L’équation de Drake

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L’équation de Drake, inventé par Frank Drake en 1961, vise à estimer le nombre de civilisations extraterrestres avec qui nous pourrions entrer en contact.

Je vais vous proposer une nouvelle version de cette formule, afin d’estimer le nombre d’extraterrestres vivant aujourd’hui sur Terre comme ceux du film Men In Black ou bien de la série V.

Commençons par la première variable d’ajustement, le nombre d’êtres humains sur Terre. Pourquoi ce nombre ? Parce que tout le monde le sais, les extraterrestres se cachent sur notre planète en prenant l’apparence de l’espèce dominante, les humains. Vous n’avez pas regardé la série Les Envahisseurs avec David Vincent ?

Donc notre première variable P est de 8,000,000,000 à la louche. Ça en fait du monde.

Mais parmi les humains, combien sont des extraterrestres ? Déjà nous devons éliminer les femmes de l’équation, les aliens ne se cachent jamais dans le corps d’une femme. C’est beaucoup trop contraignant. Il n’y a que dans des films comme La Mutante que l’on fait croire ce genre d’inepties. 

Notre seconde variable d’ajustement S est donc 1/2 car il y a autant de femmes que d’hommes sur Terre, sauf en Chine suite à la politique de l’enfant unique.

Tous les aliens restent connectés à Internet 24 heures sur 24 pour communiquer entre eux. En effet leurs pouvoirs télépathiques sont fortement perturbés par la bêtise humaine qui parasite les ondes. D’après les statistiques, environ 70% de la population mondiale possède un accès à Internet. C’est notre troisième variable I qui a la valeur 7/10.

Les extraterrestres n’écoutent pas de musique contrairement à 90% de la population, ils écoutent du rock progressif, ce qui n’est pas la même chose notez bien. Il s’agit en effet de la seule construction sonore assez complexe pour chatouiller leur intellect évolué. C’est la variable M égale à 1/10. N’oublions pas que les amateurs de rock progressif ont presque tous plus de 50 ans. Et 30% de la population mondiale a plus de 50 ans. Voici notre nouvelle variable A qui est égale à 0.3.

Les aliens sont tous francophones, car il s’agit de la langue à l’orthographe la plus difficile à maîtriser, un challenge de plus pour nos aliens exilés. C’est la variable L. Les francophones représentent seulement 4% de la population, en forte baisse depuis la fin des colonies. Quelle misère !

Les extraterrestres vivant sur terre n’espèrent qu’une chose, quitter notre planète parce qu’elle est polluée et que son atmosphère sent les produits chimiques. Nous on appelle ça la chlorophylle. Du coup ils scrutent sans cesse le ciel avec des télescopes pour surveiller l’éventuelle arrivée d’un vaisseau mère. Et les astronomes amateurs ne représentent en France que 0,07% de la population. C’est la variable O

Les aliens lisent de la science-fiction, ça les fait mourir de rire tellement les récits sont absurdes. 86% des français lisent des romans et 82% d’entre eux lisent de la SF. C’est notre variable F égale à 0.7. 

Enfin les extraterrestres qui possèdent des matériaux rares en grande quantité, vivent très au-dessus de l’humain moyen. Ils rentrent tous dans le club très fermé des 1%, c’est à dire ceux qui possèdent plus de 1,8 millions d’euros de patrimoine brut. C’est notre dernière variable d’ajustement R qui est égale à 0.01.

Voilà, nous y sommes. Le nombre d’extraterrestres N se calcule ainsi avec l’équation Drake Le Brun :

N = P x S x I x M x A x L x O x F x R 

Il existe un moyen mémo technique tout simple pour se souvenir de la formule, c’est celui-ci : Forma Slip.

Quant au résultat théorique de cette équation, N égal à dix-sept.

Oui, l’équation Drake Le Brun prédit la présence sur Terre de seulement dix-sept extraterrestres cachés au milieu des huit milliards d’autres habitants. C’est peu. Ils pourraient être les rescapés d’un crash de vaisseau spatial, mais ce ne sont que des conjectures.

