Vers les étoiles (encore)

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Les écrivains manquent d’inspiration et les lecteurs d’originalité. C’est la seconde fois que je lis un roman intitulé Vers les étoiles et tous deux parlent de vaisseaux spatiaux.

Brandon Sanderson est plus connu pour ses romans de fantasy pour adolescents que comme auteur de science-fiction. 

Vers les étoiles est le premier tome d’une saga de SF qui cible clairement un jeune public. C’est un roman initiatique où la jeune Spensa va se battre pour devenir pilote pendant sept cent pages et quatre mois. Une sorte de Top Gun dans un univers pour le moins original : l’humanité vit sur Détritus, une planète entourée de débris spatiaux gigantesques. Et derrière ces débris se cachent les Krell qui descendent régulièrement en vaisseaux, lors des pluies de métal, attaquer ce qui reste des humains.

La majeure partie de la population vit dans des cavernes, les plus riches dans les cavités les plus éloignées de la surface. Et dans ce monde, les pilotes constituent une toute petite caste privilégiée tenue en haute estime.

Spensa est la fille d’un pilote mort au combat en lâche, d’après la version officielle. En représailles, l’amirale interdit à Spensa l’entrée à l’académie de pilotage, malgré sa motivation évidente. Jeune fille entêtée et bagarreuse, contre vents et marées, elle va tout faire pour essayer de devenir pilote et laver l’honneur de son père.

Malgré une narration assez naïve – n’oublions pas que c’est un roman pour ados – Vers les étoiles s’en sort avec les honneurs grâce à son univers original et des descriptions de combats de vaisseaux à couper le souffle.

Je vais probablement mettre une option sur le tome deux.

La guerre des captifs

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Rhooo ! trop bien ! une nouvelle série de James Corey, me suis-je dit en tombant sur La Clémence de Dieux chez mon libraire. Oui parce que James Corey c’est quand même The Expanse quoi ! Le chef d’œuvre de la SF moderne.

Alors je me suis jeté sur le tome 1, où un groupe de jeunes chercheurs, sur une planète lointaine, voit leur travail salué par leurs pairs. Un début de roman prometteur à la Jack Vance qui bascule dans l’horreur avec le débarquement des aliens.

Ne vous y trompez pas, l’horreur ce ne sont pas les exactions des extraterrestres lorsqu’ils débarquent. C’est le récit grotesque que nous livrent les deux écrivains. Entre les combats de rues, les races aliens, le voyage dans la boîte à caca et la séquestration du groupe de jeunes chercheurs sur un monde inconnu, on frise le ridicule.

J’avais espéré que le niveau du livre s’améliore, que le récit s’étoffe un peu, mais arrivé à la moitié du roman, j’ai renoncé, incapable de lire une page de plus. 

Bon, on ne peut pas écrire des chefs d’œuvres tous les jours, mais quand même…

Sur la Lune

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Sur la Lune poursuit la série Lady Astronaute de Mary Robinette Kowal après un Vers Mars pas aussi convaincant que le magnifique Vers les étoiles

Et comme son nom l’indique, le roman se passe principalement sur la Lune.

Cette fois, outre l’uchronie, Mary s’essaie au thriller de politique fiction. Le programme spatial subit les attaques d’un mouvement en faveur de la vie sur Terre, Earth First.

Pendant plus de sept cents pages le lecteur va suivre les aventures de Nicole Wargin, la femme du sénateur et candidat aux présidentielles. 

Elle part sur la Lune avec de jeunes colons et le moins que l’on puisse dire c’est que son séjour en sixième de gravité ne va pas être de tout repos : alunissage raté, pannes de courant à répétition, épidémie, sabotage, tout se ligue contre les pionniers sélénites pour que la base Artemis devienne un enfer.

Nicole et ses amis se débattent entre les problèmes à résoudre pour la survie des colons et une enquête complexe afin de retrouver le ou les saboteurs du programme spatial.

Sur la Lune n’est pas le meilleur roman de Mary Robinette Kowal mais il se laisse lire grâce à de nombreux rebondissements et ses personnages relativement fouillés. Vous y trouverez un mélange d’acronymes de la NASA datant du programme Apollo, de technologie d’une autre époque, de politique fiction et un regard posé par des femmes sur une société dominée par les hommes blancs chrétiens.

