Je sais, je sais, j’avais écrit que je ne chroniquerai pas le dernier album de Mostly Autumn. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.
J’ai été les écouter en concert Chez Paulette, et ça été une belle soirée. Alors, un soir, je me suis replongé dans cet album qui m’avait laissé relativement indifférent, et j’ai aimé ce que j’ai écouté. Alors aujourd’hui, j’ai finalement décidé de vous présenter Seawater.
L’album dure plus d’une heure et quart avec dix morceaux dont le dernier, ‘Seawater’, qui approche les vingt minutes.
Mostly Autumn oscille entre prog symphonique et musique folk ce qui suffit à justifier la présence de Troy Donockley (Nightwish) sur les deux premiers titres de l’album, ‘Let’s Take a Walk’ et ‘Why Do Remember All the Rain’.
L’album s’ouvre et se conclut par des chants d’oiseaux, et entre les deux, parle de nostalgie (‘My Home’) et colère (‘Seawater’).
Je ne suis pas forcément fan du timbre d’Olivia lorsqu’elle pousse ses cordes vocales dans ses retranchements comme dans ‘If Only for a Day’, cependant il faut reconnaître qu’en live elle fait vraiment bien le job. Je me demande même si je ne la préfère pas en concert, sans tous les artifices de l’enregistrement studio.
Les guitares de Bryan et de Chris sont la clé de voûte de Mostly Autumn et les claviers de Iain les piliers du groupe. La batterie est sans doute leur point faible. On ne peut pas dire qu’elle brille par son côté progressif. Elle sonne clairement plus comme les musiques de fêtes foraines, écoutez ‘When We Ran’ pour vous en convaincre. Disons que je n’aime pas.
Comme dit plus haut, Seawater navigue entre ballades folk comme ‘Let’s Take a Walk’ et prog symphonique à la manière de ‘Seawater’ sur le duo vocal que forment Olivia et Bryan.
Si l’album dure plus de soixante quinze minutes tout de même, je ne lui ai pas trouvé de longueurs et il m’est arrivé de l’écouter trois fois d’affilée dans la même après-midi. Le dernier morceau ‘Seawater’, du haut des ses vingt minutes, est bien entendu le point d’orgue de l’album. Déjà sa durée en fait une pièce d’exception, ensuite, il s’agit d’un titre avec de grandes sections instrumentales et soli de guitares à tomber par terre. Enfin il y a le texte qui nous parle d’une vague géante qui engloutit toutes les misérables créations humaines sur cette Terre pour la purifier de notre espèce qui n’a pas su saisir sa chance lorsqu’il était encore temps.
Malgré quelques défauts, qui ne gênent peut-être que moi (le chant et la batterie), Seawater est un album dont je suis finalement tombé amoureux à force de l’écouter, à tel point que je regrette de ne pas l’avoir acheté en édition physique lors du concert de Mostly Autumn Chez Paulette. Parfois, pour rentrer dans certains albums, un certain temps est nécessaire.
Ceci est une chronique de copinage, soyez prévenus. Yann, un nouveau membre de l’association d’astronomie que je fréquente, a dit un jour qu’il jouait dans un groupe.
Vu sa stature et son look, j’ai demandé : métal ? Il a répondu : Yes !
C’est ainsi que j’ai découvert Morteville et leur premier album Mourir est Vivre sorti en 2024. Morteville est un groupe de black death metal progressif de Nancy né pendant le confinement. Je précise tout de suite, pour les âmes sensibles, si vous n’aimez pas le scream, passez votre chemin, parce que ici, ça gueule, mais en français s’il vous plait.
Je ne vous cache pas que Yann, je le déteste. Non content d’être l’astronome amateur qui a découvert la bande d’oxygène flottant au-dessus de la galaxie d’Andromède, un jour en 2022 où il ne savait pas quoi photographier, il joue en plus dans un groupe de métal.
Depuis sa découverte, lui et son équipe travaillent en collaboration avec des chercheurs. Ils ont photographié de nombreux autres objets inconnus dans des zones du ciel pourtant abondamment étudiées par les astronomes.
