Urgences

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Je suis devenu un abonné des urgences. Il faut dire qu’à la maison, mon entourage ne plaisante plus avec mes petits soucis de santé depuis une certaine fracture du rein.

Samedi, jour de migraine, je suis allé à vélo au Gros Malin, chercher une mallette pour ranger mon matériel d’astronomie, car si vous ne l’aviez pas remarqué, le ciel est enfin clair et je peux à nouveau sortir le télescope. Et vu que je comptais monter au Champ du Feu pour quelques observations, il fallait que j’optimise le rangement des oculaires, de la raquette, de la batterie et des câbles. Une mallette rigide et un peu de mousse remplacerait avantageusement mes deux cartons actuels.

J’ai trouvé mon bonheur chez la grande enseigne et suis rentré direction la maison, avec dans une main la mallette, dans l’autre le guidon. Oui, je suis con, je l’avoue mais j’avais mal anticipé la chose. Les migraines n’aident pas beaucoup à être lucide. 

Évidemment, il y avait un piéton zigzagant sur la piste cyclable, un piéton regardant son téléphone tout en écoutant de la musique au casque.

J’ai voulu me signaler. La sonnette étant à gauche comme la mallette, ma tentative pour l’avertir s’est achevée à plat ventre sur le goudron. Ouille ! Jean déchiré, bobos à la main gauche, mallette cabossée, coude et genoux éraflés et une sourde douleur dans les côtes, je suis arrivé dans un état assez pitoyable à la maison. 

Oui, parce que personne ne s’est vraiment préoccupé de me savoir à terre, le piéton ne s’est même pas retourné malgré ma gueulante, les voitures sont passées dans une totale indifférence.

C’est à table que mon fils m’a fait comprendre, qu’avec mes lourds antécédents, je devrais aller aux urgences. Oui c’est comme ça que j’ai failli mourir il y a six ans d’une hémorragie interne au rein. Bref.

Alors, malgré la journée ensoleillée, je suis allé aux urgences, surtout pour le rassurer en fait. 

Et si vous ne le saviez pas encore, les services urgentistes sont totalement débordés. Les gens viennent pour un mal de tête, des écorchures au coude et au genoux, un œil en moins, un couteau planté dans la main, une balle de la tête ou un diarrhée après un repas au kebab du coin.

Ce samedi là c’était un festival mais j’ai connu pire. Au bout d’une heure, j’ai été pris en charge par un sympathique infirmier débordé qui s’est soucié de mes égratignures, un peu moins de mes côtes et pas du tout d’une éventuelle fracture du rein. Après quelques prises de constantes il m’a renvoyé en salle d’attente pour voir le médecin. 

Une autre heure plus tard, un vénérable vieillard, a invité plusieurs personnes amochées, dont moi même à le suivre. Nous étions redirigé vers SOS médecin, plus vers les urgences.

Une autre heure plus tard, le vieil homme qui n’était que le médecin, sans doute retraité (il aurait pu être mon père), m’a enfin ausculté. Cette fois il a regardé les côtes douloureuses, écouté mes poumons, palpé le rein et vérifié que mes membres étaient encore dans le bon sens. Il m’a gentiment proposé de faire des radios, de poser des bandages et m’a recommandé de revenir si je pissais rouge puis m’a laissé repartir. 

Oui, lorsque l’on pisse rouge, c’est très mauvais signe pour le rein. Je le sais, j’ai surveillé ça pendant des mois après mon précédent accident.

J’aurais bien aimé une analyse d’urine comme celle qui m’a probablement sauvé la vie il y a six ans. Car dès l’instant où ils avaient trouvé des traces de sang dans mon précieux liquide doré, j’avais été allongé et immobilisé avec interdiction de bouger avant de passer un scanner puis un IRM et d’être placé en soins intensifs.

Le tout, c’était de passer la nuit sans nouvelle complication. Si vous voyez plus d’articles publiés sur ce blog après celui-ci, c’est que je pisse rouge.

Kite Parade – Retro

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Vous souvenez-vous de Kite Parade ? Je vous en avais parlé l’an passé avec son premier album The Way Home.

