Chaos and the Cosmos – Our Song

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Lorsque j’étais en Italie, occupé à visiter Pompéi, j’ai reçu un commentaire de Gérard Blascos sur le Blog au sujet de l’album de Floor Jansen. C’est assez rare pour que je le mentionne ici.

On parlait de musiques légères et il a cité le groupe Chaos and the Cosmos et leur dernier album Our Song. Et comme je ne connaissais pas, je suis allé y jeter une oreille curieuse, allongé dans la chambre en sous-sol de notre location près d’une plage crasseuse.

Chaos and the Cosmos est un groupe basé à Seattle qui propose un art rock progressif riche en instruments acoustiques, voyez plutôt : violon, alto, violoncelle et trompette se greffent sur un formation prog classique guitare, basse, batterie, claviers, donnant une coloration toute particulière à leur musique.

Our Song possède un côté désuet et léger à la fois, un peu canterbury et clairement atypique dans la mouvance progressive actuelle. Une musique qui épouse à la fois des formes classiques, folks et progressives.

L’album se décline en quatre morceaux et sept pistes, dont ‘Our Song Suite’ qui tient sur toute la face B du vinyle et dont la dernière partie, ‘House of Love’, dure pas loin de treize minutes tout de même.

La pochette où la terre semble aspirée par une singularité, la photo du groupe où les musiciens sont déguisés (pardon mais je ne vois pas d’autre terme approprié), comme le jingle de la série The Outer Limits utilisé au début du premier morceau ‘The Singularity’ donne le ton de cet album conçu pour faire plaisir aux geeks.

Our Song se distingue par sa fraîcheur, par la profusion de cordes ainsi que des références disséminées un peu partout dans l’album comme une sonnerie de téléphone ou cette référence à une vieille série.

‘u Go-Go’ est sautillant comme un titre de Big Big Train, ‘prologue’, l’unique instrumental de l’album, joue de cinématique symphonique, ‘Heart Flies’ donne dans le space rock classico Vangelis romantique et ‘House of Love’ dans le psyché seventies.

Le groupe ne vivrait pas aux U.S.A., je me serais certainement offert l’édition vinyle, mais avec les frais de ports exorbitants sans parler des probables frais de douane, je préfère me contenter de la version digitale que vous trouverez sur Bandcamp.

Our Song n’est sans doute pas un de ces grands albums qui figureront sur le podium 2023, mais c’est un disque fort sympathique qui repose les oreilles et apporte un peu de fraîcheur et de fantaisie dans ce monde de brutes. 

Réglages

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La petite boîte noire de moins d’un kilogramme est arrivée et l’heure est aux essais et réglages.

Avec presque 300 grammes de plus que sa version Z6, elle pose déjà un premier problème. Mine de rien, c’est comme manipuler le un boîtier avec grip et deux batteries. Ca pèse. D’ailleurs, les premiers essais sur le télescope ont mis en relief un problème d’équilibre de la monture. Bref, c’est du lourd. 

En plus, je dois avoir deux petites mains car j’ai du mal à accéder aux boutons personnalisables sur la façade avant. Il va falloir que je prenne mes repères. Par contre, je retrouve avec plaisir un bouton de réglage AF dédié mais il faudrait une troisième molette pour choisir le sujet.

La détection des visages fonctionne assez bien même de dos avec des lumières changeantes en concert. Par contre, quand la fumée s’en mêle, c’est la panique totale, l’algorithme fait n’importe quoi.

Au final, malgré l’usage de l’IA et ses fonctions avancées, je vais probablement revenir à l’AFS et le spot pour les images de spectacles en faible lumière. Je trouve que mes premières photos manquent de piqué.

Le boîtier offre une multitude de modes personnalisés, quatre pour la prise de vue, quatre pour la vidéo et autant pour la visualisation sans parler de la programmation des boutons, écrans, menus etc.

