Le chant des sirènes

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Avez-vous remarqué que les métalleux graisseux dégarnis qui ne se voient plus pisser, boudinés dans leurs blousons noirs, recouverts de tatouages antéchrists, bardés de têtes de morts, de crucifix inversés et de trucs dans les narines, fondent à chaque fois pour la même chose ? les chanteuses de metal…

Marjana, Marcela, Anneke, Tarja, Kate, Annette, Sharon et toutes les autres peuvent chanter deux notes et les gros sont au bord des larmes. Je vous l’accorde, certaines de ces filles possèdent une jolie voix, et il arrive même qu’elles soient en plus plaisantes à regarder, mais quand même !

Les métalleux sont des durs ou des tafioles ? Faudrait savoir ! Mireille Mathieu pousserait la même chansonnette, je suis certain qu’ils lui balanceraient un pack de cro sur sa coupe au bol.

Les minettes elles s’exitent plutôt pour un Bruel ou un Georges Michael, allant jusqu’à jeter leur culotte sur la scène. Si Carlos avait repris ‘Faith’, je pense qu’il aurait reçu des gaines XXL pendant sa tournée. Enfin bon.

Et si en réalité nos hormones commandaient nos affinités musicales ? Qu’en pensez-vous ? Imaginez le drame, la musique ne serait que question de libido. Genres, styles, époques, technicité, harmonies, tout ça ne serait qu’un enfumage pour cacher l’affreuse vérité. Nous ne serions que des organes reproducteurs et nos sens seraient gouvernés non pas pas le cerveau mais notre cortex reptilien. Il suffirait d’une voix aiguë et de quelques rondeurs pour que nous tombions sous le charme d’une chanson.

Moi je suis chroniqueur, je suis donc plus fort que tout cela évidement, je ne me ferai jamais piéger par le chant des sirènes. Mon analyse est toujours lucide, objective, faites-moi confiance. Si tous les albums de Stream of Passion, de The Gathering, de Within Tempation sont fabuleux, cela n’a aucun lien avec le charme fou de leurs chanteuses, ce n’est que du talent.

Parce si je poussais le raisonnement développé plus haut jusqu’au bout, je fantasmerais sur Damian Wilson et Marc Atkinson, et sans être homophobe, cela me mettrait mal à l’aise quand même.

Le chien

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Nous vivons dans une maison de fou.

Au rez-de-chaussée, lorsque le piano ne résonne pas, la Hi-Fi prend la relève et si ce n’est pas la Hi-Fi, c’est le home cinéma. La machine à laver le linge, même en plein essorage, peine à couvrir le vacarme.

A l’étage la mini chaîne rivalise de puissance avec le piano numérique et le violoncelle.

Pour contrer ces nuisances sonores, notre fils aîné met un casque sur ses oreilles pour discuter avec ses amis. Ses éclats de rires et hurlements lorsqu’il joue en ligne couvrent parfois les notes du violoncelle.

Le petit dernier, qui n’aime pas la musique, son frère et ses parents, lorsqu’il n’en peut plus de cet enfer sonore, se défoule sur son sac de frappe, faisant vibrer les poutres de la vénérable habitation.

A droite vous entendez le zonzon des cordes frottées, à gauche la rythmique de la boxe et au milieu des hurlements de ténor.

Pour répondre à cela, le chat miaule d’une pièce à l’autre, grattant les portes si besoin est, afin de trouver un peu de réconfort dans une chambre calme et chaude.

Car en bas la chaîne passe du death metal au psychédélique en quelques secondes, se stabilisant une minute sur du krautrock et repartant de plus belle sur du punk.

La machine essore à mille-deux-cent tours minutes et se déplace en vibrant dans l’entrée. La cocotte minute siffle toute sa vapeur accumulée dans la cuisine, le bus de 19h fait trembler les poutres de la maison avant que les cloches du temple ne se mettent à carillonner et que le chien des voisins ne se lance soudain dans une série de hurlements démoniaques.

Alors furieux du dérangement, j’ouvre la fenêtre, le heavy rock jaillit hors de la maison comme une explosion de haine et je hurle au roquet de la fermer.

