Twist again

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Le mercure frôlait les trente degrés. Je n’avais pas beaucoup dormi la nuit précédente et un mal de dos me clouait dans le canapé après une dure journée de travail. J’étais fatigué et j’avais soif. C’est comme cela que j’ai commis l’irréparable.

Jamais ce genre de produit n’aurait franchi le seuil de ma porte de mon plein gré. Je respecte encore quelques valeurs dans ma vie dissolue. 

Les canettes sont arrivées dans les bras d’une jeune fille innocente qui ne savait pas. Une musicienne, ce qui excuse bien des choses. Ce soir là une seule des bouteilles apportées a été à peine entamée sur le pack de six et certainement pas par moi. A la place j’ai dégusté un excellent vin d’Alsace.

Le reste du breuvage a terminé sa vie dans l’évier, aidant à déboucher les canalisations.

Restaient toutefois cinq petites bouteilles encombrantes de 27.5 cl que j’ai caché honteusement au fond de la réserve en attendant de m’en débarrasser.

Mais l’autre soir, tout plein de monde a débarqué presque à l’improviste pour jouer dans le salon. J’avais bien préparé des salades et ma femme des desserts, mais pour les rafraîchissements il ne me restait que du Riesling, une bière blanche, une bouteille de cidre et du jus de pomme. Alors j’ai glissé quelques unes de ces bouteilles interdites au réfrigérateur, imaginant à tord qu’il s’agissait d’une boisson de musicien et que certains en boiraient peut-être.

Hélas, j’ai complètement oublié de les sortir du frigidaire. On appelle ça un acte manqué en psychologie. Du coup j’avais toujours 5 bouteilles en stock. Le lendemain, en rentrant du travail, mourant de soif, j’ai attrapé le premier truc frais qui me tombait sous la main. La fameuse bouteille.

De l’eau, du sucre, du citron, presque une citronnade s’il n’y avait du malt d’orge, du CO2 pour faire roter et plein de cochonneries comme de la gomme d’acacia, des extraits de houblon et des arômes naturels inconnus ainsi que du concentré. J’étais en train de boire un ersatz de panaché sans bière ni limonade, une pseudo blonde sans alcool mélangée à une pseudo limonade anorexique. Déjà que je suis pas fan du panaché et que je n’ai jamais compris l’intérêt de boire une bière sans ressentir la douce ivresse qui l’accompagne, là j’ai été servi.

A la première gorgée, le cerveau conditionné espère rapidement voir l’alcool agir sur les neurotransmetteurs mais après avoir descendu la bouteille, la déception arrive. L’oeil tombe sur le 0.0 % d’alcool écrit en trop petit pour être honnête. L’amertume tant attendue disparaît dans le sucre et l’acidité promise est tuée par le concentré. Les bulles trop petites restent coincées dans l’œsophage gonflant un nuage qui se refuse à sortir bruyamment. Et en fin de bouche il ne reste qu’un arrière goût bilieux désagréable et aucune envie d’en décapsuler une seconde.

Après cette expérience traumatisante j’espère n’avoir jamais à m’inscrire aux alcooliques anonymes. Car ne pas boire d’alcool ne m’empêche pas de vivre. Par contre avaler cette hérésie, cela frise la torture. Vivement que des musiciens repassent à la maison pour que je me débarrasse du stock.

Cinquante-huit

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Seyne les Alpes

Ce n’est pas de ma faute si Macron a viré les députés juste quinze jours avant que nous partions en vacances.

Oui après les européennes, nous avons manqué les premiers et seconds tours des élections législatives. Et pas question de donner pouvoir à nos amis, ce sont des banquiers, des directeurs, des cadres supérieurs ou des retraités. Autant dire qu’ils votent très à droite. Quant à notre fils ainé, il ne vote pas sauf pour la légalisation de la weed.

