An Abstract Illusion – The Sleeping City

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J’ai bousculé tout mon planning prévisionnel pour un album que Stéphane Gallay a présenté il y a peu. Le genre de concept album grand spectacle métal progressif gloubi-boulga que j’adore.

En fait, je connaissais déjà le groupe suédois, pourtant je ne le suivais pas sur Bandcamp, sinon j’aurai parlé de cette merveille bien avant Stéphane. Enfin pas certain, car The Sleeping City est sorti le 17 octobre dernier. Un album d’une heure composé de sept morceaux dont trois de plus de dix minutes.

An Abstract Illusion joue du métal progressif cinématique symphonique avec du growl caverneux, du chant clair, du poutrage, de l’acoustique et tout le reste. Une cuisine grasse et indigeste pour les estomacs délicats. Donc tapissez vos tympans avec du Smecta et bouchez vos oreilles avec deux comprimés d’oméprazole si vous êtes métalo sensible.

La pochette, qui ne m’emballe pas outre mesure avec ses couleurs magenta, représente le Mont Saint-Michel. Vous savez, ce monument que les normands ont volé aux bretons, sans parler du cidre, encore que pour ce dernier, je ne suis pas certain. 

Bref. Au beau milieu de l’abbaye, est creusé une étrange caverne d’où émane une lumière, un truc bizarre qui n’existe heureusement pas dans la réalité, sinon les hordes de touristes prendraient peur, ce qui ne serait au final, pas une mauvaise chose.

Voici donc la fameuse cité endormie dont parle l’album. Oui, parce que The Sleeping City est évidemment un concept album. Une histoire mystico morbide à laquelle je n’ai pas compris grand-chose, mais qui parle bien d’une ville endormie qui s’éveille. Enfin ça, c’est dans le dernier morceau.

Dans The Sleeping City vous allez entendre du growl, du chant clair, du piano, de la double pédale, des violons, du violoncelle, des guitares acoustiques et très électriques, du djent, des claviers à la Vangelis, du métal qui poutre, des choeurs, des voix enregistrées, bref tout un attirail sonore improbable qui écrit une symphonie cinématique des plus réussie.

Karl est franchement éblouissant à la guitare, réussissant à imposer son style au milieu de tous les instruments présents. Robert, très inspiré par Vangelis, maîtrise autant les synthés que le piano, Isak ne ménage pas sa peine sur les fûts et Christian assure vraiment au chant. Et pour couronner le tout, les chœurs et les cordes ne sont pas d’affreux samples mais bien des musiciens qui jouent et qui chantent.

Du coup, au niveau du son, ça en jette vraiment.

Tout un chacun trouvera un passage qui parlera à sa sensibilité dans The Sleeping City. Je ne suis pas certain par contre que tout le monde appréciera l’œuvre dans son entier. Mais, pour moi, cet album est un pur bonheur du début jusqu’à la fin.

Les proghead risquent clairement de tiquer étant donné le fort pourcentage de growl comparé au chant clair et les métalleux risquent de trouver l’album trop prog avec son abondance de claviers.

Je vous recommande tout de même de l’écouter, ne serait-ce qu’une fois, pour voir si entre vous ça peut coller. Et merci à Stéphane pour la découverte.

Greenleaf au Grillen

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Vous le savez sans doute, je ne suis pas stoner. Le groupe Greenleaf ? Connais pas. Pourtant dimanche soir, je suis allé au Grillen à Colmar les écouter.

Alors non, ce n’était pas une invitation du groupe ou du label, je ne fais plus ça depuis longtemps. C’était une proposition de mon copain Seb qui lui, connaît un peu la discographie du groupe.

J’ai consulté mon planning du lundi pour vérifier qu’il n’était pas trop chargé et j’ai dit ok. Ensuite j’ai écouté la musique de Greenleaf avec l’album Revolution Rock. Ben c’était vraiment stoner et je ne suis pas allé jusqu’au bout.

Du coup j’ai demandé une accréditation photo à l’association Headbang qui organise l’événement, histoire d’avoir quelque chose à faire pendant le concert si je n’accrochais pas trop à la musique.

