La Panne

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Peut-être est-ce parce que je suis sous l’eau, au sens propre comme au figuré, toujours est-il que depuis quelques temps j’ai vraiment du mal à trouver des albums qui m’enthousiasment. 

J’ai acheté dernièrement pas mal de disques d’artistes que je suis depuis longtemps et qui n’auront pas de chronique ici car je ne leur trouve rien de vraiment particulier. Le Jo Beth Young m’a laissé indifférent, le Kyros m’a agacé, le Alase n’a pas su me séduire et j’ai été partagé par Madder Mortem. 

Bref je suis en panne.

J’attends pas mal de sorties comme IZZ, Marjana Semkina, Rendezvous Point, Airbag ou Evergrey mais je me demande si l’une d’entre elle saura me secouer suffisamment pour que j’en parle dans les chroniques.

Un des CDs qui tourne en boucle en ce moment à la maison vient du label Deutch Grammophon pas vraiment spécialisé dans le rock progressif. Il s’agit d’un quatre mains au piano de Prokofiev et Ravel joué par Martha Argerich et Mikhail Pletnev. Une merveille ! Vous voyez à quel point la crise est profonde.

Imaginez votre trombine si je me mettais à parler de musique classique dans les Chroniques en Images. Déjà qu’avec du Gleb Kolyadin je n’en étais pas si loin, mais si je donne dans le Wagner et le Rachmaninov je vais me retrouver très seul sur Youtube.

Rassurez-vous j’écoute toujours de la musique. Je surfe sur Bandcamp à la recherche de la perle rare et comme je ne trouve pas grand-chose, je me replonge dans la collection de vinyles et de CD qui recèle quelques valeurs sures.

Je me suis retourné vers le mur de CD et j’ai pioché un peu au hasard des disques que je n’avais pas écouté depuis très longtemps : IQ, Ravel, Klone, Dream Theater, Schubert, Tiles, Transatlantic, Prokofiev, Marillion… quand j’arriverai à Selling England By The Pound j’aurai fait le tour de la collection, mais j’ai pas mal de temps encore devant moi.

En attendant que je le ressaisisse, vous pouvez toujours me proposer vos découvertes, qui sait, je trouverais peut-être mon bonheur si vous évitez le post-rock instrumental, la pop, l’électro, le prog seventies, les cover Pink Floyd et Porcupine Tree, le metal trop trash, les pseudo Mike Oldfield, le Punk, le Grunge, le Classic Rock, les trucs datant d’un siècle, le symphonico choucroute et tout le reste. 

C’est grave docteur ?

Indice Kp

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Le samedi 11 mai 2024 vers 1h locale, l’indice Kp atteignait sa valeur maximale théorique à savoir 9.0. Le soir même, grace au médias, les routes des Vosges, les parkings situés en altitude connurent une affluence record pour un jour sans neige.

Coïncidence du calendrier, c’est ce même soir qu’avait choisi la SAFGA pour monter au Champ du Feu pour sa rencontre astronomique annuelle. Pour la première fois, la nouvelle équipe de chauffeurs sortait le télescope de 600 mm de son garage pour une nuit d’observation.

Au volant du 25 m3 de 3.5 tonnes je n’en menait pas large sur les routes tortueuses et étroites conduisant aux sommets vosgiens. Les ruelles des villages, les ralentisseurs, les chicanes, les tracteurs et quelques mauvais choix d’itinéraire transformèrent une heure de route en une épopée épique.

A notre arrivée, de nombreux instruments astronomiques se dressaient sur le parking, déjà pointés vers un soleil radieux particulièrement en forme. De nombreux bados s’étaient également confortablement installées près des astronomes amateurs avec leur picnic, assis sur des chaises pliantes pointées vers le Nord.

Une fois la camionnette stationnée sur le parking déjà bien rempli et le six cent sorti et assemblé, les choses sérieuses purent débuter : l’apéritif organisé par l’association…

Le temps de boire une bière agrémentée de quelques cacahuètes (il est dit que les arachides sont des protéines incomplètes parfaitement équilibrée par la présence du houblon), la nuit tombait et commençait alors un étrange spectacle.

Des centaines de voitures, tout feux allumés, musique à fond, arrivaient par grappes, tentant de trouver une place de stationnement sur un parking bondé. Cela donnait une impression de fête foraine ou de bord de plage en plein été avec tous ces gens absolument pas équipés pour une nuit d’observation débarquant dans notre havre astronomique.

