Batmobile

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L’an passé, au Champ du Feu, lors d’une soirée d’astronomie organisée par la SAFGA, une grosse camionnette blanche s’était garée sur le parking. Un 25 m3 transportant deux instruments, un télescope de 400 mm et un autre de 600 mm. 

Après avoir ouvert le container, mis en place deux rampes métalliques, détaché l’instrument de ses multiples sangles, accroché le chariot à un treuil électrique, l’équipe avait descendu précautionneusement un miroir de plus de cent kilos sur le bitume.

Plus tard dans la nuit, j’ai glissé un oeil indiscret dans l’oculaire du monstre pour observer le ciel profond. Une merveille ! Je n’avais jamais regardé les étoiles dans un télescope aussi puissant et lumineux.

Les responsables de Obsmobile, c’est ainsi que l’on nomme le véhicule, passant la main, je me suis porté volontaire, comme deux autres membres du club, pour reprendre le matériel en main, c’est à dire conduire le véhicule sur site et installer le télescope. 

Il serait dommage qu’un si bel instrument ne soit pas exploité plus souvent, quitte à partir en haute montagne pour profiter de cieux plus cléments.

Après une journée de formation, sanglage, utilisation du treuil, gestion des accumulateurs, conduite, j’avais mon diplôme de transporteur de télescope. 

Mais une seconde formation, de même durée, allait m’amener, un mois plus tard à mettre le tube de deux mètres de haut en fonctionnement pour les nuits d’observation. Car ce n’est pas le tout de transporter le télescope, il faut savoir le monter et l’utiliser.

Le 25 m3 se déplaçait cette fois jusqu’au travail où nous disposons d’un préau suffisamment haut pour installer l’instrument au sec. 

Après la sortie du miroir, le retrait du chariot (une centaine de kilos à soulever), il fallait installer les montants, le miroir secondaire, effectuer les branchements et colimater l’instrument.

L’air de rien, entre le moment où la camionnette se gare et celui où le télescope devient opérationnel, deux bonnes heures se sont écoulées. Et ceci , à condition d’être au moins à quatre pour l’opération. Autant dire que l’on ne sort pas un 600 mm pour une heure d’observation sur un coup de tête.

Maintenant l’association dispose d’une nouvelle équipe formée et motivée pour faire vivre ce magnifique instrument. Il ne reste plus qu’à attendre des soirées étoilées.

Universe Effects – The Distance

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J’ignore qui m’a tuyauté sur le groupe québécois Universe Effects. Mais, qui qu’il soit, je l’en remercie.

Je suivais sans le savoir le quintet de cousins depuis quelques temps déjà sur Bandcamp quand leur nouvel album The Distance est sorti sans prévenir. J’y ai jeté une oreille intriguée et si je vous en parle aujourd’hui, c’est que leur musique m’a clairement tapé dans l’oreille.

Universe Effects existe depuis 2015 mais n’a composé que trois albums en comptant le dernier.

The Distance, ce sont quatre morceaux pour moins d’une demie heure de metal progressif. Une musique qui emprunte au cinématique symphonique, au djent comme au jazz.

Le timbre de Gabriel Antoine Vallée, le chanteur du groupe, est reconnaissable entre tous. Il surprend tout d’abord, d’autant que le chant est très présent sur l’album et finit par prendre aux tripes. Les claviers de Francis Grégoire sont omniprésents et souvent virtuoses comme dans le premier titre ‘Layers’. Mais les guitares aux solis lumineux de Gabriel Cyr ne sont pas en reste loin de là. Quant à la section rythmique tenue par Alexandre Hudon et Dominic Tapin-Brousseau, elle est la colonne vertébrale de ces compositions protéiformes, s’offrant régulièrement quelques mesures de bravoure.

La pochette de The Distance s’apparente à de l’art graphique. Une photographie hyper contrastée de drone prise à la verticale du bord de mer où le blanc de l’écune tranche avec le roux des rochers, séparé par une bande de sable noir. Une thématique déjà exploitée pour leur single ‘Layers’ sorti au mois de février.