C’est vrai quoi, j’ai besoin de calme pour chroniquer.

Midas

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Je ne vais pas vous parler de mythologie grecque ou de pot d’échappement mais du score Midas qui permet d’évaluer le handicap lié aux céphalées.

Il y a quelques mois, j’ai installé l’application MigraineBuddy sur mon téléphone pour suivre de manière plus rigoureuse mes crises de migraines. En effet, dans un mois, j’ai rendez-vous au centre anti-douleur pour ma première consultation. Cinq mois d’attente…

L’outil permet de noter les crises, les symptômes, leur durée, les médicaments pris, le type de douleur, les produits qui soulagent etc, etc… 

Il synthétise ensuite les résultats et vous donne un bon aperçu de votre souffrance au quotidien. C’est également un lieu d’échange avec d’autres malades qui partagent leurs expériences.

Dans l’application vous trouvez des informations sur les dernières avancées de la recherche, un message « bravo vous n’avez pas eu de migraine depuis trois jours… », et des statistiques dont le fameux score Midas.

Je n’y avais jamais prêté attention jusqu’à il y a quelques jours et une fois que j’ai vu le mien, j’ai voulu savoir ce qu’il signifiait et s’il avait une quelconque valeur. Car voyez-vous, mon score Midas est « handicap sévère », la valeur la plus élevée. Chic !

Le score se base sur le nombre de jours pendant lesquels vous avez manqué le travail, vous avez eu une activité réduite, vous avez renoncé aux relations sociales, sorties etc.

Sur 175 jours de mesurés, j’ai été en incapacité totale 5 jours (dans le lit dans le noir à vomir mes tripes en me tapant la tête contre le mur) et 22 jours en incapacité partielle (zombie le temps que les médocs agissent et comateux le reste de la journée, avec les effets secondaires des médicaments le lendemain). Bref un jour sur sept la tête dans le sac.

Handicap sévère ça fait lourd à assumer surtout quand sortis de vos proches, peu de gens en ont conscience.

J’ai de la « chance », le plus souvent les crises se produisent le week-end. Quand elles arrivent au travail, je ferme mon bureau, clos les stores et pose la tête sur le clavier en priant pour qu’une collègue trop parfumée ou un fumeur n’entrent pas dans bureau pour me demander quelque chose. Sinon pizza garantie. Je n’ai eu des crises que deux ou trois fois lors de déplacements en voiture, inutile de vous expliquer que le retour fut compliqué à chaque fois, très compliqué. 

Mes collègues m’ont dit plus d’une fois d’aller chez le médecin. Ben déjà il faut réussir à y aller, et rester dans une salle d’attente bondée pendant deux heures avec la nausée, la tête prête à exploser, la lumière qui vous transperce les yeux, les odeurs des autres malades qui vous soulèvent l’estomac et l’envie irrépressible de frapper le bonhomme qui discute sur son portable tant le bruit vous insupporte, tout cela pour mendier un jour d’arrêt maladie non remboursé (le fameux jour de carence vous savez). Les jours catastrophes, je rentre à la maison, raccompagné par un collègue un peu effrayé.

Handicap sévère ? Il n’exagèrent pas un peu là ? Hormis une crise par semaine, une pré-crise et une post-crise, il me reste quatre jours pour profiter de la vie lorsque je n’en fais pas deux attaques par semaine. Ils dramatisent un peu quand même…

MigraineBuddy est une application quasi indispensable pour les migraineux comme moi. Elle permet de tenir un journal de ses crises qui sera utile aux médecins lors des consultations. Avant je tenais un journal imprécis de mes migraines, avec uniquement le suivi des dates et les degrés de douleurs.

L’application nourrit évidemment les laboratoires pharmaceutiques en informations sur les malades atteints de cette pathologie et j’ai sans doute accepté de livrer mon cerveau à des chercheurs lorsque j’ai coché les conditions générales d’utilisation. Mais au point où j’en suis, comme dans Le Sens de la Vie, ils peuvent venir le chercher de mon vivant ce cerveau. J’en fais don.