Andy Foster est de retour avec Retro, accompagné de nombreux artistes comme Nick D’Virgilio, Joe Crabtree ou Steve Thorne. Un album six titres de cinquante minutes dont un long format final d’un quart d’heure.

La pochette, aux couleurs vintages, présente une pièce bleue dans laquelle trone un mannequin de couture en robe rouge au visage de femme près duquel une pile de vinyles est posée sur une chaise d’un autre temps. Un décor où les murs déformés rejoignent les portes et les plafonds ornés d’étranges tableaux rouges.

L’album aborde des thèmes de société comme la surconsommation, les choix qui guident notre existence ou le libre arbitre sur des morceaux à guitares dans lesquels se glissent des bruitages et des voix enregistrées.

La longueur des morceaux comme l’écriture d’Andy ou le choix des artistes présents sur ce second opus prouvent, s’il était besoin, le virage progressif qu’à pris Andy et j’avance peut-être ici, mais je pense que personne ne s’en plaindra.

On perd sans doute un peu de spontanéité là où on gagne en complexité musicale. Du coup, Retro se rapproche un peu plus de It Bites, Lonely Robot et de Frost.

‘Shadows Fall’ fait un peu exception à la règle. Le titre de neuf minutes s’ouvre de manière acoustique après des cloches d’église et s’embarque ensuite sur un long solo de saxophone.

‘Merry-Go-Round’ qui clôture l’album en un quart d’heure est dans la plus pure tradition progressive. Il s’ouvre sur une section instrumentale à la guitare de plus de deux minutes avant d’attaquer le premier couplet. A mi-chemin, le thème du début revient sur une voix enregistrée façon commentaire politique avant de repartir de plus belle dans le prog.

Kite Parade perd en originalité et en fraîcheur avec Retro mais va clairement toucher un public plus progressif en s’éloignant de la pop. Pour ma part, il est encore trop tôt pour déterminer lequel de Retro ou de The Way Home aura ma préférence. Les albums sont assez différents mais tous deux excellents. Alors allez les découvrir sur Bandcamp et plus si affinités bien entendu.

Photo club

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Depuis peu de temps je suis dans un club photo, histoire de me lancer de nouveaux challenges et occuper mes soirées célibataires. Ça tombe le soir des sorties Apple TV ce qui est carrément cruel, surtout avec un nouvel épisode de Silo chaque vendredi soir. Mais bon ce n’est que tous les quinze jours. 

La moyenne d’âge est disons, nettement plus élevée que moi et le public est assez varié, des fous du boîtier aux usagers du smartphone. Le niveau est également en conséquence, les pros du RAW comme les adeptes des filtres Instagram.

Le programme de chaque réunion est toujours un peu le même : 

Préparation de la prochaine d’exposition (j’ai dû acheter cinq cadres 40×50 pour celle de novembre), l’idée étant d’exposer une série d’images sur un thème donné, je vais proposer les concerts de rock fatalement et Pompéi.

Challenge photo de la quinzaine avec un thème, vert et rouge, la pierre, les transports. Là je recycle d’anciennes images en fonction du sujet, l’occasion souvent de re développer mon travail avec un oeil différent.

Le cliché du mois, là pas de sujet imposé, juste une photo prise pendant le mois écoulé, là aussi, j’ai toujours un peu de stock, j’en choisis une qui me parle particulièrement. Et pour mon premier mois, c’est ma photo qui a remporté le plus de suffrages, yes !

Le challenge trimestriel, cette fous le thème est à moitié et la photo doit avoir été réalisée pendant le trimestre. J’avoue que j’ai du mal à m’imposer un sujet. J’ai quand même bossé en studio sur une image sans succès et puis je me suis rabattu sur une photo de flaque ou se reflète la moitié d’une bicyclette, bof.

La critique croisée de deux images par leurs auteurs respectifs, un exercice de dialectique photo sur lequel je be me sens pas à l’aise, je ne connais guère les cannons de la photographie, les écoles, les grands photographes et critiquer l’image d’un autre le semble complexe. Mais cette semaine, c’est moi qui m’y colle. J’ai proposé une image de rue que j’aime particulièrement, prise pendant le Festigays à Strasbourg.

Parfois un intervenant vient présenter un sujet comme la dernière fois sur l’astro photographie où j’ai eu la honte de ma vie.