Ce qui est beau, c’est que la prédiction de l’équation Drake Le Brun est confirmée par l’observation. En moyenne, le blog Neoprog.eu reçoit un petite vingtaine de visiteurs par jour. Et ce blog parle principalement de rock progressif, d’astronomie et de science-fiction. Tous ses lecteurs sont donc des aliens.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans cet échantillon, c’est certainement à cause de la dernière variable. Celle des 1%. Mais je ne suis pas dupe. Je sais bien que vous trichez lors de votre déclaration de patrimoine…

Retrouvailles

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Lorsque j’étais adolescent, j’avais deux amis rencontrés autour de passions communes, l’astronomie, la Bretagne et la bibine. 

Malgré les années, la distance et les aléas de la vie, nous ne nous sommes pas perdus de vue, nous retrouvant au hasard d’un déplacement à Toulouse ou en Bretagne. 

Toutefois, nous ne nous étions pas revu tous les trois ensembles depuis de bien longues années. Et c’est Fab le toulousain qui a eu l’idée de ces retrouvailles en terres de Bretagne. Après qu’il ait trouvé un week-end qui convenait à tout le monde, un gîte dans un joli coin, j’ai pris mes billets de TGV Strasbourg-Rennes et j’ai préparé la valise.

C’était parti pour un long week-end entre mecs, mais sans alcool, sans filles et au régime car quarante-cinq années plus tard, nos corps d’adolescents avaient pris quelques rides et kilos.

Fab allait nous parler pré-histoire, Fanch d’histoire et moi d’astronomie probablement. Bref nous allions radoter.

Mais tout d’abord il fallait affronter près de 5h de train, et je déteste le train, je déteste voyager en fait. Heureusement que Fab venait me chercher à Rennes, m’épargnant une heure supplémentaire de transport ferroviaire jusque Saint-Malo.

À peine installés, après d’émouvantes retrouvailles – nous ne nous étions pas vus depuis des années tous les trois ensembles – nous avons investi le gîte au bord de la Rance et commencé les promenades. Trois jours durant nous avons peu dormi, roulé en voiture électrique, marché beaucoup, discuté énormément et mangé des crêpes, du far et des galettes saucisses.

Dinan, Dol de Bretagne, Saint-Cast, la Rance, la pointe du Groin, de menhirs en châteaux, de bord de bord de mer en campagne, nous avons écumé le pays gallo et ses merveilles. Nous avons également retrouvé nos joutes verbales intactes, comme si nous nous étions séparés quelques jours plus tôt. 

Certes nous avions vieilli et aux conversations archéologiques et pseudo philosophiques, nous avons ajouté nos problèmes de santé et ceux de nos enfants. Nos épouses ont vaguement été évoquées ici ou là, mais voilà, c’était un week-end de mecs, alors elles ont été un peu oubliées.

Ces trois jours ont passé trop vite malgré des levers matinaux et des couchers tardifs. Cependant, entre le manque de sommeil et une alimentation hasardeuse, nos organismes fatigués n’auraient probablement pas résisté très longtemps à ce traitement. Le dimanche matin Fab est reparti vers Toulouse, moi j’ai joué les prolongations à Lamballe avec Fanch avant de reprendre le train lundi matin vers Rennes puis Strasbourg, comatant dans les sièges peu confortables du TER puis du TGV.

Entre Lamballe et Strasbourg, j’avais plus de cinq heures d’attente à Rennes (oui j’avais bien mal organisé mon retour, la faute à un week-end très chargé en voyageurs). 

La ville de Rennes où j’ai vécu quatre ans, pendant mes études scientifiques. C’était pour moi l’occasion d’un pèlerinage au Colombier, le long des quais, sur la place du Parlement de Bretagne, chez Burger King, devant un cinéma désaffecté ou bien à l’entrée de la boîte de mes nuits de débauche. J’ai probablement fantasmé cette ville, contrairement à l’amitié de Fanch et Fab. Au bout d’une heure et demie, j’avais terminé un assez terne pèlerinage. Il me restait trois heures trente à patienter en gare.