Il lui manque cependant une fonction essentielle à MigraineBuddy : celle de comptabiliser le nombre de billets de blog rédigés en phases pré et post migraineuses. Là, en deux jours de crises, j’ai pondu quatre billets. Y aurait-il un lien de cause à effet ? 

Je vais arrêter le blog pour voir si il y a un rapport comme j’ai arrêté le gluten, le sucre, la caféine, le sexe, l’alcool, le chocolat, les bombons, les triptans, la drogue, le lait, les matières grasses, le sport sur des conseils avisés de personnes voulant trouver une cause à mon handicap sévère.

La poussette électrique

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Au commencement Dieu créa le rasoir électrique Philips car l’homme devait chaque jour couper sa barbe avec une lame et de la mousse alors qu’il aurait pu la sectionner avec une machine vibrante. Dieu vit que l’homme était rasé de près et s’en réjouit. 

Dieu récompensa la femme le deuxième jour avec un couteau électrique Moulinex pour la fête des mères. EDF se réjouit du pic de consommation d’énergie pour découper la brioche et le gigot du dimanche midi. 

Le troisième jour, Dieu créa le vélo électrique car il avait fait croitre des montagnes sur la Terre et que Poulidor finissait toujours deuxième.

Le quatrième jour, pour ne léser personne, Dieu offrit aux enfants les trottinettes électriques et remplit enfin les belles salles d’attente des urgences. 

Le cinquième jour, Dieu creusa la Terre pour y puiser les dernières gouttes de pétrole afin que les voitures puissent encore rouler. Dieu offrit également le vibromasseur électrique à l’épouse délaissée par son époux qui roulait dans son bolide. 

Le sixième jour, en panne sèche, Dieu convertit tous les constructeurs automobiles au moteur électrique et le monde fut beau et propre. 

Le septième jour, assis près de Fukushima, les pied dans l’eau radioactive, Dieu s’ennuyait. Il vit passer une petite fille malade traînant une poussette cassée dans laquelle dormait une jolie poupée calcinée. Dieu réalisa alors que le monde était imparfait. Alors pour parachever son oeuvre, Dieu conçu la poussette électrique pour que les mamans ne peinent plus en promenant leurs enfants leucémiques dans les forêts de Tchernobyl. 

Et le monde fut enfin parfait.

Court circuit

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Les hypermarchés seraient en plein déclin nous dit-on. Face à la nouvelle concurrence des enseignes bio et des supérettes de proximité, les grandes enseignes ne résisteraient pas.

Il faut avouer que prendre sa voiture pour quelques kilomètres le samedi, la garer sur un parking bondé, chercher un caddie qui roule droit et parcourir d’énormes rayonnages pour trouver du beurre demi-sel, cela peut gâcher un week-end ensoleillé. D’autant que dans ces temples de la consommation, les clients se comportent comme des abrutis, bloquant les allées, fonçant dans les autres personnes, tournant en rond, le téléphone à l’oreille et tentant de vous gratter pour passer plus vite à la caisse.

La scannette permet d’échapper aux caisses, supprimant au passage des emplois mais honnêtement, la méthode me gave car il faut penser à effectuer le travail de l’employé chômeur à chaque article. Ma femme adore.

Existe-t-il des solutions alternatives aux temples de la consommation ?

Oui bien entendu. Les drives par exemple, vous êtes toujours obligé de prendre la voiture mais la commande se fait sur Internet au préalable. Moins de bousculade mais au final pas de vrai gain de temps. Il faut patienter dans le froid que l’employé esclave livre les sacs et souvent, même si votre liste de course standard a été enregistrée sur le portail, les produits n’étant pas toujours disponibles, vous perdez pas mal de temps à trouver un de substitution. La méthode manque de diversité et vous finissez par manger toujours la même chose. De plus, les grandes enseignes ne proposent qu’une petite sélection de produits dans leur catalogue. J’ai testé plusieurs drives, je ne suis pas convaincu même si parfois cela dépanne.

ll y a également la livraison à domicile, basée sur le même principe, des courses commandées sur Internet et une livraison à la porte. C’est généralement un peu plus cher, pas vraiment plus écolo et cela possède les mêmes inconvénients que le drive en terme de choix de produits.