La route se transforma vite en parking improvisé et le parking en voie de délestage. Les curieux commencèrent, telle une marée humaine à nous envahir et poser des questions : vous avez vu une aurore, dans quelle direction faut-il regarder, ça commence à quelle heure, c’est quoi une aurore exactement, vous faites quoi avec vos appareils ? Bref un chaos bon enfant mais guère propice à l’observation du ciel.

Malgré un indice Kp de 8.4, nous n’avons vu que de timides draperies presque incolores dans le ciel. De guerre lasse, les touristes auroristes désabusés sont redescendus vers minuit rêver d’ours polaires en extinction et de banquise fondue.

Nous, nous avons pu débuter les observations plus sereinement : la lune, la galaxie du tourbillon, le sombrero, la comète Tsushichan-ATLAS, l’aiguille et plein d’autres objets magnifiques dans l’oculaire d’un télescope exceptionnel.

Nous n’étions plus qu’une poignée vers quatre heure du matin quand sagement nous avons décidé de remballer le matériel. Le soleil se levait juste lorsque nous sommes rentrés à Strasbourg après avoir rangé l’obsmobile dans son hangar. Après je ne sais plus. J’ai dû m’endormir heureux. L’indice Kp n’était plus que de 1.67 lorsque je me suis réveillé.

La bonne odeur des sapins

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PSA à 6.54, creatinine à 130, monocytes en hausse, deux prises de sang, une analyse d’urine et quelques échographies plus tard, l’inquiétant spectre du rein fracturé se réinvite à la maison après six années de trêve des blouses blanches. 

Ce qui devait être un contrôle de routine devient une surveillance rapprochée du métabolisme. Quand le médecin vous appelle trente minutes après l’arrivée des résultats du laboratoire, ça sent clairement le sapin.

Le plus désagréable là-dedans c’est l’incertitude. D’abord on parle de la prostate puis on s’oriente vers les reins. Crise passagère, simple manque d’hydratation, rechute, cancer ? Les scénarios se bousculent dans ma tête et de vieilles douleurs ressurgissent dans le corps, comme la réactivation par la mémoire de traumatismes jamais totalement effacés.

Il faut plus de trois semaines pour obtenir un rendez-vous radiologique et pendant ce temps là, je gamberge.

Évidemment les échographies des reins, du foie, de la prostate et de la vessie ne révèlent rien d’anormal ce qui est à la fois rassurant et inquiétant.

Le médecin cette fois est nettement moins réactif et se veut rassurant. On fera de nouvelles analyses dans quelques mois pour voir si cela évolue dans le bon sens ou non et on avisera. Bon soit je suis foutu, soit elle n’est pas inquiète.

J’ai les reins en bouillie et des douleurs lancinantes dans le flan gauche comme après l’accident. Douleurs psychosomatiques ou retour d’une vieille copine, l’hernie discale post traumatique après une séance photo acrobatique, on le saura au prochain épisode à moins que je me remette à pisser du sang.

La cargaison

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Comme vous ne le savez pas, nous sommes partis en vacances pendant une semaine dans le sud-est de la France. Une semaine au soleil dans un gite pas très loin de ma belle famille.

Qu’est-ce que vous emportez lorsque vous partez en vacances ? Un maillot de bain, un bouquin, des lunettes de soleil, ce genre de truc. Ben pas nous. Enfin si mais pas que ça.

Pour ma part, je prends toujours un appareil photo, parce que les vacances c’est l’occasion de capturer de nouveaux paysages. Mais depuis quelques temps, j’ai renoué avec l’astronomie qui est une vielle passion et étant donné que le ciel n’est pas vraiment clément depuis le mois d’octobre, j’espère qu’en allant vers le sud, ce sera un peu mieux. 

Donc j’emmène également une monture équatoriale, une lunette, des oculaires, un télescope et des batteries sans parler des accessoires indispensables comme les contrepoids, les câbles et les adaptateurs. Largement de quoi remplir un coffre.

Ma femme, elle est musicienne et doit se produire cinq fois en public d’ici la fin de l’année avec plusieurs oeuvres à travailler. Elle emporte donc un piano numérique mais comme son second instrument est un violoncelle, les places arrières vont être prise par son étuis. 

Avec tout cela, la voiture est remplie. Mais comme Gaston avec sa valise à piles, il fallait trouver une petite place pour la brosse à dent et le dentifrice, sans parler des vêtements et des livres.

