18 heures d’une vie de chien

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5h – Warf !

6h – Grrrr… grrr ! Warf warf warf ! Chut ! Couché !

7h – Pinpon pinpon ! Ahouahou !

8h – Waw ! Waw ! Waw ! Mais tu vas te taire !

9h – Rufff rufff ! Warf warf ! Waw waw ! Ahouahou !

10h – Dring ! Waw ! Waw waw waw waw waw !

11h – Tut ! Tut ! Warf ? Warf ! Warf ! 

12h – … Rufff ! Warf ! Waw !

13h – Pinpon ! Pinpon ! Ahouahou ! Ahouahou ! Warf ? Rufff ! Rufff ! Ahouahou !

14h – Miaou ? Rufff Rufff ! Warf ! Warf ! Sshhh !

15h – Tut ! Tut ! Grrr ! GRRR ! Wouf  ! Waouf ! Kay ! Kay !

16h – Wroum wroum ! Rufff ! Waouf ! Warf ! Waw !

17h – Alors le kiki, il a été sage ? Il va se promener ? Warf ! Warf !

18h – Waw waw waw ! Alors comment ça va voisin ? Waw waw waw ! Couché ! Waw waw waw ! Tu vas te taire ? Waw waw waw ! Con de chien !

19h – Alors ma collègue m’a dit Waouf  ! tu vas te taire Waw waw ! et demain y a Michel qui va Rufff Rufff ! allô, tu m’entends, non c’est le chien Waf waf ! et donc il m’a dit…

20h – Grrrr, grrrr, grrrr ! Chut ! Grrrr ! Waf !

21h – Pinpon pinpon ! Ahouahou !

22h – Miou ? Waouf ! Waouf ! Ils sont pénibles avec leur chat, ils pourraient le rentrer le soir.

23h – Grrr… grrr ! Bonne soirée voisins ! Warf ! Warf !

Dans la cour goudronnée de dix mètres carrés en contrebas, sur le balcon de l’immeuble d’à côté, au troisième étage de la maison voisine, sur la terrasse au fond du jardin, il y a des chiens. Berger australien, labrador, roquet, doberman, il y en a de toutes les couleurs et de toutes les tailles.

Je n’ai pas l’air comme ça mais j’adore les chiens et si je n’en ai pas c’est justement parce que je les adore ! Un chien est un animal social qui déteste rester seul. Un chien a besoin de sortir une à trois heures par jour, pas juste aller pisser devant le portillon des voisins ou poser un étron au milieu du trottoir, mais de courir dans nature.

C’est tellement mignon un chiot, c’est même irrésistible. Sauf que la petite boule de poils va rapidement grandir et si elle n’a pas été correctement éduquée, elle va se transformer en animal agressif et névrosé. Garder un chien en appartement, c’est tout simplement cruel. L’animal a besoin de sortir pour se soulager et se dépenser, a besoin d’espace pour dégourdir ses jambes. Lorsque vous n’êtes pas là, le chien aboie à rendre fou le voisinage mais vous ne le savez pas, vous n’êtes pas là. Jusqu’au jour où un voisin excédé glisse un mot doux anonyme dans votre boîte aux lettres.

A la campagne, les chiens qui aboient, c’est presque rassurant au milieu du grand silence. En ville, entassés les uns sur les autres, c’est tout simplement insupportable ajouté aux autres nuisances urbaines.

Nous avons six chiens qui s’expriment à tour de rôle ou bien en chœur dans un rayon de cinquante mètres autour de la maison, ça fait beaucoup, beaucoup trop. Cela le donne envie de prendre, comme nos sympathiques voisins, un gentil cocker roux. C’est mignon comme chien chien, c’est joueur, débordant d’énergie et ça aboie tout le temps sur tout ce qui bouge.

Chrononopost

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Depuis le Brexit et malgré les démissions de Boris puis de Liz, les achats outre Manche sont devenus rebutants. Outre le taux de change de la livre sterling, s’ajoutent des frais de port exorbitants et des frais de douane, sans parler de la petite commission du transporteur.

