Car qu’est-ce qu’une image en astronomie ? Un signal extrêmement faible, souvent imperceptible par l’œil humain, amplifié par un instrument et une caméra puis délinéarisé dans un logiciel pour transformer des fréquences presque invisibles en couleurs.
Des fréquences invisibles comme l’infrarouge ou l’ultraviolet que les caméras captent et auquel on attribue arbitrairement des couleurs. Lorsque vous regardez une image du télescope Hubble ou James Web, vous ne voyez pas la réalité, vous voyez différentes longueurs d’ondes colorées puis additionnées pour fabriquer une photographie.
Par exemple James Web ne voit que dans l’infrarouge, autant dire que ses couleurs ne reflètent jamais la réalité.
En astronomie, certains utilisent des filtres qui ne laissent passer que certaines longueurs d’ondes ou bloquent certains rayonnements. L’image obtenue est inévitablement biaisée par rapport à la réalité.
J’ai commencé la photographie astro avec un appareil Nikon non défiltré, c’est à dire dont le capteur bloque une partie de l’infrarouge, comme tous les boîtiers photos grand public. Ensuite j’ai utilisé une caméra qui capte tout le spectre, visible et invisible, augmentant considérablement la sensibilité de mon setup. Puis j’ai ajouté un filtre UV/IR Cut pour supprimer les ultraviolets et les infrarouges des éclairages urbains qui polluent les images. Enfin j’ai utilisé un filtre tri bandes qui ne laisse passer que des plages étroites de longueur d’onde, hydrogène, oxygène, souffre. Mes photos ne reflétaient plus vraiment la réalité mais avaient gagné en netteté.
Nébuleuse Dumbbell
Il y a peu j’ai publié une photo de la nébuleuse de la Trompe d’Eléphant et un de mes mentors m’a conseillé de la traiter en HOO, c’est à dire avec les longueurs d’onde de l’hydrogène et l’oxygène.
Oui mais comment ? Et quel intérêt ? Il m’a envoyé un tutoriel basé sur le logiciel Pixinsight et j’ai essayé. La vidéo dure plus d’une heure et contient plein de concepts qui sont loin d’être évidents. Il m’a fallu deux visionnages avec de multiples arrêts sur images et quelques notes pour comprendre l’idée.
Le principe est d’attribuer une couleur, rouge, vert ou bleu, à une une longueur d’onde particulière. Rouge pour l’hydrogène, vert et bleu pour l’oxygène. Ensuite on isole ces couleurs avec des masques pour les traiter de manière indépendante pour enfin tout assembler pour fabriquer une image.
En réalité c’est un peu plus compliqué. En astro photographie, on va tout d’abord étirer l’histogramme des lumières pour amplifier certaines parties et en atténuer d’autres. On va également séparer les étoiles de l’objet photographié pour les traiter indépendamment. Souvent on choisit de réduire le nombre d’étoiles. On assombrit le fond du ciel pour éviter d’obtenir une voûte céleste grise. Bref on bidouille pendant des heures.
À la fin que reste-il de la réalité ? Nous avons filtré les fréquences, amplifié la lumière, enlevé les étoiles, assombri le ciel, attribué des couleurs arbitraires à certaines fréquences, rehaussé des couleurs, estompé d’autres, supprimé des étoiles, ajouté du contraste, réduit le bruit et fabriqué une photographie avec tous ces éléments additionnés.
Nébuleuse du Cocon
Certains astronomes amateurs s’insurgent à raison contre ces pratiques. Car l’information qui pourrait servir à la recherche disparaît lors du traitement de la photographie. Si on n’utilise pas des filtres étalonnés, des caméras spécifiques et des traitements non destructifs, l’image n’est plus exploitable pour la science.
Personnellement, je fais des photographies astro pour la beauté de l’image, pas pour la science. Et le traitement HOO m’offre une toute nouvelle palette de couleurs pour composer des images spectaculaires même si elles sont peu scientifiques.
Un jour je changerais peut-être d’avis, j’utiliserais une caméra monochrome et des filtres étalonnés. Mais pour l’instant, je me fais juste plaisir.
Après la canicule du mois de juin, juillet a été des plus arrosé en Alsace.
Le week-end c’était lecture et séries TV emmitouflé dans un pull pour luter contre la froidure. Impossible d’entretenir le jardin sous les averses orageuses ou d’aller se promener en montagne.
En semaine c’était pantalon de pluie et kWay pour aller au travail à vélo.
La nuit des étoiles est tombée à l’eau et le télescope n’est pas sorti une seule fois après la fête nationale.