Ce titre, qui débute l’album, donne dans le djent  électro cinématique à la manière d’un Tesseract.  Il fait également songer à un Dream Theater avec ses claviers virtuoses.

‘Waves’ débute de manière nettement plus apaisée entre piano et guitare jazzy et explose après trois minutes pour retomber dans la fusion cent-vingt secondes plus tard un peu dans le style de Sanguine Hum.

‘Flow’ est dans la pure veine d’un metal progressif technique et virtuose qui trouve tout de même le temps de se poser sur les couplets plus calmes. Il s’offre également une courte section instrumentale construite sur plusieurs soli de guitare, clavier et de basse.

‘Release’, le long format de neuf minutes qui conclut trop vite cet album, joue avec la forme symphonique. On est pas loin encore une fois d’un Dream Theater avec son emphase mais dans un traitement nettement plus subtil.

Universe Effects est ma première découverte de l’année. Plus je l’écoute, plus je lui découvre de nouvelles qualités. Je vous le recommande donc et de mon côté, je vais explorer leur deux autres albums de ce pas.

Green washing

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Vous connaissez probablement le terme green washing j’imagine ? En gros c’est lorsque l’on met en place des actions écologiques en communiquant beaucoup dessus, des actions qui ne sont au bout du compte que de la poudre aux yeux.

A ce qu’il paraît Total est très fort à ce jeu là avec 5 milliards d’investissement vert pour 15 milliards de bénéfices sur les énergies fossiles.

J’ai trouvé un exemple de green washing dans mon travail. L’état nous demande de mettre en place des plans de mobilité, ce qui à la base semble une bonne chose. Nous travaillons également avec une société de covoiturage pour que les collègues adoptent ce mode de transport lorsqu’ils viennent en voiture. Là encore, je n’ai pas grand-chose à redire et je ne serai pas donneur de leçons comme certains sur l’écologie. Par contre je ne me sens pas trop concerné avec mon petit vélo.

Mais lorsque j’ai pris rendez-vous avec la société de covoiturage pour étudier les modalités de leur offre, j’ai été soufflé par le discours du commercial, appelons-le ainsi.

Je vous explique :

La communauté urbaine subventionne le covoiturage à hauteur de 150 euros par mois par chauffeur et rend gratuit le transport pour les passagers. L’état verse une prime de 100 euros aux chauffeurs quand ils ont effectués 10 voyages avec des passagers. Encore une fois, c’est une belle incitation financière à covoiturer. 

Là où ça coince, c’est quand le commercial vous dit ceci : vous pouvez utiliser le covoiturage en dehors du travail, pour aller faire vos courses par exemple ou conduire un ami à la gare, voire vous promener à la campagne. Si vous roulez avec quelqu’un, vous covoiturez. 

Vous suivez son raisonnement ? Prenez un déplacement en ville avec votre copine pour aller faire des courses. Inscrivez-vous comme conducteur. Inscrivez votre compagne comme passager. Vous recevrez au moins 1.50 euro pour le trajet et vous validerez un déplacement en vue de la prime. Oui, la communauté urbaine, va vous payer 1.50 euro pour effectuer un trajet en voiture que vous auriez de toute manière fait à deux. En procédant ainsi, vous pouvez cagnotter une centaine d’euros par mois d’après le commercial, de l’argent investi par l’état et votre employeur pour verdir la planète.

Sur le coup je n’ai pas réalisé le cynisme de cette opération. C’est en parlant de la chose avec mon épouse que l’absurdité de chose m’ait apparu dans toute sa splendeur. Ce qui devrait être un geste utile pour l’environnement se transforme en un affreux business qui pompe les caisses de l’état.

Moi je vous le dis. On n’est pas sorti du sable…

Doudoune

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Je ne vais pas souvent au cinéma, c’est peu de le dire. La dernière fois, c’était pour voir Dune, enfin la nouvelle version signée Daniel Villeneuve.

Après un premier volet assez peu respectueux du chef d’oeuvre de Frank Herbert, je redoutais l’arrivée du second opus, surtout après son accueil triomphal au box office. En plus, 2h45 de film c’est au moins cinq pauses pipi garanties, oui il faut que je consulte pour la prostate, mais ce n’est pas le sujet.

