Le choix d’une série

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Pour la seconde année consécutive je vais exposer mes oeuvres à l’automne. Je dois proposer cinq photographies formant une série cohérente pour séduire les visiteurs. Des séries j’en ai beaucoup mais si je me fie à leur accueil sur Flickr, je ne suis pas certain de posséder grand-chose d’exposable.

Mon premier critère de choix est de présenter un travail dont je suis relativement fier. Et je me suis rendu compte que ce qui me faisait vibrer n’emportait pas forcément l’enthousiasme général. Il faut donc que je trouve un terrain d’entente entre mes goûts étranges et ceux de la majorité des gens. Pas au point de vendre mon âme en exposant des photos de petits chats, mais un juste milieu entre des noirs et blancs hyper contrastés et les chatons. Des chatons en noir et blanc contrasté ?

J’ai parcouru de nombreuses fois mes photos les mieux notées sur Flickr et ma collection de clichés favoris sur Lightroom pour essayer de dégager une tendance. Sans résultat. Sur Flickr les images sont mises en favoris uniquement lorsque que le groupe Explore les sélectionne. Je ne dis pas qu’il s’agisse de mauvais choix mais ce ne sont pas forcément les miens. Quant à les goûts, je les partage juste avec moi-même.

Alors je suis revenu à mon projet initial, les portraits de chefs d’orchestre en noir et blanc. Mais comme je doutais de mon choix, j’ai préparé une série en backup au cas où, à savoir mes premières images d’astro photographie.

Dans le logiciel Lightroom je classe mon travail par thématiques et chronologie. Un répertoire pour les concerts, les voyages, les paysages, les portraits, les shootings, l’astronomie, les oiseaux, l’architecture, la street photo etc. Cela permet de retrouver plus vite mes petits. Les photographies retenues sont marquées avec un drapeau, celles que j’aime particulièrement sont notées avec des étoiles et elles comportent toutes des mots clés pour les référencer : année, matériel, lieu, thème, noir et blanc ou couleur…

Je peux rapidement à l’aide d’une collection dynamique sélectionner les photos cinq étoiles marquées ayant le mot clé chef d’orchestre par exemple. 

C’est ça l’organisation. J’ai plein de défauts mais je suis très organisé. Certainement un conséquence directe de ma feignantise.

Pour chacune des séries, j’ai exploré ma collection de photos, les concerts classiques d’un côté et l’Astronomie de l’autre, puis j’ai sélectionné dix de celles qui me paraissaient les plus pertinentes. J’ai repris pour chacune d’elles un travail de développement et de retouche puis j’ai ensuite procédé à une seconde sélection. J’ai également fait appel à cet étape à des regards extérieurs, surtout pour les chefs d’orchestre.

Au bout de ce tri, il me restait deux séries de cinq photos. J’ai préparé les tirages papier de chacune d’elles et testé un nouvel imprimeur pour sortir les photos. Pas question cette année de me ruiner avec du papier high quality pour des clichés à peine regardé. J’ai fait dans le standard mat parce que les supports brillants ne me plaisent pas vraiment.

Une fois les images imprimées, j’ai procédé à une nouvelle présentation des deux séries sur un public trié sur le volet qui a été unanime, les chefs d’orchestre en noir et blancs seraient le clou de l’exposition. Alors oui, ma femme aime la musique et le sujet lui parle, en plus elle connaît bien les victimes de l’objectif. Mon fils lui a trouvé les photos astro jolies mais a estimé qu’elles n’étaient pas représentatives de mon travail en photo. Alors que les chefs correspondaient plus à une démarche artistique que j’avais commencée il y a plusieurs années. Il a dit aussi que tant qu’à exposer, autant se faire plaisir, rien à foutre du public. Et tout d’un coup j’ai hésité: espace frontière de l’infini colorée ou austères chefs d’orchestre en noir et blanc. Damned que c’est compliqué de choisir.

Si vous voulez voir nos oeuvres, l’exposition aura lieu les 26 et 27 octobre à la Salle des Fêtes d’Illkirch-Graffenstaden.

L’éclipse

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Une éclipse lunaire partielle était visible sur notre territoire dans la nuit du 17 au 18 septembre. Une toute petite éclipse que même le magazine Ciel & Espace avait omis d’annoncer. Pas de quoi faire un fromage mais comme la nuit s’annonçait belle, je me suis posé la question de sortir le télescope.

Sauf que le 18 tombait un mercredi, un jour de semaine, donc où je travaille, même si c’est de la maison. L’éclipse commençait vers deux heures du matin pour s’achever au lever du soleil.