Par contre, on ne parle pas matériel, technique, ni développement, sauf en off entre membres, et les sorties comme celle du Carnaval de Rosheim sont rares. J’ai bien des idées, d’ateliers photo, de sorties, mais je vais attendre un peu avant de proposer des choses, il ne faudrait pas bousculer les habitudes de tous ces retraités.

Extrapolations

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Voici enfin une série Apple qui aborde le thème du réchauffement climatique et ses conséquences. Huit épisodes, qui se déroulent de 2037 à 2070 et pendant lesquels nous suivons des personnages confrontés à la plus grande catastrophe qui menace notre civilisation. 

Au début de chacun des épisodes, une année et un graphique affichent l’évolution du taux de CO2 dans l’atmosphère, de la population mondiale, l’augmentation de température moyenne, le nombre de réfugiés…

Parce que oui, ne nous mentons pas, les choses ne s’améliorent vraiment pas.

Dans Extrapolations, les scénaristes racontent les conséquences du réchauffement climatique : extinction des espèces, montée du niveau de la mer, migrants climatiques, embolie thermique, nouvelles pathologies, tentatives désespérées de modifier l’atmosphère terrestre pour résister.

Ce n’est cependant pas une série catastrophe. Elle nous montre des personnes vivant au quotidien, affrontant les humeurs du climat, gérant les alertes, assistant impuissants à la disparition des derniers mammifères marins.

Au fil des épisodes plusieurs thèmes sont évoqués comme l’extinction des espèces, la reconstruction génétique, la monté des océans et le sauvetage de ce qui peut l’être dans certaines villes côtières, le génie climatique, les maladies nées du réchauffement, ceux qui choisissent de quitter le monde devenu invivable pour une réalité virtuelle et enfin, l’écocide, un jugement pour crime contre la planète.

La série est intelligente et ne donne pas vraiment de leçon, elle imagine les prochaines années de notre planète et la manière dont nous pourrions survivre et sincèrement, ça ne fait pas envie. Mais ça, vous auriez pu vous en douter… Il suffit de lire le dernier rapport de GIEC ou de participer à la consultation l’état pour préparer à un réchauffement à +4 degrés.

Omnerod – Arteries

Devinez qui m’a fait découvrir le groupe Omnerod ? Oui, c’est encore lui… Mi avril, il nous présentait, en avance de phase, leur dernier album The Amensal Rise que j’ai acheté depuis. Et ce que j’en ai lu et entendu m’a donné furieusement envie d’en écouter plus. Mais voilà, l’album n’étant pas encore sorti, j’ai dû me rabattre sur leur précédente production, Arteries sortie en 2019.

Omnerod est une formation belge de death post métal progressif qui existe depuis 2014 avec trois disques à leur actif.

Dans Arteries, vous allez entendre du chant clair, du growl, du djent, du post métal, de la guitare acoustique et une écriture complexe, riche, voire alambiquée qui les propulse dans les sphères progressives malgré certains aspects brutaux de leur musique. L’album dure soixante neuf minutes pour huit morceaux dont un qui approche du quart d’heure. Les deux plus courts sont des instrumentaux, ‘Lines’ qui ouvre l’album et ‘Newt’ placé en troisième position.

Omnerod se rapproche de bien des manières d’un Haken, d’un Devin Townsend ou d’un Wilderun. En effet, chaque morceau apporte sa dose de surprises et il est impossible d’écouter l’album sans s’immerger totalement dedans sauf à être vacciné avec plusieurs doses de Ziltoïd.

Bon, pour être tout à fait honnête avec vous, Omnerod, ça pique un peu parfois. Par exemple, l’avant dernier titre ‘Far from the Tree’ ne fait pas vraiment dans la dentelle. C’est de la charge lourde de guitares, basses et batterie sur du growl d’outre tombe avec quelques fioritures électroniques. Et ça dure quand même sept minutes !

À côté de cela, il y a des titres fleuves comme le dernier morceau ‘Sleep’, long de quatorze minutes. Quatre longs formats à la sauce progressive qui dépassent les neufs minutes. Des pièces riches en rebondissements, bruitages en tout genre, changements de rythme, de chant, alternant métal et acoustique, bref de quoi remplir l’espace sans donner l’impression de se répéter une seule fois.