La première fenêtre astro à se présenter fut un soir de pleine lune, après un aller-retour à Lyon en camionnette, autant dire les pires conditions pour faire de l’astronomie. Pourtant je suis monté, avec la lunette et le télescope, histoire de réaliser des observations visuelles pendant que je photographiais le ciel.
Je suis monté très tôt afin de profiter de la fraîcheur et observer le soleil. Sur le parking il y avait pas mal de monde dont Philippe, un astronome en culotte courte tatoué de partout, équipé d’un petit télescope Skywatcher 150/750 sur une mini monture azimutale. C’était sa première au Champ du Feu. Il était excité comme un pou avec plein de questions de débutant auquel j’ai tenté d’apporter tant bien que mal des réponses.
J’ai installé mes deux instruments et pointé le télescope vers le soleil, histoire d’observer l’astre qui nous prépare des températures records pour cette semaine. Il était comme d’ordinaire, jaune avec quelques rares tâches noires. Presque décevant lorsque l’on considère que la température va monter à 37 degrés sous abri. Mais est-ce bien le soleil le coupable ?
La nuit est arrivée très vite entre les conversations, une bière partagée, les réglages des instruments et le repas au coucher de soleil. De nombreux promeneurs étaient montés comme moi profiter de la relative fraîcheur et du magnifique paysage. Du coup, pas mal de curieux nous ont accompagné une partie de la nuit.
Mon camarade Clovis est arrivé vers 22h avec son Newton rangé sur un chariot qu’il a conçu sur mesure. En cinq minutes, le télescope était sorti de la voiture et installé sur sa monture. Impressionnant ! Par contre, suite à une mauvaise configuration réseau de son ordinateur, il a quelque peu galéré pour utiliser son setup. De toute manière il était monté sans avoir planifié ce qu’il photographierait cette nuit.
Moi non. Tout était décidé depuis presque un mois. Et je n’en pouvais plus d’attendre. À 23h ma lunette prenait les premières images de la Trompe d’Eléphant dans la constellation de Céphée, ma cible photographique de la nuit. Pendant ce temps je pointais les bec le second instrument la lune qui déjà dessinait nos ombres sur le parking. Puis une fois rassasié, je laissais les badauds observer notre satellite à leur tour en prodiguant quelques explications.
L’un d’entre eux m’a servi l’habituelle théorie complotiste de la Lune inviolée par l’homme. Des fois je ne comprends vraiment pas les êtres humains. Six missions ont déposé des équipages américains sur le sol lunaire, films et photos à l’appui. Des dizaines de milliers de personnes assistèrent au décollage des fusées Saturn V et des kilos de pierres ont été rapportées sur Terre. Pourquoi un tel aveuglement ? Bon, je suis resté poli, mais je lui ai quand même expliqué que tout ça c’était des conneries conspirationnistes.
C’est lorsque Jupiter émergea des arbres qu’il y eut le plus de queue devant le télescope pour observer la planète aux anneaux. Pendant ce temps, la lunette poursuivait tranquillement ses clichés juste à côté sans rencontrer un seul problème technique, un vrai miracle !
Peu après minuit, les curieux sont allés se coucher. Il ne restait plus que les astronomes amateurs et leurs instruments pointés vers les étoiles. Nous avons continué à admirer Saturne, l’amas d’Hercule, la galaxie d’Andromède, la nébuleuse de la Lyre et celle de la cloche pour passer le temps jusqu’à ce que j’ai accumulé plus de trois heures d’images de la nébuleuse.
Le vent s’était levé, je commençais à accuser le coup de la fatigue accumulée ces derniers jours et il aurait fallu que je procède au retournement de méridien pour continuer la session photo. J’ai préféré remballer, tout comme Clovis qui finissait d’imager Saturne.
Deux jours plus tard, je suis remonté au Champ du Feu. Jupiter et Vénus seraient en conjonction à moins de 1 degré peu avant l’aube. C’était également le maximum de l’amas des Perséïdes, mais ça je l’avais oublié.
J’avais aménagé la voiture en camping car pour pouvoir me reposer un peu durant la nuit car un 22h – 5h30 après une journée assez active ça fatigue quand même.
Le parking était presque rempli, à tel point que j’ai eu du mal à trouver un emplacement pour m’installer. Je suis tombé entre une famille de trois générations alsaco-stupide-facho et un astronome amateur qui n’avait pas sorti son télescope depuis un an. Moi je n’avais amené que ma lunette cette fois pour photographier la Nébuleuse du Sorcier, un de mes objectifs de l’été.
