Oh Hiroshima – All Things Shining

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Cette chronique n’était pas prévue à mon planning. J’avais déjà survolé l’album All Things Shining du groupe Oh Hiroshima sans grande conviction à sa sortie fin juin et j’étais passé à autre chose. Mais comme j’ai eu l’occasion de les écouter en live le onze décembre à Karlsruhe, je me suis dit, pourquoi ne pas donner une nouvelle chance à leur dernier album.

Cette fois je me suis posé, j’ai fermé les yeux et je suis rentré dedans pour de bon. Je connais le groupe depuis l’album Myriad en 2022, un disque que je n’avais pas chroniqué non plus à l’époque.

Oh Hiroshima fait du post-rock shoegaze chanté. Un quatuor en live où le chanteur est quasiment invisible alors qu’en studio, il prend nettement plus de place.

All Things Shining est un album de trois quart d’heure contenant huit pistes dont deux de plus de sept minutes.

Disons le tout de go, sa production laisse à désirer et c’est bien regrettable car l’écriture du groupe suédois est toute en subtilité. Contrairement à la version live, leur musique studio s’enrichit d’instruments à cordes, de cuivres et de voix féminines. En outre, le chant est nettement plus lisible que le yaourt à peine esquissé lors du concert à Karlsruhe. Un meilleur enregistrement aurait pu mettre tout cela nettement mieux en valeur.

Oh Hiroshima joue du post-rock à la forme assez classique comme dans le titre ‘Memorabilia’ qui clôture l’album. Attention, je dis classique, mais il s’agit d’un  post-rock avec une sacrée dynamique et sur lequel on ne s’endort jamais.

Mais il y a des titres qui sortent clairement du mood post-rock. ‘Deluge’ par exemple me fait beaucoup songer aux premières expérimentations de Radiohead quand ‘Swans In Field’ se rapproche pas mal de ce qu’écrivent les islandais de Solstafir, mais sans la voix écorchée. 

Et que dire de cette trompette qui hante le second morceau ‘Holiness Movement’ où une basse semble écrire à elle seule la fin de la pièce ?

Je n’ai pas vraiment plus à ajouter sur All Things Shining sorti du fait que je suis très heureux de m’être penché à nouveau dessus après le concert. Finalement je regrette de ne pas avoir acheté le vinyle comme Seb d’autant que sa pochette est vraiment magnifique.

Allez l’écouter, vous pouvez le découvrir sur Bandcamp et au passage jetez une oreille à Myriad sorti deux ans plus tôt.

Oddleaf – Where Ideal and Denial Collide

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C’est encore une fois Stéphane Gallay qui m’a vendu le groupe français Oddleaf. Lui a reçu leur premier album Where Ideal and Denial Collide en service presse. Moi je l’ai acheté.

Oddleaf est une jeune formation française née en 2020 qui joue du rock progressif inspiré de King Crimson, Jethro Tull, Genesis mais aussi de The Flower Kings ou Steven Wilson. Du prog de haut vol avec flûtes, claviers, guitares, basse, batterie, chant et chœurs joué par cinq musiciens, deux filles et trois garçons.

Where Ideal and Denial Collide comprend six morceaux de une à quatorze minutes dont trois qui dépassent les dix et un qui frise les huit.

Un concept album très instrumental qui parle de notre planète bleue et de ses habitants qui l’ont irrémédiablement empoisonnée et défigurée. Les textes parlent de la beauté de notre monde avant que l’homme n’en fasse un dépotoir, du réchauffement climatique, de la montée des océans, du COVID-19, du numérique qui nous submerge mais aussi de la nature qui résiste tant bien que mal.

Les compositions sont signées par Carina Taurer, la claviériste du groupe. Est-ce donc un hasard si l’album est d’une grande richesse en claviers de tous poils  comme dans le long et brillant instrumental ‘Coexistence – Part I’ ?

Pour la petite histoire, elle jouait auparavant avec le flûtiste du groupe, Mathieu Rossi, dans le trio de musique médiévale Vagarem.

Le timbre d’Adeline Gurtner me fait un peu songer à celui de la chanteuse de Magenta, Christina Booth quand sa ligne vocale me rappelle celui d’Elodie du groupe Auspex. Une voix qui a toutefois tendance à me fatiguer quand elle monte en force dans la gamme. Mais comme l’album possède une forte composante instrumentale, ça passe sans douleur.