J’y suis quand même allé, un peu à reculons, ayant entendu ici ou là que Villeneuve avait pris encore plus de liberté avec le livre, et j’ai été ébloui. Ebloui par le soleil d’Arrakis, la lumière blanche de Geidi Prime, les scènes grandioses, le débat sur le Bénégeserit et sur le destin du messie et le film qui m’a fait oublier ma vessie pendant trois heures.

Le premier volet m’avait bluffé par les images, moins par les acteurs. Pour le second, je n’ai pas trouvé grand-chose à redire. Sting a été avantageusement remplacé, éclipsant même Raban pourtant excellent, la société Fremen ne pouvait être mieux retranscrite et les personnages du premier film ont gagnés en profondeur.

Villeneuve renoue avec la Science-fiction grand spectacle basée sur un des romans les plus solides du genre, autant dire du lourd. Il n’est plus nécessaire d’avoir lu le roman de Frank Herbert pour appréhender l’univers du Dune et rêver avec ses images.

anasazi – shine a light

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Vous ai-je déjà dit que playing ordinary people était mon album préféré du groupe anasazi ? Oui sans nul doute. Il est sorti le 11 avril 2011 et, d’après moi, il possède je ne sais quoi de The Incident de Porcupine Tree, qui lui aussi, est mon album favori de la bande à Wilson.

Pour les vingt ans du groupe, Mathieu, l’homme derrière ce projet, a sorti une version symphonique d’un des plus beaux morceaux de cet album, ‘shine a light’, un titre qui me prend à chaque fois aux tripes lorsque je l’écoute.

Je possède l’album playing ordinary people dans deux éditions, le digipack offert par Matthieu lorsqu’il a signé avec un label la réédition du disque ainsi que le boîtier cristal que j’avais commandé avant sa sortie.

Évidemment, lorsque j’ai entendu la version 2024 de ‘shine a light’, je n’ai pu résister à l’envie de vous en parler. Le morceau, initialement long de neuf minutes, gagne ici soixante quinze secondes, une orchestration symphonique, un solo de guitare signé Tristan Klein. Hélas il a perdu son contrepoint final avec la voix de Delphine Polet.

Ce qui était à l’origine un titre relativement épuré où la voix granuleuse de Mathieu prenait presque tout l’espace, se transforme en une pièce orchestrale cinématique. Un arrangement orchestral que l’on doit à Matthieu Vermorel. Un morceau qui prend le temps de respirer sur un solo de guitare et s’ouvre comme un générique de grande production hollywoodienne. 

Tout commence donc par une ouverture symphonique de plus d’une minute entre grandiloquence et douceur, riche de cuivres, de vents comme de cordes. Cette orchestration se poursuit sur le chant de Mathieu.

Les instruments électriques ne s’invitent sur la partition qu’au bout de quatre minutes, lançant le long solo de guitare de plus de cent trente secondes. Le chant reprend de plus belle sur le refrain en une apothéose symphonique et de chœur.

J’aime beaucoup cette version symphonique de ‘shine a light’ même si la toute première reste ma préférée pour des raisons sentimentales.

Je salue anasazi pour s’être lancé dans cette audacieuse aventure, car passer d’une partition de rock alternatif à celle d’un orchestre philharmonique, même avec des banques de sons, c’est un sacré challenge.

Ça pourrait peut-être donner des idées à Mathieu pour les compositions de son prochain EP, qui sait.

Les deux versions sont sur Bandcamp, qui non, ne sponsorise pas Chroniques en Images contrairement à ce que l’on pourrait imaginer.

Je ne peux que vous encourager à écouter ces merveilles, et si vous ne connaissez pas encore anasazi, ben vous savez ce qu’il vous reste à faire d’autant que Mathieu à mis en ligne les premiers effort du groupe dont the principles of hate avec lequel j’ai découvert leur travail en 2006.

La nuit au Musée

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Quelle étrange sensation que de parcourir les couloirs d’un bâtiment quasi désert la nuit. Les bureaux sont fermés, les lumières éteintes, seul le ronronnement de la climatisation vient briser le silence accompagné du glougloutement des radiateurs mal purgés. 