Au final, il a fallu faire quelques sacrifices. Piano et violoncelle ne tenaient pas ensemble à l’arrière de la voiture. Mon épouse n’a conservé que le clavier numérique. Et une fois la valise rangée dans le coffre, il n’y avait plus de place pour le Celestron et la valise à oculaires, j’ai dû me contenter de la lunette avec la petite monture ZWO.

Même avec nos deux enfants, on n’avait jamais été aussi chargé pour partir en vacances. Il va bientôt nous falloir un camping car avec une coupole sur le toit ainsi qu’une salle de concert à l’arrière.

Image empruntée à Franquin.

Simplification adminsitrative

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M. Le Président. Comme nombre de vos prédécesseurs, vous prônez l’allègement des normes et la simplification des règles administratives. 

Bien des technocrates se sont attelés au problème depuis le début de la cinquième république et ils n’ont réussi qu’à rajouter de nouvelles règles à l’édifice. 

Par exemple, au travail, pour commander un Bic, il faut demander un devis, un extrait de Kbis, un RIB, produire un bon de commande, faire signer le devis, établir un certificat administratif attestant que le RIB est bien celui du commerçant, trouver la famille homogène du crayon, ventiler la dépense dans une enveloppe budgétaire, dégager des AE, produire un engagement juridique, noter sur le bon de commande cet engagement ainsi que le code service et le SIRET, envoyer le bon de commande au fournisseur, lui rappeler qu’il devra déposer la facture sous Chorus Pro avec ces informations, effectuer l’attestation de service fait lorsque le Bic arrive sur votre bureau après avoir vérifié qu’il écrit bien, mettre en paiement la commande puis décaisser les CP, à condition bien entendu que la facture soit conforme aux règles en vigueur des marchés publics. 

Ça encore j’ai l’habitude, je m’y suis résigné. 

Par contre, je n’arrive toujours pas à comprendre pourquoi il est si compliqué de fixer un boîtier photo sur un instrument d’astronomie. Parce que là pour le coup, nous avons affaire à des scientifiques, pas des ronds de cuir !

Un Nikon Z6 possède une monture Z pour accrocher les objectifs. Il faut donc lui fixer un adaptateur T propriétaire qui se visse sur une bague T2 au filetage femelle M42. 

Vous suivez jusque là ? Mais voilà, le correcteur optique de ma nouvelle lunette – je vous en reparlerai – lui possède un filetage mâle M48 en sortie. Pour relier les deux vous aurez donc besoin d’une bague M48 vers M42. 

Ça va toujours ? Parce que le correcteur de champ possède en entrée un pas de vis M56 femelle et que la lunette elle a un pas de vis M54 femelle. Il est donc nécessaire d’intercaler une nouvelle bague M56 mâle vers M54 mâle.

Mais ça n’est pas tout. Entre le capteur du Nikon et la dernière lentille du correcteur de champ, il faut respecter une distance précise, ce que certains appellent le back focus, en l’occurrence ici 55 mm. Donc vous êtes obligé d’ajouter aux bagues et adaptateurs en place des tubes d’allonge de longueur précise au mm près en M48 ou M42 selon l’endroit où vous les installez.

Le back focus du Nikon Z6 est de 16 mm, reste donc 38 mm à trouver. J’ai donc commandé un jeu de huit tubes d’allonge M48 de 3 à 30 mm pour jouer au mécano. Normalement avec un 3 plus un 5 et un 30 mm je devrais atteindre la longueur requise pour respecter le back focus.

Et comble de malheur, selon les pièces mises bout à bout, le boîtier photo peut se trouver dans des orientations peu pratiques. Pour retrouver l’angle souhaité en fonction de l’objet à photographier, il est nécessaire de placer une bague rotative, en l’occurrence ici une M56 vers M54 qui va remplacer la précédente bague d’adaptation.

Du coup, entre le tube de la lunette et le boîtier photo, je vais aligner pas loin de cinq éléments les un derrière les autres. Merci aux différentes normes, marques, focales et optiques de nous simplifier la vie tous les jours. 

Finalement c’est presque plus simple de commander un Bic dans l’administration…

Comment je suis passé de Apple à Android

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A la maison on est Apple. iPhone, iPad, Apple TV, iMac. Pourquoi ? Parce c’est cher… 

  • L’iPhone parce qu’il est simple d’usage, qu’il possède une belle robustesse, qu’il est sûr et assez sexy. 
  • L’iPad parce qu’une fois que l’on a gouté à l’ergonomie de iOS on ne veut plus utiliser Androïd. 
  • L’Apple TV parce que ma box internet ne permet pas la VOD. 
  • L’iMac parce que j’en avais assez de changer de PC asthmatique tous les trois ans pour bosser avec Lightroom.