Du coup, j’ai préparé quatre modes : un pour l’astro photographie, un pour les concerts, un pour l’animalier et enfin un pour tout le reste. J’ai différencié mes réglages, comme la profondeur de champ, le type d’autofocus, la plage de sensibilité, la cadence de rafale, mon interface tactile et les commandes indispensables dans certains des modes. Par exemple pour la photo animalière, j’ai programmé un bouton pour passer du format FX à DX en un clic.

L’écran arrière gagne un degré de liberté même s’il ne peut toujours pas se tourner dans le sens de l’objectif. Il permet cependant d’afficher les informations en mode portrait. 

Les commandes n’ont pas la même souplesse que sur le Z6 II mais c’est probablement dû à la jeunesse de l’équipement.

Je n’ai pas parlé du principal, le capteur 45 MP. Cela fait de grosses images, même très grosses dans lesquelles on peu croper allègrement pour recadrer ou zoomer. Un capteur multi couches sans obturateur mécanique, donc totalement silencieux (parfait pour l’animalier).

Le volet qui protège le capteur lors d’un changement d’objectif est un vrai plus qui manquait au Z6 et Z7. Avec le Z8 c’est enfin réparé. Sauf que, en moins d’une semaine d’utilisation, un insecte a réussi à se coller sur les photosites pendant un concert, alors que je n’avais pas procédé à un changement d’objectif. J’imagine que la bestiole s’est glissée entre le rideau et le capteur pendant une session astro et à décidé de mourrir sur le capteur en plein shooting.

Photographier en Z8 c’est un peu comme effectuer 250 km avec une Renault Zoe en hiver. On a les yeux rivés sur la jauge de la batterie. Si le Z6 est sobre, le Z8 est gourmand, et ça sans l’éclairage des boutons ou l’affichage de l’image à chaque cliché. A propos de cliché, pensez à diminuer la rafale si vous n’en avez pas absolument besoin, la carte CF 64 GO se remplit très vite si on ne fait pas attention.

Bon après, je suis assez content de la bête, surtout pour frimer dans le club photo. Maintenant il faut que j’apprenne à maîtriser le monstre.

King Buffalo au P8

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C’est Sébastien qui m’a rappelé à temps que King Buffalo jouait au P8 jeudi 8 juin. Un groupe que j’avais déjà écouté au Rock Your Brain Fest, mais dans de mauvaises conditions et que nous avions manqué, quelques mois auparavant, pour de bonnes raisons médicales.

Cette fois pas d’excuses. J’avais pris mon vendredi, Seb était en forme et mon accréditation photo venait d’être validée par le tour manager.

Après deux pizzas pour le prix d’une grace aux beaux yeux de tombeur de mon chauffeur, nous prenions la route de Karlsruhe en Allemagne. Cette fois il conduisait et moi je buvais. Il faut bien inverser les rôles de temps en temps.

Avec les beaux jours, le bar se tenait en extérieur, rendant le lieu encore plus convivial que la fois précédente. Hélas, la bière était tiède, et une blanche tiédasse, bref…

J’étais ‘Le Photographe’ de la soirée comme l’avait annoncé la personne à l’accueil , c’est à dire le seul en fait, alors je l’en suis donné à coeur joie.

Lucid Dream ouvrait la soirée à 20h30, un quatuor de rock psychédélique instrumental avec un clavier saxophoniste des îles,  un grand guitariste tout maigre, un batteur virtuose et un bassiste caché dans l’ombre. Le groupe m’est totalement inconnu ce qui ne l’empêche pas de me séduire très vite avec sa musique d’un autre temps. Des titres très long, planants, pas forcément d’une grande richesse, mais qui installent une atmosphère seventies dans cette salle de Karlsruhe.

Le batteur étant pour une fois près du public, je me suis lâché sur lui car ce genre d’opportunité est assez rare. Le saxo, même si ce fut trop court, a apporté une jolie diversion au psyché ambiant dominé par la batterie et la guitare.

