Royal Sorrow – Innerdeeps

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Bon, les groupes de métal progressif mélangeant chant clair, djent, électro et pop, j’en ai clairement ma claque, sauf si vous me parlez de Voyager, Leprous ou Vola. Alors pourquoi vous présenter Royal Sorrow aujourd’hui, sérieusement ?

Tout d’abord parce que je n’ai plus rien en stock et qu’il fallait bien trouver un album pour cette semaine. Ensuite parce que je n’ai jamais chroniqué ce jeune groupe de metal. Normal vous me direz, puisqu’ils signent ici leur premier disque chez Inside Out. Enfin parce que malgré son côté commercial, Innerdeeps tabasse pas mal.

Innerdeeps est une galette de trois quarts d’heure contenant dix titres de trois à cinq minutes. Sa musique se rapproche comme mentionné plus haut de Leprous, Voyager, Vola, Tesseract et compagnie, savant mélange de gentil poutrage, de refrains mélodiques, de touches électro, le tout joué par trois gamins.

Markus chante et joue des guitares, Eero est à la basse et Janne cogne sur la batterie. Vocalement, pas de growl qui déchire les oreilles. A la place, c’est un chant clair médium un peu énervé qui domine avec des chœurs à profusion.

La batterie offre un service sur mesure, parfois un rythme paresseux minimaliste, parfois un toucher électrique ébouriffant. Quant à la guitare et la basse, elles se calent sur ce tempo à géométrie variable. Les guitares s’offrent en plus du djent de ‘Survival Complex’, quelques envolées lyriques comme dans ‘Samsara’. Il y a également des claviers à tendance électro qui complètent l’ensemble.

Tout cela est très bien joué, le trio connaît son affaire, mais ne nous mentons pas, c’est archi-classique. Niveau prise de risque et innovation, Innerdeeps risque de vous décevoir. Ceci posé, je trouve ‘Metrograve’ assez réussi avec son effet métronomique en introduction et le poutrage de ‘Survival Complex’ est des plus efficaces. Ce sont les deux titres qui sortent vraiment du lot sur l’album Innerdeeps. J’aurais aimé qu’il y en ait plus du même tonneau.

Le côté pêchu de l’album vient à la fois de la voix et de la musique. Si Markus use le plus souvent de chant clair, il force sur ses cordes vocales de temps à autre, toujours à la limite scream sans pousser jusqu’à la grosse voix, énervant quelques secondes un titre qui aurait pu rester gentillet.

Innerdeeps est une belle entrée en matière pour le jeune groupe Royal Sorrow. Il manque toutefois de personnalité, comme bien souvent, en restant largement influencé par ses modèles.

Si vous aimez le métal prog à la manière de Leprous, allez les découvrir.

Green Carnation – A Dark Poem Part I : The Shores of Melancolia

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C’est Stéphane Gallay de Radio Erdorin qui m’a fait découvrir le groupe Green Carnation avec l’album Leaves of Yesteryear il y a cinq ans. Je ne l’avais pourtant pas chroniqué ici, je ne sais plus pour quelle raison, peut-être simplement parce que je n’avais rien à apporter de plus à la chronique de Stéphane. Mais avec la sortie du premier album du triptyque A Dark Poem, j’ai décidé de prendre ma plus belle plume pour vous en parler.

Déjà commençons par les présentations : Green Carnation est un groupe de métal progressif norvégien né en 1990 donne tout d’abord dans le death. La formation actuelle date de 2014, car l’histoire de Green Carnation a été quelque peu mouvementée. 

D’ailleurs je me suis aperçu, en effectuant des recherches pour cette chronique, que j’avais un de leurs albums de la première période, Light of Day, Day in Darkness, sorti en 2001, deux titres épiques respectivement long de trente-deux et vingt sept minutes. Aujourd’hui, leur univers musical me fait penser à celui du groupe Arena avec un son musclé chargé de claviers et un chant théâtral proche de celui de Paul Manzi. 