Pourtant, malgré ce culte voué à Steve Jobs, j’ai commandé, à mon grand désespoir, une tablette Android. 

Quelle crasse l’entreprise Apple m’a t’elle donc fait ? Aucune, Apple n’est pas en cause. C’est ZWO le fautif.

ZWO c’est l’entreprise chinoise qui commercialise l’Asiair, ce mini PC qui pilote la monture équatoriale du télescope. Et dernièrement ils ont déployé la version 2.12 du firmware sur leur application, celle qui tourne sur mon iPad. Et cette nouvelle version ne gère plus correctement mon boîtier photo. 

Je serai bien revenu à la version précédente du logiciel mais voilà, sur iOS on ne peut pas faire marche arrière. C’est un système fermé, sécurisé qui n’autorise pas ce genre de bidouille. Donc je suis condamné à attendre que ZWO corrige le bug.

Par contre, sur Android, la manip est réalisable. J’ai d’abord tenté d’installer un émulateur Android sur l’iMac pendant une après-midi. En fait j’en ai installé trois différents. Le premier tournant sur la machine virtuelle Parallels était tellement lent que j’ai dû renoncer à l’utiliser. Le second était un émulateur pour jeux sous Androïd et le troisième n’a jamais démarré malgré plein de mac bidouilles.

J’ai récupéré la tablette Android d’un copain pour faire quelques essais mais malheureusement celle-ci ne possédait pas suffisamment de RAM pour faire tourner le programme. Alors je me suis décidé à acheter une petite tablette Androïd pas cher. J’ai fait trois magasins : Boulanger, Auchan et Darty. Le prix plancher était de 150 € et le choix très limité. 

Alors j’ai commandé depuis le navigateur Safari de l’iMac une tablette Android sur Amazon. Une forme de double trahison qui me fait un peu honte. Ben oui, Amazon c’est mal mais après une heure et demie de vaines recherches à vélo pour trouver une tablette j’en avais marre. Et puis commander de l’Android sur une machine Apple, c’est clairement un constat d’échec dans la vie.

L’Android low cost est arrivé à la maison un soir et je me suis lancé dans les bidouilles. J’ai abaissé le niveau de sécurité applicative, téléchargé APKPure qui permet d’installer d’anciennes version logicielles et j’ai téléchargé les fichiers XAPK de versions précédentes de l’application Asiair.

La 2.1 a présenté hélas les mêmes symptômes alors je suis descendu à la 2.0. qui elle aussi posait les mêmes problèmes. Il faut bien comprendre que télécharger un XAPK c’est long comme de l’installer. Mais une fois l’application Asiair sur la tablette, il faut revenir au firmware usine du petit ordinateur pour ensuite tester la chose. Et l’application Android Asiair répond évidemment très mal, on n’est pas sous iOS, surtout avec un modèle low cost chinois, bref cela prend du temps.

Je suis descendu jusqu’à la version 1.9 que je n’avais jamais utilisée auparavant et le problème persistait. Du coup, ça ne pouvait venir que du Nikon Z6 II. Mais d’où ? 

J’ai donc vérifié tous les menus en vain. Il faut savoir que en astrophoto j’utilise le mode U3 du boîtier qui est personnalisé pour cette activité. Ça a de l’importance pour la suite. Un mode en RAW large sans compression, en manual focus sans gestion du bruit, de vignettage , de distorsion, ISO 1000 en Bulb.

En preview sur Asiair, les photographies fonctionnent. C’est lors du plate solving, la reconnaissance du ciel pour naviguer dedans, que l’ordinateur me signale un problème de format RAW. Et si je reviens en preview ensuite, le message persiste.

C’est là que j’ai eu un doute. Et si le mode plate solving basculait tout seul sur un autre réglage du boîtier ? Ça paraissait peu probable mais possible puisque l’Asiair pilote directement l’appareil. J’ai alors scruté le mode M sur le Nikon et surprise, celui-ci enregistrait les clichés en jpeg ! J’ai basculé la config en RAW et tout a soudainement merveilleusement bien fonctionné.

Du coup j’ai installé à nouveau la toute dernière version 2.12 de l’Asiair sur l’iPad, mis à jour le firmware et constaté avec amertume mêlée de bonheur que tout fonctionnait parfaitement.