Il se pourrait que nous renouvelions cette réunion d’anciens combattants chaque année, car il serait bien agréable de retrouver mes amis d’adolescence pour de nouvelles aventures. Nous verrons ce qu’en pensent nos épouses délaissées le temps d’un long week-end.

Les trois poubelles

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Je suis resté pendant deux heures en face de trois poubelles de tri sélectif en gare de Rennes. Vous me direz, il y a des manières plus palpitantes pour passer son temps. Mais voilà j’attendais mon TGV pour rentrer à Strasbourg et je trimbalais une valise trop encombrante pour faire du shopping ou du tourisme.

Mais revenons aux trois poubelles : une poubelle marron pour les bio déchets, symbolisés par un trognon de pomme, une peau de banane et un morceau de pain, une poubelle jaune pour les matériaux recyclables, symbolisée par un journal, une bouteille, une boîte en carton et une canette, et enfin une poubelle grise où était marqué « le reste ici » avec le dessin d’une poubelle.

Presque à chaque fois, les voyageurs ayant des déchets à jeter, s’approchaient des conteneurs en les observant de manière dubitative. Et probablement pris d’un doute, deux fois sur trois, ils remplissaient la poubelle grise, celle des matières non recyclables et non bio dégradables. Bouteilles, sacs plastique, canettes, restes de sandwich, fruits, tout terminait dans la poubelle grise. La poubelle jaune était presque vide, la marron immaculée.

Les gens n’avaient-ils pas vu les pictogrammes ? Ils n’arrivaient pas à associer leurs déchets avec les dessins ? Ou bien n’avaient-ils pas compris le principe du tri sélectif ? Les pictogrammes étaient-ils trop obscurs ? Les voyageurs étaient-ils trop pressés ? N’en avaient-ils rien à foutre ? Deux français sur trois seraient-ils de gros porcs ?

Souvent l’humanité me désespère mais c’est en écrivant ces lignes pleines de fiel que je réalise que je bois dans une bouteille plastique alors que mon voisin dans le wagon qui nous ramène à Strasbourg, boit dans une gourde en métal. Même si je recycle mes déchets le mieux possible, je continue de contribuer à leur production…

Les poupée russes

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J’aime bien ranger mes affaires dans des boites et les boites dans des boites. Il s’agit certainement d’un toc mais c’est également un moyen de transporter les objets fragiles en toute sécurité. J’ai plein de boîtes, de sacs et de housses à la maison.

En astronomie, le rangement du matériel est sensible pour plusieurs raisons : le matériel est lourd, fragile, cher et il ne faut rien oublier, sinon la soirée d’observation ou de photographie tourne court.

J’ai rapidement trouvé une valise pour les oculaires et la housse de transport pour le Celestron 8 n’a pas tardé. Ensuite il y a eu la monture équatoriale AM5 livrée avec sa valise. Mais la mallette n’était pas prévue pour emporter l’Asiair, la caméra et la lunette guide, sans parler des câbles. 

Plus tard, j’ai ajouté une lunette Sky-Watcher livrée avec sa mallette à mon setup. Sauf qu’à celle-ci j’ai ajouté un réducteur de focale. Et un réducteur de focale implique du back focus et donc des bagues d’allonges, ce qui rend la lunette plus longue de huit centimètres sans la caméra. Evidemment elle ne rentre plus dans la valise Skywatcher.

Alors longtemps j’ai transporté la lunette en pièces détachées dans plusieurs valises ce qui impliquait de fastidieux montages et démontages dans le noir, les doigts engourdis par le froid. Et puis j’ai trouvé une grosse mallette pour fusil d’assaut afin de tout ranger dedans. Mais la mallette était trop lourde et ne rentrait pas dans le coffre de la voiture. Alors j’y ai rapidement renoncé. Elle a trouvé preneur chez un autre astronome amateur qui possède une plus grosse lunette.

L’autre problème restait la monture AM5 à laquelle je fixe l’Asiair et la lunette de guidage. À chaque sortie il fallait assembler et brancher tous ces équipements à la lumière d’une lampe rouge sur la monture équatoriale.

