Grand déballage

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Avez-vous déjà acheté une boite de biscuits conservés dans leur sachet fraîcheur ? Un emballage cartonné et des pochettes plastiques autour de chaque gâteau. Plus d’emballage que de contenu alimentaire et une grande partie non recyclable. Vous arrive-t-il d’acheter de la nourriture à emporter dans un fast-food ? Avez vous contemplé ce qu’il reste de papier, de polystyrène, de carton, de plastique une fois que vous avez ingurgité cette mal bouffe saturée en acides gras ? Avez-vous acheté de yaourts dans leur verre plastique, par pack de quatre, lui-même emballé dans du carton inutile ou ces briques de lait entourées de carton et plastique ?

Quand je fais mes courses, même en restant sur mes gardes, je remplis la poubelle papier au quart et la poubelle destinée à l’incinération d’un volume équivalant à chaque fois. Que des emballages qui ne servent qu’au transport magasin maison ou pour faire joli. Alors oui, c’est vrai, les magasins de distribuent plus de sacs de transport, ils les vendent, les fruits et légumes sont depuis peu dans des sacs en amidon de maïs, donc recyclable. Bel effort. L’amidon de maïs vient du maïs, vous vous en doutiez, une céréale qui pour pousser, a tellement besoin d’eau, que dans certaines régions françaises, elle assèche les réserve d’eau. Même chez mon boulanger, à 50 mètres de la maison, il mettent la baguette dans un sac en papier et quand je leur demande de ne pas le faire, ils m’expliquent qu’ils n’ont pas le droit. Alors je reviens chez eux tous les jours avec un vieux sac papier fatigué. Ils n’ont pas d’autre choix que d’accepter de mettre le pain dedans, mais me rappellent à chaque fois qu’il va bientôt se déchirer. Pourquoi ne pas proposer un sac en tissu tout simplement ?

Pourrait-on limiter ces emballages ? Des solutions bobo existent, ces magasins où les écolos de gauche viennent avec leurs propres tupperwares pour faire leurs courses. On pèse le récipient vide , on le remplit, on le pèse à nouveau et on paye. Cela permet d’acheter la quantité désirée, ni plus ni moins, de ne pas jeter d’emballage et de se donner bonne conscience. Mais à grande échelle est-ce viable ? Et je fais comment avec le sable pour chat, le miel, les chips, le beurre et le déodorant ?

Ne pourrait-on pas simplement réglementer un peu plus les pratiques de l’emballage ? Des paquets neutres, du carton et juste un code barre avec une affichette à côté pour présenter le produit et ses ingrédients en gros. Ne pourrait-on pas cesser tout mettre dans des sachets ‘fraîcheur’ qui emballent ce qui est déjà empaqueté ?

Quelque chose ne tourne pas rond chez nous. Les océans abritent des continents flottants de déchets, nous brûlons chaque jour des tonnes de produits non recyclables et les pays comme la Chine qui nous rachètent (pour quelque temps encore) nos déchets deviennent les poubelles de l’occident.

Il faut relancer la consommation pour alimenter la croissance et sauver l’emploi, voila ce qu’affirment nos politiques. Et la planète, vous-vous en balancez ?

Les appareils sont aujourd’hui conçus avec une obsolescence programmée afin d’alimenter la machine capitaliste libérale. Les publicités vous signifient que vous êtes un loser si vous ne possédez pas le dernier modèle en date de la grosse pomme. Le gouvernement vous persuade que changer de modèle de voiture pour un moteur moins polluant va sauver la planète. Sérieusement, avez-vous pensé à l’énergie et aux matériaux nécessaires à sa fabrication, au déchets et à la pollution générés par la destruction de l’ancienne ? Les écolos louent la voiture électrique, solution ultime à la pollution urbaine. Quid des accumulateurs ultra polluants ? Et l’électricité, d’où va-t-elle sortir, des centrales éoliennes, du solaire ? Ben voyons. Si tout le monde passait à l’électrique, certes il n’y aurait plus de pots d’échappements polluants dans nos rues, à la place il faudrait juste des centrales thermiques et nucléaires pour fournir tous ces petits moteurs en électricité. Alors des vélos électriques, c’est écolo non ? Non. Pédalez, ça vous musclera, vous donnera de jolies fesses et vous fera perdre la graisse accumulée en mangeant chez Burger Truc.

