Fin octobre j’ai assisté à deux concerts. Celui de HamaSaari au P8 à Karlsruhe et celui de Mystery Chez Paulette à Pagney derrière Barine. Et j’ai eu le bonheur d’être accrédité photo pour les deux dates.
Bien souvent je publie les photos dans la plus grande indifférence générale sur ma page Facebook Chroniques en Images. Mais cette fois ci, les publications ont été abondamment relayées par les groupes ainsi que par l’association ArpegiA et j’ai eu de nombreux retours.
Du coup, le blog a connu une petite effervescence à laquelle je n’étais plus habitué depuis des années et lorsque j’ai publié les live reports, mon audimat a littéralement explosé, je veux dire par là que je suis passé de vingt à soixante, Louis quatre-vingt et enfin trois-cent visiteurs quotidiens, presque au niveau de la grande époque du magazine Neoprog.
Étrangement, la chaîne YouTube n’a pas bénéficié de cette courte euphorie médiatique pas plus que mon compte Flickr de photographie de concert. D’ailleurs la chaîne Chroniques en Images est en pleine Bérézina avec des vidéos qui dépassent péniblement les cinquante vues, à croire que pour me vendre, je devrais me prostituer à parler de groupes main stream.
J’ai bien conscience que cette notoriété ne fera pas long feu mais cela fait quand même plaisir d’assister à un pic de visites qui n’est pas généré par un bot russe qui va spammer tous les commentaires du blog.
Cerise sur le gâteau, le samedi, pour conclure en beauté, une photo de paysage corse, a connu elle aussi son petit moment de gloire sur Flickr.
Ce qui va être nettement plus difficile, ce sera la redescente après ce shoot de gloire, d’autant qu’en ce moment ce n’est pas la grande forme.
J’ai bien peur d’être avide de reconnaissance, de notoriété même si j’ai du mal à le reconnaître. Quoiqu’il en soit, merci d’être passé lire le blog et n’hésitez pas à revenir.
J’ai deux boîtiers photo. Ce sont mes outils pour les concerts. Un appareil armé d’un 24-70 et l’autre d’un 70-200 pour couvrir une large focale lors des concerts sans à avoir besoin de changer d’objectif en pleine action.
Pour mes Chroniques en Images j’utilise d’ordinaire le Nikon Z6 avec un 35 mm sur trépied derrière un prompteur. L’image est fixe, en face de ma trombine, ce qui donne quatre minutes avec le même plan, sachant qu’il faut varier le cadrage toutes les 30 secondes pour ne pas endormir le spectateur.
Jusqu’à présent, je recadrai l’image, zoomant quelques secondes pour casser la monotonie de la vidéo. Beaucoup de youtubeurs le font depuis longtemps (je n’ai rien inventé).
Mais une idée me titillait depuis longtemps, celle d’utiliser mon second appareil photo pour filmer avec deux caméras et proposer un second point de vue. Comme je filme mes chroniques toujours un peu à la bourre, je n’avais jamais encore essayé. La chronique de Soulshine aura été l’occasion d’expérimenter la chose pour la première fois.
Il faut comprendre que la tâche n’est pas des plus simple. Déjà je ne possède qu’un seul trépied assez haut pour filmer. Ensuite je n’ai qu’un retour vidéo, mon iPhone en l’occurrence, donc je ne vois que l’image d’une seule caméra, celle de face. Je ne contrôle à distance, de la même manière, qu’un seul des deux boîtiers. Enfin les appareils sont différents comme les objectifs utilisés, d’un côté un Z6 II avec un 35 mm ouvert à f/d 2 et de l’autre un Z8 avec un zoom 24-70 ouvert à f/d 2.8. Du coup les deux images ne possèdent pas le même rendu.
Le cadrage se fait à l’aveugle pour la seconde caméra. L’éclairage et le décor n’ont été étudiés que pour une caméra. Les images des deux setups ne sont pas vraiment harmonisées et il faut synchroniser les deux vidéos afin d’éviter un décalage du son.
J’ai posé le Nikon Z8 sur un mini trépied de voyage posé lui-même sur un tabouret et j’ai cadré tant bien que mal en me filmant à l’aveugle.
J’ai lancé la capture vidéo du Z8, me suis installé face caméra, j’ai ensuite lancé la capture du Z6, déclenché le prompteur, fait un clap comme au cinéma, pour avoir un point de repère de synchronisation, puis j’ai lu mon prompteur. Globalement cela a été relativement simple.
C’est au montage les choses se sont corsées. Je travaille toujours avec le logiciel Apple iMovie qui est très bien pour un montage vidéo simple mais qui montre rapidement ses limites dès que l’on complique le projet. Déjà caler les deux vidéos sur le clap n’a pas été une mince affaire. Ensuite essayer d’harmoniser les deux images à été un véritable enfer, d’ailleurs je n’y suis pas vraiment arrivé.
