Messa au Grillen

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Mardi 7 octobre, le groupe italien Messa jouait au Grillen à Colmar.

J’ai déjà eu l’occasion de les écouter en live au P8 il y a deux ans et je vous ai récemment parlé de leur excellent album The Spin sorti cette année, un vinyle qui a de fortes chances de figurer dans mon top 2025.

J’adore cette chanteuse brune vêtue de noir chaussée de talons hauts sur scène qui m’ensorcèle avec sa voix fabuleuse. Et j’adore leur musique psyché stoner qui se bonifie d’album en album. Bref, j’adore ce groupe.

J’allais au concert avec deux compères, Sébastien et Jean-Nicolas, bien décidés à ne pas conduire pour profiter des bières du Grillen. Du coup, j’ai transporté deux alcooliques anonymes. 

J’avais demandé une accréditation photo quatre jours auparavant, mais je n’ai reçu la réponse positive que le jour J à 15h, alors que j’étais au travail. J’avais rendez-vous avec mon kiné en sortant du boulot et les portes du Grillen s’ouvrait  à 19h ce qui m’a laissé un petit quart d’heure pour préparer mon matériel photo et manger quelque chose avant d’aller récupérer mes deux zozos. Autant dire que j’étais à cran.

Le trio de doom stoner colmarien Supertzar ouvrait le bal avec un son musclé et une batterie déchaînée. Si j’ai bien compris, ce concert sera l’un de leurs derniers, d’après que qu’a dit Bruno le chanteur guitariste du groupe. Dommage, parce que leur musique fonctionne bien et ils assurent en live. Je dis ça, mais bon, après trois morceaux, j’avais ma dose, ce genre de compositions restent relativement répétitives pour un proghead habitué aux morceaux alambiqués.

Installés au bord de la scène, les trois chevelus faisaient face au public venu nombreux ce soir-là. Bruno à gauche, Jules au milieu derrière sa batterie et Jonas à droite avec sa basse. Gros sons graves, batterie explosive, guitare chargée et chant clair, le groupe a livré un set assez long, jouant des morceaux de plus de sept minutes. Honnêtement, passé la moitié du set, j’ai commencé à trouver le temps long, déjà parce que j’avais mes photographies, ensuite parce que la musique ne m’emballait pas plus que cela.

Mais après un dernier titre et une rapide mise en place, c’est Messa qui s’installe. Bon et je crois que vous l’avez compris, je suis amoureux de leur chanteuse et de leur musique. Le groupe va jouer un large répertoire, avec une belle place au dernier album The Spin, mais pas que. Sara, entre deux gorgées de bière, chante comme une déesse sur ses talons aiguilles. Alberto, le guitariste timide, au look de Ringo Starr, nous livre des merveilles sonores tout en discrétion alors que Marco, à la basse, installé presque en face de moi, est nettement plus démonstratif sur scène. Reste Rocco, au fond de la scène, quasiment dans l’obscurité, qui donne le tempo au quatuor italien.

Le public est chaud bouillant. Un bonhomme torse nu et ventripotent aux cheveux blancs s’agite comme un diable au premier rang (il trinquera avec Sara amusée par tant d’enthousiasme), un photographe hésite entre hurler et prendre des photos (je suis un peu dans le même cas) et mes compagnons de route boivent des bières. Pour ma part j’arrive à me faufiler dans la foule mouvante pour changer d’angle de vue, m’éloigner du gros son du premier rang pour mieux profiter de la voix près de table de mixage.

Je serai plusieurs fois en galère avec mon appareil photo. Comme dit plus haut, je n’ai pas eu le temps de le préparer avant de partir et certaines limitations que je m’impose en concert au matériel sautent pendant cette soirée. Souvent, je monte beaucoup trop haut en sensibilité, ce qui donnera des image quasi inexploitables pour certaines. Je n’ai pris qu’un boîtier, faute de temps pour préparer celui qui me sert principalement pour réaliser les vidéos des chroniques. Cela va m’obliger à des changements d’objectifs acrobatiques en plein salle de concert. Mais malgré toutes ces galères, je suis assez content des photos de Messa même si je me suis un peu trop focalisé sur la chanteuse.

Le son n’était pas génial devant la scène, trop de basses et les voix qui étaient noyées dans les décibels. Mais en allant au fond de la salle, le rendu était nettement meilleur, surtout pour le Grillen qui est une salle qui ne brille pas par son acoustique. C’est près de la porte de la sortie que j’ai profité de la fin du concert de Messa, histoire d’écouter de la musique et ne plus faire de photographies.

