Avec ou sans filtre ?

Image

Ma mère fumait des Dunhill rouges, mon père des Gauloises sans filtre, mon frère aîné roulait ses cigarettes, le second crapotait des mentholées, le troisième des joints et moi je fumais la pipe. Certains affirment que les filtres sont pleins de produits chimiques toxiques, d’autres que ce bout jaunâtre limite les dégâts. Dans tous les cas, il vaut mieux ne pas fumer.

J’ai commencé à photographier sans filtre mais pas à l’aide d’un capteur défiltré. Puis j’ai utilisé une caméra et aujourd’hui je me lance dans l’utilisation des filtres. 

Mais tout doucement. Car un filtre absorbe une partie non négligeable de la lumière et lorsque l’on scrute le vide intersidéral, on trouve peu de lumière. En plus j’utilise une caméra couleur alors que d’ordinaire la photographie astronomique se fait avec des caméras noir et blanc et plusieurs filtres comme le O3, H Alfa ou SO2. Mais ce genre de cliché demande trois fois à quatre fois plus d’images, c’est à dire plusieurs nuits de photographie.

Je n’en suis pas là. Pour l’instant je vais juste essayer d’enlever les rayonnements parasites comme les éclairages urbains et la pollution de mes images. Donc je ne vais utiliser qu’un seul filtre pendant toute ma session photo.

Les filtres, que ce soit en photographie ou en astronomie, cela coûte un bras. Alors pour commencer, j’ai été raisonnable, j’ai commandé un UV-IR cut et un tri band. L’UV-IR cut filtre comme son nom l’indique le rayonnement ultraviolet et infrarouge. Le tri band lui ne laisse passer que trois bandes assez étroites du spectre lumineux, le rayonnement émis par l’oxygène, le souffre et l’hydrogène. 

Mais qui dit filtre dit porte filtre. Encore un machin à placer entre la lunette et la caméra. Il y a des portes filtres encombrants et relativement chers pilotés par ordinateur et puis il y a des petits trucs accessibles mais totalement manuels. J’ai opté pour un compromis avec le SVBONY. Il possède un tiroir aimantée qui permet de changer facilement de filtre ou de ne rien mettre à la place.

Le hic c’est qu’il fait 21 mm ce qui m’oblige à revoir tout le réglage du bac focus, c’est à dire la distance qui sépare le réducteur de champ de la caméra. Celui-ci est de 55 mm et celui de la caméra est de 6.5 mm ce qui me laissait 27.5 mm à combler sachant que la caméra dispose d’une bague de 11 mm soit donc 16.5 mm à compenser.

J’ai enlevé le rotateur de champ situé derrière le réducteur pour le placer juste derrière le porte oculaire et j’ai glissé deux bagues, une de 12 et une autre de 5 mm pour atteindre le bon bac focus. Des opérations contrôlées au pied à coulisse pour être certain de ne pas avoir de mauvaises surprises.

Il ne reste plus qu’à essayer tout cela dès que le ciel daignera se dégager. Normalement le filtre tri band devrait améliorer les images de nébuleuses en ville et le UV-IR cut mes photos planétaires et de galaxies.

Pothamus au P8

Image

Sur les conseils avisés de Alias et de Alice j’ai écouté l’album Abur du groupe belge Pothamus. Et j’ai été conquis. Hasard du calendrier, le groupe se produisait au P8 à Karlsruhe le vendredi 11 avril avec le groupe, également belge, HEMELBESTORMER.

Ni une ni deux, j’ai contacté la salle pour savoir si je pouvais venir faire des photos, et Bert m’a répondu par la positive. Muni de mon billet, du Nikon Z8, du nouveau 70-200 et d’un 24-70, je suis parti à Karlsruhe, une petite heure de route sans embouteillage pour une fois.

En arrivant Bert m’accueille, me donne les consignes et m’indique que pour Pothamus je pourrais monter sur scène pour faire des photographie. Cool !

Surprise, le P8 n’a pas ouvert la grande salle et c’est face au bar, sur une scène de quatre mètres par quatre, que va se dérouler la soirée. Je n’ai pas l’air con avec mon objectif 70-200 de compétition, dire que j’ai failli ne pas apporter le 24-70.

Alors que je déguste une bière avant d’attaquer les photos, Mattias M. Van Hulle, le batteur de Pothamus vient me voir pour me dire que c’est cool que je puisse faire des photos et que je peux monter sur scène tant que je ne fous pas le bordel dans les câbles. Vraiment cool. Mais comment lui expliquer que vu la taille de scène, je ne vais pas jouer à ça. Déjà, j’ai pour habitude de me faire oublier des musiciens et du public lorsque je photographie, ensuite, je me vois mal m’installer au milieu des musiciens sur une scène si petite.

Les lumières s’éteignent et le trio belge, après avoir brulé de l’encens, se lance dans dans shoegaze psyché complètement fumé du paillasson. D’ailleurs en parlant de fumée, la salle nage dans un brouillard dense et la scène est vaguement éclairée par quelques rares projecteurs.

D’ordinaire je m’autorise de monter jusqu’à 4000 ISO pour photographier, là je vais devoir monter à 10000 ISO et même ainsi je serais toujours en panique pendant la soirée. Une purée de poix. Alors désolé pour la qualité des photographies.