Ne pouvant regarder le flux des deux vidéos en même temps, j’ai incrusté celui du Z8 sur l’image de face. Cela me permettait de choisir la caméra en fonction de l’avancement de la vidéo. L’autre souci, c’est qu’avec iMovie, je ne dispose que de deux time lines d’images. Si je veux incruster une photographie, je dois découper mon second flux vidéo et je ne peux pas incruster une image sur la vidéo de la seconde caméra.
Il m’a fallu plus d’une heure pour arriver à un montage peu satisfaisant. L’angle de cadrage au 3/4 est trop bas et mon visage trop en avant. L’image est plus contrastée et ce n’est pas vraiment le rendu que j’espérais. Mais au moins j’ai essayé. Je ne suis pas suffisament motivé actuellement pour changer de logiciel de montage, m’acheter un second trépied, un second retour ou revoir mon éclairage mais je vais faire une nouvelle tentative, parce que je trouve que ça rend la chronique plus vivante malgré tout.
Pour le trépied, j’ai trouvé une solution en recyclant celui d’un projecteur LED. Pour le retour, je vais essayer d’utiliser l’ancien iPhone SE de mon épouse en espérant qu’il fonctionne encore. Reste à trouver un angle de vue plus adapté que celui que j’ai choisi pour Luke Machin et à mieux harmoniser la colorimétrie des deux vidéos.
N’hésitez pas à me dire ce que vous en pensez, je suis curieux de connaître votre avis sur ce nouveau test.
Il n’y a pas si longtemps, la copine d’un ami a essayé de me contacter pour obtenir des photos de concert en plein format pour lui faire un cadeau.
Ne pouvant demander mes coordonnées au gars en question, puisque c’était une surprise, elle a tenté de me joindre via les réseaux sociaux, mais sans succès.
Pourtant je suis présent sur de nombreux réseaux sociaux : Facebook, Instagram, Mastodon, Blue Sky, WhatsApp, Messenger et trois Flickr, oui trois… J’ai également trois sites web et quatre adresses email. Si avec ça je ne suis pas joignable…
En réalité, j’ai tout fait pour que l’on ne puisse pas me contacter. Sur les sites web, mon téléphone et mon adresse email ne figurent nulle part et je n’ai pas installé de formulaire pour me contacter. Tout au plus est-il possible de poster un commentaire sur mes deux pages WordPress.
Sur la page Facebook, j’ai supprimé le bouton contacter, sur Flickr il faut disposer d’un compte pour pouvoir contacter quelqu’un et les réseaux Mastodon et Blue Sky restent tout de même assez confidentiels pour que peu de personnes me recherchent dessus.
Je ne suis pas totalement invisible, par contre je suis relativement injoignable. Et c’est volontaire.
Lorsque le webzine Neoprog existait encore, je recevais de nombreuses sollicitations par mail, messages et SMS pour me proposer des albums, des interviews, des concerts ou même me demander des informations afin d’organiser une tournée en France. Ça n’arrêtait pas. Alors j’ai décidé de disparaître, histoire de ne plus être sollicité.
Malgré ces mesures radicales, je reçois toujours quelques demandes, mais cela n’a rien de comparable avec la grande époque. D’ailleurs ça me manque presque, j’avais l’impression d’être important… Bref passons… Certaines promotions arrivent encore directement par la Poste mais elles sont de plus en plus rares, d’autres par mail et le plus souvent dans les commentaires des réseaux sociaux et de WordPress. Cela ne représente plus qu’une sollicitation par mois au maximum à laquelle je réponds toujours poliment mais fermement pas ‘non merci’.
Dernièrement un groupe de prog d’Amérique du Sud a réussi à me contacter sur Flickr et sur le blog pour m’inviter à écouter sa musique. Ils devaient être désespérés.
Tout ça pour dire que si vous avez essayé de me contacter un jour ou l’autre sans succès, ne vous en voulez pas, je travaille activement à ce que ce soit difficile. Je ne chronique pas de promotion, je ne fais plus d’interview, je ne me rends qu’aux concerts qui m’intéressent et je demande tout seul mes accréditations photos. Cela nuit certainement à ma visibilité sur la toile mais est-ce bien important ?
Quant aux copines qui veulent imprimer des images que j’ai photographié, je leur rappelle tout de même que tous mes clichés sont sous copyright et que donc interdits de reproduction, modification, utilisation, sans une autorisation expresse de ma part pour les utiliser, surtout lorsqu’on les re cadre pour couper la signature. Vilaine fifille !
Mardi 7 octobre, le groupe italien Messa jouait au Grillen à Colmar.
J’ai déjà eu l’occasion de les écouter en live au P8 il y a deux ans et je vous ai récemment parlé de leur excellent album The Spin sorti cette année, un vinyle qui a de fortes chances de figurer dans mon top 2025.
