Vase d’expansion

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Vous connaissez l’histoire du mec qui suit un blog. Un mec quoi, blanc, pas juif, pas arabe, pas FN, un mec normal quoi. Un mec qui a voté Macron parce que Marine franchement ça lui faisait mal au fion et qui commencerait presque à regretter s’il était débile. Des mecs comme ça j’en connais plein. Enfin bref…

Donc c’est l’histoire d’un mec, comme vous et moi, un mec sympa en fait, un mec qui après le boulot aime bien se reposer avec une Kronenbourg que bobonne lui apporte avec ses pantoufles. Heu non, ça c’est le mec qui a voté Marine.

Bref c’est l’histoire d’un mec qui lit un blog. Le mec il entend parler sur ce blog d’une série TV sympa, et le mec, il aime bien mater des séries TV le soir avec sa bourgeoise. Oui les mecs qui votent Macron appellent leur moitié bourgeoise, ça fait classos.

Mais c’est un mec geek qui n’a pas Netfix, un mec qui ne télécharge rien d’illégal, un mec qui ne regarde pas en streaming non plus. Oui je sais ce genre de mec ne coure pas les rues, un bobo macroniste geek non pirate.

Alors le mec, il cherche la série TV en Blu Ray ou DVD, mais rien, nada. Le mec, il est déçu. Alors le mec, car c’est un mec tenace, demande au mec du blog, le blogueur quoi, s’il y a bouquin avant la série, et le mec qui a écrit l’article du blog lui dit que oui.

Un mec bobo geek, ni noir, ni arabe, ni juif, ni coco, qui lit des livres, qui a voté Macron et qui commence à s’en mordre les couilles, c’est pas crédible, ben oui, mais c’est l’histoire de notre mec.

Alors le mec, ben il commande le bouquin quoi, le truc en papier, le premier tome, ben oui, parce qu’il y en a trois et que le mec il n’est pas sur, même si le mec blogueur en dit du bien, et qu’il a bon goût souvent, que le bouquin sera bien et il n’a pas forcément les intestins pourris tous les jours non plus pour utiliser autant de papier.

Alors le mec il arrive à la librairie, tu vois la boutique du pauvre où ils vendent des trucs en papier avec des petits machins gribouillés dessus, même qu’il faut mettre des loupes pour voir les machins en question, que la nuit ce n’est pas rétro-éclairé et qu’il faut savoir lire pour s’en servir.

Le mec récupère son bouquin, tout content, rentre à la maison, va sur son compte Babelio pour enregistrer le livre (parce que le mec il aime bien se la raconter sur la toile, c’est un mec avec un blog lui aussi), et là, ben le mec, pas juif, pas arabe pas FN mais très con, s’aperçoit qu’il a déjà lu le livre et même qu’il voulait lire la suite. Il le cherche et le trouve dans sa bibliothèque, non pas sur iTune, c’est un mec qui a des tunes justement, des meubles, même pas Ikea et des livres plein les étagères, un ouf quoi le mec.

Le mec il trouve le pavé, une ancienne édition, le même auteur, le même titre, le même tome, la même maison d’édition, mais pas la même image dessus.

En fait, c’est l’histoire d’un mec qui connaissait le bouquin bien avant que le blogueur ne regarde la série et pire, et qui se souvient maintenant que le bouquin devait être adapté en série TV et qu’il attendait ça avec impatience.

Le mec est un peu deg, qu’est-ce qu’il va lire maintenant ? Ben oui parce que le pauvre mec, il ne regarde pas Fort Boyard ou les Feux de l’Amour, il a voté Macron pour un changement, enfin surtout pour éviter de devoir quitter le pays si Marine devenait présidente, car c’est un mec qui aime bien les arabes, les juifs, les noirs et même quelques macronistes, c’est tout dire.

Alors ni une ni deux, le mec commande le second et troisième tomes de The Expanse de Jame S.A. Corey et pour patienter va relire le pavé de 700 pages, l’Eveil du Léviathan. Tant pis pour le gel du point d’indice, le jour de carence, le non remplacement d’un fonctionnaire sur deux et le passage arbitraire d’un technicien sur trois au grade d’ingénieur. Le mec, qui aime lire plutôt que s’abrutir devant le petit écran en absorbant les conneries des médias, préfère relire un bouquin en attendant que la suite arrive, plutôt que de zombifier devant le petit écran avec ceux qui ont voté Macron et qui regrettent maintenant. What did you expect ?

Far West

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Deux immenses tours de béton et de verre se dressent dans le désert américain du 19ème siècle. Grant achève son second mandat et un hélicoptère survole une petite ville des jeunes Etats-Unis.

Anachronismes, voyage dans le temps, mondes parallèles, Robert-Charles Wilson nous propose une enquête à l’époque du Far West dans un monde où des hommes du futur viennent faire du tourisme chez les cow-boys. Une tour pour les autochtones qui découvrent quelques merveilles du futur, une tour pour les visiteurs de l’avenir qui viennent s’imprégner de leur passé.

