Carcariass – Afterworld

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Je l’avais promis, et je tiens presque toujours parole, presque, aujourd’hui je vais vous parler du dernier album de Carcariass, Afterworld.

Contrairement à Planet Chaos, avec lequel j’ai découvert le groupe franc-comtois, Afterworld est principalement chanté, devrais-je dire gueulé. Il s’éloigne clairement des sphères progressives même si vous entendrez ici où là des guitares floydiennes comme dans au début de ‘Identity’ et des claviers planant, la fin de ‘Black Rain’ par exemple. On est plus sur du Paradise Lost période Host et du Queensrÿche que dans les seventies à patte d’eph et cheveux gras.

Les guitares de Pascal et Bob font beaucoup à la musique dans l’album sans parler du chant scandé growlé de Jérôme. Au niveau de la rythmique, Raphaël à la basse et Bertrand à la batterie ne donnent pas vraiment dans la dentelle. C’est dense et pas franchement très inventif.

J’adore l’entré en matière de l’album sur un ‘No Aftermath’, cette ouverture martiale dopée à la testostérone, une marche militaire qui écrase tout sur son passage avec la troupe qui hurle en choeur ‘We are the shield, the claws, and the ground meat.’. Pour la subtilité et la douceur, vous repasserez.

Si vous avez joué à Space Hulk, ces soldats de l’espace en armures affrontant des nuées d’aliens Genestealer dans des épaves de vaisseaux, vous appréhenderez mieux la violence de Aftermath, qu’elle soit vocale ou musicale. Cet album, c’est cri de ce guerrier transformé pour devenir une machine à tuer qui tapis au fond de son cerveau, conserve un brin de conscience humaine.

Manifestement Afterworld poursuit le récit, du moins le thème abordé dans le précédent opus Planet Chaos.

Tous les morceaux ne fonctionnement cependant pas forcément aussi bien que ‘No Aftertermath’, ‘Identity’, ‘Angst’ ou ‘Generation Rot’. ‘Billions Of Suns’ et ‘Black Rain’ peinent à me convaincre. Leur côté brutal manque de mordant. Je trouve également que les instrumentaux ‘Fall Of An Empire’ et ‘Afterworld’ ne possèdent pas la même richesse que ceux de Planet Chaos. Ils s’écoutent sans marquer les esprits.

Afterworld c’est presque une heure brutale, tendue et dense au chant caverneux pendant laquelle les guitares font des merveilles et où le chant arrive à produire des refrains furieusement accrocheurs.

Évidemment ça poutre un peu malgré quelques claviers à la Vangelis et des longs accords façon Gilmour. Le metal écrase vite les ouvertures cinématiques comme dans ‘Machine Kult’ et si on n’apprécie pas les gros tatoués et la bière à 10°, il vaut mieux s’abstenir.

Je n’aurai peut-être pas accroché avec Afterworld sans avoir découvert leur précédent album, alors si vous avez un doute, commencez par  Planet Chaos et continuez avec Afterworld. Vous pourriez prendre goût à leur musique.

Nippon ni mauvais

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Après m’être délecté de Keigo Higashimo, une sorte de pâtisserie japonaise policière à la pâte de haricots rouges, j’ai eu envie de poursuivre mon exploration littéraire japonaise. Cela tombait bien, sur la pile de livres à lire de mon épouse trônait un premier roman d’un écrivaine nippone, Michiko Aoyama, La Bibliothèque Des Rêves Secrets.

Des chapitres comme des nouvelles, racontant l’histoire d’un personnage différent aux prises avec la vie et son travail, qui en suivant les conseils de lecture d’une bibliothécaire, vont changer le cours de leur existence.

Coïncidence ou forme littéraire nippone ? Le Nouveau de Higashimo utilse à peu de choses près la même forme narrative, des chapitres présentant à chaque fois de nouveaux personnages, une nouvelle intrigue dans le récit principal. Étrange.

Mais ici, j’avoue que j’ai failli renoncer après la lecture du premier chapitre et l’histoire de Tomoka, jeune vendeuse dans une boutique de vêtements. J’ai quand même donné une chance au livre et le récit de Ryo m’a passionné un peu plus.

