Church of the Sea – EVA

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Je suis très en retard dans mes chroniques et j’ai en plus du mal à trouver mon bonheur ces dernières semaines, la faute à un emploi du temps bien chargé. Heureusement Alice est là avec ses suggestions judicieuses pour me sauver la mise.

Cette fois, l’héroïne de Lewis Carroll m’a donné envie d’écouter un trio venu d’Athènes portant le nom singulier de Church of the Sea. Eva, leur dernier album en date, ne dure que trente et une minutes pour sept morceaux. Donc ici pas de grand format au programme. Le groupe propose un doom au chant féminin envoûtant. 

En découvrant le titre ‘How To Build Universe, Pt I’, la voix d’Irène m’a tout de suite fait songer au chant des elfes dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et ça a été certainement l’élément déclencheur de cette chronique coup de cœur.

Autour de cette voix il y a les synthétiseurs et samples d’Alex ainsi que les guitares de Vangelis, non pas celui-ci, il est mort il y a trois ans si vous ne le saviez pas. Une musique minimaliste et pour partie programmée qui n’a pas à rougir de sa production.  Et malgré le peu d’instruments, Eva tient parfaitement la route. Même la section rythmique donne le change.

Le doom est une musique le plus souvent sombre, pensante et lente, un métal prog dépressif qui s’accorde à la perfection avec le chant féminin. Celui Irène est magnifique, une voix médium à la tessiture assez large pour grimper parfois dans les aiguës et redescendre au niveau des basses. Elle chante des paroles en grec malgré les titres en anglais, ajoutant une touche d’étrangeté à cette musique souvent éthérée et incantatoire qui flirte avec le shoegaze comme dans ‘Churchyard’. 

Je verrais aisément des instruments médiévaux et des percussions remplacer la guitare mandoline et les synthés sur la plupart des morceaux de l’album. Eva possède quelque part un côté folk médiéval comme la musique de Malicorne, même si ces deux groupes ne viennent clairement pas du même monde. 

Eva me semble presque une synthèse des albums Spin de Messa et Abur de Pothamus que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Serais-je en train de tourner en rond ?

Le court album fait référence à la Bible, plus précisément à la Genèse. Il présente Eve comme une femme rebelle qui refuse les interdits plutôt que comme une pécheresse. Je laisse les théologiens trancher le débat.

Si vous aimez les atmosphères à la fois sombres et éthérées avec de belles voix, ne vous privez pas, allez écouter Eva ne serait-ce qu’une fois sur Bandcamp, vous pourriez y revenir.

N’oubliez pas, on se retrouve vendredi Chez Paulette à Pagney Derrière Barine pour écouter Weather Systems, le nouveau projet de Daniel Cavanagh.


Upload

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Y a t-il une vie après la mort ? 

Je ne vais pas vous parler des paradis promis par diverses religions ou de la réincarnation mais plutôt d’une vie numérique dans un monde virtuel.

La série Upload, ou plutôt le sitcom Upload, raconte l’histoire d’un programmeur de mondes virtuels qui, après un accident de voiture, doit faire le choix entre une opération risquée ou être téléchargé dans un monde virtuel.

Trois saisons, des épisodes d’une demi-heure, Upload opte pour la comédie romantique en racontant les aventures de Nathan Brown dans Lake View, le paradis pour les morts possédant un fort pouvoir d’achat.

Dans ce monde numérique, les défunts peuvent interagir avec les vivants en réalité virtuelle augmentée, les morts peuvent s’offrir des vêtements, des repas améliorés et ceux qui n’ont plus d’argent partent à l’étage des 2 Go pour vivre au ralenti dans une petite chambre blanche meublée d’un simple lit.

Nathan Brown alias Brownie, le héros de la série, a été uploadé avec le compte de sa petite amie du moment, Ingrid, gosse de riche façon poupée barbie. Il se retrouve totalement à sa merci, ne devant sa survie numérique qu’à cette bimbo qu’il n’aime pas vraiment. C’est là qu’il se lie avec Nora, une employée de Lake View qui lui sert d’ange gardien dans ce monde virtuel.

Nathan réalise alors qu’il est est enfermé à Lake View pour l’éternité, qu’il a probablement été assassiné à cause du logiciel qu’il développait avec son associé et qui promettait un paradis virtuel gratuit pour tout le monde.