Bref des conditions assez épouvantables pour le sommeil et pas question d’en profiter pour faire une nuit blanche astro, car par temps de pleine lune, sorti des planètes, impossible de photographier le ciel. En plus il y avait du vent et les nuages  ont tardé à se dissiper pendant la nuit. 

J’ai donc opté pour un réveil matinal, peu avant l’entrée de la Lune dans l’ombre de la Terre, c’est à dire à quatre heures du matin. Une solution pour assister à l’évènement et préserver un peu mon sommeil. La partie pénombre du phénomène n’est forcément pas la plus spectaculaire.

Il fallait que je décide d’un lieu d’observation. De mon jardin l’horizon sud comme nord, est et ouest sont barrés de maisons, d’arbres et d’immeubles. Après je n’avais pas forcément besoin de monter au Champ du Feu ou d’aller jusqu’à Cosswiller pour me protéger de la pollution et des lumières parasites. Une pleine lune cela éclaire suffisamment. J’ai donc opté pour un site dégagé à quelques kilomètres de la maison, au sommet d’une colline.

Je devais aussi décider du matériel à emporter. Pour avoir un grossissement optimal sur la lune et la photographier dans son entier, le Celestron 8 équipé d’un appareil photo me semblait le meilleur choix possible. J’ai également emporté un second boitier pour réaliser une sorte de timelapse de l’éclipse.

La simple idée de me lever tôt m’a empêché de m’endormir et malgré un réveil programmé à 3h45 je me suis réveillé naturellement à 3h30. On appelle ça être stressé je crois. Après un café j’ai pris la route pour Inneheim où j’ai installé le camp de base.

Pas très réveillé, j’ai tout d’abord orienté la monture équatoriale dans le mauvais sens. Le nord pointait au sud et même si je n’ai pas un sens de l’orientation exceptionnel je trouvais étrange de ne pas voir l’étoile polaire. Après un retournement de situation, ou de 180 degrés, comme vous voudrez, le télescope était fin prêt. Il était 4h30, juste à temps pour le maximum de l’éclipse.

J’ai pris une cinquantaine de photos au télescope avec divers réglages, regardé l’éclipse s’achever, fait une courte observation de Jupiter et j’ai remballé tout l’attirail, direction la maison. Pas de timelapse finalement, j’ai oublié de le faire.

Un café plus tard, je sélectionnais la meilleure image de la série avant de la développer sous Lightroom.

A sept heures, il était temps pour moi de me mettre au travail pour une journée qui risquait d’être très très longue. Mais honnêtement cela valait le coup. Les éclipses sont vraiment trop rares pour les manquer.

Pour résumer, un lever à 3h30, 40 kg de matériel, 3h de travail, tout cela pour réaliser la  photographie d’une éclipse lunaire mineure. Est-ce bien raisonnable ? Surtout que ma photo a été totalement éclipsée par une autre postée la veille sur Flickr et qui a rencontré un très vif succès…

LoveLoveLoveLive

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Lors d’un mini récital classique à la maison je m’étais plus ou moins engagé à couvrir le concert d’une troupe amateur strasbourgeoise nommée Toïtoïtoï.

Je ne savais pas vraiment ce qu’ils jouaient, quelque chose entre la comédie musicale et un concert de rock, mais comme je sais que le groupes peinent à trouver des photographes munis d’autre chose que d’un smartphone pour immortaliser les concerts, je me suis proposé.

Sauf que ce concert tombait en plein sur un gros week-end de sortie astro. Autant dire que lorsque je suis arrivé au Parc Wodii de Bischheim le dimanche à 15h30 pour l’événement, je n’avais qu’une petite heure de sommeil derrière moi depuis 48h. 

Le concert démarrait à 17h en plein air après un spectacle de percussions africaines sur lequel je me suis fait la main pour trouver les bons réglages. Parce que un spectacle en lumière naturelle, c’est toujours sportif.

Claire avec qui j’étais en contact pour les photos, m’a fait le tour du  propriétaire et présenté aux organisateurs afin que je ne me fasse pas chasser comme un malpropre pendant le concert.

Le spectacle de Toïtoïtoï raconte l’amour dans tout ses états en revisitant des classiques du rock, de Sting aux Blues Brothers en passant par la Reine des Neiges.

Une pianiste, un saxophoniste, un violoniste, un guitariste, un bassiste et un batteur jouaient pour une importante troupe de chanteuses avec quelques hommes pour respecter la parité.

Des couleurs, des paillettes, des toilettes chiques et sexy, des changements de costumes à chaque tableau et quelques sketches entre les reprises, leur show aurait mérité une salle et des éclairages plutôt qu’un jardin public en bordure d’une maison de retraite.  Mais j’imagine qu’ils étaient déjà heureux de se produire devant un public assez nombreux.

