The Watch plays Genesis

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Après Genesis en 1977, Steve Hackett en 2022, le groupe italien The Watch joue Seconds Out, un des plus fabuleux live des britanniques.

Leur tournée passait par la salle du Grillen à Colmar le vendredi 17 mars, l’occasion de les revoir après leur passage Chez Paulette il y a quelques années.

Le concert se jouait à guichet fermé mais par chance pour moi, l’association Zik’Inside, qui organisait l’événement, m’avait donné une accréditation photo pour la soirée, merci à eux.

Du coup je suis arrivé très à l’avance pour être certain de trouver une place acceptable et m’installer, car shooter lors d’un concert sold out peut s’avérer compliqué. J’inaugurais ce soir là un harnais photo acheté cet été après le festival Rock Your Brain Fest, un genre de gilet pare-balles permettant d’accrocher les boîtiers et les optiques afin de libérer les mains. J’avoue que c’est très pratique et cela fait presque oublier que l’on trimballe plusieurs kilos de matériel sur soi. Je dis bien presque.

Dans la fille d’attente puis à l’intérieur j’ai retrouvé plein de vieux comme moi, deux trois jeunes égarés et des amis, connaissances et musiciens de la scène prog locale. J’ai rencontré également, pour la première fois, Didier Grillot qui est derrière le projet Plus 33 et avec qui il est prévu de faire une séance de shooting pour son prochain album.

Vers 20h30 The Watch monte sur scène et dès les premières notes je suis sous le charme, il faut dire que Genesis et moi, c’est une vieille histoire d’amour de plus de quarante ans. Un message enregistré de Steve Hackett (non, il n’était pas caché en coulisses, présente le live). Steve joue des guitares sur le dernier album solo du groupe. Car si The Watch est un tribute à Genesis, il enregistre également d’excellents albums de rétro prog qu’hélas il ne joue que trop peu en live. Ce soir, nous n’aurons droit qu’à du Genesis.

Contrairement à la soirée Chez Paulette en 2018, le concert est un véritable show de lumières qui compense le côté très statique de la prestation. Pour résumer, seul le bassiste et chanteur sont debout. Simone Rossetti s’adresse régulièrement au public en anglais, car s’il passe ses vacances dans notre beau pays, il n’en parle pas beaucoup la langue. Il présente brièvement l’historique de ce live et s’attarde sur quelques rares titres comme ‘The Cinema Show’.

Le concert se déroule en deux parties avec une courte pause vers 21h30, le temps pour moi de changer de côté et de discuter un peu avec Didier Grillot. Après un seul rappel, The Watch tire sa révérence. Il faut dire que les morceaux de Genesis sont souvent des titres fleuve et que le lendemain ils doivent être à Paris pour une nouvelle date.

Le son était de qualité étant donné la salle, leur prestation à la hauteur de mes espérances et les morceaux joués tout simplement sublimes, mais c’est normal, c’est du Genesis. J’ai quand même entendu ici ou là quelques doigts palmés et canards mais quand la musique est là…

Un grand merci à Zik’Inside d’avoir organisé cette soirée et à The Watch pour leur fabuleuse prestation. En espérant qu’ils reviendront un jour jouer leur répertoire dans la région.

Toutes les photos sont sur Flickr.

Prochains concerts le 1er avril au Münsterhof à Strasbourg, classique cette fois, c’est ma femme qui joue avec ses amis, et le 8 avril Chez Paulette avec RPWL.

RPWL – crime scene

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L’ancien tribute de Pink Floyd revient cette année avec un nouveau concept album intitulé Crime Scene. J’ai découvert le groupe allemand RPWL en live en première partie de Pendragon il y a bien longtemps et j’avoue que leur performance avait quelque peu éclipsée celle de Nick Barrett. Je les ai vu bien des fois depuis en concert et je m’offre tous leurs albums, même lorsqu’ils reprennent leurs premiers amours.

Crime Scene ce sont six morceaux de quatre à douze minutes qui nous plongent dans la noirceur des enquêtes criminelles. Pour parapher la fiche promo, en 2020, durant le confinement, la police allemande a enregistré 120 000 cas de violences conjugales dont 139 avec une issue fatale. Une violence banale qui rencontre celle des grands meurtriers de l’histoire comme le cannibale Karl Denke ou le nécrophile Carl Tangler Georg dont l’histoire est racontée dans un EP de And You Will Know Us by the Trail of Dead.

