La passion selon JC

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Cornelis Engelbrechts. 1468-1533. Leyde. La Passion du Christ. vers 1515. Clermont Ferrand. Musée des Beaux Art. Maniérisme gothique.

Un jour, une amie m’a demandé pourquoi je passais mes nuits à photographier des étoiles que d’autres avaient déjà capturées de bien plus belle manière. Sa question était formulée de façon nettement plus directe, mais c’était l’idée.

Cette question s’applique en réalité à tous mes loisirs et ceux de mon épouse. Pourquoi s’offrir du matériel photo pour réaliser des clichés sans grand intérêt ? Pourquoi accumuler des heures d’images que le télescope Hubble a magnifiquement immortalisé ? Pourquoi parler d’albums que d’autres ont déjà chroniqué ? Pourquoi jouer des œuvres au piano et au violoncelle que des artistes professionnels interprètent superbement ? À quoi tout cela rime-t-il ?

À meubler le temps libre, à dépenser la paye ? À la place nous pourrions soigner notre jardin, briquer l’intérieur de la maison, faire du sport, manger dans des restaurants étoilés, passer des vacances dans un club à Ibiza, découvrir le monde, faire du shopping, rouler dans une grosse voiture… Mais non. Cela ne nous attire pas.

Nous sommes des passionnés. Une forme aiguë de névrose qui touche une petite portion de la population. 

Je connais des personnes qui ne sont pas atteintes de cette maladie. Elles travaillent, font des enfants, passent des heures en repas de famille, partent en vacances dans des clubs où elles n’ont rien à gérer, dorment sur des transats à la plage, ne s’intéressent à rien en particulier, restent politiquement correctes, aiment le confort et l’argent. À l’exact opposé de mes aspirations.

Les passionnés sont de grands enfants qui se distraient avec des jouets improbables. Ils sont souvent perçus comme des François Pignon en puissance par ceux qui ne s’intéressent pas à leur domaine de prédilection. Des incompris souvent moqués qui pourtant occupent leur temps libre sans trop s’abrutir sur Internet ou devant la télévision.

Quelques uns d’entre eux atteignent l’excellence et même dépassent les compétences de certains professionnels, ceux qui vivent de leur passion. Une petite poignée d’entre eux sont reconnus dans leur univers pour leur savoir et leurs compétences.

Bon d’accord, ce n’est pas mon cas, n’empêche, je suis un passionné.

Déménagements

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Mes deux garçons ont eu la bonne idée de déménager à peu près au même moment. L’un revenait de Lyon pour s’installer chez ses parents, l’autre quittait son studio près de chez nous pour se mettre en colocation à peine plus loin.

Étrangement, c’est le déménagement lyonnais qui a posé le moins de problème. Une allez-retour Strasbourg Lyon dans la journée en camionnette louée chez Leclerc et l’affaire fut réglée. Je reconnais que la journée fut fatigante et que mon fils devra encore retourner à Lyon pour un rapide ménage et l’état des lieux et passer un jour à la déchèterie vider les meubles qu’il doit jeter à la déchèterie. Mais ce fut bien plus simple que le second déménagement.

Déjà mon ainé a nettement plus d’affaires que le petit dernier et est bordélique. Initialement je ne devais rien faire, mon garçon gérait tout avec huit copains et le père de son futur colocataire le samedi en camionnette. 

En réalité, le dimanche midi il m’a appelé à l’aide. Samedi ils n’avaient déménagé que l’appartement son copain en une journée et d’après les échos que j’en ai eu, ce fut un véritable chaos.

Mais dimanche nous n’étions plus que quatre avec une voiture et une remorque… Tout le mobilier de mon fils restait à démonter, à descendre du second étage avec un ascenseur en panne et à transporter sur cinquante mètres pour charger la remorque. Ouille !

Une fois le plus gros enlevé, restaient plein de merdouilles très sales à enlever et un apparement digne d’une porcherie à nettoyer. L’impression 3D c’est sympa mais la résine, ça dégueulasse vraiment tout.