Le concert se termine vers 22h30, soit trois heures après son début. Cela tombe bien, car demain, je travaille et il faut que je ramène mes deux passagers à domicile avant de me coucher (c’est sur la route). La prochaine date programmée dans mon calepin est le 25 octobre Chez Paulette avec Mystery et si je peux, le 17 octobre avec Antimatter à Karlsruhe, mais pour l’instant j’ai d’autres obligations astronomiques.

Merci à Headbang et à mes deux passagers qui ne m’ont même pas offert une bière.

Toutes les photos de Messa sont ici.

Et les photos de Supertzar sont ici.

Messa – The Spin

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Le groupe italien Messa est de retour avec l’album The Spin.

Close m’avait suffisamment troublé il y a trois ans pour que je nourrisse beaucoup d’attente avec ce nouveau disque. Sept morceaux, quarante-deux minutes au compteur, The Spin semble tout petit comparé à son prédécesseur. Et musicalement nettement plus hétérogène, à tel point que j’ai été déstabilisé lors de la première écoute.

La pochette en trompe l’œil est comme un test de rorschach.

Qu’est-ce que vous y voyez ? Un pneu ou bien un bracelet viking ? La photographie réunit une représentation de Ouroboros et un pneu Michelin City Grip 2 découpé qui sert d’écrin au bracelet du serpent nordique.

Le message caché dans l’artwork m’a tout d’abord échappé comme les paroles toujours un peu étranges de ce groupe italien. Il est beaucoup question de vitesse ici, de course, de voyage, de machine d’acier, de fuite en avant d’hôtel en hôtel sur une moto. Après, avec un niveau M en anglais comme mauvais et quatre sur vingt en philosophie au bac, il ne me faut pas m‘en demander trop.

Mais si vous regardez les clips où Sara, notre chanteuse, fait fondre le bitume avec sa moto, allant d’un hôtel à l’autre, vous y verrez peut-être une fuite en avant, un éternel recommencement , un jour sans fin, de salles de concerts et salle de concerts.

Pour la musique, de nombreuses ambiances se croisent sur cet album comme dans l’étonnant ‘The Dress’ à la fois blues, western, stoner et floydien où une trompette fait une délicieuse apparition, façon polar noir américain.

Même chose pour ‘Reveal’, mais cette fois sans la trompette, un titre dans lequel un thème pompier à la ‘The Castle Hall’ de Ayreon s’invite dès la deuxième minute. Il y a de quoi déstabiliser plus d’un habitué des italiens. D’autant que l’album s’ouvre sur treize longues notes désaccordées pleines d’écho.

Ici, les sons de guitares sonnent furieusement vintages, mais rassurez vous, la voix de la chanteuse brune aux longs cheveux bouclés que ma femme déteste bizarrement, et par pour son chant, est toujours aussi sublime.

Mes deux morceaux préférés sont comme par hasard les plus longs, ‘The Dress’ et ‘Thicker Blood’, mais l’album est sublime du premier jusqu’au dernier morceau.

The Spin confirme le coup de cœur que j’ai eu pour Messa avec Close et le renforce encore. Même si ce groupe n’est pas forcément dans votre zone de confort, jetez-y une oreille, vous tomberez probablement amoureux. Il va figurer dans ma petite sélection 2025.

Messa au P8

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Cette semaine de nombreux événements allaient chambouler ma vie paisible. Mon directeur adjoint partait à la retraite, trois cartons pour un poids total de quarante kilos étaient livrés par Chronopost à la maison, mon épouse tombait malade pour la cinquième fois en un an, Klone jouait au Noumatrouf à Mulhouse et Messa passait le jeudi soir au P8 à Karlsruhe.

Je vous ai déjà parlé de Messa et de leur album Close, du doom stoner chamanique italien chanté par une déesse. Malgré la fatigue de la semaine et un début de crève (allez savoir qui m’a refilé ça), j’ai décidé de franchir le Rhin avec mon ami Seb pour découvrir le groupe en live.

Le P8 est une salle récente en périphérie de Karlsruhe où jouait King Buffalo il y a quelques mois. Un quadrilatère de béton en pleine zone artisanale servant de dortoir aux routiers, une salle associative où j’ai obtenu sans difficulté une accréditation photo à condition de ne pas photographier le staff ni le public, sauf du fond de la salle. J’ai connu pas mal de restrictions photos surprenantes depuis des années, mais jamais encores celles-là.

L’affiche annonçait Julinko et Messa. Un concert commençant à 20h ce qui nous laissait une bonne heure devant nous pour nous déshydrater et refaire la réforme de retraites autour d’une bière, car ce jour là, en France, c’était la grève générale, enfin, pas pour nous. Bonne surprise, le public allemand a répondu présent et la salle est assez bien remplie, même pour la première partie.