Dans le petit village de montagne de 1300 âmes où nous avions trouvé refuge, le dimanche matin, l’heure était aux courses plutôt qu’au vote. L’Intermarché regorgeait de petits vieux armés de cabas alors que l’hôtel de ville semblait désert. Pourtant, dans ce coin rural paisible, sur les 844 votants – une affluence record au passage – 45% ont fait le jeu de l’extrême droite au premier tour.

Ici il n’y a pas d’étrangers, juste des petits vieux et quelques chômeurs bientôt retraités. Les actifs se font de plus en plus rares. Deux boulangeries sur trois ont fermé leurs portes. La supérette du centre-ville n’a pas résisté à la concurrence de l’Intermarché construit à quelques kilomètres de là. Les restaurants ont mis la clé sous la porte depuis longtemps, seul survit un café autrefois pompiste et chauffeur de bus sur la place du village. Dans la grande rue, les vitrines crasseuses des commerces fermés prennent la poussière : coiffeur, potier, boulanger, quincaillier, restaurateur, buraliste, libraire.

Au second tour, alors que nous remontions vers l’Alsace, l’union de l’extrême droite remportait 58% des suffrages dans ce petit village de montagne. 

Asterix aux jeux olympiques 

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Voila pas mal de temps que l’on nous bassine avec les JO. Pour moi La Flamme c’est une série TV assez drôle et pas un gros briquet qui ne veut pas s’allumer. 

N’ayant plus la télévision depuis longtemps, j’entends parler de l’événement national sur France-Inter  lorsque je suis en voiture ou bien par mes collègues réquisitionnés pour l’occasion.

Une fois n’est pas coutume, j’aurais presque une pensée émue pour les parisiens qui voient le prix du billet de métro exploser, qui se font expulser de leurs logements et qui découvrent que certains quartiers seront ceinturés par les forces de l’ordre.

Comme en témoignèrent les éminents historiens Uderzo et Goscinny en leur temps, les JO à l’époque romaine étaient déjà entachés de tricheries et de dopage. Alors imaginez aujourd’hui… Petit progrès, les femmes et les handicapés sont autorisés à y participer depuis que De Coubertin n’a plus son mot à dire.

On ne va pas parler du bilan carbone de l’opération parce que bon voilà quoi, nous ne sommes plus à ça près entre la construction du village olympique, l’adaptation des transports parisiens, la réfection des stades, les voyages en avion des athlètes et des spectateurs, les mascottes débiles en plastique et tout ce que j’oublie certainement.

Le sport ne m’intéresse pas, sans doute parce que je ne peux pas en faire, je déteste la compétition, sans doute par peur de perdre et j’ai débranché mon décodeur TV depuis des siècles. Donc fatalement, je ne regarderai pas les JO dont j’ignore le calendrier.

Ce n’est pas du boycotte mais une totale indifférence. Faites vous plaisir si vous aimez ça mais par pitié, évitez de gueuler, de klaxonner, de vous saouler à la Kronembourg en commentant les contre performances des athlètes russes qui partiront bientôt sur le front ukrainien se faire massacrer, une médaille d’or autour du coup.

A mon ami hater

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Bonjour toi ! C’est quoi ton petit nom ? Parce que t’as beau ne pas m’aimer, tu t’inflige quand même chaque semaine mes vidéos pour cliquer sur le pouce vers le bas. 

T’es abonné copaing ? Non parce que c’est important pour mon référencement. J’aimerai bien que tu fasses plus souvent des commentaires pour donner ton avis (c’est aussi très bon pour mon référencement). Parce que signaler que t’aime pas c’est un peu restrictif. Qu’est-ce tu n’aimes pas ? Moi, la musique, la vidéo, mon avis, tout ? Je ne demande qu’à m’améliorer et aimer ce que tu aimes comme ça on s’aimera.

Après, je te le dis gentiment, comme hater, tu es clairement un petit joueur. Il y a quelques années, un autre m’avait pourri sur Facebook et fait tomber l’audimat du webzine de 50% pendant quelques jours quand même. Toi c’est juste un j’aime pas même pas systématique. C’est assez décevant.