J’ai l’impression que Pothamus joue de manière plus soft en live qu’en studio avec moins de growl et plus de transe chamanique. Personnellement, cela me va parfaitement. Chaque musicien semble plongé dans son trip, surtout Sam Coussins, le chanteur et guitariste du trio. La section rythmique, tout particulièrement la batterie est ce que je préfère dans leur musique et là elle est carrément habitée. Après je suis assez mal placé pour profiter pleinement du son car la petite salle est bien remplie, alors je me suis casé dans un coin histoire d’avoir un champ dégagé.

Pothamus joue quasiment sans interruption leurs titres à rallonge, sans s’adresser une seule fois au public, plongés dans leur trip et les volutes épaisses de la machine à fumée. Moi, tant bien que mal, j’arrache quelques images à ce fog londonien irrespirable. Je recherche les rares éclaircies et les rayons de lumière pour capter un visage, une silhouette ou Michael Lombarts, le bassiste, qui est le seul à occuper la scène.

Leur set se termine trop vite à mon goût, en partie parce que je n’ai qu’une petite vingtaine de photos potentiellement exploitables et que j’aime beaucoup leur univers sonore.

Ils laissent la scène à HEMELBESTORMER, un quatuor instrumental de post-rock plus âgé et assez épais que j’ai rapidement survolé avant de venir au concert. Comme s’il n’y avait pas assez de brouillard, la technique en rajoute une couche. Cette fois, on ne voit pas à deux mètres. Les musiciens ont mis en place deux panneaux lumineux ésotériques qui encadrent le batteur et ils projettent des images de l’espace sur le fond de la scène.

Bon, vous savez, je ne suis pas post-rock, alors j’ai quelques craintes. Pourtant le mur de son répétitif des belges finit par chatouiller mes bouchons d’oreilles et je rentre dans leur prestation assez virile. Pour les photos, je suis carrément à la ramasse avant de trouver un réglage pour que l’autofocus fonctionne à minima et accroche quelque chose. Il fait sombre, les mecs bougent et c’est la purée de poix. Je me concentre sur un des guitaristes, celui qui est le plus proche de moi, faute de pouvoir attraper le batteur totalement noyé dans la fumée ou de choper l’ensemble du groupe.

Finalement j’aime bien leur univers musical et en rédigeant ce live report, j’écoute leur album Collide & Merge sorti en 2021. Le groupe joue jusque 23h30 et à la fin Bert me fait monter sur scène pour que je fasse une photo de la foule en liesse. J’ai fait ce que j’ai pu. Désolé Bert…

Après le concert, une fois le matériel remballé, je vais au stand de merch m’offrir Abur en vinyle et un teeshirt pour faire bonne mesure. Je devais revoir Mattias avant de partir pour échanger nos coordonnées mais il était pris dans une conversation avec les musiciens de HEMELBESTORMER et je n’ai pas voulu les déranger. J’espère qu’il recevra les photos.

Ce fut un chouette concert même si j’ai quand même bien galéré avec les photos. Grace au P8 je découvre régulièrement des groupes sympas qui sortent des sentiers battus et en plus j’ai mes entrées pour faire des photos ce qui devient assez compliqué de nos jours. Je vous recommande la salle et sa programmation. En plus les bières ne sont pas cher.

Les photos de Pothamus sont à découvrir sur mon compte Flickr comme celles de HEMELBESTORMER.

Bilan photo

Image

Voilà deux années que je suis dans un club photo et l’heure est aujourd’hui au bilan. 

J’y suis rentré dans le club par curiosité et parce que deux personnes que j’aime bien m’ont invité à venir voir ce qu’il s’y passait.

Cela faisait longtemps que je voulais rejoindre un club sans jamais avoir franchi le pas. Je voulais m’améliorer, apprendre, me confronter aux autres, découvrir des techniques, rencontrer des photographes et échanger. Je le veux d’ailleurs toujours.

Mais honnêtement, ce n’est pas ce que j’y ai trouvé. Tous les quinze jours, de 20h à 22h30, nous nous réunissons dans une salle pour suivre toujours le même rituel : critique croisée de deux photographies, projection et classement des clichés d’un challenge, présentation du travail d’un photographe, diaporama de vacances, blagues potaches, polémiques interminables sur le sexe des anges, annonces de concours et ou des résultats, prochaines sorties et organisation d’expositions.

Lors de ces assemblées il n’est pas question de technique photographique sorti des horizons inclinés, des capteurs mal nettoyés et des soleil au centre de l’image. Les membres ne parlent pas de matériel si ce n’est pour se moquer d’OM System et relancer de l’éternel combat entre Canon et Nikon. Pas un mot sur les nouvelles fonctionnalités des logiciels, sur l’art de la photographie, sur les nouvelles optiques ou le dernier boîtier. Il y a par contre beaucoup d’avis très tranchés sur les images présentées en séance.

Quelques membres sont des photographes aguerris avec du matériel de compétition, gagnants de concours, d’autres font des photos à la manière de souvenirs de vacances et enfin certains travaillent juste au smartphone. Ce ne sont d’ailleurs pas eux qui produisent les plus mauvaises images, loin de là et je me situe en bas du classement, malgré mon matériel. Il y a quelques photographes, un peu moins d’artistes et beaucoup qui se croient les deux.

Contrairement à l’association d’astronomie que j’ai rejoint à peu près à la même époque, j’ai l’impression de n’avoir pas progressé au club photo. Là où les astronomes amateurs guident, conseillent, critiquent, donnent de leur temps, partagent leur travail, leurs astuces, testent des nouveaux équipements, comparent, mes vieux potes photographes ergotent et progressent peu.

S’il est très agréable de partir en virée en groupe pour faire de la photographie, ce n’est pas ces jours là que l’on ramène les meilleures images. Et si j’ai réalisé quelques chouettes photos animalières, c’est lors de sorties en dehors du club, avec l’un de ses membres. 

