Pothamus – Abur

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Dans ma liste de courses, j’avais noté le groupe de post-metal belge Pothamus et son nouvel album Abur. Alice l’avait encensé et Alias en pensait du bien sans parler des extraits qui m’avaient séduits. 

Donc après m’être endormi sur Steven Wilson, je me suis dit, pourquoi ne pas tenter un post-metal mystiquo shamanique. 

Abur compte six morceaux très homogènes de trois à quinze minutes pour un peu plus de trois quart d’heure de transe. En fait, en guise de post-métal, Abur propose un shoegaze doom psychédélique. Une musique relativement lente, complètement fumée, ponctuée de scream et de transes au chant clair sur une batterie plus proche des percussions que de la double pédale.

Au début, je me suis demandé si j’accrocherais pendant les quarante sept minutes que durent l’album ou si le titre d’un quart d’heure n’aurait pas raison de ma patience. Après trois écoutes consécutives, je ne me posais plus la question.

Bonheur suprême, le groupe passait en Allemagne, non loin de Strasbourg au mois d’avril. Du coup j’ai eu l’occasion de les écouter le live et d’acheter l’édition vinyle et tant qu’à faire, un tee shirt. Un très beau vinyle accompagné d’un poster au format A2 sur lequel sont imprimées les paroles de l’album.

Abur est un album atypique que je ne recommanderais pas forcément à tout le monde. Ma femme classe la musique de Pothamus dans les trucs horribles que j’écoute tout le temps. Mon chat lui, reste sur mes genoux, même pas inquiet. Alors qui croire ? Bon, le chat avait peut-être faim.

‘Ravus’, qui dure près de six minutes,  superpose des claviers cinématiques sur des tam-tam indiens, des cris, des chants évanescents et de la batterie métal. Ce mélange improbable, assez répétitif, même s’il est en constante évolution, vous  entraîne dans un trip sous acides sans vous prévenir.

Le court ‘De-Varium’ s’ouvre sur les sons d’un instrument indien appelé shruti box et des chants incantatoires avec pour simple rythmique les notes d’une guitare. 

Un bref interlude qui laisse place à ‘Svartuum Abur’, un morceau de huit minutes, mystiquo métal des plus inquiétant.

Quant au titre album qui conclut le vinyle, il durcit clairement le ton après une première partie relativement planante. Disons qu’il y a un passage hurlé torturé qui fait froid dans le dos.

Les paroles des morceaux sont à l’image de la musique, complètement fumées, un concept album. Un mélange de quête de la connaissance, de philosophie, d’ésotérisme, de champignons hallucinogènes et de paillasson fumé. Pas vraiment ma tasse de thé à priori, sauf peut-être en musique.

N’hésitez pas à aller découvrir cet album sur Bandcamp, il fait partie de mes rares coups de cœur 2025.

Isaurian – Deep Sleep Metaphysics

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Je vous présente Isaurian, trois garçons, deux filles et plein de possibilités qui sortaient leur premier album Chains of Blue en 2020 et qui reviennent cette année avec six titres sous le nom Deep Sleep Metaphysics.

Je dois encore cette brillante découverte à KMäNRiffs qui relaye un nombre incalculable de sorties sur Twitter. Des explorations souvent musclées dans lesquelles se glissent parfois des choses acceptables pour mes oreilles délicates.

La pochette bleutée de l’EP n’a pas été étrangère à mon coup de cœur. Je suis très attaché aux visuels et celui-ci, réalisé par Jorge Rabelo, est particulièrement réussi. C’est un assemblage d’images, buste de prêtre, crâne, serpent, racines, papillons, fumée, qui sur un fond étoilé forment l’inquiétant personnage de la mort, présent dans le titre ‘Arida’.

Malgré un peu de growl et son étiquette doom, Isaurian se révèle très mélodique, en partie grâce au chant féminin.

Deep Sleep Metaphysics ne dure que trente-six minutes pour six morceaux dont un est décliné en deux versions, autant dire que cela s’écoute très vite.

‘Arida’, décliné à deux reprises, est très cinématique post-rock avec son enregistrement audio façon reportage TV alors que ‘For Hypnos’ donne dans le psychédélique doomesque. ‘The Dream To End All Dreams’ est un instrumental, lui aussi cinématique, qui colle parfaitement à la BO d’Interstellar avec ses trois notes de piano solitaires.

‘Autumn Eyes’ revient au doom psyché chant et growl. Mais le chant féminin semble avoir été enregistré d’étrange manière. Il est très atténué, comme s’il avait été capturé dans de mauvaises conditions techniques lors d’un live. 

L’EP se poursuit avec ‘Heart and Roads’, un nouveau morceau cinématique post-rock avec un peu de chant et s’achève avec un remix du premier titre ‘Arida’ signé Muriel Curi, une version plus longue de sept secondes.

Les titres cinématiques ‘Arida’ et ‘The Dreams To End All Dreams’ me font beaucoup penser au travail du compositeur Hans Zimmer à qui l’on doit la BO du film Interstellar, certainement une des raisons qui m’ont fait craquer pour cet EP d’Isaurian.

Le groupe me donne l’impression de se chercher encore, d’être en plein devenir, surtout lorsque l’on écoute leur premier album Chains of Blue enregistré dans l’urgence en six jours. Deep Sleep Metaphysics est prometteur. Alors attendons de voir ce qu’ils seront capable de nous proposer dans le futur.

Teeshirt : Vola

Giant Sky – Giant Sky

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C’est en écoutant Visions de Soup sur Bandcamp que j’ai découvert Giant Sky

En bas de la page de cette plateforme de streaming, sous les tags, vous pouvez trouver des albums recommandés par le groupe que vous écoutez ainsi que des artistes similaires. Une belle manière d’élargir ses horizons musicaux.