C’est le groupe local Coma qui ouvrait la soirée, un jeune quatuor de stoner français qui essaye de trouver sa place. Bon comme dit plus haut, je ne suis pas amateur de stoner et Coma n’est pas une formation pro. Le groupe manque d’une identité vraiment affirmée comme de charisme en live et je n’ai pas entendu leur fibre psychédélique.

Il arrive que les premières parties de concert soient de belles surprises, là disons le, la demi-heure qu’a duré leur prestation m’a paru un peu longue. Mais ma patience a été récompensée par une bonne bière offerte par Seb !

Après une communication de l’association Headbang et un gâteau d’anniversaire, c’était au tour de Greenleaf de monter sur scène. Et dès les premiers accords de guitare, j’ai su que ça allait être du lourd.

Greenleaf ne joue pas à proprement parler du stoner. Je parlerai plus de hard rock blues à tendance soul, le genre de truc qui prend aux tripes sans se prendre pour autant vraiment au sérieux. Il sera par exemple question d’odeur d’aisselles en fin de tournée.

Tommi, le chanteur, possède une manière bien à lui d’arpenter la scène avec sa démarche voûtée très particulière, sa main droite souvent pointée vers le ciel et ses yeux un peu fou. Il dégage une incroyable énergie comme son batteur, liquide après deux morceaux. Le bassiste est tout sourire quand le guitariste corpulent se cache dans sa tignasse dégarnie. Ils sont furieusement bons et leur musique me semble étonnamment familière tout en restant très éloignée de ma zone de confort. Je ne comprends pas ce qui m’arrive.

Le public est également conquis. Il bouge, danse, reprend en chœur les refrains, l’atmosphère est chaude bouillante. Pendant un peu moins d’une heure et demie, Greenleaf va mettre le feu au Grillen.

Cela peut sembler court mais le groupe ne s’économise pas une seconde. Pendant qu’ils jouent je shoote comme un fou pour essayer d’obtenir la bonne image qui traduira la dynamique de cette soirée, et ce n’est pas facile d’autant que j’ai également envie de bouger avec la musique.

Après deux rappels nos quatre musiciens tirent leur révérence pour retrouver le public au stand de merch. N’ayant ni payé l’essence, ni la bière ni ma place, sans parler du joli cadeau offert par l’association Headbang, je me suis offert leur dernier album en vinyle, principalement parce la pochette est vraiment magnifique. Et bonne surprise, une fois l’euphorie du concert passé, j’ai vraiment aimé ce que j’ai entendu sur la galette.

Merci à Seb de m’avoir sorti un dimanche soir, merci à Headbang qui fêtait ses dix ans et merci à Coma et Greenleaf pour la musique. Ce fut une soirée mémorable.

Photos sous licence CC BY-NC-ND 4.0

Untold Stories – Wind and Memories

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Si vous aimez le rock progressif des années quatre-vingt à quatre-vingt-dix, si vous n’êtes pas allergique à la voix du chanteur de IQ, vous aimerez sans doute le groupe Untold Stories.

C’est tonton Alias qui a recommandé l’album Wind and Memories sur sa chaîne Youtube Radio Erdorin, le classant parmi les meilleures sorties néo progressives de l’année.

Il fallait donc que je l’écoute, même si le dernier Gazpacho risquait de lui faire sérieusement de l’ombre.

Untold Stories est un jeune groupe bulgare né début 2022 qui sort ici son premier album, huit titres de cinq à dix minutes pour près d’une heure de musique dans la plus pure veine progressive qui soit.

Le groupe est un quatuor sans chanteur qui pour son premier album a invité Boil Karaneychev pour tenir le micro. Un Boil qui possède la tessiture fragile de Peter Nicholls, les aiguës de Jon Anderson et un quelque chose de Sting, tout ça de manière assez inégale.

Et disons tout de suite, le point faible de Untold Stories, ben c’est son chanteur invité. Parce que question musique, même si le groupe ne réinvente pas la poudre, leurs compositions tiennent bien la route et la production est à la hauteur du travail.

Un truc que j’aime particulièrement sur cet album, c’est la basse bien détachée d’Alek sur le titre ‘Purple Lake’. La guitare de Daniel fait régulièrement des étincelles, comme dans l’instrumental ‘Faces’ Par contre, je trouve que les claviers de Nikolay manquent d’ambition même si de temps en temps, comme dans ‘Bloody Moon’, il y a quelques bonnes idées. Pour la batterie, Radoslav fait le job, ni plus, ni moins. 