Si lors des réunions, nous avons de bonnes tranches de rigolade, souvent au dépend des autres, et qu’il est toujours sympathique de partager sa passion, j’ai tout de même l’impression de perdre un peu mon temps lors de ces soirées et chaque prétexte est bon pour ne pas y aller.

J’ai donc décidé d’arrêter les frais. Idéalement j’aimerais trouver un nouveau club pour essayer de progresser mais je n’ai pas encore trouvé de successeur qui allie à la fois proximité et intérêt.

Planification

Image

Avant de partir en montagne pour une nuit d’observation, il est utile de préparer sa sortie.

La première chose à laquelle on songe naturellement c’est à l’équipement, la charge des batteries, les vêtements et la nourriture. 

Certes c’est important, même essentiel au bon déroulement d’une nuit d’astronomie, mais cela ne suffit pas. Avant de partir, il faut décider de l’objet que l’on va photographier.

Des objets, il en existe une multitude dans le ciel, la lune, les planètes, les galaxies, les nébuleuses, les amas d’étoiles, les comètes. Tous ne sont pas visibles aux mêmes latitudes et certains ne sont bien placés qu’à certaines périodes de l’année.

Ensuite certaines nébuleuses ou galaxies requièrent un champ large alors que d’autres sont tellement petites qu’une grande focale est préférable. Certains objets sont très lumineux, comme les planètes, d’autres sont invisibles à l’œil nu et même dans un bon télescope.

Avant de partir, se pose donc la délicate question du « que vais-je photographier ce soir ? ». Pour moi la liste est longue puisque je débute. Mais pour certains objets, il faudra que j’attende l’arrivée de l’été. Pour d’autres, j’ai déjà loupé le coche. Il me faudra patienter jusqu’à l’hiver prochain.

Alors j’ouvre l’application Stellarium, consulte le numéro spécial de Ciel et Espace, recherche la note intitulée Observation dans mon smartphone où je stocke les objets que je rêve d’ajouter à mon tableau de chasse, et je regarde s’ils seront visibles dans le ciel du soir. 

À quelle heure se lève-t-il , à quelle hauteur culminera-t-il à l’horizon, à quelle heure se couchera-t-il, quelle est sa luminosité et quelle est sa taille. Je ne me pose pas encore la question de quel de filtres utiliser pour le photographier car pour l’instant je n’utilise aucun filtre mais cela rentrera sans doute bientôt dans mes critères.

L’astro photographe a besoin idéalement d’un objet qui reste longtemps visible pour maximiser le temps de capture et qui soit assez haut dans le ciel afin d’avoir moins de perturbations atmosphériques. Ensuite, en fonction de sa taille, il va falloir choisir l’instrument adapté. Ma lunette avec son réducteur de focale et la caméra couvre un champ qui possède une largeur représentant un centième du ciel. Mon télescope lui voit une zone six fois plus petite. Pour vous donner un ordre de grandeur, la Lune fait environ un demi degré d’angle angulaire. Donc dans la lunette je pourrais mettre neuf lunes alors que dans le télescope elle ne tient pas totalement, du moins avec la caméra que je possède.

Le choix de l’objet conditionne donc le matériel à emmener pour l’observation. Il faut également bien étudier cible, savoir si des étoiles brillantes vont perturber la photographie, pour bien doser le temps d’exposition, vérifier si on ne se trouve pas en plein radiant d’étoiles filantes, dans l’axe d’un aéroport, si la Lune ne va pas être trop proche ce soir là. Bref plein de paramètres qui vont déterminer ce que l’on va photographier.

Evidemment, arrivé là haut, il ne faut pas qu’il ait des nuages…

Haroun Tazieff

Image

Je n’ai jamais volé aussi loin de ma vie. Quatre heures et vingt minutes depuis Strasbourg. Tout ça pour aller se perdre sur une petite île au milieu de l’océan Atlantique. Un caillou volcanique aride balayé par les vents et brûlé par le soleil.

Pourquoi Lanzarote ? Parce qu’il y a un vol direct Strasbourg Arrecife une fois par semaine desservi par une compagnie low cost et que les autres destinations, à savoir la Corse, la Sardaigne, l’Italie, le Portugal ou l’Espagne, on a déjà donné. Bon d’accord, techniquement les Canaries font partie de l’Espagne, mais c’est quand même pas pareil.

Maisons blanches, cactus, palmiers, volcans, mer de lave, océan, îles et soleil avec 22 à 24 degrés au programme, le tout dans une maison de 95 m2 avec piscine, jacuzzi et vue sur mer, au sud de Lanzarote. Il y a pire comme destination de vacances, surtout quand il fait 8 degrés avec de la pluie en Alsace.

Pour la voiture, j’aurai dû choisir la même catégorie que le logement. La Fiat 500 cabossée qui peine à dépasser les 60 km/h dans les montées, gère également difficilement les chemins en terre défoncés qui conduisent à de nombreux paysages grandioses. Impossible de se garer en bord de route par exemple, l’accotement se trouve souvent 20 cm en dessous du bitume. Trouver un endroit pour se garer et prendre une photographie relève de l’impossible, surtout dans le parc des volcans.

J’ai toujours adoré les déserts et je suis fasciné par les volcans. À Lanzarote, je suis servi. Plus de trois cents volcans et la moitié sud de l’île recouverte de lave où ne pousse que de rares lichens. Un paysage de désolation. J’adore !