Après ce mise en bouche fort plaisante, King Buffalo se met en place. Trois musiciens sur la grande scène du P8 ça fait un peu vide d’autant que le guitariste et le bassiste occupent chacun un côté du plateau et que le batteur se trouve tout au fond. Le blondinet vit son trip chamanique à quatre cordes dans don coin, esquissant d’étrange danses bondissantes. Le batteur tatoué transpire à grosses gouttes sous les projecteurs et le chanteur guitariste claudiquant reste accroché à son micro et sa six cordes toutes la soirée, concentré sur la musique. Pour le show, on repassera, par contre la musique est au rendez-vous, revisitant les derniers albums du groupe.

Le son P8 est toujours bien équilibré, un poil trop fort sans doute, les lumières variés mais l’ingé lumières ayant l’habitude d’avoir un frontman au milieu de la scène à tendance à braquer les projecteurs au mauvais endroit. Malgré un public au rendez-vous, il est encore possible de bouger dans la salle et si les fans bougent beaucoup, quand je me pointe avec mon appareil, ils me laissent de la place et cessent de s’agiter, le temps de la photo. J’aime bien les allemands.

A la fin du concert, je m’offre enfin le vinyle de The Burden of Restlessness auquel j’avais renoncé à cause des frais habituels pour les imports U.S. un très beau pressage rouge qui tourne en ce moment sur ma platine.

Ce fut un très bon concert malgré une blanche tiédasse. Décidément le P8 propose une belle programmation, la salle est sympa et un son de qualité. Je ne peux que vous la recommander.

Toutes les photos de King Buffalo et de Lucid Dream sont sur Flickr.

Supersonic Revolution – Golden Age Of Music

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Arjen Lucassen est un grand malade. Non content de composer dans Ayreon, Star One, Stream of Passion, The Gentle Storm ou sous son nom, il s’est embarqué dans Spersonic Revolution avec John Jaycee Cuijpers, Timo Somers, Koen Herfst et Joost Van Den Brolk.

Le plus dingue dans cette histoire, c’est qu’Arjen tient ici le poste de bassiste. Bassiste? What the fuck !

Si Arjen est un grand malade, je ne vaut guère mieux, puisque dès qu’il sort un truc, je le précommande. J’ai quand même hésité quelques secondes avec Supersonic Revolution car le premier extrait et son clip flashy à l’animation un peu cheap m’avaient refroidis. N’empêche, j’ai craqué et me voila devant un album aux couleurs qui piquent et aux sonorités seventies.

Seventies oui, mais certainement pas progressives à la manière de Genesis. Plutôt Deep Purple, si vous voyez la nuance. Oui, ça dépote.

Une heure huit de musique, quinze morceaux dont quatre reprises, ici on donne dans les titres expressos où l’on reconnaît la patte de Joost très inspirée par Ayreon ainsi que l’inimitable jeu de basse de Arjen (ok, là je déconne)…

Jaycee rêvait de monter un groupe avec Arjen, ben voila c’est fait et le moins que l’on puisse dire c’est qu’il rentabilise cette collaboration. Vous allez l’entendre ce rocker aux cheveux bouclés qui chantait sur The Final Experiment. Car Golden Age of Music n’offre pas beaucoup de respirations, sauf peut-être sur ‘Odyssey’, ‘Fight Of The Century’ et ‘Holy Holy Ground’.

L’album est un hommage à la musique des seventies et à ses artistes. Chaque morceau évoque un groupe, un album ou un titre emblématique de ces années-là. C’est dans le livret que vous trouverez les clés, car ces compositions de haut vol, même si elles incorporent quelques indices, sont dans la veine des tubes grandiloquents de Arjen. Normal ceci dit au passage, c’est lui qui a tout écrit et composé sorti du prélude que l’on doit à Joost.

Si les musiciens font du très beau boulot sur ces quinze morceaux, je suis moins convaincu par le mixage et la production un peu terne qui manquent de mordant, que ce soit sur le vinyle ou le CD.

Vous voulez sans doute connaître mon morceau préféré ? Vous en êtes certains ? Ben c’est le dernier, ‘Love It All’. Comment ça c’est une reprise ? Mince… c’est moche. Mais y a pas a dire, les compositions des seventies c’était quand même quelque chose ! C’est sympa de copier ces années-là, mais bon, rien ne vaut l’original.

