Dark Matter

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Jason, prof de science dans une faculté à Chicago, est marié à Daniela avec qui ils ont eu un enfant aujourd’hui adolescent.

Un soir d’automne, en rentrant d’une soirée organisée en l’honneur de son ancien colocataire de fac qui vient de recevoir un prix, Jadon se fait kidnapper et droguer par un inconnu dont la voix lui est familière. Lorsqu’il se réveille, avec une belle gueule de bois, il n’est plus dans le même monde.

Dans Dark Matter, Wiliam Blake Crouch réinvente le thème de l’amour et des univers parallèles en posant la question des choix que tout un chacun fait au cours de sa vie.

Je ne serai pas surpris que quelqu’un me dise que l’écrivain américain a quitté la femme de sa vie un jour pour suivre d’autres chimères et regrette maintenant ses choix. 

Car dans Dark Matter, Jason, son personnage principal, ne cherche qu’une seule chose : retrouver sa vie d’avant, celle qu’il avait avant de se faire kidnapper. Il veut juste retrouver sa femme et son fils. Sauf que c’est compliqué.

Le roman s’apparente à La Machine à Remonter Le Temps, Un Jour Sans Fin, Edge Of Tomorrow et un thriller haletant. 

Il parle de ce qui aurait pu arriver en faisant d’autres choix dans la vie, quel aurait été la vie de Jason s’il s’était consacré à la recherche au lieu d’épouser Daniela, il parle des infinités de conséquence qu’une simple décision peut entraîner dans une vie, ces infimes petits battements d’ailes de papillon qui déclenchent une tempête à l’autre bout de la Terre.

Le début du livre est vraiment époustouflant, l’intrigue comme la narration. Puis viennent les séjours dans ce couloir infini avec toutes ses portes qui s’ouvrent sur des mondes possibles. Cette seconde partie, qui devient assez répétitive, finit par porter ses fruits et mieux nous faire comprendre qui est Jason et ce qu’il désire avant tout, en explorant des thèmes classiques des univers parallèles. 

Au bout de ce voyage, il y a le dernier monde avec la surprise qui ressemble tout d’abord à une grande farce, pour finir par convaincre le lecteur de toute sa raison d’être.

Lorsque l’on se plonge dans Dark Matter, il est impossible de lâcher ses pages, une lecture addictive malgré son petit ventre mou dans la seconde partie du roman. Je l’ai dévoré en quelques jours (un exploit pour moi) et je vous le recommande vivement.

Norferville

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Norferville est une ville imaginaire du grand nord canadien. Une ville construite à proximité d’une mine de fer et d’une réserve autochtone innu. Une ville où le mercure descend sous les moins quarante degrés Celsius et où les habitants deviennent rapidement fous. 

C’est là qu’est retrouvé le corps atrocement supplicié de Morgane Schaffran, la fille d’un criminologue de Marseille. 

La lieutenant Leonie Rock, une jeune femme métis, qui a fuit cette ville minière à l’adolescence, est dépêchée à Norferville pour enquêter sur ce qui ressemble à un crime abominable.

Teddy Schaffran, le père de la victime, et Leonie, vont joindre leurs efforts et leurs compétences pour résoudre cette sordide affaire dans cette petite ville isolée, située à treize de train de toute forme de civilisation et peuplée de rudes mineurs et d’autochtones vivants au ban de la société.

Le roman de Franck Thillez vous entraîne à un rythme soutenu plein de rebondissements dans cet enfer glacé où certains hommes sont des bêtes. 

Mêlant à sa fiction la terrible réalité autour des disparitions de femmes autochtones dans le grand nord canadien, l’écrivain nous plonge dans une enquête sordide et violente où ses deux héros vont devoir affronter les démons de leur passé comme ceux nettement plus tangibles qui hantent Norferville.

J’ai dévoré ce roman, fasciné par les descriptions des paysages comme la violence du récit. Un excellent polar redoutablement efficace.

Astrevise

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Après avoir dévoré le premier tome de Skyward, je n’ai pu résister à attaquer sa suite, Astrevise.

Pour rappel, Skyward raconte l’histoire de Spensa, une jeune fille vivant sur la planète Détritus, qui dans le premier volet de la saga, devenait pilote de chasseur spatial. Un roman façon Top Gun dans l’espace.

Spensa a gagné ses ailes de pilote et grâce à ses talents cytoniques, elle est capable de se mouvoir dans l’hyperespace, même si elle ne sait pas trop comment faire. C’est ce qui va la conduire sur la planète Astrevise, le repère des Krell, déguisée en extraterrestre, pour découvrir les secrets des hyper propulseurs.