Pour la musique, rien à dire, c’est du lourd. Le groupe assure et les compositions sont d’une grande richesse. Difficile de faire plus progressif d’autant qu’il y a de la flûte et des claviers vintages rugissants au menu. Les sections instrumentales sont tout simplement éblouissantes et le dernier titre ‘Coexistence – Part I’ est un feu d’artifice qui ravira les amateurs de rock progressif. C’est d’ailleurs mon préféré.

Donc si vous voulez écouter du rock progressif français de très bonne facture, foncez découvrir le groupe Oddleaf, il est sur Bandcamp et propose même une belle édition CD en digipack, comme ça vous avez le choix.

Oh Hiroshima

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Faute d’écouter Solstafir au Z7 il y a quinze jours, la semaine passée, je suis allé voir Oh Hiroshima à Jubez à Karlsruhe avec l’ami Seb.

J’ai tenté jusqu’à la dernière minute d’obtenir une accréditation photo mais voilà, mes heures de gloire sont bien loin derrière moi, et je me suis fait jeter par la salle, les organisateurs, et le groupe n’a pas daigné me répondre. Résultat pas de photo. Fut un temps, cela ne posait aucun problème de photographier un concert dans cette salle. Les temps changent.

Je connais le groupe de post-rock Oh Hiroshima depuis que l’ami Stéphane en a parlé sur son blog et j’ai leur album Myriad sorti en 2022 dans la discothèque. Je ne l’ai pas pour autant chroniqué. Du post-rock shoegaze chanté qui s’écoute assez bien sans révolutionner la face du prog. De quoi passer une soirée sympa avec un ami et quelques bières.

Lorsque nous arrivons à Karlsruhe, le marché de Noël bat son plein.  Nos voisins allemands, chaudement vêtus, tassés autour des cabanons colorés, sirotent le vin chaud en mangeant des trucs locaux et pas forcément digestes.

À Jubez, la petite salle de concert située en plein centre, il y a nettement moins de monde, une cinquantaine de personnes à tout casser. Un public principalement masculin clairsemé comme leur cheveux au sommet du crâne et pas très jeune.

 Le trio de post-métal allemand Codeia assurait la première partie. Ils jouent des pièces à rallonge, où ils alternent poutrage post-métal et plages planantes mandoline. Rien de fondamentalement très original pour le genre si ce n’est la durée des morceaux, pas loin d’une demi-heure tout de même. Dans des nuages de fumée orange et rouge ils n’ont joué du coup qu’un seul titre 100% instrumental avant de laisser place à la tête d’affiche. Le son trop fort n’était pas fabuleux et les infra basses faisaient vibrer toute la salle mais c’était supportable. Disons que lorsque le trio levait le pied, c’était jouissif.

Joakim Liebgott qui jouait avec Codeia poursuit avec Oh Hiroshima sur scène. Du coup ce que j’avais identifié comme un duo se transforme en quatuor avec Oskar à la batterie et un quatrième larron aux clavier et guitares. Jakob est à gauche au chant et à la guitare, complètement plongé dans son trip post-rock. Sa voix noyée dans les guitares et ressemble plus à des nappes de claviers qu’à du chant. Denis fait des chœurs plus épais tout en imposant son jeu de basse assez impressionnant. 

Cette fois les musiciens ne sont pas perdus dans la fumée. Les éclairages sont également plus sobres que pour Codeia. Le son est aussi plus limpide sorti du chant mais peut-être est-ce parce que j’ai changé de place, me rapprochant de la scène.

Le rendu de leur prestation me paraît assez éloigné de leurs enregistrements studio, surtout pour quelqu’un qui comme moi connaît assez peu leur musique. Je serai bien en peine de vous dire ce qu’ils ont joué.

Même si je n’ai pas retrouvé mes marques dans la set list, j’ai beaucoup aimé la prestation de Oh Hiroshima. Le post-rock n’est pas vraiment ma came mais en live cela fonctionne toujours bien et là les musiciens étaient à la hauteur du challenge.

J’ai voulu repartir avec un petit souvenir. Pas le vinyle de All Things Shining, leur dernier album en date, que je n’écouterai probablement pas à la maison, mais un teeshirt pour marquer le coup. Il y en avait trois différents mais aucun à ma taille. Je suis reparti avec le modèle que j’aimais le moins mais dans lequel j’avais une petite chance de rentrer. Seb lui, a pris le vinyle, une bière et un coca.