Le morceau qui ouvre l’album, intitulé ‘Broken Light’, m’a donné très envie de découvrir Wind and Memories, justement pour cette écriture prog inventive et un chant oscillant entre Peter, Jon et Sting.

‘Fly Away’ m’a fait songer au groupe Yes des années quatre-vingt, autant dire pas le meilleur, le début de ‘Wind and Memories’ à Saga et un peu plus loin à Genesis, bref pas de doute, c’est du prog, d’autant que la voix de Boil ressemble souvent à celle de Peter Nicholls, tout particulièrement dans ‘Piece of You’ mais en moins bien.

Mais je ne vous cache pas que je finis toujours par décrocher à partir de ‘The Power Of Forgiveness’ qui oublie la forme progressive pour une balade linéaire et barbante avant un rebondissement seventies salutaire à la quatrième minute qui sauve le morceau.

Tout ça pour vous dire que je ne suis pas aussi enthousiaste que Stéphane sur cet album, surtout après avoir écouté le dernier Gazpacho. Mais bon, c’est un premier album et ils peuvent s’améliorer.

Donc n’hésitez pas à y jeter une oreille et à surveiller leurs prochains efforts.

Gazpacho – Magic 8-Ball

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J’imagine qu’il n’est plus besoin aujourd’hui de vous présenter le groupe norvégien Gazpacho propulsé sur le devant de la scène par Marillion en 2004.

Gazpacho a toujours été un mouton noir dans la mouvance progressive avec la voix si particulière de Jan-Henrik et les mélodies très intrigantes des musiciens. Souvenez-vous des albums Night ou Tick Tock pour n’en citer que deux.

Je crois que nous avons tous été surpris par le single ‘We Are Strangers’ sorti le 16 octobre dernier. Cela ne m’a pas empêché de commander leur dernier disque Magic 8 Ball, car si mes débuts avec le groupe n’ont pas été des plus simples, depuis March of Ghosts, je suis un inconditionnel du groupe.

J’imagine que certains fans intégristes ont été traumatisés par la sortie de leur dernier opus, car Gazpacho a clairement décidé de sortir des sentiers battus et rebattus depuis 2002. Mais ne prenez pas peur, vous allez retrouver souvent la forme traditionnelle du groupe dans leur dernier album. N’empêche, assez régulièrement, de petites touches plus mainstream, des bizarreries inattendues, viendront troubler le fan de la première heure. 

Si ‘Starling’ ne devrait pas vous surprendre même s’il s’agit le titre le plus long de l’album, jouant de piano, de violon, de mélancolie et de cette voix si particulière, ‘We Are Strangers’ va mettre à rude épreuve vos convictions. Chant vocodé, touches électros, refrain commercial, batterie nerveuse, difficile de reconnaître au premier abord les norvégiens dans cet OVNI. Il n’y a que le chant de Jan Henrik auquel se raccrocher.

Paradoxalement, j’adore ! Sans doute parce que j’aime mes prises de risque.

Et ‘We Are Strangers’ n’est pas l’exception, même si les morceaux qui suivent apportent leur quota de nouveauté de manière nettement moins frontale.

C’est une guitare, des claviers, une manière de chanter, une écriture plus commerciale, qui vont troubler l’ordre établi. Il y a par exemple un passage de basse/batterie au milieu de ‘Gingerbread men’ que l’on ne voit pas arriver et qui laisse place à une continuation très marillionesque à la manière du titre ‘Montreal’.

Difficile d’ignorer le ‘8-Ball’ très Bouglione où Jan-Henrik descend de presque une octave, dans un registre que je ne lui connaissais pas et qui lui va très bien.

Enfin, que dire du dernier titre intitulé ‘Unrisen’ construit d’une multitude de sonorités étonnantes tout en conservant une très grande cohérence ?

Alors oui l’album Magic 8 Ball va vous déstabiliser lors des premières écoutes, mais c’est pour mieux se faire apprécier. Petit à petit, toutes les étrangetés s’estompent pour devenir la norme. Plus vous avancerez dans sa découverte, plus vous tomberez sur des pépites cachées dans les mélodies et plus vous aimerez cet album.

Il rentre évidemment dans mon top 2025 et je vous invite à l’écouter d’urgence si ce n’est pas encore fait.