Vaisselle d’un mois pas faite, lavabo bouché, traces sur les murs, résine sur le carrelage, l’horreur ! J’aurais bien laissé mon aîné dans son bazar mais nous nous sommes portés caution pour la location de son appartement, alors voilà, pas le choix.

La salle de bain de six mètres carrés nous a demandé cinq heures de nettoyage. C’est là que résidaient ses trois  imprimantes 3D dont j’ai bien profité. La pièce principale a nécessité le double de temps pour devenir presque acceptable et nous avons dû faire plusieurs aller retours dans son nouveau logement pour évacuer ses dernières affaires.

Nous arrivons au bout du chantier. Il reste plus que le balcon à nettoyer, des carrés d’isolation phonique à détacher des murs et quelques finitions avant de rendre le clés.

Après cela nous pourrons partir une semaine en vacances en Corse, sans nos enfants, avec une seule valise de dix kilos et dans un appartement en bord de mer où le ménage est compris dans le prix de la location.

Je pense que c’est mérité.

Chroniques de la Lune Noire

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Le samedi 23 août 2025, un phénomène astronomique, qui ne se produit que tous les trente-trois mois, venait de survenir : la Lune Noire. Un évènement unique en son genre abondamment relayé par la presse : TF1, le Télégramme, Le Figaro et j’en passe.

La Lune Noire annonçait-elle la fin du monde, l’extinction de l’humanité, le réveil des loups garous ? Si vous vouliez le savoir, il fallait lire l’article.

Grace à la Lune Noire vous alliez enfin pouvoir admirer la Voie Lactée en sortant un peu des zones urbaines. Oui parce que c’est bien connu, la Voie Lactée, on ne peut la regarder qu’un jour tous les trente-trois mois…

Mais qu’ai-je donc admiré lundi dernier moi ? Ce truc laiteux partant de la constellation de Persée pour allez se noyer au Sud près du Sagittaire. Sans doute une très grosse traînée d’avion.

La Lune Noire est la dernière trouvaille des médias en manque d’articles pour remplir quelques lignes avec un titre racoleur. Super Lune, Lune Rousse, Lune de Sang, Lune Noire… Vous l’avez-vu ma Lune ?

La Lune Noire n’est que une nouvelle Lune. D’ailleurs le terme Lune Noire n’est pas une dénomination astronomique. La nouvelle Lune se produit tous les 29,5 jours. Et oui, sans surprise, on voit mieux la Voie Lactée et les étoiles les nuits de pleine lune, lorsqu’il fait bien noir.

Les médias sont débiles, mais les gens le sont plus encore (désolé les gens, mais c’est tellement vrai). Lors d’une grande panne de courant à New-York, les ricains ont appelé Police Secours pour signaler une étrange bande laiteuse dans le ciel nocturne. C’était la Voie Lactée…

J’attends avec impatience l’article de presse qui écrira qu’il fait jour en plein jour, vers midi, on appellera ça le Soleil Jaune. Un phénomène qui ne se produit qu’une fois par jour.

En attendant, dimanche 7 septembre à partir de 20h00 en Alsace, à l’horizon Est, la Lune se lèvera complètement éclipsée, un événement à ne pas manquer si vous avez l’occasion de mettre le nez dehors. Celui-ci ne se produit pas tous les jours.

Les sept vies d’un chat

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Il y a eu tout d’abord Aquila, une chatte siamoise tout juste sevrée, qu’une amie de ma mère, a confié à mes bons soins. J’étais adolescent et je suis devenu fou de cette petite amoureuse exclusive. Ma mère, qui détestait les chats – Aquila le lui rendait bien – l‘a rendue à sa propriétaire lorsque j’ai commencé les études à Toulouse. Entre temps je m’étais trouvé une nouvelle amoureuse, humaine celle-là et je ne pouvais pas l’emmener dans le sud. J’ignore ce qu’est devenue cette jolie boule de poils mais je regrette encore de ne pas l’avoir gardé avec moi.