En parlant de chant, Grutle Kjellson de Enslaved vient hurler sur ‘The Slave That You Are’, cassant la routine tranquille de Kjetill Nordhus. Et puisque l’on en est aux artistes invités, vous entendrez également Ingrid Ose à la flûte sur deux titres et les percussions de Henning Seldal dans le dernier morceau ‘Too Close to the flame’.

J’ai parlé des claviers et du chant mais il serait cruel de passer sous silence l’incroyable jeu de Tommy qui opère derrière les fûts. Une batterie aux rebondissements fabuleusement progressifs comme dans ‘In Your Paradise’.

L’album de quarante-deux minutes contient six morceaux de cinq à neuf minutes. C’est court, mais à ce rythme là, si les gars arrivent au bout de la trilogie, celà donnera un concept album de plus de deux heures quand même.

Avec ce premier opus intitulé The Shores of Melancolia, Le groupe nous embarque pour un voyage fantastique dans la noirceur de l’âme humaine.

The Shores of Melancolia est sombre, violent, progressif, épique. Tout en gardant une belle unité narrative, il alterne les atmosphères musicales avec des tonalités orientales comme dans le titre album ou du heavy dans le titre final.

Comme dit juste au dessus, le thème de l’album n’est pas franchement bisounours. Si vous faites l’effort de lire les paroles, vous verrez que ça ne rigole pas. Voyez vous-même  : “La fin est proche, les victimes, les adversités sont là …  les accidents, les décès, les calamités sont là… le destin, la misère, l’exigence sont là… l’effondrement est proche, l’urgence, le cataclysme est là”.

Je n’ai trouvé qu’un seul reproche à faire A Dark Poem Part I, son illustration. Franchement, elle ne me plait pas, disons qu’elle ne me donne pas envie d’acheter l’édition vinyle. Il y a de l’idée pourtant, cette cape étoilée, ce ciel doré et le motif des vagues que l’on retrouve un peu partout sauf dans le ciel. Mais bon, je n’aime pas.

Bref, sorti de ce petit détail, le dernier Green Carnation pourrait réconcilier les progeux et les métalleux sous une même bannière, celle de The Shores of Melancolia.

Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Ilho – Legacy

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L’an passé, je vous avais présenté la réédition du premier album du trio britannique Ilho.

Cette année, ils viennent de sortir Legacy, un disque de plus d’une heure comportant dix morceaux dont plusieurs qui dépassent les sept minutes.

Ilho joue du métal progressif au sens très large puisque vous entendrez sur ce second opus des morceaux relativement pops, du métal, du djent, des orchestrations ainsi que de l’électro. Ilho se rapproche musicalement de Voyager, mais également de Leprous, de Tesseract et parfois de Porcupine Tree comme au début de ‘Empire’ en cherchant bien.

Pour réussir à produire tout ce bruit, le trio fait appel à trois autres musiciens, Liam McLaughlin, Connor Mackie et Romain Jeuniau, parce que bon, voila quoi.

Legacy est un concept futuriste qui critique les progrès technologiques qui servent plus le profit que le bien-être de l’humanité. Autant dire un vaste sujet.

Ce que j’ai tout de suite aimé chez Ilho c’est la voix claire, haute et plaintive d’Andy Robinson. C’est aussi, paradoxalement, la faiblesse du groupe, car le chant prend, à mon goût, trop le pas sur la musique, qui pourtant, est capable de belles poussées forgeronnes.

Legacy alterne douceur et violence, plus du premier que du second d’ailleurs, ce qui est à mon avis regrettable étant donné la durée de la galette. Oui parce que pour le coup, ce que j’ai envie d’entendre, ce sont les poussées de testostérone comme dans ‘Replica’ ou ‘Cenotaph’.

Ceci posé, j’aime quand même beaucoup le morceau final de dix minutes qui est pourtant relativement soft, voir très progressif.