Dernièrement j’ai trouvé enfin un fabricant de mallettes avec une large panoplie de tailles et dont le poids semblait raisonnable. J’ai commandé une boîte remplie de mousse découpable suffisamment grande pour contenir la monture avec l’Asair et la lunette guide assemblés ainsi qu’un peu de place pour un iPad, la caméra et des câbles. Autant dire une caisse à plusieurs milliers d’euros.

Restait le problème de la lunette et de son train optique complet. Soixante centimètres de long à transporter dans une caisse rigide pas trop lourde dans laquelle je pourrais également ranger la boîte à flat, le masque de Bathinov et le bandeau chauffant.

J’ai demandé conseil à un vendeur spécialisé qui m’a proposé plusieurs solutions pas vraiment satisfaisantes. Si bien que je me suis décidé, faute de mieux, à tester une housse pour ranger des flashs photo. Le produit pouvait transporter la lunette avec son train optique complet, caméra et porte filtre compris, mais il fallait emballer l’optique dans une housse supplémentaire pour la protéger des chocs. Cela ne m’emballait pas vraiment.

C’est en remettant mon train optique à plat, en rapprochant le porte filtre de la caméra et en changeant la bague d’allonge, que j’ai eu une idée. La lunette, privée de la caméra et du porte filtre, rentait tout juste dans la valise Sky-Watcher moyennant quelques coups de cutter dans  l’emballage. La caméra et le porte filtre pouvaient être rangés quant à eux dans la valise de la monture. Le train optique ne serait pas complètement assemblé mais assez simple à monter malgré tout. De toute manière, la caméra va également se fixer sur le télescope les nuits où j’aime prendre des risques.

Restait le problème des contre-poids, respectivement de 5, 3 et 1 kg, qu’il faut bien emporter lors des soirées photos avec le Celestron. Jusqu’à présent je les rangeais dans une housse souple pas franchement appropriée dans laquelle les poids roulaient librement. Et huit kilos qui se baladent de droite à gauche, c’est peu pratique.

C’est chez Action, alors que je cherchais un nouveau paillasson, que j’ai trouvé la petite boîte miracle, juste à la bonne taille, pour transporter les trois contre-poids. Il faut jusque que je pense à ne pas utiliser la sangle qui risque de se rompre sous la charge.

En résumé j’ai trois valises, une housse cylindrique, une boîte de contre-poids deux trépieds, une batterie, un transat, une table de camping, une couverture, deux Thermos à emporter lorsque je pars faire de l’astrophoto. 

Il ne me manquait plus qu’un chariot pour faire la navette entre la voiture et la maison, parce que trimballer mon propre poids sur cinquante mètres, c’est dur !

Sortir de Google

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Dans le cadre du boycott des entreprises américaines, j’ai décidé de contribuer à ma manière en quittant Google. 

J’utilise Gmail depuis des années, Google Drive et Docs abondamment pour rédiger mes articles. Toute ma vie se trouve sur les serveurs de la GAFA américaine.

Mais comment sortir de cette dépendance et trouver des outils alternatifs ?

Une solution se trouve en Europe, enfin presque en Europe. Elle se nomme Proton comme le lanceur lourd russe. Proton propose un mail et du stockage gratuit, sûr, confidentiel et sans publicité, à part les leurs bien entendu. J’ai donc installé sur mon iPhone l’application Proton Mail et ouvert un compte sur cette plate-forme suisse indépendante et neutre réputée pour sa confidentialité légendaire.

Pour certains de mes échanges, j’utilise des adresses mail liées à mon nom de domaine neoprog.eu qui sont ensuite re rooté sur mon adresse gmail.com. Pour ces trois adresses, la migration est donc des plus simple. Depuis mon iMac, j’ai configuré la redirection de ces mails chez mon hébergeur français OVH. Cocorico !

Le plus compliqué a été ensuite de lister tous les sites et applications sur lesquels j’avais ouvert un compte avec mon adresse Gmail afin de les migrer sur Proton. Oui parce que pas question de continuer à utiliser Gmail et faire du commerce avec les ricains et leurs taxes douanières. Un boycotte est un boycotte !