J’imagine ton profil. Tu es un prog head nostalgique des seventies qui ne jure que par Pink Floyd, Yes et Ange. Tu es encore en gilet jaune près des ronds points et tu crois toi aussi aux chemtrails mais tu as voté RN aux européennes. C’est pas grave, je suis certain que nous avons plein de points communs comme celui d’écouter de la musique. Tu fais de la photo aussi ou bien tu préfère construire des tour Eiffel en allumettes ? Je demande ça pour apprendre à te connaître.

Tu sais, on se dis tu hein ? Dieu est amour. Alors je t’aime quand même va ! Bisous !

On the Moon Again

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Le 20 juillet 1969 pour la première fois, l’homme se posait sur la Lune. Depuis le cinquantenaire de cet exploit humain et technologique, les astronomes amateurs sont invités tous les ans de part le monde à sortir leurs instruments et à faire découvrir la Lune au grand public. 

Greg organisait le samedi 15 juin pour l’occasion à la Maison Bleue à Strasbourg une exposition photo doublée d’une observation du soleil et de la Lune. 

Comment ne pas y participer ? La Maison Bleue est une des salles de concert où j’ai pu écouter des groupes comme Klone ou Los Dissidendes del Sucio Motel. 

Dans la salle étaient exposées des photographies sur le thème de l’absence alors que des musiciens répétaient sur scène. Et dans la cour, Greg étalait ses magnifiques clichés astro tout en présentant ses instruments. 

J’avais amené un télescope Celestron 8 pour l’occasion et mon copain Michel tout plein d’instruments, dont une lunette Takahashi (la Rolls Royce des lunettes) et un autre Celestron. Enfin Arthur (le petit jeune du groupe) dont nous avons fait la connaissance ce soir là, avait ramené un Newton. Greg lui avait une lunette sur une monture AM5 équipée de caméras et d’un Asiair sans parler de sa batterie WIFI. Si si, ça existe les batteries WIFI.

Le ciel n’était pas franchement de la partie mais au moins il ne pleuvait pas. Dans les rares et timides éclaircies nous avons pu montrer le soleil et ses taches aux curieux venus ce soir là et un peu plus tard, alors qu’il faisait encore jour, la Lune, la star de l’évènement.

J’aime beaucoup montrer le ciel aux curieux même si pendant ce temps je ne fais pas d’observation. Les gens sont comme des enfants lorsque leurs yeux voient la surface de la Lune recouverte de cratères où lorsqu’ils découvrent que le soleil n’est pas qu’une grosse lampe à bronzer brillant dans le ciel.

On m’a demandé si on pouvait voir le drapeau américain planté sur la Lune en 1969 dans mon instrument. J’ai répondu que non, mais à la place j’ai mis mon plus puissant oculaire pour faire découvrir à cette personne les cratères en gros plan.

Une autre s’interrogeait sur la raison pour laquelle nous ne voyions jamais la face cachée de notre satellite, The Dark Side Of The Moon. Vous connaissez la réponse ?  La Lune tourne sur elle-même en vingt-sept jours, durée pendant laquelle elle réalise une orbite complète autour de la Terre tant et si bien qu’elle présente toujours la même face pour un observateur situé sur notre planète.

Il y a eu les inévitables questions sur le grossissement des instruments. Je vous rappelle la formule une fois pour toutes : grossissement égale focale de l’instrument divisé par la focale de l’oculaire. Sur le C8 avec un oculaire de 14 mm, cela faisait 2000/14 à savoir un grossissement d’environ 140 fois. Bizarrement il y a eu beaucoup moins de questions sur l’ouverture des instruments. Pour rappel encore une fois l’ouverture est égale au diamètre de l’objectif divisé par la focale et plus c’est petit, plus c’est lumineux comme en photo, sauf qu’ici on se fou de la profondeur de champ et d bokeh, toutes les cibles sont au moins à des centaines de milliers de kilomètres pour les plus proches.