J’adore cette chanteuse brune vêtue de noir chaussée de talons hauts sur scène qui m’ensorcèle avec sa voix fabuleuse. Et j’adore leur musique psyché stoner qui se bonifie d’album en album. Bref, j’adore ce groupe.
J’allais au concert avec deux compères, Sébastien et Jean-Nicolas, bien décidés à ne pas conduire pour profiter des bières du Grillen. Du coup, j’ai transporté deux alcooliques anonymes.
J’avais demandé une accréditation photo quatre jours auparavant, mais je n’ai reçu la réponse positive que le jour J à 15h, alors que j’étais au travail. J’avais rendez-vous avec mon kiné en sortant du boulot et les portes du Grillen s’ouvrait à 19h ce qui m’a laissé un petit quart d’heure pour préparer mon matériel photo et manger quelque chose avant d’aller récupérer mes deux zozos. Autant dire que j’étais à cran.
Le trio de doom stoner colmarien Supertzar ouvrait le bal avec un son musclé et une batterie déchaînée. Si j’ai bien compris, ce concert sera l’un de leurs derniers, d’après que qu’a dit Bruno le chanteur guitariste du groupe. Dommage, parce que leur musique fonctionne bien et ils assurent en live. Je dis ça, mais bon, après trois morceaux, j’avais ma dose, ce genre de compositions restent relativement répétitives pour un proghead habitué aux morceaux alambiqués.
Installés au bord de la scène, les trois chevelus faisaient face au public venu nombreux ce soir-là. Bruno à gauche, Jules au milieu derrière sa batterie et Jonas à droite avec sa basse. Gros sons graves, batterie explosive, guitare chargée et chant clair, le groupe a livré un set assez long, jouant des morceaux de plus de sept minutes. Honnêtement, passé la moitié du set, j’ai commencé à trouver le temps long, déjà parce que j’avais mes photographies, ensuite parce que la musique ne m’emballait pas plus que cela.
Mais après un dernier titre et une rapide mise en place, c’est Messa qui s’installe. Bon et je crois que vous l’avez compris, je suis amoureux de leur chanteuse et de leur musique. Le groupe va jouer un large répertoire, avec une belle place au dernier album The Spin, mais pas que. Sara, entre deux gorgées de bière, chante comme une déesse sur ses talons aiguilles. Alberto, le guitariste timide, au look de Ringo Starr, nous livre des merveilles sonores tout en discrétion alors que Marco, à la basse, installé presque en face de moi, est nettement plus démonstratif sur scène. Reste Rocco, au fond de la scène, quasiment dans l’obscurité, qui donne le tempo au quatuor italien.
Le public est chaud bouillant. Un bonhomme torse nu et ventripotent aux cheveux blancs s’agite comme un diable au premier rang (il trinquera avec Sara amusée par tant d’enthousiasme), un photographe hésite entre hurler et prendre des photos (je suis un peu dans le même cas) et mes compagnons de route boivent des bières. Pour ma part j’arrive à me faufiler dans la foule mouvante pour changer d’angle de vue, m’éloigner du gros son du premier rang pour mieux profiter de la voix près de table de mixage.
Je serai plusieurs fois en galère avec mon appareil photo. Comme dit plus haut, je n’ai pas eu le temps de le préparer avant de partir et certaines limitations que je m’impose en concert au matériel sautent pendant cette soirée. Souvent, je monte beaucoup trop haut en sensibilité, ce qui donnera des image quasi inexploitables pour certaines. Je n’ai pris qu’un boîtier, faute de temps pour préparer celui qui me sert principalement pour réaliser les vidéos des chroniques. Cela va m’obliger à des changements d’objectifs acrobatiques en plein salle de concert. Mais malgré toutes ces galères, je suis assez content des photos de Messa même si je me suis un peu trop focalisé sur la chanteuse.
Le son n’était pas génial devant la scène, trop de basses et les voix qui étaient noyées dans les décibels. Mais en allant au fond de la salle, le rendu était nettement meilleur, surtout pour le Grillen qui est une salle qui ne brille pas par son acoustique. C’est près de la porte de la sortie que j’ai profité de la fin du concert de Messa, histoire d’écouter de la musique et ne plus faire de photographies.
Le concert se termine vers 22h30, soit trois heures après son début. Cela tombe bien, car demain, je travaille et il faut que je ramène mes deux passagers à domicile avant de me coucher (c’est sur la route). La prochaine date programmée dans mon calepin est le 25 octobre Chez Paulette avec Mystery et si je peux, le 17 octobre avec Antimatter à Karlsruhe, mais pour l’instant j’ai d’autres obligations astronomiques.
Merci à Headbang et à mes deux passagers qui ne m’ont même pas offert une bière.