Tout ça et bien d’autres choses encore, RPWL le raconte dans ce concept album particulièrement mélodique qui reste dans la lignée de leurs précédentes productions mais qui se distingue pourtant du lot.

Si Tales from Outer Space ronronnait un peu trop à mon goût, je trouve qu’avec Crime Scene, RPWL se renouvelle sans nous déstabiliser. La recette est toujours la même, les guitares floydiennes de Kalle, le chant feutré de Yogi, la touche frenchy de la batterie de Marc et des claviers pour emballer l’ensemble. Le groupe a d’ailleurs perdu son claviériste principal et a gagné un bassiste. Kalle passe derrière les synthés et abandonne la quatre cordes au petit nouveau Marcus Grützner.

Si on retrouve le RPWL mélodique de ‘Roses’ sur cet album, certains morceaux comme ‘Victim of Desire’ ou ‘Another Life Beyond Control’ nous embarquent dans un prog un petit peu plus audacieux, justement ce qu’il manquait à Tales from Outer Space pour en faire un album remarquable. Après je n’ai rien contre un titre comme ‘Life in a Cage’ où Kalle en fait des tonnes à la guitare. Bien au contraire, puisqu’il s’agit d’un de mes morceaux préférés de l’album avec le long format ‘King of the World’.

Je ne vais pas vous mentir, j’ai reçu Crime Scene en promotion ce qui explique cette chronique si précoce. Malgré des mails véhéments de protestation, la label m’expédie toujours leurs disques. Le bon côté de tout ça, c’est qu’après une écoute, j’ai pré commandé l’édition vinyle de Crime Scene en toute confiance.

Bon d’accord, je l’aurai certainement commandé de toute façon.

A noter pour les fans qu’ils ne joueront qu’une seule date française, chez Paulette le samedi 8 avril.

Face the Day – Echoes Of The Child’s Mind

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Dans la belle ville de Prague vous pouviez trouver il y a quelques années, un disquaire spécialisé dans les groupes de rock progressif d’Europe de l’Est. Une caverne d’Ali Baba remplie de vinyles signés par d’illustres inconnus pour les mélomanes vivant plus à l’Ouest.

Si ce disquaire existe encore aujourd’hui, il devrait proposer l’album Echoes Of The Child’s Mind du groupe tchèque Face The Day. Un CD huit titres d’un peu moins de quarante minutes suggéré par Gerlinde Roth avec qui je partage des goûts communs sur Bandcamp. Face The Day est un groupe naviguant entre le post-rock instrumental et le rock alternatif à la Porcupine Tree.

Un projet mené par Martin Schuster qui à déjà composé en solo trois albums depuis 2016. Pour l’enregistrement, il s’est entouré d’un bassiste, d’un batteur et a invité un saxophoniste sur ‘Last Kiss’ et une chanteuse sur ‘It’s Over’.

Deux instrumentaux prennent place dans Echoes Of The Child’s Mind si l’on considère ‘It’s Over’ comme un titre chanté malgré ses rares paroles. Des texte mélancoliques sur la disparition d’un être cher, en l’occurrence ici, sa mère à qui il dédie l’album.

La plus belle chanson de Echoes Of The Child’s Mind s’intitule ‘Grown Up’. A peine quatre minutes chantées au piano qui vous emportent dans sa mélancolie avec des paroles déchirantes :  “Hero’s Fall, Illusion Fade, It Made Me Numb, Led My Whole Life Astray”. On dirait du Peter Gabriel.

‘Bright Dot In the Darkness’, ‘Dawn’ comme ‘Last Kiss’ rappellent parfois Porcupine Tree de part la ligne vocale et le toucher de guitares de Martin. Toutefois, les compositions sont suffisamment originales pour prendre leurs distances avec le modèle.

Le premier instrumental ‘There’s a Place in My Mind Where I Tend to Hide’ épouse clairement la forme post-rock avec sa guitare mandoline alors que le second, ‘Panta Rhei’, joue de l’acoustique, tel une délicieuse parenthèse avant le dernier baiser.

Attardons nous enfin sur le premier morceau, ‘It’s Over’ aux paroles minimalistes. La pièce dure tout de même huit minutes quinze et ne comporte que vingt-trois mots. Le titre est d’essence progressive avec une intro, un couplet de quatre vers répétés deux fois et un long instrumental centré sur la guitare.