C’est là que j’ai découvert la seule faille de ma démarche. Je pouvais certes sortir de Google sans trop de dommage au prix de quelque sacrifices, mais il m’était impossible de renoncer à des sites comme Adobe, PayPal, Amazon, Apple, Bandcamp, Facebook, YouTube, WhatsApp, Bluesky ou Flickr. Des applications que j’utilise au quotidien et qui possèdent, pour la plupart, leur siège social en Californie.

J’espérais porter un coup fatal à la politique de Donald Trump en attaquant directement l’économie américaine là où ça fait mal, mais s’il y a bien une personne qui risque de pâtir de cette démarche, c’est bien moi. Je suis complètement dépendant de l’économie américaine et des GAFAs.

Alors voila, j’ai créé une adresse Proton Mail pour rien. A la place, je vais me lancer dans le zéro déchet.

Le mardi c’est permis

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Suisse, Lorraine, Champagne, Bourgogne, Franche-Comté , tel a été le programme de mes mardi et parfois mercredi depuis quelques semaines. 

En voiture, TER ou bien TGV, avec un départ vers 6h du matin et un retour entre 18h et 22h, j’ai arpenté le grand Est de la France, ses trains, ses retards, ses bus, ses trams, ses routes et ses bouchons.

Petit déjeuner sur le pouce, restaurant le midi et le soir, hôtel inconfortable, j’ai visité des centres livrés à eux mêmes.

Placez quatre personnes dans deux-cent mètres carrés immaculés avec zéro responsable sur place pendant quelques mois et laissez mijoter.

Lorsque vous revenez après une longue absence dans ces lieux abandonnés des dieux, vous faites d’étonnantes découvertes. 

Les agents, manquant d’espace à leur domicile, commencent à entreposer leurs encombrants dans les locaux professionnels. Vélos, four encastrable, débroussailleuses, cartons, étagères et j’en passe. 

Les papiers, revues, documents administratifs s’empilent en tas à même le sol en attendant que quelqu’un passe s’en occuper. 

Les meubles hors d’usage subissent le même sort, stockés en pièces détachées dans des bureaux inoccupés. 

Les produits des pharmacies sont périmés alors que les cartons contenant les recharges sont soigneusement rangés, encore emballé juste à côté. 

Des produits inflammables et du papier sont entreposés dans un local électrique où le risque d’incendie est maximum. 

La consigne de chauffage est à 22 degrés au lieu des 19 imposés et plein de mobilier est aux abonnés absents, chaises, bureaux, armoires, lampes, étrangement volatilisés.

Et chez eux, c’est comment ? Des fois l’être humain me désespère…

La nuit

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J’aime la nuit, son silence, la végétation qui respire, l’obscurité, cet engourdissement qui s’empare de mon corps et la douce illusion de liberté créée par la fin de toute cette agitation diurne.

Quand j’y réfléchis bien, j’ai toujours été fasciné par la nuit et j’ai souvent profité de mes passions lorsque les autres dormaient. 

Enfant, je veillais en cachette très tard, me racontant des histoires d’astronautes caché dans mon lit. Adolescent je programmais mon Commodore 64 en langage machine jusqu’au lever du soleil ou je scrutais les étoiles avec des amis. 

Étudiant, j’ai découvert le jeu de rôle avec ses interminables parties autour d’une table s’achevant lorsque les autres partaient s’asseoir dans les amphithéâtres.

Jeune papa, il y a eu les biberons toutes les trois heures avant de partir travailler en mode comateux, la tête dans le brouillard. C’est à cette époque que la nuit a d’ailleurs perdu un peu de sa magie et que toute heure de sommeil grappillée est devenue une bénédiction.

Et puis les enfants ont grandi et j’ai recommencé à veiller tard pour aller écouter des concerts de rock, puis assister à des festivals et leurs nuits blanches.

Aujourd’hui, même si je vais encore à quelques concerts, c’est principalement l’astronomie, m’entraîne dans de longues nuits blanches, parfois dans un froid mordant.

Mais je n’ai plus dix-huit ans et les nuits sans sommeil se payent au prix fort. Avant je récupérai jusqu’à midi passé, aujourd’hui, quelque soit l’heure du coucher, je suis réveillé entre six et sept heures. À la quiétude de la nuit fait place l’agitation matinale, la lumière crue du soleil, le bruit de la rue et l’odeur puissante du café qui va tenter de remettre sur pied le noctambule et ses trois heures de sommeil.