Comment les méchants Krell voyagent-ils donc dans l’hyperespace ? Vous le saurez en lisant le premier livre de la saga… Oui parce que la grande révélation de Astrevise, saute aux yeux au début du premier roman. Un vrai pétard mouillé.

Spensa revêtue d’un hologramme pour se faire passer pour l’extraterrestre Alanik, cela ne tient vraiment pas la route. Son infiltration dans la société Krell encore moins, alors 661 pages où Brandon Sanderson nous raconte la société Krell, les manigances politiques de deux factions (Winzik contre Cuna) et son entraînement (encore) au combat spatial avec d’autres aliens, a eu beaucoup de mal à me convaincre cette fois.

Sur Astrevise vous allez rencontrer de nombreuses races extraterrestres. Certaines sont originales comme ce nuage de vapeur invisible qui produit des odeurs pour exprimer ses émotions ou bien le mode de reproduction sélectif des Krell qui permet de tester ses futurs enfants et de les améliorer avant qu’ils ne naissent (j’en ai rêvé mais c’est trop tard). Il y a aussi les Fouilleur, ces énormes entités venu de l’espace et qui dévorent les mondes. Sorti de cela, le roman manque cruellement d’intérêt. Ah si j’oubliais, la morale de se pavé, le monde n’est pas noir ou blanc.

Je ne lirai pas la suite de la saga, je vais revenir à des romans qui sont plus de mon âge. Parce à presque 60 ans, il est tout de même difficile de penser comme un pré ado.

Les Miracles du Bazar Namiya

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À deux heures de Tokyo, dans une petite ville, des personnes déposent des lettres dans la boîte d’un bazar à l’abandon. L’adresse est connue de quelques uns. Lorsque que vous rédigez une question à Namiya le soir, vous recevez une réponse manuscrite à votre nom le lendemain matin, dans la boîte à lait à l’arrière de la boutique.

Un trio de bons à rien, sortant d’un cambriolage qui ne sait pas passé comme prévu, trouvent refuge le 12 septembre au soir dans le bazar abandonné. Et brusquement alors qu’ils s’installent pour la nuit, une lettre tombe dans la boîte à lettres, intrigant nos trois malfaiteurs. C’est là que démarre le livre de Keigo Higashino, un auteur de romans policiers japonais à succès. 

L’histoire des lettres a commencé des dizaines d’années plus tôt et le récit voyage dans le temps comme les lettres écrites par leurs auteurs qui demandent de conseil à Namiya.

Une sportive amoureuse, une future mère célibataire, un enfant désespéré, des gamins farceurs, tous reçoivent une réponse à leur demande.

Une fois encore, le roman de Keigo Higashino est écrit comme une suite de nouvelles reliées entre elles, une sorte de palindrome littéraire qui voyage de Tokyo à la petite ville de province, du présent au passé, d’un personnage à l’autre avec beaucoup d’humanité.

Le livre montre la société japonaise avec ses codes d’honneur, présente des personnes face à leurs dilemmes et aux choix de vie qu’ils feront en suivant ou non les conseils de la personne qui leur répond. Car évidemment, nos trois compères finissent par découvrir l’histoire du bazar et décident de répondre à la lettre.

Les Miracles du Bazar Namiya prend alors une tournure fantastique inattendue, mais ça vous le découvrirez uniquement en lisant ce merveilleux roman de Keigo Higashino.

Vers les étoiles (encore)

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Les écrivains manquent d’inspiration et les lecteurs d’originalité. C’est la seconde fois que je lis un roman intitulé Vers les étoiles et tous deux parlent de vaisseaux spatiaux.

Brandon Sanderson est plus connu pour ses romans de fantasy pour adolescents que comme auteur de science-fiction. 

Vers les étoiles est le premier tome d’une saga de SF qui cible clairement un jeune public. C’est un roman initiatique où la jeune Spensa va se battre pour devenir pilote pendant sept cent pages et quatre mois. Une sorte de Top Gun dans un univers pour le moins original : l’humanité vit sur Détritus, une planète entourée de débris spatiaux gigantesques. Et derrière ces débris se cachent les Krell qui descendent régulièrement en vaisseaux, lors des pluies de métal, attaquer ce qui reste des humains.

La majeure partie de la population vit dans des cavernes, les plus riches dans les cavités les plus éloignées de la surface. Et dans ce monde, les pilotes constituent une toute petite caste privilégiée tenue en haute estime.