Les collègues se sont couchés dans les chambres de veille, je suis le seul éveillé dans deux mille mètres carrés quasi déserts chauffés à plus de vingt-cinq degrés Celsius. Depuis trois jours, le bâtiment est comme l’enveloppe d’une montgolfière gonflée d’air chaud fuyant de toute parts dans la nuit froide.

Dehors, un drôle d’oiseau vole au-dessus des toits, descendant au niveau des fenêtres pour espionner ce qui se passe dans les bureaux déserts. Ses lumières rouges et vertes clignotent alternativement dans un doux froufrou. Parfois il s’immobilise dans le ciel puis plonge soudain vers le sol.

Dans les couloirs silencieux, un technicien déambule dans le noir pour prendre la température de chaque pièce et la reporter scrupuleusement sur un plan : 20.5 , 22.3, 25.7 degrés. Dehors le drone vrombit toujours devant les baies vitrées, refait plusieurs passes, une photo par seconde de chaque façade. Sur les clichés infrarouges, les ponts thermiques s’illuminent.

Il est quatre heures du matin, la caféine qui coule dans mes veines ne semble plus faire d’effet. Voilà plus de vingt heures que je suis debout. Le drone est parti avec son pilote. Je suis de nouveau tout seul. Mes collègues dorment encore. J’éteins les éclairages extérieurs, baisse la température de la chaudière, règle tous les thermostats sur des valeurs plus raisonnables, éteints les lumières et ferme les bureaux. 

Je rentre à la maison où il fait nettement moins chaud me glisser sous la couette. Aujourd’hui je resterai au lit.

The Pineapple Thief de retour à La Laiterie

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Après une nuit blanche au travail, une sortie astronomique avortée et une réunion éco responsable tardive, je suis allé écouter The Pineapple Thief en fin de semaine à La Laiterie. Et comme j’y suis allé avec des personnes peu fréquentables, tout à commencé au Cul Terreux encore une fois.

Après une bière et quelques amuses bouche typiquement alsaciens, nous avons marché jusqu’à la salle de concert où nous attendait une très longue file d’attente. La Laiterie serait quasiment remplie.

En première partie, un chevelu seul avec sa guitare et ses loops chantait d’une voix haut perchée des trucs pas vraiment transcendants. Le gars en question, c’était Randy Mcstine qui jouait autrefois avec Porcupine Tree. Encore une fois, le groupe à Bruce Soord rassemblait des membres éparpillés de la bande à Wilson. Le bon côté c’est que Randy ne va pas cette fois éclipser la prestation de The Pineapple Thief.

Vers 21h, alors que nous sommes tassés sur les gradins, le groupe arrive et attaque directement avec leur dernier album It Leads To This pour mon plus grand bonheur. Ils vont le jouer dans son intégralité, intercalant des titres plus anciens dont un album de 2016.

Autant la dernière fois qu’ils jouaient à La Laiterie je les trouvais fatigués et la salle trop grande pour leur prestation, autant cette fois, ils sont en forme et occupent vraiment bien la scène. Entre jeux de lumières, alternance de douceur et d’énergie, leur set est dynamique et forcément trop bref. Le public répond présent et Bruce tente quelques mots en français pour nous parler. C’est la troisième fois qu’ils jouent à la Laiterie et c’est la cinquième fois que je les vois en live après deux concerts à Karlsruhe. 

Et de ces cinq dates, il s’agit de leur meilleur performance sans aucun doute. Bref j’ai adoré. 

J’ai souvent fermé les yeux pour me concentrer sur la batterie de Gavin Harrison qui joue souvent, mine de rien,  une rythmique dans la rythmique. J’ai aussi dégusté les couleurs des multiples guitares de Bruce Soord qui change sans cesse d’instrument, même au cours des morceaux. Je me demande combien de grattes il trimbale dans son tour bus.