Cette année nous avons commencé à consommer nos ressources planétaires à crédit le 2 août paraît-il. C’est a dire que nous avons consommé plus en huit mois que ce que la planète est capable de produire en un an. Les subprimes des ressources naturelles en quelque sorte. A quand la crise ?

Pollution, déchets, réchauffement climatique, course à la consommation, guerres, nous sommes vraiment mal barrés, mais en avez-vous conscience de temps ne temps ?

La théorie des cordes

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Mon épouse est musicienne. Depuis son plus jeune âge, elle consacre l’essentiel de ses loisirs aux partitions classiques et ses doigts au clavier tempéré. Et comme toute pianiste qui se respecte, l’instrument dont elle a toujours rêvé de jouer est.. le violoncelle. Après avoir rempli la maison de pianos électriques, droits puis un jour un quart de queue, après avoir joué en soliste, en accompagnatrice, elle se décide, plus de trente années plus tard, à débuter au violoncelle. Il y avait bien eu quelques passades auparavant avec un violon alto, une chorale et une guitare, qui finissaient toujours par lasser mais depuis que le violoncelle est entré dans notre vie, le duo bat de l’aile.

Après avoir loué un 3/4 trop petit puis un 7/8, mon épouse commande un violoncelle bas de gamme en Chine, le reçoit, l’essaye et le renvoie. Une vraie casserole. Dans le même temps elle en achète un autre d’occasion et s’amuse à changer quelques composants de l’instrument, cordier, cordes, chevalet, archet, histoire d’étudier comment le son évolue. Elle passe même par la phase violoncelle électrique, par curiosité, rapidement satisfaite. Finalement, elle commande un nouvel instrument moyen de gamme, une fois encore en Chine, et reste sur ce produit (mais pour combien de temps). Achat, revente, bricolage, ma femme s’amuse.

Après avoir tâtonné quelques mois, la phase de l’optimisation débute. Elle passe chez un luthier pour modifier le chevalet, commande un nouvel archet avant de se lancer dans la théorie des cordes. Larsen, Kaplan, Chorda, Dominant… Il en existe toutes sortes et à tous les tarifs de 20 à plus de 300 € le jeu de quatre. Comme mon épouse ne veut pas ruiner le ménage, elle part à la chasse aux bonnes affaires sur eBay, LeBonCoin, PriceMinister, à l’affût de la moindre annonce de corde pour violoncelle.

Corde après corde, elle se constitue un jeu complet de Kaplan et de Larsen à prix raisonnable (déstockage, soldes, produit déclassé…). Le violoncelle, qui tout d’abord ne payait pas de mine, commence à sonner différemment avec son nouveau chevalet, ses cordes et de longues heures collé aux enceintes de la chaîne pour le faire ‘résonner’.

Mais, car il y a toujours un mais. Ma pianiste adorée, qui joue du Ravel, Debussy, Bach ou Chopin avec une relative aisance au un piano, n’a que quelques mois de leçons de violoncelle derrière elle, et même si le déchiffrage d’une clef de fa ou d’ut ne lui pose aucune difficulté, les notes inarticulées qui sortent du bel instrument effrayent le chat. Alors Kaplan ou pas, madame s’enferme dans la pièce la plus reculée de la maison, pour ne pas heurter les oreilles délicates de toute la petite famille.

Mais si la vérité était ailleurs ?

En cachette, je me suis rendu dans son boudoir secret. J’ai glissé l’instrument tiède entre mes cuisses nues, pris l’archet d’une main, le manche lisse et doux de l’autre, et j’ai frotté, frotté langoureusement la chose jusqu’à ce qu’elle vibre et rentre en communion avec mon corps. J’ai alors appréhendé la théorie des cordes de mon épouse musicienne, résonnant à l’unisson avec son ventre ambré.

Il s’en faudrait de peu que je sois jaloux, mais je suis partageur.