J’ai renoncé à bien des achats pour cause de Brexit, tant pis pour nos amis artistes vivant de l’autre côté du Channel. Adieu les beaux vinyles, les digipacks et autres trésor que je chéris tant.

De temps en temps je succombe quand même à la tentation à cause d’un vinyle vraiment exceptionnel ou d’un équipement photo introuvable en Europe.

Le plus souvent, lorsque vous commandez, il n’est fait mention nulle part de ces frais supplémentaires. Lorsque le transporteur annonce que votre paquet va arriver, vous recevez en prime un SMS ou un mail vous demandant de payer les frais de douane. Un lien vous redirige vers un formulaire indiscret qui vous demande de nombreuses informations ainsi que votre numéro de carte bleue.

Si vous n’achetez pas grand chose en ligne, c’est assez simple de suivre, un achat, un message. Mais si vous commandez régulièrement à l’étranger, cela peut devenir un casse tête. Dernièrement j’attendais un vinyle d’Angleterre (toujours pas arrivé), un filtre pour mon appareil photo, un compact disk expédié de je ne sais où et un lecteur de carte CF vendu sur une boutique de la Fnac.

J’ai reçu un SMS d’un transporteur me demandant de régler pas loins de trente euros de frais de douane. Mais de quelle commande s’agissait-il ? Du vinyle à 40 euros, du filtre à 80, du CD à 15 ou du lecteur à 30 ? Impossible de savoir, je ne disposais que du numéro d’expédition référencé chez aucun de ces marchants.

Je n’avais pas envie de payer 30 euros de frais de douane pour un achat de 15 euros évidemment. Mais comme je ne savais pas ce que c’était, j’ai payé. J’ai eu la même aventure pour des LEGO commandés sur Bricklnk et qui se sont avéré provenir de Thaïlande. La note a été quelque salée. J’aurai dû être plus attentif.

Samedi matin, j’ai reçu un SMS de Chronopost me réclamant 48 cents. Etant donné que je venais de recevoir une notification d’expédition, je ne me suis pas méfié. Le colis XG019700436JC avait été suspendu à cause de frais supplémentaires. Cela ne ressemblait pas à des frais des douanes, mais je venais de me lever et n’avais pas encore bu mon café.

J’ai cliqué sur le lien https://support-chrononopost.com et j’ai complété le formulaire ainsi que les informations relatives à ma carte bleue. Bizarrement, je n’ai jamais reçu le code de validation 3D Secure de ma banque après avoir envoyé mes informations de carte. Bug ? J’ai pris un café et ai commencé à réfléchir. Après quelques recherches sur Internet, je suis tombé sur des articles d’arnaque au phishing par de faux transporteurs.

48 cents pour des frais, c’était bien peu. Le site de Chronopost n’était pas en .fr, mais en .com et surtout il ne s’agissait pas Chronopost mais de Chrononopost. Mais voila, je deviens sénile et de moins en moins prudent. Entre 6h39, heure de réception du SMS et 7h46, heure de l’opposition bancaire, le hacker a pu jouer librement avec ma carte bleue non protégée pour des débits frauduleux sur Internet. Il semblerait que la loi nous protège cependant à condition de porter plainte. Par contre je n’ai toujours pas réussi à accéder au portail de déclaration via France Connect. Le lien vous renvoie vers un lien que vous renvoie vers un lien qui revient au point de départ.

Depuis, j’ai les yeux rivés sur mon relevé bancaire en ligne pour scruter d’éventuelles opérations frauduleuses sur ma carte bleue. Jusqu’ici tout va bien.

The Return

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Alors oui, après près d’une année sans Facebook, je suis revenu sur ce réseau social que je déteste tant. J’en ai même profité pour rejoindre Instagram. Une vraie crise sociale en fait.

Pourquoi se revirement ? Une des raisons principales est de faire la promotion des Chroniques en Images sur une page dédiée, car FB est une magnifique machine pour se faire connaître et étant donné le score minable des vidéos, il fallait faire quelque chose d’urgence.