Comble de l’ironie il y a avait deux photographes ce soir là pour couvrir le concert dont un qui devait faire ça pour la première fois de sa vie. Dommage pour moi car il y avait de quoi faire de belles images.

Le concert qui avait débuté à 20h30 s’est terminé vers 23h. À minuit j’étais au dodo, à sept heures au boulot. Monde cruel.

Checking For Echo Project – The Scattering of Leaves

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Checking For Echo Project est le projet de rock progressif mené par le multi-instrumentiste et chanteur écossais Jon Farley. Gravement malade depuis quelques années, il a monté Checking For Echo Project en 2020 et depuis sort un album par an en compagnie de nombreux autres musiciens.

The Scattering of Leaves est son dernier né. Neuf titres pour quarante-quatre minutes de musique où vous pourrez entendre Suzi James, Andy Nixon, Martin Hagarty, Phil Stuckey, Charlie Bramald, Jon Wilkinson, Penny Henderson-Gray et bien entendu Jon.

Un rock progressif atmosphérique parfois gilmourien d’une grande simplicité aux claviers planants et à la rythmique discrète, aux grands soli de guitares et aux voix chargées de pathos.

Près de trois quart d’heure de musique dont les bénéfices financent deux fondations de lutte contre le cancer, autant dire qu’en achetant l’album vous faites en plus une bonne action.

The Scattering of Leaves dégouline de bons sentiments sur une musique proche de celle de Marillion période Easter, de Dave Kerzner ou de Cosmograf. Un truc qui à la base aurait dû me faire fuir et qui pourtant me fait fondre à chaque écoute.

Le coup de foudre est venu pour partie grâce à ces six fabuleux chanteurs mais aussi à cette écriture toute simple, limite naïve qui me change beaucoup de mes dernières découvertes musicales. La présence d’Andy Nixon de Freedom To Glide sur deux morceaux (‘The Scattering of Leaves’ et ‘Those We Leave Behind’) n’y est pas étrangère non plus même si je n’ai pas accroché à son premier album solo The Waterline sorti cette année.

L’album ne comprend que deux titres instrumentaux. Il y a tout d’abord son ouverture à la manière de ‘Serenity’ d’Arena, le court ‘The Darkest Hour is Just Before the Dawn’ et un peu plus loin ‘Ascension’ aux claviers, long quatre minutes et vingt-six secondes.

Sur toutes les autres pièces se succèdent des chanteurs plus ou moins connus mais tous plus talentueux les uns que les autres. Parmi elles, ma préférée est sans nulle doute la plus longue,’ The Ticking Clock’ où une première guitare marque le temps qui passe sur une jolie mélodie pendant qu’une seconde s’envole sur un solo déchirant avant que la voix de Phil Stuckey ne s’impose quelques secondes pour laisser place ensuite à un instrumental angoissant.

Il y a du Floyd dans ‘The Scattering Of Leaves’, du rétro prog dans ‘Venus’, du néo dans ‘The Ticking Clock’, du prog atmosphérique avec ‘Gratis’, une balade sur ‘Stormy Clouds or Brightly Lit’ ou du du planant avec ‘Those We Leave Behind’. Du coup il y en a pour tous les goûts sauf si vous recherchez les sensations fortes et les grands écarts.

L’album The Scattering of Leaves tourne en boucle à la maison au grand désespoir de mon épouse qui ne comprend pas la brutale régression musicale de son époux chroniqueur musical préféré. Mois non plus je ne me l’explique pas trop, peut-être suis-je devenu fleur bleue en vieillissant ? 

Mais voilà, j’adore cet album et je vous le recommande chaudement.

Wormsand – You, The King

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Ce n’est pas souvent que j’écoute du stoner, encore moins du stoner français. Pourtant je suis tombé, je ne sais plus comment, sur l’album You, The King du groupe Wormsand et j’ai craqué.

Un album de huit titres de deux à sept minutes chanté en anglais et joué par un trio de Menton. Il s’agit de leur troisième production après un EP en 2019 et un premier album en 2021.

Stoner est clairement trop réducteur pour décrire la musique du ver des sables. Sludge psyché stoner serait plus approprié en réalité.