La rentrée

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Septembre approche avec sa rentrée scolaire. C’est la course aux fournitures, vêtements, les enfants vont bientôt libérer la maison et retourner sur les bancs de l’école. La frénésie gagne tout le monde, les enseignants commencent leur dépression saisonnière et les … Continuer la lecture

FARSe

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Les festival des arts dans la rue de Strasbourg se tient tout les ans pendant l’été et c’est la première fois que je m’y rends. Trois jours de spectacle de rue, du vendredi au dimanche, avec des animations diverses dans tous les coins de notre jolie citée.

Vendredi je travaillais, samedi il pleuvait, restait le dimanche pour sortir. De 10h à 22h, un peu partout dans la ville, sur l’eau, dans la rue, sur des places, des artistes se produisaient. Théâtre, construction monumentale, acrobaties, musique, il y en avait pour tous les goûts semble-t-il mais pour ma part, je n’ai pas vu grand chose. Ma géographie strasbourgeoise étant ce qu’elle est (je ne connais que le nom de trois place et de deux rues), j’ai eu quelques difficultés à situer les événements. Alors je n’ai assisté qu’à ceux dont je connaissais l’adresse.

– Et mec tu n’as pas un smartphone avec maps ?
– Si si, mais pas de forfait Internet.
– Ben alors, pourquoi tu as un smartphone ?
– Pour écouter de la musique, recevoir des appels téléphoniques et gérer mes rendez-vous. Oui je ne fais pas partie de ces abrutis qui marchent en regardant leur écran cinq pouces.
– Mais quel has been… Tu aurais pu regarder les lieux à la maison ?
– Sans doute.
– Mais quel boulet…

Vers midi, mon épouse, m’envoie un texto du travail (elle est prévisionniste pour un organisme de météorologie étatique), pour me dire qu’il n’y aura pas d’averse cet après midi. Alors rassuré par la météo clémente, fort de deux destinations facilement repérables où se produiront des spectacles, équipé comme il se doit d’un appareil photo au cas où, je me rends au centre ville. A peine sorti du tram, une grosse averse arrose les passants et je dois en catastrophe mettre à l’abri mon matériel. Ça commence fort…

La pluie cesse arrivé place d’Austerlitz où va jouer la Compagnie des Batteurs de Pavés, revisitant à deux, une pièce de théâtre: Hamlet. Assurément, voici une  configuration minimaliste. Entre bonimenteur, one man show à deux et théâtre de rue, les deux acteurs nous livrent une version très expurgée et personnelle de la pièce de Shakespeare. J’adore cet auteur classique alors je ne reste pas très longtemps, disons un quart d’heure, ce genre de mayonnaise ne prend pas avec moi.

Je me déplace un peu plus loin, au bassin d’Austerlitz, pour assister au spectacle Des Bâtisses Sœurs Aux Villes Ephémères (oui c’est pourrit comme jeu de mots). Un show qui va durer de 15h à 22h. Aucune idée du sujet, j’y vais parce que c’est à côté. Sur la Strasbourg Plage – 50x50m de sable et de transatlantiques près du conservatoire – s’empilent des cartons, des rouleaux de scotch et s’agglutinent des bâtisseurs de tout âge. Ils assemblent et lient des cartons sur deux chantiers, afin de construire un phare de 20 mètres de haut qui devrait être érigé d’ici 22h. Bien entendu, eux comme moi, n’aimons guère la pluie. Pour moi, ça bousille mon matériel coûteux, pour eux ça ramollit leur architecture en carton. Alors nous observons les cieux avec angoisse, eux près à tirer leurs bâches, moi prêt à remballer tout mon attirail.

Par chance il ne pleut pas, et je peux assister à l’érection du phare qui ressemble plus à la tour de Pise qu’à autre chose. Je n’irai pas jusqu’à 22h, musardant sur la plage et autour de la médiathèque pour faire quelques photographies comme celle de ce couple au sommet des escaliers de secours que j’ai intitulé « L’amour en cage », sans doute pas un des spectacles officiel du festival.

Il n’empêche que le travail des bâtisseurs m’a impressionné, regardez la structure ci dessus. Un petit bout du phare. J’aurai bien assisté au final, quand ils assemblent le phare au bord du bassin d’Austerlitz. C’est décidé, l’année prochaine j’essayerai de m’organiser un peu mieux.