Les six musiciens faisaient le taf et la pianiste et le batteur semblaient tout particulièrement s’éclater. Pour les voix, c’était plus inégal. Un des chanteurs n’était jamais au diapason alors que deux chanteuses possédaient de magnifiques voix et une grande maitrise technique.

J’avais pour mission de shooter tout particulièrement les musiciens dont le groupe n’avait pas beaucoup de photos. Trois des membres de la troupe sont venu me le demander. Alors si je n’avais pas compris le message… L’exercice n’était pas aisé du fait de leur disposition et surtout parce que, sorti de la pianiste et du batteur, les autres étaient trop concentrés sur leurs instruments pour offrir des expressions intéressantes. J’ai fait de mon mieux.

Pour les chanteurs, il y avait suffisamment de belles tenues colorées et de visages à cadrer pour remplir plusieurs pellicules. Je suis reparti avec plus de quatre-cent clichés dans mes cartes mémoire en moins de deux heures. Seule une cinquantaine d’images ont survécu au tri et encore ma première sélection n’en comptait qu’une trentaine. Claire m’a demandé si je pouvais en trouver d’autres illustrant plus de tableaux. J’ai exhumé seize nouvelles photographies de second choix pour étoffer l’album.

Les retours sont tellement bons qu’ils m’ont demandé de devenir leur photographe officiel. Je suis flatté. Après c’est toujours la même histoire. Entre des photographies prises au smartphone et des images réalisée avec une bonne optique et développées ensuite, il n’y a pas photo si je puis dire.

Caméra ou APN

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NGC 7000

J’arrive (déjà) à un croisement en astro photographie. En trois sorties et plusieurs heures passées devant l’ordinateur, je commence à obtenir des images acceptables du ciel profond. 

Je ne chasse pour l’instant que des objets très accessibles avec des temps de pose relativement courts mais je vois bien que j’ai passé un cap, surtout avec l’aide de la lunette Skywatcher 72ED. Cet instrument léger et transportable rend le travail beaucoup plus aisé grace à sa petite focale. La focale c’est la longueur du tube et plus la focale est courte, plus l’instrument est lumineux. Par contre il grossit moins. Le résultat c’est qu’il voit une plus grande portion du ciel et qu’il à besoin de moins de temps pour capter la lumière des étoiles. Du coup le suivi est plus facile et le temps de pose photo plus court.

Depuis le début je photographie avec un Nikon Z6 II Full Frame passé en mode APS-C dont le capteur n’est pas défiltré. En français cela signifie une surface de 16x24mm sur laquelle on trouve un peu plus de dix millions de pixels qui arrêtent certaines fréquences comme les infrarouges. Les appareils photos sont conçus ainsi pour restituer approximativement ce que voit l’œil humain. Nous ne sommes pas capable de voir les couleurs des objets qui brillent au-delà de Neptune, sorti des étoiles, alors tant qu’à capter un maximum de lumière, autant tout récupérer.

Beaucoup de nébuleuses et galaxies rayonnent dans l’infrarouge (l’infrarouge c’est la chaleur), du coup l’appareil photo ne capte pas tout le spectre émis et les images sont moins riches en détails.

Une solution pourrait consister à défiltrer mon Z6 mais je ne pourrais alors plus l’utiliser en photographie classique. Les paysages en infrarouge ce n’est pas mon truc.

D’où l’idée de la caméra. Ces équipements pèsent moins de 500 grammes (la moitié d’un appareil photo) et certaines d’entre elles sont refroidies à -30 degrés ce qui limite le bruit généré par le capteur. Oui parce que lorsque l’on photographie longtemps, le capteur chauffe. Et lorsque le capteur chauffe, il génère du bruit sur l’image c’est à dire de la lumière qui n’existe pas. Les photographes ayant déjà photographié dans des conditions très sombres connaissent le phénomène. À partir d’un certain niveau, l’image peut se confondre avec le bruit. Donc plus le capteur est froid, moins on a de bruit.

Mais voilà, une caméra au format APS-C, coûte plus cher qu’un boîtier photo du même genre. Et même ces caméras onéreuses possèdent des défauts. Il y a par exemple le ampglow, sorte de halo lumineux présent sur le capteur qui ne se corrige qu’avec des images spécifiques, le fait qu’une alimentation 12V 5A est nécessaire pour le refroidissement par effet Pelletier ce qui veut dire une batterie plus costaud si vous ne travaillez pas à coté d’une prise électrique, l’absence d’écran pour visualiser les images obtenues et réaliser la mise au point

Bref les caméras sont des sous APN hors de prix.

