Asterix aux jeux olympiques 

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Voila pas mal de temps que l’on nous bassine avec les JO. Pour moi La Flamme c’est une série TV assez drôle et pas un gros briquet qui ne veut pas s’allumer. 

N’ayant plus la télévision depuis longtemps, j’entends parler de l’événement national sur France-Inter  lorsque je suis en voiture ou bien par mes collègues réquisitionnés pour l’occasion.

Une fois n’est pas coutume, j’aurais presque une pensée émue pour les parisiens qui voient le prix du billet de métro exploser, qui se font expulser de leurs logements et qui découvrent que certains quartiers seront ceinturés par les forces de l’ordre.

Comme en témoignèrent les éminents historiens Uderzo et Goscinny en leur temps, les JO à l’époque romaine étaient déjà entachés de tricheries et de dopage. Alors imaginez aujourd’hui… Petit progrès, les femmes et les handicapés sont autorisés à y participer depuis que De Coubertin n’a plus son mot à dire.

On ne va pas parler du bilan carbone de l’opération parce que bon voilà quoi, nous ne sommes plus à ça près entre la construction du village olympique, l’adaptation des transports parisiens, la réfection des stades, les voyages en avion des athlètes et des spectateurs, les mascottes débiles en plastique et tout ce que j’oublie certainement.

Le sport ne m’intéresse pas, sans doute parce que je ne peux pas en faire, je déteste la compétition, sans doute par peur de perdre et j’ai débranché mon décodeur TV depuis des siècles. Donc fatalement, je ne regarderai pas les JO dont j’ignore le calendrier.

Ce n’est pas du boycotte mais une totale indifférence. Faites vous plaisir si vous aimez ça mais par pitié, évitez de gueuler, de klaxonner, de vous saouler à la Kronembourg en commentant les contre performances des athlètes russes qui partiront bientôt sur le front ukrainien se faire massacrer, une médaille d’or autour du coup.

Airbag – Century of the Self

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Century of the Self livre cinq morceaux pour un peu plus de trois quart d’heure de musique. Donc fatalement il y a des longs formats. ‘Dysphoria’ qui ouvre la galette et ‘Tear it Down’ qui le conclut.

Sans surprise Airbag fait du Airbag, encore que. Un prog gilmourien planant sur la voix plaintive de Asle Tostrup. Ce qui change un peu sur cet album c’est la basse hyper présente qui domine parfois la batterie.

La production du dernier opus de Airbag est une pure merveille ciselée. Certes, la partition n’est pas d’une grande densité instrumentale mais n’empêche, j’adore le son limpide de cette galette qui possède également des basses travaillées. C’est particulièrement flagrant sur le dernier titre qui joue les grands écarts.

Si Airbag a longtemps donné dans le gilmourish, Century of the Self, sans renier son passé, explore d’autres univers et le travail de Bjorn Riis sur les guitares comme les basses est tout simplement fabuleux.

Il faut également écouter comment Henrik Bergan Fossun habite la batterie par moment. Si des fois cela peut paraître minimaliste, écoutez bien le ‘Tear it Down’. Le monsieur nous donne une leçon de prog.

Les couplets de ‘Dysphoria’ possèdent un parfum psychédélique auquel se raccroche un refrain nettement plus à la sauce Airbag et un instrumental où la basse sonne de manière incroyable pour revenir au mood floydien vers la fin.

‘Tyrants and Kings’ possède la ligne vocale classique de Airbag et une écriture très linéaire sortie de l’envolée de guitares qui conduit au break final.

‘Awakening’ est le plus acoustique des cinq morceaux. Écrit à la manière d’une ballade bluesy, il aère agréablement l’album alors que ’Erase’ épouse une forme rythmée à la manière de Porcupine Tree. Une sorte d’électrochoc au fabuleux solo de guitare.

Et pour terminer, Airbag propose un quart d’heure de ‘Tear it Down’. Un morceau tout en progression où seul le riff du refrain me semble un peu facile en comparaison du reste.

Century of the Self est assez différent de A Day at the Beach, nettement plus épuré et moins floydien également, même si on y retrouve les ingrédients propres à Airbag.

Le virage pris par le groupe me plaît énormément et l’album rentre de ce pas dans mon top de l’année. Ca méritait bien une chronique plus longue et une édition vinyle, surtout avec une telle production. Mais vous pouvez quand même l’écouter sur Bandcamp.