Mickey 7

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Mickey Barnes est un consommable. Un humain répliqué que l’on peut sacrifier pour réaliser des missions dangereuses. 

S’il meurt, il suffit de lancer la production d’une nouvelle copie et Mickey pourra partir à nouveau pour réparer le réacteur à antimatière, tester l’atmosphère d’une planète ou combattre les vers des glaces.

Mickey a choisi son métier pour avoir une place dans le premier vaisseau de colonisation en partance. C’était ça où souffrir dans d’atroces douleurs suite à un pari stupide.

Mais voilà, un jour, alors que tout le monde croit Mickey 7 mort lors de sa dernière mission, il revient vivant à la base et dans son lit se trouve Mickey 8, fraîchement sorti de cuve. Et là tout devient nettement plus compliqué.

Ce n’est pas le film Mickey 17 qui a motivé ma lecture – je ne l’ai pas vu au cinéma – mais le résumé au dos du livre. Le thème abordé semblait prometteur. 

Toutefois le roman n’a pas été vraiment à la hauteur de mes espérances. La vie des Mickey n’est pas follement originale même si l’auteur traite tout cela avec une bonne dose d’humour. 

Par contre Mickey se passionne pour l’histoire et les récits sur la colonisation spatiale, qu’il dévore entre ses missions suicidaires, construisent peu à peu l’univers d’une civilisation qui a choisi l’expansion galactique pour résoudre ses problèmes et assurer sa survie.

Ces chroniques de vaisseaux ruches partant vers l’inconnu sont clairement la partie la plus intéressante du roman et l’auteur aurait pu en faire le cœur de son livre.

La conclusion du roman est hélas prévisible tant elle est facile mais colle assez bien avec le ton léger du livre. Alors si vous voulez lire un roman de science-fiction qui ne prend pas la tête, Mickey 7 pourrait vous convenir.

Infiniti

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Lors d’un énième amarrage d’une capsule Soyouz avec l’ISS, la manoeuvre, pourtant parfaitement rodée, tourne au désastre et le vaisseau percute la station spatiale.

Sur terre, sur la base spatiale russe désaffectée de Baïkonour, perdue au milieu Kazakhstan, un policier enquête sur des corps décapités recouverts de cire fondue et exposé sur des toits du cosmodrome en ruine.

Une spationaute française, remplacée à la dernière minute pour le vol vers l’ISS, entend sur son lit d’hôpital, sa doublure et amant lui parler alors qu’il devrait être mort lors du drame de la station spatiale internationale.

Infiniti est une mini série Canal Plus de 2022 en six épisodes, un thriller de science-fiction qui explore les univers parallèles.

La base de Baïkonour vit ses dernières heures, la Chine, la France les USA et la Russie s’écharpent pour le contrôle de l’accès à l’espace quand survient l’accident de l’ISS. La police du Kazakhstan contrôlée par les forces de sécurité de Baïkonour tente, tant bien que mal de résoudre l’énigme des ces cadavres qui pourraient bien être les cosmonautes de la funeste mission Soyouz.

La série au rythme lent et pourtant haletant, possède les moyens de ses ambitions, visuellement comme pour le casting, hélas le personnage central de la spationaute française joué par Céline Salette gâche un peu la fête. Si elle possède le physique névrotique requis, sa diction sonne faux tout au long de la série. Dommage.

Pendant cinq épisodes, Infinity alterne enquête policière dans un Baïkonour en ruine, tractations politiques dans la base encore en service, mission spatiale, événements quasi surnaturels, avant le sixième, qui va certainement vous plonger dans la plus profonde confusion absolue, ne vous conduise jusqu’au bout de l’histoire.

Je ne pense pas avoir tout compris, il faudrait que je revoie ces six épisodes de près d’une heure pour comprendre, mais malgré un scénario fabuleux, le jeu de Céline m’en a découragé.

Kirinyaga

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(C) SERGEY PESTEREV

Avez-vous déjà lu un livre de science-fiction qui ressemble à une compilation de contes à la manière du dessin animé Kirikou et la Sorcière ?