Sinon, vous pouvez faire vos courses près de chez vous : le pain chez le boulanger, la viande chez le boucher, les fruits et légumes au marché et le reste dans les supérettes de proximité.

J’ai de la chance, dans ma rue, nous trouvons aujourd’hui trois de ces épiceries ‘fines’ qui servent également de point relais coli et dealer local. Elles sont ouvertes tôt le matin jusque tard le soir et même les week-ends ainsi que jours fériés. Je peux, panier à la main, aller faire mes courses à pied tous les jours. Que demande le peuple ?

Des courses de vin, bières, sodas, chips, biscuits et herbe afghane. Nous avons des épiceries mais nous ne trouvons rien à manger dedans et pour aggraver leur cas, elles se fournissent dans les hypers où je peux aller moi aussi faire mes courses pour moins cher évidemment.

En Italie, au Portugal, en Espagne et dans les grandes villes françaises, ces petites boutiques exiguës proposent de tout, viande, fromage, conserves, pain, fruits et légumes à deux pas de chez vous à des prix raisonnables, mais chez moi, on ne trouve que des chips et de la bière venues d’un supermarché voisin.

Alors où faire mes courses ? Je me rends dans un petit supermarché, pas trop loin de chez moi mais pas assez près pour me passer de la voiture, un magasin où le choix est très limité, où les dates de péremption sont à surveiller de très près mais où je boucle mes achats hebdomadaires en moins de trois quarts d’heure chrono. La quête des produits locaux et bio relève de l’aventure niveau dix pour un paladin, un magicien et deux guerriers, mais dans l’ensemble l’impact carbone n’est pas si important que ça. Il y a les quasi inévitables emballages bien entendu, le transport, mais ça pourrait être pire. Je pourrais prendre mon vélo avec un remorque accrochée à l’arrière pour faire ces courses, mais je ne vois pas où je garerais mon attelage et étant donné la configuration des pistes cyclables pour y aller, je préfère la voiture.


Gamin j’allais chercher le lait et les œufs à la ferme. Au marché le samedi, nous achetions les légumes, le pain au village et pour le reste, c’était l’épicier qui nous livrait. Nous consommions très peu de produits préparés mais ma mère était femme au foyer. Aujourd’hui nous n’avons (prenons) plus le temps de cuisiner. Nous sommes trop pris par les vidéos de chatons sur Youtube, explosant doublement notre bilan carbone.

Les Parasites

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Je vais aujourd’hui vous parler d’un parasite assez commun sur les réseaux sociaux et qui a tendance à me taper sur les nerfs.

Lorsque vous tenez un blog, un magazine, une page Facebook, un compte Twitter, vous postez du contenu et attendez des réactions de vos lecteurs. Tout cela est dans l’ordre naturel des choses. Des commentaires du genre « moi j’ai adoré », « merci pour la découverte », « ce groupe est génial », « Pas du tout d’accord, vous n’avez rien compris à cette musique »… C’est ça le web 2.0, cette interactivité avec le lecteur qui permet des échanges parfois passionnants.

Mais il existe un autre type de commentaire que je ne supporte pas : les commentaires parasites. Leurs auteurs sont le plus souvent des confrères qui écrivent pour d’autres médias et qui envahissent l’espace de discussion avec des commentaires du genre : « nous allons bientôt en parler sur ziczic.com », « ziczic.com sera à leur concert », « voici notre chronique sur ziczic ».

Que cherchent ces aliens à peine sortis de l’œuf ?

  1. Veulent-ils partager leur enthousiasme avec vous ?
  2. Cherchent-ils à apporter leur pierre à l’édifice ?
  3. Ne peuvent-ils s’empêcher de la ramener à chaque fois ?
  4. Veulent-il s’offrir un peu de publicité gratuite ?

Comprenons-nous bien, il m’arrive souvent de commenter les chroniques de confrères, mais en mon nom, sans coller le lien de ma chronique si elle existe, car je fais clairement partie de la troisième catégorie… et j’en suis navré.