Psychonaut – World Maker

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Le groupe Psychonaut n’est pas totalement un inconnu pour moi. Je lui ai déjà tourné autour avec l’album Violate Consensus Reality sans pour autant conclure. Le trio belge de prog psyché né en 2011 vient de sortir World Maker le 24 octobre dernier, un album dix titres d’un peu moins d’une heure, qui me donnait l’occasion de me rattraper.

Le groupe Psychonaut bascule avec déroutante aisance des hurlements à la douceur, du violon à la guitare saturée. Leur musique est autant stoner, psychédélique que progressive, avec un ancrage marqué dans les seventies. Un mélange totalement explosif qui ne laisse pas une seconde pour s’ennuyer. Vous entendrez des influences venues de Tool, Led Zep, Mastodon ou encore Pink Floyd avec tout de même nettement plus de poussées d’adrénaline que les groupes précités.

Stefan De Graef, le chanteur et guitariste du groupe, joue de taping assez halluciné avec sa six cordes comme dans le titre ‘Endless Currents’. Cette technique est clairement pour moi la signature du groupe Psychonaut en plus du côté grandiloquent des compositions. Car en plus de partir dans le chant hurlé assez souvent, Psychonaut donne dans le grand spectacle cinématique, comme dans le morceau ‘… Everything Else Is Just The Weather’.

En plus du trio guitare, basse, batterie, World Maker regorge d’arrangements, voix, claviers, percussions et orchestrations comme dans l’instrumental orientalisant ‘Origins’. La musique s’en trouve fortement enrichie, lui donnant un aspect nettement moins brut de décoffrage que le stoner de base tout en la rapprochant fortement de la mouvance progressive.

World Maker est un concept album empreint de mysticisme. Il parle avec émotion et violence d’une divinité faiseuse de mondes, le « world maker » si vous ne parlez pas anglais. Après, j’avoue ne pas avoir tout compris aux textes qui ne donnent pas vraiment dans l’explicite. Par contre, ils sont magnifiques et écrits comme des poèmes.

Si je devais mettre en avant un seul titre de Psychonaut, ce serait sans doute ‘Stargazer’ qui alterne avec brio poutrage et fragilité pendant pas loin de huit minutes. Il y a du growl, du chant clair à la manière d’Anathema, un refrain à la Steven Wilson, du bon gros metal,de la guitare acoustique limite folk, bref un véritable bento métal progressif.

World Maker est un album tout en puissance mais également d’une grande subtilité avec des passages fragiles et explosifs. Je n’ai pas grand chose de plus à en dire, sorti du fait qu’il rentre de ce pas dans ma petite sélection d’albums de l’année qui a des chances d’arriver dans le trio de tête 2025. Allez l’écouter d’urgence, vous le trouverez sur Bandcamp.

HamaSaari – Ineffable

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Désolé, j’ai trou de mémoire, je ne me souviens plus qui m’a recommandé le groupe français HamaSaari, mais j’ai tout de même ma petite idée sur le sujet, ça doit être moi…

Bon, toujours est-il que j’ai mis leur album Ineffable dans un coin et que j’ai bien noté qu’ils passaient en concert le 22 octobre au P8 à Karlsruhe. J’ai écouté l’album et j’ai pris la route du P8.

Ineffable, sorti en 2023, est leur premier album. Sept titres pour trente-neuf minutes de musique prog/alternative à tendance acoustique. Le prochain arrivera début 2026. Mais HamaSaari est né sur les cendres du groupe Shuffle que j’avais découvert du temps du webzine Neoprog.

Le quatuor joue de guitares, de batterie et de basse. Leur musique me fait penser à des groupes comme Klone, Lag I Run ou encore Wolve. Et si vous avez lu quelques-unes de mes chroniques sur ces groupes, vous comprendrez vite pourquoi j’aime HamaSaari.

Les morceaux sont majoritairement softs avec quelques poussées plus électriques sorti de ‘White Pinnacle’ qui donne clairement dans le metal prog énervé avec même du growl.

Ineffable est un album à l’écriture classique et très originale à la fois. J’en suis tombé amoureux dès la première écoute.

Le chant clair un peu fragile associé à ces guitares électro-acoustiques qui de temps en temps durcissent le ton, rappellent Porcupine Tree sans les plagier comme dans le titre ‘Old Memories’.