A mon ami hater

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Bonjour toi ! C’est quoi ton petit nom ? Parce que t’as beau ne pas m’aimer, tu t’inflige quand même chaque semaine mes vidéos pour cliquer sur le pouce vers le bas. 

T’es abonné copaing ? Non parce que c’est important pour mon référencement. J’aimerai bien que tu fasses plus souvent des commentaires pour donner ton avis (c’est aussi très bon pour mon référencement). Parce que signaler que t’aime pas c’est un peu restrictif. Qu’est-ce tu n’aimes pas ? Moi, la musique, la vidéo, mon avis, tout ? Je ne demande qu’à m’améliorer et aimer ce que tu aimes comme ça on s’aimera.

Après, je te le dis gentiment, comme hater, tu es clairement un petit joueur. Il y a quelques années, un autre m’avait pourri sur Facebook et fait tomber l’audimat du webzine de 50% pendant quelques jours quand même. Toi c’est juste un j’aime pas même pas systématique. C’est assez décevant.

J’imagine ton profil. Tu es un prog head nostalgique des seventies qui ne jure que par Pink Floyd, Yes et Ange. Tu es encore en gilet jaune près des ronds points et tu crois toi aussi aux chemtrails mais tu as voté RN aux européennes. C’est pas grave, je suis certain que nous avons plein de points communs comme celui d’écouter de la musique. Tu fais de la photo aussi ou bien tu préfère construire des tour Eiffel en allumettes ? Je demande ça pour apprendre à te connaître.

Tu sais, on se dis tu hein ? Dieu est amour. Alors je t’aime quand même va ! Bisous !

On the Moon Again

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Le 20 juillet 1969 pour la première fois, l’homme se posait sur la Lune. Depuis le cinquantenaire de cet exploit humain et technologique, les astronomes amateurs sont invités tous les ans de part le monde à sortir leurs instruments et à faire découvrir la Lune au grand public. 

Greg organisait le samedi 15 juin pour l’occasion à la Maison Bleue à Strasbourg une exposition photo doublée d’une observation du soleil et de la Lune. 

Comment ne pas y participer ? La Maison Bleue est une des salles de concert où j’ai pu écouter des groupes comme Klone ou Los Dissidendes del Sucio Motel. 

Dans la salle étaient exposées des photographies sur le thème de l’absence alors que des musiciens répétaient sur scène. Et dans la cour, Greg étalait ses magnifiques clichés astro tout en présentant ses instruments. 

J’avais amené un télescope Celestron 8 pour l’occasion et mon copain Michel tout plein d’instruments, dont une lunette Takahashi (la Rolls Royce des lunettes) et un autre Celestron. Enfin Arthur (le petit jeune du groupe) dont nous avons fait la connaissance ce soir là, avait ramené un Newton. Greg lui avait une lunette sur une monture AM5 équipée de caméras et d’un Asiair sans parler de sa batterie WIFI. Si si, ça existe les batteries WIFI.

Le ciel n’était pas franchement de la partie mais au moins il ne pleuvait pas. Dans les rares et timides éclaircies nous avons pu montrer le soleil et ses taches aux curieux venus ce soir là et un peu plus tard, alors qu’il faisait encore jour, la Lune, la star de l’évènement.

J’aime beaucoup montrer le ciel aux curieux même si pendant ce temps je ne fais pas d’observation. Les gens sont comme des enfants lorsque leurs yeux voient la surface de la Lune recouverte de cratères où lorsqu’ils découvrent que le soleil n’est pas qu’une grosse lampe à bronzer brillant dans le ciel.

On m’a demandé si on pouvait voir le drapeau américain planté sur la Lune en 1969 dans mon instrument. J’ai répondu que non, mais à la place j’ai mis mon plus puissant oculaire pour faire découvrir à cette personne les cratères en gros plan.

Une autre s’interrogeait sur la raison pour laquelle nous ne voyions jamais la face cachée de notre satellite, The Dark Side Of The Moon. Vous connaissez la réponse ?  La Lune tourne sur elle-même en vingt-sept jours, durée pendant laquelle elle réalise une orbite complète autour de la Terre tant et si bien qu’elle présente toujours la même face pour un observateur situé sur notre planète.