Par contre, je n’utilise pas la page de quelqu’un d’autre comme panneau publicitaire et ce pour de nombreuses raisons :

  • Je trouve cela très impoli
  • Je ne fais pas (plus) la course à l’audimat
  • Parce que je suis assez prétentieux pour imaginer que les gens iront chez nous s’ils veulent savoir ce que nous pensons de tel ou tel album (je sais c’est très prétentieux)

Systématiquement, lorsqu’un de ces parasites tente de noyauter nos publications, je supprime son commentaire. J’ai bien essayé d’éduquer ces personnes en leur envoyant un message « pas subliminal du tout », mais à chaque fois, c’est comme si l’information se perdait dans les méandres d’Internet. Je ne reçois pas de réponse. Plutôt que de me lancer dans la rédaction d’un commentaire désagréable probablement suivi d’une série d’échanges pénibles, je choisis la lâcheté, à savoir la censure.

Ceci dit, je pourrais peut-être vendre un espace publicitaire dans les commentaires Facebook de notre page, cela gonflerait nos revenus.

Par chance, à côté des parasites, il existe une autre catégorie de personnes, des gens de bien, qui au lieu de noyauter les publications des autres, citent leur confrères à chaque fois qu’ils le peuvent, donnant leurs sources, ne pratiquant pas de plagiat et ne cherchant pas à ramener la couverture sur eux en permanence.

Ceux-là je les saluent, mais ils sont trop rares hélas.

Le boss a décidé

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Le boss a décidé que le webzine ne chroniquerait plus que des promotions… Il fait chier le boss… Pourquoi se limiter aux promotions que nous recevons ? Il y a tellement de groupes géniaux dont nous ne recevons pas la musique, pourquoi ne pas parler d’eux, hein ? Sans parler des artistes en devenir, qui ont besoin de lumière pour se faire connaître, pourquoi les passer sous silence ?

Il fait vraiment chier le boss, d’autant que je le connais bien, c’est moi le boss.

Mais pourquoi le boss a-t-il pris cette décision stupide au fait, alors que les autres membres de l’équipe n’étaient pas vraiment favorables à l’idée ? Pour la petite histoire, il voulait chroniquer le dernier album d’Opeth, sauf qu’à l’époque, le label du groupe ne faisait pas de promotion vers le webzine. Il avait bien le disque à la maison, mais quelque part, ça l’énervait de passer encore une fois au tiroir caisse (il est de plus en plus radin le boss) pour faire la pub d’un groupe qui n’en a pas vraiment besoin. Il a quand même contacté le label, mais celui-ci a fait le mort. Même chose pour le nouveau Pendragon, sauf que là y a pas de label derrière et Nick s’est abstenu de répondre. Faut dire que Nick a une dent contre le boss, après que celui-ci ait mis en boite un de ses lives. Bref.

Le boss nous a expliqué son point de vue tordu : pourquoi mettre en avant un groupe qui ne fait pas l’effort de proposer sa musique aux médias alors que plein d’autres se cassent le cul à envoyer leur musique pour ne pas forcément être ensuite chroniqué ? N’y a t-il pas quelque part une injustice ? On chronique des albums achetés et on passe sous silence ceux que l’on nous offre. C’est ça l’idée du boss, remettre un peu de justice dans le système.

Alors quand un artiste ne fait pas sa promotion vers les médias, ne possède pas de label, de boite de promotion, comment le mettre en valeur, avons-nous demandé au boss ? Demandez-leur une promotion, tout simplement, s’ils ne répondent pas, c’est qu’ils s’en foutent, qu’ils ne nous font pas confiance ou que sais-je encore.

Le boss regrette déjà sa décision, mais comme il est buté, il ne plie pas. Pénible ce boss. Il est le premier puni, car tous les trucs qu’il voudrait chroniquer, qu’il a acheté en vinyle ou CD, il est obligé d’en demander la promotion aux artistes avant de pouvoir en écrire la chronique, histoire de rester logique avec lui-même, c’est dire s’il est con. Il a même renoncé à un nouveau chroniqueur qui lui offrait sur un plateau la chronique du dernier Pendragon, en lui expliquant que le webzine ne fonctionnait pas ainsi.