Après avoir lancé ma session photo qui va durer plus de 5h30 avec un retournement de méridien, envoyé bouler poliment deux fois la famille alsacienne qui venait poser des questions vraiment crétines en plein dans les réglages, je suis allé voir mon voisin qui reprenait ses marques avec son tube de 250 mm.
Un peu sur ses gardes au début, il s’est détendu lorsque je lui ai prêté un filtre pour observer la Lune. Après il m’a laissé regarder dans son instrument et même pointer quelques objets.
Dès le premier coup d’œil à l’oculaire j’ai constaté que son instrument était mal collimaté (l’alignement entre le miroir principal et secondaire). Alors ensemble nous avons réglé son tube et ensuite nous avons profité des merveilles de Saturne et des amas globulaires, sa passion.
Vers une heure, un groupe de jeunes s’est joint à nous pour regarder les étoiles, émerveillés par le spectacle, alors que la Lune gâchait un peu la fête.
Une majorité de personnes ne lève jamais les yeux au ciel la nuit, encore moins dans un lieu sans éclairage public. Quand ils le font, ils découvrent soudain la beauté de l’univers mais hélas l’oublient bien vite pour retourner à leurs écrans minuscules alors que la voûte céleste est infinie.
Ils sont partis vers 3h comme mon voisin. Sur le parking il ne restait qu’un camping-car, moi et un télescope parqué près d’une voiture dans laquelle son propriétaire dormait à poings fermés.
Alors j’ai fait pareil, une petite sieste réparatrice dans le coffre de la 2008 en attendant que Vénus et Jupiter ne se lèvent. Difficile de dormir dans ces conditions mais j’étais au moins au chaud.
Lorsque les deux planètes ont enfin émergé de la cime des sapins, j’ai arrêté de photographier la nébuleuse du Sorcier pour pointer la lunette sur les deux lumières qui rentraient tout juste dans mon champ. Un magnifique spectacle !
Vers 5h j’ai remballé le matériel et suis redescendu en plaine d’Alsace où il faisait nettement plus chaud.
Je suis remonté une nouvelle fois cette nuit pour prendre le frais et photographier la nébuleuse Dumbell dans la constellation du Petit Renard. Ça ne s’est pas passé sans difficulté, un problème avec une option de l’Asiair, du coup pour obtenir mes deux petites heures d’images, je suis rentré à 4h du matin.
Mais hélas, la fin de mes vacances approche. J’aurai passé presque plus de temps éveillé la nuit que le jour. J’espère encore monter au Champ du Feu avant de reprendre le travail histoire de photographier une autre nébuleuse. La météo décidera du jour.
Si vous voulez en voir plus, mes photographies astro sont publiées ici.
Vous saviez que la mairie de Strasbourg travaille à l’extension du tram ouest ? Il s’agit de la ligne F qui ira jusqu’à Wolfisheim.
Personnellement ça ne va pas révolutionner ma vie, sauf si je déménage vers l’ouest. Mais pour fêter l’événement, la ville organisait, dans le quartier de Koenigshoffen, un petit événement avec des stands et un concert du groupe Toïtoïtoï.
Depuis presque un an maintenant, je suis leur photographe amateur attitré. Du coup, samedi matin, je me retrouvai au centre socio culturel de Koenigshoffen pour En route vers l’Ouest, où la promotion de la future ligne F du tram.
Je portais pour la première fois les couleurs de Toïtoïtoï avec mon beau teeshirt tout neuf. Je portais également un sac chargé d’un Nikon Z6, Z8, d’un 24-70 et d’un 70-200 sans parler de l’eau, car il faisait déjà bien chaud.
Je n’aime pas beaucoup shooter en pleine lumière. Je suis gêné par les ombres, les reflets et les arrières plans disgracieux. En plus j’aime ouvrir à 2.8 ce qui m’oblige à pousser l’obturateur dans ses retranchements techniques. Bref, je n’étais pas vraiment dans mon élément. Par contre, comme c’est mon quatrième concert avec eux, les membres de la troupe commencent à m’apprivoiser ce qui est plutôt sympa. Vous me direz c’est plutôt moi qui commence à m’habituer à eux et non l’inverse.
C’était un concert de poche, 3/4 d’heure de 12h15 à 13h, à peine de temps de s’échauffer pour les musiciens. Après le discours de l’équipe municipale, qui a cru que les balances étaient en fait le concert, Toïtoïtoï se met en place pour quelques tableaux colorés.