Le second titre ‘Guide Them’, par exemple, fort de presque dix minutes, alterne chant clair fragile, solo de basse, growl démoniaque, chœurs épiques, charges de métal, chant façon années folles et farandoles de guitares sans parler de quelques touches acoustiques.

Cela fait beaucoup à écouter pour seulement deux oreilles et pourtant ça passe comme une lettre à la Poste et on en redemande.

Je pourrais vous parler de la musique Bouglione de ‘Newt’, du génial refrain de ‘Ascaris’, de la guitare électro acoustique en mineur de ‘Nothing Was Vain’ mais je pense que le mieux, c’est que vous écoutiez l’album sur Bandcamp.

Aucune terre n’est promise

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Avez-vous déjà visité la Palestina ? Non ? Normal. C’est un territoire où le peuple juif s’est installé en Afrique Centrale avant la monté en puissance du nazisme.

Uchronie, univers parallèles, Aucune terre n’est promise est un roman étrange, décrivant les tensions géopolitiques induites par l’exode du peuple juif, dans le monde que nous connaissons aujourd’hui, où Hitler a provoqué l’holocauste, comme dans des univers parallèles qui ont connu des destins très différents.

Tout commence par le voyage d’un berlinois dans son pays natal, la Palestina. Un retour au pays pour voir son père, le général Tirosh, qui est mourant. Mais à peine le pied posé sur le tarmac, les choses dérapent et le roman bascule dans un thriller d’espionnage avant de virer au fantastique.

Un vieil ami meurt empoisonné après avoir supplié Tirosh de retrouver sa nièce Déborah qui a mystérieusement disparu. Entre souvenirs de son enfance en Palestina, arrestations, rencontres littéraires, enquêtes et sauts dans des réalités parallèles, le roman nous égare peu à peu dans l’univers de l’auteur.

Il y a du Philip K. Dick dans l’écriture de Lavie Tidhar et ce n’est pas forcément un compliment de ma part. Les histoires qui partent totalement en vrille dans d’autres réalités non explicitement nommées ont tendance à perdre le lecteur et rendre le roman très confus. Pour couronner le tout, l’auteur y mêle probablement ses propres traumas, comme la perte d’un enfant, un divorce, les conflits avec son père, complexifiant une intrigue déjà très chargée.

Cerise sur le gâteau, le roman fait référence à lui même. L’auteur parle d’un obscur écrivain de SF, Lior Tirosh, qui aurait écrit un livre intitulé Aucune terre n’est promise.

Dire que j’ai apprécié le roman serait exagéré. Il a eu au moins le mérite de m’intriguer.

Le manque de réflexes

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45 millions de pixels et 20 images par seconde tout ça dans 910 grammes de technologie, Nikon vient de dégainer le Z 8.J’attendais un Z 6 sur vitaminé, Nikon a sorti un Z 9 allégé. Évidemment, ce n’est pas le même budget, car à 4599 euros, il y a de quoi rebuter plus d’un photographe amateur.

Le Z 8 est l’alter ego hybride du reflex D 850. Un boîtier robuste, dédié aux amateurs exigeants comme aux professionnels, qui sur le papier, se classe parmi les hybrides les plus performants.

L’annonce tombait le 10 mai même si nous savions déjà à quoi nous attendre. Le soir même les premières présentations fleurissaient sur YouTube et dans la presse.

Mais à ce prix là, pourquoi ne pas aller jusqu’au bout de la folie et commander un Z 9, après tout, le haut de gamme n’est que 1500 euros plus cher.
Oui mais. Je vous ai déjà parlé de voyager et 400 grammes de moins, c’est toujours ça de gagné.

Le truc que j’attendais, c’était la présence d’un rideau de protection du capteur comme sur son grand frère, car Kase filter ou pas, l’encrassement du Z 6 est un véritable problème pour moi qui change régulièrement d’objectif sur le terrain.

Le Z 8 traine le même défaut que le Z 9, un pré focus en JPG au lieu du RAW contrairement à la concurrence. On espère toujours qu’une mise à jour viendra corriger ce gros défaut, car la fonctionnalité intéresse grandement les photographes animaliers ou de sport mais j’ai peur que ce soit une contrainte matérielle qui impose ça.