En fait, Yann, je le déteste, mais je l’aime bien quand même. Il met un cœur charitable sur mes astro-photos minables lorsque je les poste sur WhatsApp. En plus il est très sympa.
Mais revenons à Mourir est Vivre. Il s’agit d’un album huit titres de moins d’une demi-heure sur lequel le chanteur bousille ses cordes vocales sur presque tous les morceaux sorti de l’instrumental ‘Ciel’. Chochottes s’abstenir.
La musique de Morteville, s’apparente au métal, mais également au post-rock. Une musique dominée par les guitares parfois mandolines et une batterie qui cogne sans répit. En tendant l’oreille, vous entendrez aussi des claviers dans ‘Ciel’ mais certainement pas un orgue Hammond joué par John Lord.
Les paroles sont des poèmes noirs où ne pointent jamais l’ombre de l’espoir. Donc si vous êtes déprimé ou bien en colère, prenez des médocs avant de lire les textes.
C’est quand même très énervé. Le phrasé et le scream du chanteur me rappellent beaucoup un autre groupe français, The Dali Thundering Concept que j’avais chroniqué pour l’album All Mighty, Men – Drifting Through a Prosthetic Era.
Les trente premières secondes de ‘Cérémonie’ comme la longue intro de ‘Epitaphe’ laissent planer un doute sur la violence de l’album, mais dès que le chant arrive, on comprend que l’on va prendre cher.
Les guitares, qui sonnent de manière post-rock, adoucissent la violence du propos, mais la batterie, qui ne ménage pas les fûts, nous ramène aux fondamentaux du métal sans user pour autant de double pédale. Je préfère ces morceaux qui laissent plus de place à la musique que le très frontal ‘Murmuration’.
Bizarrement j’aime beaucoup ‘Gloire’ qui pourtant ne fait pas dans la dentelle, mais se pose quelques secondes avant de repartir de plus belles. Et le “Gloire, la gloire” scandé dans les premières secondes est du plus bel effet pour ouvrir le morceau.
Je n’écouterai pas Mourir est vivre en me rasant le matin de peur de me couper, mais la musique de Morteville conviendra à certaines de mes humeurs belliqueuses. Donc si vous aimez le métal et le scream, aller écouter l’album sur Bandcamp, il est à prix libre.
Oui, je suis passé à côté de la sortie du dernier album du groupe IQ. Ça arrive, même au meilleur. Et c’est par hasard que je suis tombé sur Dominion en surfant sur Bandcamp.
IQ est un des fers de lance de la mouvance néo-progressive. Le groupe est né en 1981 sous l’impulsion de Mike Holmes et de Martin Orford alors que le prog était déjà moribond. Ils ont composé quelques un des chefs-d’œuvre du genre comme Subterranea ou Road of Bones, des albums qui resteront assurément des références dans le petit monde du rock progressif.
En live, le groupe connaît des hauts et des bas, souvent à cause de la voix capricieuse de leur chanteur, Peter Nicholls. Mon unique expérience avec eux a été tout simplement désastreuse, Nicholls était grippé. Mais ce ne fut quand même une meilleure prestation que celle de Weather Systems.
Mais revenons à Dominion.
L’album d’un peu moins d’une heure comporte seulement cinq morceaux dont deux pièces de choix, ‘The Unknown Door’ qui dure vingt-deux minutes et ‘Far From Home’ qui avoisine les treize minutes.
La première impression que m’a laissé l’album, c’est l’apparente tranquillité des compositions. Il y a bien quelques parties plus denses et énervées, mais globalement, je trouve l’album assez apaisé. On est loin de l’univers torturé de Road Of Bones.
Pourtant l’album parle de la mort, oui encore. ‘The Unknown Door’ s’ouvre sur l’annonce radiophonique du début de la seconde guerre mondiale, un thème récurrent chez Nicholls que l’on retrouve dans The Seven House ou encore Frequency.
Après, pas de doute, c’est bien du IQ, limite sans grosse surprise.