Le set était bien en place malgré le remplacement au pied levé de l’ingénieur du son (pas besoin d’éclairagiste en plein soleil) et Toïtoïtoï a offert un beau spectacle à un public clairsemé.
Pour ma part, j’ai essayé de jouer avec le décor, le mur vers du centre socio culturel, les tentes blanches, la régie technique, un téléphone filmant le concert et je me concentre sur des chanteuses que j’ai négligé pendant les précédents shootings, désolé mesdames. La difficulté venait de la lumière très dure et des ombres marquées. De gauche à droite de la scène, il y avait un très fort gradient lumineux qu’il fallait essayer de compenser sans cramer les photos. Le côté cool, est que j’ai pu passer derrière les musiciens sans gêner tout le monde et sans contribuer au spectacle.
Je commence aussi à connaître leur répertoire comme leurs tableaux ce qui m’aide à anticiper les placements et les cadrages. Par contre, n’étant vraiment un photographe très inventif, je refais tout le temps un peu la même chose et bientôt Toïtoïtoï aura une grosse collection de photos toutes similaires.
Je suis revenu à 13h30 avec 250 images et quasiment aucun déchet, le charme de monde nouveau 70-200 qui est décidément une bête de course. Une fois éliminés les doublons et les choses moches, il me restait 50 clichés du concert, presque un par minute. Bon rien d’extraordinaire mais j’ai quatre ou cinq images dont je suis assez content. C’est déjà ça.
Le prochain rendez-vous est pris pour le 22 novembre. Toïtoïtoï fêtera ses dix ans d’existence au Pavillon Joséphine au Parc de l’Orangerie à Strasbourg. En attendant j’ai un concert prévu le 18 juillet au Tanzmatten à Sélestat pour photographier entre autres Saor, le 5 août pour King Buffalo suivi du 7 août pour Messa sans parler de Jazz à la Petite France ce Week-end.
Certaines personnes angoissent à l’idée de se retrouver brutalement à la retraite sans activité pour occuper le temps libre. Pas moi. J’attends cette échéance avec impatience car mes week-ends sont toujours chargés.
Depuis quelques années je travaille 4,5 jours par semaine. Avec les heures supplémentaires effectuées lors des déplacements, j’arrive assez régulièrement à ajouter une demi-journée de loisir à ma semaine. La fameuse semaine de quatre jours dont un de télétravail qui me laisse trois autres journées pour vaquer à mes loisirs.
Jeudi soir, vers 21h, je partais en montagne pour une nouvelle nuit d’astro photographie. Après sept heures passées sous les étoiles, je retrouvais mon lit à 4h du matin. À 9h j’étais sur l’ordinateur pour traiter plus de cinq heures d’acquisition sur NGC 6888 à l’aide du logiciel Pixinsight.
Après une sieste salutaire, je partais en compagnie de mon épouse pour une audition de musique de chambre où elle était accompagnatrice. Evidemment, j’avais emporté un appareil photo pour immobiliser ce concert. A 20h nous nous retrouvions avec les musiciens dans une brasserie du centre-ville à discuter à bâtons rompus de musique, de projets et de photographies. À 23h30, je retrouvai enfin mon lit.
Le lendemain matin, j’étais de nouveau assis devant l’ordinateur pour trier et développer les 150 photographies de la soirée. L’après-midi, alors que le soleil faisait bouillir le mercure, je profitais d’une nouvelle sieste à l’ombre en préparant un billet de blog. J’enregistrais également la vidéo de Cosmograf et réalisais son montage avant de la mettre en ligne avec la chronique sur le blog.
Le soir, nous partions vers Saverne pour la Fête de la Musique où une flûtiste, qui joue avec ma chérie, assurait la première partie d’un concert dans une église. Nous retrouvions là bas des amis de longue date pour une soirée musicale arrosée plus ou moins improvisée. Mon appareil photo me suivait encore une fois, pour immortaliser les flûtistes baroques et le chœur du Bon Tempérament qui revisitait des chansons des Frères Jacques. À 1h nous retrouvions la couette douillette pour quelques heures de sommeil avant le retour de la canicule.
Enfin le dimanche, plus où moins bien remis de la veille, alors que l’air frais (21 degrés) circulait encore dans la maison, je triais les photographies de la veille avant de les envoyer à l’ensemble du Bon Tempérament.
Il me restait encore un article à préparer et trois photographies à sélectionner pour remplir ma semaine médiatique. L’après-midi était terminée, il fallait se préparer à passer une nouvelle semaine de travail avant le prochain week-end qui s’annonce à nouveau intéressant.