Tous ses espoirs résident dans le Download. Une nouvelle technologie pas encore stabilisée qui permettrait de télécharger son esprit numérique dans le corps d’un clone. La méthode fonctionne presque sur les pigeons, enfin quelques rares pigeons qui finissent par exploser d’une hémorragie cérébrale.

Upload est une série de science-fiction pas vraiment sérieuse, romantique et bien fichue qui m’a permis d’occuper mon temps, tard dans nuit, alors que ma lunette photographiait pendant des heures dans le jardin la galaxie du tourbillon. 

Retournement au méridien

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Depuis que j’ai débuté l’astro photographie tout le monde me parle du retournement au méridien. Cette manipulation mystérieuse de la monture se produit pendant une soirée de shooting. 

Comme je suis débutant et ignare, je me suis persuadé que cette manoeuvre n’était réservée qu’aux puristes pointilleux. 

J’avais cru comprendre qu’il était question de la position du miroir du télescope pendant la course de l’instrument pendant la nuit. Je croyais donc que je n’étais pas concerné par le sujet avec ma lunette et comme je ne voulais pas passer pour un imbécile, je n’ai pas demandé. J’ai eu tord.

Le passage au méridien concerne l’objet que l’on poursuit dans le ciel. Lors de sa course effrénée d’est en ouest, celui-ci va couper une ligne imaginaire, lorsqu’il est au plus haut dans le ciel, le fameux méridien en question. 

Une monture équatoriale peut se trouver en difficulté lorsque l’objet approche du méridien. L’axe de déclinaison arrive à une limite où l’instrument, lunette ou télescope, est en équilibre précaire et que le tube risque de buter contre sa monture. 

Combien de fois ma lunette s’est retrouvée coincée après une à deux heures de travail ? Combien de fois le guidage s’est interrompu en quelques plein shooting ? Câble trop tendu, lunette guide bloquée contre la monture, débranchement intempestif d’un équipement. Plein d’incidents incompréhensibles jusqu’à que je me penche sur ce fameux retournement au méridien.

Pour éviter ces galères et éventuellement de la casse, il suffit de s’accorder une petite pause pendant la soirée. 

Vous devez tout d’abord interrompre la session photographique quelques minutes avant le passage au méridien. Patientez un peu afin que l’objet franchisse la ligne imaginaire, repositionnez l’instrument et reprendrenez la session. Cela signifie placer l’instrument en position initiale face à l’étoile polaire puis pointer à nouveau l’objet en basculant de l’autre côté de la monture et relancer le guidage. Cela peut prendre une quinzaine de minutes et il faut vérifier vos câbles lors de la manoeuvre.

Et donc, j’ai enfin procédé à mon premier retournement au méridien volontaire il y a peu. Car maintenant que j’utilise des filtres, je fais également des poses beaucoup plus longues. Il y a encore quelques semaines je photographiais pendant une heure, deux au maximum, échappant souvent par miracle au retournement au méridien. Mais ce soir là, j’ai laissé la caméra travailler plus de trois heures d’affilée et lorsqu’un de mes voisins a parlé de retournement au méridien, j’ai consulté la carte du ciel pour vérifier où en était la galaxie par rapport au méridien. Et en l’occurrence, il me restait à peine une demi-heure avant qu’un nouveau drame ne se produise. 

Cinq minutes avant le passage au méridien, j’ai arrêté le guidage et l’empilement des images. J’ai placé la monture en position initiale et patienté jusqu’au franchissement du fameux méridien. J’ai pointé à nouveau l’objet,  mais sans doute trop tôt. La monture est revenue quasiment dans la position précédente, incapable de travailler ainsi. Alors j’ai recommencé cinq minutes plus tard et la lunette est passée de l’autre côté de l’axe. J’avais procédé au retournement de méridien. J’ai relancé le guidage, vérifié que tout était nominal et recommencé à empiler des images de 300 secondes. C’était reparti pour deux nouvelles heures de photographie.

Ce qui m‘effrayait au début, c’était de travailler avec deux séries d’images différentes lors du traitement. Mais les logiciels comme Siril ou Pixinsight gèrent parfaitement ce genre de chose.