Ne nous mentons pas, la pochette du disque réalisée par l’illustrateur Johrice m’a tout de suite tapé dans l’œil, je la trouve magnifique. Un roi vêtu de bleu au visage grisâtre partiellement masqué par sa couronne imposante. Une image totalement raccord avec le thème de ce concept album puisque l’on parle ici du déclin d’un roi.

C’est pourtant la musique qui m’a amené à cet album. Un stoner lent, appuyé, frisant souvent le psychédélique où scream et chant clair racontent la chute du souverain sur des guitares saturées et pesantes d’où surnagent quelques accords plus clairs.

De prime abord, la musique et le concept font de You, The King un album très homogène. Mon oreille n’étant pas vraiment familiarisée avec les subtilités du stoner, j’ai tout d’abord entendu le gros son des coups de boutoirs de la basse de Clément et de la guitare de Julien. Du coup ce sont les contrastes vocaux (et il y en a pas mal) qui ont commencé par rythmer l’histoire. Le chant clair de Clément me fait penser à Ghost quand le growl bien épais de Julien nous ramène à du post hardcore démoniaque.

Au gré des immersions successives dans l’album, les soli de guitares comme dans ‘Digging Deap’, les subtils breaks à la ‘Daydream’ et les intros inventives comme celle de ‘You, The King’ (second du nom), m’ont prouvé que Wormsand ne se contentait pas de jouer un stoner basique. En réalité leur musique est complexe, très écrite, bien loin des standards du stoner. Je trouve d’ailleurs You, The King nettement plus subtil et mieux produit que leur premier album Shapeless Mass sorti il y a trois ans.

Si je critique souvent les groupes français essayant de chanter en anglais, sincèrement je trouve que Wormsand s’en sort avec les honneurs. Disons qu’avec mon niveau dans la langue de Shakespeare je n’y vois que du feu.

Si vous aimez le stoner raffiné, je vous recommande chaudement la découverte You, The King, vous ne serez pas déçu du voyage.

Erreurs de casting

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Cette année, j’ai acheté plusieurs albums qui ne feront pas l’objet d’une chronique en images. Sur le moment j’ai pensé qu’il s’agissait de disques prometteurs mais hélas, après une ou deux écoutes, je n’ai plus eu envie de les entendre. Cela s’appelle une erreur de casting.

Par chance ces albums ne sont pas trop nombreux. Le plus souvent je fais une écoute complète de tous les morceaux avant de me décider à l’achat. Mais il m’arrive de m’emballer pour un single et d’être déçu par le reste. Il y a également des groupes que je suis depuis plusieurs années et qui finissent par sortir une galette qui ne me touche pas du tout. Marillion est presque arrivé à ce stade alors que j’ai été un fan de la première heure. Pas de chance. Pour ceux là je pré commandais souvent aveuglément leur travail, parfois même en vinyle sans rien avoir entendu. C’est mon côté fidèle en amour.

Voici donc la liste de mes derniers loupés :

Nine Stones Close – Diurnal

Pour ce groupe c’est clairement une pré commande de fidélité pour Adrian Jones, un artiste dont j’ai beaucoup aimé les débuts avec le chanteur Marc Atkinson. Je n’ai pas aimé forcément autant toutes ses productions mais je suis resté fidèle, parce que c’est ma nature. Hélas, cette fois, je n’ai même pas pu aller jusqu’au bout du premier compact disc alors que le digipack en comptait deux.

Lizzard – Mesh

J’ai craqué pour cette album sur un malentendu. Le premier morceau nerveux à souhait intitulé ‘Unify’ à la limite du djent m’avait  bien plus. Hélas il n’est pas franchement représentatif du reste de l’album. Du coup, après quelques tentatives pour écrire une chronique, j’ai jeté mon brouillon à la corbeille à papier et je suis passé à autre chose.

Alase – Beyond your Imagination 

Pourquoi ai-je acheté cet EP au juste ? Je ne sais plus. Un soir de déprime ? Non j’exagère. Il contient de bonnes choses mais pas suffisamment pour tenir les quatre minutes d’une vidéo.

This winter machine – The Clockwork Man

J’avais adoré le premier album de ce groupe du temps de Neoprog. C’était frais, sympa, néo progressif à souhait et bien fichu. Avec le recul je me suis rendu compte que ce genre de musique m’intéressait nettement moins aujourd’hui et comme leurs nouvelles productions n’apportaient fondamentalement rien de neuf, j’ai très vite oublié l’album.