Pour la culture, sorti de l’artiste local qui a ‘embelli’ certains sites, c’est la misère. Pas de vestiges de civilisation antique, car s’il y en a eu, ils ont été ensevelis sous la lave. Restent des sites spectaculaires fait de pierre et d’océan, des paysages grandioses balayés par les vents.

Du nord au Sud à peine une heure de route, d’Est en Ouest la moitié. Des maisons blanches à un étage, des piscines bleues pour les touristes, des hôtels gigantesques sans cesse alimentés par des cars, des rosbifs et des teutons écarlates, des italiens bruyants, des retraités venus chercher de la vitamine D en rayon et quelques français égarés. 

Pas de champ, sinon de lave, quelques touches de vert sous forme d’un cactus, d’un palmiers, du lichen ou d’une vigne rachitique protégée dans des demies lunes de pierre volcanique. Ici tout est minéral, même le vin blanc sec. L’eau vient de l’océan, déssallée, imbuvable. Spaghetti à l’eau minérale, expresso sorti d’une bouteille plastique, alors tant qu’à boire en emballage, autant se déshydrater au vin et à la bière.

Il n’y a pas tant de choses à visiter sur l’île sorti des œuvres de César Manrique, l’artiste de Lanzarote. Bon d’accord, il y a le parc des volcans dans lequel je pourrais consacrer une année de photographie, mais voilà, on ne le visite qu’en bus fermé pour préserver le site. Il existe heureusement d’autres volcans que l’on peut explorer librement, d’ailleurs juste au-dessus de notre maison il y a la Montagne Rouge et son immense cratère que j’ai escaladé à plusieurs reprises le matin.

Étrangement les guides que nous avons consulté, passent sous silence de magnifiques endroits qui sont du coup assez peu fréquentés par les touristes comme Punta de mujeres, un village au bord de la mer avec plusieurs piscines naturelles fabriquées par les coulées de lave. Ces lieux ne sont pas vraiment aménagés pour les touristes, pas de panneaux, pas de parking, pas de commerces, mais le bouche à oreilles et les blogs conduisent quelques curiueux égarés dans ces paysages encore préservés.

Sur Lanzarote il y a des cratères, des tunnels de lave, des mers de roche volcanique déchiquetée, des plages de sable noir, des lagons verts, de rares moulins, quelques cactus, beaucoup de lichen, des murs de pierres ponce, des champs de gravillons noirs, des volcans noirs, gris et rouges et ces maisons blanches aux portes vertes surmontées de panneaux solaires et d’un ballon d’eau. Une terre de contrastes visuels saisissants qui font le bonheur d’un objectif photo.

Parti avec le Nikon Z6 et un objectif 24-200 mm pour voyager léger, j’ai très vite regretté de ne pas avoir emmené un ultra grand angle car Lanzarote vaut pour ses paysages grandioses à 180 degrés. J’avais tout de même amené un mini trépied pour photographier l’éclipse de lune du 14 mars, mais je ne me suis pas réveillé, épuisé par les longue marches au soleil, face au vent soufflant à 50 km/h.

Ce furent de très belles vacances, mais je ne crois pas que nous retournerons pas à Lanzarote même si c’est une île étonnante. Le bilan carbone du voyage, l’usine à touristes qu’est la côte sud et le fait qu’au bout de trois jours nous avions exploré les spots principaux, ne donnent pas forcément envie d’y faire un second voyage. Les volcans furent par contre une rencontre spectaculaire que j’aimerais bien renouveler en Islande par exemple. Reste à convaincre mon épouse…

Jessica Rabbit dévoilée

Image

Vous avez vu le film Qui veut la peau de Roger Rabbit ? Si ce n’est pas le cas aller le voir tout de suite. C’est un film qui mélange animation et personnages réels. L’histoire de Roger Rabbit, un lapin stupide de Toons marié à une femme de rêve. 

Lors du spectacle de Toïtoïtoï dont je vous ai parlé cette semaine, un tableau est consacré à ce polar noir sur fond d’histoire d’amour. Et comme je l’ai déjà raconté, je me suis fixé le challenge de photographier la chanteuse avec le contrebassiste, de préférence avec un rendu sensuel. 

Trois de mes clichés fonctionnaient assez bien sur toute la série. J’en ai sélectionné deux pour le groupe et j’en ai gardé un pour mes plaisirs solitaires, à savoir le traitement photo.

Ma femme aimait bien les photos mais leur trouvait quelques défauts. J’ai conservé l’image qu’elle préférait et l’ai retravaillée afin qu’elle corresponde plus à ses goûts.

Je vais vous dévoiler ici comment on passe d’un fichier brut à l’image finale désirée. Le traitement sous le logiciel Lightroom à partir d’un fichier RAW de chez Nikon.

L’image initiale ressemblait à ceci, à la réduction du bruit près. De base je la trouvais la photo pas si mal : la posture sensuelle de la chanteuse associée à celle du contrebassiste en arrière plan qui joue, le rappel des courbes de Jessica dans celles de l’instrument, le fond bien noir et les reflets du plancher de la scène, on aurait presque pu en rester là.

La première étape a consisté à recadrer légèrement la photographie pour que la chanteuse soir parfaitement sur une ligne de force. Ensuite j’ai joué sur quelques curseurs afin d’ajuster les couleurs, la netteté, la saturation et les ombres. Mais le défaut principal de ce cliché venait de la présence d’éléments parasites comme le chevalet et l’amplificateur gris posés entre les deux protagonistes. Je me suis servi de l’outil d’effacement pour les faire disparaître, chose que d’ordinaire je ne fais jamais et traitement photo, mais là j’avais décidé d’aller jusqu’au bout des possibilités de Lightroom.

