Church of the Sea – EVA

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Je suis très en retard dans mes chroniques et j’ai en plus du mal à trouver mon bonheur ces dernières semaines, la faute à un emploi du temps bien chargé. Heureusement Alice est là avec ses suggestions judicieuses pour me sauver la mise.

Cette fois, l’héroïne de Lewis Carroll m’a donné envie d’écouter un trio venu d’Athènes portant le nom singulier de Church of the Sea. Eva, leur dernier album en date, ne dure que trente et une minutes pour sept morceaux. Donc ici pas de grand format au programme. Le groupe propose un doom au chant féminin envoûtant. 

En découvrant le titre ‘How To Build Universe, Pt I’, la voix d’Irène m’a tout de suite fait songer au chant des elfes dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et ça a été certainement l’élément déclencheur de cette chronique coup de cœur.

Autour de cette voix il y a les synthétiseurs et samples d’Alex ainsi que les guitares de Vangelis, non pas celui-ci, il est mort il y a trois ans si vous ne le saviez pas. Une musique minimaliste et pour partie programmée qui n’a pas à rougir de sa production.  Et malgré le peu d’instruments, Eva tient parfaitement la route. Même la section rythmique donne le change.

Le doom est une musique le plus souvent sombre, pensante et lente, un métal prog dépressif qui s’accorde à la perfection avec le chant féminin. Celui Irène est magnifique, une voix médium à la tessiture assez large pour grimper parfois dans les aiguës et redescendre au niveau des basses. Elle chante des paroles en grec malgré les titres en anglais, ajoutant une touche d’étrangeté à cette musique souvent éthérée et incantatoire qui flirte avec le shoegaze comme dans ‘Churchyard’. 

Je verrais aisément des instruments médiévaux et des percussions remplacer la guitare mandoline et les synthés sur la plupart des morceaux de l’album. Eva possède quelque part un côté folk médiéval comme la musique de Malicorne, même si ces deux groupes ne viennent clairement pas du même monde. 

Eva me semble presque une synthèse des albums Spin de Messa et Abur de Pothamus que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Serais-je en train de tourner en rond ?

Le court album fait référence à la Bible, plus précisément à la Genèse. Il présente Eve comme une femme rebelle qui refuse les interdits plutôt que comme une pécheresse. Je laisse les théologiens trancher le débat.

Si vous aimez les atmosphères à la fois sombres et éthérées avec de belles voix, ne vous privez pas, allez écouter Eva ne serait-ce qu’une fois sur Bandcamp, vous pourriez y revenir.

N’oubliez pas, on se retrouve vendredi Chez Paulette à Pagney Derrière Barine pour écouter Weather Systems, le nouveau projet de Daniel Cavanagh.


Baroness – STONE

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Aujourd’hui je sors de ma zone de confort, je vous avais prévenus. En farfouillant dans Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur l’album Stone de Baroness et aussi surprenant que cela puisse paraître j’ai immédiatement accroché.

Surprenant parce que Baroness joue plus du sludge stoner que du métal progressif et que leur chanteur John Dyer Baizley n’a vraiment pas le genre de voix que je kiffe, bien au contraire.

Bon j’avoue que c’est la pochette très colorée qui m’a d’abord interpellée ainsi que le nom du groupe qui ne m’était pas totalement inconnu. La pochette met en scène trois femmes plantureuses dont chacun des visages est prisonnier de cordes, de barbelés ou de chaînes. Est-ce une représentation allégorique des trois grâces, des éléments ou de tout autre chose ?Sans le paroles, je ne sais qu’en penser.

Stone est leur premier album qui ne fait pas référence à une couleur. Il est sorti en 2023 et comporte dix titres de une à sept minutes. Dedans vous entendrez du bon vieux hard-rock, de la musique acoustique, une chanteuse, du stoner ainsi qu’un morceau complètement expérimental relativement inclassable.

Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment le chant, sans doute parce qu’il est plus gueulé qu’autre chose ce qui n’empêche pas John Dyer de savoir poser sa voix lorsqu’il en a envie comme dans ‘Bloom’. Cela ne m’a pas découragé pour autant, car cela donne une énergie rugueuse à la musique, limite grunge, qui n’est pas déplaisante loin de là.