Le problème, c’est qu’avec ce groupe, une certaine monotonie s’installe au fil des morceaux. Et Dominion n’échappe pas à la règle. Ce ne sont pas les quelques claviers symphoniques de ‘No Dominion’, les cuivres de ‘The Unknown Door’, le trop court solo de basse de ‘Neverland’ ou bien la boîte à musique de ‘Far From Home’ qui vont y changer quelque chose. La voix si particulière de Nicholls imprime sa marque sur chacun de leurs albums.
Il y a pourtant il y a ‘One of Us’, la petite respiration acoustique de Dominion, qui contraste avec la grandiloquence des claviers de ‘The Unknown Door’, un titre qui, lui-même, prend le temps de respirer à partir de la quatorzième minute.
Si vous n’y prenez pas garde, vous vous perdez rapidement pendant l’écoute de Dominion. Personnellement, je m’égare dès la seconde moitié de ‘No Dominion’, lorsque la musique reprend du poil de la bête.
Et c’est bien dommage, car si le dernier IQ n’est pas leur chef-d’œuvre, il s’agit tout de même d’un très bel album. Alors, écoutez-le au casque pour ne pas en perdre une miette, concentré avec le livret sous les yeux puisque même en digital, vous le recevrez avec un PDF de seize pages contenant les paroles et l’artwork.
Non, ce n’est pas une faute de frappe, j’ai bien intitulé ce live report anathème Chez Paulette. Un anathème, pour ceux qui l’ignoreraient, est une malédiction religieuse, une vive réprobation, une excommunication.
Le vendredi 23 mai, Weather Systems jouait Chez Paulette à Pagney Derrière Barine. Une grosse prise de risque financière pour le trio ArpegiA qui espérait remplir salle pour ne pas vider les caisses de l’association.
Weather Systems est le projet de Daniel Cavanagh que l’on connait plus pour sa participation avec ses deux frères au groupe Anathema. Weather Systems est d’ailleurs le titre d’un des plus beaux albums d’Anathema, le Operation Mindcrime de Queensryche.
Si leur premier album Ocean Without A Shore ne m’avait pas totalement convaincu, j’avais très envie d’écouter Daniel jouer du Anathema, le groupe qu’il a contribué à détruire avant de s’enfermer dans le silence pendant près de cinq ans, incapable de remonter sur scène.
Daniel a forci, s’est laissé pousser les cheveux longs en dreadlocks et a adopté un look hippie pendant ce long hiatus. Un autre homme et pas forcément en bien.
Toujours est-il que notre Danny ne se portait pas bien ce vendredi 23 mai et ‘il menaçait d’annuler purement et simplement le concert Chez Paulette. Autant dire la catastrophe, surtout pour ArpegiA et pour ceux qui avaient fait beaucoup de route pour venir écouter Weather Systems.
Je passerai sous silence ici l’après-midi infernal qu’a connu le trio du fait des caprices de la diva, j’ai cru comprendre qu’il a fallu déployer force de diplomatie pour que le concert ne soit pas annulé. Ils se sont même fendu d’un communiqué sur scène avant que Daniel Cavanagh ne joue. Bref…
C’était à Haunt the Woods que revenait la difficile tâche d’ouvrir cette soirée sous haute tension. J’avais déjà entendu parler du groupe sans y prêter plus d’attention. Il s’agit d’un jeune quatuor de rock alternatif britannique aux cheveux longs qui a deux albums à son actif. Ce n’est pas forcément ce que j’écoute à la maison mais force est de constater qu’en live, les gars savent y faire et que ce fut une très belle première partie. Il y avait deux guitares, une basse, une batterie et un chant passant sans prévenir de douceur à hurlement. Leur musique était dynamique, parfois émouvante mais un peu répétitive malgré tout. A la fin de leur set, le groupe est descendu dans la foule chanter à capela pour terminer en beauté, à la manière des islandais d’Arstidir. Ce fut certainement est des moments les plus forts de cette étrange soirée Chez Paulette.