D’autres questions ont bien entendu concerné le prix du matériel installé ce soir là près de la Maison Bleue. La réponse est cher, voire très cher (le set up de Greg par exemple) sachant que l’on peut très bien débuter en astronomie avec une simple paire de jumelles. D’ailleurs Arthur avait ses yeux de hiboux, des mini jumelles grand angle très lumineuses, parfaites pour découvrir le ciel.

Malgré de nombreux nuages, un kebab peu relevé, une bonne vieille migraine tenace et pas beaucoup de public, ce fut une soirée sympa entre geeks amoureux du ciel.

Portraits

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Lorsque vous passez toutes vos soirées à photographier des accordéonistes, vous faites inévitablement des rencontres. Je vous passe les amis, les connaissances, les potes tenant les stands et les rares photographes couvrant les soirées. Je vais vous parler des autres, ces rencontres auxquelles je ne m’attendais pas.

Présents tous les soirs, quelque soit le temps, l’heure, la musique et le lieu, ils m’ont suivi et collé à la peau. Des nués de moustiques ont sucé mon sang et failli provoquer à plusieurs reprises des catastrophes lorsque d’un geste brusque je les chassais d’une main alors que je tenais le téléobjectif de l’autre.

Plus mignon, ce fut cette petite fille de trois ou quatre ans qui intriguée par l’appareil photo m’a couru après pour regarder les clichés sur l’écran dès que je shootais. Ce qui était amusant lors du premier concert assez statique sous la tente est devenu très compliqué dans la grande salle où les photographes doivent bouger très vite et prendre des positions acrobatiques pour réussir des images rock. Imaginez. Vous vous retrouvez avec un petit bout de chou accroché à vos baskets. En plus de surveiller le groupe qui bouge très vite sur scène il faut veiller à ne pas bousculer l’adorable petite curieuse collée contre vous.

Il y a eu également cette toute jeune accordéoniste à la mine boudeuse noyée dans un orchestre de pianos à bretelles et que je n’ai pas osé photographier. Quand je pontais mon objectif dans sa direction elle me jetait un regard noir en s’agrippant à son accordéon presque aussi grand qu’elle. En règle générale j’évite les photos d’enfants, les parents ne possède aucun humour dans ces cas là, même s’ils inondent Facebook de photos moches de leur progéniture.

Et puis il y a eu ce petit bonhomme observant un des musiciens du groupe Mes Souliers sont Rouges installer son matériel. Un instant leurs regards se sont croisés (oui j’ai manqué la photo de pas grand chose) et une complicité est née entre le guitariste et l’artiste en devenir.

Je suis également tombé sur un italien volubile qui m’a quasiment embrassé en me baraguinant un truc incompréhensible tout en me montrant mon teeshirt. J’ai compris après quelques secondes qu’il s’agissait d’un fan du groupe Messa dont je portais les couleurs ce soir là. Peut-être s’agissait-il d’un des musiciens des groupes présents ce soir là ou d’un technicien, toujours est-il qu’il a disparu après cette accolade enthousiaste et que je ne l’ai plus revu.

Dans le même genre j’ai croisé un ingénieur son arborant les couleurs du groupe Cult of Luna. On s’est tout de suite compris en grimaçant devant certains ensembles. Assurément un excellent ingé son, parce que lorsque que l’on écoute de la bonne musique… enfin bref.

L’avant dernier soir, j’ai été également interpellé par une des charmantes organisatrices du festival, la première personne à vraiment s’inquiéter de voir un photographe couvrir les concerts et à m’informer des modalités des soirées. Cela faisait juste huit jours que j’assistais à chaque concert.

Une dame a aussi lancé dans mon dos un « Si vous êtes là c’est que la musique va être épouvantable ! ». Je me suis retourné, et j’ai découvert ma voisine qui est également ma dentiste.  Elle sait que j’écoute des groupes assez étranges (pour le français moyen) même si elle habite trop loin pour les entendre. Elle m’a tout fait avouer sous la torture avec sa fraise.