 J’ai d’abord testé deux séries prises le même soir et interrompues par un problème technique. Le centrage de l’objet n’était plus exactement le même lors de la seconde tentative mais Pixinsight gère ça très bien. J’ai ensuite travaillé avec les images de deux soirées consécutives. Là l’orientation de la caméra et le centrage étaient légèrement différents. Cela n’a pas posé de problème. J’ai fini par utiliser la série contenant un retournement au méridien, donc une partie avec des images retournées à 180 degrés et là encore, aucun problème.

Je suis donc paré pour de plus longues sessions de photographie et l’utilisation de filtres afin de composer mes images. Je vais donc photographier moins d’objets et passer beaucoup plus de temps dehors. Il sans doute va falloir que j’accepte de laisser le matériel travailler tout seul pendant que je dors un peu, car les soirées d’astronomie qui se finissent à 5h du matin, ça n’est plus de mon âge.

Baroness – STONE

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Aujourd’hui je sors de ma zone de confort, je vous avais prévenus. En farfouillant dans Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur l’album Stone de Baroness et aussi surprenant que cela puisse paraître j’ai immédiatement accroché.

Surprenant parce que Baroness joue plus du sludge stoner que du métal progressif et que leur chanteur John Dyer Baizley n’a vraiment pas le genre de voix que je kiffe, bien au contraire.

Bon j’avoue que c’est la pochette très colorée qui m’a d’abord interpellée ainsi que le nom du groupe qui ne m’était pas totalement inconnu. La pochette met en scène trois femmes plantureuses dont chacun des visages est prisonnier de cordes, de barbelés ou de chaînes. Est-ce une représentation allégorique des trois grâces, des éléments ou de tout autre chose ?Sans le paroles, je ne sais qu’en penser.

Stone est leur premier album qui ne fait pas référence à une couleur. Il est sorti en 2023 et comporte dix titres de une à sept minutes. Dedans vous entendrez du bon vieux hard-rock, de la musique acoustique, une chanteuse, du stoner ainsi qu’un morceau complètement expérimental relativement inclassable.

Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment le chant, sans doute parce qu’il est plus gueulé qu’autre chose ce qui n’empêche pas John Dyer de savoir poser sa voix lorsqu’il en a envie comme dans ‘Bloom’. Cela ne m’a pas découragé pour autant, car cela donne une énergie rugueuse à la musique, limite grunge, qui n’est pas déplaisante loin de là.

L’album s’ouvre et se conclut par un titre acoustique, le court ‘Embers’ et ‘Bloom’ qui est quatre fois plus long. Entre ces deux là, sorti de la première minute de ‘Shine’ qui est  relativement paisible et du bref ‘The Dirge’, Stone est rythmé, nerveux, tempétueux, avec une basse, une batterie et une guitare qui semblent se livrer un combat perpétuel.

N’empêche que Stone est aussi un album de rock progressif. Si vous faites abstraction du chant hurlé, de la batterie à donf, vous allez reconnaître les structures alambiquées des seventies comme le solo de guitare vintage pas vraiment très propre du second morceau, ‘Last Word’. Certes, l’album est plus proche du hard-rock comme dans ‘Anodyne’ et du stoner que d’un Selling England By The Pound, je vous l’accorde, n’empêche.

Stone est arrivé à point pour me changer les idées. Maintenant que j’ai découvert l’album, j’ai bien envie d’explorer la discographie du groupe pour voir où elle me mène.

En attendant, n’hésitez pas à découvrir l’album, il est sur Bandcamp.

Malentendu

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« There must have been a misunderstanding, there must be a mistake » chantait Phil Collins dans l’album Duke de Genesis. Ben pour moi c’est la même chose avec mes photographies. 

Pendant nos vacances à Lanzarote, nous avons visité en bus, le parc des volcans, et j’ai pris quelques images des paysages, l’objectif collé à la vitre sale du bus avec un objectif passe partout. Une des photographies, qui a failli passer à la poubelle parce mal cadrée, représentait un cratère avec une perspective vers l’océan. Un beau paysage mais pas franchement bien photographié à mon avis. 

Pour faire ressortir le cratère du volcan j’ai triché en l’éclairant l’intérieur et j’ai traité l’image en noir et blanc parce que je ne savais pas quoi en faire en couleur. Et puis comme le cadrage était mauvais, allez cadrer un sujet l’objectif collé à un vitre dans un bus en mouvement, j’en ai fait un carré.

