Le nouveau déchet

Image

Outre nos poubelles qui débordent, les décharges sauvages, les emballages de mal bouffe Mc Donald, les cartons de pizzas, les mégots, un nouveau détritus a fait son apparition dans notre paysage. 

Plus gros qu’un filtre de cigarette, plus petit qu’une boite de cheese burger, il jalonne nos rues et campagnes depuis un an et demi. Blanc, noir, le plus souvent bleu, il traine dans les flaques d’eau, s’envole au vent et bouche les caniveaux.

Vous l’avez certainement reconnu puisque vous êtes obligé d’en porter un tous les jours, il s’agit de ce putain de masque qui jusqu’à présent m’a protégé efficacement de la COVID-19.

Pourquoi en trouve-t-on partout, en ville comme à la campagne ? Ils sont plus nombreux que les mouchoirs jetables dans les buissons et les préservatifs usagés dans certains quartiers. 

Pourquoi certains déchets sont plus rares que d’autres ? Je n’ai jamais trouvé un billet de cinquante euros traînant dans rue. Pourtant nous en avons souvent dans nos poches. Étrange…

Je peux comprendre que l’on perde un masque, tombé de son sac, de sa pochette, du poignet où il était accroché. Ça arrive aux plus négligents d’entre nous. 

Mais tous le monde se mouche, alors que certains ne porte pas de masque. On devrait trouver plus de mouchoirs blancs jetables par terre que de masques chirurgicaux bleus. Ça semble logique non ? D’autant qu’un masque jetable peut être porté quatre heures alors qu’un mouchoir usagé n’est guère utile en  plus d’être désagréable à conserver dans une poche.

Alors pourquoi trouve-t-on tant de masques par terre ? Serait-ce lié à notre relation à l’objet ? Le mouchoir nous l’utilisons volontiers pour dégager nos sinus encombrés alors que le masque nous est imposé par des gouvernements totalitaires qui nous volent nos libertés. Enfin c’est ce que certains racontent pour les masques bien sûr.

Cette attitude de rejet de l’inconfort aurait-elle pour conséquence une réaction de vengeance consistant à jeter l’objet dès qu’il n’y a plus personne en vue pour en contrôler le port ? Mystère. Mais c’est franchement dégueulasse. 

De base je déteste ces gros connards qui balancent leurs mégots de cigarettes dans le caniveau ou par la fenêtre de leur voiture. Alors les abrutis qui jettent les masques qui leur sauvent la vie tous les jours et protègent leurs proches d’une redoutable maladie, je les exècre encore plus. Comment peut-on être aussi crados ? Un masque n’est pas biodégradable, il contient des matières plastiques et peut en plus être imbibé de microbes. Bref c’est un truc bien crade qui, comme les pansements, doit être incinéré. En plus dans la nature, le machin se voit de loin, s’accroche aux branches des arbres.

Alors s’il vous plaît, jetez vos masques dans les poubelles, vos mégots dans les cendriers et ramassez les merdes de vos chiens. La planète sera plus jolie.

Les archives secrètes d’un webzine

Image

Si vous désirez connaître les secrets du webzine Neoprog, fouillez les poubelles. Les archives secrètes, les chroniques pas encore publiées, celles qui ne le seront jamais, les fiches promotionnelles froissées, les enveloppes qui contenaient des CDs, tout cela passe par ma poubelle jaune.

Depuis quelques années, je rédige mes chroniques sur un bloc papier A4 à petits carreaux, avec de préférence un crayon à plume fine noir. Chacun à ses petits problèmes me direz-vous. Si j’écris sur du papier, à l’ancienne, alors que nous sommes tous connectés, c’est avec l’objectif de rester totalement concentré sur la musique que j’écoute. En effet à l’heure du mail, des réseaux sociaux, du web, il ne se passe pas une minute sans qu’une notification arrive sur mon ordinateur, tablette ou téléphone. Alors pour chroniquer, je me déconnecte.