Echoes Of The Child’s Mind n’est sans doute pas l’album de la décennie mais il mélange agréablement les genres et m’a fait découvrir un artiste tchèque que je vais suivre de près. L’album est sur Bandcamp et existe en CD également dans un beau digipack qui vous arrivera sans vous infliger des taxes de douanes outrancières car Prague est encore en Europe.

Plus 33 – Open Window

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Lors du concert de Out5ide le vendredi 13 janvier, Philippe Rau, guitariste du groupe, m’a parlé du projet Plus 33 qui prépare un second album sur lequel il joue. Un album de rock progressif instrumental quatre titres, tout ce qu’il fallait pour titiller ma curiosité.

Alors je suis allé écouter leur premier effort, Open Window, sorti en 2020 et disponible sur Bandcamp.

Plus 33 est le projet du claviériste Didier Grillot accompagné ici de Lloyd Wright à la guitare, Paul Susan à la basse, Dave Wilde au saxophone et flûte et Adam Sinclair à la batterie. Didier fut le claviériste du groupe Outside jusque Freedom en 2002. C’est donc naturellement que de retour en France, il s’est tourné vers Philippe pour jouer les guitares sur le prochain album.

Mais parlons de Open Window en attendant le prochain album. Un disque cinq titres d’un peu moins d’une heure, cent pour cent instrumental qui décline les quatre éléments en musique plus un épilogue. Côté style, il s’agit d’un prog instrumental atmosphérique parfois jazzy dominé par les claviers où pointe parfois du piano classique comme dans le troisième mouvement de ‘Water’ et dans ‘Epilogue’.

‘Water’ s’ouvre sur un mouvement jazzy contemplatif et se poursuit sur un chant de baleines à la guitare rapidement remplacé par le saxophone, le piano et la flûte traversière. Toujours liquide, la musique se fait impressionniste au piano, dévoilant tout le talent de Didier Grillot sur cet instrument. 

Le quatrième mouvement est quant à lui nettement plus dans la veine du rock progressif symphonique avec force de claviers et guitare. Du prog seventies avec quelques accents Road 66 à la guitare. Des eaux plus tumultueuses on va dire. Puis ‘Contemplation’ nous offre une accalmie liquide, une plongée sous la surface à la manière du Grand Bleu.

L’album nous ramène ensuite sur la terre ferme avec le premier des trois chapitres de ‘Earth’. Un retour à la fusion sur du piano électrique, de la batterie, de la basse, de la guitare, un saxophone dans tous ses états et des claviers pour terminer. La ‘Douce Ivresse’ se joue à la flûte traversière et aux nappes de claviers, un je ne sais quoi de l’Heptade d’Harmonium, juste divin. Le troisième mouvement, ‘You, Us, Them’, se pare de guitare acoustique, de flûte, de piano et de notes graves de synthés dans la continuité de la piste précédente, mais cette fois de nuit.

C’est avec le feu que se poursuit Open Window, une première pièce progressive un peu orientaliste où claviers et guitares mènent la danse. Le second et dernier mouvement du feu est rock expérimental et psyché, un pur bonheur !

Le quatrième et dernier élément est l’air en deux mouvements. Le premier est planant et très cinématique, tout aux claviers de Didier façon Vangelis et le second, très cool également est plus dans un mood hawaïen.

Open Window s’achève par un épilogue de plus de cinq minutes qui revient à la musique impressionniste pour finir façon piano bar.

L’album contient de très beaux passages et d’autres plus classiques. Un instrumental varié entre jazz, prog, classique et atmosphérique joué par des musiciens talentueux qui s’écoute et se réécoute avec bonheur. Vous pouvez le découvrir sur Bandcamp.

verbal delirium – Conundrum

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Verbal Delirium est né au pied du Pirée en 2006. Un quintet de rock progressif dont le quatrième album Conundrum voyait le jour en novembre de l’année dernière.

Je dois cette découverte à Gerlinde Roth, une parfaite inconnue avec qui je partage des goûts musicaux et des amis Facebook.

Outre les cinq musiciens du groupe, chant, basse, claviers, guitares et batterie, Verbal Delirium s’entoure de nombreux artistes avec, sur cet album, un violoniste, un saxophoniste clarinettiste et plusieurs chanteurs. 

Leur musique est d’une grande richesse, mêlant folk, symphonique, metal, rock, progressif, chœurs et si les mélodies sont extrêmement variées, l’album ne part pas pour autant dans toutes les directions.