Kirinyaga est un recueil de nouvelles que l’on compare souvent aux Chroniques Martiennes de Ray Bradbury. Pourtant dans ces histoires courtes, la science-fiction n’est qu’une toile de fond pour raconter une histoire. Ici pas de robots, de technologies, ni de vaisseaux spatiaux, mais une planète où un peuple a décidé de recommencer une nouvelle vie loin de la Terre. Ce peuple, ce sont les paisibles Kikuyu, qui vivaient autrefois au Kenya avant que l’homme blanc ne détruise leur pays et leur culture.

Une poignée de Kikuyu a fuit la Terre pour créer une utopie sur une nouvelle planète, loin de la civilisation européenne.

Les nouvelles, toujours centrées sur le sage de la communauté, racontent des épisodes de cette vie utopique où les humains mettent souvent à mal leur idéal de vie. Des nouvelles écrites un peu à la manière des contes et dans lesquelles le mundumugu (comprenez le sage) raconte des paraboles mettant en scène des animaux et le dieu Kai.

Le sage et fondateur de cette utopie, un certain Koriba, un homme cultivé et fanatique qui a vécu en Europe avant de retourner au Kenya, me rappelle beaucoup le patriarche du roman Ravages de Barjavel pour son intransigeance et son refus de tout retour à la technologie.

A la fin de la série de nouvelles de Kirinyaga prend place Kilimandjaro, un mini roman qui raconte cette fois l’utopie réalisé plus tard par le peuple Massaï. Une tout autre manière de considérer l’utopie africaine, en prenant cette fois beaucoup plus de distance avec le poids de la tradition. Cette suite est un complément indispensable à Kirinyaga, apportant un tout autre regard sur l’utopie.

Est-ce qu’une utopie peut survivre à la nature humaine et aux passage des générations ? Un vaste sujet souvent traité dans la science-fiction comme par exemple dans Les Dépossédés d’Ursula le Guinn. Le livre Kirinyaga apporte quelques réponses mais pose beaucoup plus de questions.

Un fabuleux recueil de nouvelles à lire absolument.

La Légion des Souvenirs

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Vous avez peut-être regardé la série The Expanse ou bien lu les romans. Pour ma part j’ai fait les deux. Je n’ai pas encore tout regardé, je crois que j’en suis à la saison trois et j’ai du lire quatre des neuf romans.

Aujourd’hui la série est arrivée à sa fin comme le cycle de livres. 

The Expanse est une saga de science-fiction politique dans laquelle l’homme a commencé à coloniser le système solaire et s’apprête à le quitter grace à une expérience biologique dont la déontologie reste très discutable.

La Légion Des Souvenirs est un recueil de huit longues nouvelles issues de l’univers de The Expanse qui éclaire, détaille, documente cette saga de très belle manière.

J’ai eu quelques frayeurs en lisant la première, ‘Sous la poussée ‘. Car je la connaissais déjà. Je me suis dit alors que j’avais déjà lu ce livre, ça m’arrive parfois, mais non. La nouvelle en question avait sans doute déjà été publiée dans un de leurs romans.

Comme dans tout recueil de nouvelles, il y en a que j’ai dévoré et d’autres avec lesquelles j’ai eu plus de mal.

Mes deux préférées se suivent : ‘Les Abysses de la Vie’ qui raconte la genèse de la Protomolécule et les chercheurs associés à ce projet, un récit glaçant, et ‘Les Chiens de Laconia’, où une petite fille, qui vit sur une exoplanète avec ses parents, porte un regard complètement différent des adultes sur le monde qui l’entoure.

La Légion Des Souvenirs est un complément indispensable à la série The Expanse. Des récits dans l’univers inventé par les deux auteurs Daniel Abraham et Ty Franck qui ouvrent d’autres portes, posent un regard différent, reprennent plusieurs personnages importants de l’histoire comme dans ‘Le Boucher de la Station Aderson’ et en présentent d’autres, acteurs secondaires, voire figurants, mais qui dans ces nouvelles, méritent la rencontre.

La tragédie de l’orque

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Le livre de Pierre Raufast n’est pas un remake de Sauvez Willy mais le premier tome de la Trilogie baryonique. Un récit de science-fiction mettant en scène des mineurs de matière noire qui créent des trous noir pour traverser les replis de l’espace-temps.