L’album s’ouvre et se conclut par un titre acoustique, le court ‘Embers’ et ‘Bloom’ qui est quatre fois plus long. Entre ces deux là, sorti de la première minute de ‘Shine’ qui est  relativement paisible et du bref ‘The Dirge’, Stone est rythmé, nerveux, tempétueux, avec une basse, une batterie et une guitare qui semblent se livrer un combat perpétuel.

N’empêche que Stone est aussi un album de rock progressif. Si vous faites abstraction du chant hurlé, de la batterie à donf, vous allez reconnaître les structures alambiquées des seventies comme le solo de guitare vintage pas vraiment très propre du second morceau, ‘Last Word’. Certes, l’album est plus proche du hard-rock comme dans ‘Anodyne’ et du stoner que d’un Selling England By The Pound, je vous l’accorde, n’empêche.

Stone est arrivé à point pour me changer les idées. Maintenant que j’ai découvert l’album, j’ai bien envie d’explorer la discographie du groupe pour voir où elle me mène.

En attendant, n’hésitez pas à découvrir l’album, il est sur Bandcamp.

Pothamus – Abur

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Dans ma liste de courses, j’avais noté le groupe de post-metal belge Pothamus et son nouvel album Abur. Alice l’avait encensé et Alias en pensait du bien sans parler des extraits qui m’avaient séduits. 

Donc après m’être endormi sur Steven Wilson, je me suis dit, pourquoi ne pas tenter un post-metal mystiquo shamanique. 

Abur compte six morceaux très homogènes de trois à quinze minutes pour un peu plus de trois quart d’heure de transe. En fait, en guise de post-métal, Abur propose un shoegaze doom psychédélique. Une musique relativement lente, complètement fumée, ponctuée de scream et de transes au chant clair sur une batterie plus proche des percussions que de la double pédale.

Au début, je me suis demandé si j’accrocherais pendant les quarante sept minutes que durent l’album ou si le titre d’un quart d’heure n’aurait pas raison de ma patience. Après trois écoutes consécutives, je ne me posais plus la question.

Bonheur suprême, le groupe passait en Allemagne, non loin de Strasbourg au mois d’avril. Du coup j’ai eu l’occasion de les écouter le live et d’acheter l’édition vinyle et tant qu’à faire, un tee shirt. Un très beau vinyle accompagné d’un poster au format A2 sur lequel sont imprimées les paroles de l’album.

Abur est un album atypique que je ne recommanderais pas forcément à tout le monde. Ma femme classe la musique de Pothamus dans les trucs horribles que j’écoute tout le temps. Mon chat lui, reste sur mes genoux, même pas inquiet. Alors qui croire ? Bon, le chat avait peut-être faim.

‘Ravus’, qui dure près de six minutes,  superpose des claviers cinématiques sur des tam-tam indiens, des cris, des chants évanescents et de la batterie métal. Ce mélange improbable, assez répétitif, même s’il est en constante évolution, vous  entraîne dans un trip sous acides sans vous prévenir.

Le court ‘De-Varium’ s’ouvre sur les sons d’un instrument indien appelé shruti box et des chants incantatoires avec pour simple rythmique les notes d’une guitare. 

Un bref interlude qui laisse place à ‘Svartuum Abur’, un morceau de huit minutes, mystiquo métal des plus inquiétant.

Quant au titre album qui conclut le vinyle, il durcit clairement le ton après une première partie relativement planante. Disons qu’il y a un passage hurlé torturé qui fait froid dans le dos.

Les paroles des morceaux sont à l’image de la musique, complètement fumées, un concept album. Un mélange de quête de la connaissance, de philosophie, d’ésotérisme, de champignons hallucinogènes et de paillasson fumé. Pas vraiment ma tasse de thé à priori, sauf peut-être en musique.

N’hésitez pas à aller découvrir cet album sur Bandcamp, il fait partie de mes rares coups de cœur 2025.

Steven Wilson – The Overview

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Vous savez, moi et Steven Wilson ça a toujours été compliqué. 

Comme beaucoup d’entre vous, je l’ai découvert avec Porcupine Tree. J’ai été un inconditionnel du groupe britannique pendant des années, jusqu’à un certain incident qui reste pour moi le sommet de leur carrière. 

J’ai naturellement suivi Wilson en solo et là, on va dire qu’il y a eu des hauts et des bas. Des hauts avec The Raven That Refused to Sing et to the bone. Des bas avec The Future Bites et hand, cannot, erase. 

En plus, sa manie de préserver son image en pourrissant le travail des photographes de concert accrédités n’a pas amélioré nos liens, enfin mes liens avec lui. 