Vola – Friend of a Phantom

Ouille ! Même Vola passe à la trappe ! Enfin pas certain. Pour l’instant, sorti du premier morceau qui me déboîte bien les cervicales, le reste ressemble beaucoup aux précédents albums du groupe de Copenhague. Du coup je ne suis pas motivé pour en faire une chronique.

Jo Beth Young – Broken Spells

Voici une artiste que je suis dans l’espoir qu’elle sorte un nouvel album du même tonneau que Strangers paru en 2019. Hélas, mille fois hélas, si de temps en temps je retrouve Kate Bush dans ses douces mélopées, le plus souvent ses dernières productions tournent en rond. Alors je me suis abstenu.

Au bout du compte cela ne fait que six albums achetés qui n’auront pas droit à une chronique cette année en plus des cinquante deux autres publiés. Ça n’est pas dramatique. Il y a aussi quelques albums chroniques par l’ami Stéphane Gallay que j’ai bien aimés mais sur lesquels je ne me voyais pas apporter plus que ce qu’il avait déjà raconté.

Reste maintenant à décider quel sera l’album de l’année. Un petit indice, je l’ai commandé en édition vinyle et cette année, je n’ai acheté que très peu de galettes, quatre au total si je me souviens bien.

Solstafir – Hin helga kvöl

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Solstafir et moi, c’est une vieille histoire d’amour. Leur musique ne cadre pas exactement avec ce que j’écoute d’ordinaire mais chacun de leurs albums a su, à sa manière, titiller ma fibre métal. Le groupe hurle son métal islandais depuis 1995 et je les suis depuis l’album Svartir Sandar en 2011.

Mais qu’est-ce que le métal islandais au juste ? Du métal venu d’une île proche de cercle polaire et infestée de volcans ? Pas tout à fait. C’est un rock guttural mélancolique aux tendance post-rock énervé où le chant écorché aux paroles rugueuses véhicule des émotions à fleur de peau.

Pas de doute ça gratte et sur scène c’est assez énorme. D’ailleurs ils seront au Z7 à Pratteln en Suisse le mercredi 4 décembre si vous êtes dans le coin.

Leur nouvel album Hin helga kvöl, comprenez l’agonie sacrée, propose neuf morceaux en un peu plus de trois quart d’heure parlant de la mort. Des titres de quatre à sept minutes pour une fois relativement hétérogènes.

Si vous le voulez bien commençons par les deux extrêmes, le second morceau ‘Hin helga kvöl’ au ton punk rock écorché sorti de son intro planante et ‘Kuml’ à l’atmosphère folk mystique hantée par un saxophone. Difficile de faire plus dissemblables.

Pour les habitués de Solstafir, ‘Hun Andar’ vous ramènera en terrain connu. Une batterie basique qui cogne, un chant écartelé et des guitares à deux accords aux tonalités très reconnaissables même s’il manque le banjo des première années.

Le parfait exemple de la mélancolie rugueuse de Solstafir se dévoile dans la pièce la plus longue de Hin helga kvöl, le délicieux ‘Salumessa’ qui dépasse les sept minutes. Un autre grand classique du groupe Islandais qui fonctionne à chaque fois grâce à son écriture traînante et ses tonalités mineures.

S’il ne devait y avoir qu’un tube sur cet album, ce serait certainement ‘Blackkarakki’ à l’écriture particulièrement rock & roll et au refrain entraînant, enfin, pour du metal.

Tout l’album est chanté en islandais et même si je ne comprends pas un traître mot de cette langue, je trouve que c’est un des ces grands atouts. Parce que sérieusement, qui lit encore les paroles des chansons ? L’islandais est une langue gutturale qui se marie à la perfection avec les atmosphères et la musique de Solstafir. Ce n’est pas la première fois qu’ils composent un album entièrement en islandais mais de temps en temps ils cèdent au démon des charts comme en 2020 avec le titre ‘Her Fall From Grace’.

Est-ce que Hin helga kvöl rejoindra le panthéon viking des meilleurs albums de Solstafir ?Probablement pas. Pour moi cela restera Berdreyminn et Otta pour plein de bonnes et mauvaises raisons. Mais écoutez-le, il vaut le détour.