Pour finir, j’ai voulu donner un coup de projecteur sur Jessica et apportant une lumière sur la gauche du tableau, un artifice dont j’use de temps en temps pour éclairer les paysages.

Le résultat final est satisfaisant si on le compare à l’image originale. Il y a encore des choses à redire comme la saturation des cheveux du musicien, l’ombre du chevalet sur la contrebasse, le bras droit de la chemise de l’homme généré par IA qui ressemble plus à pull qu’à autre chose, mais voila un petit aperçu de ce que faire un logiciel de développement comme Lightroom à condition de consacrer plus d’une heure sur l’image.

Burlesque

Image

Souvenez-vous, en septembre, après une nuit blanche au Champ du Feu, j’avais couvert le spectacle en plein air de Toïtoïtoï à Bischheim. Et comme les photographies leurs avaient plues, j’ai remis le couvert pour la Saint Valentin, enfin plus exactement le dimanche 16 février.

Le spectacle se déroulait dans le cadre du festival Strasbourg mon Amour à la salle du Cercle, toujours à Bischheim. Une salle de 250 places assises possédant une scène de belle taille.

Toïtoïtoï est une troupe amateur qui présente un spectacle de comédie musicale burlesque intitulé Love Love Love dans lequel les musiciens, chanteuses et danseuses reprennent des classiques de la pop rock, des Blues Brothers à ABBA en passant par La Reine des Neiges. Il y a aussi deux chanteurs, mais noyé au milieu des toutes les filles, j’ai dérogé aux règles de la grammaire française pour écrire chanteuses.

J’ai profité que la troupe répète la veille, pour prendre mes marques et réaliser quelques photographies impossibles à prendre en présence d’un public. En plus de mon équipement habituel de concert, le 24-70 et le 70-200 mm, j’avais apporté un 85 mm ouvert à F/D à 1.8, un objectif parfait pour le portrait et très difficile à utiliser en live.

Dans Love Love Love, Toïtoïtoï propose plusieurs tableaux avec des changements de costumes, de micros et de chanteurs. Il n’y a que les six musiciens qui ne bougent pas. De gauche à droite, une flûtiste, un saxophoniste, un bassiste contrebassiste, un guitariste bandjo, un batteur et une pianiste. Ils ne sont pas vraiment mis en avant contrairement aux chanteuses multicolores et font pourtant un travail de fou. La fois précédente, ma mission consistait justement à rendre hommage à leur travail en les mettant en avant avec les photographies. 

Cette fois, l’exercice semblait quasi impossible étant donné la configuration de la scène, alors j’ai plus travaillé les couleurs et les portraits. Il faut dire qu’il y avait de jolis brins de filles en tenues aguichantes pour accaparer le viseur de mes appareils. J’ai dû me faire violence pour ne pas photographier toujours les mêmes personnes. Mon objectif accroche mieux certains visages que d’autres, on va dire les personnes les plus photogéniques. Mais dans ce genre de commande, le but est de capturer des images de tout le monde, et de préférence flatteuses, pour offrir un souvenir à tous les participants et du matériel pour la communication du groupe.

Pendant la répétition du samedi, je me suis invité sur scène, non pas pour un French Cancan, mais pour aller au plus près des musiciens. Je me suis également placé dans le public à venir pour cadrer quelques tableaux particulièrement colorés. J’ai surtout pris mes marques avec les éclairages et l’enchaînement des chansons.

A 17h j’avais emmagasiné plus de trois cent images de la répétition, trouvé une balance des blancs adaptée, repéré les endroits où me placer et vidé une batterie du Nikon Z8. J’ai principalement travaillé au téléobjectif 70-200 mm après quelques expérimentations au 85 mm.

Le dimanche matin, je triais et développais  la pellicule numérique pour ne conserver qu’une quarantaine de photographies, ce qui m’a permis de tirer les conséquences de mes erreurs et d’ajuster les réglages pour le spectacle, par exemple une vitesse d’obturation plus rapide et une profondeur de champ plus grande pour quelques scènes. Ça bouge vite et il y a pas mal de monde sur scène.

A 15h30 moi et mon épouse, venue surveiller son époux libidineux, étions de retour à la Salle du Cercle, une heure trente avant le lever de rideau, pour prendre une photographie de groupe avec toute l’équipe. La tension était palpable après l’atmosphère détendue de la veille. Une chanteuse m’a dit qu’elle hésitait entre aller vomir et péter un câble, le batteur n’arrêtait pas de faire des aller retour avec la régie, les bénévoles s’affairaient aux stands de merch, boissons à droite, gâteaux à gauche et moi-même je sentais la pression monter. Je vérifiais mes réglages dix fois, inspectais la propreté de mes lentilles et le niveau des batteries.

La salle se remplit assez vite, les familles et les amis s’installèrent et rapidement plus des trois quarts des sièges furent occupés. Une belle réussite ! 

Une fois que les lumières s’éteignirent, tout alla très vite. Les tableaux s’enchaînèrent à toute vitesse, je couru de droite à gauche, mitraillant, changeant les réglages, gros plan, plan large, contre-plongée, cherchant des expressions, des lumières, cadre serré sur un visage puis plan large pour englober toute la scène avec le public, bref je faisais des photos. Je m’étais réservé un siège au premier rang pour photographier quelques plans sans trop déranger le public, sinon j’étais debout, accroupi, évitant de rentrer dans le cadre des deux iPhone qui filmaient le spectacle. L’entracte m’a pris par surprise, quelques minutes pour faire un bisou à ma chérie, Saint Valentin oblige, et me réhydrater un peu.