Vous connaissez maintenant Messa j’espère, si ce n’est pas le cas, dépêchez vous de lire ma chronique, mais sans doute ne connaissez-vous pas Julinko, un projet solo confidentiel, italien également, Giulia Parin Zecchin une guitariste chanteuse qui donne dans un psyché doom drone assez space. J’avoue que ce que j’ai écouté sur Bandcamp m’a laissé dubitatif. Des loops, des effets sur le chant, un peu de guitares, beaucoup d’enregistrements bruitages, Julinko joue d’atmosphères étranges et le set d’une heure ressemble à un long morceau. Mais comme l’a dit Seb, après avoir bu cinq bières, on finit par rentrer dedans… Je n’ai bu qu’une bière pour ma part (j’étais le chauffeur du soir), et je ne suis pas vraiment convaincu.

Messa arrive juste après et là, ne nous mentons, c’est juste magnifique. La chanteuse malgré les cigarettes et la bière pose sa magnifique voix parfaitement au diapason sur le doom shoe gaze des trois musiciens. Dès le premier titre je tombe en pâmoison. Les morceaux s’enchaînent avec maestria, montant en puissance, le guitariste nous livre un somptueux solo andalou oriental et la chanteuse nous éblouit. Le groupe joue principalement leur dernier album Close avec quelques retours en arrière dans le passé qui donnent envie d’explorer leur discographie plus à fond. Le concert s’achève bien trop vite à mon goût même si je suis fatigué et affamé.

Pour les photos j’ai fait comme j’ai pu. Pour Messa il s’agissait principalement d’éclairages rouges qui mettent en panique tout bon autofocus qui se respecte. Finalement c’est Julinko qui a bénéficié des éclairages les plus élaborés, il y avait également plus de place pendant son set pour bien se placer. Vous pouvez les regarder sur Flickr.

Une belle soirée arrosée de bière allemande au son du doom ténébreux de Messa dans une salle qui ma foi, donne envie de revenir.

Messa – Close

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J’ai écouté l’album Close de Messa sur un malentendu : un collègue s’était endormi au volant de sa voiture en écoutant un groupe seventies allemand psychédélique. Et dans ma tête, ce groupe semblait porter un nom aux consonances proches de Messa ou quelque chose d’approchant.

En allant sur Bandcamp, je suis tombé sur une formation drone, stoner italienne datant de 2014. En fait, rien à voir avec le somnifère psyché de mon collègue. Un album que j’avais pourtant déjà survolé à sa sortie sans m’y attarder outre mesure.

En le réécoutant par curiosité, j’ai finalement succombé à son charme. En partie pour la voix envoûtante de Sara mais également pour la musique du groupe qui sait s’affranchir des codes en vigueur dans le monde du rock.

Close est le troisième album de Messa. Plus d’une heure d’écoute et dix morceaux dont cinq dépassent les sept minutes. Close propose des influences orientales, jazzy, world-music, doom et psychédéliques avec même un zeste de growl ainsi que deux courts instrumentaux ‘Hollow’ et ‘Leffotrak’.

La pochette sépia donne dans le psyché chamanique avec ses trois danseurs en pleine transe. Je vous l’avoue, ce n’est pas l’artwork qui m’a incité à acheter l’album, d’ailleurs, il ne semble pas que ce soit le point fort des italiens au regard des autres disques. Peut mieux faire de ce côté là.

La signature doom de Messa à la basse et chant lancinant est régulièrement mise à mal par des accélérations metal comme dans ‘Dark Horse’ et la world-music n’est jamais très loin comme au début de ‘Orphalese’ ou de l’oriental ‘Hollow’ sans parler du final jazzy de ‘Suspended’ ou le growl dans ‘Leffotrak’.

La voix de Sara à la fois chaude et brillante s’envole dans les aiguës quand elle ne donne pas dans le gospel, pas du tout ce que l’on attendrait d’une italienne brune aux cheveux bouclés. Le genre de timbre qui vous ensorcelle avant de tomber définitivement amoureux.

Close possède un je ne sais quoi de monotone, à la mani!re d’une marche funèbre (écoutez l’ouverture de ‘Suspended’). Mais ce qui aurait pu se transformer en un long album un peu barbant, se métamorphose en une délicieuse transe musicale, un trip chaminique envoûtant ponctué de temps forts.

Si vous avez l’impression que je vous vends très mal ce Close, surtout zappez la chronique pour écouter l’album. Je suis certain que vous ne le regrettez pas. En plus, vous n’avez aucune excuse, Messa dispose d’une page Bandcamp.