Kalandra – A Frame Of Mind

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L’an passé, j’avais découvert avec vous le groupe norvégien Kalandra et son album The Line. Cette année, ils reviennent avec A Frame Of Mind, dix morceaux folks progressifs chantés par une femme enfant. Je dis femme enfant, mais sur ce nouvel album, c’est nettement moins flagrant que dans The Line sauf sur le second morceau ‘Untie The Knot’.

Cela fait quelque temps que j’hésite à vous parler de ce nouvel opus, car pour être honnête avec vous, j’en attendais sans doute plus.

A Frame Of Mind est dans la lignée de son prédécesseur et une fois passé l’effet de surprise de la découverte du groupe, il ne reste qu’une jolie voix et une musique folk planante pour entretenir la flamme. J’avais espoir que Kalandra durcisse le ton comme avec le single ‘Bardaginn’ sorti fin octobre 2023 et qui m’avait donné furieusement envie d’écouter la suite.

Hélas, le titre n’est qu’une belle exception dans A Frame Of Mind et le reste ressemble beaucoup à The Line sorti du final de ‘I Am’ et ‘Are You Ready’ montrent un peu leurs muscles. Ceci posé, A Frame Of Mind est très plaisant à écouter. Sinon, je ne vous en parlerai sans doute pas ici.

Outre le magnifique ‘Bardaginn’ il y a également l’étonnant morceau ‘Hytta’ qui accompagnerait à merveille des images d’un paysage dépouillé et paisible. Quelques notes de piano, un chant sans paroles, le bruit de la mer et de la guitare mandoline très douce offrent un interlude délicieux entre ‘I’ll Get There One Day’ et ‘Segla’.

J’apprécie beaucoup que la chanteuse s’exprime en norvégien sur plusieurs titres comme justement ‘Segla’. Parce que bon, l’hégémonie de la langue anglaise ça va un temps.

‘Bardaginn’, qui m’a décidé à acheter l’album, ressemble à une musique guerrière avec un chant qui m’évoque certains animés japonais comme ceux du grand Miyazaki. Il est à la fois folk et métal, puissant et cinématique. D’après moi, il s’agit de la plus belle pièce de l’album.

Mais j’ai également un petit faible pour ‘Are You Ready’. Le titre est propulsé par un thème instrumental assez puissant qui revient tel un refrain et qui contraste avec une voix relativement posée qui alterne chant médium et plus aiguë. Même s’il n’est pas aussi rentre dedans que ‘Bardaginn’, ‘Are You Ready’ dynamise bien l’album.

A Frame Of Mind propose un contenu relativement varié malgré sa douceur. Si la musique acoustique saupoudrée de claviers domine l’album, le groupe emprunte également des éléments orientaux avec ‘I’ll Get There One Day’, celtiques dans ‘The State Of The World’ ou du quasi metal avec ‘Bardaginn’.

A Frame Of Mind ne m’a probablement pas impressionné autant que The Line, sans doute parce que l’effet de la nouveauté s’est émoussé entre temps. Il n’empêche qu’il s’agit d’un très bel album varié avec lequel vous passerez certainement un bon moment.

Neal Morse & The Resonance – No Hill For A Climber

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Avez-vous lu le livre ‘On m’appelle Demon Copperhead’ de Barbara Kingsolver ? Non ? Moi non plus. Mais Neal Morse en a fait un album intitulé No Hill For A Climber alors voilà. Pas certain qu’il ai lu le livre lui aussi. Parce qu’il avait déjà fait le coup avec le bouquin Pilgrim’s Progress dont il n’avait parcouru qu’un résumé avant de composer un double album. Peut-être qu’il n’aime pas lire ? Peu importe.

Le roman parle d’un gamin digne des personnages de Dickens qui va être confronté aux pires épreuves de la vie dans une Amérique contemporaine peu reluisante. Voilà pour l’histoire.

Le disque comprend cinq morceaux dont deux de plus de vingt minutes. Du Neal Morse quoi. Oui mais sans ses copains habituels. Pas de Neal Morse Band, mais le Neal Morse & The Resonance. Même son pote Mike Portnoy n’est pas derrière les fûts, c’est dire. A la place plein de gens inconnus (enfin pour moi) .