Le roman parle beaucoup du monde du travail, un univers qui ne m’intéresse guère, mais qui dans les légendes urbaines, est l’obsession des japonais. La vie personnelle des protagonistes est éclipsée par leur métier et c’est au boulot qu’ils trouveront leur épanouissement. Bon soit…

Pour ma part je fais mon travail avec sérieux (enfin je crois) mais ma vie est également riche de loisirs et lorsque la retraite sonnera enfin, un jour qui sait, je ne serai probablement pas comme Masao, ce jeune retraité désœuvré. Je pourrais consacrer tout mon temps à mes passions.

Le récit de Hiroya, le trentenaire chômeur, m’a particulièrement touché pour une raison que je n’explique pas. J’ai l’impression d’ailleurs, qu’au fil des histoires, l’auteure a pris de l’assurance avec sa plume. De là à vous recommander ce livre, c’est une autre histoire.

Pour Nahel ?

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Vendredi 30 juin vers 15h place Kléber à Strasbourg.

Un pétard explose. De la rue adjacente montent quelques cris de surprise et de peur. 

Soudain, un groupe de gosses, presque tous habillés en noir avec des capuches, un masque sur le visage, surgissent du carrefour et se précipitent sur la vitrine de l’Apple Store. 

Pas de message, pas de banderole, ni de slogan. Des marteaux sortent des sacs et s’acharnent contre le verre. Ils viennent pour casser.

Une vitrine se lézarde puis une autre. Une porte vitrée explose et brusquement le groupe hésite. Un adulte en retrait, téléphone à la main pour filmer, encourage les gamins à pénétrer dans le magasin. 

Un, deux, puis trois jeunes s’enhardissent et tentent de rentrer. C’est là qu’un autre adulte, peut-être sorti de l’Apple Store, leur bloque le passage. Il y a soudain du flottement chez les gosses et les ados. 

Deux pétards sont jetés dans le temple de Steve Jobs et explosent avec fracas. Dans la foule de curieux, plusieurs personnes crient. Certains jeunes reculent, sans doute effrayés par la tournure des événements. Ils se replient dans les rues et vers le tram qui ne circule plus. 

Les commerçants aux alentours se dépêchent de baisser les grilles des magasins, deux vigiles dérisoires bloquent l’entrée d’un parfumeur de la place Kléber. 

Les touristes ne comprennent pas, certains fuient dans l’a mauvaise direction, d’autres dégainent leur smartphone, amusés par la scène. La place Kléber, encore occupée par le marché qui se remballe en catastrophe va devenir un champ de bataille si la police intervient. 

J’étais venu me promener en ville et faire quelque photos, je suis servi. Comme bien d’autres, je m’éloigne de la scène de guérilla urbaine, je n’ai pas envie de me retrouver au milieu des affrontements même si la tentation photographique est forte. 

Je me replie vers la rue des Francs-Bourgeois qu’une première voiture de police remonte tout gyrophares allumés. Deux autres suivront rapidement. Les trams font demi tour à l’arrêt Langstross et repartent vers le sud. Je m’engouffre dans la première rame pour rentrer avant que cela ne dégénère vraiment.

Deux casseurs prennent place à bord, l’air de rien, faisant profil bas. Ils n’ont plus de masque mais gardent leurs capuches. J’attends des commentaires, « ils auraient pillés l’Apple Store », « c’est la guerre en ville », « la police est partout ». 

Arrivé à la maison, les centre commerciaux, les bâtiments publics et les transports ont été bouclés. Les forces de l’ordre ont investi la ville. 

Bon, samedi j’irai prendre des photos à la campagne.

Sunbeam Overdrive – DIAMA

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Si Stéphane n’a pas été entièrement convaincu par D I A M A du groupe Sunbeam Overdrive, pour ma part j’ai été suffisamment enthousiasmé par leur travail pour en faire une chronique.

Sunbeam Overdrive est un quatuor marseillais qui existe depuis 2019 si mes informations sont bonnes et qui avec D I A M A sort sa première galette. Leur musique s’apparente à du rock alternatif à composantes metal et progressives, rejoignant par certains aspects Tool ou Klone.

L’album Diama propose onze morceaux dont deux reprises dispensables au regard du reste. Le chant clair y prédomine sur un metal alternatif électro ponctué parfois de growl.

Si D I A M A ne révolutionne pas le genre, il possède un très bel équilibre entre puissance et émotion, plaçant du growl par endroit sans forcer la dose et usant d’accélérations comme d’espaces plus calmes au bon moment. En plus, l’album propose plusieurs morceaux franchement accrocheurs comme ‘Diama’, ‘Shen’ ou ‘Diamond Shape’.