En plus il faut choisir, entre la caméra monochrome ou la caméra couleur. Les monochromes sont beaucoup plus sensibles car elles ne possèdent que des capteurs de luminosité contrairement aux couleurs qui se partagent le même nombre de pixels en trois longueurs d’onde. Hélas elles ne photographient qu’en noir et blanc. Du coup il faut utiliser des filtres dans plusieurs longueurs d’ondes pour restituer les couleurs ce qui veut dire poser pendant trois à quatre fois plus de temps. Les filtres coûtent cher et nécessitent  idéalement une roue à filtre pour passer automatiquement de l’un à l’autre sans avoir à tout démonter. Bref c’est compliqué.

Dans mon cas je dois me résigner à choisir une caméra couleur avec un plus petit capteur tout en conservant de gros photosites. Le hic c’est qu’un plus petit capteur entraîne une réduction de la zone du ciel observée et ça ce n’est pas cool.

Moi qui me réjouissais de disposer d’un grand champ avec la lunette Skywatcher 72ED, son réducteur de focale et un boitier en APS-C, je découvre qu’avec une caméra à mille euros je devrais photographier des objets moins étendu. Par exemple actuellement je peux photographier la nébuleuse América, la galaxie d’Andromède, les Pléiades ou les nébuleuses Trifide et Lagune sur une image. Avec une caméra non. Je n’aurais q’une partie de ces objets.

Il existe bien caméra ZWO ASI 2600 MC qui possède un capteur 16×24 mm mais bon, elle est au même prix qu’un Nikon Z6 II neuf. Du coup mon choix s’est finalement porté sur la ZWO ASI 533 MC Pro après avoir écouté les conseils de passionnés. Un compromis entre mon budget contraint et les exigences techniques.

Pourquoi une caméra de la marque chinoise ZWO ? Parce que je suis dans l’écosystème ZWO avec l’ordinateur qui pilote ma lunette, un Asiair Plus et la monture qui supporte l’instrument, à savoir une AM5. Il est nécessaire que tout ce petit monde se comprenne pour que tout fonctionne bien et ZWO est un peu l’Apple de l’astronomie, il ne fonctionne qu’avec lui-même.

Pourquoi une caméra couleur ? parce que comme dit plus haut je ne suis pas encore prêt pour des sessions de huit heures de shooting surtout avec une dizaine de nuits acceptables pour l’astronomie par an et qui durent à peine plus de quatre heures en été. Pourquoi la 533 ? parce qu’elle est vendue actuellement sous le seuil psychologique des mille euros, qu’elle possède un capteur carré faisant 11 mm de coté comprenant 3008×3008 pixels, un niveau de bruit faible et aucun ampglow contrairement à certaines autres caméras.

Il va falloir maintenant que je reprenne tous les réglages de back focus, c’est à dire la distance entre la dernière lentille du réducteur de focale et le capteur de la caméra.

Seize heures pour deux photographies

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A l’heure des smartphones il est difficile d’imaginer que l’on puisse passer cinq heures pour réaliser une photographie. Un clic sur l’application, un filtre cosmétique et hop, votre image est en ligne.

En photographie classique, avec un appareil photo numérique hybride ou reflex, cela prend déjà plus de temps si vous réalisez des images en mode natif. Après un bref clic clac Kodak vous devez rentrer à la maison, glisser la carte mémoire dans l’ordinateur et traiter l’image sur un logiciel avant enfin de la publier.

En astro photo c’est encore plus compliqué. Tout d’abord il est nécessaire de se rendre sur un site éloigné de la pollution atmosphérique et lumineuse, pour moi le Champ du Feu à environ une heure de route. Il faut ensuite installer l’instrument sur site, brancher l’ordinateur, fixer l’appareil photo, réaliser l’alignement polaire, disons une petite demi-heure selon le matériel. 

Ensuite commence la session de photographie elle-même. C’est là que je démarre mon chrono.

0 H – 30 secondes de pose répétées 120 fois pour obtenir une heure de pose cumulée.

1H – Une fois les clichés réalisés, il est nécessaire de produire des images de calibration appelées light, bias et dark. Comptez un quart d’heure de plus minimum.

1H15 – Une fois terminé, il faut tout remballer et revenir à la maison vers trois heures du matin. Je ne comptabilise pas le rangement du matériel, la route, le déchargement de la voiture et la poignée d’heures de sommeil réparateur. Ce serait tricher.

1H15 toujours donc – Le lendemain, après quelques heures de sommeil, commence le travail de développement. Il faut d’abord additionner ces cent vingt clichés et les calibrer avec des images de référence, un travail qui prend de une à deux heures mais qui peut être automatisé ce qui laisse le temps de boire quelques cafés indispensables.