Il y aura tout de même des petits bémols à ce fabuleux concert : au début de la prestation de The Pineapple Thief une voix GPS annoncera qu’il est interdit de filmer,.. Quoi, Bruce Soord nous fait  une crise à la Steven Wilson ? Le guitariste qui chante de temps en temps est toujours à un peu à côté du diapason, rien de grave mais ça a tendance parfois à me déconcentrer. Et beaucoup plus grave, ils n’avaient plus d’exemplaires vinyles de It Leads To This a stand de merch, j’ai dû me rabattre sur une édition hors de prix de Luminescence pour me rattraper…

Après le concert je suis tombé sur quelques amis qui d’ordinaire hantent les concerts de Chez Paulette, salle fermée pour une durée indéterminée hélas. J’ai également rencontré deux lecteurs réguliers du blog que je salue au passage ici, merci pour vos encouragements et votre fidélité. Une épouse jalouse m’a affirmé que ma trombine passait trop souvent sur le petit écran de leur domicile conjugal, encore désolé Pierette, et bisous !

Ce fut un concert exceptionnel et malgré la fatigue accumulée au cours de la semaine. Merci M. Soord.

Steve Hackett – The Circus and the Nightwhale

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Des fois j’adore Steve Hacket, des fois je le boude un peu. Disons que sa carrière est inégale comme mon humeur. Mon dernier coup de cœur s’intitulait Under A Mediterranean Sky. Les extraits de son nouvel album The Circus And The Nightwhale faisaient pencher mon avis du mauvais côté. Mais comme Inside Out publie son catalogue maintenant sur Bandcamp, je l’ai fait tourner dans le salon avant de l’acheter pour être sûr, et après cette écoute, je l’ai immédiatement commandé en vinyle et numérique pour faire bonne mesure.

Avec treize morceaux pour trois quart d’heure de musique, je le trouve finalement trop court. En fait, non, il possède la durée parfaite pour être écouté sur un tourne disque. Retourner un vinyle passe encore, changer de galette pour écouter la suite de l’album, non.

Steve donne dans le prog symphonique mariné de steampunk, de world music, de blues et d’atmosphères désuètes sur des guitares toujours plus époustouflantes et au final assez peu de chant.

Steve raconte dans The Circus And The Nightwale l’histoire de Travla, allusion probable au voyageur (traveler) plutôt que travelo j’imagine. Un garçon qui naît dans les ruines enfumées de l’après-guerre, qui se découvre une passion pour la guitare, connaît la gloire et en oublie l’essence même de la musique avant de retrouver sa passion intacte, en partie grâce à l’amour. Un récit romancé qui ressemble beaucoup à la vie de l’artiste, de Genesis jusqu’à sa carrière solo.

‘People of the Smoke’ entre bruitages, extraits sonores et cris de nourrisson démarre l’album avec la naissance de Travla, le personnage de notre histoire. Le titre, centré sur la guitare de Steve et les harmonies vocales, avec ses interruptions et son atmosphère steampunk Bouglione est écrit comme une ouverture d’opéra, reprenant les thèmes qui seront développés dans les morceaux suivants.  S’il m’avait déstabilisé à la première écoute, c’est maintenant une de mes pièces préférées de l’album.

Écoute après écoute, ‘Taking You Down’ me semble toujours un peu étrange, peut-être à cause de la voix de de Nad Sylvan. Un titre très rock avec un solo de saxophone et un chant qui tranche beaucoup avec le reste de l’album sans parler de ce son de guitare plein de reverb qui revient sans cesse.

Et est-ce mon oreille qui me joue des tours ? Les premières mesures de ‘Enter The Ring’ me rappellent furieusement les atmosphères du groupe Genesis des seventies où alors est-ce parce que je confonds parfois le personnage au guitariste du groupe de l’époque ?

Je vais encore parler de ‘Circo Inferno’ ou Steve emprunte à la musique orientale pour raconter avec des notes plus qu’avec des mots la spirale infernale dans laquelle Travla se trouve piégé.

Je ne peux pas parler ici de tous les morceaux sinon nous y serions encore demain. Mais je vais encore m’attarder sur un petit dernier :

Steve conclut l’album avec ‘White Dove’, une douceur acoustique mandoline et guitare dont il a le secret et qui n’est pas sans rappeler Bay Of Kings ou son dernier album instrumental Under A Mediterranean Sky.