D I A M A ne comprend que deux courts instrumentaux, ‘Ascending’ qui ouvre l’album façon world music et ‘Junction Buhl’s Eye’ qui lui, donne dans le space rock psychédélique. Côté poutrage, ‘Deaf and Blind’ ne ménage pas vos oreilles avec un djent growlé suivi de métal alternatif assez déconstruit.

D I A M A brille tout particulièrement par une batterie hyper soignée et bien mise en avant par le mixage. Ce n’est pas souvent que j’écoute un album en suivant plus la section rythmique que les lignes vocales. Pourtant le chant est vraiment très bien comme dans ‘Deaf and Blind’ et les guitares brillent souvent, écoutez plutôt ces petites notes claires qui scintillent dans ‘Shen’. Mais ici, j’avoue, le travail de Laurent sur les caisses mérite vraiment que l’on s’y attarde.

Il y a plein de titres que j’adore sur cet album mais c’est peut être ‘Shen’ qui a ma préférence. Le gros son est mis entre parenthèses, privilégiant la forme alternative au metal, les guitares jouent de subtilité avec de belles figurent djent et le chant est presque un accompagnement à la section rythmique.

D I A M A est une très belle découverte. J’attends d’ailleurs le CD avec impatience, parce que Marseille Strasbourg à dos d’escargot c’est assez long, et j’attends avec impatience de voir ce que ce jeune groupe pourrait devenir avec le temps.

En attendant, allez l’écouter sur Bandcamp et plus si affinités bien entendu.

Z7

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Alors non, je n’ai pas complété ma collection de boîtiers Nikon avec un nouveau modèle de la gamme Z. Je suis allé en Suisse, à Pratteln pour écouter le groupe Ticket To The Moon qui ouvrait pour Riverside.

Cela faisait des mois que je n’avais pas rendu visite à ce temple du rock progressif, il faut dire que c’est assez loin et que pour s’y rendre, mieux vaut avoir la vignette suisse pour l’autoroute.

Guillaume, le bassiste de Ticket to the Moon m’avait annoncé, des étincelles dans les yeux, une semaine auparavant, qu’ils joueraient en première partie de Riverside au Z7. J’ai mendié une accréditation photo et préparé mon paquetage. J’avais envie de revoir les franco-suisse en live. La dernière fois ils jouaient avec Lazuli, c’était il y a trois ans. 

Et ce qui est cool, c’est que mon épouse m’a accompagné, peut-être pour me rendre la pareille après la Fête de la Musique. Qu’importe elle était là.

Nous sommes arrivés entre deux averses. A la caisse pas trace de mon accréditation mais j’ai été ajouté à la liste des photographes sans avoir à supplier. Une fois dans la salle, le ciel est tombé sur le toit du Z7. Une pluie digne du Déluge, notre timing était parfait. 

Le temps de discuter un peu avec Guillaume et Andrea, de préparer le matériel, il était temps de rentrer dans l’arène pour trois morceaux avec les autres photographes.

Ticket to the Moon avait trente cinq minutes pour convaincre. Cinq suffiront. Le trio, malgré trois ans d’absence, reprend ses marques et livre un set post rock solide, agrémenté de beaux éclairages et d’un son de qualité. Guillaume et Andrea occupent la grande scène du Z7 comme si c’était la leur, jouant au clic pour compenser l’absence de claviers. Ils présentent au public nombreux et enthousiaste leur nouvel album Elements sorti cette année, leur premier disque cent pour cent instrumental depuis leurs débuts. Trente-cinq minutes c’est bien trop court lorsque l’on aime leur musique, mais c’est ainsi, peut-être aurais-je l’occasion de les écouter à nouveau lorsqu’ils joueront en tête d’affiche.

A 21 heures les polonais de Riverside s’installent pour deux heures de concert. Cette fois ce sera l’album Identity qui sera à l’honneur. Un disque qui n’a pas forcément été bien reçu par les fans comme nous l’expliquera Mariusz pendant le show.

Je ne vais pas vous mentir, je ne me serai pas déplacé juste pour Riverside. Leur dernier album ne m’a pas complètement convaincu et le groupe ne m’a pas toujours enthousiasmé en live.