2H15 – Suit le traitement sur le logiciel Pixinsight. Celui-ci nécessite toute mon énergie d’autant que je fais mes premiers pas avec cet outil. Délinéarisation de l’image, suppression du gradient, déconvolution, réduction du bruit, linéarisation, histogramme, saturation, suppression du bruit, réduction des étoiles, harmonisation les couches, ce travail dure facilement deux bonnes heures avec de nombreuses tentatives plus ou moins heureuses.

4H30 – Mais ce n’est pas terminé. La touche finale vient avec Lightroom sur lequel je retravaille les couleurs, les détails, le cadrage et le bruit. Cette dernière étape ne dure jamais longtemps car je commence à être assez à l’aise avec l’outil à force de l’utiliser.

5H – Il ne reste plus qu’à poster la photographie sur les réseaux sociaux et attendre les retours.

Mais tant qu’à passer 30 minutes à charger la voiture, une heure sur la route pour aller en montagne, prendre encore 30 minutes pour installer le matériel, 15 pour le remballer, une heure pour rentrer, 30 minutes pour décharger la voiture et encore 15 minutes pour aérer les optiques embuées, soit, si vous comptez bien quatre heures au total sans parler de la partie photo et de l’attente de la nuit astronomique au sommet de la montagne pendant encore deux heures, autant photographier plusieurs objets pour rentabiliser le voyage.

Si l’astro photographie est une passion solitaire, un lent apprentissage de la patience et une plongée dans des technologies complexes, c’est également une belle aventure humaine. Car lorsque vous pointez les étoiles vous n’êtes pas souvent le seul passionné avec votre instrument et de nombreux curieux viennent voir ce que vous observez. 

Les heures passées sous la voute céleste à montrer la lune, expliquer le fonctionnement du matériel et à échanger avec les astronomes amateurs tout en contemplant la Voie Lactée sont magnifiques, enrichissantes et passionnantes. Alors qu’est-ce que seize heures et un petit déficit de sommeil pour de si beaux moments ?

1277m

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Un violoncelle sur la banquette arrière, une valise pour les slips, une monture équatoriale et une lunette dans le coffre, nous sommes partis vers le sud, dans les Alpes de Haute-Provence. 

A 1277 mètres d’altitude et un peu moins d’habitants, au coeur de la vallée de la Blanche, non loin du lac de Serre-Ponçon, se dresse le village de Seyne les Alpes et sa citadelle Vauban.

C’est là, au-dessus des maisons, au milieu des pâturages, qu’a été construit le petit chalet de mes beaux parents. Une maison minuscule sur un terrain en pente avec une vue imprenable sur les montagnes.

A 22 heures dans ce paradis perdu, les lumières du lotissement s’éteignent, le silence envahit la montagne et les premières étoiles scintillent. 

A 23h30  la Voie Lactée s’illumine tel un néon gigantesque, les étoiles du Cygne brillent au zénith et la constellation du Sagittaire frôle les sommets vers le sud.

C’est le plus beau ciel que je connaisse. Bleu azur le jour, noir constellé d’étoiles la nuit. Ici les yeux émerveillés découvrent les couleurs des étoiles et certaines nébuleuses sont visibles à l’oeil nu.

J’ai installé mon instrument dans l’ancien potager aujourd’hui à l’abandon. Aux dernières lueurs du jour j’ai pointé la monture vers le Nord et j’ai ajusté les trois pieds au niveau pour que le suivi des étoiles soit le plus parfait possible. Vers 22h30 j’ai aligné l’instrument sur l’étoile polaire afin de parfaire la mise en station et compenser la rotation de la terre. Les étoiles ne tourneront pas dans l’objectif.

La nuit astronomique débute vers 23h30. Les étoiles brillent de toute leur puissance thermonucléaire et la Voie Lactée déroule son voile du Nord au Sud.

C’est l’heure où la lunette de 72 pointe une nébuleuse ou bien une galaxie. Les moteurs de la monture équatoriale ronronnent dans le silence surnaturel, les LEDs rouge et verte clignotent dans le noir et après quelques tâtonnements, l’objectif trouve sa cible et réalise une première photographie.

Malgré le soleil qui a brillé toute l’après midi, il fait frais sous la voute étoilée. Chaudement emmitouflé, je surveille l’électronique en plein travail. Le suivi est correct, l’empilement se passe bien, aucun nuage ne vient troubler les photographies mais de temps en temps le wifi de l’ordinateur est capricieux.