Il y a quelques claviers, mais juste en trame de fond. On pourrait s’en passer, d’ailleurs, en live, il n’y en avait pas.

‘Crumbs’ joue de l’américana pour nous parler de la révolte quand ‘Lords’ revisite notre catéchisme, d’abord en douceur avec ses délicieuses notes de guitares avant de hausser légèrement le ton et finir sur un instrumental tout en délicatesse.

Une des merveilles de cet album (il y en a plein) s’appelle ‘Prognosis’. Le dernier morceau de l’album, d’un peu plus de quatre minutes, me transporte à chaque écoute. Il est joué tout en retenue dans des tonalités électro acoustiques fragiles, avec un court texte en forme de conclusion.

J’adore également la bombe thermonucléaire de ‘White Pinnacle’ qui met sens dessus dessous tout l’album. Il faut dire que les paroles ne font pas dans la dentelle puisqu’elles évoquent à demi-mots de ces curés qui abusent du corps des enfants au lieu de sauver leur âme.

Ineffable serait sorti cette année, il figurerait dans mon top 2025, car j’en suis tombé amoureux.

J’attends le prochain album de HamaSaari avec une impatience teintée d’inquiétude mais les premiers extraits que j’ai entendus en live me donnent de l’espoir. C’est toujours compliqué un second album.

Allez écouter Ineffable, aller écouter HamaSaari en live, ce groupe est plus que prometteur.

Skinner Project – To Earth, With Love

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Non, ce n’est pas la pochette qui a décidé du choix de cette chronique ! En fait, si un peu quand même. Quand j’ai vu cet astronaute tenant par la main un enfant, qui contemple la lune au milieu d’un paysage martien, j’ai tout de suite eu envie d’écouter l’album.

En plus le groupe de rock progressif Skinner Project m’était inconnu, il venait du Brésil et m’avait été recommandé par Alice.

Mais dès les premières secondes de To Earth, With Love, leur album sorti en juillet dernier, je lui ai trouvé une très grande proximité avec un groupe que je n’aime pas beaucoup. Qu’à cela ne tienne, je l’ai écouté une fois et ce que j’ai lu et entendu m’a convaincu d’en faire une chronique ici.

Mais commençons par les présentations : Skinner Project vient de Sao Paulo. Un quatuor né en 2017, mené par Léo Skinner. Le groupe a sorti trois albums, un EP et quelques singles en comptant To Earth, With Love.

L’album de moins d’une heure propose neuf morceaux de quatre à huit minutes ressemblant pas mal à ce que Rush a composé durant sa carrière. Mais voilà, je n’aime pas la musique de Rush toutes périodes confondues et encore moins son chanteur.

To Earth, With Love est un concept album de science-fiction, un voyage spatial sans retour qui explore les sentiments d’isolement et de solitude, enfin, je crois. D’ailleurs, le second morceau, cite des paroles de l’astronaute américain Nick Hague qui a volé à bord l’ISS et qui a accumulé plus de trois cent soixante-treize jours de vol spatial tout de même.

Un truc que je n’aime pas du tout dans Skinner Project, c’est la batterie de Léo Nascimento. Désolé Léo, mais mes héros s’appellent Gavin Harrison et Mike Portnoy. J’aime quand la batterie rebondit, fait de la musique, invente une mélodie dans la mélodie. Pas les ”tchac boum tchac” qui martèlent chacun des morceaux.

Je n’aime pas trop non plus la voix de l’autre Léo, enfin pas tout le temps. Disons que lorsqu’il part dans les aigües, ça me casse les oreilles. Et contrairement à ce que j’ai pu lire ailleurs, je trouve la musique vraiment datée. Certains refrains ressemblent à de vieilles rengaines de mon adolescence.

Mais je vous rassure, je n’ai pas acheté l’album uniquement pour sa pochette. Il y a quand même quelques bonnes choses dans To Earth, With Love au-delà de nos petits différents. Lorsque la musique se fait moins rock, la voix plus douce et les compositions plus éloignées de Rush, j’adhère nettement plus à leur travail.

Cela commence avec le titre album ‘To Earth, With Love’, sans doute parce qu’il contient des passages au piano et des voix enregistrées qui appuient la narration.