Je trouve que lors de leur performance au Z7, les claviers donnent parfois dans la bouillie désaccordée même si je sais très bien qu’un synthé reste au diapason. Pourtant, par moments, y a des trucs qui me dérange, comme si un des musiciens jouent faux.

Ce sont les morceaux très rythmés, les tubes de Riverside, qui fonctionnent le mieux d’après moi. Ma chérie, elle, a préféré le morceau final à rallonge de la soirée. Le monde à l’envers.

Le light show était fabuleux, rien à dire et si le son était un peu fort, cela restait très acceptable avec des bouchons.

Par contre la facture fut douloureuse : 50 € de billet pour ma femme, 5 € pour l’accréditation, 8 € de parking, 8 € pour deux verres d’eau, 42 € de vignette suisse sans parler du plein d’essence à 80 €, une soirée au Z7 revient assez cher, même en ne payant qu’un seul billet. Vive la Suisse !

Je ne suis pas vraiment emballé par les photos mais j’étais fatigué après une grosse semaine et le shooting réalisé sur trois titres. J’ai du mal avec ça. Je suis lent, c’est comme ça.

Les photos de Ticket to the Moon sont ici et celles de Riverside ici.

Le son du mixeur

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Le 21 juin en France, on célèbre la musique grace à Jack Lang. Une fête populaire où n’importe qui pouvait descendre dans la rue, faire du bruit, ou même de la musique. Depuis, cet événement s’est quelque peu organisé et les mairies proposent différentes scènes où des artistes, amateurs ou professionnels peuvent se produire.

Et chaque année à la maison, il faut choisir dans un programme très riche et très varié, quelle ville, quels groupes, quel style. Car mon épouse est classique et moi plutôt rock.

Dans ma commune, il y avait mes copains de Out5ide qui allaient mettre le feu mais à Obernai, c’était ceux de ma chérie qui jouaient. Un groupe de rock français façon Noir Désir avec qui elle avait enregistré quelques notes de violoncelle. Cruel dilemme si nous devions passer la soirée ensemble, d’autant plus que le lendemain je partais pour la Suisse écouter Ticket To The Moon et Riverside au Z7.

Le Bruit du Frigo, oui c’est le nom de leur groupe, joue des trucs qui ne m’emballent pas vraiment, disons que je n’écoute pas ce genre de musique à la maison. Mais pour une fois, je pouvais bien faire plaisir à mon épouse. Alors nous sommes partis pour Obernai écouter le Moteur du Congélateur.

A l’intérieur des remparts de la petite ville alsacienne, la fête battait son plein. Les terrasses des restaurants croulaient de monde, les gens faisaient la queue devant les glaciers, les jeunes buvaient des bières sur le mur d’enceinte et plusieurs groupes se produisaient dans la ville. Le Bruit Du Frigo jouait sur la grande scène de la place du marché, au centre ville.

Sept musiciens composaient le groupe mené par Bruno ce soir là. Guitares, basse, batterie, trompette, trombone et accordéon pour accompagner des textes anars au vitriol. Il ne manquait plus qu’une violoncelliste. Malgré mes préjugés, quelques problèmes techniques et une grosse journée de travail, c’était pas mal du tout. 

Le nouveau tromboniste du groupe, qui jouait son second concert, était parfois un peu perdu, voir totalement, la batterie et la guitare ont connu quelques misères mais Le Bruit du Frigo a tout donné le temps d’une soirée et c’est ce que l’on demande aux artistes au final.

Comment à mon habitude, je suis venu armé d’un appareil photo, histoire de le foire doublement plaisir. Et ici, entre les cuivres, l’accordéon et le chanteur, il y avait matière à exposer la pellicule. Cent cinquante clichés que j’ai transféré sur le Mac en rentrant sans les regarder faute de temps car il fallait que je prépare mon barda pour le lendemain, jeudi soir et le concert du Z7, mais ça je vous le raconterai dans deux jours.

Nous sommes passés entre les gouttes et les orages pour cette fête de la musique à Obernai, un endroit sympa pour profiter de cette fête populaire, loin des grosses scènes institutionnelles que l’on trouve souvent dans les grandes villes. 

Vous pouvez retrouver les photos ici.

Einar Solberg – 16

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Il m’arrive parfois de souffrir du syndrôme de la page blanche. Plusieurs albums en ont fait les frais dernièrement. Et puis tout à coup, un disque improbable arrive et la plume se remet miraculeusement en mouvement.