Chloé est arrivé quelques années plus tard, une jeune écaille de tortue abandonnée à Montpellier et recueillie par un couple d’amis. Ils nous ont annoncé qu’ils avaient un petit cadeau tout mignon pour nous lorsque nous sommes allés les voir lors d’un week-end dans le sud. Une fois la boule de poils dans nos bras, nous n’avons pas pu dire non et nous l’avons ramenée en région Parisienne. Ce fut notre premier bébé. Trois ans plus tard, elle est sortie par la fenêtre de l’appartement au rez-de-chaussée à Strasbourg alors que nous venions à peine de nous y installer. Nous ne l’avons jamais retrouvée.

Lorsque nous avons déménagé dans notre maison, nous avons promis aux enfants de prendre un chat et un chien. La première pensionnaire s’appelait Noisette, une gentille chatte européenne que sa propriétaire ne pouvait pas garder. Comme de nombreux chats, elle avait des problèmes de reins et une vaccination de routine lui a été fatale. Nous l’avons perdu pendant la nuit de Noël il y a quatorze ans.

Peu de jours après sa mort, nous adoptions une chatte tricolore. À la SPA, la dame qui nous accueillit, nous avait pourtant prévenu : elle mord, elle crache et elle griffe, c’est une tricolore ! Mais lorsqu’elle m’a tendu la petite bête, celle-ci s’est immédiatement blottie contre mon épaule et nous sommes reparti avec.

Mon petit dernier l’a baptisé Cannelle ce qui convenait parfaitement à sa robe rousse, blanche et noire. Le petit monstre caractériel s’est vite adapté à la maison et ses occupants, devenant la maîtresse des lieux. Certes, à la moindre contrariété la bestiole crachait ou mordillait, mais c’était un amour très affectueux qui a accompagné nos deux enfants jusqu’à leur vie d’adulte.

Luna a fait un passage éclair chez nous, une croisée siamoise magnifique que notre voisin avait chassé de sa grange après avoir tué ses petits. Elle était indépendante, sauvage, aventurière et la cohabitation avec sa colocataire Cannelle fut des plus explosives. Parfois, accidentellement, les deux boules de poils s’endormaient l’une contre l’autre et lorsqu’elles s’éveillaient, le combat de rue reprenait. Le cœur de Luna a flanché un beau soir d’été alors qu’elle chassait dans le jardin.

C’est un fait cruel, les chats vivent hélas nettement moins longtemps que les hommes et en juin dernier, Cannelle a commencé à perdre l’appétit. Ses reins étaient également malades. Une véritable malédiction chez les félins. 

Les derniers jours de Cannelle ont été d’une grande tristesse. Elle ne mangeait plus du tout et buvait à peine, devenue l’ombre d’elle même, se cachant pour mourir derrière les canapés. Il ne lui restait plus que la peau sur les os alors qu’un mois plus tôt son bidon dodu balayait encore le parquet. 

Le vétérinaire l’a aidé à partir en douceur en compagnie de mon épouse et de mes deux garçons. Au moins elle n’a pas souffert trop longtemps.

Avec qui vais-je regarder les séries TV sur le canapé ? Qui lira de la science-fiction sur mon ventre en ronronnant, mangera les vers de terre du compost, m’accueillera en râlant lorsque je rentrerai trop tard du travail ? Qui miaulera pour que quelqu’un lui ouvre la porte d’entrée et cinq minutes plus tard pleurera devant la fenêtre du salon fermée pour se mettre au chaud, qui boira dans le mug de mon épouse, qui traversera toute la maison en bondissant pour exiger son petit un bout de poulet ? 

Adieu Cannelle…

Partie de chasse

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Entre le village d’Ottrott et le Champ du Feu, il n’y a que huit cent mètres… de dénivelé. Une magnifique route sinueuse dans les bois où les porches s’essayent à la conduite à la manière d’un Sébastien Loeb.