Il y avait aussi les habitués que l’on retrouvait chaque soir : un danseur allant nu pieds, une dame déguisée en petite fille, une aveugle qui participait à toutes les danses, un photographe avec chaque jour un nouveau tee shirt de metal, deux jumelles accordéonistes qui jouaient dans plusieurs ensembles, des gamins qui couraient partout, un danseur chauve n’osant jamais aller au centre de la piste, un alsaco étrange qui braillait tout ce qu’il pouvait dans la rue et puis des moustiques, plein des moustiques.

Berlin 1936

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Dimanche ma femme donnait un mini concert de musique de chambre à la maison, j’avais du jardinage en retard et deux concerts clôturant le festival Le Printemps des Bretelles le soir. Du coup j’ai oublié d’aller voter. 

Bon j’avoue, ce n’est pas comme si les européennes me passionnait, comme la politique en général d’ailleurs, mais faire barrage aux fachos et donner la parole aux écologistes m’a toujours semblé important.

C’est lundi matin en voyant mes collègues dans tous leurs états que j’ai compris. Car non je n’ai pas la télévision, je n’écoute la radio qu’en voiture et je n’ai pas été sur Google Actualités depuis plus d’une semaine.

Depuis le temps que le bruit des bottes résonnait derrière nos volets clos, on aurait du s’attendre à ce que cela arrive. L’extrême droite s’impose dans le débat politique en Europe. Pas de quoi être fier, non vraiment pas. Ça donne même la nausée rien que d’y penser.

Des euro députés en chemise noire, anti IVG, travail famille patrie, favorables à la fermeture des frontières, aux énergies fossiles, anti youpins, casseurs de PD et de bounioules, Tout un programme…

Après ce coup d’éclat il n’a plus vraiment de raison pour que nos députés remaniés en catastrophe par notre président ne soient remplacés par cette engeance qui rêve de purifier la France. Encore trois ans et ça pourrait être le tour de mon employeur. Ca tombe bien, les Jeux Olympiques approchent.

Ceinture et bretelles

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Autrefois je couvrais des concerts de rock, des festivals de métal et j’interviewais des figures de proue de la scène progressive. Drug, sex and rock’n roll.

L’âge aidant, doublé d’un certain désengagement de la scène médiatique, j’ai du mendier mes accréditations jusqu’au jour où je n’en ai plus eu du tout. Alors j’ai commencé à couvrir des concerts classiques, des harmonies locales pour finir au Printemps des Bretelles.

Le Printemps des Bretelles est le festival d’accordéon de la ville d’Illkirch-Graffenstaden. Dix jours de concerts et bals autour du piano à bretelles dans différents lieux de ma commune. 

Cette année, je me suis porté volontaire pour couvrir l’événement malgré mon manque d’intérêt évident pour cet instrument et une météo calamiteuse. Volontaire mais sans contrainte. J’allais, en fonction de mon humeur, de mon emploi du temps et de ma fatigue, photographier ou non les artistes.

Avec des entrées libres mais aucune accréditation officielle de photographe, l’expérience était proche de l’improvisation totale et il fallait négocier en douceur avec la sécurité certains accès.

Tous les soirs sauf relâche, du vendredi 31 mai au dimanche 9 juin, je suis parti de la maison à pied ou à vélo vers 18h30 pour le concert amateur de 19h sous la tente devant l’Illiade. L’occasion de manger un burger frites avant d’attaquer le spectacle de 20h programmé en extérieurs lorsqu’il ne pleuvait pas, soit dans la grande salle de spectacle ou à la Vill’A un peu plus loin.

Au menu des soirées, Edith Piaf, Jacques Brel, Salsa, chanson française, danses créoles, musique celtique, folk des Balkan, le tout assaisonné d’accordéon, autant dire rien qui n’appartienne à mon répertoire de prédilection.