Spensa est la fille d’un pilote mort au combat en lâche, d’après la version officielle. En représailles, l’amirale interdit à Spensa l’entrée à l’académie de pilotage, malgré sa motivation évidente. Jeune fille entêtée et bagarreuse, contre vents et marées, elle va tout faire pour essayer de devenir pilote et laver l’honneur de son père.

Malgré une narration assez naïve – n’oublions pas que c’est un roman pour ados – Vers les étoiles s’en sort avec les honneurs grâce à son univers original et des descriptions de combats de vaisseaux à couper le souffle.

Je vais probablement mettre une option sur le tome deux.

La guerre des captifs

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Rhooo ! trop bien ! une nouvelle série de James Corey, me suis-je dit en tombant sur La Clémence de Dieux chez mon libraire. Oui parce que James Corey c’est quand même The Expanse quoi ! Le chef d’œuvre de la SF moderne.

Alors je me suis jeté sur le tome 1, où un groupe de jeunes chercheurs, sur une planète lointaine, voit leur travail salué par leurs pairs. Un début de roman prometteur à la Jack Vance qui bascule dans l’horreur avec le débarquement des aliens.

Ne vous y trompez pas, l’horreur ce ne sont pas les exactions des extraterrestres lorsqu’ils débarquent. C’est le récit grotesque que nous livrent les deux écrivains. Entre les combats de rues, les races aliens, le voyage dans la boîte à caca et la séquestration du groupe de jeunes chercheurs sur un monde inconnu, on frise le ridicule.

J’avais espéré que le niveau du livre s’améliore, que le récit s’étoffe un peu, mais arrivé à la moitié du roman, j’ai renoncé, incapable de lire une page de plus. 

Bon, on ne peut pas écrire des chefs d’œuvres tous les jours, mais quand même…

Grindadráp

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Désolé, j’ai encore lu un thriller nordique en pleine canicule tout en regardant en parallèle la série TV Fortitude. Je crois que j’avais besoin d’une bouffée de fraîcheur.

Le roman se déroule dans les îles Féroé et parle d’écologie. Un navire de Sea-Sheperd, fuyant une tempête biblique, fait naufrage dans un port des îles Féroé avec seulement deux survivants à son bord. 

Le livre raconte un massacre de dauphins, une pêcherie en difficulté, un flic Danois venu sur l’île pour fuir ses démons, deux activistes de Sea-Sheperd bloqués sur territoire où ils de sont pas les bienvenus et des morts de plus en plus suspectes.

Le roman commence avec cette tempête monstrueuse et deux navires qui se débattent dans les éléments déchaînés. La plume de Caryl Férey excelle dans la description du cyclone et du navire de Sea-Sheperd ballotté par des vagues monstrueuses. 

Lorsque enfin, le lecteur débarque sur l’île dévastée en compagnie des deux survivants, il est lessivé, éreinté, et la tempête qui souffle encore sur les maisons, semble une douce parenthèse en comparaison du voyage en mer. 

Rien que pour cette première partie, le roman est un chef-d’œuvre.

Le livre décrit ensuite la rudesse des Féroé et ses habitants sauvages pour certains. Des survivants qui se confrontent aux activistes de Sea-Sheperd.

Tout débute par la découverte du corps d’un homme au milieu des cadavres de dauphins, un vieil homme qui n’aurait pas dû flotter au milieu de ce bain de sang. Une enquête commence, une enquête qui va entraîner de nouvelles victimes sur ce petit archipel encore secoué par la tempête. 

Dans ce roman, deux mondes s’affrontent, celui des traditions et de l’écologie, celui de la survie économique et du respect de l’environnement. 

Les personnages de Caryl Férey font face à leurs démons lors du passage du cyclone, les habitants se réfugient dans la religion et les peurs ancestrales.

Grindadráp est un polar noir en huis-clos se déroulant lors de circonstances exceptionnelles. Les personnages sont poussés dans leurs derniers retranchements, forcés par la nature et les événements. Un roman très fort et totalement dépaysant à lire absolument.

La Maison des Jeux

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C’est un petit livre de poche d’un peu plus de 150 pages qui a attiré mon regard alors que je peinais sur un roman de science-fiction plus conséquent : le premier tome de La Maison des Jeux de Claire North. 

Le roman parle d’un jeu où le but est de faire élire un puissant personnage de la cité vénitienne. 

Thene est une femme juive mal mariée à un flambeur qui dilapide chaque nuit toute sa fortune à la Maison des Jeux. Elle l’accompagne lors de ses nuits de débauche jusqu’à ce qu’un jour, on lui propose de rejoindre la Haute Loge de la Maison des Jeux. Un lieu caché derrière une porte fermée où l’enjeu des parties disputées dépassent le simple gain pécuniaire.