Après le communiqué où ArpegiA et Chez Paulette nous informait de l’état de santé de Daniel Cavanagh et le remerciait d’assurer quand même le show, Weather Systems se mettait en place. Danny est passé dans le public pour rejoindre la scène et presque personne ne l’a reconnu. Ben oui, c’est le gars d’Anathema, vous ne le reconnaissez pas ? Franchement, je ne vois pas pourquoi…
Il n’a effectivement pas l’air d’être au mieux de sa forme, mais lorsque je l’ai vu, avant le concert, au stand de merch, signant des autographes, il semblait bien portant bizarement. Ne serait-il pas totalement remis de ses cinq années de silence ? Serait-il malade à l’idée de monter sur scène ?
Le concert débute assez misérablement il faut l’avouer. Daniel est tout pâle, chante assez mal, ne cesse pas de réajuster sa guitare, ses manches et son micro, bref, il n’est clairement pas dans son assiette. Il commence à s’énerver contre un spectateur qui le filme de trop près avec son smartphone, lui signifiant d’arrêter ça avant de s’en prendre plus violemment à un autre et de se lancer ensuite dans un réquisitoire contre les réseaux sociaux ponctués de ‘fuck’.
Il y a soudain eu comme un malaise dans la salle, certains spectateurs ont fui le premier rang et les autres musiciens sont restés dans leurs petits souliers. C’est à ce moment que j’ai remballé le matériel photo. Il ne voulait pas d’images, il n’en aurait pas.
Après un nouveau titre assez chaotique, Daniel finira par s’excuser. Il demande pardon plusieurs fois, la journée a été difficile, il est malade et énervé, il a failli annuler le concert, bla-bla-bla. Désolé mec, tu n’es pas une diva, juste un artiste qui doit assurer un show. Mais c’est Daniel Cavanagh, et ce n’est pas la première fois qu’il pourrit un concert.
Après s’être presque fait pardonné, on ne voit plus de smartphone ni d’appareil photo dans le public et le concert reprend tant bien que mal. Mais quelque chose est brisé. Les musiciens font de leur mieux mais Danny ne chante pas très juste et quand son vocodeur est éteint, c’est pathétique. En plus sa voix s’accorde assez mal avec celle de Soraria, sa choriste qui se démène pour sauver les meubles avec toute l’énergie du désespoir.
Malgré tout la magie opère parfois, grâce au talent de l’autre Daniel à la batterie, d’André à la basse et des nombreux titres d’Anathema repris par le groupe. Le public est surtout venu pour écouter Anathema et pas les digressions métaphysiques d’un chanteur hippie sur le retour.
Bon d’accord, je suis méchant, mais je viens de me taper deux heures de route pour ça et il m’en faudra encore deux pour rentrer. Heureusement qu’il y avait les copains de Chez Paulette pour passer une bonne soirée et Haunt the Woods pour nous offrir un beau spectacle.
Je me suis couché à 3h du matin, j’ai mal dormi, j’ai mal au dos, j’ai mal de crâne, je pense que je vais annuler ce live report, qu’en pensez-vous ?
Merci tout de même à Chez Paulette et ArpegiA pour ces concerts. Le prochain rendez-vous est programmé le 25 octobre pour retrouver nos amis québécois de Mystery.
Dites donc, vous aviez remarqué que cela faisait un bail que je n’avais pas écouté de rétro prog, une éternité en fait. Bizarrement, c’est une musique qui me parle nettement moins aujourd’hui, même si de temps en temps, je me replonge dans la discographie de Genesis.
En surfant sur Bandcamp, à la recherche d’une pépite métal progressive que je n’ai jamais trouvé, j’ai affiné mes choix pour m’orienter vers des productions plus seventies. La majorité des albums proposés figuraient déjà dans ma discothèque jusqu’à ce que je tombe sur Camel du quintet de Vancouver Brass Camel.
Leur premier album sorti il y a trois ans s’intitule Brass, du coup, je me demande comment ils appelleront le troisième, Camel Brass ?