Le problème est que je n’arrive jamais au bout de Legacy lorsque j’essaye de l’écouter d’une traite. Il y a toujours un moment où je décroche. C’est probablement du à sa relative homogénéité sonore. La densité des claviers et du chant nuisent à la lisibilité de la musique.

Pour moi, c’est clairement trop chargé même s’il y a quelques éclaircies par moment. Legacy est un bel album que je n’arrive pas à écouter dans son intégralité.

Il est trop long, trop chargé et trop homogène à mon goût. Je lui préfère Union et l’écriture plus mordante et plus fraîche. Mais surtout, ne vous interdisez pas de l’écouter, il pourrait bien vous séduire.

Katatonia – Nightmares as Extensions of the Waking State

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Je me suis enfin décidé à vous parler de l’album Nightmares as Extensions of the Waking State de Katatonia. J’ai hésité parce que sincèrement un titre pareil, c’est juste pas possible à prononcer pendant une vidéo, même avec un prompteur. Nightmares as Extensions of the Waking State, sérieusement…

Je vais vous parler du dernier album Katatonia pour trois raisons.

  • Premièrement, je l’ai acheté.
  • Ensuite, je n’ai plus rien en stock en ce moment.
  • Enfin c’est quand même Katatonia.

Pour moi, Katatonia c’est avant tout la voix fabuleuse de Jonas Renkse. Bon c’est aussi du métal mélancolique, mais c’est d’abord la voix de Jonas.

Nightmares as Extensions of the Waking State change toutefois un peu la donne avec une écriture plus mordante qu’à l’ordinaire. Pour preuve, le premier morceau ‘Thrice’ qui lance l’album. Les guitares flirtent parfois avec le djent et certains passages aux claviers sont très tendus. Reste la voix de Jonas qui garde cette douceur mélancolique malgré tous ses efforts pour l’endurcir.

Les chœurs façon requiem dans ‘Wind of no Change’, innovent un peu comme l’attaque du morceau à la basse et à la batterie, qui est pour le moins inhabituelle chez Katatonia. Il y a également le titre ‘Efter Solen’ chanté en suédois, une petite nouveauté fortement appréciée, car après tout, quelle idée de chanter tout le temps en anglais. Pour le coup, à l’opposé de ‘Thrice’, il s’agit d’une des pièces les plus cool du disque malgré son final électrosensible.

Il faut aussi parler des soli de guitare comme dans le dernier titre, ‘In the Event of’. Ce n’est pas souvent que la six cordes se lâche aussi longtemps dans un album de Katatonia.

Après avoir souligné les petites particularités de cet album au nom à coucher dehors, j’ai presque tout dit. Car c’est du Katatonia, et depuis City Burials, j’ai l’impression d’écouter tout le temps un peu la même chose. Ca n’est pas désagréable, loin de là, mais je me retrouve souvent à écouter le groupe d’une oreille distraite sans vraiment trouver d’accroche ni dans la voix, ni dans la musique.

En fait, j’aimerai bien que Katatonia me surprenne pour une fois. Nightmares as Extensions of the Waking State n’en reste pas moins un bon album, mais il ne rentrera certainement pas dans mon top 2025.

Sleep Token – One

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En 2016, alors que Leprous marchait à peine et que Plini tétait encore le sein de sa mère, sortait One du groupe Sleep Token. Un EP six titres contenant trois instrumentaux au piano.

Si je vous parle de leprous c’est que la voix du chanteur se rapproche de celle d’Einar Solberg. La musique elle, n’est pas loin de celle de Plini et de Leprous.

Autant vous dire que lorsque je suis tombé complètement par hasard sur le titre ‘Thread The Needle’ tiré de leur premier EP One, j’ai failli avoir une attaque cardiaque.