L’autonomie pourrait être un autre problème. Avec un tel processeur, il risque d’être plus gourmand que le Z6. Du coup le grip s’impose et la question de passer au gros monobloc du Z 9 se pose à nouveau.

Après 24h de réflexion, j’ai décidé de me lancer dans le pré commande du Z 8. D’ici la fin du mois, si tout va bien, je pourrai faire mes premières armes avec l’engin. Et comme je ne collectionne pas les boîtiers, je vais essayer de revendre le D 810 avec le seul objectif qui n’est pas compatible avec la bague FTZ, un zoom 24-85 qui possède un mode macro. Cela va alléger la facture.

  • Monture d’objectif : Z
  • Capteur d’image : FX, CMOS, 35.9 mm x 23.9 mm
  • Nombre total de pixels : 52.37 million
  • Système anti-poussière : Image sensor cleaning, Image Dust Off reference data (requires NX Studio)
  • Pixels effectifs : 45.7 million
  • Formats de fichiers : NEF, JPEG, HEIF
  • Supports d’enregistrement : CFexpress (Type B) ,  XQD ,  SD ,  SDHC (UHS-II compliant) ,  SDXC (UHS-II compliant)
  • Double logement pour cartes
  • Obturateur : Electronic shutter with shutter sound and sensor shield
  • Vitesse d’obturation : 1/32000 à 30 s, bulb, time
  • Modes d’exposition
  • Sensibilité : ISO 64 to 25600 
  • Zone de mise au point : 493

Aisles – Beyond Drama

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Je vais vous parler d’un très sérieux candidat à l’album de l’année, ils ne sont pas si nombreux en fait.

Aisles est un groupe chilien d’art rock progressif qui m’avait ébloui, n’ayons pas peur des mots, en 2016 avec leur concept album Hawaï.  Si j’avais bien aimé 4:45 am en 2013, Hawaï constitue un vrai virage dans leur carrière en proposant un univers sonore original sans parler de l’histoire.

Et puis les chiliens ont changé de chanteur et pour tout vous dire, les premières reprises de Israel Gil ne m’ont pas convaincu outre mesure, mais l’expérience de Marillion l’a amplement prouvé, il n’est pas aisé de changer de lead singer dans un groupe. Le premier single, ‘Thanks to Kafka’, m’avait peu emballé à sa sortie en 2021. Le phrasé d’Israël m’avait quelque peu dérangé comme son look adolescent pré pubère face aux cinq autres vieux barbus quadra du groupe. Cela ne m’a pas empêché d’écouter les titres suivants au gré de leurs publications sur Bandcamp comme le génial instrumental ‘Game Over’ qui conclut en beauté l’album.

Lorsque la pré commande fut disponible, je me suis encore lâché et cette fois, je ne le regrette aucunement. Beyond Drama raconte en neuf morceaux la pandémie de COVID-19 et la crise politique qu’a traversé le Chili ces dernières années. Aisles joue d’un rock progressif latino à la rythmique turbulente, aux claviers aux sonorité eighties et aux guitares omniprésentes sans donner pour autant dans le gilmourish. Bref c’est un groupe à part dans le paysage progressif.

Pour parler chiffres, l’album dure pas loin d’une heure avec des morceaux allant de deux à onze minutes. Pas d’édition vinyle pour l’instant et c‘est bien dommage car la pochette, cet écorché vif aux couleurs très glauques est plutôt réussi. Je me suis donc contenté du digipack et du tee shirt qui ont traversé l’océan Atlantique à la nage, passant entre les mailles des douaniers.

Dans Beyond Drama je retrouve beaucoup l’univers musical coloré de Hawaï ce qui n’est pas pour me déplaire évidemment. Il y a toutefois moins de bruitages et un seul monologue dans ce dernier album.

La pièce de choix n’est pas forcément la plus longue de l’album. C’est en effet ‘Megalomania’, un titre de seulement 6 minutes 25 qui a ma préférence ici avec l’instrumental ‘Game Over’. Et si j’ai eu du mal au début avec ‘Thanks to Kafka’, je trouve aujourd’hui qu’il s’intègre bien à l’album. ‘Megalomania’ au tempo relativement apaisé, brille par ces notes quasi aléatoires, façon Game Boy Advance, sur lesquelles se pose la voix plaintive d’Israël. Un texte, qui, il me semble, parle des personnes transgenres.