Alors si vous ne voyez pas la chronique de votre groupe préféré dans ces colonnes, c’est certainement à cause du boss et de ses idées à la noix.

Le fan

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Quoi de plus épouvantable qu’un fan. 

Vous avez écouté le dernier Lazuli ? 

Non parce qu’un fan est une personne qui manque totalement d’objectivité quand on parle de son groupe préféré. 

C’est un concept album. 

J’ai été autrefois un fan de Marillion, achetant tout, m’inscrivant à leur fan club, portant leurs couleurs. 

Ils passeront à trois reprises dans la région, Prateln, Pagney-derrière-Barine, Karlsruhe ! 

Le fan est incapable de discernement. Tout ce qui vient de ses idoles est forcément magnifique. 

En plus les gars sont super sympas, drôle, abordables. 

Le fan peut rester des heures sous la pluie à attendre pour une signature sur un bout de papier, c’est affligeant…

Domi c’est le poète de l’équipe, le troubadour à l’accent du soleil. 

Le fan ne supporte pas que l’on critique ses dieux vivants et il leur voue un culte même bien après leur mort. 

Le livret est magnifique et en plus c’est leur premier vinyle, trop beau ! 

Le fan est capable de suivre son groupe sur une tournée, je vous jure, j’ai rencontré un brésilien venu en Europe pour suivre Marillion partout, même que Hogarth était venu le saluer alors que nous attendions l’ouverture de la salle. Pathétique, comme j’étais jaloux ! 

Lazuli est un des rares groupes de prog à chanter en français et ne me dites pas que c’est parce qu’ils étaient nuls au lycée en langues, c’est juste que la poésie s’accorde mieux à nos sonorités latines, voilà. 

Le pire chez un fan c’est cette manie qu’il a d’adopter la façon de penser, la mode vestimentaire de ses artistes fétiches. 

J’ai tous leurs albums, live compris et leur dernier album, je l’ai même en deux éditions: CD et vinyle. 

Souvent le fan se fait plaquer, car son amour se déplace de sa famille vers ses idoles. 

Sur scène ils sont justes fabuleux, avec leur look, leurs dreadlocks et lorsqu’il présentent leurs chansons, ils ne manquent jamais d’égratigner les intolérants. J’adore. 

Mais il arrive que le fan bascule, du côté obscur (vous avez vu le film avec De Niro ?). Il suffit qu’un jour l’artiste soit fatigué, ce n’est qu’un homme après tout, « Non c’est un dieu », « Oui d’accord, d’accord un dieu fatigué donc », qui ignore ou envoie paître le fanatique, sans penser à mal, juste par lassitude, et c’est le drame. 

La pochette de l’album est belle, le livret magnifique. Mais vous ne trouvez pas qu’il lui manque un truc ? Des petits gribouillis quelque part ? Comme des dédicaces ? Hein ? Hein ! 

Un fan peu se ruiner pour ses idoles, acheter des habits qu’ils ont porté, des papiers qu’ils ont gribouillé, des photographies rares, des éditions limitées signées. 

Moi, moi, j’ai traversé la France pour les écouter, moi. J’ai passé des heures à transcrire une interview avec eux, oui oui, j’ai parlé avec eux nananère et pas vous, si ? Ha, vous aussi ? Des heures à franciser leurs expressions sudistes, à comprendre ce que disait Romain alors que Gédéric déconnait près du micro. 

Le fan frustré peu devenir dangereux, transformant son amour en haine implacable. Toute l’énergie qu’il consacrait à son culte peut soudain être canaliser dans un seul but, la destruction du mythe.