L’Audi mate

Je l’avoue, j’ai longtemps couru après l’audimat, croyant qu’il en ressortirait quelque chose un jour. Pour améliorer le nombre de visites sur un site il existe de nombreuses techniques qui vont de la programmation pure, au référencement, jusqu’à la publication effrénée.

Je suis parti, il y a quelques années, d’un blog touchant une dizaine de personnes par jour pour arriver l’an passé à un webzine visité par plus de deux cent cinquante internautes quotidiennement.

La première étape fut d’augmenter le nombre de publications. D’une tous les mois, la fréquence est passée à une par semaine. Effet immédiat. Plus de public, plus de propositions de chroniques. La machine se mettait en marche, s’auto-alimentant.

Seconde étape, le référencement. Une technique connue des programmeurs internet pour faire connaître son site aux moteurs de recherche et le remonter le plus haut possible dans les classements. Cela passe par un code HTML, CSS, JS irréprochable, par l’utilisation de balises particulières, de fichiers sitemap.xml, une meilleure ergonomie, un site adapté aux solutions mobiles (css responsive) et du HTTPS.

Troisième étape, améliorer sa notoriété internet. Il est utile de se faire connaître des autres sites parlant de musique, avoir un lien chez eux conduisant chez vous, être cité par des artistes, des labels, bref des sites référents.

Quatrième étape, être présent sur le web. Avec l’avènement des médias sociaux, Facebook, Twitter, Google+, YouTube et j’en passe, être présent sur le web est devenu un jeu d’enfant à condition de ne pas s’y prendre avec les pieds. Un compte Facebook, une page, un groupe, un compte twitter, un profil et une communauté Google, une chaîne YouTube et vous êtes armé. Reste à alimenter la machine, partager vos publications dans l’info-sphère et les regarder se propager à toute vitesse dans les forums. C’est magique. Votre notoriété grimpe en flèche et au lieu de mendier des albums à droite et à gauche, vous croulez bientôt sous plus de musique que vous ne pouvez en écouter.

Cinquième étape, grandir. Plus de promotions nécessitent bien évidement plus de personnes pour les écouter et en parler. Alors on recrute. L’équipe s’agrandit. D’une personne, elle passe à deux, trois, quatre, cinq, six… Chaque jour une chronique, chaque jour une dizaine d’actualités. Une à deux heures quotidiennes de travail pour mettre en ligne, partager, répondre aux sollicitations diverses : interviews, contacts, chroniques, live reports, demande de management, conseils, envoi de maquettes, artistes qui discutent en tchat avec vous, une pure folie. Les groupes nous contactent pour tourner en France, pour leur trouver un manager, une salle, nous envoie même des maquette pour avis, nous sortons peu à peu de notre rôle initial.

Sixième étape, la diversification. L’équipe est nombreuse, réactive et l’éventails des goûts musicaux s’élargit. Nous commençons à parler alternatif, métal, hard-rock, pop et certains nous reprochent cette ouverture à la musique sous prétexte que le webzine se nomme Neoprog.

L’audimat explose, les chroniques sont lues des milliers de fois, on touche des lecteurs au Québec, en Suisse, en Italie, en Espagne, en Russie… Les tensions montent également dans l’équipe, trop de chroniques, des désaccords sur la musique, des anciens s’en vont, des nouveaux arrivent, il faut gérer la ‘formation’, les relectures, les publications, les rappels à l’ordre.

Septième étape, la rentabilité. Pourquoi ne pas la rechercher quand le nombre de visiteurs explose ? La tentation est grande, d’autant que le webzine coûte cher. Mise en place de publicité, recherche de partenaires, étude d’une boutique, sponsors, tout y passe et seule la publicité restera la solution retenue quelques temps.

Et puis arrive le clash. La notoriété internet est salie par une maladresse qui aurait pu être fatale. Les jalousies se cristallisent dessus, diffamation, attaques ridicules, stupidité. Facebook devient un temps, le lieu de règlements de comptes insupportables et le webzine a bien failli ne pas y résister. Nous étions sans doute à l’apogée de notre célébrité toute relative.