Image après image, toutes les trente secondes, l’objet dévoile un peu plus de détails et de couleurs sur l’écran de la tablette. Tout d’abord ce n’est qu’une ébauche floue au milieu de milliers de points brillants, puis des structures se dessinent, de nouveaux objets apparaissent et des couleurs, de plus en plus saturées peignent le ciel, bleu, jaune, rouge, orangé. La magie opère, la nébuleuse ou la galaxie ressemble peu à peu aux images des livres d’astronomie de mon enfance.

Au cours de cette semaine de vacances passée en montagne, trois nuits furent exceptionnelles, sans nuage, sans lumière et peu de vent, autant que depuis le début de l’année en Alsace. 

Pour la première nuit j’ai pointé une galaxie facile à capturer, au zénith, au bout de la queue de la grande casserole. M 51, un classique que j’ai déjà photographié mais jamais sous de tels cieux. Au bout d’une heure j’avais déjà plein de détails sur la spirale elle même et de nombreuses galaxies plus lointaines se sont petit à petit dévoilées dans le champ large de l’instrument.

Le second soir, malgré un ciel fabuleux, je ne me sentais pas la force d’une nuit blanche après un aller retour chez mes beaux parents. J’ai attendu que la nuit tombe pour montrer la Voie Lactée à mon épouse et prendre quelques photos pause longue du ciel, sans la lunette. C’est là que j’ai réalisé que les constellations du Sagittaire et du Scorpion étaient nettement plus hautes à l’horizon qu’en Alsace. Cela m’a donné le sujet de ma troisième nuit d’observation.

Pour la dernière nuit j’ai tenté M 20, la nébuleuse trifide que je n’ai jamais pu observer et encore moins photographier. Comme elle est relativement basse sur l’horizon, l’emplacement du potager ne faisait plus l’affaire. Alors je me suis installé sur la terrasse du chalet qui donne plein sud. Une fois le matériel installé, j’ai pu le laisser travailler, confortablement installé dans le canapé. Le large champ de la lunette de 72 mm me permettait d’englober plusieurs objets sur la photographie en même temps. Les nébuleuses M 8 et M 20, l’amas d’étoiles ouvert M 21 et plein d’objets NGC noyés dans le nuage de gaz de la Lagune. Une merveille !

Dès les premières images, les couleurs rouges et bleues de la trifide ont éclaboussé l’écran de la tablette. Je n’en croyais pas mes yeux. Les pastels de la nébuleuse de la Lagune se sont plus lentement dévoilées, la faute à mon appareil qui filtre le rayonnement infrarouge. Tout le monde n’a pas un James Web sous la main. Les milliers d’étoiles constituant notre galaxie tissaient un tapis scintillant autour des deux nuages de gaz colorés tel un diadème de l’espace. Tellement lumineux que j’ai dû baisser fortement la sensibilité de l’appareil pour ne pas bruler les images.

Je ne suis pas certain d’avoir bien réussi la mise au point et le suivi des étoiles fut chaotique faute de pouvoir réaliser un alignement sur l’étoile polaire. Si la photographie ne sera pas parfaite, elle reste une des plus magiques que j’ai réalisé.

Calibré

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Malgré des années de photographie numérique, je n’avais jamais calibré mon écran. C’est vrai que à ne produire que des clichés en noir et blanc, l’exercice ne présentait pas beaucoup d’intérêt.

Cependant lorsque je publiais une photographie couleur, j’étais souvent déçu par son rendu en saturation lorsque l’image sortait du logiciel Lightroom. Mais bon, rien qui justifie l’achat d’une sonde de calibration d’écran.

Mais voilà, je viens de débuter une longue formation sur l’astro photo et dès la seconde leçon, le gars plaçait la calibration d’écran parmi les points les plus importants du traitement de l’image. Le formateur est bon, ses photographies sont magnifiques, ses conseils censés et pas partisans, donc je me suis doté d’une petite Spyder X pour calibrer mon gros 27 pouces rétina.

Je m’étais toujours imaginé qu’une sonde de calibration d’écran était hors de prix mais en réalité on en trouve à partir d’une certaine d’euros. L’opération prend moins d’une minute et à la sortie du processus le résultat est immédiatement palpable. Les couleurs entre dans une nouvelle dimension.

Bon ceci dit, ce n’est pas parce que j’ai une sonde de calibration que les astrophotos vont devenir meilleures tout de suite. Il faut d’abord que je fasse des photos et cette année je n’en ai réalisé que deux pour l’instant, il faut dire que cela prend plusieurs heures. Ensuite il faut que je maitrise un minimum le logiciel PixInsights que je viens d’installer sur le Mac et qui permet le traitement des images. Enfin il faut que je lise quelques bouquins comme Les secrets de l’Astrophoto écrit par Tierry Legault et que je visionne une trentaine d’heures de cours sur Youtube pour espérer m’améliorer. Au moins, je commence à maîtriser la partie acquisition avec la lunette, la monture et l’Asiair. C’est déjà ça. Y a plus qu’à attendre qu’il ne pleuve plus.