Nina est le prénom du chanteuse allemande bien connue et que j’adore mais également l’acronyme d’un logiciel d’astronomie. Et pas de chance pour vous, je vais parler du logiciel.
Pour pratiquer l’astro-photo, j’utilise un ASIAIR qui est en réalité un ordinateur de poche. Il permet de piloter la monture, le moteur de mise au point, le guidage, les caméras et empile les images. Bref il fait tout le travail, est assez simple d’utilisation et peu encombrant. Il nécessite juste un smartphone ou une tablette pour piloter son interface.
NINA est une application sous Windows qui fait globalement la même chose que l’ASIAIR en s’appuyant sur d’autres outils comme par exemple PHD2. Alors pourquoi NINA ? Par curiosité et pour aller plus loin.
J’avais déjà le PC portable dont je me sers pour faire de la photo planétaire, il ne me restait plus qu’à installer plein de logiciels et drivers pour essayer de faire fonctionner mon setup astro avec NINA.
L’étape une consistait à ce que le logiciel dialogue avec mon matériel, à savoir une monture AM5, une caméra ASI533 MC, une caméra ASI120 mini et un EAF ZWO. Tout ça avec le moins de câbles possibles reliés au PC pour éviter un sac de noeuds.
Le logiciel Ascom est fait pour cela. Il sert de driver universel pour presque tous les équipements à condition de lui adjoindre les drivers de ZWO.
Pour limiter le nombre de câbles, j’ai utilisé le wifi de la monture AM5 et branché tous les autres équipements en USB sur la caméra ASI533MC. Du coup, le PC n’est relié au matériel que par un long câble USB. Et tout fonctionne. Enfin tout, le logiciel PHD2 utilise la caméra principale pour le guidage. Il est nécessaire de passer par le driver Ascom et de sélectionner ensuite manuellement l’ASI120 pour que cela fonctionne correctement. Bon il faut dire que les deux caméras passent sur le même câble USB.
Pour l’autoguidage, il fallait installer le logiciel PHD2 dont j’ai parlé plus haut. Pour le plate solving, c’est à dire la reconnaissance de la position de la monture via une caméra, il fallait ajouter ASTAP et pour la mise en station de la monture il fallait ajouter l’extension TSSA. Tout plein d’outils différents que je devrai maîtriser pour réussir à faire aussi bien qu’avec un ASIAIR. Je commençais à comprendre en quoi la sortie de ce petit accessoire de ZWO avait été une révolution.
Le soir du dimanche 7 septembre 2025, se produisait une éclipse lunaire totale en France. Notre satellite totalement éclipsé se levait vers 20h sur la forêt noire et retrouvait son aspect habituel passé 22h, un peu plus haut dans le ciel.
C’est sur la digue de Plobsheim, face au Rhin et à l’Allemagne que certains d’entre nous avaient établi leur campement. Intégralement aspergé de répulsif aux moustiques, équipé de deux appareils photos avec un grand angle et un téléobjectif ainsi que deux trépieds et un siège de camping, je m’étais installé plein Est pour ne rien manquer de l’événement.
Hélas, le ciel était voilé, particulièrement vers l’horizon Est. À 20h, point de satellite au-dessus de la Forêt Noire. Ce n’est que trente minutes plus tard que mon œil a cru discerner une vague lueur rougeâtre que l’objectif de 500 mm à peu après confirmé. La Lune apparaissait enfin. À partir de là, les yeux comme les objectifs se sont tous pointés vers le levant.
Malgré une minutieuse préparation, mon unique image de la totalité est floue. Trop de nuages, pas assez de lumière et une mise au point que j’aurais dû réaliser sur une étoile avant de chercher à résoudre la Lune.
Au 50 mm je tentais une superposition d’images toutes les cinq minutes pendant qu’au téléobjectif 500 mm je capturais l’astre en gros plan ce qui le laissait du temps malgré tout pour admirer le spectacle.
Des navires de croisière passaient sur le Rhin alors que la Lune passait du rouge sang au jaune en s’élevant dans le ciel au milieu des nuages filamenteux. Les personnes n’osaient briser le silence magique qui s’était installé et mon alarme m’indiquant qu’une nouvelle photo devait être prise fit sursauter tout le monde (pardon les gens).
Sur une quarantaine de photos, une seule a trouvé grâce à mes yeux, la fin de la totalité capturée au 500 mm. Ma pitoyable tentative de surimpression s’est soldée par un échec et les autres images manquent de netteté à cause des cirrus ou d’une exposition mal gérée. Mais rien que pour cette photo je suis content de la sortie.