Après cette courte pause, le spectacle repris de plus bel. J’allais d’ailleurs réaliser la meilleure photographie de la soirée. Jessica Rabbit arriva sur scène en robe rouge moulante et échancrée. Derrière elle, se cachait la contrebasse aux formes généreuses, le challenge consistait à cadrer le duo de manière sensuelle sans élément parasite et suffisamment de profondeur de champ. Je mitraillais, priant pour qu’une fenêtre s’ouvre et le miracle se produisit. J’ai finalement arraché trois images qui pouvaient convenir.

Mais il me restait encore une photographie à réaliser pour remplir le cahier des charges que je m’étais fixé, immortaliser les artistes avec le public présent ce qui impliquait qu’il soit éclairé pour ne pas avoir à trop tirer sur les curseurs. C’est lors du final que je vais tenir la chance. Il fallait être au fond de la salle au téléobjectif, raser les têtes du public et bien cadrer la scène tout en réalisant la mise au point sur la scène. C’était sportif avec plus cinq kilos de matériel à bout de bras. 

A 19h la fête était terminée. plus de trois cent nouvelles photos dans la carte, plusieurs kilomètres dans les jambes et des kilos à bout de bras.

J’ai trouvé le spectacle bien plus agréable à regarder en salle qu’en extérieur. Le son était nettement meilleur, surtout pour les voix et les éclairages de scène sur fond noir renforçaient beaucoup la mise en scène. Mes tableaux préférés resteront Roxane, les Blues Brothers, la version trash de la Reine des Neiges (j’adore le texte), All You Need Is Love et surtout, parce que la chanteuse possède une voix à tomber par terre, Calling You tiré de la BO du film Bagdad Café.

L’association a proposé de me rétribuer pour le travail, ce qui est flatteur, je crois d’ailleurs que c’est la seconde fois dans ma vie de photographe que cela arrive. Alors j’ai fait les comptes : deux déplacements, six heures de shooting, dix heures de développement, l’amortissement du matériel et son assurance, même au SMIC horaire, cela resterait hors de prix. Mais rassurez-vous, je ne suis pas comme ça, je le fais encore pour le plaisir. Je n’ai d’ailleurs pas de statut me permettant de gagner un salaire en tant que photographe, encore que si ça se trouve je peux cumuler ça avec mon travail. Toujours est-il que j’ai décliné la généreuse proposition, quitte à faire concurrence aux professionnels qui auraient pu couvrir l’événement. Désolé pour eux, mais on parle ici d’une troupe amateur. Après, si des formations professionnelles ont besoin de mes services, on peut en discuter.

Du coup, ce fut un week-end relativement chargé et sympathique d’autant que j’avais une fusée en petites briques à assembler. Mais au moins cette fois, je n’ai pas couvert le concert en plein soleil après une nuit blanche passée sous un ciel étoilé au Champ du Feu.

Ma vie en images

Image

Ma vie a toujours été remplie d’images, immortalisées sur ma rétine, sur une pellicule ou un capteur numérique. Des paysages, des visages, des films, des étoiles, des souvenirs de voyage…

Mon premier boîtier photo fut un Kodak Instamatic 33. Je l’avais emprunté à un de mes grands-frères pour réaliser un exposé sur les pompiers. Je devais avoir 10 ou 11 ans.

Le second, je me le suis offert bien plus tard, un Lubitel 2 avec sa pellicule au format 6×6. C’est avec lui que j’ai appris les bases de la photographie armé d’une cellule pour procéder aux réglages. J’avais 15 ans. J’ai également appris à cette époque les rudiments du développement argentique dans le laboratoire photo du club d’astronomie où je passais mes samedis après-midi.

Avec ma première paye d’été, je me suis offert un Reflex argentique dont j’ai oublié la marque et le modèle, probablement un Minolta. Je me suis lancé dans la photographie de paysages, de mégalithes, j’ai baroudé avec en Écosse, Bretagne, Italie, pays Cathare et réalisé les premiers portraits des mes enfants. C’est d’ailleurs en revenant de la maternité avec mon petit dernier dans les bras que le boîtier a connu une fin tragique, noyé dans du lait de toilette pour bébé.

J’ai ensuite un peu délaissé cette activité faute de temps et d’argent. Les premiers Reflex numériques étaient hors de prix et les bridges assez frustrants à utiliser.

C’est pourtant un bridge qui a été mon premier boîtier numérique, un Nikon Coolpix si je me souviens, bien vite remplacé par un compact Lumix 10 Mo pixels que j’ai encore aujourd’hui.

En 1995 j’ai emprunté un Reflex Nikon D60 avec un objectif 18-70 mm pour couvrir un concert de rock. J’ai adoré retrouver les sensations de ces gros boîtiers, même si pour ce genre de sport, le D60 n’était pas l’idéal. Ça m’a tellement plu que j’ai cassé ma tirelire pour un Nikon D7100 avec un objectif 18-140 mm.

À partir de cette époque j’ai couvert de nombreux concerts et festivals de rock dans le cadre du magazine de rock progressif que je gérais.

Toujours à la recherche de plus de sensibilité et de performances, j’ai migré du D7100 au D7200, deux appareils au format APS-C, puis au plein format (24×36 comme les pellicules argentiques 36 mm) avec un D810 acheté d’occasion (oui toujours chez Nikon) et j’ai étoffé petit à petit ma gamme d’objectifs, du fish-eye au 500 mm en privilégiant les grandes ouvertures à f/d 2.8.