J’adore leur dernier album, mais entendons-nous bien. Je ne suis pas un fan. Un chroniqueur ne peut pas être un fan, c’est incompatible. Et puis il y a longtemps que je ne suis plus fan. Mais là j’ai un vinyle avec un grand livret et plein d’espace où Vincent, Romain, Dominique, Gédéric et Claude pourraient apposer leur signature avec un petit mot du genre « pour Jean-Christophe, notre plus grand fan », alors je vais aller à tous leurs concerts en France et faire le pied de grue, devant leur bus, les suivant aux toilettes s’il le faut, jusqu’à ce qu’ils me signent cette bouteille jetée à la mer que j’ai trouvée sur le bord de la plage.

Merde. Je suis redevenu un fan.

C’est grave docteur ?

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De quoi souffrez-vous donc ? D’une dépression, d’un cancer, d’épilepsie, de migraines, de névrose, d’ulcère, de bipolarité ? Vous souffrez forcément de quelque chose, un mal incurable, sinon ça n’est pas possible.

Pour ma part ce sont des migraines, une certaine bipolarité également doublée d’une hyper activité et donc des phases dépressives sans parler d’une hernie discale et d’une bosse au gros orteil. Vous voyez, je n’ai pas honte, je l’assume, mais vous ?

Pourquoi seriez-vous malade vous aussi, me direz-vous ? Bonne question. Ce sont les statistiques qui parlent d’elles-même, des mathématiques donc, et les nombres ne mentent jamais. Vous êtes forcément malade. C’est obligé.

Car voyez-vous, ils faut être malade pour aimer le rock progressif, soyons honnêtes pour une fois. Les amateurs de prog écoutent des albums interminables, des morceaux de plus de quinze minutes joués par souvent cinq ou six musiciens, des instruments improbables, des histoires épouvantables alors que le reste de la planète se trémousse sur des chansons d’amour aux rythmiques tribales en se dandinant le popotin.

Donc vous êtes malade, ou un malade, choisissez.

Mais la vrai question est celle-ci : qui du rock progressif ou de la maladie est arrivé le premier ? Est-ce les souffrances liées à la maladie qui poussent à écouter du rock progressif ou bien est-ce cette musique épouvantable qui crée des tumeurs au cerveau ?

Je penche pour la seconde hypothèse.

Pourquoi ? Tout simplement parce que lorsque j’écoutais AC/DC, je n’avais pas de migraines. Elles sont arrivées quand j’ai découvert Genesis. Et lorsque qu’une crise survient, un bon album de metal passé à fond au casque me soulage quelque peu.

CQFD. Le prog provoque des maladies terribles, d’ailleurs je suis entouré de cancéreux, dépressifs, migraineux, épileptiques, incontinents, diabétiques… Et d’ailleurs, si vous aviez besoin d’une preuve supplémentaire, tous les musiciens de rock progressif meurent les uns après les autres, une véritable hécatombe.

Le pire ce ne sont pas les fans mais les artistes. Pourquoi jouer du rock progressif lorsque l’on sait que la musique ne passera jamais à la radio et que si une émission en parle ce sera à une heure impossible sur une chaîne pour intellos comme Arte. Pourquoi composer un album pendant deux ans, se prendre la tête sur des rythmes syncopés, des textes incompréhensibles bourrés de références philosophiques (je ne parle pas de Dream Theater là), tout ça pour au final (dans le meilleur des cas) graver un millier de CDs que le groupe n’arrivera même pas à écouler ? Pourquoi tenter une tournée dans l’hexagone, dans des salles de deux-cent personnes remplies au quart et perdre de l’argent ?

Cela n’a pas de sens !

J’ai une hypothèse là dessus, tirée par les cheveux et conspirationiste bien entendu, mais une hypothèse quand même. Les musiciens de rock progressif sont payés par de grands laboratoires pour composer des albums qui provoqueront, en les écoutant, des maladies incurables à leur public.

C’est gagnant gagnant. Les musiciens sans talent peuvent composer n’importe quoi, même le pire, les grands laboratoires les payeront d’autant plus car la musique fera des ravages. Plus c’est compliqué, plus le cerveau réagira vivement, se révoltant contre cette agression sonore en développant des pathologies qui très rapidement (enfin des fois), mettrons un terme à cette torture musicale.