Et puis il y a ce chat roux qui dormait sur rebord d’une fenêtre dans la demeure supposée d’Omar Sharif. Une photo amusante sans grande matière que j’ai conservé parce que j’aime bien les chats.

J’aime bien ces deux photos, mais il y en a bien d’autres que je préfère. C’est pour cela que je les ai publiées sur Flickr, mais aussi pour remplir mon quota de trois photos hebdomadaire.

Si je vous parle de ces deux images, c’est parce qu’elles ont reçu un bon accueil sur Flickr accompagnées de quelques commentaires élogieux. 

Une fois encore, je ne comprends pas ce que les gens trouvent à certaines des mes photographies. Celles que je verrai bien trôner dans mon salon ne rencontrent qu’un vague intérêt quand celles que je suis prêt à jeter dans la corbeille déchaîne (tout est relatif), les passions.

Sortir de Google

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Dans le cadre du boycott des entreprises américaines, j’ai décidé de contribuer à ma manière en quittant Google. 

J’utilise Gmail depuis des années, Google Drive et Docs abondamment pour rédiger mes articles. Toute ma vie se trouve sur les serveurs de la GAFA américaine.

Mais comment sortir de cette dépendance et trouver des outils alternatifs ?

Une solution se trouve en Europe, enfin presque en Europe. Elle se nomme Proton comme le lanceur lourd russe. Proton propose un mail et du stockage gratuit, sûr, confidentiel et sans publicité, à part les leurs bien entendu. J’ai donc installé sur mon iPhone l’application Proton Mail et ouvert un compte sur cette plate-forme suisse indépendante et neutre réputée pour sa confidentialité légendaire.

Pour certains de mes échanges, j’utilise des adresses mail liées à mon nom de domaine neoprog.eu qui sont ensuite re rooté sur mon adresse gmail.com. Pour ces trois adresses, la migration est donc des plus simple. Depuis mon iMac, j’ai configuré la redirection de ces mails chez mon hébergeur français OVH. Cocorico !

Le plus compliqué a été ensuite de lister tous les sites et applications sur lesquels j’avais ouvert un compte avec mon adresse Gmail afin de les migrer sur Proton. Oui parce que pas question de continuer à utiliser Gmail et faire du commerce avec les ricains et leurs taxes douanières. Un boycotte est un boycotte !

C’est là que j’ai découvert la seule faille de ma démarche. Je pouvais certes sortir de Google sans trop de dommage au prix de quelque sacrifices, mais il m’était impossible de renoncer à des sites comme Adobe, PayPal, Amazon, Apple, Bandcamp, Facebook, YouTube, WhatsApp, Bluesky ou Flickr. Des applications que j’utilise au quotidien et qui possèdent, pour la plupart, leur siège social en Californie.

J’espérais porter un coup fatal à la politique de Donald Trump en attaquant directement l’économie américaine là où ça fait mal, mais s’il y a bien une personne qui risque de pâtir de cette démarche, c’est bien moi. Je suis complètement dépendant de l’économie américaine et des GAFAs.

Alors voila, j’ai créé une adresse Proton Mail pour rien. A la place, je vais me lancer dans le zéro déchet.

Messa – The Spin

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Le groupe italien Messa est de retour avec l’album The Spin.

Close m’avait suffisamment troublé il y a trois ans pour que je nourrisse beaucoup d’attente avec ce nouveau disque. Sept morceaux, quarante-deux minutes au compteur, The Spin semble tout petit comparé à son prédécesseur. Et musicalement nettement plus hétérogène, à tel point que j’ai été déstabilisé lors de la première écoute.

La pochette en trompe l’œil est comme un test de rorschach.

Qu’est-ce que vous y voyez ? Un pneu ou bien un bracelet viking ? La photographie réunit une représentation de Ouroboros et un pneu Michelin City Grip 2 découpé qui sert d’écrin au bracelet du serpent nordique.

Le message caché dans l’artwork m’a tout d’abord échappé comme les paroles toujours un peu étranges de ce groupe italien. Il est beaucoup question de vitesse ici, de course, de voyage, de machine d’acier, de fuite en avant d’hôtel en hôtel sur une moto. Après, avec un niveau M en anglais comme mauvais et quatre sur vingt en philosophie au bac, il ne me faut pas m‘en demander trop.

Mais si vous regardez les clips où Sara, notre chanteuse, fait fondre le bitume avec sa moto, allant d’un hôtel à l’autre, vous y verrez peut-être une fuite en avant, un éternel recommencement , un jour sans fin, de salles de concerts et salle de concerts.