En voyant la pochette, le nom de l’album et du groupe, je me suis dit, encore un cover band de plus. Malgré tout, j’y ai jeté une oreille et ce que j’ai entendu m’a tout de suite plu.
Inévitablement, je retrouve des tonnes d’influences très appuyées sur l’album Camel, de Genesis en passant par Pink Floyd, Queen, IQ et bien entendu Camel. Après, ça ne me dérange pas, parce que je n’écoute plus beaucoup de rétro progressif ces dernières années, du coup, c’est avec plaisir que je retrouve ces sonorités vintages.
La liste des instruments utilisés pour enregistrer l’album est tout simplement impressionnante. Rendez-vous compte, trente-trois pour seulement cinq musiciens ! Il y a pléthore de synthés, Moog, Korg, Roland, Hammond et autres ainsi que plein de guitares Fender, bref du beau matos.
Brass Camel excelle sur les longs formats et naturellement mes deux morceaux préférés durent respectivement onze et douze minutes. Ils ouvrent et ferment l’album et entre eux sont coincés quatre petits morceaux de trois à cinq minutes, pour moins de trois quart d’heure de musique.
Si les guitares de Daniel de Dylan sont vraiment très cool, les claviers de Aubrey brillants, la basse de Curtis toujours très présente, c’est la batterie tenue par Wyatt qui est particulièrement éblouissante. J’avais oublié à quel point un bon batteur pouvait faire la différence dans un groupe de prog.
Si vous ne retrouvez le Genesis des seventies dans ‘Zealot’, Queen dans ‘Pick of the Litter’ ou Pink Floyd sur ‘On the other Side’ je veux bien manger mon chapeau. Et dans ‘Another Day’ vous entendrez toutes ces influences et bien d’autres mises bout à bout avec une étonnante cohérence très loin de certains patchworks progressif.
Bref Camel est un excellent album de rétro progressif qui devrait ravir les amateurs du genre.
Peut-être est-ce l’effet de la nouveauté ou bien le fait que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté ce genre de musique, toujours est-il qu’il rentre dans mon top 2025.
Je suis très en retard dans mes chroniques et j’ai en plus du mal à trouver mon bonheur ces dernières semaines, la faute à un emploi du temps bien chargé. Heureusement Alice est là avec ses suggestions judicieuses pour me sauver la mise.
Cette fois, l’héroïne de Lewis Carroll m’a donné envie d’écouter un trio venu d’Athènes portant le nom singulier de Church of the Sea. Eva, leur dernier album en date, ne dure que trente et une minutes pour sept morceaux. Donc ici pas de grand format au programme. Le groupe propose un doom au chant féminin envoûtant.
En découvrant le titre ‘How To Build Universe, Pt I’, la voix d’Irène m’a tout de suite fait songer au chant des elfes dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et ça a été certainement l’élément déclencheur de cette chronique coup de cœur.
Autour de cette voix il y a les synthétiseurs et samples d’Alex ainsi que les guitares de Vangelis, non pas celui-ci, il est mort il y a trois ans si vous ne le saviez pas. Une musique minimaliste et pour partie programmée qui n’a pas à rougir de sa production. Et malgré le peu d’instruments, Eva tient parfaitement la route. Même la section rythmique donne le change.
Le doom est une musique le plus souvent sombre, pensante et lente, un métal prog dépressif qui s’accorde à la perfection avec le chant féminin. Celui Irène est magnifique, une voix médium à la tessiture assez large pour grimper parfois dans les aiguës et redescendre au niveau des basses. Elle chante des paroles en grec malgré les titres en anglais, ajoutant une touche d’étrangeté à cette musique souvent éthérée et incantatoire qui flirte avec le shoegaze comme dans ‘Churchyard’.
Je verrais aisément des instruments médiévaux et des percussions remplacer la guitare mandoline et les synthés sur la plupart des morceaux de l’album. Eva possède quelque part un côté folk médiéval comme la musique de Malicorne, même si ces deux groupes ne viennent clairement pas du même monde.