Ne nous mentons pas, les groupes n’ont pas mis le feu dans la foule. Le groupe Mes Souliers sont Rouges a été certainement le point d’orgue de ce festival avec la nuit brésilienne mais pas assez pour que je reste jusqu’au bout. En fait, le plus souvent j’ai photographié la première demi-heure avant de plier bagages par manque d’intérêt pour la musique. Musiciens statiques, musique moyenne, éclairages minimalistes, public maussade, pluie torrentielle, le festival n’avait pas grand chose de festif au bout du compte.

J’ai quand même ramené quelques clichés sympas de ces soirées. Ils sont temporairement disponibles sur Flickr avant que je ne les efface. Je n’ai pas mitraillé comme un fou non plus, ne voulant pas trier et traiter des centaines d’images chaque soir. L’objectif pour moi était d’illustrer l’accordéon en live, un instrument qui possède un certain cachet et que j’ai rarement photographié.

Neuf soirées, dix-huit concerts, soixante-onze photo publiées dont une oscarisée, finalement j’aurai presque couvert tout le festival, grignotant le soir une tranche de pain de mie et tomate avant partir à pied vers 18h30 photographier le premier groupe pour revenir trois heures plus tard trier les images avant de me coucher.

Je me pose la question du bien fondé de la gratuité du festival. D’après les anciens, lorsque le billet d’entrée était de vingt ou trente euros, les salles étaient combles et les artistes qui se produisaient avaient un certain renom. « C’était mieux avant… ».

J’avais rêvé de tango argentin au soleil, de folk irlandais sous les étoiles, de bal musette entre les arbres, pas de danse créole dépressive en salle ou de Piaf sous bâche plastique noire.

Le trio de Schubert

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Mon épouse joue du violoncelle et du piano. Le violoncelle en orchestre (enfin l’an passé et peut-être l’année prochaine) et le piano sous toutes ses formes : en solo, à quatre mains, en duo, en trio et bientôt semble-t-il en quatuor. 

Cette année elle travaille le trio de Schubert Op 100, une pièce pour deux flûtes de Franz Doppler sans parler de Ma Mère L’Oie de Ravel à quatre mains et d’une suite pour violon et piano jazz de Claude Bolling. Oui, ça fait beaucoup !

Une partie des répétitions se déroulent à la maison autour du Schimmel qui n’avait jamais connu autant d’invités. Autant dire que ça défile les soirs de semaine et le week-end. Les vélos s’entassent dans les dépendances, les manteaux pendent aux chaises, les étuis de violoncelle, de violon et de flûte encombrent les canapés du salon, trois chevalets tournent autour du piano et des piles de partitions traînent un peu partout, de la cuisine jusque dans la chambre, et même sur le lit conjugal.

Pauvres voisins ! Ma chérie joue Schubert avec deux trios différents avec pour objectif de se produire à quatre occasions dont une à la maison. Le Doppler a été interprété au conservatoire de Strasbourg le 2 juin en prélude au concert de l’orchestre Delius. Mais Schubert a été également sélectionné pour remplacer un quatuor de Mozart si bien que ma chérie jouait sur scène presque aussi longtemps que l’orchestre lui même.

Sur notre calendrier je vois cochés le vendredi 17, le samedi 18, le lundi 21, le jeudi 23, le vendredi 24, le samedi 25 et le dimanche 26, réservés pour la musique alors que pour ma part j’ai noté le vendredi 17, le mardi 21, le vendredi 24, le samedi 25, tous pris par la photo et l’astronomie. Nous avons un dimanche et un mercredi de libres ensembles pour nous voir. Heureusement que nous travaillons dans la même boite.

J’ai perdu le compte des auditions programmées et des prénoms des musiciens : Clara, Olivia, Shara, Lila, Florent, Rémy, Adrien, Delphine, Audray … « Bonjour, c’est gentil de nous accueillir chez vous, on ne fait pas trop de bruit ? ». La maison est un véritable moulin à musiciens et quand ils ne sont pas là, le piano résonne dans la maison accompagné par un CD ou un vieux vinyle de Schubert enregistré en 1976 pour avoir un son plus organique.