Pour la musique, de nombreuses ambiances se croisent sur cet album comme dans l’étonnant ‘The Dress’ à la fois blues, western, stoner et floydien où une trompette fait une délicieuse apparition, façon polar noir américain.

Même chose pour ‘Reveal’, mais cette fois sans la trompette, un titre dans lequel un thème pompier à la ‘The Castle Hall’ de Ayreon s’invite dès la deuxième minute. Il y a de quoi déstabiliser plus d’un habitué des italiens. D’autant que l’album s’ouvre sur treize longues notes désaccordées pleines d’écho.

Ici, les sons de guitares sonnent furieusement vintages, mais rassurez vous, la voix de la chanteuse brune aux longs cheveux bouclés que ma femme déteste bizarrement, et par pour son chant, est toujours aussi sublime.

Mes deux morceaux préférés sont comme par hasard les plus longs, ‘The Dress’ et ‘Thicker Blood’, mais l’album est sublime du premier jusqu’au dernier morceau.

The Spin confirme le coup de cœur que j’ai eu pour Messa avec Close et le renforce encore. Même si ce groupe n’est pas forcément dans votre zone de confort, jetez-y une oreille, vous tomberez probablement amoureux. Il va figurer dans ma petite sélection 2025.

Le mardi c’est permis

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Suisse, Lorraine, Champagne, Bourgogne, Franche-Comté , tel a été le programme de mes mardi et parfois mercredi depuis quelques semaines. 

En voiture, TER ou bien TGV, avec un départ vers 6h du matin et un retour entre 18h et 22h, j’ai arpenté le grand Est de la France, ses trains, ses retards, ses bus, ses trams, ses routes et ses bouchons.

Petit déjeuner sur le pouce, restaurant le midi et le soir, hôtel inconfortable, j’ai visité des centres livrés à eux mêmes.

Placez quatre personnes dans deux-cent mètres carrés immaculés avec zéro responsable sur place pendant quelques mois et laissez mijoter.

Lorsque vous revenez après une longue absence dans ces lieux abandonnés des dieux, vous faites d’étonnantes découvertes. 

Les agents, manquant d’espace à leur domicile, commencent à entreposer leurs encombrants dans les locaux professionnels. Vélos, four encastrable, débroussailleuses, cartons, étagères et j’en passe. 

Les papiers, revues, documents administratifs s’empilent en tas à même le sol en attendant que quelqu’un passe s’en occuper. 

Les meubles hors d’usage subissent le même sort, stockés en pièces détachées dans des bureaux inoccupés. 

Les produits des pharmacies sont périmés alors que les cartons contenant les recharges sont soigneusement rangés, encore emballé juste à côté. 

Des produits inflammables et du papier sont entreposés dans un local électrique où le risque d’incendie est maximum. 

La consigne de chauffage est à 22 degrés au lieu des 19 imposés et plein de mobilier est aux abonnés absents, chaises, bureaux, armoires, lampes, étrangement volatilisés.

Et chez eux, c’est comment ? Des fois l’être humain me désespère…

La nuit

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J’aime la nuit, son silence, la végétation qui respire, l’obscurité, cet engourdissement qui s’empare de mon corps et la douce illusion de liberté créée par la fin de toute cette agitation diurne.

Quand j’y réfléchis bien, j’ai toujours été fasciné par la nuit et j’ai souvent profité de mes passions lorsque les autres dormaient. 

Enfant, je veillais en cachette très tard, me racontant des histoires d’astronautes caché dans mon lit. Adolescent je programmais mon Commodore 64 en langage machine jusqu’au lever du soleil ou je scrutais les étoiles avec des amis. 

Étudiant, j’ai découvert le jeu de rôle avec ses interminables parties autour d’une table s’achevant lorsque les autres partaient s’asseoir dans les amphithéâtres.

Jeune papa, il y a eu les biberons toutes les trois heures avant de partir travailler en mode comateux, la tête dans le brouillard. C’est à cette époque que la nuit a d’ailleurs perdu un peu de sa magie et que toute heure de sommeil grappillée est devenue une bénédiction.

Et puis les enfants ont grandi et j’ai recommencé à veiller tard pour aller écouter des concerts de rock, puis assister à des festivals et leurs nuits blanches.