Verbal Delirium puise ses inspirations chez Queen, The Beatles ou encore Pain of Salvation. Autant dire que leur musique est riche et un petit peu barrée.

L’album Conundrum se décline en huit morceaux pour cinquante minutes avec deux pièces qui dépassent allègrement les neuf minutes : ‘The Watcher’ et ‘Neon Eye Cage’.

Verbal Delirium passe du grandiloquent ‘Falling’ aux influences symphoniques et metal à l’improbable titre album instrumental ‘Conundrum’. Un titre folk dansant digne des excès du rock progressif des seventies.

‘In Pieces’ vous fera songer aux Beatles mais également à Pink Floyd. C’est si bien écrit que je n’y vois aucun plagiat, tout au plus un très bel hommage. Et son final improbable à la Carl Orff s’intègre étonnamment bien dans le morceau.

‘Intruders’ fait beaucoup penser à Queen de part son exubérance, quelques passages vocaux fabuleux et même les guitares.

Mon titre préféré s’intitule ‘Children Of Water’ où le chant de Jorgon fait des étincelles sur une musique assez géniale, proche du Pain Of Salvation période Scarsick. ‘The Watcher’ est également assez barré dans le genre, limite grotesque avec un refrain en total contrepoint avec les couplets qui virent au metal.

Enfin la ballade violon piano de ‘Fall From Grace’ vous emportera tel un ‘Gentlemen’s Excuse Me’ de Fish avec en prime une magnifique section de guitare dans les dernières secondes.

Conundrum n’est pas le genre d’album que j’affectionne particulièrement d’ordinaire. Les trucs un peu barrés, les rythmes dansants et les mélanges ne font pas bon ménage sur mes enceintes. Pourtant j’adore cet album. Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Je vais d’ailleurs explorer leurs autres compositions pour me faire une meilleure idée de ce groupe atypique et talentueux grec.

Lazuli – Onze

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Voici ONZE, le onzième album de Lazuli écrit pendant le COVID-19, vous savez cette mauvaise grippe qui dure et perdure et qui a rendu la moitié de la population mondiale à moitié dingue.

Deux vinyles glissés dans une double pochette émeraude ornée de l’abeille qui rôde abritent onze morceaux auxquels Lazuli ne nous avait pas forcément préparé. 

Si les musiciens restent fidèles au poste et que les mots sont toujours signés par Dominique, quelque chose à changé. La préface, au début du livret, éclaire assez bien sur l’état d’esprit qui a donné naissance à cet album, ‘une mélancolie, un spleen, une grisaille’ pour emprunter les mots de Domi.

Les paroles de ce onzième album véhiculent beaucoup de la dépression de ces mois confinés, oubliant presque les coups de gueule d’une époque pas si lointaine même si ‘La bétaillère‘ n’y va pas avec le dos de la cuillère. La musique, elle, explore de nouveaux horizons plus symphoniques et même pop rock, revenant parfois à des épures acoustique dans le style de ‘Les mots désuets’. Arnaud apporte dans son bagage de nouveaux sons de guitare et certains arrangements rapprochent Lazuli d’un Marillion francophone comme dans ‘Pleureur sous la pluie’.

Ma première impression, passée la frénésie du déballage, est assez mitigée je l’avoue. ONZE se révèle déstabilisant, très différent du fabuleux Dieter Böhm.

Il y a des titres qui font mouche dès la première écoute comme le fabuleux ‘Parlons du temps’ ou encore ‘Sillonner des océans de vinyles’ et ‘Le grand vide’. D’autres sont nettement plus déstabilisants. Je pense à ‘Égoïne’ aux influences trop americana à mon goût pour Lazuli et ‘La bétaillère’ un chouïa too much dans ses arrangements grandiloquents.

Et puis il y a des morceaux qui me laissent insatisfait, ‘Triste Carnaval’ au double récit obscur et au final instrumental pas très convainquant et ‘Pleureur sous la pluie’ qui possède une construction assez improbable et au solo de guitare qui en fait vraiment trop. ‘Les mots désuets’ réduit à une guitare et le chant aurait à la rigueur sa place dans un album acoustique, même si placé avant le bruyant ‘La bétaillère’, nous évite l’indigestion sonore.

Je suis fan de Lazuli depuis la découverte de 4603 Battements il y douze ans. Hélas avec ONZE, je ne retrouve pas le groupe que j’aime tant. L’album s’écoute très bien, certains textes font mouche, mais j’étais habitué à mieux. 