Certains grincheux pourraient reprocher la proximité de Beyond Drama avec Hawaï, d’ailleurs peut-être avaient-ils quelques enregistrements à recycler malgré le précédent double album. Pour ma part je trouve que Aisles a assis son style et que ce nouvel album est un des meilleurs de leur discographie. Vous pouvez l’écouter sur Bandcamp ou l’acheter en digipack au même endroit. Ne passez pas à côté, il rentre de ce pas dans mon top 2023, au sommet de la pile.

L’Enfant de Poussière

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Voici un pavé de huit cent pages qui est tombé entre mes mains un jour où je n’avais plus rien à lire. Un roman de fantasy écrit par Patrick K. Dewdney qui n’est que le premier du Cycle de Styffe qui en comporte trois.

Styffe est un orphelin de sept ans vivant dans une ferme avec trois autres enfants en bordure de la ville fortifiée de Corne-Brune. Comme ces congénères, il est livré à lui-même toute la journée, errant de la Cuvette à la ville, mangeant une soupe maigre le soir et dormant dans une grange la nuit. Pendant huit cent pages, ce sont ses aventures que vous allez lire, jusqu’à ses treize ans.

Le roman se compose de trois parties principales :

La première se passe à Corne-Brume et c’est celle que j’ai préféré. Elle me rappelle beaucoup le roman Le Sang de la Cité. L’enfant évolue dans une ville avec ses intrigues, découvre le monde et grandit.

J’ai failli abandonner le livre au cours de la seconde partie. Styffe part avec un redoutable guerrier qui l’initie à l’art du combat. Cette partie est longue et relativement ennuyeuse au final, même si elle nécessaire pour aborder la troisième, la guerre.

L’auteur n’est pas avare en descriptions et si ses explications géo politiques me sont clairement passées au dessus de la tête, l’univers décrit est cohérent. Un monde médiéval où pointe de la sorcellerie, mais comme dans Capitale du Sud, celle-ci est juste évoquée à demi mot.

J’ai été au bout de ce premier tome, non sans mal, la question est de savoir si je vais me lancer dans la suite. Ce qui est certain, c’est que ce ne sera pas tout de suite. Une pause s’impose.

Capri, c’est fini !

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Trouver un créneau pour partir en vacances est une gageure chez nous. Entre le planning musical infernal de mon épouse et les contraintes du travail, cela relève clairement de l’exercice d’équilibriste. J’ai quand même mis en demeure ma chérie de me dégager une semaine rapidement parce que j’avais furieusement besoin d’une pause.

Restait à trouver une destination de rêve, et là c’était compliqué. Pour moi le rêve c’est une semaine à la maison à jardiner, me promener et faire de la photo. Pour elle, c’est partir de préférence vers le soleil alors que pour ma part j’aurais tendance à me reprocher du Pôle Nord. 

Toutefois, nous rêvions depuis longtemps de visiter les ruines de Pompéii, comme quoi nos rêves ne sont pas si inaccessibles. Alors, d’un commun accord, nous avons choisi Naples, le Vésuve, Herculaneum et Positano pour poser nos bagages. Après avoir trouvé un vol jusqu’à Rome, une location de voiture, un hébergement à Castellammare di Sabia, une carte de la côte amalfitaine et un guide de la région, nous sommes partis pour l’Italie.

Cependant, avant de monter dans l’avion, il fallait programmer la semaine d’absence du célèbre influenceur que je suis. En effet, pas question de renoncer à mes précieux revenus publicitaires issus de YouTube et du blog. C’est vrai quoi, avec une centaine d’abonnés, une vingtaine de vues, mon activité Internet génère facilement cinquante pour-cent des revenus familiaux.

Il me fallait une chronique en images, trois clichés et deux articles de blog pour passer la semaine en douceur. Pour les chroniques, j’ai toujours un temps d’avance, ça ne posait pas de problème, il fallait juste que je m’assure qu’il n’y aurait pas une réclamation à la noix pour droits d’auteur comme avec Riverside. Floor Jansen n’a pas crié. Tout allait bien. Pour les articles de blog, j’avais également un peu de réserve, quelques brouillons en attente que je pouvais terminer et mettre en ligne. 