J’ai opté pour la pâte à bois – plus souvent mélasse de chiffons et de papiers recyclés de nos jours – et pour le stylo. Bien entendu cela oblige à un double travail, le premier jet sur papier puis la recopie informatique, sans parler des relectures indispensables. La méthode n’est guère écologique, je consomme beaucoup de papier et encore plus de stylos. Mais aujourd’hui je ne reviendrai certainement pas en arrière. J’ai pris goût au bruit de la bille frottant le papier, à mon écriture fébrile pleine de fautes d’orthographe et de grammaire qui seront corrigées plus tard. Et cela m’offre une seconde chance, lorsque que je recopie mes notes, d’envisager l’album, lors d’une dernière écoute, sous un nouvel angle, avec plus ou moins d’indulgence.

Si vous en avez assez de lire ma prose sur Internet, je vous invite à passer lundi matin, sur le trottoir, devant chez moi. Avant six heures, vous verrez la poubelle jaune devant la maison bleu alsacien. Dans la poubelle, au milieu des paquets de céréales vides, des bouteilles de lait, des emballages, des bouteilles d’eau écrasées et des tablettes de chocolat vides, vous trouverez peut-être une enveloppe déchirée venue de Hongrie, du Canada, une fiche de promotion du label Karisma ou Inside Out et des feuilles de papiers A4 à petits carreaux froissées, noircies de gribouillis improbables, pleins de renvois, de ratures, de biffures, avec un peu de chance la chronique d’un album de rock progressif qui ne sortira que dans deux mois et qui sera publié chez nous dans quelques semaines.

G 23-30

Je suis parti en ville, missionné par mon épouse, pour acheter des sacs poubelles après un SMS d’alerte enlèvement de notre fils aîné : « y a plus de sac poub ! ».

Vous me direz, des sacs poub, cela se trouve partout en supermarché. Oui mais non, chez les bobos, on s’équipe en poubelles Brabantia, un cylindre chromé le premier jour avant d’être recouvert de déchets divers assez rapidement. Le truc qui fait bling bling la première semaine, crado la seconde. Poubelle design signifie également sacs à la con que l’on ne trouve que dans trois boutiques chicos à Strasbourg.

Alors une fois par an, madame fait un stock, histoire de ne pas recevoir d’alerte SMS trop souvent. Mais madame bossait et à la maison la crise sanitaire approchait. Alors suivant les indications approximatives de mon épouse, « tu verras c’est au BHV au bout de la Langstross », j’arrive au bout de la Grande Rue et trouve une tout autre enseigne à l’endroit indiqué. Mais je connais mon épouse, ça doit être là. Dans le labyrinthe des pots de peinture, des éponges, des robinets et des couverts, je trouve le rayon poubelle, où bien entendu, point de sacs G Brabantia. Oui notre poubelle, elle aussi à son point G, c’est le compartiment de gauche, le plus grand… Point de sac. Une aimable vendeuse de porte de prison me conseille le rayon salle de bain à l’étage.

Logique non ? Les poubelles de cuisines avec compartiment compost se rangent dans les salles de bain. Bonjour l’odeur !

Je monte donc à l’étage et cherche en vain jusqu’à tomber sur un vendeur mal luné qui me conseille de descendre au rayons poubelles d’où je viens. Lui c’est un gars logique au moins. Il daigne néanmoins appeler un autre collègue, avenant en comparaison, qui lui confirme que les poubelles de cuisines Babrantia se trouvent comme les sacs, au rayon… salle de bain. D’un pas décidé, il nous conduit devant un rayon que j’ai arpenté dix fois sans succès. Mais miracle, juste au-dessus de mon nez (il est vrai que je suis gaulé comme Sarkozy, nabot mais bien équipé pour le compartiment gauche de la poubelle), se trouvent une collection de sacs 23-30 litres que je m’empresse de voler avant que quelqu’un d’autre ne s’en empare. Il n’est jamais facile de trouver un point G la première fois. Trop content, je passe en caisse avec mes six rouleaux blancs et m’enfuie en ville.

Vous avez déjà vu un mec dans un transport en commun avec six cylindres blancs qu’il tient sur son ventre pour qu’ils ne tombent pas ? Je vous jure que je n’ai pas abusé de la situation, cachant l’étiquette des rouleaux : « G 23-30 » comme gaz neurotoxique au rayon d’action  mortel de 23 à 30 mètres. Le GIGN n’a pas eu le temps d’intervenir, quinze minutes plus tard, je descendais pour rejoindre à pied ma petite maison de banlieue avec sa cave remplie de bonbonnes de gaz, il faut bien se chauffer l’hiver…