Après plus d’une heure de claviers vintages rugissants, de chant à donf, de guitares et pas vraiment de pause, je suis sur les rotules.

Au moins dans le dernier Ayreon, il y avait des endroits où souffler un peu. Golden Age Of Music n’est pas un mauvais album, loin de là, mais il est trop long et trop dense. Dans les seventies, on pressait des vinyles de quarante cinq minutes maxi et c’était bien assez.

Si vous êtes comme moi, un inconditionnel de Arjen Anthony Lucassen, je suis certain que vous l’avez déjà acheté, sinon écouté et peut-être même adoré. Pour les autres, écoutez le un peu avant quand même.

La tragédie de l’orque

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Le livre de Pierre Raufast n’est pas un remake de Sauvez Willy mais le premier tome de la Trilogie baryonique. Un récit de science-fiction mettant en scène des mineurs de matière noire qui créent des trous noir pour traverser les replis de l’espace-temps.

Et évidemment, comme l’indique le titre, la mission, après quarante années de routine sans un seul pépin, vire au cauchemar, sinon il n’y aurait pas de roman.

Les orques, ces petits vaisseaux sphériques conçus pour résister au pressions et rayonnements lors du passage dans la singularité.

Leur mission explorer l’univers, le cartographier, chercher la vie et trouver de l’antimatière afin de miniaturiser les ordinateurs quantiques qu’abritent les IA qui assistent les humains dans leur quotidien.

Les orques abritent un équipage composé de deux mineurs, qui pendant des mois, vont cohabiter, totalement isolés de la Terre, une fois de l’autre côté du trou de ver. 

C’est cette cohabitation et l’isolement qui occupent le meilleur du roman. Di l’idée des mineurs d’antimatière est bien trouvée, le huis clos des explorateurs, le manque d’information entre la Terre et le vaisseau ainsi que les tensions dans les équipages, constituent la partie la plus interrogée du roman.

Le livre aborde également le débat de la dépendance des humains aux intelligences artificielles, la manière dont les proches vivent les longues absences des mineurs d’antimatière et les tractations politiques entre les différentes agences qui gère l’exploration et l’exploitation des orques.

Le roman de Pierre Raufast se lit bien, proposant quelques idées assez originales et un rythme agréable, entre réflexion et suspense. Toutefois je ne suis pas certain d’aller plus loin dans cette trilogie pour autant. Le livre manque sans doute un peu de profondeur pour me captiver totalement.

Arpèges

Du temps de Neoprog, je bénéficiais de « petits » privilèges, comme d’être invité aux balances de certains concerts, l’occasion de découvrir l’envers du décor et les artistes dans leur travail, sans les paillettes et le public. 

Le trio de l’association ArpegiA, qui organise plusieurs fois par an des concerts de rock progressif Chez Paulette, ne m’a pas oublié avec la fin du webzine et ils ont renouvelé l’invitation pour leur soirée avec Lazuli et Esthesis, le samedi 3 juin.

Une double affiche très alléchante qui m’a conduit une nouvelle fois à Pagney derrière Barine, ce village perdu en Lorraine qui cache une salle de concert centenaire.

Après une nuit dans les étoiles et quelques heures de sommeil, j’arrivais vers 15h30 sous un soleil radieux pour le début du sound check de Lazuli. Je suis d’abord tombé sur Aurélien Goude, le frontman d’Esthesis et Michel de l’association ArpegiA qui discutaient devant la porte de Chez Paulette. Tout de suite le ton a été donné : Aurélien m’a demandé d’être indulgent dans ce live report car il sortait à peine d’une laryngite et risquait de ne pas être au top de sa forme ce soir. 

Indulgent moi ? 

Une fois dans la salle, j’ai retrouvé Chris et Pat, les deux autres arpégiens, leurs épouses, Lazuli au travail et toute l’équipe de Chez Paulette. C’était bon d’être de retour chez soi, enfin presque, disons que j’y viens assez souvent.