J’ai aussitôt acheté One et Two respectivement composés en 2016 et 2017 et dans la foulée, même si on ne le trouve pas sur Bandcamp, leur dernier album Take Me Back To Eden sorti en 2023.

Sleep Token est un duo anonyme et quatre musiciens en live comme les groupes Ghost ou Slipknot. Ils n’ont que deux EPs et trois albums à leur actif en comptant Take Me Back To Eden. Ils jouent une pop djent à chant clair et growl avec beaucoup de piano, bref tout ce qui me plait.  Du coup, je ne comprends vraiment pas pour quelle raison je ne suis passé à côté de leur musique si longtemps.

Ne nous mentons pas, Sleep Token s’est éloigné de ses premiers amours pour quelque chose de nettement plus commercial aujourd’hui, pas désagréable loin de là, mais infiniment plus mainstream que One. Alors, plutôt que de parler de leur dernier album, je vais me contenter de vous présenter leurs deux premiers EPs, One et Two.

Le premier titre de One, ‘Thread The Needle’, nous entraîne dans un univers de contrastes saisissants. Une épure vocale accompagnée au piano débordée par un djent tabasseur et des guitares mandolines.

‘Fields Of Elation’ est de forme plus classique, un refrain paisible suivi d’un couplet plus chargé et d’un court instrumental qui relance le refrain.

Et le dernier titre chanté ‘When The Bough Breaks’ est un morceau qui va crescendo. Il débute comme une épure a capela, devient progressivement solaire pour s’achever sur des riffs épais de métal.

Quant aux trois instrumentaux, ils revisitent au piano et de très belle manière les trois pièces précédentes, une belle idée pour compléter cet EP assez court et en sortir progressivement.

Two ne dure que dix-huit minutes. Un EP trois titres qui s’éloigne déjà des inspirations du premier en donnant plus de place aux instruments. Il ressemble nettement plus au metal progressif que l’on entend un peu partout, même si le chant reste toujours ensorcelant.

On y décèle également avec ‘Jericho’, les premiers pas du groupe vers ce qui va devenir leur marque de fabrique, à savoir une pop R&B metal qui domine leur dernier album Take Me To Eden.

Si vous ne connaissez pas Sleep Token, allez écouter d’urgence leurs deux premiers EPs sur Bandcamp. Peut-être aurez-vous envie après ça d’aller plus loin avec eux.

ILHO – UNION

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Union, un album sorti en 2019, vient de s’offrir une cure de jouvence cette année avec une édition remaster comprenant également deux titres live.

Derrière le disque se cache un trio britannique qui était encore totalement inconnu à mes oreilles jusqu’à la découverte de Union. Ilho, ainsi se nomme le groupe, semble préférer jouer en live que de s’enfermer en studio pour composer  au vu de leur discographie minimaliste. Ils proposent une musique pop metal progressive électro un peu à la manière des australiens de Voyager.

Union est leur premier et unique album à ce jour, sept titres dont une piste d’un quart d’heure.

Dans l’incroyable diversité des albums étiquetés metal progressif sur Bandcamp, c’est la pochette aux couleurs aquarelles qui a attiré mon regard et l’écoute du premier morceau ‘Union’ m’a convaincu d’aller plus loin. Il faut dire que la voix du chanteur et claviériste Andy Robinson m’a tout de suite séduite, passant sans effort de la douceur au quasi scream.

Ilho n’invente pas la roue ni le fil à couper le beurre avec Union mais ne perdons pas de vue qu’il s’agit de leur premier album. Une basse aux motifs parfois djent répond à des guitares lumineuses, des claviers électros, un chant clair agréable et une batterie nerveuse manifestement programmée.

Le groupe est avare en sections instrumentales sorti de quelques intros et finals. Le titre ‘Coalescence’ du haut de ses quinze minutes et quinze secondes fait exception avec deux longues digressions instrumentales aux claviers à la Blade Runner et à la rythmique très prenante. Certainement le sommet de cet album même si les autres morceaux sont loin d’être anecdotiques.