C’est pour cela que les gens sains d’esprit n’écoutent pas de rock progressif. Ils le savent. Et puis sincèrement, la guitare douze cordes, le thérémine, l’orgue Hammon, le mini Moog, le stick Chapman, la flûte traversière sont des instruments qui produisent des bruits épouvantables !

Reste une question et non des moindres. Pourquoi les gens écoutent-ils du rock progressif dans ce cas ?

Et là j’ai encore une hypothèse.

Les fans de prog sont des personnes lassées de la vie. Elles n’en peuvent plus du rap, du punk, de la disco, de la dance, du hip hop, de la variétoche aux autres immondices qui passent sur nos ondes. Ils savent sans doute que le rock progressif est dangereux, qu’il provoque de vives émotions, que le risque d’y succomber est immense et que l’addiction vient très vite. Mais voila, plutôt que de subir le triste bruit formaté sur les ondes, ils préfèrent se suicider aux harmonies magiques et aux textes mélancoliques.

Ma femme est musicienne

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J’écris ces mots pour tous les artistes que je côtoie et qui ne se rendent pas compte de ce qu’il sont réellement.

Ma femme est musicienne, elle joue de la musique. Sa vie tourne exclusivement autour de ses deux instruments, le piano et le violoncelle, les deux amours de sa vie. J’arrive en sixième position, après nos deux enfants et le chat.

Quoi de plus normal, ma femme est musicienne. Une pièce pour le piano quart de queue, une pièce pour le violoncelle, sans parler du piano numérique qui accepte de partager sa vie avec le violoncelle, gentil piano électrique…

Ma femme est musicienne et va toujours à l’école des musiciens, pour apprendre, pour rencontrer d’autres artistes, pour jouer. Elle use un professeur tous les trois ans en moyenne; un professeur de piano, un professeur de violoncelle, un professeur de musique d’ensemble. Le premier mois il est toujours formidable puis progressivement, dès la seconde année le plus souvent, il ne lui apporte plus rien, il est trop scolaire, il veut lui faire jouer des œuvres qu’elle n’aime pas. Des professeurs Kleenex.

J’ai de la chance car ma femme est musicienne. J’écoute tout plein de musique classique et elle m’apaise. Le piano et le violoncelle résonnent à toute heure dans la maison, avec en bonus la voix de l’artiste qui s’énerve toute seule, qui donne des ordres aux mains, qui peste contre la partition.

Ma femme est musicienne et a besoin d’amour, besoin qu’on la rassure sur son interprétation de Debussy, sur la transcription de ‘We Are The Champions’ de Queen pour piano et hurlements.

Ma femme est musicienne, elle passe son temps sur YouTube à écouter toutes les versions d’une oeuvre, même les pires, ça la rassure.

Ma femme est musicienne, ses humeurs sont comme la musique, certains jours wagnériennes, d’autres jours semblables à du Schumann. Allegro, adagio, pianissimo, double forte, en sol ou en fa, elle est imprévisible. Au plus fort de la tempête, soudain le vent se calme et le soleil brille quelques secondes avant l’averse de grêle.

Ma femme est musicienne, elle aime la musique d’ensemble. Mais pour la musique d’ensemble il faut être au moins deux. Et avec qui jouer, lorsque l’on consacre sa vie à la musique ? Des amateurs éclairés qui consacrent deux heures par jour minimum à leur instrument ? Soit ils n’ont pas le niveau, soit ils sont trop forts, soit il ne sont pas assez disponibles ou bien ne s’intéressent pas à la musique française du début du vingtième siècle. Ma femme aime la musique d’ensemble mais joue le plus souvent seule ou accompagne au piano des enfants en première année de violon.

Ma femme est musicienne mais n’aime pas se produire devant un public. Chaque audition est une torture, un peu pour elle, énormément pour nous, surtout durant les quinze jours qui précèdent l’exercice.

Ma femme est musicienne, elle joue avec d’autres musiciens. Des artistes fragiles, sensibles, un peu fous, qui sacrifient à leur art, travail, temps libre, richesse et famille. Tout l’opposé de mon épouse.

Ma femme est musicienne et je ne pourrais vivre sans ma musicienne.