Aujourd’hui, même si je vais encore à quelques concerts, c’est principalement l’astronomie, m’entraîne dans de longues nuits blanches, parfois dans un froid mordant.

Mais je n’ai plus dix-huit ans et les nuits sans sommeil se payent au prix fort. Avant je récupérai jusqu’à midi passé, aujourd’hui, quelque soit l’heure du coucher, je suis réveillé entre six et sept heures. À la quiétude de la nuit fait place l’agitation matinale, la lumière crue du soleil, le bruit de la rue et l’odeur puissante du café qui va tenter de remettre sur pied le noctambule et ses trois heures de sommeil.

Non content d’être épuisé, je ne peux m’empêcher de m’agiter comme en regardant les images réalisées pendant la nuit, quatre heures de suivi sur une nébuleuse ou bien trois cent clichés d’un concert de rock. Et une fois que je suis devant l’écran, face à ces images, je ne résiste pas à l’envie de les traiter.

Généralement je travaille ainsi jusqu’à midi, aidé de quelques cafés, les yeux qui piquent, le cerveau qui ne distingue plus ce qui est beau de ce qui est laid. C’est l’heure à laquelle je m’effondre, où le chat risque sa vie s’il miaule dans le salon et où je décide que mon travail de la nuit ne vaut absolument rien. L’heure où je me décide à faire enfin une pause et où mon épouse me propose d’aller faire une randonnée en montagne parce qu’il fait beau dehors alors que je n’aspire plus qu’à dormir. Vivement la nuit.

Pothamus – Abur

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Dans ma liste de courses, j’avais noté le groupe de post-metal belge Pothamus et son nouvel album Abur. Alice l’avait encensé et Alias en pensait du bien sans parler des extraits qui m’avaient séduits. 

Donc après m’être endormi sur Steven Wilson, je me suis dit, pourquoi ne pas tenter un post-metal mystiquo shamanique. 

Abur compte six morceaux très homogènes de trois à quinze minutes pour un peu plus de trois quart d’heure de transe. En fait, en guise de post-métal, Abur propose un shoegaze doom psychédélique. Une musique relativement lente, complètement fumée, ponctuée de scream et de transes au chant clair sur une batterie plus proche des percussions que de la double pédale.

Au début, je me suis demandé si j’accrocherais pendant les quarante sept minutes que durent l’album ou si le titre d’un quart d’heure n’aurait pas raison de ma patience. Après trois écoutes consécutives, je ne me posais plus la question.

Bonheur suprême, le groupe passait en Allemagne, non loin de Strasbourg au mois d’avril. Du coup j’ai eu l’occasion de les écouter le live et d’acheter l’édition vinyle et tant qu’à faire, un tee shirt. Un très beau vinyle accompagné d’un poster au format A2 sur lequel sont imprimées les paroles de l’album.

Abur est un album atypique que je ne recommanderais pas forcément à tout le monde. Ma femme classe la musique de Pothamus dans les trucs horribles que j’écoute tout le temps. Mon chat lui, reste sur mes genoux, même pas inquiet. Alors qui croire ? Bon, le chat avait peut-être faim.

‘Ravus’, qui dure près de six minutes,  superpose des claviers cinématiques sur des tam-tam indiens, des cris, des chants évanescents et de la batterie métal. Ce mélange improbable, assez répétitif, même s’il est en constante évolution, vous  entraîne dans un trip sous acides sans vous prévenir.

Le court ‘De-Varium’ s’ouvre sur les sons d’un instrument indien appelé shruti box et des chants incantatoires avec pour simple rythmique les notes d’une guitare. 

Un bref interlude qui laisse place à ‘Svartuum Abur’, un morceau de huit minutes, mystiquo métal des plus inquiétant.

Quant au titre album qui conclut le vinyle, il durcit clairement le ton après une première partie relativement planante. Disons qu’il y a un passage hurlé torturé qui fait froid dans le dos.

Les paroles des morceaux sont à l’image de la musique, complètement fumées, un concept album. Un mélange de quête de la connaissance, de philosophie, d’ésotérisme, de champignons hallucinogènes et de paillasson fumé. Pas vraiment ma tasse de thé à priori, sauf peut-être en musique.

N’hésitez pas à aller découvrir cet album sur Bandcamp, il fait partie de mes rares coups de cœur 2025.