J’emprunte en moyenne cette route presque deux fois par semaine pour aller observer les étoiles si bien qu’à force, j’en connais chaque virage. Je sais où je dois lever le pied comme j’anticipe les rares lignes droites où j’ai une chance de doubler une Twingo poussive.

À l’aller, il fait généralement jour et quelques véhicules grimpent courageusement la côte qui ne conduit que là haut. Je suis frais, de bonne humeur, seulement inquiet des quelques nuages qui pourraient gâcher la nuit. En moins de trois quarts d’heure, je suis au sommet, paré à en découdre avec les étoiles.

Au retour, il fait nuit, ou bien le soleil se lève. Cela fait au minimum vingt heures que je suis debout. Il s’est écoulé plus de douze depuis mon dernier café, j’ai les yeux qui piquent, le pare brise embué, et un niveau de concentration amoindri.

C’est pourtant la descente de tous les dangers. En hiver la route est fréquemment verglacée et en été, elle est habitée. 

Sur les rebords, se promènent des biches, au milieu de la chaussée, un cerf défie les automobilistes, des renards traversent furtivement la route, des lièvres, éblouis par les phares, restent pétrifiés sur le macadam, des familles de sangliers traversent sans prévenir et on rencontre même des blaireaux.

La première fois que j’ai effectué le trajet, je roulais à 90 km/h, pressé de me glisser sous la couette. La première famille de sangliers qui a coupé la route a divisé par deux ma vitesse de pointe. La seconde l’a réduite à 30 km/h. Parce qu’à 3h du matin, les réflexes ne sont pas les mêmes qu’à 18h.

C’est un spectacle à la fois magnifique et effrayant. Magnifique parce que l’on observe des animaux en liberté, ce qui pour un citadin, est assez rare sorti des parcs animaliers, effrayant parce que la rencontre entre un sanglier et le pare choc avant de la voiture peut très mal se finir pour les deux protagonistes.

Lorsque nous montons, nous partageons des informations sur la température, la qualité du ciel, le coucher de soleil. Mais lorsque nous redescendons, nous partageons des informations sur le gibier rencontré sur la route, parfois des photos voir même une courte vidéo.

Les astronomes en culottes courtes qui viennent étrenner leur nouveau matériel sur les sommets vosgiens reçoivent les conseils des anciens sur comment utiliser les meilleurs réglages de leur équipement . Et avant de repartir, ils sont également briefés des dangers encourus lors de la descente.

À ce jour, aucun copain n’a fait de mauvaise rencontre, mais à chaque fois que je descends, je serre les fesses, guettant des yeux brillants dans la nuit, surveillant le bord du chemin et roulant plein phares au ralenti au milieu de la route pour anticiper toutes les rencontres. La dernière fois, je n’ai croisé que deux renards et huit biches, c’était une nuit paisible.

e commerce

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Leboncoin

Il y a peu je vous parlais du moteur de mise au point que j’ai installé sur la lunette. J’en suis tellement content que j’ai décidé d’en installer un également sur mon télescope, et tant qu’à faire, à acheter la raquette de commande qui va avec. 

Chez ZWO il en existe, à ma connaissance, quatre modèles d’EAF. L’EAF-S, avec un câble USB B et une prise d’alimentation 12 volts, l’EAF-5V, avec un câble USB B qui sert également d’alimentation et l’EAF-N, en USB C, avec un modèle avec une batterie et des boutons de pilotage.

Seuls ces deux derniers sont encore fabriqués par ZWO et ils sont souvent en rupture de stock. Du coup ça spécule pas mal sur les EAFs. Beaucoup revendent les vieux modèles pour passer à la version N qui elle est vendue parfois très cher sur certains sites.