Je pense que Steve Hackett tient ici son chef d’œuvre, un album qui résume une immense carrière en nous racontant son histoire tout en se réinventant. Il a de très bonnes chances de s’asseoir sur la première marche du podium 2024.

Le Maître du Haut Château

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Les allemands ont gagné la seconde guerre mondiale. Ils se partagent les États Unis d’Amérique avec les japonais. A l’ouest les nippons, à l’est les nazis, entre les deux, une zone de non droit.

Telle est l’uchronie développée dans le roman de Philipp K. Dick et mise en images dans la série TV du même nom.

Je n’ai pas lu le roman de Dick mais ça ne saurait tarder, sans doute parce que je ne suis généralement pas amateur d’uchronies. Par contre, j’ai regardé la série, et il s’agit d’une des meilleures que j’ai vu depuis longtemps.

Visuellement on se retrouve immergé dans l’Amérique de 1960 avec des drapeaux nazis flottant aux fenêtres, des uniformes SS dans la rue, un Concorde reliant New-York à Berlin, Los Angeles sous la bannière du soleil levant et le prince héritier en visite officielle.

Ensuite, il y a cette histoire de pellicules, des films qui circulent sous le manteau, et pour lesquelles des résistants semblent prêt à sacrifier leur vie. Des films qui sont à eux seuls une uchronie dans l’uchronie. Oui, bienvenue dans la tête de l’auteur de Blade Runner…

Et puis il y a ces excellents acteurs qui portent l’histoire au bout de leur talent, un officier SS, une jeune femme, un espion nazi, un ministre du commerce japonais, des résistants, tous plus crédibles les uns que les autres, complexes, humains.

Je ne vous parle pas de la fin évidemment, c’est du grand Philipp K. Dick (pensez au director’s cut de Blade Runner). Une excellente série à regarder absolument si ce n’est déjà fait.

85 mm

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Le 85 mm ouvert à 1.8 est ma plus belle machine à fabriquer des portraits. Sauf que je m’en sers rarement. D’abord parce que je suis trop timide pour aborder les gens (si, si), ensuite parce que c’est un objectif à monture F, enfin parce que je travaille le plus souvent au zoom pour des raisons de confort. Car avec une focale fixe il faut bouger sans cesse, se placer au bon endroit et penser son cadrage. Mais c’est également un excellent exercice.

Alors pour le Carnaval vénitien de Rosheim où je me rends chaque année, j’ai décidé cette fois de ne travailler qu’avec cette optique, histoire d’ajouter un challenge et aussi pour voyager très léger.

Arrivé un peu avant le rush samedi après-midi, j’ai commencé à shooter les personnes masquées, reculant ou avançant pour mieux les recadrer. En ouvrant à 1.8 le plus souvent mon arrière plan , même proche était très dilué, ce qui était recherché car les spectateurs m’intéressaient moins que les costumes. Second avantage, ma vitesse d’obturation est restée très élevée (1/500s) sans pour autant monter en ISO, donc aucun risque de bouger et très peu de réglages à faire. J’étais juste concentré sur le sujet et le cadrage. Je retrouvais avec plaisir les sensations de cette fabuleuse optique que j’ai depuis déjà huit ans et que j’utilise trop peu.

Une heure après mon arrivée, les alsaciens étaient sortis de table et la grande rue de Rosheim entre les deux portes d’enceinte était bondée. Il devenait beaucoup plus difficile de dégager un champ pour photographier. La focale fixe trouvait ses limites. C’est là que je suis tombé sur les vieux du club photo. On a joué a qui possède la plus grosse (fatalement j’ai perdu), par contre lorsque que l’on a comparé les ouvertures, j’ai gagné. Mais un 85mm oblige à s’éloigner du sujet contrairement à un 24-70 et ses son ouverture 2.8 au plus près donne finalement le même flou d’arrière plan qu’un 1.8 focalisant plus loin. Par contre, question lumière, j’explosais tout le monde.