Nous sommes en 1610 à Venise et le haut magistrat vient de mourir. Quatre hommes sont en lisse pour prendre le poste. Des élections ne vont pas tarder. Mais c’est une partie organisée par la Maison des Jeux qui décidera du vainqueur. 

Thene rejoint la partie qui désignera le futur vainqueur. Le joueur gagnant pourra entrer dans la Haute Loge de la Maison des Jeux. 

Dès le premières phrases du roman, j’ai été subjugué par le style et la plume très particulière de Claire North. L’histoire est racontée par de mystérieux personnages qui observent à distance les jeux de pouvoir sans intervenir, qui suivent Thene dans les rues de Venise, ajoutant à l’intrigue une touche de mystère à un roman hors du temps. 

Le lecteur caché sous un masque blanc, plongé dans le roman, franchit des ponts, navigue sur les canaux sales de la cité lacustre, marche dans les couloirs des palais vénitiens, coure dans les rues bondées en journée, vérifie sans cesse qu’il n’est pas suivi, complote et tente d’échapper à la mort.

De nombreux personnages se croisent en peu de pages, les candidats, les joueurs et les cartes jouées par les participants. 

J’avoue m’être un peu perdu sans que cela n’altère pour autant mon plaisir lors de la lecture du roman. Mais maintenant que j’ai terminé le premier tome, je me demande si j’irai plus loin dans cet univers.

Pour l’instant, je vais essayer de terminer La Guerre des Captifs de James S.A. Corey qui peine à me convaincre.

Sur la Lune

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Sur la Lune poursuit la série Lady Astronaute de Mary Robinette Kowal après un Vers Mars pas aussi convaincant que le magnifique Vers les étoiles

Et comme son nom l’indique, le roman se passe principalement sur la Lune.

Cette fois, outre l’uchronie, Mary s’essaie au thriller de politique fiction. Le programme spatial subit les attaques d’un mouvement en faveur de la vie sur Terre, Earth First.

Pendant plus de sept cents pages le lecteur va suivre les aventures de Nicole Wargin, la femme du sénateur et candidat aux présidentielles. 

Elle part sur la Lune avec de jeunes colons et le moins que l’on puisse dire c’est que son séjour en sixième de gravité ne va pas être de tout repos : alunissage raté, pannes de courant à répétition, épidémie, sabotage, tout se ligue contre les pionniers sélénites pour que la base Artemis devienne un enfer.

Nicole et ses amis se débattent entre les problèmes à résoudre pour la survie des colons et une enquête complexe afin de retrouver le ou les saboteurs du programme spatial.

Sur la Lune n’est pas le meilleur roman de Mary Robinette Kowal mais il se laisse lire grâce à de nombreux rebondissements et ses personnages relativement fouillés. Vous y trouverez un mélange d’acronymes de la NASA datant du programme Apollo, de technologie d’une autre époque, de politique fiction et un regard posé par des femmes sur une société dominée par les hommes blancs chrétiens.

Ce que je sais de toi

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Eric Chacour a écrit son roman Ce que je sais de toi en deux parties. 

La première, écrite à la seconde personne du singulier, parle d’un égyptien du Caire. Un enfant devenu médecin pour marcher dans les pas de son père avant de finir par s’enfuir à Montréal. 

La seconde partie, écrite à la première personne de singulier, parle de celui qui raconte la première.

Ce que je sais de toi raconte l’histoire de Tareck, d’Ali, de Rafik, de Nesrine, de Mira, de l’Egypte des années quatre-vingt, d’une histoire d’amour interdite, d’une famille chrétienne du Caire, de souvenirs, de secrets, de mensonges.

La première partie, qui voit Tareck devenir adulte, reprendre la clinique de son père, se marier puis tomber amoureux, est à mon avis la plus émouvante. L’histoire de l’Egypte de Nasser se mêle à celle du garçon dont la vie toute tracée d’avance par ses parents va être bouleversée par la rencontre d’Ali, un jeune homme des quartiers défavorisés du Caire.

La seconde partie dévoile, après une longue attente, l’identité du narrateur de la première. Il s’agit du second grand coup de théâtre du roman qui donne une toute nouvelle perspective à l’histoire de Tareck. ‘Je’ cherche à tout connaître de ‘Tu’ et à le rencontrer.

Cette rencontre aura lieu à la fin du roman, dans le dernier chapitre intitulé tout simplement ‘Nous’. 

Après 320 pages d’attente, j’attendais certainement plus de ce final. Mais dès le chapitre 40, Ce que je sais de toi commençait à perdre de sa substance à mes yeux alors que le roman avait magnifiquement commencé.