Mais rassurez-vous, cela ressemble bien à du Neal Morse, pas de doute.Il a même trouvé une voix au timbre et à la tessiture relativement similaires à ceux d’Eric Gillette pour le seconder. Par contre je ne sais pas s’il s’agit de Johnny Bisaha ou bien Chris Riley.

Ma première impression face à ce mastodonte de plus d’une heure, est qu’arrivé à la fin du quatrième morceau, ‘Ever Interceding’, j’ai besoin d’une pause avant d’attaquer la presque demie heure de ‘No Hill For A Climber’. Pourtant j’en ai écouté des longs albums cette année.

Mais Neal Morse avec ses claviers quasi symphoniques, son côté pompier et son emphase naturelle a tendance, même si je l’aime pour cette raison, à en faire toujours un peu trop. Il faut dire que vous allez entendre des cloches, du trombone, de la trompette, du violon, de l’alto, du violoncelle, du buggle, du tuba plus tous les instruments habituels d’une formation de rock progressif symphonique. Ça fait pas mal de monde tout ça, dix musiciens en fait.

Après il y a tout de même trois ‘petites’ pièces de cinq à six minutes pour alléger le programme. Des titres où Neal Morse sort un peu du prog grandiloquent pour s’essayer à d’autres choses comme dans ‘Thief’ que je trouve tout particulièrement savoureux d’autant qu’il navigue entre deux mondes. J’aime également beaucoup ‘Ever Interceding’ même si je lui trouve un petit air déjà entendu.

Quant aux deux monstres qui encadrent ces trois morceaux plus raisonnables, c’est du grand Neal Morse, prévisible et si bon lorsque l’on aime le genre.

Bref No Hill For A Climber est un classique de bonne facture mais sans grande surprise sorti des nouveaux musiciens. Les fans du fondateur de Spock’s Beard apprécieront, les autres, ben ça dépendra.

IOTUNN – Kinship

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Je suis toujours content lorsque je tombe sur un groupe dont mon ami et mentor Stéphane Gallay n’a pas parlé. Cela s’appelle le début de l’émancipation. Bon il y a encore du boulot d’autant que j’ai piqué l’idée de ce nouvel album à Alice de Bandcamp. Donc je n’ai pas beaucoup de mérite.

IOTUNN est un groupe de metal venu de Copenhague que je classerai volontiers dans le rétro metal progressif même s’il y a du growl ici où là. Ils existent depuis 2015 et sortent seulement leur second album cette année.

Kinship propose huit morceaux pour plus d’une heure de musique dont deux pistes de plus de dix minutes.

Une fois n’est pas coutume, ce sont les guitares de Jesper et Jens Nicolai qui m’ont séduite. Un jeu assez old fashion à la frontière du heavy metal qui a remué une vague de nostalgie chez moi. Bon j’avoue, le chant calme de Jon au début de premier titre n’a pas été étranger au fait que j’écoute le disque et le voilà maintenant sur la table de dissection de Chroniques en Images.

Kinship n’a rien de franchement révolutionnaire soyons clairs mais les compositions surfent sur plusieurs mouvances et proposent un contenu agréable et varié. Pour pimenter le tout, il se pourrait bien que nous ayons affaire à un concept album. Mais sans les paroles et plus d’information je me risque un peu à l’affirmer.

La musique est relativement grandiloquente avec un chant qui en rajoute une couche et des guitares qui en font des tonnes. Toutefois IOTUNN se pose de temps en temps pour nous laisser respirer, le temps d’une ouverture comme avec ‘Kinship Elegiac’, d’un couplet dans ‘I Feel The Night’ ou bien pendant plus de cinq minutes sur le titre acoustique ‘Iridescent Way’. En plus de ce titre folk médiéval sorti de nulle part  il y a également une autre bizarrerie avec ‘Earth In Sky’ qui joue avec des claviers électro fête foraine d’un autre âge.

Après plusieurs écoutes, j’ai enfin mis le doigt sur ce qui me plaisait dans Kinship. L’album me fait beaucoup songer à The Visitor du groupe Arena même si avec le recul, je me rends bien compte que cette comparaison est un peu abusive.

Kinship est un album où le growl prend quand même pas mal de place tout de même. Si vous aimez le power death metal progressif un peu vintage, je vous encourage vivement à écouter cet excellent album.

C’est une belle découverte.