Il y a eu les inévitables questions sur le grossissement des instruments. Je vous rappelle la formule une fois pour toutes : grossissement égale focale de l’instrument divisé par la focale de l’oculaire. Sur le C8 avec un oculaire de 14 mm, cela faisait 2000/14 à savoir un grossissement d’environ 140 fois. Bizarrement il y a eu beaucoup moins de questions sur l’ouverture des instruments. Pour rappel encore une fois l’ouverture est égale au diamètre de l’objectif divisé par la focale et plus c’est petit, plus c’est lumineux comme en photo, sauf qu’ici on se fou de la profondeur de champ et d bokeh, toutes les cibles sont au moins à des centaines de milliers de kilomètres pour les plus proches.

D’autres questions ont bien entendu concerné le prix du matériel installé ce soir là près de la Maison Bleue. La réponse est cher, voire très cher (le set up de Greg par exemple) sachant que l’on peut très bien débuter en astronomie avec une simple paire de jumelles. D’ailleurs Arthur avait ses yeux de hiboux, des mini jumelles grand angle très lumineuses, parfaites pour découvrir le ciel.

Malgré de nombreux nuages, un kebab peu relevé, une bonne vieille migraine tenace et pas beaucoup de public, ce fut une soirée sympa entre geeks amoureux du ciel.

Marjana Semkina – SIRIN

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Sirin est une créature slave maléfique, mi oiseau, mi femme. Telle une sirène, son chant envoûte les hommes jusqu’à leur faire perdre la mémoire. C’est également le second album solo de Marjana Semkina, la seconde moitié du duo iamthemoring.

L’artwork art nouveau dans le style pictural de Klimt représente Marjana en sirine rousse aux ailes repliées sur le corps.

L’album, lui, propose trois quart d’heure de musique vouée à la délicieuse voix de la chanteuse. Dix morceaux où apparaissent également Jim Gray de Caligula’s Horse et Mick Moss d’Antimatter. Y jouent  également de nombreux musiciens invités venus de Agent Fresco, iamthemorning ou Knifeworld par exemple ainsi qu’un quatuor à cordes présent sur tous les titres.

J’ai eu le bonheur d’assister à la listening party de Sirin sur Bandcamp et de dialoguer un peu avec Marjana pendant près d’une heure. Une avant-première qui m’a convaincu de m’offrir l’album et sans doute le vinyle lorsqu’il sortira plus tard dans l’année.

Si vous ne connaissez pas Marjana, foncez écouter iamthemorning. Le duo formé d’un grand pianiste et d’une voix d’ange est tout simplement magnifique.

Ensuite, vous pourrez attaquer la carrière solo de la chanteuse russe. Les albums de Marjana ne possèdent pas forcément la même puissance évocatrice que ceux de iamthemorning mais certains titres sont de purs joyaux. Et c’est la cas encore une fois pour Sirin.

L’album se déguste avec bonheur et quelques morceaux sont tout simplement sublimes. D’autres fonctionnent un peu moins bien hélas, comme le duo avec Mick Moss, un chanteur que j’adore pourtant, tout le contraire du titre ‘Anything but Sleep’ avec Jim Gray. En fait, je trouve que les timbres de Mick et Marjana ne se marient pas très bien. Toutefois ‘Death and the Maiden’ se rattrape vers la fin avec une très belle section instrumentale.

‘We are the Ocean’ ne me semble pas un choix judicieux pour ouvrir Sirin même si le titre est magnifique. Mais si vous écoutez le sombre ‘Pygmalion’ ou bien ‘Swan Song’ et ‘This Silence, This Dreaming’, vous comprendrez que le travail de Marjana touche parfois au génie.

Ce n’est pas forcément un album qui s’impose à vous dès la première écoute. Certains titres vous touchent tout de suite, d’autres devront faire leur chemin.

Evidemment la voix magique de Marjana et la présence du quatuor à cordes contribuent beaucoup à mon plaisir mais attention, ils ont tendance à m’entraîner dans de délicieux songes avant la fin de l’album. Je vous recommande donc d’écouter Sirin bien fort pour profiter de toute sa dynamique.

Si Sirin ne figurera probablement pas sur le podium 2024, il n’en reste pas moins un disque indispensable.