Non content d’être épuisé, je ne peux m’empêcher de m’agiter comme en regardant les images réalisées pendant la nuit, quatre heures de suivi sur une nébuleuse ou bien trois cent clichés d’un concert de rock. Et une fois que je suis devant l’écran, face à ces images, je ne résiste pas à l’envie de les traiter.

Généralement je travaille ainsi jusqu’à midi, aidé de quelques cafés, les yeux qui piquent, le cerveau qui ne distingue plus ce qui est beau de ce qui est laid. C’est l’heure à laquelle je m’effondre, où le chat risque sa vie s’il miaule dans le salon et où je décide que mon travail de la nuit ne vaut absolument rien. L’heure où je me décide à faire enfin une pause et où mon épouse me propose d’aller faire une randonnée en montagne parce qu’il fait beau dehors alors que je n’aspire plus qu’à dormir. Vivement la nuit.

La gueule de bois

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Entre de multiples déplacements dans le Grand Est pour le travail, une nuit tardive au Champ du Feu, un régime draconien avant une prise de sang, un concert Chez Paulette, ce foutu passage à l’heure d’été et un nouveau rhume qui m’est tombé dessus samedi, j’ai une sévère gueule de bois.

Par chance j’avais enregistré ma Chronique en Images mercredi et j’ai encore deux albums d’avance dans les tiroirs. Parce que je serai bien incapable d’analyser quoique ce soit en ce moment. J’écoute en boucle un disque de métal grec depuis presque une semaine sans être capable d’écrire une ligne à son sujet. Je me traîne du canapé au lit, le ventre creux, le nez bouché et les paupières lourdes, lisant quelques pages d’un roman avant de sombrer dans les bras de Morphée pour une heure ou deux.

Les prévisions annoncent du ciel clair pour la semaine, mais étant donné mon état et un nouveau déplacement programmé à Reims puis à Langres, je ne sais pas si j’aurais le courage de sortir la lunette pour la nuit.

Ne vous y trompez pas, je ne me plains pas. Je m’éclate entre la photographie, la musique et l’astronomie (le travail c’est une autre affaire). Mais la privation de fromage, de biscuits, de sucreries et de grignotage entre les repas met à rude épreuve ma volonté. 

Mon généraliste s’inquiète du bon fonctionnement de mes reins, de mon taux de cholestérol. Mon urologue s’inquiète du niveau de mes PSA et moi pour mon estomac qui gargouille. J’ai déjà perdu deux kilos en quinze jours en évitant la pause café de neuf heures avec les collègues et en bannissant les biscuits et le comté de la liste des courses. Par contre je bois de l’eau, beaucoup d’eau, des litres d’eau, ce qui fait de moi un homme fontaine.

Vous n’avez rien à déclarer ? J’ai faim. Qu’est-ce que vous avez là ? Un creux.

Tout ira mieux après la prise de sang. Je pourrais boire de la bière à la place de l’eau, me jeter sur les plateaux de fromages avec un verre de vin et du pain, et me bâfrer de viennoiseries. Certes je triche un peu, mais qui a envie de passer au bloc, de prendre un traitement supplémentaire ou de recommencer toute une batterie d’examens douloureux et intrusifs ? Vous ?

Vendredi si tout va bien, je pourrais reprendre un régime gascon et monter au Champ du Feu refaire la photographie de la nébuleuse de la méduse que j’ai lamentablement gâchée vendredi dernier en croyant bien faire. Presque 4h d’images bonnes à mettre à la poubelle en voulant pousser trop loin la sensibilité de la caméra. Je monterai avec un gros bout de fromage, du pain, des tranches de cake aux fruits confits et une bière rousse pour faire tout passer.

Je me sens déjà mieux tout à coup. 

Haroun Tazieff

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Je n’ai jamais volé aussi loin de ma vie. Quatre heures et vingt minutes depuis Strasbourg. Tout ça pour aller se perdre sur une petite île au milieu de l’océan Atlantique. Un caillou volcanique aride balayé par les vents et brûlé par le soleil.