 

La Cité Du Futur raconte l’histoire d’un autochtone, membre du service de sécurité de Futuracity, qui pour avoir sauvé la vie du président se voit confier de nouvelles responsabilités dans les deux tours et part enquêter, à la recherche d’armes volées.

Faisant fit des paradoxes temporels grâce à la théorie des mondes parallèles, Wilson imagine le tourisme temporel et ses conséquences pour le passé visité. Entre pseudo philanthropie, business et cynisme, ce Club Med du futur envahit pour quelques années l’histoire, apportant technologie, culture et mœurs d’un autre temps au travers d’un mystérieux miroir.

Voila ce que nous propose l’auteur dans ce roman, observer la rencontre de deux époques sous couvert d’enquête policière. Un livre facile à lire, rempli de réflexions intéressantes doublé d’une intrigue haletante. Un très bon Robert-Charles Wilson.

Aquamarine

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Les vacances servent à se reposer et pour ma part à rattraper mon retard en lectures. Rien de tel qu’un petit village à 1500 mètres d’altitude, paumé dans les Alpes de Haute Provence, distant de plus de 50 kilomètres de toute civilisation, sans téléphone ni internet pour lire. J’emportais dans ma valise trois bouquins très différents, Aquamarine d’Andreas Eschbach, La Cité du Futur de Robert-Charles Wilson et Ecoutez nos Défaites de Laurent Gaudé. Un roman pour ado, un roman de SF et de la littérature française, tout un programme.

 

Si vous me lisez régulièrement, vous saurez que j’ai un faible pour cet auteur allemand qui vit aujourd’hui en Bretagne. Son avant dernier bouquin, L’Affaire Jésus, qui faisait suite à Jésus Vidéo, m’avait une fois de plus emballé. Avec Aquamarine, Andreas renouait avec la littérature pour adolescent, dans la veine du Projet Mars, de Time Out ou du Maître de la Matière. Des livres faciles à lire, s’adressant à un public assez jeune mais qui conservent la magie narrative de Eschbach.

Aquamarine parle d’une adolescente pas comme les autres. Une fille avec d’étranges cicatrices sur les flancs qui n’arrive pas à s’intégrer parmi les siens. Une pauvre au milieu des nantis, persécutée par les jeunes de son age. C’est aussi un monde à peine esquissé, la Terre en 2151, rescapé des bouleversements climatiques à venir, dans lequel va se dérouler l’aventure de Sara, cette ado qui ne doit pas aller dans l’eau. L’intrigue est cousue de fil blanc, les rebondissements se négocient bien des pages à l’avance mais qu’importe, le livre se dévore, ne prend pas la tête, idéal pour les vacances. Eschbach y évoque la place de l’individu dans le groupe, la déontologie scientifique, les manipulations génétiques et un futur possible, tout cela sans donner la migraine.

Il ne s’agit pas son meilleur livre assurément – lisez Des milliards de tapis de cheveux – mais un roman sympa qui se dévore en quelques heures.

Mapuche

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Les Mapuche, littéralement « Peuple de la terre » en mapudungun, sont les communautés aborigènes de la zone centre-sud du Chili et de l’Argentine, connues également sous le nom d’Araucans.

 

La chaleur moite de Buenos Aires, le poids des années de dictature, les Grands Mères sur la place de Mai, une indienne Mapuche, un travelo massacré et un détective au passé peuplé de fantômes. Ainsi s’ouvre Mapuche, le roman de Caryl Férey commencé début juin et que j’aurai eu du mal à finir. Tout débute par un crime à priori comme tant d’autre. Une enquête qui va nous plonger dans les heures les plus noires de la dictature argentine. Enlèvements, torture, meurtres, les monstres de cette époque, militaires, politiques, clergé vivent encore et cherche à se protéger de leurs exactions passées. Enquête, thriller, histoire d’amour ensanglantée, Mapuche est comme Zulu, un livre sombre, violent, qui retrace pour nous une terrible page de l’histoire de l’Amérique du Sud. Cinq cent cinquante pages, des milliers de kilomètres de Buenos Aires jusque la cordelière, parfois road movie, parfois bain de sang, le livre prend au tripes, se complaisant dans les scènes violentes. Si vous vouliez vous détendre avec un bouquin sur la plage, passez votre chemin.

Vinyle ou CD ?

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Je n’étais pas aller trainer au centre ville de Strasbourg depuis fort longtemps, sans cesse occupé chaque weekends par des activités variées et avariées. Quand je vais en ville, ce n’est pas pour trouver des fringues, un short, un jean, les bouts … Continuer la lecture

Quoi de neuf docteur ?

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Après avoir semé des euros un peu partout sur la planète, l’heure est à la récolte. Les arrivages remplissent la boite aux lettres ces derniers jours et le temps me manque pour tout écouter. Pour Anubis, je l’ai déjà écouté … Continuer la lecture

Good Morning, Midnight

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Panne de lecture, j’ai deux bouquins en attente mais je n’arrive pas à me concentrer sur du matériel un peu cérébral, ça arrive. Du coup je suis passé chez mon libraire, j’ai fouillé un petit moment dans la pile SF sans vraiment trouver mon bonheur et ai pris, un peu par hasard et par dépit, un bouquin d’une auteure inconnue, Lily Brooks-Dalton, Good Morning, Goodbye.