Ceinture et bretelles

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Autrefois je couvrais des concerts de rock, des festivals de métal et j’interviewais des figures de proue de la scène progressive. Drug, sex and rock’n roll.

L’âge aidant, doublé d’un certain désengagement de la scène médiatique, j’ai du mendier mes accréditations jusqu’au jour où je n’en ai plus eu du tout. Alors j’ai commencé à couvrir des concerts classiques, des harmonies locales pour finir au Printemps des Bretelles.

Le Printemps des Bretelles est le festival d’accordéon de la ville d’Illkirch-Graffenstaden. Dix jours de concerts et bals autour du piano à bretelles dans différents lieux de ma commune. 

Cette année, je me suis porté volontaire pour couvrir l’événement malgré mon manque d’intérêt évident pour cet instrument et une météo calamiteuse. Volontaire mais sans contrainte. J’allais, en fonction de mon humeur, de mon emploi du temps et de ma fatigue, photographier ou non les artistes.

Avec des entrées libres mais aucune accréditation officielle de photographe, l’expérience était proche de l’improvisation totale et il fallait négocier en douceur avec la sécurité certains accès.

Tous les soirs sauf relâche, du vendredi 31 mai au dimanche 9 juin, je suis parti de la maison à pied ou à vélo vers 18h30 pour le concert amateur de 19h sous la tente devant l’Illiade. L’occasion de manger un burger frites avant d’attaquer le spectacle de 20h programmé en extérieurs lorsqu’il ne pleuvait pas, soit dans la grande salle de spectacle ou à la Vill’A un peu plus loin.

Au menu des soirées, Edith Piaf, Jacques Brel, Salsa, chanson française, danses créoles, musique celtique, folk des Balkan, le tout assaisonné d’accordéon, autant dire rien qui n’appartienne à mon répertoire de prédilection.

Ne nous mentons pas, les groupes n’ont pas mis le feu dans la foule. Le groupe Mes Souliers sont Rouges a été certainement le point d’orgue de ce festival avec la nuit brésilienne mais pas assez pour que je reste jusqu’au bout. En fait, le plus souvent j’ai photographié la première demi-heure avant de plier bagages par manque d’intérêt pour la musique. Musiciens statiques, musique moyenne, éclairages minimalistes, public maussade, pluie torrentielle, le festival n’avait pas grand chose de festif au bout du compte.

J’ai quand même ramené quelques clichés sympas de ces soirées. Ils sont temporairement disponibles sur Flickr avant que je ne les efface. Je n’ai pas mitraillé comme un fou non plus, ne voulant pas trier et traiter des centaines d’images chaque soir. L’objectif pour moi était d’illustrer l’accordéon en live, un instrument qui possède un certain cachet et que j’ai rarement photographié.

Neuf soirées, dix-huit concerts, soixante-onze photo publiées dont une oscarisée, finalement j’aurai presque couvert tout le festival, grignotant le soir une tranche de pain de mie et tomate avant partir à pied vers 18h30 photographier le premier groupe pour revenir trois heures plus tard trier les images avant de me coucher.

Je me pose la question du bien fondé de la gratuité du festival. D’après les anciens, lorsque le billet d’entrée était de vingt ou trente euros, les salles étaient combles et les artistes qui se produisaient avaient un certain renom. « C’était mieux avant… ».

J’avais rêvé de tango argentin au soleil, de folk irlandais sous les étoiles, de bal musette entre les arbres, pas de danse créole dépressive en salle ou de Piaf sous bâche plastique noire.

1001 pattes

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Je suis parti avec une bande de petits vieux un samedi après-midi ensoleillé à la pêche aux macros. Comme la mer est à plus de quatre cent kilomètres, nous nous sommes contenté des plans d’eau près du Rhin ou aucun macro ne survivrait. 

Équipés de chaussures de marche ou de bottes pour les plus braves, de couvres chef et de K Way en prévision des orages annoncés, nous nous sommes enfoncés dans les sous-bois en bordure du Rhin. 

En guise de cannes à pêche nous trimbalions des boîtiers Sony, Canon et Nikon ainsi que des objectifs allant du 85 au 600 mm.

Je ne fais pas de macro photographie, tout au plus, accidentellement de la proxy, tout simplement parce que les petites bébêtes ne me passionnent pas vraiment. 