Ensuite, en quittant Messenger, j’avais perdu contact avec des amis et des membres de ma famille. Bizarrement je suis plus à l’aise avec Messenger qu’avec le téléphone. De plus Elon Musk a racheté Twitter, c’est flippant.

Enfin, pour suivre l’actualité musicale, Facebook est un excellent média, il faut bien l’avouer. Presque tous les groupes que j’écoute possèdent une page ou un compte.

Le défaut du réseau social de Zuckerberg, c’est quand même l’épouvantable concentration d’imbéciles qui racontent n’importe quoi et qui commentent à tout-vat.

Alors se réinscrire en plein conflit ukrainien et deux jours avant le second tour des élections présidentielles, ce n’était pas forcément très malin. 

J’ai retrouvé des amis qui ne m’en ont même pas voulu de les avoir laissé tomber pendant un an, mes nièces adorées et même mon épouse que j’aperçois quelques heures par semaine. Il n’a pas fallu plus d’une heure de présence sur Facebook pour qu’un label musical me contacte via Messenger, et une semaine pour le second. Encore un point qu’il va falloir bien surveiller de près car je n’ai pas l’intention de replonger dans la promotion musicale. J’ai donné.

Je n’ai pas non plus tardé à partager sur ma page un dessin rigolo concernant les élections, comme quoi les mauvaises habitudes ont la vie dure. Il va falloir que je me discipline sérieusement.

Les réseaux sociaux et moi c’est compliqué, sauf avec Twitter et Flickr sur lesquels je n’ai jamais été vraiment ennuyé, si on excepte ma rencontre avec les lobbyistes de la filière nucléaire.

Une fois par semaine, je publierai la Chronique en Image sur la page Facebook. Après deux semaines et quelques abonnés, cela fait déjà remonter les vues et j’ai gagné deux nouveaux followers sur Youtube. Après une année d’expérimentation, les vues ne décollent guère au delà de quinze par semaine, sauf de rares exceptions comme Marillion ou Cris Luna. Alors c’est décidé, je vais promouvoir les vidéos.

Vola – Witness

Teeshirt : Arjen Lucassen – Lost In The Real (2012)

La recette musicale de Vola s’appelle la trempe. Je ne parle pas d’une grosse baffe dans la figure (encore que), mais bien d’un métal chauffé à blanc et plongé dans une pop électro glacée. La musique ainsi traitée gagne en dureté à la surface ainsi qu’en résilience.

Avec leur troisième album studio Witness, le groupe danois ajoute à cette métallurgie une dose de slam dans ‘These Black Claws’. Un traitement thermique inattendu et du plus bel effet. 

Disons le tout de go, je ne retrouve pas dans Witness les saisissants contrastes de Applause from a Distant Crowds. S’il y a effectivement du gros son, il sert souvent à mieux asseoir une pop stellaire. 

L’album me paraît plus lisse que son prédécesseur, mais ce n’est peut-être qu’une impression, car en musique j’aime être surpris, et ici, sorti de la contribution des deux rappeurs hollandais Shamen sur un titre, le reste ressemble à du réchauffé. Ceci dit, certains plats sont meilleurs au second service et Witness a de beaux restes.

La pochette monochrome signée Gregor Huber, évoquera, en fonction de votre imaginaire, un trou noir, la fleur d’un tournesol ou un oeil vu avec un fort grossissement. Cet étui de carton contient les paroles sur une feuille volante noire avec au dos la photo des membres du groupe et les crédits ainsi que le vinyle beige translucide aux magnifiques marbrures.

Le titre le plus abouti de l’album s’intitule ‘Head Mounted Sideways’. Un cinématique solaire secoué de coups de boutoir long de cinq minutes et trente-quatre secondes. ‘These Black Claws’ constitue l’autre pépite de Witness, le titre le plus inventif de l’album. Enfin ‘Stone Leader Following Down’ renoue avec bonheur avec cette musique très contrastée qui m’a séduite chez Vola la première fois.