Alors je sais que vous allez me tomber à bras raccourcis dessus, d’ailleurs j’ai hésité à publier cette chronique, en partie par amitié pour les membres de Lazuli que j’adore et pour les coups que je vais me prendre, mais ONZE, le nouveau Lazuli me laisse de marbre. Cela ne m’empêchera pas d’aller les écouter Chez Paulette le 3 juin prochain, car en live, Lazuli c’est toujours magique.

anasazi – cause & consequences

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Vous parler de cause & consequences, le dernier album d’anasazi, est à la fois simple et compliqué. Simple, parce que j’aime beaucoup l’album, compliqué, parce que je suis un fan de la première heure du groupe et que mon nom figure dans les remerciements du CD.

anasazi, en minuscules, qui se prononce anaSSAzi, est un projet né à Grenoble dans l’appartement de Mathieu Madani, disquaire et fan absolu de Dream Theater. A ses côté de nombreux musiciens ont gravités plus ou moins longtemps, Frederic Thevenet, Christophe Blanc-Tailleur, Romain Bouqueau, Jean-Rosset et plus récemment le guitariste Bruno Saget qui joue également dans Croak et Anthony Barruel batteur du groupe Collapse sans parler des artistes invités comme son épouse ou Tristan Klein.

Au fil des années, des influences et des albums, anasazi a flirté avec la pop, le metal et le rock alternatif, mais toujours de manière progressive.

cause & consequences est leur sixième album sans parler des trois EP, un beau palmarès pour un groupe amateur grenoblois. Soixante-trois minutes et huit morceaux, certainement les plus anasaziens de leur discographie. Le virage était déjà amorcé sur ask the dust en 2018 mais cause & consequences enfonce le clou.

Il ne s’agit pas ici d’influences à la Dream Theater comme dans origin’s ou à la Porcupine Tree dans playing ordinary people, il s’agit d’anasazi. cause & consequences est un album à guitares sur la voix éraillée de Mathieu. Les claviers ne sont ici qu’accessoires d’ornementation. Les grattes jouées par Mathieu, Bruno Saget et Tristan Klein sont au cœur de la musique avec la batterie d’Anthony.

L’album sonne clairement plus rock que prog, souvent rageur, torturé, déchiré, écartelé mais avec quelques éclaircies et même des réminiscences de Pink Floyd comme dans ‘space between’ sans parler du titre fleuve qui clôture le disque. Les ritournelles magiques des premiers albums, celles que l’on pouvait fredonner, disparaissent avec cause & consequences et il faudra une ou deux écoutes pour adopter ce nouvel anasazi.

cause & consequences s’écrit à l’envers, libérant la vapeur lentement au lieu de monter en pression. Vous prenez son atmosphère toxique à plein poumons et lorsque ses gaz brûlants et corrosifs commencent à vous asphyxier, un courant d’air tiède vient soulager votre gorge.

‘trapped’ démarre l’album sur une charge de guitares tempérée de rares accalmies à la basse et au chant. Une mise en bouche stoner metal dense et rugueuse que les paroles n’allègent pas, bien au contraire. 

Bienvenue dans l’univers d’anasazi.

‘324’ est plus récitatif même si Mathieu sort de gros riffs entre les couplets sans parler du long instrumental rageur où s’élève un solo de guitare signé Bruno Saget. Dans ‘death is (her) name’, c’est Tristan Klein qui joue du manche. Le titre, porté par une section rythmique très marquée, chemine cependant de plus en plus vers le progressif expérimental. Par contre, oubliez tout espoir, l’album s’enfonce dans la noirceur.

‘exit live’ atteint presque le sommet de ce vol parabolique. Les riffs rageurs sévissent encore mais une guitare électro acoustique s’invite dans la tempête comme l’orgue joué par Tristan. Et puis arrive ‘disheartening’, le titre le plus épuré de cause & consequences où le travail d’Anthony prend sa pleine mesure sur ces premiers couplets percussions, guitares et chant presque parlé.

‘into the void’ est doucement rattrapé par la pesanteur après un semblant de légèreté dans les premiers instants. Mais le calme floydien renaît avec ‘space between’ au sublime solo de guitare signé Tristan.

