Pérouges – le tilleul

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Cet été, pendant un court road trip, nous sommes passé par le village de Pérouges près de Lyon. Un village médiéval fortifié situé sur une hauteur abritant 1300 âmes dont la spécialité est une galette au sucre absolument délicieuse. Le lieu est très touristique, réputé autant pour ses galettes que pour son architecture.

La photo a été prise sur la Place du Tilleul où le dresse l’arbre qui ombrage une partie du pavé brûlant. Pour capturer l’arbre et la place il m’aurait fallu un objectif grand angle comme un Fish Eyes alors je me suis contenté d’une partie du tronc avec en arrière plan l’Hostellerie du Vieux Pérouges débordant de touristes.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-200 mm, 1/100s, f/5, ISO 90, 36 mm

Pour le développement j’ai opté pour un noir et blanc avec une technique proche de High Key qui consiste à isoler le sujet du reste de l’image. L’arrière plan est surexposé et légèrement voilé alors que le sujet est très contrasté et accentué.

IGNEA – dreams of lands unseen

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Aujourd’hui, Chroniques en Images soutient une nouvelle fois l’effort de guerre contre la Russie en vous présentant un groupe venu de Kiev. Bon, pour être honnête, je ne cherche pas à financer les drônes qui s’abattent sur Moscou. J’ai juste envie d’écouter de la bonne musique.

IGNEA est une formation de metal symphonique ukrainienne à deux voix et deux langues. D’un côté un chant clair féminin délicieux en anglais et en ukrainien, de l’autre un growl granuleux, tout ça produit par les mêmes cordes vocales, celles de Helle Bohdwnova.

Le concept album Dreams of Land Unseen raconte la vie et le travail de la photographe et reporter ukrainienne Sofia Yablonska née en 1907. Elle a vécu en France à partir de 1927 et parcourt le monde , le Maroc, la Chine l’Indochine, le Sri Lanka, le Laos, le Cambodge,  les îles de Java, Bali et Tahiti, l’Australie, les États-Unis et le Canada. Une artiste qui a documenté la vie de tribus indigènes de part le monde.

L’album est donc une sorte de voyage metal progressif symphonique avec quelques touches de world music, cinquante pourcent de growl et une très belle voix pas forcément dans les canons du genre. Dépaysement garanti, un road trip allant des dunes du Sahara jusqu’à l’opium chinois.

Le contraste entre growl et chant clair est vraiment saisissant lorsque vous découvrez leur musique, un peu trop peut-être mais après quelques écoutes l’oreille s’adapte. Les claviers de Yevhenii Zhytniuk aux motifs électros symphoniques apportent la touche metal progressive à cet album ainsi que les éléments orientaux et asiatiques qui colorient la musique.

‘Dunes’, ‘To No One I Owe’ ou ‘Nomad’s Luck’ donnent dans l’oriental quand ‘The Golden Shell’ et ‘Opiumist’ font dans les chinoiseries. Il y a même du djent dans ‘Zénith’ et ‘Incurable Disease’ pour ceux qui n’aiment pas l’exotisme.

Autant j’aime beaucoup les influences metal oriental dans cet album, autant les touches venus du pays du soleil levant me tapent un petit peu sur les nerfs. Il faut dire que je ne suis pas vraiment fan des chinoiseries sauf en cuisine. C’est tout particulièrement le cas avec ‘The Golden Sun’ qui donne dans le cliché asiatique pour touriste.

‘Opiumist’ au son d’un erhu numérisé, de claviers électros et peuplé de bruitages et de voix passe nettement mieux, d’autant que sa seconde partie metal avec le chanteur de Before the Dawn décrasse bien les oreilles.

Restent quelques pièces, de facture plus classiques, comme l’excellent death metal électro ‘Camera Obscura’ qui fait figure de tube sur cet album ou encore ‘Incurable Disease’. Elles équilibrent intelligemment l’ensemble.

Dreams of Land Unseen n’est pas un album fondamentalement révolutionnaire mais quelques points le distingue des autres productions du genre : de forts contrastes vocaux, le timbre de la chanteuse, des éléments world music et le concept lui même, car écouter la vie d’une photographe me change clairement des trucs démoniaques et des histoires de science fiction.

Les albums du groupe IGNEA méritent clairement  la découverte, sur Bandcamp par exemple, d’autant que les concepts se suivent sans se ressembler, de la conquête spatiale jusqu’à la photographie.

Nature – woody woodpecker

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J’ai fait cette photographie à la Petite Camargue près de Saint-Louis dans le Haut-Rhin. Le site marécageux comporte de nombreuses mares près desquelles sont construits des observatoires où l’on peut rester à l’affut des heures pour photographier toutes sortes d’oiseaux.

