Luke Machin – Soulshine

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Il y a cinq ans, j’ai participé au financement du premier album solo d’un artiste que j’aime beaucoup. Il est le membre fondateur du groupe Maschine qui n’a accouché hélas que de deux albums dont l’excellent Rubidium en 2013 et il a joué entre autres dans les groupes Damanek et The Tangent. Je veux parler bien sûr de Luke Machin.

Après une très longue attente – j’avais même oublié l’avoir commandé – son album Soulshine a enfin vu le jour, et surprise, ça n’est pas du prog, loin de là. En fait, Luke a composé dix morceaux, de une à douze minutes, que je n’aurai certainement pas écoutés en temps normal. Car on parle ici de funk, de soul et de jazz.

Si Soulshine est un album solo, vingt invités ont tout de même contribué à son enregistrement.  Pour n’en citer que quelques-un, vous entendrez Guthrie Govan, Marco Minnemann, Daniel Gildenlow, Jonas Reingold, Peter Jones, Andy Tillison, Robert Reed ou encore Marek Arnold.

Est-ce que j’aime vraiment la soul, le funk et le jazz ? La réponse est non. Mais vu qu’il y a cinq ans, j’avais donné carte blanche à Luke Machin pour composer un album, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même aujourd’hui.

Il est quand même amusant d’écouter Peter Jones dans ‘Blossom’, Daniel Gildenlow sur ‘Parisian Rooftops’ ou Guthrie Govan se lâcher dans ‘Final Boss’. Même si tout cela n’est pas vraiment ma came. Les musiques dansantes, ensoleillées ou jazzy n’ont jamais su chatouiller mon âme. Je carbure aux trucs pluvieux, sombres et sinistres de préférence.

Rien que le nom de l’album, Soulshine, me donne des boutons, quant à la pochette aux couleurs flashies représentant des personnes heureuses en maillot de bain abusant de cocktails dans piscine au coucher du soleil, que dire…

N’empêche, passé le premier rejet épidermique (oui, j’exagère un peu), en fait passé les cinq premiers titres vraiment trop festifs pour moi, Soulshine à parlé à mon âme. Je pense que le soleil venait de se coucher sur la piscine quand Luke les a composés. ‘Parisian Rooftops’, ‘Blossom’ et même la première partie du pourtant très jazzy ‘Wild Roses’ et dans une moindre mesure ‘Turn Around’, ont chatouillé mes oreilles.

La délicieuse voix d’Anita Dondorff n’est pas étrangère à mon plaisir et le talent des musiciens qui jouent avec Luke contribuent également beaucoup à cette immersion dans un univers sonore qui m’est relativement inconnu.

Au fil des écoutes, j’ai réussi à m’approprier un peu plus ces atmosphères relativement festives, mais pas à tomber amoureux.

Soulshine existe en deux éditions, et naturellement la slowed, comprenez ralentie, a ma préférence, surtout pour les premier morceaux. Mais du coup elle est un peu plus longue, avec soixante quinze minutes jazzy et funky au compteur tout de même.

Vous pouvez découvrir ça si le cœur vous en dit sur Bandcamp. Pour ma part, je suis rapidement passé à autre chose.

Trifecta – Fragments

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Je ne vais pas vous parler de la carrière solo du leader de Porcupine Tree mais de trois des musiciens qui ont joué avec lui : Craig, Adam et Nick.

Au début Trifecta n’aurait pas dû faire l’objet d’une chronique. Je l’avais écouté d’une oreille distraite sur Bandcamp sans y trouver d’intérêt. Mais en passant chez mon disquaire, je suis tombé sur cette affreuse pochette rouge et me suis dit, allez, pourquoi pas ? Faut dire, je venais d’acheter Operation Mindcrime et le dernier Coldplay, je n’étais plus à ça près.

Trifecta c’est le meilleur de Wilson sans Steven Wilson, à savoir Craig Blundell, Adam Holzman et Nick Beggs, de fabuleux techniciens du prog qui se louent très cher pour une tournée.

Fragments est principalement un album de prog fusion instrumental de haut vol relativement accessible, même par son prix. 

Quand j’ai posé la galette sur la platine, j’ai été immédiatement scotché par le superbe mix d’Adam doublé d’un master aux petits oignons signé Andy VanDette. Un travail auquel le streaming de Bandcamp ne rend franchement pas honneur.

L’album se compose de quinze fragments aux noms improbables, entre prog, jazz, gospel et expérimental, où les trois magiciens se répondent sans tirer la couverture à eux. 

Trifecta c’est un peu le Liquid Tension Experiment du prog fusion avec l’inspiration en plus. On y retrouve d’ailleurs les couleurs de Steven Wilson avant qu’il ne sombre dans sa bouillasse électro commerciale.

Ici le son est d’une rare précision, magnifiant la finesse du jeu de nos trois compères, les basses, le stick Chapman, le Minimoog, les Korg, l’orgue Hammond et la batterie. Un pur régal audiophile.

Ces fragments se révèlent plus rythmiques que mélodiques, parfois enjoués (‘Proto Molecule’), parfois angoissants (‘Have You Seen What The Neighbours Are Doing ?’.

Sur le galopant ‘Clean Up On Aisle Five’, Adam impose avec force de claviers un style progressif, peut-être pour séduire les fidèles, mais dès ‘Check Engine Light’, l’album change de tonalités. 

La proto molécule du troisième fragment est clairement jazzy comme ‘Sally Doo Dally’ alors que ‘The Enigma of Mr. Fripp’ est à l’image du jeu du guitariste de King Crimson, un peu hermétique il faut l’avouer comme le titre ‘Lie 2 Me And Take My Money’.

Le dixième fragment est chanté par Nick, le chien de Pavlov qui tue le chat de Schrodinger. Il fallait quand même l’inventer.

J’aime également beaucoup l’atmosphère cinématique de ‘Dry Martini’ dans laquelle le trio mélange les genres.

Ces fragments sont variés, intelligents, tout en subtilité, techniques mais pas du tout prise de tête. De la musique très complexe facile à écouter.

L’album de l’année devait être Aphelion ou One To Zero que je n’arrivais pas à départager. Fragments est arrivé à point pour trancher le débat.

Teeshirt : Steven Wilson