Sorti de ces trois morceaux, j’entends plus Witness que je ne l’écoute. Je ne rentre pas dans sa musique et ses émotions ne me submergent pas. Witness n’en reste pas moins un bel album sorti des forges de Vulcain. Cependant Applause from a Distant Crowds se hisse deux marches au-dessus sur le podium du metal progressif. Après bien sûr, tout est une question de goût.

Pain of Salvation – Be

Teeshirt : Lacrimas Profundere – Hope Is Here (2016)

Je pensais jusqu’à peu posséder toute la discographie de Pain of Salvation. En réalité, il me manquait leur chef d’œuvre absolu, le concept album Be. J’ai son excellente édition live mais pas l’album studio. 

En passant chez mon disquaire préféré, je suis tombé sur la réédition vinyle de l’album de 2004. Il trônait juste à côté du premier Transatlantic et du dernier live de Marillion. Autant vous dire que je suis reparti les bras chargés et la carte bleue allégée. Je ne vous parlerai que de Be, les deux autres disques ne possèdent à mon avis qu’un intérêt anecdotique en comparaison. 

Pochette à deux volets noirs avec Pain of Salvation écrit en blanc et un Be quasi invisible cerclé de noir, l’artwork se révèle des plus classiques avec les paroles sur une feuille volante et deux vinyles 180 grammes. La merveille se trouve dans la musique et la fabuleuse production de cet album.

Be est un concept album enregistré en compagnie d’un orchestre  qui ajoute violons, altos, violoncelles, flûte, clarinette, tuba et grandes orgues au quintet de Pain of Salvation.

Des dialogues, des messages à dieu, un orgasme (faux d’après Daniel), des bruitages et les instruments acoustiques rencontrent le metal progressif du groupe. Du metal progressif, en fait pas vraiment. Il y a  surtout du rock, du blues, du gospel, du folk faisant de Be un album à part dans la discographie de Pain of Salvation.

Vous entendrez donc du folk dans ‘Imago’, du classique cinématique instrumental dans ‘Pluvius Aestivus’, le génial ‘Nauticus’, des messages à dieu dans ‘Vocari Dei’, du metal progressif dans ‘Diffidentia’, une messe dans ‘Omni’ et un solo de batterie mémorable dans ‘Nauticus II’.

Bon, maintenant qu’est-ce qui justifie le fait que je considère Be comme un des meilleurs concepts albums de tous les temps ? Il y a la voix de Daniel bien évidemment, qui en studio comme en live est incroyable. Il y a également cette histoire qui défile entre vos oreilles, le choix des instruments où le piano tient une belle place. Il y a encore cette liberté stylistique, quitte à déplaire à certains, qui est une des marques de fabrique de Pain of Salvation. Enfin il y a ces deux concepts imbriqués, l’homme se prenant pour dieu et l’idée que tous les mythes de création du monde possèdent un schéma similaire.

Be est un magnifique album et sa réédition lui rend encore plus honneur. Indispensable si vous ne l’aviez pas encore.

Moments de solitude

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J’ai donc commencé à enregistrer des vidéos dans le salon. Et croyez-moi, filmer dans une pièce donnant sur une rue passante, ça n’est pas de tout repos.

Il y a tout d’abord les bus qui font un vacarme épouvantable en roulant à tombeau ouvert devant la maison, des passants qui s’arrêtent devant la fenêtre pour discuter pendant un quart d’heure, le facteur qui sonne à la porte, la chatte qui miaule parce qu’elle est toute seule, le chien des voisins qui se met à gueuler comme un dément et ma bêtise légendaire qui pimente l’expérience.

En vidéo, celle-ci s’exprime librement. Après avoir enregistré une chronique de bout en bout, je m’aperçois que j’ai scalpé ma tête, laissé ma braguette ouverte, un poil sur l’oreille gauche, oublié d’ouvrir le micro ou pire encore, omis de lancer l’enregistrement. 