La photographie était redevenue une passion. Je ne me limitais plus aux concerts depuis longtemps. J’ai commencé à photographier en mode natif et à développer mes clichés sous Lightroom pour ne plus m’en remettre aux choix arbitraires des boîtiers. C’est avec ce logiciel que j’ai progressivement trouvé mon style photographique. Du noir et blanc très marqué qui est devenu ma marque de fabrique. C’était surtout parce j’étais relativement mal à l’aise avec les couleurs que j’ai développé cette technique qui aujourd’hui se retrouve sur plus de la moitié de mes images.

Je me suis tout de même forcé à travailler la couleur et j’ai fait quelques progrès grâce entre autres à une formation sur le traitement des images.

Je suis passé par une petite crise existentielle à cause du poids du matériel et j’ai craqué pour un boîtier équipé d’un capteur micro 4/3, celui du petit Panasonic GX9. Un appareil léger, facile à emmener en vacances mais, qu’au bout du compte, j’ai assez peu utilisé.

Lorsque Nikon s’est engagé dans les hybrides j’ai franchi le pas, abandonnant les Reflex en monture F pour la gamme Z tout en conservant mes objectifs grâce à la bague FTZ.

Le Nikon Z6 a été le premier mais j’ai conservé le D810 assez longtemps car ce boîtier est vraie une bête de course, surtout en concert.

Le Z9 est arrivé et j’ai hésité, surtout à cause de son prix et de son poids jusqu’à la sortie Z8. Là je n’ai eu aucune hésitation et pour le financer j’ai dû me résigner à revendre le D810. Un véritable déchirement. Ainsi va la vie. Je revends toujours mes boîtiers et objectifs, histoire de ne pas accumuler inutilement de matériel, leur donner une seconde vie et limiter la dépense.

En photo je me cantonne au réaliste, n’usant que rarement de la retouche et encore moins de techniques de surexposition, superposions, zooming et autres étrangetés. Ce qui l’intéresse c’est de capturer un instant, pas de peindre ou d’inventer un autre univers visuel. Je ne suis pas un créateur ou un artiste. J’essaye juste de restituer quelques chose avec mon regard.

Après une pause de près de quarante ans, j’ai repris l’astronomie et donc naturellement l’astro photographie. J’ai commencé avec un boîtier photo et un téléobjectif, le Z6 le plus souvent muni d’un 200-500mm. J’ai photographié la Lune, quelques nébuleuses, des éclipse et des filés d’étoiles.

Le passage d’une magnifique comète dans le ciel m’a donné envie de reprendre l’observation avec un télescope puis une lunette de 72 munie d’une bague d’adaptation pour l’appareil photo. Après quelques tâtonnements, je me suis offert ma première caméra, une ASI533 MC Pro financée en partie par la revente du Panasonic GX9.

Après Lightroom je me suis initié aux logiciels Siril, Pixinsight, AutoStaker et bien d’autres afin de traiter les images du ciel. De nouveaux défis, de nouvelles techniques aidées malgré tout par mon expérience passée en photographie.

Je n’ai pas abandonné pour autant mes boîtiers Nikon et je sors toujours capturer des paysages, faire de la street photo ou couvrir quelques concerts à l’occasion. D’ailleurs je commence enfin à me sentir plus à mon aise avec les images en couleurs à force d’acharnement.

La prochaine étape sera peut-être la vidéo que je limite pour l’instant à un plan fixe par semaine pour des chroniques musicales et à de brèves captures planétaires. J’ai songé souvent à la photographie vue du ciel avec un drone mais je n’ai pas encore franchi le pas, toujours un peu dubitatif quant à la qualité des images des équipements abordables. Et puis j’ai assez à faire avec les étoiles pour l’instant.

ZWO et les câbles

Image

ZWO est la marque chinoise qui équipe une grande partie de mon setup astro. D’abord spécialisée dans les caméras, elle s’est diversifiée et fabrique maintenant des montures pour télescope, des lunettes, des ordinateurs, des roues à filtres, des rotateurs de champs, des focusseurs et des télescopes automatiques.

Je suis arrivé chez eux par flemme. Pourquoi s’encombrer de drivers, de logiciels, de PC, lorsque l’on peut avoir un setup complet compatible et simple à mettre en œuvre ?

J’ai d’abord acheté un Asiair Plus avec la lunette de guidage 30/120 mm et la caméra ASI120 mini pour régler les problèmes de suivi de ma première monture de télescope. J’ai ensuite acheté leur monture AM5 réputée pour sa simplicité et son transport facile. J’ai continué en achetant une caméra pour photographier le ciel profond, une ASI533 MC Pro et enfin j’ai trouvé sur LeBoncoin une caméra d’occasion pour le planétaire, la ASI224MC.

Je possède donc un écosystème ZWO assez complet même si je n’ai pas encore d’EAF (mise au point automatique) ni de roue à filtre.

Évidemment tout ces équipements fonctionnent avec des câbles. USB, RJ 45, alimentation 12 V. Des fils qui pendouillent, se mélangent, se coincent et parfois se cassent. Ça m’est arrivé plus d’une fois. Alors j’ai demandé mon fiston, qui possède deux imprimantes 3D, de me fabriquer des accessoires pour organiser les câbles.

Les organisateurs de câbles permettent d’éviter d’avoir des pelottes de fils qui pendent un peu partout, qui se prennent dans les pieds, qui s’accrochent aux vis de réglages mais également d’éviter la tension sur les connecteurs. 