Pour changer du martin pêcheur, voici un pic vert qui s’est invité près de l’eau alors que nous chassions l’oiseau orange et bleu.

Nikon Z8, Nikkor 200-500 mm f5,6, bague FTZ, doubleur, ISO 800, 1/500s, f/11, 1000 mm

La photo n’a pas demandé beaucoup de travail. Un peu de contraste, atténuation des ombre, de la saturation et de la texture. Par contre j’ai utilisé quatre masques : un pour équilibrer l’exposition, un pour isoler l’oiseau, un autre pour l’arrière plan et un pour le tronc d’arbre. J’ai également fait un cadrage carré pour changer un peu et concentrer l’image sur son sujet.

Les loisirs

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Cette année, je me suis inscrit dans deux associations : un club photo, celui où j’étais l’année dernière, et un club d’astronomie. Car en dehors de la musique qui occupe beaucoup de mes loisirs, de la marche, de la lecture et des séries TV, ces deux activités sont devenues très importantes dans ma vie.

Pourquoi rejoindre des clubs alors que je pratique déjà ces activités en solitaire ? Justement pour ne pas rester seul dans mon coin. 

Je l’ai vu avec la photographie, partir en affut à plusieurs dans la campagne à la recherche du Martin Pêcheur, c’est bien plus drôle que de rester seul dans son observatoire pendant plusieurs heures. En plus, c’est un moyen de découvrir de nouveaux spots où je n’avais pas l’habitude d’aller.

Pour l’astronomie, mes nombreuses rencontres sur le toit du monde, m’ont permis d’échanger avec d’autres passionnés, de découvrir de nouveaux équipements, de comprendre certaines techniques et de suivre de judicieux conseils.

Mais outre la technique, le matériel et se sentir moins seul, c’est aussi l’occasion de belles rencontres avec des personnes qui partagent la même passion. Je n’accroche pas forcément avec tout le monde, loin s’en faut mais quelques contacts peuvent se transformer en amitiés durables, et ça c’est très sympa.

Le souci, c’est que tout cela prend du temps, et mon temps libre est précieux. Les week-ends ne comptent que deux jours et sont déjà bien remplis pour développer les photographies, alimenter le blog avec ma prose, enregistrer les chroniques en images, écouter de la musique, jardiner, bricoler, voir les amis etc etc.

En fait, il faudrait que je sois déjà à la retraite pour dégager assez de temps pour tous mes loisirs. L’échéance se rapproche petit à petit sauf si une nouvelle loi vient retarder mon départ et je commence à comprendre que je devrais m’équiper avant la cessation d’activité. Car tous calculs faits, il semblerait que je vive avec assez peu de revenus à partir de soixante-quatre ans.

Nature – bonne pêche

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Malgré ce que me disait un ami, les martin pêcheurs se posent sur des branches devant l’observatoire à oiseaux de Kraft. Pas souvent, mais ça arrive. Je suis revenu le lendemain matin, après la photo de la libellule, tenter à nouveau ma chance et au bout d’une heure, un Martin Pêcheur est venu se poser sur une branche devant moi. Cela a duré quelques secondes, juste assez pour que j’immortalise ma première photo de martin pêcheur en solo.

Nikon Z8, Nikkor 200-500 mm f/5.6, bague FTZ, ISO 140, 1/500s, f/5,6, 500 mm.

La photo originale a été prise en contre jour. Il a fallu la surexposer, baisser les hautes lumières et déboucher les ombres. Elle n’est pas recardée car je voulais conserver la branche en entier. Par contre j’ai appliqué un masque pour isoler l’oiseau et la branche et j’ai travaillé les couleurs pour rendre le plan eau plus agréable à regarder. J’ai également effacé une zone plus sombre sur l’eau dans l’arrière plan.

Ravage

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Un ravage, ce sont ces traces que laisse un troupeau de cervidés dans la neige lorsqu’ils se regroupent en horde. C’est également un endroit parfait pour dissimuler son passage lorsque l’on est poursuivi par des hommes.

Ravage est le roman d’une traque, celle d’un trappeur dans le grand nord canadien entre le 23 décembre 1931 et le 17 février 1932. Une traque démesurée à chiens de traineaux par moins quarante degrés dans le blizzard pour retrouver un seul homme, un certain Jones, d’abord accusé de trapper sans autorisation. C’est également une histoire vraie.

Une trentaine d’hommes, une quinzaine de traîneaux, un avion, dix kilos de dynamite, des blessés, des morts et vingt-six jours dans le froid glacial du Canada à la poursuite d’un inconnu qui déjoue tous les moyens mis en oeuvre pour le retrouver.

J’avais entendu parler de Ian Manook pour son roman A l’Islande que je n’ai toujours pas lu, Ravage était l’occasion de découvrir l’auteur.