Pourquoi Lanzarote ? Parce qu’il y a un vol direct Strasbourg Arrecife une fois par semaine desservi par une compagnie low cost et que les autres destinations, à savoir la Corse, la Sardaigne, l’Italie, le Portugal ou l’Espagne, on a déjà donné. Bon d’accord, techniquement les Canaries font partie de l’Espagne, mais c’est quand même pas pareil.

Maisons blanches, cactus, palmiers, volcans, mer de lave, océan, îles et soleil avec 22 à 24 degrés au programme, le tout dans une maison de 95 m2 avec piscine, jacuzzi et vue sur mer, au sud de Lanzarote. Il y a pire comme destination de vacances, surtout quand il fait 8 degrés avec de la pluie en Alsace.

Pour la voiture, j’aurai dû choisir la même catégorie que le logement. La Fiat 500 cabossée qui peine à dépasser les 60 km/h dans les montées, gère également difficilement les chemins en terre défoncés qui conduisent à de nombreux paysages grandioses. Impossible de se garer en bord de route par exemple, l’accotement se trouve souvent 20 cm en dessous du bitume. Trouver un endroit pour se garer et prendre une photographie relève de l’impossible, surtout dans le parc des volcans.

J’ai toujours adoré les déserts et je suis fasciné par les volcans. À Lanzarote, je suis servi. Plus de trois cents volcans et la moitié sud de l’île recouverte de lave où ne pousse que de rares lichens. Un paysage de désolation. J’adore !

Pour la culture, sorti de l’artiste local qui a ‘embelli’ certains sites, c’est la misère. Pas de vestiges de civilisation antique, car s’il y en a eu, ils ont été ensevelis sous la lave. Restent des sites spectaculaires fait de pierre et d’océan, des paysages grandioses balayés par les vents.

Du nord au Sud à peine une heure de route, d’Est en Ouest la moitié. Des maisons blanches à un étage, des piscines bleues pour les touristes, des hôtels gigantesques sans cesse alimentés par des cars, des rosbifs et des teutons écarlates, des italiens bruyants, des retraités venus chercher de la vitamine D en rayon et quelques français égarés. 

Pas de champ, sinon de lave, quelques touches de vert sous forme d’un cactus, d’un palmiers, du lichen ou d’une vigne rachitique protégée dans des demies lunes de pierre volcanique. Ici tout est minéral, même le vin blanc sec. L’eau vient de l’océan, déssallée, imbuvable. Spaghetti à l’eau minérale, expresso sorti d’une bouteille plastique, alors tant qu’à boire en emballage, autant se déshydrater au vin et à la bière.

Il n’y a pas tant de choses à visiter sur l’île sorti des œuvres de César Manrique, l’artiste de Lanzarote. Bon d’accord, il y a le parc des volcans dans lequel je pourrais consacrer une année de photographie, mais voilà, on ne le visite qu’en bus fermé pour préserver le site. Il existe heureusement d’autres volcans que l’on peut explorer librement, d’ailleurs juste au-dessus de notre maison il y a la Montagne Rouge et son immense cratère que j’ai escaladé à plusieurs reprises le matin.

Étrangement les guides que nous avons consulté, passent sous silence de magnifiques endroits qui sont du coup assez peu fréquentés par les touristes comme Punta de mujeres, un village au bord de la mer avec plusieurs piscines naturelles fabriquées par les coulées de lave. Ces lieux ne sont pas vraiment aménagés pour les touristes, pas de panneaux, pas de parking, pas de commerces, mais le bouche à oreilles et les blogs conduisent quelques curiueux égarés dans ces paysages encore préservés.

Sur Lanzarote il y a des cratères, des tunnels de lave, des mers de roche volcanique déchiquetée, des plages de sable noir, des lagons verts, de rares moulins, quelques cactus, beaucoup de lichen, des murs de pierres ponce, des champs de gravillons noirs, des volcans noirs, gris et rouges et ces maisons blanches aux portes vertes surmontées de panneaux solaires et d’un ballon d’eau. Une terre de contrastes visuels saisissants qui font le bonheur d’un objectif photo.