J’ai profité des balances pour roder mon tout nouvel attirail photo.  Il me donnera d’ailleurs quelques sueurs froides pendant le concert et gâchera un peu la fête. C’est aussi l’occasion de discuter avec un confrère belge, lui aussi abonné de Chez Paulette et de refaire le prog avec Pat et Chris. 

Pat, que j’ai toujours considéré comme un petit jeune, m’annonce la bouche en cœur qu’il prend bientôt sa retraite. Sa retraite dans ArpegiA ? Non professionnelle. Le vieillard chenu est bien conservé malgré ses soixante-deux ans. Je lui en aurais donné dix de moins, sinon plus. Je suis dégoûté. Il me reste sept piges à tirer.

Pendant le sound check l’ingé vient me proposer de caler les fumées avec lui afin que je puisse shooter confortablement et Aurélien me propose de monter sur scène pour faire des images. Pat me présente à un photographe pro comme si j’étais un virtuose du déclencheur, bref je ne sais plus où me mettre, surtout que question photo, je vais vraiment faire de la merde pendant le concert. 

Le photographe en question installe tout un barda, écran tactile, projecteurs LED, boîtier asservi, flash et imprimante pour proposer des souvenirs sous forme de selfies de la soirée. J’avoue que je suis très intrigué par l’installation et tape l’inscrute en le soûlant avec mon amateurisme photo. 

Pendant ce temps là les musiciens bossent, tentent de régler quelques problèmes techniques qui reviendront hanter le show comme le vidéo projecteur récalcitrant, les parasites d’un portable dans les retours ou les fumées finalement surabondantes. Qu’importe, la bonne humeur est là, Romain et Arnaud sont en grande forme et n’arrêtent pas de déconner.

Peu avant le repas pris en commun dans la salle avec les deux groupes et toute l’équipe technique, je me glisse dans une conversation passionnante où Dominique et Pat évoquent les paroles du dernier album de Lazuli. Pat donne ses interprétations et Dominique révèle l’histoire dans l’histoire et le contexte, donnant un tout autre éclairage à cet album dans lequel je vais me replonger.

Après un bœuf braisé aux légumes, du fromage et un dessert très citronné, les choses sérieuses vont commencer. Je revêts le harnais, y accroche les deux boîtiers, m’installe sur les marches et me prépare au tsunami de fans se ruant dans la salle. C’est le moment où je retrouve d’autres copains et copines de concerts, les habitués du lieu venus écouter les groupes qu’ils adorent. Il n’y a hélas pas foule, un peu plus de deux-cent personnes, pas assez en tout cas à mon goût ni pour les organisateurs.

Esthesis arrive sur scène au son du générique de James Bond. Guillaume, le guitariste du groupe n’est pas là, remplacé par Vincent de Berlin Heart. Aurélien ne pousse pas sur sa voix pour se ménager et se fait un peu déborder au début la voix de Mathilde. Mince, on m’avait demandé d’être indulgent ! Mais pour que faire ? Honnêtement le groupe assure et j’accroche nettement plus que la dernière fois que je les ai vu ici en novembre 2021. Alors oui, je préfère de beaucoup les titres de l’album Watching Worlds Collide à ceux de l’EP, mais ça n’est pas nouveau. Globalement, malgré la voix retenue du chanteur, le groupe nous livre un set de belle facture. 

Lazuli prend la relève, toujours enquiquiné par le vidéo projecteur récalcitrant, un brouillard digne du fog londonien et la léode de Claude pas complètement câblée. Le groupe attaque avec ‘Sillonner des océans de vinyles’, un de mes morceaux préféré du onzième album auquel ils donneront un bel éclairage. Ils s’offrent également une délicieuse parenthèse avec Le fantastique envol de Dieter Böhm qui déchaîne l’enthousiasme de l’assemblée conquise puis quelques titres plus anciens qui font toujours chaud au cœur. Dominique, en costume trois pièces, un peu à la manière d’un clown, raconte ses souvenirs d’enfance dans ‘Triste Carnaval’ ou ‘La bétaillère’, un morceau pendant lequel Claude lance à Dominique un ‘ce n’était pas moi’, à propos d’une certaine odeur dans la R16 familiale… 