Bien évidemment, en tant que conjoint, je suis également son premier fan. J’assiste à presque toutes les répétitions, de toute façon, même avec un casque à réduction bruit je reste aux premières loges et je vais aux auditions. Je ne suis pas obligé, mais si je n’y vais pas, que va-t-elle penser de moi ? Qui la soutiendra avant, qui lui dira si c’était bien après, qui fera les photos ? (Ok, pour ce dernier point c’est l’excuse). Bon des fois, elle ne veut pas que je vienne, comme pour le 2 juin par exemple, alors je n’y suis pas allé.

Peut-être qu’en lisant ces lignes, vous allez vous imaginer que ma vie est un enfer. Ma vie est effectivement un enfer, mon enfer personnel. Mais la musique c’est ma vie, que ce soit la musique classique ou le rock. Il y a presque toujours de la musique qui résonne dans la maison, jouée ou enregistrée. Et une des qualités qui m’a séduit chez mon épouse, outre son charme irrésistible, c’est qu’elle est musicienne et joue du piano. Alors si la maison est envahie d’instruments avec les personnes qui vont bien, je ne vais pas me plaindre. J’ai droit à plein de récitals privés dans le salon et je suis très fier de ma musicienne adorée.

Chemtrails

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Faut croire que je les attire. Ou alors ce sont les sujets comme la photographie, l’astronomie ou la météorologie qui les stimulent. Quoiqu’il en soit, ils collent à mes baskettes.

Lors du vernissage d’une exposition photo je me suis retrouvé piégé dans une discussion sur la météo. Il fait dire que depuis des jours il pleut à verse sur notre belle région détrempée. J’expliquais le fonctionnement de notre chaîne de prévision à quelques personnes, car oui la météorologie garde encore aujourd’hui un côté mystérieux, quand une personne à posé une question sur l’ensemencement des nuages. 

Il s’agit d’une technique assez empirique qui n’a pas vraiment fait ses preuves consistant à disperser des particules dans les nuages pour provoquer les précipitations. Les vignerons le font avec des fusées pour se protéger des chutes de grêlons (ça ne marche pas vraiment) et à Dubai ils ont joué avec cette méthode pour avoir de la pluie mais il semblerait qu’ils aient récolté de la grêle à la place. Quand je dis que c’est empirique…

Toujours est-il que d’une question, somme toute anodine, la personne a commencé à dériver sur les traînées des avions dans le ciel, ce que nous appelons en météorologie des cotras et qu’elle nommait des chemtrails, c’est à dire la condensation de la vapeur d’eau au passage d’un avion à réaction en haute altitude qui provoque ces traînées blanches dans le ciel bleu.

Mais rapidement elle dérape. « Les cotras sont de plus en plus denses et s’étalent dans le ciel . Ils ne sont pas formés de vapeur d’eau mais de produits chimiques rejetés pour provoquer des précipitations ou assécher des régions ». C’est un complot contre l’humanité.

Je n’ai même pas cherché à contredire la personne ni même à discuter plus en avant du sujet. D’expérience, pour en avoir côtoyé quelques-uns, je sais qu’on ne peut pas argumenter rationnellement avec ces gens. Je me suis discrètement éclipsé pour échapper au torrent d’imbécilités qui se déversait.

La terre n’est pas plate, les vaccins anti Covid ne glissent pas des nano particules dans notre organisme pour nous controller, personne n’a été kidnappé par un extraterrestre, le gouvernement ne contrôle pas le climat avec des avions de ligne et Poutine n’est pas à la solde de Trump.

Si les pluies sont de plus en plus violentes et la température moyenne de terre de plus en plus élevée, c’est à cause du réchauffement climatique et de nos activités humaines, pas parce que on ensemence les nuages avec des produits chimiques.

Je ne vais certainement pas convaincre les conspirationnistes avec ce billet, car pour eux l’explication la plus logique est forcément la mauvaise, il leur faut de l’extraordinaire et du paranormal dans leur vie. J’écris juste cela pour témoigner ici de la connerie humaine qui ne semble plus connaître aucune limite.