Moi qui aime les paysages glacés, la neige, la solitude, le silence, j’ai été servi pendant 342 pages. Mais Ravage est d’abord un roman sur les hommes qui s’affrontent, Walker le gendarme, Wright le pilote, Jones le trappeur. Des rapports humains complexes et brutaux dans cette nature hostile.

Ravage possède de magnifiques temps fort et quelques passages où on aimerait bien que cette chasse à l’homme s’abrège. Les personnages en sortiront tous changés par cette traque impitoyable.

A lire si vous aimez les grands espaces, la neige et les hommes.

Nature – flying

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Cette semaine je vous entraîne à la campagne, près des points d’eau, dans des observatoires à oiseaux cachés dans la nature.

Ce cliché a été réalisé à kraft, alors que j’attendais désespérément qu’un Martin Pêcheur daigne se poser sur une branche non loin de l’affut. Comme des libellules fôlatraient non loin de là, j’ai essayé de photographier une en plein vol ce qui se révèle être assez sportif avec un objectif 200-500 mm.

Nikon Z8, Nikkor 200-500 mm f/5,6, ISO 160, 1/1000s, f/5.6, 500 mm

Le cliché original montre bien tout le travail qui a été nécessaire pour développer la photo. Plus d’exposition, de contraste, diminution des hautes lumières et des ombres, augmentation des blancs, ajout de texture et de clarté (beaucoup), saturation, vibrance mais aucun masque au final. Evidement la photo fait partie d’une rafale à 20 images par secondes. J’ai choisi celle où la libellule était bien nette avec une position des ailes esthétique.

Je suis content et étonné car cette photo a été très bien reçue sur Flickr.

Illuminated Void – Veriditas

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Lorsque mes yeux se sont posés sur la pochette de Veriditas, la curiosité l’a emporté sur la défiance et je me suis plongé dans ces cinq titres combinant presque toutes les étiquettes du metal et du prog.

Psyché, doom, sludge, stoner, post metal, desert rock, Illuminated Void est inclassable, un peu dans la veine de King Buffalo, le growl en prime. Le groupe né en 2021 dans le Wisconsin, sort ici son troisième album. Leurs influences sont à chercher du côté d’Anathema, de Paradise Lost et même de Pink Floyd, et les thèmes abordés dans les textes s’inspirent de l’ésotérisme.

Veriditas s’ouvre et se clôture sur deux titres fleuves de seize minutes et trente-trois secondes au milieu desquels prennent place trois autres pièces nettement plus raisonnables.

‘The Maze of Sleep’ et ‘Veriditas/Equinox’, en plus de posséder la même durée, ont globalement la même structure. Ils sont écrits en deux parties avec la seconde qui est acoustique. Le chant y est growlé au début et les pièces sont principalement instrumentales.

Mais revenons à la pochette, ce visage buisson nimbé de lumière froide qui s’ouvre comme un chemin et que deux silhouettes empruntent pour atteindre un havre de lumière, peut-être le chemin de l’âme. Si l’édition vinyle de cette merveille existait, je serais bien tenté pour me l’offrir tellement j’aime le visuel.

Veriditas est un album solo signé Matt Schmitz. Les quarante-huit illustrations noir et blanc du livret comme la couverture couleur sont l’oeuvre du même bonhomme, aidé de l’IA Midjourney. Un truc de fou, comme les paroles bien fumées.

‘Virgo Luciferia’ est certainement le titre qui se rapproche le plus de l’univers de King Buffalo. Nous nageons en plein psyché au chant scandé comme une transe même si ici, les textes sont un peu criés quand même. Son écriture est aussi moins linéaire et laisse place à un break suivi d’un solo de guitare de derrière les fagots avant de revenir au trip initial.

‘The Narrow Gate’ est un instrumental où flotte un growl évanescent (oui je sais, dit comme ça, ça fait bizarre) et des chœurs lointains sur quelques notes électroniques.

‘God Is An All Consuming Fire’ est une chanson jouée au coin du feu (pardon, j’ai honte). Un titre acoustique à la Anathema soutenu par des choeurs samplés où, pour la première fois, je sens la marque du projet solo, le côté minimaliste du pauvre qui aurait bien eu besoin de la contribution d’autres musiciens pour vraiment fonctionner.

Partagé par Katha sur twitter, ce troisième album de Illuminated Void est une très belle découverte disponible sur Bandcamp pour tous les amateurs de psyché, stoner, sludge, doom etc, etc. Je vous le recommande, surtout si vous aimez King Buffalo et le metal.