Je n’attendais pas grand-chose du premier album solo du chanteur de Leprous, mais je l’ai quand même commandé, par curiosité. J’ai glissé le CD dans le lecteur, me préparant à travailler sur autre chose mais au lieu de bosser, je suis resté scotché devant les enceintes pendant soixante neuf minutes.

16 de Einar Solberg est une superbe surprise.

Onze morceaux de quatre à onze minutes relativement variés où la voix de Leprous est à l’honneur. Certes je suis un grand fan du groupe mais je redoutais qu’en solo, l’artiste ne propose des compositions plus faciles. Il n’en est rien.

Bon, solo, c’est quatre lettres mais aussi une sacré liste d’artistes invités et plein plein d’instruments comme un violon, un violoncelle, la trompette, un cor, un trombone, un saxo, des orgues ou un chœur classique.

Dans le livret épais de de vingt-quatre pages, vous verrez la belle gueule de Einard plus de treize fois au milieu de la nature sauvage sans parler de la pochette. Si ce n’est pas du narcissisme ça, je n’y comprends plus rien. En comparaison Floor Jansen est une petite joueuse, que ce soit pour la durée de l’album comme pour le nombre de portraits. Sorti de ce petit détail esthétique, il y a tout ce que j’aime dans 16: des voix fabuleuses, des instruments acoustiques, du metal, du growl, du slam, des textes, une émotion à fleur de peau et des compositions qui prennent le meilleur de deux univers souvent antagonistes, le metal et la pop.

Avec ça, je vais devoir réviser mon classement de 2023.

Le titre ‘16’ donne le ton de l’album, mélancolique à souhait, au son du violon de Chris et du violoncelle de Raphael. Mais attention.  Non, il ne s’agit pas d’un disque de musique de chambre, mais ces deux instruments hantent tous les morceaux de manière plus ou moins marquée. Il y a également beaucoup de cuivres brillants ou ténébreux qui enrichissent la partition. ‘Home’ ose le slam quand le chanteur de Vola s’invite sur ‘Blue Light’ et que ‘Slipting The Soul’ donne dans le growl goret avec Ihsahn.

16 joue de tonalité orientales, de motifs symphoniques, de musique de chambre, de grandiloquence et d’intimisme, et tout ça en seulement soixante-neuf minutes. Moi qui râlait contre les albums à rallonge, ici, j’aurai bien demandé un petit rab.

16 possède une belle unité, soufflant le chaud et le froid comme avec ‘Spliting The Soul’ suivi de ‘Over The Top’ par exemple. Cerise sur le gâteau, 16 s’achève par un morceau fleuve de plus de onze minutes, ‘The Glass Is Empty’ car il faut toujours rester positif, une pièce magistrale et émouvante qui achève de me mettre à terre à chaque écoute.

Le grand point fort du premier album solo d’Einar, c’est que malgré sa durée, on ne s’ennuie pas une seconde. Et depuis que j’ai reçu le CD, je l’écoute plusieurs fois par jour.  Par chance ma chérie l’aime beaucoup également, sinon je vivrai avec un casque vissé aux oreilles.

16 est de loin, le plus bel album que j’ai écouté depuis des mois. Il condense tout ce que j’aime en musique, piano, cordes, chant fabuleux, metal, mélancolie, folie. Si un nouveau disque venait l’éclipser cette année, c’est vraiment un chef d’œuvre absolu. 16 est tout simplement indispensable et je ne supporterai aucune contradiction.

A bicyclette

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A part si vous shootez en studio, en concert où en ville, pour faire des images et varier les sujets, vous aurez besoin de vous déplacer. Une solution consiste à prendre la voiture, mais bilan carbone oblige, mieux vaut éviter. A pied, à moins de traverser la l’Europe d’Ouest en Est pendant les vacances, le périmètre est très vite limité. Un compromis intéressant consiste à partir à vélo, pour augmenter votre rayon d’action sans pour autant prendre la voiture. 

Avec les beaux jours, je me suis motivé à monter sur deux roues et ce malgré quelques déboires récents, pour arpenter les chemins dans un rayon d’une vingtaine de kilomètres autour de la maison. Rien de très exotique au final, mais de beaux paysages de campagne accessibles sans voiture, à une allure tranquille qui permet de découvrir, de s’arrêter n’importe où et de prendre le temps.