Portraits

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Lorsque vous passez toutes vos soirées à photographier des accordéonistes, vous faites inévitablement des rencontres. Je vous passe les amis, les connaissances, les potes tenant les stands et les rares photographes couvrant les soirées. Je vais vous parler des autres, ces rencontres auxquelles je ne m’attendais pas.

Présents tous les soirs, quelque soit le temps, l’heure, la musique et le lieu, ils m’ont suivi et collé à la peau. Des nués de moustiques ont sucé mon sang et failli provoquer à plusieurs reprises des catastrophes lorsque d’un geste brusque je les chassais d’une main alors que je tenais le téléobjectif de l’autre.

Plus mignon, ce fut cette petite fille de trois ou quatre ans qui intriguée par l’appareil photo m’a couru après pour regarder les clichés sur l’écran dès que je shootais. Ce qui était amusant lors du premier concert assez statique sous la tente est devenu très compliqué dans la grande salle où les photographes doivent bouger très vite et prendre des positions acrobatiques pour réussir des images rock. Imaginez. Vous vous retrouvez avec un petit bout de chou accroché à vos baskets. En plus de surveiller le groupe qui bouge très vite sur scène il faut veiller à ne pas bousculer l’adorable petite curieuse collée contre vous.

Il y a eu également cette toute jeune accordéoniste à la mine boudeuse noyée dans un orchestre de pianos à bretelles et que je n’ai pas osé photographier. Quand je pontais mon objectif dans sa direction elle me jetait un regard noir en s’agrippant à son accordéon presque aussi grand qu’elle. En règle générale j’évite les photos d’enfants, les parents ne possède aucun humour dans ces cas là, même s’ils inondent Facebook de photos moches de leur progéniture.

Et puis il y a eu ce petit bonhomme observant un des musiciens du groupe Mes Souliers sont Rouges installer son matériel. Un instant leurs regards se sont croisés (oui j’ai manqué la photo de pas grand chose) et une complicité est née entre le guitariste et l’artiste en devenir.

Je suis également tombé sur un italien volubile qui m’a quasiment embrassé en me baraguinant un truc incompréhensible tout en me montrant mon teeshirt. J’ai compris après quelques secondes qu’il s’agissait d’un fan du groupe Messa dont je portais les couleurs ce soir là. Peut-être s’agissait-il d’un des musiciens des groupes présents ce soir là ou d’un technicien, toujours est-il qu’il a disparu après cette accolade enthousiaste et que je ne l’ai plus revu.

Dans le même genre j’ai croisé un ingénieur son arborant les couleurs du groupe Cult of Luna. On s’est tout de suite compris en grimaçant devant certains ensembles. Assurément un excellent ingé son, parce que lorsque que l’on écoute de la bonne musique… enfin bref.

L’avant dernier soir, j’ai été également interpellé par une des charmantes organisatrices du festival, la première personne à vraiment s’inquiéter de voir un photographe couvrir les concerts et à m’informer des modalités des soirées. Cela faisait juste huit jours que j’assistais à chaque concert.

Une dame a aussi lancé dans mon dos un « Si vous êtes là c’est que la musique va être épouvantable ! ». Je me suis retourné, et j’ai découvert ma voisine qui est également ma dentiste.  Elle sait que j’écoute des groupes assez étranges (pour le français moyen) même si elle habite trop loin pour les entendre. Elle m’a tout fait avouer sous la torture avec sa fraise.

Il y avait aussi les habitués que l’on retrouvait chaque soir : un danseur allant nu pieds, une dame déguisée en petite fille, une aveugle qui participait à toutes les danses, un photographe avec chaque jour un nouveau tee shirt de metal, deux jumelles accordéonistes qui jouaient dans plusieurs ensembles, des gamins qui couraient partout, un danseur chauve n’osant jamais aller au centre de la piste, un alsaco étrange qui braillait tout ce qu’il pouvait dans la rue et puis des moustiques, plein des moustiques.

Berlin 1936

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Dimanche ma femme donnait un mini concert de musique de chambre à la maison, j’avais du jardinage en retard et deux concerts clôturant le festival Le Printemps des Bretelles le soir. Du coup j’ai oublié d’aller voter. 

Bon j’avoue, ce n’est pas comme si les européennes me passionnait, comme la politique en général d’ailleurs, mais faire barrage aux fachos et donner la parole aux écologistes m’a toujours semblé important.