C’est pendant cet épisode porcin que je vois apparaître une tache floue dans le viseur du boîtier photo. Saperlipopette ! Je nettoie tant bien que mal l’objectif mais la tâche ne disparaît pas. Je bascule en catastrophe sur le second boîtier, permute les optiques dans le noir et continue les photos. A la fin du morceau je me replie au bar en urgence et sous un spot, découvre un moucheron collé au capteur, pas posé, collé. Faute de matériel ad hoc pour nettoyer, je renonce au nouveau joujou et prie pour que je puisse réparer la casse à la maison. Mais comment ce truc a pu se glisser sous le volet de protection, entre l’objectif et le capteur alors que je n’ai rien touché depuis la veille ? Mystère…

J’avoue que l’incident m’a quelque peu contrarié et que j’ai perdu un peu le fil du concert ensuite, même si c’était vraiment très bien.

Le concert s’achève sur un duo piano batterie, le traditionnel morceau de marimba à neuf mains et les remerciements de Dominique à toute l’équipe et au public conquis. 

Après avoir papoté encore un peu et remercié ArpegiA pour son accueil, je reprends la route vers l’Alsace que j’atteindrai vers 3h du matin. Une dizaine d’heure plus tard et un nettoyage de capteur, j’étais de nouveau sur le pont à Strasbourg, pour un concert de musique classique avec captation vidéo et photographies. Dimanche soir, je dormais comme un bébé à 22h.

Voici quelques unes du sound check, de Esthesis et de Lazuli.

FVNERALS – Let the Earth Be Silent

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Noir c’est noir, il n’y a plus d’espoir. Ben c’est un peu ça FUNERALS et leur doom ambiant chanté par Tiffany Ström.

Le duo allemand donne dans la musique atmosphérique doom post indus cinématique chamanique. Chant, basse, guitares, arrangements et percussions hantent les sept titres de Let the Earth Be Silent.

Un album de quarante minutes qui imagine le monde après une extinction de masse de l’humanité, une terre déserte et silencieuse où résonnait la musique du groupe. Mon rêve en fait. Les morceaux vont du bref ‘Rite’ au plus ambitieux ‘Barrent’ qui dépasse les huit minutes tout de même. Mais l’album est un tout qui s’écoute comme une seule piste, d’une traite, en fond sonore comme en immersion au casque.

C’est la pochette en noir et blanc, ce corps androgine nu recroquevillé dans un nid de branches qui a attiré mon regard. Et d’un bel artwork à l’écoute d’un album, il y a souvent qu’un pas que je franchis assez souvent.

Le chant évanescent, façon new age, posé sur des textures sonores sombres et lentes, domine l’album, offrant assez peu de contrastes, ce qui relègue vite Funerals dans les musiques à écouter en faisant autre chose ou pour les jours de très grosses déprime.

‘Descent’ est l’exemple même de cette musique atmosphérique au chant éthéré. Quelques accords de guitares isolés, pas de montée en puissance, ni de thème ou de refrain. Un morceau tout en attente qui ne décolle jamais vraiment malgré un passage un peu plus lumineux vers la troisième minute avant de retomber dans l’ombre oppressante. Presque un pont entre ‘Aschen’ et ‘For Horror Eats The Light’.

Je vais encore une fois citer Birdy ou La dernière tentation du Christ de Peter Gabriel, mais les atmosphères de Let the Earth Be Silent me font souvent penser à sa musique. Des trames graves, de rares percussions espacées, des sonorités étranges et un chant difficilement lisible, noyé dans les effets et les ténèbres, comme une incantation.

Mon titre préféré est le troisième, ‘For Horror Eats The Light’, sans doute parce qu’il est l’un des plus long et des plus construit des sept avec ‘Barren’.

Faites gaffe quand même, si vous êtes au bout du rouleau, Let the Earth Be Silent pourrait vous amener à commettre l’irréparable. Alors, avant d’aller l’écouter sur Bandcamp, consultez quand même votre psy.