Alors quand la fan base s’est extasiée au sujet de son dernier album The Overview j’ai hésité. Hésité, car il n’est plus disponible sur Bandcamp, il en a été retiré, hésité aussi parce qu’après une écoute rapide, mon avis était mitigé.

Mais bon, un peu d’audimat ne fait pas de mal, même s’il m’a fallu débourser presque seize euros pour une version digitale sans parole avec les morceaux en double sur Apple Music.

L’album est court, deux titres de vingt-trois et dix-huit minutes plus dix autres qui ne sont que les deux précédents saucissonnés. Dans le premier, Wilson revient au rock progressif de The Raven, dans le second à de la pop alternative vaguement expérimentale.

Je comprends que les prog heads se réjouissent du retour de Steven Wilson aux sonorités des seventies. C’est vrai que ‘Objects Outlive Us’, comprenez les objets nous survivent, est proggy. Mais si je le compare le titre à ‘The Raven That Refused To Sing’ ou à ‘Luminol’, est-ce que Wilson joue vraiment dans la même cour de récréation ? Pour moi non. Je trouve qu’il y a beaucoup moins d’envie dans ce premier morceau même s’il est très agréable à écouter. De temps en temps, j’entends quand même une section instrumentale réellement éblouissante comme dans ‘Cosmic Sons Of Toil’, mais sans réinventer la poudre à perlimpinpin non plus. Le fait est que je ne trouve pas mes marques pendant plus vingt minutes et que tout se noie un peu, tant et si bien que je peux écouter le titre à deux reprises sans m’en appercevoir.

‘The Overview ‘ où Wilson s’extasie sur la complexité de l’univers (enfin, je crois), me touche encore moins. ‘Perspective’ aurait dû m’enthousiasmer avec son catalogue d’objets stellaires, mais il est juste étrange, ‘A Beautiful Infinity’ est d’une grande banalité dans l’œuvre de Wilson (il en a écrit combien de titres de cet acabit sérieusement ?). Certes la guitare est super travaillée quand même, mais est-ce que ça en fait une chez d’œuvre pour autant ? ‘Infinity Measured in Moments’ n’a franchement pas grand intérêt et ‘Permanence’ pourrait combler les angoisses des claustrophobes dans les ascenseurs. ‘The Sound of Muzak’ ça vous parle ?

Voilà, je crois que l’on a fait le tour du dernier Steven Wilson. C’est un album bien fait, relativement plaisant à écouter, mais certainement son chef-d’œuvre, disons que je n’ai pas ressenti le grand frisson. Que cela ne vous empêche pas de l’écouter, c’est du Steven Wilson tout de même.

Hail Spirit Noir – Fossil Gardens

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Aujourd’hui, nous allons parler métal progressif avec un groupe venu de Grèce, Hail Spirit Noir. Je suis tombé dessus grâce au moteur de recherche de Bandcamp. Sa pochette a attiré mon regard et le prix m’a décidé à acheter l’album.

Fossil Gardens est un concept album sorti en juin 2024 qui fait suite à Eden in Reverse et qui explore les secrets de l’univers. Pour paraphraser le groupe, il s’agit d’un combat philosophique et scientifique pour percer les secrets de l’univers et atteindre de nouveaux états de conscience qui défient les limites de l’espace et du temps.

La pochette représente un écorché humain fait de nacre, de corail rouge, de coquillages et d’une perle, avec, en arrière-plan, ce qui ressemble à une nébuleuse.

L’album lui livre sept morceaux de deux à dix minutes pour trois quarts d’heure de musique ou chant clair et growl se partagent la parole. La musique quant à elle scille agréablement entre BO de science-fiction et métal parfois bien appuyé.

Les claviers et le chant clair qui ouvrent ‘Starfront Promenade’, annonceraient presque un album de prog cinématique avant que la double pédale et le scream n’écrasent tout sur leur passage. De temps en temps le côté progressif reprend du poil de la bête, mais ne nous mentons pas, dans Fossil Gardens le métal domine largement.

L’unique instrumental ‘Ludwig in Orbit’, long de seulement deux minutes, et qui allie classique et synthwave, fait exception. Un intermède vocal numérique toujours bienvenu avec de replonger dans la tourmente de ‘Fossil Gardens’.