Je voulais acheter un EAF-5V comme le précédent pour me simplifier le câblage. Mais impossible d’en trouver d’occasion sur Leboncoin. Alors quand j’ai vu passer un EAF-S avec sonde de température et raquette je n’ai pas hésité longtemps, même si cela ajoutait un câble pour l’alimentation 12 volts. Je ne suis plus à un câble près sur mon petit setup.

Mais voilà, le lendemain, une autre personne bradait un EAF-N avec raquette. Je n’ai pas pu résister. 

Cinq jours plus tard, je recevais deux colis contenant respectivement des EAF S et N avec chacun une raquette. Damned ! 

J’ai vérifié le bon fonctionnement du matériel, puis j’ai installé tant bien que mal l’EAF-N sur le porte oculaire Crayford du Celestron (il n’est pas prévu pour ça mais en agrandissant deux trous, ça fonctionne parfaitement).

Maintenant il me restait un EAF-S sur les bras.

Je l’ai remis en vente sur Leboncoin et il est parti en dix minutes, après une brève négociation (toujours prévoir une marge de prix pour la négociation sur Leboncoin). La raquette, vendue séparément, est partie quelques minutes après. 

Evidemment j’ai perdu quelques plumes lors de ma brillante opération financière, les frais de la plateforme Leboncoin et le prix de l’expédition. Mais comparé au prix du produit neuf qui est en rupture de stock, j’ai quand même économisé une cinquantaine d’euros.

Me voilà donc équipé de mise au point automatique sur mes deux instruments avec en prime une raquette de commande pour la mise au point manuelle pour l’observation visuelle avec le Celestron 8. 

Il me manque encore une nouvelle caméra, une roue à filtre et un rotateur de champ et je pourrais changer d’instrument. 

Heureusement que j’ai un relais colis Mondial Relais à 50 mètres de la maison !

A pied, à cheval et en voiture

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C’est cool, j’ai reçu mon accréditation photo pour la nuit pagane du festival Zone 51 à Sélestat. Un billet gratuit, sans parler du fait que je vais pouvoir faire des photos.

Comble du bonheur, durant les trois jours que durent le festival, mon épouse suit des cours de chant non loin de Sélestat. 

Nous sommes trop forts. Enfin presque. Non loin ne signifie pas à Sélestat, mais à treize kilomètres du Tanzmatten, la salle où se dérouleront les concerts. Les cours de chant commencent à 10h30 et s’achèvent à 21h30. Mes concerts commencent à 19h et s’achèvent vers 1h. 

Crotte ! Nous ne sommes pas synchrones et surtout, nous ne disposons que d’une seule voiture. 

Mon épouse aurait pu me déposer à Sélestat me vendredi matin, me laissant errer dans la ville pendant neuf heures, et elle aurait pu attendre quatre heures sur le parking la fin des festivités pour que nous soyons dans la même voiture à l’aller et au retour.

Malgré le fameux RER régional alsacien, les trains desservent pas la château où se déroulent à les cours de chant et ne circulent plus après mon dernier concert. Alors que faire ?

Une des solutions pouvait consister à dormir sur place. Soit au château où mon épouse répète, soit près de ma salle de concert. Mon épouse voulait bien dormir au château, mais avec son mari, ce qui était techniquement impossible. Et de mon côté, l’hôtel le plus proche de la salle de concert se trouve à une vingtaine de minutes de marche de la salle, sans parler du trajet jusqu’à la gare. Je n’ai même pas trouvé de chambre Airbnb à proximité.

Restait le covoiturage ou bien la location de voiture. Pour le covoiturage j’ai vainement tenté ma chance en essaimant des messages désespérés sur les réseaux sociaux. 

Pour la location de voiture, il y a pléthore d’offres depuis la gare de Strasbourg. Sauf que le tram qui me conduit à la gare ne circule pas cet été pour cause de travaux. J’ai bien une agence de location à proximité de la maison, mais à 100 € les 80 km, ça fait un peu mal au porte monnaie.