J’ai tout de même essayé avec Photoshop une supposition des cinq photographies de la Lune au-dessus du Rhin alors que l’éclipse s’achevait. Une image toutes les cinq ou six minutes prises au 50 mm, champ qui devait me permettre de cadrer la fin de la totalité jusqu’à la fin de l’éclipse. Bon le résultat n’est pas terrible, surtout la quatrième lune qui est noyée dans les nuages.
Le prochain rendez-vous avec une éclipse lunaire totale aura lieu le 31 décembre 2028, autant dire qu’il n’y aura pas foule dehors.
Cornelis Engelbrechts. 1468-1533. Leyde. La Passion du Christ. vers 1515. Clermont Ferrand. Musée des Beaux Art. Maniérisme gothique.
Un jour, une amie m’a demandé pourquoi je passais mes nuits à photographier des étoiles que d’autres avaient déjà capturées de bien plus belle manière. Sa question était formulée de façon nettement plus directe, mais c’était l’idée.
Cette question s’applique en réalité à tous mes loisirs et ceux de mon épouse. Pourquoi s’offrir du matériel photo pour réaliser des clichés sans grand intérêt ? Pourquoi accumuler des heures d’images que le télescope Hubble a magnifiquement immortalisé ? Pourquoi parler d’albums que d’autres ont déjà chroniqué ? Pourquoi jouer des œuvres au piano et au violoncelle que des artistes professionnels interprètent superbement ? À quoi tout cela rime-t-il ?
À meubler le temps libre, à dépenser la paye ? À la place nous pourrions soigner notre jardin, briquer l’intérieur de la maison, faire du sport, manger dans des restaurants étoilés, passer des vacances dans un club à Ibiza, découvrir le monde, faire du shopping, rouler dans une grosse voiture… Mais non. Cela ne nous attire pas.
Nous sommes des passionnés. Une forme aiguë de névrose qui touche une petite portion de la population.
Je connais des personnes qui ne sont pas atteintes de cette maladie. Elles travaillent, font des enfants, passent des heures en repas de famille, partent en vacances dans des clubs où elles n’ont rien à gérer, dorment sur des transats à la plage, ne s’intéressent à rien en particulier, restent politiquement correctes, aiment le confort et l’argent. À l’exact opposé de mes aspirations.
Les passionnés sont de grands enfants qui se distraient avec des jouets improbables. Ils sont souvent perçus comme des François Pignon en puissance par ceux qui ne s’intéressent pas à leur domaine de prédilection. Des incompris souvent moqués qui pourtant occupent leur temps libre sans trop s’abrutir sur Internet ou devant la télévision.
Quelques uns d’entre eux atteignent l’excellence et même dépassent les compétences de certains professionnels, ceux qui vivent de leur passion. Une petite poignée d’entre eux sont reconnus dans leur univers pour leur savoir et leurs compétences.
Bon d’accord, ce n’est pas mon cas, n’empêche, je suis un passionné.
Chez les photographes le débat entre les partisans de la retouche et ceux du développement fait rage depuis l’avènement du numérique.
Où s’arrête la photographie et où commence l’image de synthèse ? Avec l’arrivée de l’IA générative, même les fervents adeptes de Photoshop commencent à poser des limites éthiques.
Il est possible d’effacer des personnages, d’enlever des objets disgracieux, de transformer une journée ensoleillée en matin brumeux, de remplacer un ciel par un autre, d’inventer une partie du cliché, voire de fabriquer de toute pièces un paysage grâce à l’IA générative.
Alors à quel moment une photo n’est plus qu’une image numérique ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Personnellement, j’use le moins possible de ces traitements qui substituent une réalité à une autre plus virtuelle. Je n’utilise pas Photoshop mais Lightroom et je n’utilise l’IA que pour réduire le bruit et supprimer de tous petits détails que je n’avais pas noté en réalisant le cliché. Mais ça c’est en photo.
Nébuleuse du Sorcier
En astro photo, tout est différent. Car qu’est-ce qu’une image en astronomie ? Un signal extrêmement faible, souvent imperceptible par l’œil humain, amplifié par un instrument et une caméra puis délinéarisé dans un logiciel pour transformer des fréquences presque invisibles en couleurs.
Des fréquences invisibles comme l’infrarouge ou l’ultraviolet que les caméras captent et auquel on attribue arbitrairement des couleurs. Lorsque vous regardez une image du télescope Hubble ou James Web, vous ne voyez pas la réalité, vous voyez différentes longueurs d’ondes colorées puis additionnées pour fabriquer une photographie.
Par exemple James Web ne voit que dans l’infrarouge, autant dire que ses couleurs ne reflètent jamais la réalité.
En astronomie, certains utilisent des filtres qui ne laissent passer que certaines longueurs d’ondes ou bloquent certains rayonnements. L’image obtenue est inévitablement biaisée par rapport à la réalité.