Je me retrouvais toutefois avec une tablette Android neuve totalement inutile à la maison utilisée seulement pendant trois heures. Par chance, chez Amazon, il est possible de retourner ses achats et se faire rembourser intégralement. Je sais, c’est mal.

Donc voilà, je suis passé de Apple à Android pendant environ trois heures dans ma vie. Ça été dur, très dur, mais j’ai retrouvé mon iOS chéri et tout va beaucoup mieux.

Dématérialisation

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L’ère du papier est révolue. Les classeurs, les tampons encreurs, les stylos, les secrétaires ont laissé place au PDF, au web 2.0 et aux smartphones.

J’ai pris rendez-vous sur Doctolib pour un examen médical. La plate-forme m’a proposé un premier rendez-vous dans une vingtaine de jours avec toute une liste de spécialistes disponibles. Aucun n’était libre à la date en question. Après plusieurs essais j’ai compris la petite subtilité de l’interface qui consistait à ne pas choisir un praticien mais prendre celui proposé par défaut.

J’ai reçu ensuite un mail de confirmation avec un lien pour compléter un questionnaire. Un long questionnaire dans lequel je devais glisser mon ordonnance papier, ma carte d’identité plastifiée, mon attestation de sécurité sociale PDF et ma carte de mutuelle en carton. Évidemment, l’imprimante scanner HP a choisi ce jour pour ne plus dialoguer avec l’ordinateur.

J’ai du me débrouiller avec mon téléphone et AirDrop pour numériser tout ce qui devait l’être, le réduire à un format acceptable pour la plate-forme web et transmettre toutes ces informations au cabinet dématérialisé.

Après cette laborieuse inscription j’ai reçu un nouveau mail contenant un QR code à présenter le jour de mon rendez-vous. Sérieusement, un QR code !

Je n’ai ‘que’ 58 ans, je suis geek et j’ai travaillé dans l’informatique pendant de longues années. Le web, les QR codes, AirDrop, les scanners, je connais encore un peu. Mais comment peut se débrouiller une personne vraiment âgée qui ne dispose pas d’un smartphone ou ne sait pas s’en servir ? Elle meurt de vieillesse ou de maladie avant d’avoir obtenu un rendez-vous ?

Batmobile

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L’an passé, au Champ du Feu, lors d’une soirée d’astronomie organisée par la SAFGA, une grosse camionnette blanche s’était garée sur le parking. Un 25 m3 transportant deux instruments, un télescope de 400 mm et un autre de 600 mm. 

Après avoir ouvert le container, mis en place deux rampes métalliques, détaché l’instrument de ses multiples sangles, accroché le chariot à un treuil électrique, l’équipe avait descendu précautionneusement un miroir de plus de cent kilos sur le bitume.

Plus tard dans la nuit, j’ai glissé un oeil indiscret dans l’oculaire du monstre pour observer le ciel profond. Une merveille ! Je n’avais jamais regardé les étoiles dans un télescope aussi puissant et lumineux.

Les responsables de Obsmobile, c’est ainsi que l’on nomme le véhicule, passant la main, je me suis porté volontaire, comme deux autres membres du club, pour reprendre le matériel en main, c’est à dire conduire le véhicule sur site et installer le télescope. 

Il serait dommage qu’un si bel instrument ne soit pas exploité plus souvent, quitte à partir en haute montagne pour profiter de cieux plus cléments.

Après une journée de formation, sanglage, utilisation du treuil, gestion des accumulateurs, conduite, j’avais mon diplôme de transporteur de télescope. 

Mais une seconde formation, de même durée, allait m’amener, un mois plus tard à mettre le tube de deux mètres de haut en fonctionnement pour les nuits d’observation. Car ce n’est pas le tout de transporter le télescope, il faut savoir le monter et l’utiliser.

Le 25 m3 se déplaçait cette fois jusqu’au travail où nous disposons d’un préau suffisamment haut pour installer l’instrument au sec. 

Après la sortie du miroir, le retrait du chariot (une centaine de kilos à soulever), il fallait installer les montants, le miroir secondaire, effectuer les branchements et colimater l’instrument.

L’air de rien, entre le moment où la camionnette se gare et celui où le télescope devient opérationnel, deux bonnes heures se sont écoulées. Et ceci , à condition d’être au moins à quatre pour l’opération. Autant dire que l’on ne sort pas un 600 mm pour une heure d’observation sur un coup de tête.

Maintenant l’association dispose d’une nouvelle équipe formée et motivée pour faire vivre ce magnifique instrument. Il ne reste plus qu’à attendre des soirées étoilées.