La publicité qui enlaidit le site ne rapporte pas assez et salit l’image des albums avec du Viagra, des call girls et autre stupidités. Après six mois, elle est retirée, elle n’aura même pas payé l’hébergement d’une année.

Huitième étape, lever le pied. La cadence infernale d’une chronique par jour devient un poids pour tout le monde et la qualité des chroniques s’en ressent. Nous ralentissons, trois par semaine, ce sera bien assez, nous respirons un peu plus. Après un petit sondage sur ce qui est vraiment lu et une étude poussée des scores d’audimat, il ressort que seules les chroniques sont réellement lues, les interviews sont boudées, les live reports également, sans parler des actualités qui sont survolées. Les interviews chronophages passent en priorité minimale, sauf pour se faire plaisir. Les actualités se concentrent sur l’essentiel, sorties d’albums, concerts, festivals.

Neuvième étape, se désengager des médias sociaux. Ceux qui nous avaient propulsés au sommet de notre gloire sont devenus des esclavagistes impitoyables. Chaque jour il faut partager dans les groupes et récolter en retour des commentaires parfois désagréables auquel il faut se retenir de répondre. Ce n’est le fait que de quelques pénibles, mais qu’est-ce qu’ils sont pénibles ! Alors progressivement, le groupe devient une page et nous ne partageons plus nos articles dans les diverses communautés progressives. Ceux qui nous aiment sauront où nous trouver.

Durant huit mois, l’audimat baisse régulièrement, passant de deux cent cinquante visiteurs en moyenne à cent cinquante les bons jours. Plus de tweet, de post, de publication, l’e réputation de Neoprog se fait plus discrète dans l’info-sphère. Messenger n’est plus saturé, la boite mail se remplit moins qu’avant et les commentaires désobligeants ont disparu de la toile.

A quoi servait cet audimat ? Il ne rapportait pas d’argent, donnait trop de travail à l’équipe, dégradait la qualité des chroniques, attirait les détracteurs, nuisait à nos relations avec d’autres webzines.

Depuis quelques temps, nous travaillons plus sereinement. Nos partenaires ne nous ont pas abandonnés pour autant et nous avons toujours un public fidèle mais moins nombreux. Force est de constater que ce public régulier, lit vraiment nos articles et ne fait pas que passer. Moins de personnes touchées et une meilleure consultation de notre contenu. Nous recevons toujours plus de musique, nous continuons à nous diversifier selon nos humeurs, n’en déplaise aux grincheux, et nous passons moins de temps sur Internet. Nous avons incontestablement gagné en qualité de vie.

Étrangement, nous recevons depuis, et régulièrement, des candidatures spontanées pour devenir rédacteur à Neoprog alors qu’à une époque nous tentions vainement de recruter sur Internet. Aujourd’hui je ne sais que répondre à ces demandes, si nous recrutons, nous n’augmenterons pas pour autant le nombre de publications, à moins de réorganiser tout le fonctionnement du webzine, et ça je n’y suis pas vraiment prêt. Chacun s’acquitte en moyenne d’une chronique par mois si l’on passe sous silence mon cas désespéré. Cela suffit pour assurer les trois chroniques par semaine et c’est bien assez ainsi. Alors pour l’instant, je suis bien embêté quand il faut répondre à ces demandes : « L’équipe est au complet, nous te recontacterons plus tard si nous recrutons à nouveau », bof.

Si la fréquentation du site me donnait des poussées d’adrénaline quelques fois, la sérénité actuelle me convient bien mieux aujourd’hui. Tant que nous aurons ces fidèles lecteurs, l’aventure vaudra la peine d’être poursuivie. Merci à vous.