Un de mes morceaux préférés avec ‘disheartening’ et ‘the mourning’, la pièce progressive de l’album avec ses treize minutes aux multiples rebondissements qui relie tous les morceaux de cause & consequences.

anasazi est de retour, plus guitares que jamais, torturé et magistral. Il faudra sans doute consentir un effort pour rentrer dedans, ici pas d’easy listening au programme, alors poussez le son, revenez-y plusieurs fois, toujours d’une traite et vous réussirez à apprivoiser cette créature fantastique que vous pouvez écouter sur Bandcamp.

Adarsh Arjun – Aches And Echoes

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Vous connaissez probablement le guitariste australien Plini et ses guitares Strandberg. J’ai trouvé son alter égo indien, un certain Adarsh Arjun. Un artiste qui joue également dans le groupe de métal indien Agnostic et dans un genre plus traditionnel dans le morceau Hridaya.

Après avoir publié plusieurs singles sur Bandcamp depuis 2021, il arrive avec un premier album Aches And Echoes. Le disque se compose de dix pièces instrumentales de deux à cinq minutes où le musicien joue de tous les instruments.

Comme Plini, Adarsh joue principalement de guitares, usant de djent et de metal progressif sur des sonorités très lumineuses. Sa musique intègre également des éléments traditionnels, tout particulièrement dans le dernier morceau intitulé ‘Triade’.

Mais contrairement à Plini, il ne semble pas affectionner particulièrement les guitares Strandberg et si le titre ‘Hide N Seek’ ressemble beaucoup aux compositions de son modèle, le reste de l’album est assez différent.

Certaines pièces manquent de développement. Un thème à peine esquissé qui s’achève en fading out. Rassurez-vous, d’autres comme ‘Existential Mysery’ sont nettement plus riches en rebondissements.

Je n’ai pas l’impression qu’il y ait besoin d’être un fondu du manche et des six cordes pour apprécier Aches And Echoes. Batterie et claviers y occupent suffisamment d’espace pour séduire un très large auditoire, d’autant que la fibre métal de cet album est assez lache.

‘I Can’t Breathe’ est une des pièces qui tabasse le plus, usant de gros riffs, djent et motifs orientaux. Le titre joue de grands écarts entre metal rageur et danses colorées. A l’opposé, il y a ‘Existential Mysery’, qui tout particulièrement au début, livre de sublimes atmosphères planantes.

D’ordinaire les albums instrumentaux passent rapidement au second plan car je ne suis ni guitariste ni musicien. J’écoute pourtant Aches And Echoes en boucle depuis peu, pas en musique de fond, mais bien attentif à chaque note. Peut-être est-ce parce que j’ai l’impression qu’ici les guitares d’Adarsh chantent au lieu de plaquer des accords et des riffs. Des guitares qui tissent des mélodies dansantes comme des rayons de soleil au travers des feuilles, une musique lumineuse et colorée qui réchauffe au genre musical plutôt sombre d’ordinaire. 

Aches And Echoes est ma première sortie de l’année 2023 et je ne vous cache pas qu’il rentre de ce pas dans mon top de l’année, même si j’attends encore une fois beaucoup de merveilles comme anasazi et Klone.

Kite Parade – The Way Home

Derrière le nom Kite Parade se cache le guitariste et chanteur Andy Foster inconnu jusqu’au jour où Pete Jones en a fait la promotion lors d’un Bandcamp friday. Je serai certainement passé à côté de l’album The Way Home sans le message de Pete et cela aurait été vraiment dommage. Donc merci Pete.

Kite Parade donne dans la pop rock progressive à la manière de It Bites ou de The Urbane si vous connaissez. Des titres qui ne prennent pas la tête et qui rappellent certains titres de John Mitchell ou de Lifesigns.

Chant, basse et guitares sont à l’honneur avec de temps en temps du saxophone et des claviers, tous joués par Andy. Pour la batterie, c’est Nick D’Virgilio et Joe Crabtree qui s’y collent.

Un projet solo furieusement accrocheur.

Les sept titres de l’album vont du très long ‘Stranded’ et son quasi quart d’heure au plus raisonnable ‘Going Under’ qui atteint presque les quatre minutes trente tout de même.

Le prog élitiste ne trouvera probablement pas son content dans The Way Home. L’album ressemble en effet à pas mal d’autres formations, ne cherchant pas la démonstration et s’acoquinant souvent avec la pop. C’est justement ce qui fait son charme, une évidente fraîcheur qui cache pourtant des formes progressives assez élaborées.