Green washing

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Vous connaissez probablement le terme green washing j’imagine ? En gros c’est lorsque l’on met en place des actions écologiques en communiquant beaucoup dessus, des actions qui ne sont au bout du compte que de la poudre aux yeux.

A ce qu’il paraît Total est très fort à ce jeu là avec 5 milliards d’investissement vert pour 15 milliards de bénéfices sur les énergies fossiles.

J’ai trouvé un exemple de green washing dans mon travail. L’état nous demande de mettre en place des plans de mobilité, ce qui à la base semble une bonne chose. Nous travaillons également avec une société de covoiturage pour que les collègues adoptent ce mode de transport lorsqu’ils viennent en voiture. Là encore, je n’ai pas grand-chose à redire et je ne serai pas donneur de leçons comme certains sur l’écologie. Par contre je ne me sens pas trop concerné avec mon petit vélo.

Mais lorsque j’ai pris rendez-vous avec la société de covoiturage pour étudier les modalités de leur offre, j’ai été soufflé par le discours du commercial, appelons-le ainsi.

Je vous explique :

La communauté urbaine subventionne le covoiturage à hauteur de 150 euros par mois par chauffeur et rend gratuit le transport pour les passagers. L’état verse une prime de 100 euros aux chauffeurs quand ils ont effectués 10 voyages avec des passagers. Encore une fois, c’est une belle incitation financière à covoiturer. 

Là où ça coince, c’est quand le commercial vous dit ceci : vous pouvez utiliser le covoiturage en dehors du travail, pour aller faire vos courses par exemple ou conduire un ami à la gare, voire vous promener à la campagne. Si vous roulez avec quelqu’un, vous covoiturez. 

Vous suivez son raisonnement ? Prenez un déplacement en ville avec votre copine pour aller faire des courses. Inscrivez-vous comme conducteur. Inscrivez votre compagne comme passager. Vous recevrez au moins 1.50 euro pour le trajet et vous validerez un déplacement en vue de la prime. Oui, la communauté urbaine, va vous payer 1.50 euro pour effectuer un trajet en voiture que vous auriez de toute manière fait à deux. En procédant ainsi, vous pouvez cagnotter une centaine d’euros par mois d’après le commercial, de l’argent investi par l’état et votre employeur pour verdir la planète.

Sur le coup je n’ai pas réalisé le cynisme de cette opération. C’est en parlant de la chose avec mon épouse que l’absurdité de chose m’ait apparu dans toute sa splendeur. Ce qui devrait être un geste utile pour l’environnement se transforme en un affreux business qui pompe les caisses de l’état.

Moi je vous le dis. On n’est pas sorti du sable…

La nuit au Musée

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Quelle étrange sensation que de parcourir les couloirs d’un bâtiment quasi désert la nuit. Les bureaux sont fermés, les lumières éteintes, seul le ronronnement de la climatisation vient briser le silence accompagné du glougloutement des radiateurs mal purgés. 

Les collègues se sont couchés dans les chambres de veille, je suis le seul éveillé dans deux mille mètres carrés quasi déserts chauffés à plus de vingt-cinq degrés Celsius. Depuis trois jours, le bâtiment est comme l’enveloppe d’une montgolfière gonflée d’air chaud fuyant de toute parts dans la nuit froide.

Dehors, un drôle d’oiseau vole au-dessus des toits, descendant au niveau des fenêtres pour espionner ce qui se passe dans les bureaux déserts. Ses lumières rouges et vertes clignotent alternativement dans un doux froufrou. Parfois il s’immobilise dans le ciel puis plonge soudain vers le sol.

Dans les couloirs silencieux, un technicien déambule dans le noir pour prendre la température de chaque pièce et la reporter scrupuleusement sur un plan : 20.5 , 22.3, 25.7 degrés. Dehors le drone vrombit toujours devant les baies vitrées, refait plusieurs passes, une photo par seconde de chaque façade. Sur les clichés infrarouges, les ponts thermiques s’illuminent.

Il est quatre heures du matin, la caféine qui coule dans mes veines ne semble plus faire d’effet. Voilà plus de vingt heures que je suis debout. Le drone est parti avec son pilote. Je suis de nouveau tout seul. Mes collègues dorment encore. J’éteins les éclairages extérieurs, baisse la température de la chaudière, règle tous les thermostats sur des valeurs plus raisonnables, éteints les lumières et ferme les bureaux. 

Je rentre à la maison où il fait nettement moins chaud me glisser sous la couette. Aujourd’hui je resterai au lit.