Le Nouveau

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Un polar écrit par un auteur japonais représentait pour moi une expérience littéraire très exotique. C’est ce qui m’a principalement décidé à me plonger dans Le Nouveau de Keigo Higashino outre le fait qu’il soit édité dans la collection Babel noir que j’apprécie beaucoup.

Une dame seule, est assassinée à son domicile et le policier Kaga Kyõichirõ, nouvellement muté dans le vieux Tokyo est chargé d’aider la préfecture sur cette enquête.

Une enquête qui commence comme une succession de nouvelles, des chapitres où le lecteur pénètre dans des commerces du quartier de Ningyõchõ, découvre les vendeurs (souvent de jeunes apprentis) et dénoue le fil des événements à la manière d’un roman d’Agatha Christie.

Une manière pour le moins originale de raconter l’histoire, de présenter le policier, la victime et sa famille, une immersion dans la vie d’un quartier du vieux Tokyo avec ses traditions, ses commerces, ses rues, son artisanat et ses spécialités culinaires. Un pur dépaysement où l’enquête devient secondaire, cédant la place à de multiples petites intrigues du quotidien de ce quartier nippon.

Comme dans les vieux polars, chaque personnage est soupçonné avant d’être innocenté par la révélation d’un secret ou d’un détail. Un enfant que chacun des parents voient en secret, une belle mère et sa bru qui s’apprécient sans oser se l’avouer, un père qui a une fille cachée, un apprenti qui fait des courses en secret pour son patron…

Vers le milieu du roman, l’auteur rentre dans le vif de l’enquête, commençant à dérouler la chronologie des événements et les soupçons se resserrent peu à peu autour d’un des personnages de l’histoire.

Qui a tué Mineko, pour quelle raison, où trouve-t-on des gaufres à la pâte de haricots rouge, quel est ce mystérieux chiot, vous le saurez uniquement en lisant cet excellent policier atypique pleins n d’humanité.

Urgences

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Je suis devenu un abonné des urgences. Il faut dire qu’à la maison, mon entourage ne plaisante plus avec mes petits soucis de santé depuis une certaine fracture du rein.

Samedi, jour de migraine, je suis allé à vélo au Gros Malin, chercher une mallette pour ranger mon matériel d’astronomie, car si vous ne l’aviez pas remarqué, le ciel est enfin clair et je peux à nouveau sortir le télescope. Et vu que je comptais monter au Champ du Feu pour quelques observations, il fallait que j’optimise le rangement des oculaires, de la raquette, de la batterie et des câbles. Une mallette rigide et un peu de mousse remplacerait avantageusement mes deux cartons actuels.

J’ai trouvé mon bonheur chez la grande enseigne et suis rentré direction la maison, avec dans une main la mallette, dans l’autre le guidon. Oui, je suis con, je l’avoue mais j’avais mal anticipé la chose. Les migraines n’aident pas beaucoup à être lucide. 

Évidemment, il y avait un piéton zigzagant sur la piste cyclable, un piéton regardant son téléphone tout en écoutant de la musique au casque.

J’ai voulu me signaler. La sonnette étant à gauche comme la mallette, ma tentative pour l’avertir s’est achevée à plat ventre sur le goudron. Ouille ! Jean déchiré, bobos à la main gauche, mallette cabossée, coude et genoux éraflés et une sourde douleur dans les côtes, je suis arrivé dans un état assez pitoyable à la maison. 

Oui, parce que personne ne s’est vraiment préoccupé de me savoir à terre, le piéton ne s’est même pas retourné malgré ma gueulante, les voitures sont passées dans une totale indifférence.

C’est à table que mon fils m’a fait comprendre, qu’avec mes lourds antécédents, je devrais aller aux urgences. Oui c’est comme ça que j’ai failli mourir il y a six ans d’une hémorragie interne au rein. Bref.

Alors, malgré la journée ensoleillée, je suis allé aux urgences, surtout pour le rassurer en fait. 