La dernière solution était l’enseigne Leclerc Location que je n’ai jamais essayé. Il existe un magasin Leclerc dans une zone commerciale pas trop éloignée de la maison, disons accessible à vélo. Mais l’application de réservation en ligne était en panne depuis plusieurs jours si bien que j’ai dû me déplacer pour me renseigner. Ils proposaient une Clio à 6 € la journée kilométrage non compris. 

J’avais enfin une solution me déplacer, encore fallait-il s’organiser pour récupérer la voiture le jour J. Ma femme partait à Sélestat le vendredi matin pour 11h. Moi j’y allais pour 18h. Elle revenait vers 22h, moi vers 2h du matin. Et le samedi matin, elle repartait à 9h. 

J’aurais pu prendre mon vélo pour aller chercher la voiture de location, mais qu’aurais-je fait du deux roues sur place ? Ils n’ont pas de parking à vélo dans centre commercial et je n’ai pas un Brampton pliant, mais un gros truc encombrant. A pied, il y en a pour une bonne heure de marche pour rejoindre le Leclerc, autant dire une distance assez dissuasive, surtout sans les aménagements pour les pétions qui vont bien. 

Il fallait donc que mon épouse me dépose le vendredi matin avant de partir à Sélestat et que je ramène la Clio à la maison en attendant le concert. Puis que le samedi matin, avant que ma femme retourne à Sélestat, je rende la voiture, que ma femme me ramène à la maison et qu’elle parte ensuite à sa répétition.

Tout ça pour ça. Autant dire que le concert avait intérêt d’être bien.

La fin des dinosaures

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L’amateur de rock progressif français est une espèce en voie d’extinction qui appartient au troisième âge. Il parle plus de sa prostate que du dernier album de The Flower Kings. Tous ses tee-shirts XXL possèdent une étrange déformation au niveau du nombril que l’on nomme communément le bébé houblon. Il écoute principalement des artistes anglophones mais ne comprend pas un traître mot de la langue de Shakespeare, de toute manière il est à moitié sourd.

Le proghead béret braguette est fidèle en amour. Il n’admettra jamais que son groupe fétiche pourrait avoir commis un jour une bouse. C’est également un intégriste qui chante le Genesis en latin. Il n’écoute que du prog, décliné sous toutes ses formes, rétro-prog, canterbury, prog symphonique, post-rock, doom, métal -prog, psychédélique, stoner, jazz-fusion, space-rock, cinématique, néo-prog, zeuhl, hard-rock… attention, c’est pointu !

Chaque année il part en croisière avec ses potes et ses artistes adulés pour des heures de concert, d’autographes et de bain de soleil. Pour peu que le navire croise un iceberg, le rock progressif, qui se fait déjà bien rare, disparaîtrait définitivement de la scène musicale.

Il se rend à de nombreux concerts partout en Europe en déambulateur, mange dans des restaurants étoilés et dort dans des hôtels confortables. Car il est vieux donc il a les moyens. Il se plaint quand même du prix du compact disk et des vinyles de temps en temps, il faut dire que le digital, il ne connaît pas et qu’il s’offre plusieurs albums par semaine.

Dans vingt ans, sans même la chute d’une météorite, ce sera une nouvelle extinction de masse. Celle des amateurs de rock progressif et des artistes qu’ils écoutent. Parce que vu la pyramide des âges, on sera tous bientôt six pieds sous terre.

L’équation de Drake

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L’équation de Drake, inventé par Frank Drake en 1961, vise à estimer le nombre de civilisations extraterrestres avec qui nous pourrions entrer en contact.

Je vais vous proposer une nouvelle version de cette formule, afin d’estimer le nombre d’extraterrestres vivant aujourd’hui sur Terre comme ceux du film Men In Black ou bien de la série V.

Commençons par la première variable d’ajustement, le nombre d’êtres humains sur Terre. Pourquoi ce nombre ? Parce que tout le monde le sais, les extraterrestres se cachent sur notre planète en prenant l’apparence de l’espèce dominante, les humains. Vous n’avez pas regardé la série Les Envahisseurs avec David Vincent ?