J’ai commencé la photographie astro avec un appareil Nikon non défiltré, c’est à dire dont le capteur bloque une partie de l’infrarouge, comme tous les boîtiers photos grand public. Ensuite j’ai utilisé une caméra qui capte tout le spectre, visible et invisible, augmentant considérablement la sensibilité de mon setup. Puis j’ai ajouté un filtre UV/IR Cut pour supprimer les ultraviolets et les infrarouges des éclairages urbains qui polluent les images. Enfin j’ai utilisé un filtre tri bandes qui ne laisse passer que des plages étroites de longueur d’onde, hydrogène, oxygène, souffre. Mes photos ne reflétaient plus vraiment la réalité mais avaient gagné en netteté.
Nébuleuse Dumbbell
Il y a peu j’ai publié une photo de la nébuleuse de la Trompe d’Eléphant et un de mes mentors m’a conseillé de la traiter en HOO, c’est à dire avec les longueurs d’onde de l’hydrogène et l’oxygène.
Oui mais comment ? Et quel intérêt ? Il m’a envoyé un tutoriel basé sur le logiciel Pixinsight et j’ai essayé. La vidéo dure plus d’une heure et contient plein de concepts qui sont loin d’être évidents. Il m’a fallu deux visionnages avec de multiples arrêts sur images et quelques notes pour comprendre l’idée.
Le principe est d’attribuer une couleur, rouge, vert ou bleu, à une une longueur d’onde particulière. Rouge pour l’hydrogène, vert et bleu pour l’oxygène. Ensuite on isole ces couleurs avec des masques pour les traiter de manière indépendante pour enfin tout assembler pour fabriquer une image.
En réalité c’est un peu plus compliqué. En astro photographie, on va tout d’abord étirer l’histogramme des lumières pour amplifier certaines parties et en atténuer d’autres. On va également séparer les étoiles de l’objet photographié pour les traiter indépendamment. Souvent on choisit de réduire le nombre d’étoiles. On assombrit le fond du ciel pour éviter d’obtenir une voûte céleste grise. Bref on bidouille pendant des heures.
À la fin que reste-il de la réalité ? Nous avons filtré les fréquences, amplifié la lumière, enlevé les étoiles, assombri le ciel, attribué des couleurs arbitraires à certaines fréquences, rehaussé des couleurs, estompé d’autres, supprimé des étoiles, ajouté du contraste, réduit le bruit et fabriqué une photographie avec tous ces éléments additionnés.
Nébuleuse du Cocon
Certains astronomes amateurs s’insurgent à raison contre ces pratiques. Car l’information qui pourrait servir à la recherche disparaît lors du traitement de la photographie. Si on n’utilise pas des filtres étalonnés, des caméras spécifiques et des traitements non destructifs, l’image n’est plus exploitable pour la science.
Personnellement, je fais des photographies astro pour la beauté de l’image, pas pour la science. Et le traitement HOO m’offre une toute nouvelle palette de couleurs pour composer des images spectaculaires même si elles sont peu scientifiques.
Un jour je changerais peut-être d’avis, j’utiliserais une caméra monochrome et des filtres étalonnés. Mais pour l’instant, je me fais juste plaisir.
Après la canicule du mois de juin, juillet a été des plus arrosé en Alsace.
Le week-end c’était lecture et séries TV emmitouflé dans un pull pour luter contre la froidure. Impossible d’entretenir le jardin sous les averses orageuses ou d’aller se promener en montagne.
En semaine c’était pantalon de pluie et kWay pour aller au travail à vélo.
La nuit des étoiles est tombée à l’eau et le télescope n’est pas sorti une seule fois après la fête nationale.
La première fenêtre astro à se présenter fut un soir de pleine lune, après un aller-retour à Lyon en camionnette, autant dire les pires conditions pour faire de l’astronomie. Pourtant je suis monté, avec la lunette et le télescope, histoire de réaliser des observations visuelles pendant que je photographiais le ciel.
Je suis monté très tôt afin de profiter de la fraîcheur et observer le soleil. Sur le parking il y avait pas mal de monde dont Philippe, un astronome en culotte courte tatoué de partout, équipé d’un petit télescope Skywatcher 150/750 sur une mini monture azimutale. C’était sa première au Champ du Feu. Il était excité comme un pou avec plein de questions de débutant auquel j’ai tenté d’apporter tant bien que mal des réponses.
J’ai installé mes deux instruments et pointé le télescope vers le soleil, histoire d’observer l’astre qui nous prépare des températures records pour cette semaine. Il était comme d’ordinaire, jaune avec quelques rares tâches noires. Presque décevant lorsque l’on considère que la température va monter à 37 degrés sous abri. Mais est-ce bien le soleil le coupable ?
La nuit est arrivée très vite entre les conversations, une bière partagée, les réglages des instruments et le repas au coucher de soleil. De nombreux promeneurs étaient montés comme moi profiter de la relative fraîcheur et du magnifique paysage. Du coup, pas mal de curieux nous ont accompagné une partie de la nuit.