Restaient les photos, et là, c’était plus compliqué. Car depuis quelques mois, sorti des concerts, des tentatives astronomiques, je n’ai pas grand chose en stock. Par chance il a beaucoup plu ce qui m’a permis de faire enfin une sortie arrosée en ville, objectif les reflets dans les flaques d’eau, un exercice au raz du sol et trempé pour des résultats finalement intéressants.

J’ai développé quatre photographies en noir et blanc, parmi les plus pertinentes de l’exercice, pour figurer sur mon compte Flickr. J’étais sauvé même si j’ai fait un bide total avec ces images.

Restait à arriver Naples. Et comme toujours, la galère commença dès Strasbourg avec un vol Volotea annoncé avec trente minutes de retard. Comme d’hab… Et trente minutes annoncées, c’est au moins une heure effective. Vivement la téléportation. Étrangement, l’avion arriva avec cinq minutes d’avance à Rome. Par contre il nous fallut une heure pour récupérer les bagages dans l’immense dédale de l’aéroport international et atteindre le parking où nous attendait la voiture de location.

Au lieu d’une Clio diesel, nous répartîmes avec un SUV hybride confortable ce qui n’était pas pour me déplaire étant donné la route à parcourir. Vers minuit trente et quelques errements, nous arrivâmes enfin au pied du Vésuve dont le cône se détachait dans la nuit noire.

Si l’avion et la voiture remplirent leurs promesses, la location fut plus décevante. Méfiez vous des photos sur les annonces. Notre deux pièces avec vue sur mer était en fait en sous-sol avec une cour à poubelles et mouches où un petit coin de grande bleue pointait le bout de son nez en haut des escaliers, le long d’une plage grise et très sale. Pour couronner le tout, la cloison entre notre chambre et celle de nos voisins devait être papier mâché. Le moindre bruit filtrait. Question pour intimité, bof.

Le premier jour, après une courte nuit, nous partîmes pour les ruines millénaires de Pompéii. Découvrir cette ville figée dans le temps depuis l’éruption cataclysmique du Vésuve est tout simplement incroyable. Rues, maisons, fresques, mosaïques, jardins, statues, commerces, temples, sépultures et habitants, tous figés dans la cendre pour l’éternité. Quatre heures de marche, une centaine de photographies, les premiers coups de soleil, les milliers de touristes, les guides, le soir nous étions sur les rotules.

Qu’à cela ne tienne, le lendemain, après une nuit ponctuée de sirènes d’alarmes, nous grimpâmes sur le Vésuve sans pouvoir accéder jusqu’au cratère faute de réservation en ligne. Puis nous suivîmes la coulée de lave jusqu’à Herculaneum où nous attendait une seconde cité romaine disparue, plus petite mais beaucoup mieux préservée que Pompéii. Une pizza napolitaine, un expresso et trois heures de marche plus tard nous nous écroulâmes sur le lit, vaincus par l’épuisement. Mais quel spectacle ! Des villas parfaitement conservées, du mobilier, des fresques couvrant les murs, des mosaïques, des barreaux aux fenêtres, il était aisé d’imaginer les romains vivant dans cette petite ville bâtie au bord de la mer, sur les premières pentes du Vésuve. 

La troisième nuit fut sans sirène mais secouée par un feu d’artifice aussi bref qu’intense. Les Napolitains jouaient un match de foot de la coupe d’Italie le lendemain et comptaient bien le faire comprendre à tout le monde. Les rues étaient décorées aux couleurs bleues et blanches de l’équipe, banderoles, fanions, maillots, un vrai festival.

Nous, nous abandonnions les romains pour aller à la rencontre de la Grèce antique, un peu plus au sud de Salerne. Paestum, trois temples grecs et une ville dans un magnifique site classé par l’Unesco, les ruines grecques les mieux préservées au monde à ce qui paraît, des colonnes qui se dressent dans les prés fleuris non loin de la mer. Encore un site archéologique unique en son genre.