J’ai replongé

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Il fallait s’y attendre, je suis retombé dedans. Un soir, après avoir terminé The Leftovers saison 2, je tournais en rond devant le vidéo projecteur, me demandant ce que j’allais bien pouvoir regarder ce soir là. Quelque chose de court, car je me lève aux aurores, un petit épisode de 45 minutes par exemple. Le problème, c’est que je n’avais plus rien sous le coude. Le petit écran, ne proposant, comme à son habitude, rien de bien palpitant, mon regard se posa sur les coffrets de séries déjà visionnées. Je m’étais revu la saison une Kaboul Kitchen (la meilleure) avec mes enfants et les géniaux épisodes de Scherlock Holmes sont un peu trop long pour un soir de grosse fatigue. Firefly me tentait bien mais mon cerveau n’était pas disposé à jouer l’interprète et De La Terre A La Lune c’est le genre de série qu’il faut reprendre depuis le début. Instant de faiblesse fatal, le boitier de l’intégrale de Stargate Atlantis me fit un clin d’œil complice. L’intégrale des cinq saisons (2004-2009) en DVD, trouvé d’occasion il y a quelques années après avoir acheté, regardé en revendu les saisons, les unes après les autres pour gagner de la place. Un boitier régulièrement ouvert, pour se refaire l’intégrale ou un épisode, comme ce soir de blues, ou je tirais au hasard, une des innombrables galettes argentée de son logement et la plaçais dans le lecteur. Juste un petit épisode histoire de. Oui mais voila, Stargate Atlantis, c’est trop bon, trop drôle. Les dialogues croustillants entre McKay et Sheppard me font toujours rire même si je connais les épisodes par cœur. Alors j’ai replongé. Après la découverte du vaisseau des anciens avec tout un équipage en stase manipulé par un wraith, me voila reparti dans les aventures loufoques des squatteurs de la cité d’Atlantis. Je dois avouer que je zappe tous les épisodes où il est question de geniis, et me concentre sur ceux où McKay a faim, a peur, se fait mal, pleurniche et ceux où Sheppard drague ou se fait draguer par des bombasses. Je suis conscient que c’est une approche peu académique de la série, mais l’ayant vu cinq fois dans son intégralité, je peux aujourd’hui me permettre ces petites infidélités à la continuité de la narration.

Est-ce que je lis des chroniques ?

Chroniqueur et rédacteur, est-ce que je m’intéresse à ce qu’écrivent mes collègues ? Je vais vous faire une réponse de normand, oui mais non. Je ne lis pas systématiquement la presse qui parle de musiques progressives.

Tout d’abord, parce que je ne dispose pas d’assez de temps. En effet le nombre de webzines francophones, parlant de rock progressif, est très important.  Et ces magazines publient, à un rythme soutenu, plusieurs critiques par semaine.

Ensuite, parce que, pour garder l’esprit ouvert, je ne dois pas et ne veux pas lire la chronique d’un album, tant que je n’ai pas rédigé et publié la mienne.

Quand la chronique est publiée ou que le groupe m’est inconnu, il m’arrive de lire la prose de mes voisins, par curiosité. Et quand un chroniqueur, ayant mes affinités musicales, s’emballe pour un album que je ne connais pas, cela me titille inévitablement, alors je lis son avis et écoute un extrait pour me faire une première opinion, lecture qui s’achève souvent par un achat.

Je lis également la concurrence pour suivre l’évolution de la presse musicale, le format des chroniques, les tendances, ce que l’on peut améliorer chez nous. Car il faut savoir faire son autocritique de temps en temps.

Mes affinités avec les webzines évoluent avec le temps, en fonction des chroniqueurs, de la politique de l’équipe, de leur ‘objectivité’ et bien entendu en fonction des genres musicaux présentés. Il y en a que je ne lis jamais, d’autre que j’ai cessé de parcourir, et des nouveaux qui me donnent envie de bosser pour eux.

Ce que je recherche chez eux, c’est de l’intégrité, de la lucidité, de l’honnêteté, de l’indépendance et du non fanatisme. Il arrive que les meilleurs groupes produisent des étrons, que les figures emblématiques des seventies vieillissent mal, que de jeunes pousses n’aient aucun talent. Trop rares sont ceux qui l’écrivent hélas.

Le plus souvent, ce sont les autres chroniqueurs du webzine qui me parlent de telle ou telle chronique parue chez Bidule.com, généralement pas du trop en phase avec la notre. Selon le webzine, j’y jette un oeil ou non, histoire de comprendre pourquoi nous n’avons pas la même vision de l’album. Souvent, le nom du webzine suffit à comprendre notre désaccord.