Difficile de résister également à ‘Report #28’ qui nous plonge en plein récit de science-fiction. Les monstres ont envahi le vaisseau, et c’est le seul titre instrumental de l’album.

Et malgré son côté K2000 (une série ringarde des années 90 avec David Hasselhoff), ‘The Devil Fault’, plus électro que progressif, a au moins le mérite d’être original au milieu de cet album. Et puis il y a ‘Speaking In Silence’, sans doute parce qu’ici Léo Skinner reste dans un registre vocal plus naturel. Enfin ‘Eternity’ m’a séduit par sa construction même si Léo chante toujours un peu trop haut et que le refrain est relativement ringard.

Après, il a y aussi des titres épouvantables comme ‘A Dream of Us’ avec sa batterie pot de yaourt et son chant façon Club Dorothée. Ce n’est pas le seul loin de là, mais celui-ci est au sommet de ma pile de détestation.

Au final, j’aime surtout la pochette de cet album.

Contrairement à certains de mes confrères, je ne vous recommanderai pas cet album, bien au contraire. Après, vous faites ce que vous voulez bien entendu.

Mystery Chez Paulette

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Nos amis canadiens de Mystery jouaient Chez Paulette samedi dernier. La seconde date de leur tournée européenne après le Spirit et avant d’attaquer le Z7. 

C’était la troisième fois que l’association ArpegiA les invitait. Et cette année, ils fêtaient les dix ans de l’album Delusion Rain. Un évènement à ne pas manquer. D’ailleurs le public l’avait bien compris puisque la salle était quasi comble.

ArpegiA m’avait convié à la fête, et donc dès 15h j’étais Chez Paulette, à Pagny Derrière Barine, après deux heures de route depuis Strasbourg. Le temps de saluer tout le monde sans céder au bisou lorrain de rigueur – j’avais un bon rhume et je n’étais pas le seul loin de là – Mystery débarquait dans le petit village, transformé le temps d’une nuit, en temple du rock progressif.

C’était la première fois que je rencontrais le groupe en civil et que j’assistais à leurs balances. De biens belles personnes, très professionnelles avec une bonne dose d’humour, qui une fois le boulot terminé se mêlèrent naturellement aux personnes présentes dans la salle cet après-midi là pour discuter. Le temps de faire quelques photos, parler à droite et à gauche, de Bretagne, de photographie, de Danny Cavanagh, il était temps de passer à table avec les artistes.

Une grande table en L où artistes, organisateurs, techniciens et invités se retrouvaient pour le dernier break de la soirée avant l’ouverture des portes.

Sylvain qui a vécu longtemps en France, retrouve de la famille et sa maîtresse de CP venue l’écouter jouer ce soir. On évoque à plusieurs reprises le mémorable passage de Weather Systems Chez Paulette, je discute de photographie et de réglages avec Andres qui s’attelle à produire des images de com pour Mystery depuis peu.

A 20h, les portes s’ouvrent et la foule impatiente envahit la salle. Je retrouve plein de têtes connues que je salue à distance faute de pouvoir m’en approcher. Et puis Mystery arrive et le travail commence pour moi : photographier. On dira ce que l’on veut, mais réaliser des photos de concert acceptables reste un travail, très physique d’ailleurs lorsque l’on trimballe cinq kilos de matériel pendant plusieurs heures.

J’avoue qu’il ne me reste peu de souvenirs de la première partie du concert. Je me souviens d’un titre de Rédemption, leur dernier album et c’est presque tout. Le son est fort, trop fort à mon goût, par contre il est de qualité. D’ailleurs les membres du groupe salueront le travail de l’ingé son et lui proposeront même de les suivre sur la tournée.

Mystery semble en grande forme. Leur envie de partager la musique avec leurs cousins francophones est palpable. Jean et Sylvain bougent beaucoup, Jean-Sébastien, malgré un bandage au coude gauche, assure derrière les fûts, il m’offre même quelques poses pour l’objectif. Et si Antoine n’est pas là, congé paternité oblige, il trouve en Johnny un digne remplaçant.  Ce n’est pas non plus la première fois qu’il tourne avec le groupe. François, à la basse est un peu caché au fond à droite, assis le plus souvent sur son tabouret. Il jouera tout de même debout de temps en temps en duo avec Sylvain. Reste la guitare d’or du groupe, Michel, tout à gauche de la scène, que je n’aurais hélas pas souvent l’occasion de photographier faute de vrai mobilité dans la salle vue l’affluence.

