Solace Supplice – Liturgies Contemporaines

Du temps du webzine Neoprog, Anne Claire Rallo nous avait présenté le projet Solace Supplice et leur EP sorti en juillet 2020. Si la musique du groupe s’éloignait clairement de notre ligne éditoriale, l’EP lui, avait su me séduire de bien des manières.

Deux années plus tard arrivait l’album Liturgies Contemporaines, onze morceaux dont cinq qui figuraient déjà sur l’EP. Impossible d’y résister.

Le quatuor propose un rock français à la manière de Noir Désir, de Grand Jacques ou de Galaad. Des révoltés francophones aux paroles engagées. Du rock, mais du rock habité par une guitare recherchée, du piano, des claviers, un saxophone, des touches électroniques et zeste de trip hop. Bref un rock aux influences progressives.

On parle ici de chanson à texte, et quels textes ! Plusieurs morceaux très forts présents sur l’EP m’avaient chamboulé comme ‘Les Miradors’ ou ‘Dans la Couche du Diable’.

Deux ans plus tard, j’ai réécouté ces titres fabuleux et fait d’autres superbes découvertes. C’est bon d’écouter un album dans sa langue natale. Car sorti de la varietoche et du rapp, on ne peut pas dire que la langue de Molière soit à l’honneur dans le paysage pop rock hexagonal. Sorti des résistants comme Lazuli, c’est l’anglais qui impose des prononciations hasardeuses à la scène progressive, et c’est bien regrettable.

Après ce n’est pas parce que les paroles sont écrites en français que les textes couleront de source pour autant. Ce n’est pas du Patrick Sébastien, il faudra faire un petit effort. N’attendez pas beaucoup d’espoir non plus en écoutant Solace Supplice, tout est sombre, même l’amour.

Le rock côtoie la musique électronique comme dans ‘Sunset Street’ ou dans ‘Liturgies Contemporaines’. Des touches orientales pointent dans ‘En Guidant Les Hussards’ et une atmosphère à la Bouglione habite ‘Au Cirque Des Âmes’. Le chant s’apparente plus à des paroles déclamées qu’à une démonstration lyrique, une forme qui convient à la perfection aux paroles.

Cet album est hélas un des derniers composé par le guitariste Eric Bouillette qui nous a quitté cet été. Il jouait également dans Nine Skies, The Room et Imaginarium avec Clive Nolan. A ses côtés on retrouve sa compagne Anne Claire Rallo, le batteur Jimmy Pallagrosi, la fille de Nick Beggs à la basse et Laurent Benhamou au saxophone.

J’avais aimé l’EP de 2020. L’album de 2022 me conforte dans cette première impression avec de nouveaux titres très forts comme ‘Le Tartuffe Exemplaire’, en ‘Guidant Les Hussards’ ou en tissant de nouvelles atmosphères dans ‘Liturgies Contemporaines’.

Il ne s’agit pas à proprement parler de rock progressif mais vous vous y retrouverez dans ce très bel album de Solce Supplice. Alors, allez le découvrir, il est sur Bandcamp.

Nine Skies – 5.20

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(c) Christian Arnaud

Teeshirt : Solstafir – Ota (2014)

Je m’en veux énormément. J’aurai dû participer au crowdfunding de Nine Skies.

Neoprog avait couvert leurs précédents enregistrements avec enthousiasme pourtant je n’ai pas commandé 5.20. 

C’est en tombant sur le clip de ‘Porcelain Hill’ avec Damian Wilson au chant, que j’ai regretté ma radinerie. Et quand j’ai voulu rattraper le coup c’était trop tard, l’édition CD était déjà épuisée. Alors c’est en ALAC que j’ai d’abord écouté le nouvel album de Nine Skies.

Le collectif niçois navigue sur des eaux progressives, entre Porcupine Tree, Opeth et Genesis. Ils chantent en anglais comme de trop nombreux artistes français sur des formats de deux à six minutes, s’offrant au passage les services de John et Steve Hackett ainsi que de Damian Wilson. De quoi attirer à eux un plus large public. Et ça semble marcher. Nine Skies est un des groupes montants de la scène progressive française.

La pochette, façon huile sur toile, représente un médecin du 14 siècle, un docteur peste avec sa robe noire, sa fraise blanche et son bec de corbin. Il tire une charrette transportant les bustes de présidents américains : Washington, Lincoln et un troisième que je n’ai pas identifié.

Sur les onze morceaux de 5.20, trois sont instrumentaux, ‘Beauty of Decay’, ‘Dear Mind’ et ‘Achristas’. Des pièces qui aèrent agréablement un album d’une cinquantaine de minutes. 

Le rock progressif de Nine Skies respire beaucoup grâce à ses touches folk, les guitares acoustiques, son piano, le violon et le saxophone, un disque plus acoustique qu’électrique ou seule la guitare de Steve Hackett densifie la trame.

Vous pourriez penser que mes titres préférés seraient ‘Porcelain Hill’ ou le ‘Wilderness’ génésissien étant donné ma passion pour Damian et Steve. Mais non, ce sont ‘Colourblind’ aux couleurs d’Opeth, ‘Golden Drops’ qui possède un je ne sais quoi de Wilson, ‘The Old Man in the Snow’ aux accents d’Harmonium et ‘Smiling Stars’, le titre le plus long avec six minutes et vingt secondes qui ont toutes mes faveurs sans parler des trois instrumentaux.

Parfois le chant en anglais sonne un peu franchouillard (‘Above the Tide’ ou ‘Godless Land’) mais pas de quoi fouetter un chat. Par contre en live comme dans celui de Prog en Beauce, ça pique un peu quand même.

Pas de doute, 5.20 est le meilleur des trois albums studio de Nine Skies. Le groupe a énormément progressé sur la composition et le chant, trouvant peut-être également leur identité musicale sur ce nouveau disque. Au moment où j’écris ces dernières lignes, le groupe a réédité le CD et je peux enfin l’écouter sans allumer mon Mac mais il est également sur Bandcamp.