Donc notre première variable P est de 8,000,000,000 à la louche. Ça en fait du monde.

Mais parmi les humains, combien sont des extraterrestres ? Déjà nous devons éliminer les femmes de l’équation, les aliens ne se cachent jamais dans le corps d’une femme. C’est beaucoup trop contraignant. Il n’y a que dans des films comme La Mutante que l’on fait croire ce genre d’inepties. 

Notre seconde variable d’ajustement S est donc 1/2 car il y a autant de femmes que d’hommes sur Terre, sauf en Chine suite à la politique de l’enfant unique.

Tous les aliens restent connectés à Internet 24 heures sur 24 pour communiquer entre eux. En effet leurs pouvoirs télépathiques sont fortement perturbés par la bêtise humaine qui parasite les ondes. D’après les statistiques, environ 70% de la population mondiale possède un accès à Internet. C’est notre troisième variable I qui a la valeur 7/10.

Les extraterrestres n’écoutent pas de musique contrairement à 90% de la population, ils écoutent du rock progressif, ce qui n’est pas la même chose notez bien. Il s’agit en effet de la seule construction sonore assez complexe pour chatouiller leur intellect évolué. C’est la variable M égale à 1/10. N’oublions pas que les amateurs de rock progressif ont presque tous plus de 50 ans. Et 30% de la population mondiale a plus de 50 ans. Voici notre nouvelle variable A qui est égale à 0.3.

Les aliens sont tous francophones, car il s’agit de la langue à l’orthographe la plus difficile à maîtriser, un challenge de plus pour nos aliens exilés. C’est la variable L. Les francophones représentent seulement 4% de la population, en forte baisse depuis la fin des colonies. Quelle misère !

Les extraterrestres vivant sur terre n’espèrent qu’une chose, quitter notre planète parce qu’elle est polluée et que son atmosphère sent les produits chimiques. Nous on appelle ça la chlorophylle. Du coup ils scrutent sans cesse le ciel avec des télescopes pour surveiller l’éventuelle arrivée d’un vaisseau mère. Et les astronomes amateurs ne représentent en France que 0,07% de la population. C’est la variable O

Les aliens lisent de la science-fiction, ça les fait mourir de rire tellement les récits sont absurdes. 86% des français lisent des romans et 82% d’entre eux lisent de la SF. C’est notre variable F égale à 0.7. 

Enfin les extraterrestres qui possèdent des matériaux rares en grande quantité, vivent très au-dessus de l’humain moyen. Ils rentrent tous dans le club très fermé des 1%, c’est à dire ceux qui possèdent plus de 1,8 millions d’euros de patrimoine brut. C’est notre dernière variable d’ajustement R qui est égale à 0.01.

Voilà, nous y sommes. Le nombre d’extraterrestres N se calcule ainsi avec l’équation Drake Le Brun :

N = P x S x I x M x A x L x O x F x R 

Il existe un moyen mémo technique tout simple pour se souvenir de la formule, c’est celui-ci : Forma Slip.

Quant au résultat théorique de cette équation, N égal à dix-sept.

Oui, l’équation Drake Le Brun prédit la présence sur Terre de seulement dix-sept extraterrestres cachés au milieu des huit milliards d’autres habitants. C’est peu. Ils pourraient être les rescapés d’un crash de vaisseau spatial, mais ce ne sont que des conjectures.

Ce qui est beau, c’est que la prédiction de l’équation Drake Le Brun est confirmée par l’observation. En moyenne, le blog Neoprog.eu reçoit un petite vingtaine de visiteurs par jour. Et ce blog parle principalement de rock progressif, d’astronomie et de science-fiction. Tous ses lecteurs sont donc des aliens.