L’ennui c’est qu’il faut emporter avec soi un appareil photo, de l’eau, ses papiers et un téléphone en cas de galère. C’est là qu’intervient le choix du sac. Il ne faut pas qu’il repose sur le dos pour ne pas terminer en éponge, il faut qu’il tienne bien pour ne pas gêner les mouvements et soit assez grand pour y glisser un hybride, un objectif, des papiers et un téléphone.

J’ai essayé avec un petit sac à bandoulière, ne pouvant contenir que l’appareil. Le truc ballottait tout le temps dans mon dos où sur le côté, me dérangeant tout le temps. Le grand sac était hors de question, à cause de son encombrement, de son poids et surtout parce qu’il couvre tout le dos. Sans parler du fait qu’il faut le décrocher pour prendre un appareil. Restait un sac intermédiaire, assez mal fichu, avec deux compartiments, qui se porte en diagonale. Il n’est pas pratique car l’espace supérieur ne peut pas contenir un hybride et son objectif et que l’étage inférieur est conçu pour les objectifs. Mais en enlevant les séparations du bas, je peux y caser aisément le Z8 et un 24-200 mm. Du coup, en haut je place mes papiers, mon téléphone et éventuellement un truc à grignoter.

L’avantage de se sac, c’est qu’il offre un accès au matériel sans avoir à l’enlever, juste en détachant une attache. Et ça, à vélo, c’est top.

Ma première sortie, un trajet d’à peine 25 km car il faut commencer en douceur, m’a conduit à Achenheim pour une exposition photo en passant par le magnifique canal de la Bruche. L’expo méritait l’effort, le club en question est très élitiste mais ces membres proposent un travail de haut vol. Au retour, j’ai pris mon temps, m’arrêtant à une écluse, au bord d’un pré et près d’un centre équestre.

Le Champ du Feu

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Depuis l’arrivée du télescope dans ma vie d’astronome très amateur, je ne suis monté qu’une fois au Champ du Feu avec le matériel. C’était en plein hiver, à l’époque où je ne maîtrisais pas du tout les rudiments de la mise en station d’un instrument.

Je me suis beaucoup entraîné dans le jardin, en pleine ville, coincé entre quatre clôtures assez hautes et ébloui par le lampadaire des voisins, craignant toujours que l’un d’entre eux me surprenne en pleine action et me dénonce à la police pour voyeurisme.

Vendredi soir, j’ai voulu retenter l’expédition de cet hiver, avec vingt degrés Celsius de plus et un soleil se couchant trois heures plus tard.

Expédition, car le Champ du Feu de situe à trois quart d’heure de voiture de la maison, à plus de mille mètres d’altitude et qu’il faut y transporter tout le matériel : monture, tube, oculaires, télécommande, appareil photo, siège, pied, bouteille d’eau, boussole, niveau à bulles, smartphone, objectifs… Un véritable déménagement.

Mon fils n’a pas voulu m’accompagner et ma femme n’a pas eu non plus ce courage. 

Je suis arrivé là haut pour le coucher du soleil. Et miracle, cette fois, je n’étais pas tout seul comme lors de ma précédente expédition. Trois campings car étaient stationnés pour la nuit sur le parking et il restait quelques promeneurs sur le sommet.

J’ai commencé par mettre en station la monture équatoriale allemande, orientation au nord, mise à niveau, équilibrage puis j’ai installé dessus le boîtier photo équipé d’un 500 mm. C’est avec cet attirail que j’ai capturé les derniers instants du soleil se couchant sur les Vosges. La température a vite baissé et j’ai regretté de ne pas avoir mis des chaussettes et une doudoune chaude, car passé minuit j’avais froid.

C’est à peu près à ce moment qu’est arrivé le tout premier d’entre eux. Une voiture blanche s’est approchée doucement de mon installation, la vitre côté conducteur s’est baissée et une personne avenante m’a salué : « Bonsoir, vous faites de l’astro photo ? Moi aussi. Je m’installe un peu plus bas mais je viendrai vous voir après. ». C’était Arnaud, un photographe, astronome amateur, chasseur d’orage de Sélestat.

Puis une autre voiture est arrivée, puis une autre et encore une autre jusqu’à que cinq groupes d’astronomes du vendredi soir soient installés sur le parking. Cette fois, entre deux photos, c’est moi qui suis allé les saluer. Il y avait de tout, du Dobson, du Newton, du Schmitt Cassegrain, un club, des solitaires et des curieux.