Dans les chroniqueurs il existe de nombreuses catégories : les encyclopédies vivantes, qui connaissent tout des groupes, des musiciens, des carrières, des techniques; les fans inconditionnels qui vouent un culte sans partage à leurs idoles; les demolition men qui ne doivent pas aimer la musique; les curieux prêts à écouter les albums les plus improbables; les blasés recherchant de nouvelles sensations fortes; les pigistes qui sont rétribués au mot; les photocopieurs de fiches promotionnelles qui ne semblent pas avoir écouté la musique; les aspirateurs de sites qui piochent à droite à gauche; les nostalgiques; les avant-gardistes; les passionnés; les découvreurs de talents… Il y a également ceux qui sont un peu tout ça à la fois, comme moi.

Mes préférés sont les fondus du caissons, les passionnés qui s’enflamment pour un truc improbable et qui donnent envie d’écouter la musique. C’est eux que j’ai envie de lire, même si je ne suis pas toujours d’accord avec leurs coups de cœur.

Je ne lis pas toutes les chroniques, loin s’en faut, mais j’en lis quelques unes quand même.

Home Sweet Home

It was Home Sweet Home, Home Sweet Home.
Just a place to lay our head, think of all the things we said
About in our Home Sweet Home.

Samedi dernier, j’étais au festival Rock au Château à Villersexel, à environ 200 km de mon nid douillet. J’avais pris mon billet pour les deux soirées. Restait à trouver un hébergement pour la nuit de samedi à dimanche.

Quand on s’y prend tardivement pour trouver un logement dans un département aussi désert que la Haute-Saône, il faut s’attendre à quelques déconvenues. Il y a deux ans, j’avais opté pour le camping de Villersexel. Outre une odeur persistante d’urine de chat dans ma tente, la pluie, un couché très tardif, j’avais été réveillé trois heures plus tard par des enfants jouant aux cowboys et aux indiens devant mon emplacement. Ouille ! ça pique. Donc plus question de camper. Cette fois, vive le confort ! Je recherchais donc des chambres à proximité du château, Booking.com, Gîtes de France et  cie. Mais comme j’ai des oursins dans les poches et que je m’y prenais vraiment tardivement, je ne trouvais que des chambres à Belfort (à quarante minutes de route du festival par temps clair). Dans les offres attrayantes, le Brit Hôtel, dans un bled paumé près de Belfort, proposait une chambre en promotion à 44€. Que demande le peuple, une chambre à Villersexel…

Samedi 15h30, j’arrive, non sans mal, devant la glorieuse façade du Brit Hôtel, un truc genre F1 à peine moins sordide. A l’accueil personne, porte fermée, automate de réservation en rade. Par chance, un numéro de téléphone d’urgence trône sur une affiche. J’appelle donc, expliquant mon problème et un gars relativement désagréable m’informe qu’il arrivera dans cinq minutes. Deux minutes plus tard, l’homme à la mine patibulaire, sort d’une des chambres de l’hôtel. Ni merde ni bonjour, il regarde ma réservation, ne trouve pas les clefs de la chambre – la chambre n’a pas du être encore préparée – fouille dans un coin et me donne la clef numéro 8, pas 13, la 8.

Nothing really worked out right; things got broke, they stayed that way.

Je me rends donc à mon paradis du WE, un grand lit pour moi tout seul, une grasse mat en perspective demain, quand je butte devant la porte à moitié défoncée de la chambre 8, ma chambre. Ça commence fort ! J’ouvre le nid douillet et sens une vague odeur de peinture. Du scotch de protection (le truc qui sert à ne pas peindre partout) recouvre la poignée de la porte. Je pose ma valise, prépare le matos photo et reprend la route de Villersexel, quarante minutes plus loin, dans la campagne perdue pour rejoindre Children In Paradise, Light Damage et Lazuli.

Called it Home Sweet Home, Home Sweet Home,
Eleven floors up in a tower block, happy just to have a home.
I’ve gone and changed the lock on our home.