Pour trois minutes d’images, il aura fallu près d’une demie heure de prise de vue. Je coupe à chaque phrase, bafouille sur des mots improbables, râle, peste, hurle et explose de rire, un grand moment de solitude commenté ensuite, sans indulgence, par ma douce et tendre lorsqu’elle regarde le montage final.

Pour enregistrer une chronique, je profite qu’il n’y ait pas trop de monde à la maison, idéalement personne à part moi bien sur et le chat que je tente de flanquer dehors.

Je m’occupe tout d’abord des projecteurs. Leur montage n’est pas des plus simple à cause des réflecteurs vraiment pénibles à fixer. J’installe un premier pied photo, celui qui supportera la caméra, ni trop loin, ni trop près, juste dans l’axe du fauteuil où je vais poser mes fesses. Ensuite j’installe fixe le boitier Nikon dessus. C’est alors une délicate opération de cadrage qui commence pour filmer le bon décor et me placer correctement dans l’image. Il faut ensuite un second pied photo, plus léger cette fois pour porter un premier smartphone. Celui-ci me sert de prompteur avec une application gratuite bien pratique. L’écran de l’iPhone doit être au plus près de l’objectif du Nikon, juste au-dessus en fait, pour que mes yeux se posent au bon endroit et ne donnent pas trop l’impression de lire un texte. Je place alors les projecteurs de façon à maximiser la lumière sans provoquer trop d’ombres et de reflets, et croyez-moi, avec des lunettes sur le nez, les reflets ça n’est pas du gâteau. Enfin je branche le micro-cravate, j’essaye de penser à le mettre en marche puis je lance l’application SnapBridge du second iPhone pour piloter la caméra. Je bois de l’eau, vérifie ma mise en plis et je me lance.

C’est généralement à ce moment que je réalise que j’ai oublié le vinyle à présenter, que la caméra n’a pas de carte SD, que le portable sonne, que j’ai une envie pressante. Alors je me lève, je me prends les pieds dans les câbles, oublie que j’ai un micro attaché à mon teeshirt et au boitier Nikon et que tout ça est en train d’être filmé. Le projo vacille, le Nikon bouge sur son pied, je trébuche avant de me rattraper de justesse et j’oublie sous le coup du stress, la raison pour laquelle je m’étais levé.

Une fois deux ou trois prises réalisées, je débranche le micro, arrête la caméra, récupère la carte SD et je passe au montage avec iMovie qui suffit toujours à mes besoins. J’utilise une sorte de modèle afin à ne pas devoir à chaque fois fabriquer les génériques, choisir les polices et les effets visuels. J’ai juste besoin de quelques images et bien entendu du film. Le montage consiste tout d’abord à couper les horreurs, les temps morts, les passages de bus, les miaulements du chat puis à choisir la meilleur des séquences lorsqu’il y en a eu plusieurs. Reste enfin à assembler tous ces petits morceaux, à ajouter le son, gérer les transitions et visionner l’ensemble une dernière fois pour supprimer toute coquille. C’est là généralement que je m’aperçois que l’objectif à effectué la mise au point sur la bibliothèque au lieu de ma trombine. Il n’y alors plus qu’à tout recommencer. Par prudence, tout le matériel est en place pour une nouvelle prise, je suis devenu très prudent.

Une fois satisfait du clip, je le montre à mon épouse, la juge arbitre, qui ne prend pas de gants pour me dire ce qu’elle pense de mes digressions, de mon humour merdique et de mon côté épouvantablement prétentieux. Du coup souvent, je retourne au montage effectuer de nouvelles coupes.

Reste enfin à ranger tout le matériel, car bizarrement, mon épouse me trouve quelque peu envahissant avec mes vidéos à deux balles. Franchement je ne vois pas pourquoi. Ok j’occupe le salon pendant plus d’une heure avec deux projecteurs allumés, deux pieds photos dans le passage, un silence absolu exigé et un piano inaccessible, mais bon, ça sert à quoi un piano sérieusement, sinon à décorer mes vidéos ?