Et si vous ne le saviez pas encore, les services urgentistes sont totalement débordés. Les gens viennent pour un mal de tête, des écorchures au coude et au genoux, un œil en moins, un couteau planté dans la main, une balle de la tête ou un diarrhée après un repas au kebab du coin.

Ce samedi là c’était un festival mais j’ai connu pire. Au bout d’une heure, j’ai été pris en charge par un sympathique infirmier débordé qui s’est soucié de mes égratignures, un peu moins de mes côtes et pas du tout d’une éventuelle fracture du rein. Après quelques prises de constantes il m’a renvoyé en salle d’attente pour voir le médecin. 

Une autre heure plus tard, un vénérable vieillard, a invité plusieurs personnes amochées, dont moi même à le suivre. Nous étions redirigé vers SOS médecin, plus vers les urgences.

Une autre heure plus tard, le vieil homme qui n’était que le médecin, sans doute retraité (il aurait pu être mon père), m’a enfin ausculté. Cette fois il a regardé les côtes douloureuses, écouté mes poumons, palpé le rein et vérifié que mes membres étaient encore dans le bon sens. Il m’a gentiment proposé de faire des radios, de poser des bandages et m’a recommandé de revenir si je pissais rouge puis m’a laissé repartir. 

Oui, lorsque l’on pisse rouge, c’est très mauvais signe pour le rein. Je le sais, j’ai surveillé ça pendant des mois après mon précédent accident.

J’aurais bien aimé une analyse d’urine comme celle qui m’a probablement sauvé la vie il y a six ans. Car dès l’instant où ils avaient trouvé des traces de sang dans mon précieux liquide doré, j’avais été allongé et immobilisé avec interdiction de bouger avant de passer un scanner puis un IRM et d’être placé en soins intensifs.

Le tout, c’était de passer la nuit sans nouvelle complication. Si vous voyez plus d’articles publiés sur ce blog après celui-ci, c’est que je pisse rouge.

Kite Parade – Retro

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Vous souvenez-vous de Kite Parade ? Je vous en avais parlé l’an passé avec son premier album The Way Home.

Andy Foster est de retour avec Retro, accompagné de nombreux artistes comme Nick D’Virgilio, Joe Crabtree ou Steve Thorne. Un album six titres de cinquante minutes dont un long format final d’un quart d’heure.

La pochette, aux couleurs vintages, présente une pièce bleue dans laquelle trone un mannequin de couture en robe rouge au visage de femme près duquel une pile de vinyles est posée sur une chaise d’un autre temps. Un décor où les murs déformés rejoignent les portes et les plafonds ornés d’étranges tableaux rouges.

L’album aborde des thèmes de société comme la surconsommation, les choix qui guident notre existence ou le libre arbitre sur des morceaux à guitares dans lesquels se glissent des bruitages et des voix enregistrées.

La longueur des morceaux comme l’écriture d’Andy ou le choix des artistes présents sur ce second opus prouvent, s’il était besoin, le virage progressif qu’à pris Andy et j’avance peut-être ici, mais je pense que personne ne s’en plaindra.

On perd sans doute un peu de spontanéité là où on gagne en complexité musicale. Du coup, Retro se rapproche un peu plus de It Bites, Lonely Robot et de Frost.

‘Shadows Fall’ fait un peu exception à la règle. Le titre de neuf minutes s’ouvre de manière acoustique après des cloches d’église et s’embarque ensuite sur un long solo de saxophone.

‘Merry-Go-Round’ qui clôture l’album en un quart d’heure est dans la plus pure tradition progressive. Il s’ouvre sur une section instrumentale à la guitare de plus de deux minutes avant d’attaquer le premier couplet. A mi-chemin, le thème du début revient sur une voix enregistrée façon commentaire politique avant de repartir de plus belle dans le prog.

Kite Parade perd en originalité et en fraîcheur avec Retro mais va clairement toucher un public plus progressif en s’éloignant de la pop. Pour ma part, il est encore trop tôt pour déterminer lequel de Retro ou de The Way Home aura ma préférence. Les albums sont assez différents mais tous deux excellents. Alors allez les découvrir sur Bandcamp et plus si affinités bien entendu.