Mon camarade Clovis est arrivé vers 22h avec son Newton rangé sur un chariot qu’il a conçu sur mesure. En cinq minutes, le télescope était sorti de la voiture et installé sur sa monture. Impressionnant ! Par contre, suite à une mauvaise configuration réseau de son ordinateur, il a quelque peu galéré pour utiliser son setup. De toute manière il était monté sans avoir planifié ce qu’il photographierait cette nuit.
Moi non. Tout était décidé depuis presque un mois. Et je n’en pouvais plus d’attendre. À 23h ma lunette prenait les premières images de la Trompe d’Eléphant dans la constellation de Céphée, ma cible photographique de la nuit. Pendant ce temps je pointais les bec le second instrument la lune qui déjà dessinait nos ombres sur le parking. Puis une fois rassasié, je laissais les badauds observer notre satellite à leur tour en prodiguant quelques explications.
L’un d’entre eux m’a servi l’habituelle théorie complotiste de la Lune inviolée par l’homme. Des fois je ne comprends vraiment pas les êtres humains. Six missions ont déposé des équipages américains sur le sol lunaire, films et photos à l’appui. Des dizaines de milliers de personnes assistèrent au décollage des fusées Saturn V et des kilos de pierres ont été rapportées sur Terre. Pourquoi un tel aveuglement ? Bon, je suis resté poli, mais je lui ai quand même expliqué que tout ça c’était des conneries conspirationnistes.
C’est lorsque Jupiter émergea des arbres qu’il y eut le plus de queue devant le télescope pour observer la planète aux anneaux. Pendant ce temps, la lunette poursuivait tranquillement ses clichés juste à côté sans rencontrer un seul problème technique, un vrai miracle !
Peu après minuit, les curieux sont allés se coucher. Il ne restait plus que les astronomes amateurs et leurs instruments pointés vers les étoiles. Nous avons continué à admirer Saturne, l’amas d’Hercule, la galaxie d’Andromède, la nébuleuse de la Lyre et celle de la cloche pour passer le temps jusqu’à ce que j’ai accumulé plus de trois heures d’images de la nébuleuse.
Le vent s’était levé, je commençais à accuser le coup de la fatigue accumulée ces derniers jours et il aurait fallu que je procède au retournement de méridien pour continuer la session photo. J’ai préféré remballer, tout comme Clovis qui finissait d’imager Saturne.
Deux jours plus tard, je suis remonté au Champ du Feu. Jupiter et Vénus seraient en conjonction à moins de 1 degré peu avant l’aube. C’était également le maximum de l’amas des Perséïdes, mais ça je l’avais oublié.
J’avais aménagé la voiture en camping car pour pouvoir me reposer un peu durant la nuit car un 22h – 5h30 après une journée assez active ça fatigue quand même.
Le parking était presque rempli, à tel point que j’ai eu du mal à trouver un emplacement pour m’installer. Je suis tombé entre une famille de trois générations alsaco-stupide-facho et un astronome amateur qui n’avait pas sorti son télescope depuis un an. Moi je n’avais amené que ma lunette cette fois pour photographier la Nébuleuse du Sorcier, un de mes objectifs de l’été.
Après avoir lancé ma session photo qui va durer plus de 5h30 avec un retournement de méridien, envoyé bouler poliment deux fois la famille alsacienne qui venait poser des questions vraiment crétines en plein dans les réglages, je suis allé voir mon voisin qui reprenait ses marques avec son tube de 250 mm.
Un peu sur ses gardes au début, il s’est détendu lorsque je lui ai prêté un filtre pour observer la Lune. Après il m’a laissé regarder dans son instrument et même pointer quelques objets.
Dès le premier coup d’œil à l’oculaire j’ai constaté que son instrument était mal collimaté (l’alignement entre le miroir principal et secondaire). Alors ensemble nous avons réglé son tube et ensuite nous avons profité des merveilles de Saturne et des amas globulaires, sa passion.
Vers une heure, un groupe de jeunes s’est joint à nous pour regarder les étoiles, émerveillés par le spectacle, alors que la Lune gâchait un peu la fête.
Une majorité de personnes ne lève jamais les yeux au ciel la nuit, encore moins dans un lieu sans éclairage public. Quand ils le font, ils découvrent soudain la beauté de l’univers mais hélas l’oublient bien vite pour retourner à leurs écrans minuscules alors que la voûte céleste est infinie.
Ils sont partis vers 3h comme mon voisin. Sur le parking il ne restait qu’un camping-car, moi et un télescope parqué près d’une voiture dans laquelle son propriétaire dormait à poings fermés.