Eva me semble presque une synthèse des albums Spin de Messa et Abur de Pothamus que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Serais-je en train de tourner en rond ?
Le court album fait référence à la Bible, plus précisément à la Genèse. Il présente Eve comme une femme rebelle qui refuse les interdits plutôt que comme une pécheresse. Je laisse les théologiens trancher le débat.
Si vous aimez les atmosphères à la fois sombres et éthérées avec de belles voix, ne vous privez pas, allez écouter Eva ne serait-ce qu’une fois sur Bandcamp, vous pourriez y revenir.
N’oubliez pas, on se retrouve vendredi Chez Paulette à Pagney Derrière Barine pour écouter Weather Systems, le nouveau projet de Daniel Cavanagh.
Aujourd’hui je sors de ma zone de confort, je vous avais prévenus. En farfouillant dans Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur l’album Stone de Baroness et aussi surprenant que cela puisse paraître j’ai immédiatement accroché.
Surprenant parce que Baroness joue plus du sludge stoner que du métal progressif et que leur chanteur John Dyer Baizley n’a vraiment pas le genre de voix que je kiffe, bien au contraire.
Bon j’avoue que c’est la pochette très colorée qui m’a d’abord interpellée ainsi que le nom du groupe qui ne m’était pas totalement inconnu. La pochette met en scène trois femmes plantureuses dont chacun des visages est prisonnier de cordes, de barbelés ou de chaînes. Est-ce une représentation allégorique des trois grâces, des éléments ou de tout autre chose ?Sans le paroles, je ne sais qu’en penser.
Stone est leur premier album qui ne fait pas référence à une couleur. Il est sorti en 2023 et comporte dix titres de une à sept minutes. Dedans vous entendrez du bon vieux hard-rock, de la musique acoustique, une chanteuse, du stoner ainsi qu’un morceau complètement expérimental relativement inclassable.
Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment le chant, sans doute parce qu’il est plus gueulé qu’autre chose ce qui n’empêche pas John Dyer de savoir poser sa voix lorsqu’il en a envie comme dans ‘Bloom’. Cela ne m’a pas découragé pour autant, car cela donne une énergie rugueuse à la musique, limite grunge, qui n’est pas déplaisante loin de là.
L’album s’ouvre et se conclut par un titre acoustique, le court ‘Embers’ et ‘Bloom’ qui est quatre fois plus long. Entre ces deux là, sorti de la première minute de ‘Shine’ qui est relativement paisible et du bref ‘The Dirge’, Stone est rythmé, nerveux, tempétueux, avec une basse, une batterie et une guitare qui semblent se livrer un combat perpétuel.
N’empêche que Stone est aussi un album de rock progressif. Si vous faites abstraction du chant hurlé, de la batterie à donf, vous allez reconnaître les structures alambiquées des seventies comme le solo de guitare vintage pas vraiment très propre du second morceau, ‘Last Word’. Certes, l’album est plus proche du hard-rock comme dans ‘Anodyne’ et du stoner que d’un Selling England By The Pound, je vous l’accorde, n’empêche.
Stone est arrivé à point pour me changer les idées. Maintenant que j’ai découvert l’album, j’ai bien envie d’explorer la discographie du groupe pour voir où elle me mène.
En attendant, n’hésitez pas à découvrir l’album, il est sur Bandcamp.
Le groupe italien Messa est de retour avec l’album The Spin.
Close m’avait suffisamment troublé il y a trois ans pour que je nourrisse beaucoup d’attente avec ce nouveau disque. Sept morceaux, quarante-deux minutes au compteur, The Spin semble tout petit comparé à son prédécesseur. Et musicalement nettement plus hétérogène, à tel point que j’ai été déstabilisé lors de la première écoute.
La pochette en trompe l’œil est comme un test de rorschach.
Qu’est-ce que vous y voyez ? Un pneu ou bien un bracelet viking ? La photographie réunit une représentation de Ouroboros et un pneu Michelin City Grip 2 découpé qui sert d’écrin au bracelet du serpent nordique.