Après être resté plus d’une heure sous les enceintes à photographier le groupe, je m’éloigne du premier rang pour profiter de la seconde partie du show. Mystery nous rejoue Delusion Rain pour mon plus grand plaisir, alors je ne vais pas m’en priver. Un album clé dans la carrière du groupe, puisque c’était le premier avec leur nouveau chanteur Jean Pageau qui est avec eux depuis cette date. Inutile de dire que je me délecte du titre album, de ‘The Willow Tree’ long de vingt minutes, et du final ‘A Song For You’. Car je trouve que Mystery brille particulièrement dans la forme longue.

Vers la fin du concert, pendant les incontournables rappels, Andrés me tombe dessus genre catastrophé, son boîtier Canon a un problème et il doit réaliser la photo du final avec le groupe et le public. Il m’entraîne sur la scène, derrière la batterie, pour immortaliser cet ultime moment du concert. J’avoue que j’adore ça, j’ai honte mais j’adore le faire, monter sur scène et photographier le public et les musiciens (qu’on se le dise). 

À la fin du concert, je m’offre Rédemption en édition vinyle et je retrouve pas mal de connaissances et d’amis pour une dernière discussion de prog-heads.

Il est trois heures du matin lorsque je retrouve la couette douillette de mon lit. Deux heures en fait, puisque nous passons à l’heure d’hiver. Je ne dormirai pas beaucoup puisque j’avais promis à Andrés de développer la photographie finale rapidement pour que Mystery puisse en disposer pour sa com. Du coup j’ai continué avec les images du live. À midi, tout était en ligne.

Ce fut un très beau concert et une nouvelle fois de belles rencontres. Merci à Mystery, aux Enfants de Paulette et à ArpegiA de rendre possible ce genre d’événement. On se retrouvera Chez Paulette le 3 avril 2026 pour Lazuli et puis le 23 mai pour un concert encore surprise.

Vous pouvez regarder toutes les photos sur Flickr.

HamaSaari au P8

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À votre avis, qu’est-ce que cela fait de se retrouver tout seul en Allemagne en milieu de semaine dans une petite salle de concert pour écouter un groupe que vous connaissiez à peine ?

Ben rien, c’est ma routine, mais pour HamaSaari j’ai fait fort. Une tempête menaçait de balayer la France cette nuit, je bossais le lendemain et samedi je partais à 200 km de la maison pour écouter Mystery Chez Paulette. J’allais être sur les rotules.

HamaSaari est un groupe français que j’ai découvert par hasard sur Bandcamp et lorsque que j’ai vu qu’ils jouaient au P8 le mercredi 23 octobre, j’ai contacté le tenancier de la salle pour obtenir une accréditation photo.

Arrivé sur place,à l’avance comme toujours, j’ai pris une bière, pas un panaché cette fois (je progresse même si la bibine ressemblait affreusement à une Heineken), et je me suis installé dans un coin en attendant la musique. 

Je ne sais pas si c’est l’appareil photo qui a provoqué ça, toujours est-il que deux allemands très sympathiques sont venus taper la discute avec moi en faisant l’effort de parler en français et en anglais. Du coup, le concert est arrivé très vite et je me suis senti moins seul (mon pote Seb profite d’une lune de miel au soleil).

On ne va pas se mentir, il n’y avait pas grand monde à assister au concert, tout au plus une trentaine de personnes rassemblées plus près du bar que de la petite scène.

La première partie, était assurée par le groupe allemand VELDT VOID que j’ai rapidement écouté en streaming. Un quatuor de hard rock psyché assez classique. Leur musique n’a pas inventé la poudre mais j’ai bien aimé certains de leurs morceaux comme ‘The Son of Man’ tiré de leur premier album du même nom.

Sur scène par contre c’est affreusement statique et le chanteur, en col romain, va rester pendant tout le set dans l’obscurité.