‘The Blue Dot’ est certainement le morceau le plus hurlé des sept. Après une très brève note éthérée, le groupe rentre dans le vif du sujet et ne redescend plus jusqu’à sa conclusion aux claviers cinématiques. C’est assez dense, surtout avec ce scream grave et la guitare mandoline saturée qui l’accompagne même si quelques choeurs tabassés par la double pédale donne une vague impression aérienne à mi chemin.

La pièce la plus longue de l’album s’intitule ‘The Road to Awe’. Vous lui trouverez probablement un côté Pink Floyd assumé façon The Division Bell. Mais comme pour ‘Starfront Promenade’, très rapidement le growl s’insinue dans une mélodie planante et le titre finit rapidement par s’énerver et virer au western spaghetti.

C’est évidemment cette dualité musicale, le thème science fictionnesque, la pochette sans parler du prix de vente au mois de mars qui m’ont séduits dans Fossil Gardens.

Il va falloir que je me penche à l’occasion sur leurs autres productions comme Mayhen in Blue sorti en 2016 ou bien Pneuma de 2012 pour voir si j’accroche autant.

Mais si vous n’avez pas peur des mélanges, allez jeter une oreille sur le Bandcamp de Agonia Records où j’ai déniché l’album.

Everon – Shells

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Aujourd’hui je vais vous présenter le groupe Everon et son dernier album Shells. Everon est une formation allemande de rock progressif née dans les années quatre-vingt dix qui n’avait pas donné de nouvelles depuis l’album North sorti en 2008. Du rock progressif symphonique à tendance grandiloquente chanté en anglais.

Shells, sorti seize ans après North, compte pas moins de douze titres dont un grand format final de presque quinze minutes. Alors asseyez-vous confortablement devant votre hifi avec une bonne bière pour l’écouter, car vous allez rester assis pendant soixante onze minutes.

Certaines mauvaises langues disent que je vis trop près de la frontière allemande et que cela a une mauvaise influence sur mes goûts musicaux. C’est vrai, j’avoue, j’aime beaucoup le rock progressif d’Outre Rhin, et ça depuis des années.

Les musiciens de Everon ne sont plus tout jeunes tout comme leur musique qui ne va pas insuffler une nouvelle dynamique à un genre passé de mode. Mais, sans se vautrer dans la nostalgie des seventies, le groupe propose un rock progressif symphonique qui emprunte de nombreux éléments au folk et même du métal.

Les morceaux dégoulinent d’orchestrations symphoniques avec force de violons, de piano, de flûtes, rien de franchement épuré et même parfois limite pompier.

C’est ‘No Embrace’, le premier morceau de l’album qui m’a donné envie de découvrir Everon. Des guitares lumineuses posées sur des claviers symphoniques propulsent un chant solaire. La musique emprunte autant au prog symphonique qu’au folk, le tout avec beaucoup d’emphase, rappelant souvent The Ancestry Program et Neal Morse.

Par contre le ‘Broken Angels’ m’a fait très vite douter avec son style lent à la frontière d’une complainte chantée par Demis Roussos vers la fin de sa carrière. Disons que le contraste est saisissant jusqu’au refrain façon oriental qui remet les pendules à l’heure. Maintenant, je l’écoute sans sourciller.

Une fois que l’on est prévenu que Shells ose le kitsch, le pompier et le symphonique programmé, on peut continuer à écouter l’album beaucoup plus sereinement.

En fait, avec Everon je retrouve un peu l’esprit de ASIA, TOTO et des super groupes du même tonneau. Il y a quand même ‘Grace’ qui atteint la limite de ce que je suis capable d’endurer, surtout à cause du chant féminin qui me met mal à l’aise avec son approche quasi lyrique.

Du folk à la musique médiévale il n’y a qu’un pas que le groupe franchit allègrement avec ‘Pinocchio’s Noise’ chanté à deux voix. Une fois encore le symphonique rencontre la musique traditionnelle et c’est assez bluffant de voir comme tout cela est parfaitement arrangé.

Et lorsque l’on découvre ‘Flesh’ et ses quatorze minutes et vingt-cinq secondes, on ne peut que constater que Everon est très à l’aise avec les compositions, même dans leur forme longue. Le titre est une machine de guerre prog symphonique qui vous vole quinze minutes de votre vie sans que vous vous en rendiez compte. Un morceau absolument magistral à la manière de Transatlantic.

Malgré quelques petits dérapages ici où là, Shells est un album qui renoue avec le prog fleuve à grand spectacle. Donc si vous aimez le genre, allez l’écouter, vous ne serez pas déçu.