Le message caché dans l’artwork m’a tout d’abord échappé comme les paroles toujours un peu étranges de ce groupe italien. Il est beaucoup question de vitesse ici, de course, de voyage, de machine d’acier, de fuite en avant d’hôtel en hôtel sur une moto. Après, avec un niveau M en anglais comme mauvais et quatre sur vingt en philosophie au bac, il ne me faut pas m‘en demander trop.
Mais si vous regardez les clips où Sara, notre chanteuse, fait fondre le bitume avec sa moto, allant d’un hôtel à l’autre, vous y verrez peut-être une fuite en avant, un éternel recommencement , un jour sans fin, de salles de concerts et salle de concerts.
Pour la musique, de nombreuses ambiances se croisent sur cet album comme dans l’étonnant ‘The Dress’ à la fois blues, western, stoner et floydien où une trompette fait une délicieuse apparition, façon polar noir américain.
Même chose pour ‘Reveal’, mais cette fois sans la trompette, un titre dans lequel un thème pompier à la ‘The Castle Hall’ de Ayreon s’invite dès la deuxième minute. Il y a de quoi déstabiliser plus d’un habitué des italiens. D’autant que l’album s’ouvre sur treize longues notes désaccordées pleines d’écho.
Ici, les sons de guitares sonnent furieusement vintages, mais rassurez vous, la voix de la chanteuse brune aux longs cheveux bouclés que ma femme déteste bizarrement, et par pour son chant, est toujours aussi sublime.
Mes deux morceaux préférés sont comme par hasard les plus longs, ‘The Dress’ et ‘Thicker Blood’, mais l’album est sublime du premier jusqu’au dernier morceau.
The Spin confirme le coup de cœur que j’ai eu pour Messa avec Close et le renforce encore. Même si ce groupe n’est pas forcément dans votre zone de confort, jetez-y une oreille, vous tomberez probablement amoureux. Il va figurer dans ma petite sélection 2025.
Dans ma liste de courses, j’avais noté le groupe de post-metal belge Pothamus et son nouvel album Abur. Alice l’avait encensé et Alias en pensait du bien sans parler des extraits qui m’avaient séduits.
Donc après m’être endormi sur Steven Wilson, je me suis dit, pourquoi ne pas tenter un post-metal mystiquo shamanique.
Abur compte six morceaux très homogènes de trois à quinze minutes pour un peu plus de trois quart d’heure de transe. En fait, en guise de post-métal, Abur propose un shoegaze doom psychédélique. Une musique relativement lente, complètement fumée, ponctuée de scream et de transes au chant clair sur une batterie plus proche des percussions que de la double pédale.
Au début, je me suis demandé si j’accrocherais pendant les quarante sept minutes que durent l’album ou si le titre d’un quart d’heure n’aurait pas raison de ma patience. Après trois écoutes consécutives, je ne me posais plus la question.
Bonheur suprême, le groupe passait en Allemagne, non loin de Strasbourg au mois d’avril. Du coup j’ai eu l’occasion de les écouter le live et d’acheter l’édition vinyle et tant qu’à faire, un tee shirt. Un très beau vinyle accompagné d’un poster au format A2 sur lequel sont imprimées les paroles de l’album.
Abur est un album atypique que je ne recommanderais pas forcément à tout le monde. Ma femme classe la musique de Pothamus dans les trucs horribles que j’écoute tout le temps. Mon chat lui, reste sur mes genoux, même pas inquiet. Alors qui croire ? Bon, le chat avait peut-être faim.
‘Ravus’, qui dure près de six minutes, superpose des claviers cinématiques sur des tam-tam indiens, des cris, des chants évanescents et de la batterie métal. Ce mélange improbable, assez répétitif, même s’il est en constante évolution, vous entraîne dans un trip sous acides sans vous prévenir.
Le court ‘De-Varium’ s’ouvre sur les sons d’un instrument indien appelé shruti box et des chants incantatoires avec pour simple rythmique les notes d’une guitare.