Le quatuor français HamaSaari prend la suite des opérations vers 21h30. Ils sont également quatre. Une basse, une guitare rythmique et chant, une lead et la batterie.  D’emblée l’énergie n’est pas la même. Si leur musique est relativement acoustique, Jordan ne reste pas statique devant son micro, loin de là, il vit la musique. Et malgré le peu de public, le groupe donne tout. Leur album Ineffable, que j’ai écouté en boucle avant de venir, rend encore mieux en live. Les quelques nouveaux titres qui figureront sur leur prochain album, me semblent plus musclés sans atteindre la tension de ‘White Pinacle’ toutefois, certainement le titre le plus agressif de leurs compositions.

Jordan s’adresse aux spectateurs en anglais, salue l’incarcération de Nicolas Sarkozy, parle d’écologie, des sujets qui me touchent comme leur musique. Bref c’est un énorme kiff, genre coup de foudre.

Ils finissent leur performance après un dernier rappel, le public chauffé à blanc en redemande, c’était trop court.

Je retrouve le groupe au stand de merch comme une groupie, on discute quelques minutes avant que je ne craque pour un teeshirt et leur vinyle. Le principe c’est paye ce que tu veux (à condition d’être raisonnable tout de même), et j’ai du l’être puisqu’ils m’ont offert en bonus le vinyle WontTheyFade? de leur précédent groupe Shuffle que j’avais chroniqué fin 2018. C’est en écrivant ces lignes que j’ai fait le rapprochement entre les deux groupes… La vieillesse est un terrible naufrage.

Cette petite soirée au P8 est sans doute un de mes meilleurs concerts de l’année, plein d’émotions, de chouettes rencontres dont Stephan, un des gérants de la salle avec qui j’ai également discuté avant de partir.

Merci au P8 de permettre ce genres de concerts, merci à HamaSaari d’exister et de nous offrir leur musique, j’espère les revoir très bientôt avec plus de public cette fois.

Les photos de VELDT VOID sont ici : https://flic.kr/s/aHBqjCypJ7

Celles de HamaSaari ici : https://flic.kr/s/aHBqjCysPT

Dissona – Receptor

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Dissona est un quatuor de métal progressif né à Chicago en 2006. Leurs membres n’ont composé pourtant que trois albums et un EP entre 2012 et 2025.

Receptor, sorti le premier octobre, est la continuation très attendue de Paleopneumatic édité neuf ans plus tôt. On parle ici de près d’une heure de musique et onze morceaux de deux à huit minutes.

Dissona joue d’un métal progressif à deux voix mêlant symphonique, cinématique, oriental et électro à sa musique relativement grandiloquente.

L’album est long et me paraît relativement chaotique, et ce malgré de nombreuses écoutes. Disons que je peine à trouver un fil conducteur musical. A plusieurs moments, j’ai l’impression qu’il va se terminer, alors que non, il repart pour un tour.

‘Shadow Consumation’ compte parmi les titres les plus calmes de l’album. Il n’y en a pas beaucoup, donc autant le souligner. Le morceau, long de sept minutes dix, fait penser au travail de Tool dans leurs premières années.

A côté de cela, on trouve ‘Incisor’ suivi de ‘Haimatox’, deux pièces électros par excellence. Et que dire de ‘Weaponized’ où vous allez entendre de grandes orgues sonner au milieu d’une pièce de métal symphonique. ‘Sufuse’, long de cinq minutes, donne pour sa part dans un métal oriental des plus classiques. Et ne me demandez pas pourquoi ce choix musical, je n’ai pas fait l’effort de me plonger dans les paroles en majuscules.

Vous entendrez également deux courts instrumentaux d’environ deux minutes intitulés  ‘Becoming Home’ et ‘Haimatox’.

Si vous cherchez un bon exemple du côté bordélique de l’album, vous l’entendrez dans ‘It Will Drown’. Un titre à la limite du grotesque, à la musique hachée et au chant très étrange.

Comme vous le voyez, l’album est pour le moins varié, trop peut-être à mon goût, ce qui renforce cette sensation de chaos que je ressens à chaque fois.

Malgré son côté brouillon, j’aime bien Receptor, sa pochette intrigante, le logo du groupe et la puissance qui se dégage de leur musique.

Pour une fois, c’est de l’électro métal qui n’est pas chanté par un castrat. Et puis les albums grandiloquents, limite too much, j’ai toujours adoré. Donc n’hésitez pas à y jeter une oreille ou deux à l’occasion, il est sur Bandcamp.