Si vous ne vous reconnaissez pas dans cet échantillon, c’est certainement à cause de la dernière variable. Celle des 1%. Mais je ne suis pas dupe. Je sais bien que vous trichez lors de votre déclaration de patrimoine…

Retrouvailles

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Lorsque j’étais adolescent, j’avais deux amis rencontrés autour de passions communes, l’astronomie, la Bretagne et la bibine. 

Malgré les années, la distance et les aléas de la vie, nous ne nous sommes pas perdus de vue, nous retrouvant au hasard d’un déplacement à Toulouse ou en Bretagne. 

Toutefois, nous ne nous étions pas revu tous les trois ensembles depuis de bien longues années. Et c’est Fab le toulousain qui a eu l’idée de ces retrouvailles en terres de Bretagne. Après qu’il ait trouvé un week-end qui convenait à tout le monde, un gîte dans un joli coin, j’ai pris mes billets de TGV Strasbourg-Rennes et j’ai préparé la valise.

C’était parti pour un long week-end entre mecs, mais sans alcool, sans filles et au régime car quarante-cinq années plus tard, nos corps d’adolescents avaient pris quelques rides et kilos.

Fab allait nous parler pré-histoire, Fanch d’histoire et moi d’astronomie probablement. Bref nous allions radoter.

Mais tout d’abord il fallait affronter près de 5h de train, et je déteste le train, je déteste voyager en fait. Heureusement que Fab venait me chercher à Rennes, m’épargnant une heure supplémentaire de transport ferroviaire jusque Saint-Malo.

À peine installés, après d’émouvantes retrouvailles – nous ne nous étions pas vus depuis des années tous les trois ensembles – nous avons investi le gîte au bord de la Rance et commencé les promenades. Trois jours durant nous avons peu dormi, roulé en voiture électrique, marché beaucoup, discuté énormément et mangé des crêpes, du far et des galettes saucisses.

Dinan, Dol de Bretagne, Saint-Cast, la Rance, la pointe du Groin, de menhirs en châteaux, de bord de bord de mer en campagne, nous avons écumé le pays gallo et ses merveilles. Nous avons également retrouvé nos joutes verbales intactes, comme si nous nous étions séparés quelques jours plus tôt. 

Certes nous avions vieilli et aux conversations archéologiques et pseudo philosophiques, nous avons ajouté nos problèmes de santé et ceux de nos enfants. Nos épouses ont vaguement été évoquées ici ou là, mais voilà, c’était un week-end de mecs, alors elles ont été un peu oubliées.

Ces trois jours ont passé trop vite malgré des levers matinaux et des couchers tardifs. Cependant, entre le manque de sommeil et une alimentation hasardeuse, nos organismes fatigués n’auraient probablement pas résisté très longtemps à ce traitement. Le dimanche matin Fab est reparti vers Toulouse, moi j’ai joué les prolongations à Lamballe avec Fanch avant de reprendre le train lundi matin vers Rennes puis Strasbourg, comatant dans les sièges peu confortables du TER puis du TGV.

Entre Lamballe et Strasbourg, j’avais plus de cinq heures d’attente à Rennes (oui j’avais bien mal organisé mon retour, la faute à un week-end très chargé en voyageurs). 

La ville de Rennes où j’ai vécu quatre ans, pendant mes études scientifiques. C’était pour moi l’occasion d’un pèlerinage au Colombier, le long des quais, sur la place du Parlement de Bretagne, chez Burger King, devant un cinéma désaffecté ou bien à l’entrée de la boîte de mes nuits de débauche. J’ai probablement fantasmé cette ville, contrairement à l’amitié de Fanch et Fab. Au bout d’une heure et demie, j’avais terminé un assez terne pèlerinage. Il me restait trois heures trente à patienter en gare.

Il se pourrait que nous renouvelions cette réunion d’anciens combattants chaque année, car il serait bien agréable de retrouver mes amis d’adolescence pour de nouvelles aventures. Nous verrons ce qu’en pensent nos épouses délaissées le temps d’un long week-end.