Un bref interlude qui laisse place à ‘Svartuum Abur’, un morceau de huit minutes, mystiquo métal des plus inquiétant.
Quant au titre album qui conclut le vinyle, il durcit clairement le ton après une première partie relativement planante. Disons qu’il y a un passage hurlé torturé qui fait froid dans le dos.
Les paroles des morceaux sont à l’image de la musique, complètement fumées, un concept album. Un mélange de quête de la connaissance, de philosophie, d’ésotérisme, de champignons hallucinogènes et de paillasson fumé. Pas vraiment ma tasse de thé à priori, sauf peut-être en musique.
N’hésitez pas à aller découvrir cet album sur Bandcamp, il fait partie de mes rares coups de cœur 2025.
Vous savez, moi et Steven Wilson ça a toujours été compliqué.
Comme beaucoup d’entre vous, je l’ai découvert avec Porcupine Tree. J’ai été un inconditionnel du groupe britannique pendant des années, jusqu’à un certain incident qui reste pour moi le sommet de leur carrière.
J’ai naturellement suivi Wilson en solo et là, on va dire qu’il y a eu des hauts et des bas. Des hauts avec The Raven That Refused to Sing et to the bone. Des bas avec The Future Bites et hand, cannot, erase.
En plus, sa manie de préserver son image en pourrissant le travail des photographes de concert accrédités n’a pas amélioré nos liens, enfin mes liens avec lui.
Alors quand la fan base s’est extasiée au sujet de son dernier album The Overview j’ai hésité. Hésité, car il n’est plus disponible sur Bandcamp, il en a été retiré, hésité aussi parce qu’après une écoute rapide, mon avis était mitigé.
Mais bon, un peu d’audimat ne fait pas de mal, même s’il m’a fallu débourser presque seize euros pour une version digitale sans parole avec les morceaux en double sur Apple Music.
L’album est court, deux titres de vingt-trois et dix-huit minutes plus dix autres qui ne sont que les deux précédents saucissonnés. Dans le premier, Wilson revient au rock progressif de The Raven, dans le second à de la pop alternative vaguement expérimentale.
Je comprends que les prog heads se réjouissent du retour de Steven Wilson aux sonorités des seventies. C’est vrai que ‘Objects Outlive Us’, comprenez les objets nous survivent, est proggy. Mais si je le compare le titre à ‘The Raven That Refused To Sing’ ou à ‘Luminol’, est-ce que Wilson joue vraiment dans la même cour de récréation ? Pour moi non. Je trouve qu’il y a beaucoup moins d’envie dans ce premier morceau même s’il est très agréable à écouter. De temps en temps, j’entends quand même une section instrumentale réellement éblouissante comme dans ‘Cosmic Sons Of Toil’, mais sans réinventer la poudre à perlimpinpin non plus. Le fait est que je ne trouve pas mes marques pendant plus vingt minutes et que tout se noie un peu, tant et si bien que je peux écouter le titre à deux reprises sans m’en appercevoir.
‘The Overview ‘ où Wilson s’extasie sur la complexité de l’univers (enfin, je crois), me touche encore moins. ‘Perspective’ aurait dû m’enthousiasmer avec son catalogue d’objets stellaires, mais il est juste étrange, ‘A Beautiful Infinity’ est d’une grande banalité dans l’œuvre de Wilson (il en a écrit combien de titres de cet acabit sérieusement ?). Certes la guitare est super travaillée quand même, mais est-ce que ça en fait une chez d’œuvre pour autant ? ‘Infinity Measured in Moments’ n’a franchement pas grand intérêt et ‘Permanence’ pourrait combler les angoisses des claustrophobes dans les ascenseurs. ‘The Sound of Muzak’ ça vous parle ?
Voilà, je crois que l’on a fait le tour du dernier Steven Wilson. C’est un album bien fait, relativement plaisant à écouter, mais certainement son chef-d’œuvre, disons que je n’ai pas ressenti le grand frisson. Que cela ne vous empêche pas de l’écouter, c’est du Steven Wilson tout de même.