Les deux captations live enregistrées au ProgPower en février 2024 prouvent, si besoin était, que le groupe tient parfaitement la route en public. Deux morceaux de Union revisités en version longue pour l’occasion.

Union est un album d’une rare fraîcheur, une caractéristique des jeune pousses pas encore usées par le système et qui donnent souvent de fabuleuse prestation live. En attendant que Ilho reviennent avec un nouvel album, je vous recommande chaudement cette réédition.

Un groupe à suivre.

Oceans Of Slumber – Where Gods Fear To Speak

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Le même jour, je recevais les albums de Blind Ego, Kalandra et Oceans of Slumber. Une promo, une précommande et la sortie officielle de Where Gods Fear To Speak. Autant dire une belle journée.

Mais je ne vais pas vous mentir, j’ai un petit faible pour le groupe américain Oceans of Slumber, alors c’est eux dont nous allons parler aujourd’hui.

Les voici de retour avec Where Gods Fear To Speak, un nouvel album de dix titres dont une reprise de Chris Isaak et cinquante six minutes trop vites écoutées. Et si leur précédent opus Starlight And Ash manquait de contraste, celui-ci corrige le tir car ici growl et chant clair s’affrontent ouvertement sur des compositions blockbusters.

Entre le piano de Dobber et la voix de Cammie il y a déjà matière à se mettre sous l’oreille mais comme le prouve le précédent album, cela ne suffit pas forcément et le retour en force de la basse de Semir, les guitares des deux Chri, la batterie de Dobber et le growl de Cammie redonnent toute sa puissance au metal prog des américains.

Progressif car chaque morceau est une histoire à tiroirs. Des forts contrastes allant du piano à la guitare acoustique jusqu’au chant acapella qui s’illustrent tout particulièrement sur le titre ‘Don’t Come Back From Hell Empty-Handed’ long de plus de huit minutes.

Métal car ça poutre quand même sauvagement par moment comme dans le titre qui donne son nom à l’album ‘Where Gods Fear to Speak’.

Les ouvertures des morceaux sont particulièrement inventives, du chant acapella de ‘Wish’ au piano de ‘I Will Break The Pride Of Your Will’ en passant par les sons électros de ‘The Given Dream’ où les claviers de ‘The Impermanence Of Fate’.

La colère des dieux semble s’exprimer par le growl caverneux de Cammie. Des dieux qui soumettent les fidèles et qui promettent du vent. Un album où la chanteuse règle ses comptes avec la religion dans laquelle elle a baigné toute son enfance. Sa mère était Témoins de Jéhovah.

Inutile de dire que j’adore cet album. Mes coups de cœur vont au plus long morceau ‘Don’t Come Back From hell Empty-Handed’ à la construction des plus progressives ainsi qu’au plus court, ‘The Given Dream’ à l’émotion à fleur de peau. Mais je salue également au passage ‘Wicked Game’, la magnifique reprise de Chris Isaak.

De là à en faire un des candidats à l’album de l’année, il n’y a qu’un pas, que je ne franchirai pas, car cela fait des mois que mon choix est fait, et il faudrait vraiment un tsunami pour que je change d’avis.

Evergrey – Theories Of Emptiness

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Evergrey, le groupe de metal que mon épouse préfère, vient de sortir une nouvelle galette longue de cinquante et une minutes. Je dis longue, et ce n’est pas par hasard, car avec onze morceaux, Theories of Emptiness me paraît bien long.

Alors pas de doute, c’est bien du Evergrey. On y retrouve tous les ingrédients habituels dont la voix magnétique de Englund. Pourtant je ne rentre pas dedans. J’irai même jusqu’à dire que sorti du titre ou figure Jonas Renkse, je m’emmerde un peu.