La voix d’Andy comme son jeu à la guitare contribuent beaucoup au plaisir de cet album. Un chant médium clair qui possède un peu le phrasé de John Mitchell mais avec un timbre plus agréable.  Sa technique de guitare très variée à l’acoustique comme à l’électrique complète d’agréables mélodies. Les claviers sont plus plan plan, souvent neo-prog eighties inspirés de Tony Banks ou John Beck sorti de ‘Sufer No Longer’ qui nous livre du piano et de l’orgue.

‘Stranded’ juxtapose  cinématique, blues, jazz et neo-prog, rappelant un peu Gary Moore ou Kino. Un titre à tiroirs d’une quinzaine de minutes qui tient merveilleusement bien la route, prouvant si besoin était que Andy est très à l’aise avec la forme longue. ‘Strip The Walls’ et ‘Going Under’, au milieu de morceaux pop rock progressifs, imposent un ton plus musclé. Le premier ‘Ship The Walls’ est tout particulièrement rock par rapport au reste du disque. 

The Way Home est une très belle découverte. Un album qui pourrait toucher un large public et pas uniquement la sphère vieillissante des progueux à condition de se faire connaître un peu plus. Pour ma part il rentre dans ma petite liste des albums de l’année.

Mystery Chez Paulette

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Si j’ai manqué les concert de Petter Carlsen et celui d’Altesia à Pagney-derrière-Barine, je ne pouvais faire l’impasse sur celui des québécois de Mystery

Le brouillard ne donnait pourtant pas envie de prendre la route mais comme mes indicateurs biologiques étaient au vert, je suis parti me perdre sur les petites route de Meurte-et-Moselle.

Mystery est une formation de rock progressif menée par le fabuleux guitariste Michel Saint-Père et le chanteur charismatique Jean Pageau. Un groupe qui a débuté sur des fondations néo-progressives et qui sur les deux derniers albums vire plus au prog symphonique. 

Ce sont des habitués de Chez Paulette où ils se produisent régulièrement et à chaque fois pour leur unique date française. La dernière fois qu’ils sont passés, c’était en 2018 et je n’étais pas au top de ma forme pour apprécier leur prestation à sa juste mesure.

Comme d’habitude, un concert chez Paulette est l’occasion de retrouvailles avec de vieux amis, les organisateurs de la soirée et des amateurs de rock progressif. Autrefois je discutais avec une poignée de lecteurs du magazine Neoprog, aujourd’hui c’est avec ceux qui suivent les Chroniques en Images. Des retours sympathiques et encourageants qui donnent envie de poursuivre l’aventure.

Je suis venu avec un seul appareil photo, le Nikon Z6 II que je redécouvre en ce moment. J’ai pris deux cailloux, le 24-70 et le 70-200 tous deux ouverts à 2.8 constant et au final je n’utiliserai exclusivement que la longue focale. Des photos plaisir sans contrainte qui me permettent également de profiter pleinement de la musique.

Mystery arrive vers 20h30 dans une salle bien remplie mais pas comble. Il y a toutefois beaucoup plus de monde que pour Petter Carlsen et Tanyc. 

Le groupe va jouer plus de trois heures avec un petit break en milieu de soirée, une sacré performance surtout en fin de tournée européenne.

Outre les grands classiques de leur répertoire comme ‘Delusion Rain’, ils nous jouent un nouveau titre de leur prochain album ‘Behind the Mirror’ qui devrait être dans les bacs en avril 2023.

La bonne humeur est au rendez-vous, les ‘cousins’ ne manquent pas d’humour quand le bassiste explique pourquoi il est assis pour jouer et que le batteur explique à son tour pourquoi lui aussi est sur un tabouret. Jean Pageau chante comme toujours au diapason même s’il a plus de mal avec sa flûte traversière et les soli de guitares sont à tomber par terre.

Ils terminent leur set par deux titres assez rocks dans l’esprit de Rush (ne me demandez pas lesquels) avant de rejoindre les fans dans la salle pour discuter avec eux et signer des autographes. Moi je repars avec un vinyle, la réédition de l’album Beneath The Veil Of Winter’s Face datant de 2007. Autant en profiter lorsque l’on connait les frais de port et de douane lorsque l’on achète quelque chose au Canada.

Mystery a promis de revenir prochainement Chez Paulette, peut-être pour la promotion de leur prochain album qui sait ? En attendant l’association ArpegiA nous prépare pour 2023 un concert de RPWL et également, une grosse grosse surprise, mais ils n’ont pas voulu me dire qui, ça n’est pas encore signé.