La gueule de bois

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Entre de multiples déplacements dans le Grand Est pour le travail, une nuit tardive au Champ du Feu, un régime draconien avant une prise de sang, un concert Chez Paulette, ce foutu passage à l’heure d’été et un nouveau rhume qui m’est tombé dessus samedi, j’ai une sévère gueule de bois.

Par chance j’avais enregistré ma Chronique en Images mercredi et j’ai encore deux albums d’avance dans les tiroirs. Parce que je serai bien incapable d’analyser quoique ce soit en ce moment. J’écoute en boucle un disque de métal grec depuis presque une semaine sans être capable d’écrire une ligne à son sujet. Je me traîne du canapé au lit, le ventre creux, le nez bouché et les paupières lourdes, lisant quelques pages d’un roman avant de sombrer dans les bras de Morphée pour une heure ou deux.

Les prévisions annoncent du ciel clair pour la semaine, mais étant donné mon état et un nouveau déplacement programmé à Reims puis à Langres, je ne sais pas si j’aurais le courage de sortir la lunette pour la nuit.

Ne vous y trompez pas, je ne me plains pas. Je m’éclate entre la photographie, la musique et l’astronomie (le travail c’est une autre affaire). Mais la privation de fromage, de biscuits, de sucreries et de grignotage entre les repas met à rude épreuve ma volonté. 

Mon généraliste s’inquiète du bon fonctionnement de mes reins, de mon taux de cholestérol. Mon urologue s’inquiète du niveau de mes PSA et moi pour mon estomac qui gargouille. J’ai déjà perdu deux kilos en quinze jours en évitant la pause café de neuf heures avec les collègues et en bannissant les biscuits et le comté de la liste des courses. Par contre je bois de l’eau, beaucoup d’eau, des litres d’eau, ce qui fait de moi un homme fontaine.

Vous n’avez rien à déclarer ? J’ai faim. Qu’est-ce que vous avez là ? Un creux.

Tout ira mieux après la prise de sang. Je pourrais boire de la bière à la place de l’eau, me jeter sur les plateaux de fromages avec un verre de vin et du pain, et me bâfrer de viennoiseries. Certes je triche un peu, mais qui a envie de passer au bloc, de prendre un traitement supplémentaire ou de recommencer toute une batterie d’examens douloureux et intrusifs ? Vous ?

Vendredi si tout va bien, je pourrais reprendre un régime gascon et monter au Champ du Feu refaire la photographie de la nébuleuse de la méduse que j’ai lamentablement gâchée vendredi dernier en croyant bien faire. Presque 4h d’images bonnes à mettre à la poubelle en voulant pousser trop loin la sensibilité de la caméra. Je monterai avec un gros bout de fromage, du pain, des tranches de cake aux fruits confits et une bière rousse pour faire tout passer.

Je me sens déjà mieux tout à coup. 

Moonshine Blast – Realm of Possibilities

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Entre des écossais et des allemands, j’ai décidé de glisser un groupe français qui chante en anglais, histoire de changer un peu de langue.

Je ne sais plus vraiment comment j’ai entendu parler de Moonshine Blast et peu importe. Il s’agit de quatre musiciens de la région parisienne qui proposent du rock progressif à la sauce alternative.

J’avais survolé leur premier album Reality Fear sorti en 2018 sans être totalement convaincu et j’attendais leur prochain effort pour voir s’ils progresseraient. Et pas de doute, Realm of Possibilities change de braquet.

Leur nouvel album est ambitieux avec douze titres en comptant ‘The Cell’, le grand format de plus d’un quart d’heure. Realm of Possibilities explore de nombreuses facettes du rock progressif, des morceaux de quatre à seize minutes qui empruntent au prog, au métal, à l’alternatif et aussi à la pop.

Fatalement, on y retrouve de nombreuses influences comme celle de Porcupine Tree qui est certainement la plus flagrante. ‘Only You’ flirte plutôt avec la pop quand l’instrumental ‘Liquid Feels II’ porte clairement la marque du rock alternatif expérimental de Steven Wilson et que ‘Broken Arrow’ possède quelques passages néo-progressifs quand ‘Fractal’ emprunte des éléments à Opeth.

Pour continuer les comparaisons, j’entends dans Realm of Possibilities du anasazi avec ‘When The Wind Blows’, du Cris Luna sur le rageux ‘Strangled’, du Marillion ou du Peter Gabriel, mais l’influence la plus évidente reste, je l’ai déjà dit, celle de Porcupine Tree.