Alors j’ai fait pareil, une petite sieste réparatrice dans le coffre de la 2008 en attendant que Vénus et Jupiter ne se lèvent. Difficile de dormir dans ces conditions mais j’étais au moins au chaud.
Lorsque les deux planètes ont enfin émergé de la cime des sapins, j’ai arrêté de photographier la nébuleuse du Sorcier pour pointer la lunette sur les deux lumières qui rentraient tout juste dans mon champ. Un magnifique spectacle !
Vers 5h j’ai remballé le matériel et suis redescendu en plaine d’Alsace où il faisait nettement plus chaud.
Je suis remonté une nouvelle fois cette nuit pour prendre le frais et photographier la nébuleuse Dumbell dans la constellation du Petit Renard. Ça ne s’est pas passé sans difficulté, un problème avec une option de l’Asiair, du coup pour obtenir mes deux petites heures d’images, je suis rentré à 4h du matin.
Mais hélas, la fin de mes vacances approche. J’aurai passé presque plus de temps éveillé la nuit que le jour. J’espère encore monter au Champ du Feu avant de reprendre le travail histoire de photographier une autre nébuleuse. La météo décidera du jour.
Si vous voulez en voir plus, mes photographies astro sont publiées ici.
Vous saviez que la mairie de Strasbourg travaille à l’extension du tram ouest ? Il s’agit de la ligne F qui ira jusqu’à Wolfisheim.
Personnellement ça ne va pas révolutionner ma vie, sauf si je déménage vers l’ouest. Mais pour fêter l’événement, la ville organisait, dans le quartier de Koenigshoffen, un petit événement avec des stands et un concert du groupe Toïtoïtoï.
Depuis presque un an maintenant, je suis leur photographe amateur attitré. Du coup, samedi matin, je me retrouvai au centre socio culturel de Koenigshoffen pour En route vers l’Ouest, où la promotion de la future ligne F du tram.
Je portais pour la première fois les couleurs de Toïtoïtoï avec mon beau teeshirt tout neuf. Je portais également un sac chargé d’un Nikon Z6, Z8, d’un 24-70 et d’un 70-200 sans parler de l’eau, car il faisait déjà bien chaud.
Je n’aime pas beaucoup shooter en pleine lumière. Je suis gêné par les ombres, les reflets et les arrières plans disgracieux. En plus j’aime ouvrir à 2.8 ce qui m’oblige à pousser l’obturateur dans ses retranchements techniques. Bref, je n’étais pas vraiment dans mon élément. Par contre, comme c’est mon quatrième concert avec eux, les membres de la troupe commencent à m’apprivoiser ce qui est plutôt sympa. Vous me direz c’est plutôt moi qui commence à m’habituer à eux et non l’inverse.
C’était un concert de poche, 3/4 d’heure de 12h15 à 13h, à peine de temps de s’échauffer pour les musiciens. Après le discours de l’équipe municipale, qui a cru que les balances étaient en fait le concert, Toïtoïtoï se met en place pour quelques tableaux colorés.
Le set était bien en place malgré le remplacement au pied levé de l’ingénieur du son (pas besoin d’éclairagiste en plein soleil) et Toïtoïtoï a offert un beau spectacle à un public clairsemé.
Pour ma part, j’ai essayé de jouer avec le décor, le mur vers du centre socio culturel, les tentes blanches, la régie technique, un téléphone filmant le concert et je me concentre sur des chanteuses que j’ai négligé pendant les précédents shootings, désolé mesdames. La difficulté venait de la lumière très dure et des ombres marquées. De gauche à droite de la scène, il y avait un très fort gradient lumineux qu’il fallait essayer de compenser sans cramer les photos. Le côté cool, est que j’ai pu passer derrière les musiciens sans gêner tout le monde et sans contribuer au spectacle.
Je commence aussi à connaître leur répertoire comme leurs tableaux ce qui m’aide à anticiper les placements et les cadrages. Par contre, n’étant vraiment un photographe très inventif, je refais tout le temps un peu la même chose et bientôt Toïtoïtoï aura une grosse collection de photos toutes similaires.
Je suis revenu à 13h30 avec 250 images et quasiment aucun déchet, le charme de monde nouveau 70-200 qui est décidément une bête de course. Une fois éliminés les doublons et les choses moches, il me restait 50 clichés du concert, presque un par minute. Bon rien d’extraordinaire mais j’ai quatre ou cinq images dont je suis assez content. C’est déjà ça.
Le prochain rendez-vous est pris pour le 22 novembre. Toïtoïtoï fêtera ses dix ans d’existence au Pavillon Joséphine au Parc de l’Orangerie à Strasbourg. En attendant j’ai un concert prévu le 18 juillet au Tanzmatten à Sélestat pour photographier entre autres Saor, le 5 août pour King Buffalo suivi du 7 août pour Messa sans parler de Jazz à la Petite France ce Week-end.