C’est lundi matin en voyant mes collègues dans tous leurs états que j’ai compris. Car non je n’ai pas la télévision, je n’écoute la radio qu’en voiture et je n’ai pas été sur Google Actualités depuis plus d’une semaine.

Depuis le temps que le bruit des bottes résonnait derrière nos volets clos, on aurait du s’attendre à ce que cela arrive. L’extrême droite s’impose dans le débat politique en Europe. Pas de quoi être fier, non vraiment pas. Ça donne même la nausée rien que d’y penser.

Des euro députés en chemise noire, anti IVG, travail famille patrie, favorables à la fermeture des frontières, aux énergies fossiles, anti youpins, casseurs de PD et de bounioules, Tout un programme…

Après ce coup d’éclat il n’a plus vraiment de raison pour que nos députés remaniés en catastrophe par notre président ne soient remplacés par cette engeance qui rêve de purifier la France. Encore trois ans et ça pourrait être le tour de mon employeur. Ca tombe bien, les Jeux Olympiques approchent.

Aisles – Obras de los Jaivas

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Alors que je traversais une grave crise musicale, le dernier EP des chiliens du groupe Aisles m’a sauvé. J’avoue que depuis la sortie de leur précédent album Beyond Drama et Bahamut, l’EP électro cinématique qui a suivi, je ne sais plus vraiment où en était le groupe avec son chanteur.

Avec Obras de Los Jaivas, le quatuor propose vingt-cinq minutes en quatre morceaux interprétés par autant d’artistes. Et cette fois c’est en espagnol que cela se passe.

Leur travail n’est d’ailleurs pas sans rappeler celui de Esquirla, la fabuleuse rencontre improbable de Nino de Elche avec le groupe de post-rock Toundra.

Sur Obras de Los Jaivas on retrouve bien la musique de Aisles mais pour ce qui est du chant, on est plus proche du flamenco que du rock progressif. Et cela va certainement dérouter plus d’un fan du groupe.

C’est particulièrement vrai sur le magnifique morceau chanté par Kuervos del Sur, ‘La Poderosa Muerte’. Plus de onze minutes progressives d’une incroyable puissance qui allient instrumental et chant rugueux en espagnol.

Mais je m’emballe, parlons déjà du premier titre. ‘La Conquistada’ chanté par un fan chilien de Queen, à savoir Nico Borie qui fait plein de reprises sur sa chaîne Youtube. Sa manière de chanter fait beaucoup songer au groupe italien Nosound que j’adore, jusqu’à ce que la musique s’emballe et là je retrouve le Aisles que je connais bien.

‘La Mira Ninita’ est nettement plus consensuel que ‘La Poderosa Muerte’. Une jolie ballade à la manière de ‘Hijo de la Luna’ de Mecano où chante la délicieuse Dulce y Agraz.

Enfin ‘Sube a Nacer Conmigo’ qui termine l’EP reprend les sonorités électro prog de Aisles sur le chant traditionnel de Nano Stern. Le contraste entre les deux univers est saisissant mais il fonctionne. A condition d’avoir apprivoisé le morceau, ce qui n’est pas forcément évident.

Evidemment, cet EP est pour le moins étrange. Du rock progressif électro chanté pour une fois en espagnol avec de fortes consonances folk, ça ne court pas vraiment les rues. En plus, lorsque deux des chanteurs viennent de la musique traditionnelle chilienne, il y a de quoi en déstabiliser plus d’un.

Pour ma part je trouve ça audacieux de la part de Aisles de se remettre une nouvelle fois en question. Et j’aime ça chez les artistes.

La bonne nouvelle c’est que Obras de Los Jaivas m’a sorti de ma morosité musicale et rien que pour cela, je vous invite à écouter cet OVNI qui est disponible sur Bandcamp.

Mondes parallèles une histoire d’amour 

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J’ai découvert Keigo Higashino avec bonheur dans Le Nouveau. Alors lorsque Babelio m’a proposé de lire son dernier roman, je n’ai pas hésité une seconde même si j’avais deux autres livres en route.

Je n’ai pas reconnu tout de suite l’auteur japonais dans cet intrigant trio amoureux. Dès le second chapitre, le lecteur découvre l’étrangeté du récit. Au fil des pages, il se raccroche à quelques mots pour se souvenir où il se trouve et petit à petit, il perd prise avec la réalité. 