Et évidemment, comme l’indique le titre, la mission, après quarante années de routine sans un seul pépin, vire au cauchemar, sinon il n’y aurait pas de roman.

Les orques, ces petits vaisseaux sphériques conçus pour résister au pressions et rayonnements lors du passage dans la singularité.

Leur mission explorer l’univers, le cartographier, chercher la vie et trouver de l’antimatière afin de miniaturiser les ordinateurs quantiques qu’abritent les IA qui assistent les humains dans leur quotidien.

Les orques abritent un équipage composé de deux mineurs, qui pendant des mois, vont cohabiter, totalement isolés de la Terre, une fois de l’autre côté du trou de ver. 

C’est cette cohabitation et l’isolement qui occupent le meilleur du roman. Di l’idée des mineurs d’antimatière est bien trouvée, le huis clos des explorateurs, le manque d’information entre la Terre et le vaisseau ainsi que les tensions dans les équipages, constituent la partie la plus interrogée du roman.

Le livre aborde également le débat de la dépendance des humains aux intelligences artificielles, la manière dont les proches vivent les longues absences des mineurs d’antimatière et les tractations politiques entre les différentes agences qui gère l’exploration et l’exploitation des orques.

Le roman de Pierre Raufast se lit bien, proposant quelques idées assez originales et un rythme agréable, entre réflexion et suspense. Toutefois je ne suis pas certain d’aller plus loin dans cette trilogie pour autant. Le livre manque sans doute un peu de profondeur pour me captiver totalement.

Superluminal

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Il y avait bien longtemps que je n’avais lu un Vonda McIntyre. Cette réédition chez Mnémos m’a fait de l’œil chez le libraire et je ne regrette pas ce magnifique voyage à des vitesses supérieures à la lumière.

Superluminal parle principalement de trois personnages, Laena, une terrienne qui vient d’être opérée pour devenir pilote, Radu, un jeune homme venant d’une planète terraformée et Orka, une humaine transformée génétiquement en plongeuse. 

Le roman parle d’amour impossible, de voyage supraluminique, des dimensions de l’univers, de la frontière invisible entre les rampants et les pilotes, de l’exploration, d’un univers utopique à la Ursula le Guin, des sacrifices pour atteindre ses rêves.

Un livre profondément humain, beau, inquiétant parfois, qui esquisse une théorie du voyage spatial sans l’expliquer vraiment, qui décrit une société très différente de la notre ou l’homme a presque aboli les frontières des espèces, de l’espace et du temps. 

Un livre paru en 1983 et qui n’a pas pris une seul ride et qui propose en bonus une interview de l’auteure réalisée en 2019.

Chien 51

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La Grèce s’est effondrée. Elle a été rachetée par une multinationale. Les habitants d’Athènes comme Sparak sont devenus des employés citadins. 

Après la Grèce, les autres nations de la planète ont peu à peu été rachetées.

Les élections battent leur plein sous le dôme climatique de Magnapole. Qui sera le nouveau conseiller ? Kanaka ou bien Barsok ? L’homme de la zone 1 ou le populiste qui veut abolir les frontières entre les zones.

Sparak, le policier de la zone 3, celle des parias, mène une enquête pour meurtre avec Salia une enquêtrice de la zone 2, celle des privilégiés. Une enquête qui les conduira au paradis des élites, la zone 1, celle de tous les privilèges.

Laurent Gaudé nous plonge avec Chien 51 dans un roman policier futuriste désespéré. Le climat a fini par devenir fou. La société est revenue au système des castes. Les nations n’existent plus et les hommes, inféodés, trahis, vendus, n’ont plus d’espoir. 

Avec cette enquête Sparak va replonger dans ses souvenirs, la femme qu’il a aimé, la chute de la Grèce, sa trahison, l’exode. Il va découvrir ceux qui ont contribué comme lui à l’effondrement de son pays. Un roman sombre, désespéré, qui donne un éclairage terrible sur un futur possible de notre monde.

Ce n’est pourtant le roman de Laurent Gaudé que je vous recommanderai. Je ne suis pas vraiment rentré dans son monde pas plus que je n’ai cru à ses personnages. Lisez plutôt Le Soleil des Scorta, La Mort du Roi Tsongor ou le magnifique Eldorado.