Vers minuit, fatigué et heureux – oui j’ai zappé Magma, j’ai le droit de ne pas aimer Magma – je retrouve mon palace trois étoiles (si si). La porte est toujours dans un état pitoyable, difficile à ouvrir, encore plus à fermer. M’en fou, je suis crevé, je veux fermer mes petits yeux et dormir. Mais il y a comme une odeur de peinture dans cette chambre. Il semblerait bien, au vu des tâches au sol, du scotch de protection et de l’odeur résiduelle, que le rafraîchissement de la pièce soit très récent, voir même en cours. Je ferai avec, même si je suis un peu très allergique aux produits volatils. Je vais vers la fenêtre et ferme les volets afin d’être dans le noir – je ne dors pas s’il persiste la moindre lueur – oui je suis comme ça, même épuisé. Evidement, les volets ne descendent qu’à mi hauteur, ce serait pas amusant sinon. J’ai beau tirer dessus, sortir, les pousser, rien à faire, ils ne vont pas plus bas. Je rage ! Je tire les rideaux trop petits pour masquer les puissants éclairages du centre commercial qui me fait face, il fait jour dans la chambre, toute lumière éteinte. Tant pis pour la lumière et l’odeur, j’ai sommeil. Dans la salle de bain, je fais la rencontre d’une magnifique araignée encore vivante malgré les vapeurs de peinture, quelle résistance ! C’est beau l’évolution. Impossible d’ouvrir la fenêtre pour respirer un peu, la circulation extérieure est trop bruyante et les battants datent d’avant guerre, c’est tout ouvert ou tout fermé.

Suffocant dans les émanations toxiques, un oreillé sur la tête pour cacher la lumière, des bouchons de concert pour m’isoler des voisins, j’essaye de trouver le sommeil. J’émerge plusieurs fois au cours de la trop courte nuit dans un coma hallucinogène, fait d’éclairages urbains, de bruit d’autoroute et de vapeurs d’essence. 2h, 4h, 6h fin de la nuit, je n’en peux plus.

When I came home from work that night,
She’d jumped out the window with our child.

Si j’assiste à la deuxième soirée du festival, il va falloir que je traîne jusque 17h sans avoir vraiment dormi, que je reste debout pendant six heures et que je conduise encore deux heures pour rentrer. La messe est dite, je rentre à Strasbourg. A 7h30 je prends un déjeuné digne d’un cinq étoiles – jus de fruit concentré, café ignoble, croissant plastique – et je libère la chambre en promotion à 44€ et dont le prix normal est de 44€ toute l’année. A ce prix là j’avais une chambre d’hôte à vingt minutes du château. J’ai clairement choisi un bon hôtel… C’est d’ailleurs la première fois que je ne trouve pas dans une chambre les consignes d’évacuation et la plaquette des tarifs, peut-être sous une couche de peinture blanche fraîche ?

J’ai emprunté quelques paroles de Peter Gabriel tirés de sa magnifique chanson ‘Home Sweet Home’, Scratch (1978), j’espère qu’il ne m’en voudra pas.

La saison des ex

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Un ex flic, son ex fumeuse, une ex du bureau des disparus, une ex Patti, un ex parc national, voici la saison 2 de The Left Overs.

Les Garvey recomposés s’installent à Jarden, la citée miracle, épargnée par les disparitions, pour commencer une nouvelle vie. Mais il ne suffit pas de traverser les Etats-Unis pour échapper à ses chimères.

La terre tremble. Kevin, qui a déposé son étoile, cherche à échapper à Patti qui le hante. Matt, le pasteur est persuadé que son épouse s’est réveillée une nuit à leur arrivée. Trois adolescentes disparaissent une nuit dans le parc et les oiseaux revivent dans des boites à chaussures enterrées dans le sanctuaire. Y a t’il des miracles à Jarden ? Kevin est-il fou comme son père ? La famille Garvey réussira-t-elle à se reconstruire dans leur nouvelle maison ?

La saison 2 de The Leftovers, quittant Mapleton nous fait visiter la bourgade de Jarden et ses habitants miraculés. Entre magie, voodoo et violence, chaque épisode nous tient une nouvelle fois en haleine avec d’incroyables rebondissements où Kevin passe de l’autre côté du Styx.