Évidemment je n’ai aucun objectif dédié à la macro. Alors le matin, avant de partir, j’ai sélectionné un caillou avec zoom puissant et surtout la distance minimale de mise au point la plus courte possible. Un 24-200 m en monture Z que j’emmène souvent pendant mes vacances. J’ai pris également un flash Godox pour figer les insectes après avoir visionné le travail d’un photographe professionnel qui shoote au flash lors de ses sessions macro.

Douze vieillards braillards perclus d’arthrose avançaient dans la nature, armés de leurs appareils, se penchant sur les orties et les ronces, pointant leur gros objectif vers les feuilles. Crépitement du flash, mitraille de déclencheurs, bourdonnements d’insectes, gueulantes de petits vieux, blagues idiotes, les promeneurs solitaires en quête de quiétude ont certainement goûté à sa juste valeur notre petit groupe très bruyant.

Je n’ai pas le coup d’œil aiguisé pour trouver les insectes. Je suis plus habitué à voir les gros oiseaux et les galaxies. Du coup, lorsque des petits vieux se penchaient au bord du chemin pour faire autre chose que pisser, je m’approchais pour examiner ce qu’ils photographiaient. Bien souvent, il a fallu qu’ils me montrent l’endroit ou se tenait l’insecte convoité et une fois sur deux, en m’approchant, celui-ci s’est envolé.

N’empêche qu’avec le Z8, le 24-200 et le flash, j’ai réalisé plus de 150 clichés dont une grosse dizaine a survécu à mon tri sélectif. Le choix du flash était vraiment judicieux, d’ailleurs je l’ai prêté à plusieurs reprises pour que mes compagnons d’Ehpad voient la différence. J’ai aussi joué avec le 200-600 en monture Z du seul petit jeune du groupe. Un joli caillou bien équilibré et assez léger avec lequel j’ai fait une photo sympathique. Par contre je n’ai pas une seule fois utilisé mon pied photo. Heureusement que j’avais embarqué le plus léger des deux.

J’ai arpenté les chemins, me suis accroupi un nombre incalculable de fois, j’ai rampé dans les hautes herbes, descendu des talus, marché dans l’eau, failli tomber dans le Rhin, j’ai glissé dans la boue et sali mes vêtements du dimanche.

Ce fut l’occasion d’échanger des conseils techniques, des choix de réglages, des blagues débiles, des noms d’insectes que j’ai déjà oublié, de se balader dans la nature et de passer une après-midi qui a eu un avant goût de pré retraite.

A la suite de la sortie, nous devions livrer six photographies à notre guide pour qu’il réalise un diaporama de nos exploits.  Ce sont les images qui illustrent ce billet. Ne me demandez pas de quelle bébête il s’agit, je n’en sais rien, par contre grillées, c’est croustillant et plein de protéines.

La Provence en couleurs

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Nous sommes partis une semaine dans les Alpes de Haute Provence entre avril et mai. Une semaine de pluie, de vent, de nuages et quelques rares éclaircies. 

Armé d’un appareil photo j’ai immortalisé les villages, les paysages, les champs de lavande, les ocres, les prieurés, les gouttes et les sommets enneigées. Une collection d’une centaine d’images dont une soixantaine a survécu à un tri impitoyable. 

A commencé alors le laborieux travail de développement puisque je photographie en RAW. Laborieux parce que les belles lumières se faisaient rares et que les cieux étaient gris uniforme. Des conditions qui me poussent généralement à fabriquer des images monochromes très contrastées. 

Pourtant cette fois, peut-être par manque de vitamine D, j’ai très majoritairement développé en couleurs, usant de nombreux masques pour sauver le ciel, déboucher les ombres, mettre en avant un sujet et j’ai régulièrement inversé les curseurs de texture et clarté pour adoucir les images. Tout l’inverse de ma démarche ‘artistique’ habituelle.

Comme souvent lorsque je photographie, certains sujets deviennent obsessionnels. Une ferme située près de notre gite en a fait les frais et j’ai demandé à mon épouse l’autorisation de faire un détour d’une heure en voiture pour nous rendre sur le plateau de Vallensole afin de photographier les champs de lavande sous la pluie. Je me suis également levé très tôt pour capturer les rares lumières du soleil à l’horizon, et si j’avais tout l’équipement pour photographier la nuit provençale, il est resté sagement dans ses cartons pendant une semaine.

Mes followers habituels sur Flickr risquent d’être déstabilisés par cette abondance de saturation, de douceur et de paysages mais ce sont les images que j’ai voulu ramener du Sud Est cette fois.