Déjà il y a la production qui ne va pas. Le mixage manque carrément de mordant. L’abondance de claviers, de chœurs et la voix de Tom noient les guitares, la basse et la batterie dans le sirop de glucose. Même au casque ou bien en poussant les décibels, ça reste du chamallow.

Les morceaux pêchus ‘We Are The North’ et ‘One Heart’ échappent de justesse à la barbe à papa metal progressive grâce à l’abondance de guitares mordantes et aux claviers qui restent en filigranes. C’est tout particulièrement vrai pour ‘One Heart’ qui est nettement plus dans une mouvance hard rock que metal. Bon il fallait quand même oser ces chœurs épiques qui feront le bonheur des fans que l’on invitera à monter sur scène pour chanter avec Evergrey lors de la tournée.

‘Cold Dreams’ fonctionne particulièrement bien du fait du contraste offert par le growl caverneux face au metal progressif sirupeux. Et puis j’aime bien Jonas.

Et je sais, c’est carrément anecdotique, mais j’aime beaucoup le dernier morceau intitulé ’A Theory Of Emptiness’, peut-être parce qu’il est nettement plus lisible avec juste un peu de claviers, du piano et une voix.

Ceci dit Theories of Emptiness est un album sympathique. Les titres fonctionnent et s’enchaînent à la perfection et si la production avait été plus ciselée, j’aurais sans doute mieux apprécié la richesse des sonorités des instruments. Les guitares de Henrik, quand elles s’imposent, sont particulièrement brillantes et quelques ouvertures comme celle de ‘To Become Someone Else’ sont vraiment bien foutues.

Tout ça pour vous dire que je ne vous recommande pas Theories of Emptiness car je n’arrive pas à me convaincre moi-même qu’il s’agisse d’un bon album.

Leprous – Melodies Of Atonement

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Pour moi, Leprous c’est toujours bien, sauf peut-être en live. Je suis particulièrement fan de la voix de son chanteur Einar Solberg, sauf en concert où hélas il tient rarement ses promesses.

La pochette comme les photographies qui illustrent le livret sont de magnifiques images d’organismes unicellulaires prises au microscope électronique. La couverture montre une Rhabdonella spiralis, un organisme large de 50 microns qui est herbivore et brouteur de phytoplancton d’après ce qu’écrit le CNRS à son sujet. Cela ne m’éclaire pas vraiment sur le titre de l’album que l’on pourrait traduire par les mélodies de l’expiation mais bon, c’est très esthétique.

Chaque nouvel album de Leprous apporte quelque chose à leur discographie aujourd’hui bien étoffée. Melodies Of Atonement n’échappe pas à la règle.

Après avoir exploré le métal progressif façon Tesseract, tempéré les mélodies avec une orchestration symphonique, ils reviennent pendant cinquante deux minutes et dix morceaux à un métal prog électro soft où pointent d’autres influences.

Et non, il n’y a plus de cordes ni d’orchestration. Toutefois plusieurs titres risquent de vous interpeller au début avant de rentrer dans la normalité après plusieurs écoutes de l’album.

Quelques épures qui viennent semer le trouble dans Melodies Of Atonement. Des épures où la basse s’impose comme au début de l’improbable ‘Like a Sunken Ship’. Ou bien ce ‘Faceless’ pour le moins jazzy au piano et à la contrebasse où s’invite un solo de guitare bien loin des standards de Leprous sans parler des chœurs quasi gospel de la fin.

Mais rassurez-vous, fidèles à leurs habitudes, ils finissent toujours par pousser les potentiomètres et partir vers le métal. On reconnaît tout même très bien la patte de Leprous avec ses coups de boutoirs, ses claviers électroniques et la voix de Castra en colère.

Par exemple, ‘My Limbo’ à l’écriture nettement plus musclée renoue avec un metal progressif des plus classiques. Après est-ce dû à l’abus d’écoutes ou bien à la fatigue accumulée ces derniers jours, toujours est-il que plus j’avance dans la découverte de Melodies Of Atonement, moins j’entends ses nuances. Tout le contraire du premier album solo de Einar Solberg que je ne regrette vraiment pas d’avoir élu album de l’année 2023.