Très vite nous avons échangé sur le matériel, les problèmes techniques, les photos avant d’achever, chacun dans notre coin, la mise en station du matériel : alignement polaire, calibration du GoTo, équilibrage fin de l’équipement.

La séance d’observation a pu commencer. Après Venus, j’ai pointé l’amas globulaire M 92 pour tester la configuration. Mon voisin, n’ayant jamais pointé l’objet, est venu observer l’amas et s’est empressé de retourner le pointer sur son Newton. Cependant, son objectif ce soir là, était la galaxie M 101 avec la supernovae qui brille sur un de ses bras spiralés. 

Je me suis dit que je pourrais copier et j’ai pointé l’objet. Sublime ! 

M 101 – empilement de 10 clichés

Comme mon installation semblait bien réglée pour une fois, j’ai quand même fait deux calibrations et deux alignements polaires, j’ai poussé certaines photos jusque quatre-vingt secondes de pose. Un record sans trop de trainée. J’ai également lancé plusieurs séries d’une vingtaine d’images qui m’ont permis d’aller espionner mes voisins pendant que le boîtier faisait son travail.

M 82 avec 21 photos

Voici mon tableau de chasse de la soirée : M 92, M 101, M 82 et M 27, quatre magnifiques objets du catalogue Messier, deux galaxies, une nébuleuse et un amas globulaire. Des petites séries de photos que je vais essayer d’empiler dans le logiciel Siril pour voir ce que cela donne.

Outre de relativement bons résultats photographiques en comparaison des précédentes sessions, j’ai fait de belles rencontres dans la communauté des astronomes amateurs de la région. Une expérience qui va certainement me motiver à manquer des heures de sommeil pourtant précieuses et que je ne vais pas rattraper au travail ni pendant les concerts à venir.

M 27 avec 19 images

Chaos and the Cosmos – Our Song

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Lorsque j’étais en Italie, occupé à visiter Pompéi, j’ai reçu un commentaire de Gérard Blascos sur le Blog au sujet de l’album de Floor Jansen. C’est assez rare pour que je le mentionne ici.

On parlait de musiques légères et il a cité le groupe Chaos and the Cosmos et leur dernier album Our Song. Et comme je ne connaissais pas, je suis allé y jeter une oreille curieuse, allongé dans la chambre en sous-sol de notre location près d’une plage crasseuse.

Chaos and the Cosmos est un groupe basé à Seattle qui propose un art rock progressif riche en instruments acoustiques, voyez plutôt : violon, alto, violoncelle et trompette se greffent sur un formation prog classique guitare, basse, batterie, claviers, donnant une coloration toute particulière à leur musique.

Our Song possède un côté désuet et léger à la fois, un peu canterbury et clairement atypique dans la mouvance progressive actuelle. Une musique qui épouse à la fois des formes classiques, folks et progressives.

L’album se décline en quatre morceaux et sept pistes, dont ‘Our Song Suite’ qui tient sur toute la face B du vinyle et dont la dernière partie, ‘House of Love’, dure pas loin de treize minutes tout de même.

La pochette où la terre semble aspirée par une singularité, la photo du groupe où les musiciens sont déguisés (pardon mais je ne vois pas d’autre terme approprié), comme le jingle de la série The Outer Limits utilisé au début du premier morceau ‘The Singularity’ donne le ton de cet album conçu pour faire plaisir aux geeks.

Our Song se distingue par sa fraîcheur, par la profusion de cordes ainsi que des références disséminées un peu partout dans l’album comme une sonnerie de téléphone ou cette référence à une vieille série.

‘u Go-Go’ est sautillant comme un titre de Big Big Train, ‘prologue’, l’unique instrumental de l’album, joue de cinématique symphonique, ‘Heart Flies’ donne dans le space rock classico Vangelis romantique et ‘House of Love’ dans le psyché seventies.

Le groupe ne vivrait pas aux U.S.A., je me serais certainement offert l’édition vinyle, mais avec les frais de ports exorbitants sans parler des probables frais de douane, je préfère me contenter de la version digitale que vous trouverez sur Bandcamp.

Our Song n’est sans doute pas un de ces grands albums qui figureront sur le podium 2023, mais c’est un disque fort sympathique qui repose les oreilles et apporte un peu de fraîcheur et de fantaisie dans ce monde de brutes.