Giant Sky est le nouveau projet du frontman de Soup, Erlen Aastad Vigen, un projet dans lequel on retrouve également Espen Berge, de quoi avoir quelques craintes pour l’avenir de Soup.

Pour cette découverte, j’ai opté pour la version dématérialisée, ne sachant pas vraiment où je mettais mes pieds. Car Giant Sky est plus shoegaze, folk, cinématique et expérimental que progressif pour tout vous dire. Il y a des passages carrément fumés comme dans la septième partie de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’.

L’album éponyme dure quarante neuf minutes pour sept morceaux allant de une à douze minutes sur lesquels se croisent les voix de quatre femmes, d’un homme, du violon, de la flûte, de l’orgue d’église et plein d’autres instruments joués par Erlen.

Le résultat peut sembler déroutant au début avec ce mélange d’électro dans ‘Broken Stone’, de musique de chambre dans ‘Interlude’, d’expérimental, de shoegaze ou de rock alternatif acoustique dans ‘Out Of Swords’. 

Les six premières parties en douze minutes de ‘The Further We Go The Deeper It Gets’ ressemblent à du Vangelis où Danny Cavanagh jouerait des guitares sur des inspirations folk façon Mike Oldfield.

Dans ‘Broken Stone’, vous retrouverez cette guitare assez fabuleuse qui résonne dans Soup. Un titre de plus de neuf minutes à la seconde partie très synthwave qui laisse place à un interlude flûte et piano qui me fait songer à Harmonium.

‘No Cancelling This’ pourrait vous rappeler des derniers albums d’Archive, tout particulièrement le magnifique Axiom, alors que le mélancolique ‘Out Of Swords’ ressemble à un single de Petter Carlsen. 

L’instrumental cinématique expérimental ‘The Further We Go The Deeper It Gets Pt. 7’ est assez raccord avec la fin du titre précédent et sert de pont d’envol pour propulser ‘Breathing Patterns’ aux belles envolées de flûtes.

J’ai acheté Giant Sky par curiosité et j’avoue avoir eu du mal à rentrer dedans au début. Mais leur univers musical s’est peu à peu imposé à moi et quelques morceaux comme ‘The Further We Go The Deeper It Gets’, ‘Interlude’ et ‘Out Swords’ m’ont réellement séduits.

Giant Sky est un groupe à placer en surveillance rapprochée.

Teeshirt : IQ

Soup – Visions

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Vous savez, c’est compliqué les goûts et les couleurs. Allez comprendre par exemple pourquoi Visions m’a tapé dans l’œil alors que les précédents albums de Soup m’avaient barbés. 

C’est Alias qui m’a donné envie d’y jeter une oreille, il venait de l’acheter sur Bandcamp. J’ai commandé le vinyle après avoir écouté seulement un titre. Bon ok, un titre d’un quart d’heure tout de même.

Fin 2018, j’avais eu l’occasion de boire le potage chez Paulette avec The Watch et je n’avais pas été emballé, pas plus que par leurs albums Remedies et The Beauty Of Our Youth. Mais c’était aussi à l’époque où j’écoutais de la musique au kilomètre et qu’il me fallait des doses de plus en plus concentrées pour prendre mon pied.

Visions, dans son édition normale, propose cinq titres dont le long ‘Burning Bridges’ et le, à peine plus court, ‘Kingdom Of Color’. En fait, sorti de l’instrumental ‘Skins Pt. 1’, tous les morceaux dépassent les sept minutes. Un vinyle rouge marbré dans une double pochette 3D avec un livret photo, un CD et des paroles sur une feuille volante. Un magnifique packaging qui ne pêche que par la qualité du pressage du disque, dommage, car c’est l’essentiel. 

L’album met en place un monde sonore éthéré post-rock, progressif, cinématique planant et majestueux. Visions possède un parfum de nostalgie progressive, des couleurs pastel seventies, un je ne sais quoi de In The Court Of The Crimson King. Des guitares à la Steve Rothery, Steven Wilson et David Gilmour habitent ces morceaux riches en claviers et sections instrumentales.

‘Burning Bridges’, qui ouvre ces visions, se compose de cinq mouvements : 

une ouverture cinématique stellaire à la guitare et claviers, une balade wilsonienne au piano, basse ronde et flûte traversière qui vire au post-rock, un chant vocodé sur des claviers SF grandioses peuplé de bruitages, une guitare marillionesque suivi de claviers et voix désincarnées et un final en apothéose instrumentale.

Rien que pour ces quinze premières minutes, le disque mérite le voyage.

‘Crystalline’ qui suit avec sa guitare acoustique et le violon, diffuse un doux parfum progressif mélancolique avant qu’une trompette ne s’invite dans la partition et que l’enregistrement ne se fasse de plus en plus parasité.

‘Skins Pt. 1’ propose alors un bref interlude instrumental au piano avant d’attaquer la seconde plus longue pièce de l’album, le magnifique ‘Kingdom Of Color’. Le titre, façon vieille Angleterre, s’offre un premier et délicieux solo de guitare à la manière de Rothery puis un second, acoustique, dans l’esprit de Steve Hackett.

Les seconde et troisième parties de ‘Skins’ terminent Visions, une chantée acoustique et la dernière instrumentale avec une sublime guitare sur des claviers vintages.

Depuis quelques jours, l’album passe sans relâche dans la maison

J’ai toutefois quelques regrets avec Visions. Celui de n’avoir pas commandé la version longue. Celui de ne pas l’avoir écouté en temps et en heure car il aurait été élu album de l’année 2021 et enfin, mon plus grand regret, c’est qu’il s’agit peut-être du dernier album de Soup, leur chant du cygne avec la naissance de Giant Sky dont je vous parlerai très bientôt.

Teeshirt : Star One