Il y a quand même des titres géniaux qui m’interpellent à chaque fois. ‘My Specter’ est de ceux-là. Ses subtiles touches électroniques sur la voix plaintive d’Einar contrastent avec le refrain déclamé évoquent parfaitement cette atmosphère nocturne et secrète que l’on retrouve dans les paroles.

‘Self-Satisfied Lullaby’ ne manque pas de m’étonner également à chaque écoute. La musique est pour les moins expérimentale dans les détails tout en restant relativement mélodique et les paroles ressemblent à s’y méprendre à de l’écriture automatique.

Melodies Of Atonement ne figurera pas dans les albums de l’année. Sixteen d’Einar Solberg qui trotte toujours dans ma tête le surpasse de loin. Ça n’en reste pas moins un excellent album que je vous recommande d’autant qu’en l’achetant sur Bandcamp vous obtenez la musique, la pochette et le livret en prime pour vous plonger dans les tourments de son auteur.

Wheel – Charismatic Leaders

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J’ai découvert le groupe Wheel en 2021 encore une fois grâce à Stéphane avec l’album Resident Human qui n’a pas eu droit à une chronique dans ces colonnes. Un trio autrefois quatuor venu d’Helsinki qui sort avec Charismatic Leaders son troisième album en plus de trois EPs depuis 2017.

Il n’y a pas très longtemps je m’étais offert justement Rumination, un EP trois titres sorti en 2022 d’un peu moins d’un quart d’heure qui me semblait trop bref pour en faire une chronique malgré de très bons morceaux comme le fabuleux ‘Blood Drinker’.

Je me suis réservé pour leur album en devenir Charismatic Leaders qui vient justement de sortir chez Inside Out. Il s’agit d’un disque d’un peu plus de trois quart d’heure pour sept morceaux dont trois frisent ou dépassent les dix minutes.

Wheel a été clairement marqué par l’influence de Tool (écoutez ‘Submission’), une sorte de metal progressif alternatif pas forcément très typé mais qui s’écoute admirablement bien. Ils possèdent également un je ne sais quoi de Soen dans leur manière d’aborder le metal progressif même si un titre comme ‘Porcelain’ nous ramène clairement plus vers le grunge.

La section rythmique est au cœur des compositions de Charismatic Leaders, souvent à la frontière du djent, avec un basse très présente (même s’ils n’ont plus de bassiste) et un chant relativement neutre mais nettement plus agressif, à la limite du growl parfois.

Il faut dire que dans Charismatic Leaders, le groupe s’attaque aux politiciens avides de pouvoir qui gouvernent notre planète, un vaste sujet qui peut fâcher.

Au milieu des ses sept pistes, ‘Disciple’ fait bande à part. Il s’ouvre sur quelques notes de violoncelle, s’appuie sur un duo basse guitare très rythmique et débride un chant resté jusqu’à présent très contrôlé.

Il est suivi par l’unique et très court instrumental andalou ‘Caught in the Afterglow’ qui lance le titre final de plus de dix minutes, le magnifique ‘The Freeze’. Un morceau à deux vitesses, d’abord lent et récitatif qui dans sa seconde moitié libère toute l’énergie retenue dans les cinq premières minutes. Nous y retrouvons une des trop rares sections instrumentales de cet album très chanté où guitare, basse et batterie s’affrontent une poignée de secondes.

Même si Charismatic Leaders n’est pas le genre d’album écrit sous la forme d’une sinusoïde mais plutôt de manière assez linéaire, il n’en reste pas moins addictif et le plus souvent, malgré sa durée, il n’est pas rare que je le repasse une seconde puis une troisième fois au casque.

Je ne peux donc que vous le recommander chaudement.