Encore un de ces romans désespérés avec deux récits parallèles qui se rejoignent. Un vieil homme et une gamine survivent seuls, non loin du pôle nord. Dans l’espace, un équipage revient de Jupiter. Le reste du monde semble avoir cessé de respirer, du moins il ne répond plus. Les ondes radios sont devenues muettes, la Terre semble s’être vidée de toute vie.

Après quelques premières pages difficiles liées à une traduction à bas coup, le livre de Lily vous embarque dans le vaisseau spatial où les tensions deviennent explosives et dans cet observatoire déserté où un vieux scientifique découvre à l’automne de sa vie ses erreurs passées. Un roman profondément humain, sur fond de cataclysme, qui se lit à toute vitesse et dont il est difficile de sortir. J’y retrouve l’ambiance de Phare 23 ou de Silo de Hug Howey, un livre lent, sans action, tourné vers les personnages, plongé dans un monde sans avenir.

Morwenna

J’adore les livres qui parlent des livres. Avec Morwenna de Joe Walton, je vais être comblé.

Morwenna est une adolescente enfermée dans un austère pensionnat, loin de chez elle, qui ne pouvant faire de sport suite à une grave blessure, passe de longues heures dans la bibliothèque, à lire. Dans sa grande solitude, elle dévore principalement de la science fiction, Silverberg, Le Guin, Herbert, Tolkien et bien d’autres. Son univers, entre famille déchirée, mère folle, père absent, un grand-père à l’hôpital, une sœur jumelle décédée et un pensionnat où elle se retrouve prisonnière, isolée, voire rejetée, l’enferme un peu plus dans son univers littéraire et féerique dont la magie n’est pas absente.

Ecrit comme un journal, au jour le jour, le roman raconte l’étrange quotidien de Mori, dans lequel il se passe peu de choses, une rencontre avec son grand père, une lecture, un voyage en train, sa solitude au quotidien et la pesante ombre maléfique de sa mère qu’elle a fuit. Difficile de prévoir où ce récit va nous conduire, sauf en lisant la fin.

Corde raide

Je suis sur la corde raide. C’est avec des bouts de ficelle que je rafistole non agenda gribouillé, inventant des heures qui n’existent pas et ajoutant des jours dans le calendrier. Bien pratique la vingt cinquième heure du trente deuxième jour du mois pour caser l’interview retard. Entre le nœud plat pour fixer le cordier du violoncelle de ma femme, la connectique du home cinéma, les tendeurs pour palisser les arbres fruitiers et le nœud coulant pour le burn-out je me prends les pieds dans les câbles du micro au pied de la scène, à la recherche d’un coin pour dormir en pelote. Je perds mon self contrôle en démêlant les boucles de mon casque de baladeur, peinant à suivre la trame d’un concept album mal ficelé. Le temps file de plus en plus vite, les nuits élastiques sont au point de rupture, il faut que je dorme. Je vais jeter l’amarre, partir en croisière au loin et courir en string sur le pont du navire. Plus personne au bout du fil, pas de câble ethernet à connecter, aucun fil d’actualité à suivre; des vacances ! Plus que deux cent photos à développer, une interview à boucler, dix albums à chroniquer, trois live reports à publier, soixante vaisselles à nettoyer, cinq caddies à remplir, dix poubelles à sortir, vingt réveils à six heures du mat et je serai dans la file d’attente pour l’embarquement.

Il y a un robot dans le jardin

C’est sur le blog EmOtionS que j’ai entendu parler du livre de Deborah Install, Il y a robot dans le jardin. Comme je suis un boulet, j’ai beaucoup de mal à m’aventurer vers de nouveaux auteurs, alors soit je lis tous les ouvrages d’un même écrivain, soit je vais sur des blogs pour trouver quelques conseils, soit je pique les bouquins que ma femme n’a pas aimé (généralement, ce sont ceux qui me plaisent). Cela donne quelques erreurs d’aiguillages du genre Le Grand N’Importe Quoi ou des coups de cœurs comme Laurent Gaudé, tout dépend de ma chance ou de ma clairvoyance, à vous de juger.

Cette fois avec Il y a robot dans le jardin, c’est mon jour de chance. Je ne suis pas toujours d’accord avec les coups de cœur de Yvan, mais dans l’ensemble je suis assez en phase avec lui.

L’histoire pourrait se résumer à un road-movie impliquant deux personnages, une homme et un robot, qui vont parcourir la planète pour réparer une fuite d’huile. Il s’agit en réalité d’un récit empreint d’humanité et d’humour, qui nous conduit à la rencontre de personnages atypiques sur différents continents, de l’Europe aux Amériques en passant par l’Asie, à la naissance d’une conscience balbutiante et d’une histoire d’amour entre un tas de ferraille mal foutu et un homme perdu dans la vie.

Sans être de la grande littérature, le style reste agréable et fluide et le livre de Deborah se dévore, aggravant mes retards dans de nombreux domaines. Allez le découvrir de ce pas.