Tomohiko et Takashi, deux amis d’enfance, travaillent dans un laboratoire de réalité virtuelle. Tous deux rencontrent la délicieuse Mayuko et en tombent immédiatement amoureux. 

Les mondes parallèles s’embrouillent dans le roman. Un jour Takashi se réveille au côté de Mayuko, le lendemain il rêve de la voler à son ami. Etait-il dans ce parc d’attractions avec elle ? Vit-il seul, est-il en couple ? Tomohiko est-il parti travailler à Los Angeles sur un projet secret ? 

Ecrit à la fois comme un récit fantastique, une histoire d’amour et un policier, le roman de Keigo Higashino se dévore de la première page jusqu’à la dernière.

Magnifique !

Ceinture et bretelles

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Autrefois je couvrais des concerts de rock, des festivals de métal et j’interviewais des figures de proue de la scène progressive. Drug, sex and rock’n roll.

L’âge aidant, doublé d’un certain désengagement de la scène médiatique, j’ai du mendier mes accréditations jusqu’au jour où je n’en ai plus eu du tout. Alors j’ai commencé à couvrir des concerts classiques, des harmonies locales pour finir au Printemps des Bretelles.

Le Printemps des Bretelles est le festival d’accordéon de la ville d’Illkirch-Graffenstaden. Dix jours de concerts et bals autour du piano à bretelles dans différents lieux de ma commune. 

Cette année, je me suis porté volontaire pour couvrir l’événement malgré mon manque d’intérêt évident pour cet instrument et une météo calamiteuse. Volontaire mais sans contrainte. J’allais, en fonction de mon humeur, de mon emploi du temps et de ma fatigue, photographier ou non les artistes.

Avec des entrées libres mais aucune accréditation officielle de photographe, l’expérience était proche de l’improvisation totale et il fallait négocier en douceur avec la sécurité certains accès.

Tous les soirs sauf relâche, du vendredi 31 mai au dimanche 9 juin, je suis parti de la maison à pied ou à vélo vers 18h30 pour le concert amateur de 19h sous la tente devant l’Illiade. L’occasion de manger un burger frites avant d’attaquer le spectacle de 20h programmé en extérieurs lorsqu’il ne pleuvait pas, soit dans la grande salle de spectacle ou à la Vill’A un peu plus loin.

Au menu des soirées, Edith Piaf, Jacques Brel, Salsa, chanson française, danses créoles, musique celtique, folk des Balkan, le tout assaisonné d’accordéon, autant dire rien qui n’appartienne à mon répertoire de prédilection.

Ne nous mentons pas, les groupes n’ont pas mis le feu dans la foule. Le groupe Mes Souliers sont Rouges a été certainement le point d’orgue de ce festival avec la nuit brésilienne mais pas assez pour que je reste jusqu’au bout. En fait, le plus souvent j’ai photographié la première demi-heure avant de plier bagages par manque d’intérêt pour la musique. Musiciens statiques, musique moyenne, éclairages minimalistes, public maussade, pluie torrentielle, le festival n’avait pas grand chose de festif au bout du compte.

J’ai quand même ramené quelques clichés sympas de ces soirées. Ils sont temporairement disponibles sur Flickr avant que je ne les efface. Je n’ai pas mitraillé comme un fou non plus, ne voulant pas trier et traiter des centaines d’images chaque soir. L’objectif pour moi était d’illustrer l’accordéon en live, un instrument qui possède un certain cachet et que j’ai rarement photographié.

Neuf soirées, dix-huit concerts, soixante-onze photo publiées dont une oscarisée, finalement j’aurai presque couvert tout le festival, grignotant le soir une tranche de pain de mie et tomate avant partir à pied vers 18h30 photographier le premier groupe pour revenir trois heures plus tard trier les images avant de me coucher.

Je me pose la question du bien fondé de la gratuité du festival. D’après les anciens, lorsque le billet d’entrée était de vingt ou trente euros, les salles étaient combles et les artistes qui se produisaient avaient un certain renom. « C’était mieux avant… ».

J’avais rêvé de tango argentin au soleil, de folk irlandais sous les étoiles, de bal musette entre les arbres, pas de danse créole dépressive en salle ou de Piaf sous bâche plastique noire.