Orage – la foudre

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Après une longue attente au sommet de ma colline, les éclairs ont commencé à fuser à l’horizon. Des intra nuages mais également de la foudre. J’ai posé l’appareil sur le trépied pour réaliser des poses longues de dix secondes. Etant donné le peu de lumière j’ai ouvert à 5.6, tant pis pour la profondeur de champ, et même là j’ai du monter l’amplification à 800 ISO. Je ne vous cache pas que je n’ai pas appuyé sur le déclencheur à chaque éclair, car le temps d’appuyer sur le bouton, l’éclair a disparu. J’ai utilisé l’intervallomètre intégré au boitier Nikon, une photo prise automatiquement toutes les 11 secondes.

Nikon Z8, Nikkor Z 24-70 2.8s, 800 ISO, f/5,6, 10s, 24 mm

Alors oui, la photographie n’a pas grand chose avec l’original. Il y a tout d’abord le recadrage libre réalisé pour focaliser l’image sur la foudre, enlever le premier plan et centrer sur l’horizon et les panneaux de circulation. Un zoom important sur l’image mais étant donné que je travaillais au 24 mm et que les orages étaient éloignés, je n’avais pas trop le choix. Ensuite j’ai augmenté l’exposition et appliqué un traitement noir et blanc avec beaucoup de contraste, très peu de clarté, plus de blanc, eu de hautes lumières et beaucoup de noir.

Après un coucher de soleil magnifique, une très grosse averse, j’ai enfin fait ma première photo d’éclair.

L’équilibre

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Quand vous trimbalez un équipement de 50 kilos dans le coffre, vous n’imaginez pas forcément que vous allez marcher en équilibre sur un fil.

Mais voilà, un télescope installé sur une monture équatoriale motorisée, c’est du réglage d’horlogerie malgré son poids.

Le tube du télescope pèse plus de 6 kilos et nécessite un contrepoids de 5,5 kilos pour l’équilibrer sur ses deux axes, déclinaison et ascension droite.

Mais sur le tube, vous allez également installer un chercheur, un renvoi coudé, un oculaire, peut-être un appareil photo, et le poids initial de 6 kilos passe rapidement à 8 voire 9 kilos avec un fort moment du fait que l’appareil se retrouve au bout du tube à plusieurs centimètres à l’arrière du miroir.

Dans cette configuration, je suis obligé de placer le contrepoids au point le plus éloigné de la monture, de remonter le tube le long de son axe et même ainsi, l’équilibre est très précaire.

Du coup j’ai ajouté un contrepoids de 3 kilos sur la monture et une masselotte de 800 grammes à l’avant du télescope, sur un rail bricolé pour l’occasion pour compenser la masse de l’appareil.

À chaque changement d’équipement, je dois rééquilibrer le télescope, déplacer les contrepoids et les masselottes sur leur axe.

L’autre solution consisterait à alléger la charge utile. Et cela tombe bien puisque je dispose également d’un petit appareil photo hybride Panasonic Lumix G9. Il pourrait me servir pour la photographie par projection. 

La photographie par projection est une méthode qui consiste à placer un oculaire au foyer du télescope et le boîtier derrière. Cette technique, qui permet de faire de la photographie planétaire,  nécessite un long adaptateur de 10 cm dans lequel il faut glisser l’oculaire et au bout duquel est vissé le boîtier photo sur une bague T2.

Le poids de l’oculaire plus celui de l’adaptateur, de la bague d’adaptation T2 et du boîtier photo sans parler du moment généré par la longueur de l’ensemble rendent l’installation très instable. Du coup je vais tester les qualités astro photos du G9, qui est un boîtier 4/3, pour cette configuration. Il pèse 500 grammes de moins que le Z8.

Me voilà donc avec deux adaptateurs T2, un pour monture Z, l’autre pour micro 4/3, un adaptateur pour la projection, un nouveau contrepoids, deux masselottes, un rail de 69 cm et un boîtier photo supplémentaire à emporter lors des sorties astronomiques. 

Après une nuit d’insomnie, j’ai réalisé que les deux contrepoids Neewer respectivement de 300 et 500 grammes pouvaient être vissé directement sur la queue d’aronde du télescope sans avoir à installer un rail supplémentaire. J’ai installé le télescope dans le salon, vissé les contrepoids au tube et testé toutes les combinaisons d’accessoires, Nikon Z8, Panasonic Lumix G9, oculaires, renvoi coudé, projecteur avec G9. J’ai noté sur la queue d’aronde les points d’équilibre et veillé à ce que mon tube dérive légèrement vers l’est.

Le télescope est prêt, d’ailleurs samedi matin, à 6h, alors que tout le mode dormais, j’ai testé pour la première fois l’adaptateur de projection avec un oculaire 9 mm et le G9 sur la planète vénus qui se levait à l’horizon. Et ça marche !

Alors non, ce n’est pas la lune, c’est bien la planète Vénus situé à 41 millions de kilomètres. Venus présente aussi des phases.