Parti avec le Nikon Z6 et un objectif 24-200 mm pour voyager léger, j’ai très vite regretté de ne pas avoir emmené un ultra grand angle car Lanzarote vaut pour ses paysages grandioses à 180 degrés. J’avais tout de même amené un mini trépied pour photographier l’éclipse de lune du 14 mars, mais je ne me suis pas réveillé, épuisé par les longue marches au soleil, face au vent soufflant à 50 km/h.

Ce furent de très belles vacances, mais je ne crois pas que nous retournerons pas à Lanzarote même si c’est une île étonnante. Le bilan carbone du voyage, l’usine à touristes qu’est la côte sud et le fait qu’au bout de trois jours nous avions exploré les spots principaux, ne donnent pas forcément envie d’y faire un second voyage. Les volcans furent par contre une rencontre spectaculaire que j’aimerais bien renouveler en Islande par exemple. Reste à convaincre mon épouse…

Anomalie spatio temporelle

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Sur l’autoroute reliant Lyon à Strasbourg, la nuit est tombée. Les essuies glaces fonctionnent à plein régime. Mes yeux sont éblouis par les voitures me qui me croisent sur la voie de gauche. La radio radote les mêmes actualités depuis ce matin, lorsque je faisais le trajet dans l’autre sens. Les panneaux bleus égrènent impitoyablement les kilomètres me restant encore à parcourir. Le GPS annonce l’heure tardive d’arrivée et la distance restant à engloutir s’il je ne m’arrête pas et qu’aucun ralentissement ne vienne modifier le réglage du régulateur de vitesse bloqué à 130 km/h. 

Strasbourg 295 km annonce le panneau de signalisation. Le GPS m’indique quant à lui qu’il me reste encore 302 kilomètres à conduire. Étrange. Je ne vais pourtant pas jusqu’à Strasbourg, je m’arrête 7 km avant, dans la banlieue sud. Il ne devrait rester que 288 km de route. Aurais-je mal programmé l’itinéraire ?

Les lignes blanches défilent, les aires de repos éclairent brièvement l’obscurité, les camions se traînent sur la voie de droite et, alors que les roues avalent les kilomètres, l’écart entre le GPS et les panneaux indicateurs s’amenuise pour finalement disparaître à proximité de la ville de Besançon.

Je ne suis pas le premier à avoir observé cette troublante distorsion spatio temporelle. La fatigue de la route n’explique pas tout car mes passagers ont également noté cette anomalie. Il suffit de savoir lire et compter.

Certains avancent l’hypothèse d’une erreur de signalétique corrigée petit à petit  et en douce par les services autoroutiers pour masquer une grosse bévue. D’autres inventent un bug dans le logiciel du GPS qui se retrouvait également sur Waze et Google Maps. Pas crédible ! 

Moi je pense que quelque part entre Tournus et Besançon des entités extraterrestres volent quelques minutes de notre existence alors que nous sommes concentrés au volant. Mais pour quelle raison me direz-vous ? Pour procéder à des expériences sur notre cerveau et préparer l’invasion de la Terre évidemment.

D’ailleurs je suis persuadé que les ETs viennent de s’en rendre compte. Alors que j’approche de Belfort, la neige se met soudain à tomber et bientôt plusieurs centimètres couvrent la chaussée. Et tout le monde sait bien que le passage dans notre atmosphère de vaisseaux extraterrestres s’accompagne de distorsions temporelles et d’un brutal refroidissement de la température. Une preuve de plus.

Lorsque j’arrive enfin à destination je suis anormalement fatigué. Parce que sérieusement ce ne sont pas douze heures passées assises dans un siège confortable qui vont épuiser un homme dans la force de l’âge. Il s’agit nécessairement des expériences que l’ont fait subir les extraterrestres pendant ses six minutes volées. Mais que m’ont-ils donc fait ? Certainement des expériences sexuelles. Pourvu que je porte pas en moi un alien en gestation.

Bon, on verra cela demain matin au petit déjeuner. En attendant je vais me coucher. Je suis trop fatigué.