Car si les produits ZWO fonctionnent relativement bien, j’ai l’impression que la marque fait des économies sur la connectique. Les prises USB et d’alimentation ne sont pas assez profondes pour mes câbles et la moitié du connecteur reste à l’air libre. 

Tant et si bien que les mauvais contacts sont fréquents lorsque les fils pendent. Et les mauvais contacts, c’est clairement l’enfer.

Pour réaliser l’alignement de la monture équatoriale avec l’étoile polaire, le setup réalise une première photo puis la monture bascule de 45 degrés à gauche pour en faire une deuxième. Ce déplacement suffit souvent pour que la prise d’alimentation de la caméra principale perde son contact. La micro coupure résultante plante le processus et il faut tout reprendre à zéro.

La correction fine du mouvement de la monture se fait en suivant à l’ordinateur plusieurs étoiles. La caméra de guidage est reliée à l’Asiair (le mini ordinateur) par deux câbles, un RJ45 et un USB. J’ai remarqué qu’au bout d’une heure ou deux d’auto guidage, l’ordinateur finit par perdre la main et commence à compenser des déplacements fantômes. Du coup le suivi devient plus mauvais que sans caméra de guidage et la session photo se termine là. Je soupçonne ici également un faux contact même si le déplacement en question est très lent. Et personne ne m’a apporté d’explication satisfaisante à mon problème à ce jour.

Du coup je vais tester deux nouveaux organisateurs de câbles fabriqués par mon fils aîné, un pour la caméra principale et l’autre pour la caméra de suivi. D’ailleurs je n’arrête pas de lui conseiller d’ouvrir une boutique en ligne pour vendre ses impressions. Un organisateur de câbles comme un masque de bathinov sont vendus pas loin de vingt euros et coûtent moins d’un euro à fabriquer. Même si la demande n’est pas folle, il y a moyen de se faire un peu d’argent.

Douce nuit, sainte nuit

Image

L’hiver s’est installé sur l’Alsace avec ses gelées nocturnes. Les marchés de Noël battent leur plein, le vin chaud fume et les bredele croquants embaument la cannelle et l’anis.

La température est passée sous le seuil psychologique des zéros degrés. Un bonnet sur le crâne, des sous vêtements thermiques en double couche, des bottes épaisses au pied, des gants de soie sur les mains, je regarde le ciel étoilé à côté de ma lunette. 

Je suis coincé en plaine, dans le vignoble au-dessus de Rosheim, car il a neigé sur les sommets. Le parking du Champ du Feu est verglacé et ailleurs la couche de neige fraîche dépasse les trente centimètres. Mon Thermos est rempli de soupe au potimaron brûlante. Mon compagnon d’infortune a apporté des bredele qu’il a fabriqué avec son épouse. Au moins nous avons de quoi manger.

La lunette pointe vers la constellation d’Orion où brillent deux sublimes nébuleuses colorées. Le ciel d’hiver est magnifique et pas besoin d’attendre minuit pour commencer à profiter de ses trésors. Par contre il faut installer le matériel dans le noir ce qui demande un peu d’entraînement et s’habiller chaudement.

J’ai froid aux pieds malgré les bottes et deux paires de chaussettes. Mes doigts sont gourds à force de toucher la monture en métal et l’écran tactile de la tablette. En plus le ciel n’est pas extraordinaire ce soir, légèrement brumeux après une belle journée ensoleillée.

François photographie la galaxie Messier 74 avec son Seestar 50 alors que j’en suis encore à régler mon matériel. Lorsque je commence enfin ma session photo il a déjà presque une demie-heure d’images. Je pointe IC 434, la nébuleuse à tête de cheval. Un nuage de gaz obscur qui ressemble à un hyppocampe. C’est un de mes objets préférés que j’ai déjà photographié en septembre dernier à la sauvette avant le lever de la comète Tshuchinshan-ATLAS. Je voulais la reprendre plus sérieusement. Hélas l’autoguidage va m’abandonner après cent trente clichés de trente secondes chacun. C’est mieux que les vingt précédentes minutes mais ce soir là le ciel était très pur.

On est le 26 décembre. La veille je photographiais la nébuleuse d’Orion depuis le jardin. L’astronomie n’attend pas les repas de famille. De toute façons, chez nous le jour de Noël on se repose, nous fêtons ça la veille depuis mon enfance.

De retour à la maison, commence le laborieux travail de traitement des images, des heures passées sous le logiciel Pixinsight à moyenner les images, isoler les étoiles, contraster la nébuleuse, augmenter la saturation, réduire le bruit et à tout assembler ensuite pour obtenir quelque chose de cohérent. Puis c’est parti pour du post traitement sous logiciel Lightroom afin de rendre tout cela plus sexy. J’envoie alors ma copie à mes mentors sur WhatsApp, je me prends des baffes comme d’habitude. Je recommence le traitement, je propose une nouvelle version et ainsi de suite jusqu’à qu’en face, lassés de critiquer mes images, ils abdiquent devant mes pathétiques balbutiements. Je progresse grâce à leurs conseils, mais à chaque fois j’en prends plein la figure. 

8En deux nuits glaciales j’ai réalisé deux images et tenté de photographier Jupiter. Sauf que je viens d’apprendre qu’il me faudrait un ordinateur portable sous Windows pour réaliser l’acquisition des images sorties de la caméra. Le Père Noël n’en a pas mis sous le sapin malgré de nombreux messages subliminaux. Il va falloir attendre les soldes ou renoncer à faire du planétaire.