Après une quatrième nuit presque paisible, les averses calment les ardeurs des italiens, des chiens, des scooters, des alarmes et des feux d’artifices, nous partons sous la pluie pour la côte escarpée amalfitaine équipés de Kway. C’est le déluge ! Pour les belles lumières, on repassera. 70 km en trois heures sur des routes sinueuses et étroites où des voitures garées sur le bas côté bloquent la circulation. Un chaos total et impossible de s’arrêter à Positano où Amalfi à cause du manque de place de stationnement au bord de la route. L’enfer d’un premier mai pluvieux, en dehors de la saison touristique. Je pense qu’il faut le faire en bus pour ne pas se trouver à devoir rouler tout le temps. Nous avons pu nous arrêter tout de même deux fois, mais dans des villages nettement moins touristiques, qui malgré tout valaient le détour, même sous une pluie battante.

Après une nuit diluvienne, la météo ne semble pas s’arranger le matin. De très fortes averses inondent la cour intérieure de la location. Au programme Napoli, à condition d’arriver jusqu’à la gare sans se noyer. Une heure de train de banlieue dans des friches industrielles pour arriver au cœur de Napoli, des klaxonnes, du CO2, des cris et des rues vivantes. 

Pourquoi en train lorsque l’on conduit un SUV hybride dernière génération ? Parce que c’est un gros SUV neuf et que les napolitains n’ont pas la même manière d’interpréter la signalétique routière qu’un Alsacien. Un stop signifie passe en force, la ligne blanche sert de médiane pour le châssis, les feux tricolores sont des restes des décoration de Noël, la voie de droite sert à circuler dans les deux sens, l’accélérateur se situe sur le klaxonne, les clignotants décorent les manèges des fêtes foraines et les rayures sur la carrosserie font partie des options gratuites du constructeur.

Pas de chance, c’est jour de grève, problèmes de transports, musées fermés, il va falloir improviser ce qui n’est finalement pas si mal car nous découvrons les rues milanaises qui regorgent de vie. Nous arrivons tout de même à visiter la magnifique église Gésu Nuovo, le musée religieux à proximité (les curés ne font pas grève) et à monter en funiculaire au château Sant Elmo qui domine la ville. Pour le retour, après une longue marche, il nous restait encore le train. Sachez que deux lignes de transport, la une et la deux, avec deux gares différentes et plusieurs compagnies déservent Castellemmare di Sabia où nous logions. Autant au départ ce fut relativement simple, autant au retour ce fut l’enfer. A la gare centrale nous avons acheté les billets mais lorsque nous avons cherché notre train, nous ne savions pas d’où nous partions, avec quelle compagnie et à quelle heure. Heureusement pour nous les napolitains sont affables, serviables et patients. En France, on nous aurait certainement envoyé paitre depuis longtemps.

Il ne restait plus qu’une journée à passer en Italie sans parler du retour sur Rome avec encore une fois une météo maussade au programme. Allions-nous visiter Capri, la villa de Poppée, retourner à Pompéii, tenter la côte ? Suspens… Il fallait déjà sécher nos guêtres dans un appartement mal aéré, au sous-sol, sans chauffage avec deux clims poussives.

Le matin, après avoir écouté le film et les rires de nos voisins allemands jusqu’à 00h30, nous avons voté pour un retour à Pompéii, afin de visiter des parties du site que nous avions négligé de voir le premier jour. Et finalement, la météo était nettement plus clémente que prévue. Une longue promenade de 10h30 à 15h30, de l’amphithéâtre jusqu’au forum en passant par des palais et villas romaines, en empruntant les rues pavées, bordées de publicités datant d’il a plus de deux millénaires. Dépaysement garanti malgré les groupes de touristes. 

Il fallait bien neuf heures pour visiter ce site d’exception. On y serait bien resté encore une journée d’ailleurs si nous avions pu. Car oui, nous aimons les ruines, les mégalithes, les vestiges romains ou grecques, sans doute plus que les plages de sable fin et les mers azurées. Nos vacances, nous les passons ainsi, sans pour autant nous cultiver réellement, juste pour le plaisir des yeux, pour cette sensation de voyage dans le temps.

Le lendemain, nous répartîmes au 21eme siècle, ses autoroutes et ses aéroports. Deux heures trente de route sous le soleil printanier et un avion à l’heure à Rome. Les vacances étaient terminées.