Le titre album compte peut-être parmi les plus originaux, disons que j’ai beaucoup plus de mal à le raccrocher au travail d’autres artistes que j’écoute régulièrement. J’aime beaucoup son ouverture à la basse et la guitare ainsi que l’énergie de la voix Nicolas.

Je trouve que le groupe ne maîtrise pas vraiment la forme longue. ‘The Cell’, du haut de ses seize minutes, est un titre prometteur sur le papier. Hélas, je me perds rapidement en route, passé sa première partie presque psychédélique. Au bout de quatre minutes, Moonshine Blast se lance dans un quasi cover Porcupine Tree qui traine ensuite en longueur, et là, je décroche à chaque fois.

Et c’est bien dommage, car l’album s’achève sur une petite pépite, le délicat ‘When The Wind Blows’ qui débute à la guitare acoustique et au chant pour s’enrichir progressivement de claviers, de batterie et de guitare électrique.

L’album est assez varié, ce qui est une bonne chose si l’on considère sa durée. Par contre, il lui manque une identité bien marquée, et le chant, pourrait être mieux maîtrisé et plus varié.

Realm of Possibilities est album intéressant, certes pas très original et sans doute trop long à mon goût, mais il mérite la découverte.

Saor – Admidst the Ruins

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Il n’y a que Stéphane Gallay pour recommander des groupes comme Saor et moi pour les écouter. Imaginez donc, du black métal marié à du folk qui accouche d’une galette dans les tourbières écossaises. Voici à quoi peut ressembler Admidst the Ruins, le nouvel album du groupe Saor.

Admidst the Ruins propose cinq titres de huit à quinze minutes pour une durée totale de près d’une heure où vous entendrez des flûtes, des pipes, des sifflets, du violon, de l’alto, du violoncelle et tout l’attirail électrique du métal sans parler de chant clair et de growl.

C’est la participation de la violoncelliste Jo Quail sur le morceau ‘The Sylvan Embrace’ qui a motivé ma première écoute de l’album, même si au bout du compte, elle est assez anecdotique. En plus mon chroniqueur suisse préféré en disait beaucoup de bien. 

L’achat a naturellement suivi. Pourtant j’ai trainé à en parler. C’est qu’il faut tout de même être dans un certain état d’esprit pour écouter ce folk pour le moins caverneux. 

Il n’y aurait pas le growl et quelques poussées de testostérone Admidst the Ruins pourrait presque passer pour un album de The Coors. Instruments à vent, à cordes et percussions jouent des mélodies dansantes dignes des paysages des highlands et la voix claire de Jira souligne encore ce trait.

Mais le druide qui se tient dans un cromlech au milieu des montagnes et l’ouverture fracassante du titre album annonce la couleur. Il y aura du black métal au menu avec le haggis.

‘Echoes of the Ancient Land’ ne lève pas le pied, bien au contraire et s’il offre des accalmies instrumentales salutaires, le chant viril revient vite à la charge, soutenu par une déferlente de double pédale.

‘Glen of Sorrow’ propose une accalmie dans cette tempête métal folk s’il n’y avait les roulements de tambours d’une armée en marche. Difficile de ne pas visualiser les hommes d’un clan avançant dans la vallée au son des cornemuses. 

Mais si vous voulez un morceau vraiment atmosphérique, attendez le court ‘The Sylvan Embrace’ qui ne dure que huit minutes. Là, même Andy cesse de hurler pour murmurer. On est en pleine mystique indo-européenne où le druide sanctifiait le gui et célébrait la fertilité en frottant son popotin contre des menhirs. Des hérésies historiques qui ont connu leur heure de gloire à la fin du dix-neuvième siècle. Parce que, soyons clairs, les mégalithes, c’est trois mille ans avant les celtes… Bon passons.

L’album s’achève avec ‘Rebirth’ dont la seconde moitié est un air traditionnel celtique magnifique et très connu, mais impossible de lui mettre un nom dessus désolé, pourtant j’ai cherché dans les classiques.

Sorti du fatras pseudo celtico mystique, ce dernier album de Saor est fortement recommandable pour qui n’a pas peur des mélanges hydromel single malt.

Dim Gray – Shards

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Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards. 

Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.

Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.

L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux. 

Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.

Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.

‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.

J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.

Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.

Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.

Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.