Sincèrement je me demande pourquoi je me casse la tête avec ces vidéos. Elles sont vues par une trentaine de personne et j’ai droit à deux « j’aime », le mien et celui de Stéphane Gallay. Je n’aime pas être devant une caméra, je n’aime pas mon image avec ma peau rouge, mes dents déchaussées, mon gros tarin (vous avez remarqué que j’ai une narine plus grosse que l’autre ?) et ma voix haut perchée. Mais je m’entête. Pour quelle raison ? Le challenge ? Possible. Passer le temps ? Certainement. Le besoin d’exister après Neoprog ? Sans doute aussi.

Live streaming

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Cette année, pas de fête de la musique, pas de concert, alors j’ai fait comme beaucoup, j’ai regardé des lives en streaming. Après TesseracT, Marc Atkinson, Franck Carducci, Melanie et Martin, Bruce Soord, Ray Wilson, Anneke et d’autres, j’ai craqué pour Leprous. Enfin Einar Solberg au piano accompagné sur quelques titres par Robin Ognedal.

Le samedi 19 juin, deux jours avant la fête de la musique qui serait annulée chez nous, Einar proposait un récital d’une heure et quart au piano où il réinterprétait quelques un des grands titres du groupe Leprous. Ca se passait sur nunin.live à 19h30. Le chanteur du groupe jouait quelques titres choisis au préalable par le public dans les soixante-quatorze de son répertoire. La veille du show, il paniquait un peu à l’idée de jouer sans filet au piano quelques morceaux sur lesquels il ne faisait que chanter d’ordinaire. Rassurez-vous, il s’en est bien sorti.

J’ignorais à quoi m’attendre avec cette formule acoustique. C’est vrai quoi, Leprous ramené à la voix d’Einar et aux notes d’un piano, cela peut sembler affreusement réducteur. Ici pas de chichi, d’effets numériques, de transitions. Einar nous livre un vrai live filmé d’une traite, avec un public et où le chanteur oublie même au début de parler en anglais pour les personnes connectées sur Internet. Quelques éclairages, draperies noires, rouges ou bleues, cercles de lumière sol, plusieurs caméras dont une un peu surexposée au bout du clavier, l’atmosphère du concert est cosy et nullement artificielle, tout à l’opposé du concert de TesseracT. J’ai l’impression d’assister à récital de Brahms dans un petit auditorium avec mon épouse.

J’avoue ne pas avoir reconnu tous les morceaux immédiatement, tellement ils se retrouvaient ainsi dépouillés. La voix d’Einar, parfois très haute, vraiment très haute, pique un peu les oreilles sans la grosse artillerie de basses du groupe. Elle reste cependant irréprochable tout au long du set mais l’accompagnement piano est vraiment minimaliste. Ce n’est pas Gleb Kolyadin qui joue si vous voyez ce que je veux dire. Einar est définitivement coincé en live et lorsqu’il s’adresse au public, cela tombe un peu à plat mais lorsqu’il chante, la magie opère. Robin qui l’accompagne, semble nettement plus dans son élément et sa contribution enrichit considérablement certains titres qui sinon auraient été trop dépouillés. Il a été pourtant appelé à la rescousse d’Einar seulement deux jours plus tôt.

Après une heure quinze de live, Einar repartira pour une seconde partie composée de reprises et réservée aux VIPs. Ne faisant pas partie de cette tribu, le billet était déjà à seize euros, j’ai laissé Einar avec ses fans. Cela ne m’a pas empêché de regarder une seconde fois le concert le lendemain, il faut bien rentabiliser le concert.

Je ne dirais pas que ce fut un grand live, mais toujours mieux que celui de TesseracT. La magie aurait certainement opéré bien plus, assis dans la salle, devant le piano, mais je n’allais pas non plus prendre l’avion pour une heure de musique, bilan carbone oblige. Peut-être y aura-t-il, comme pour Portals, un Blu-Ray ou des vinyles de ces concerts de Leprous au piano, nous verrons. En attendant ça fera ma fête de la musique.

L’Envol du Soleil

A la fin du XVII siècle, l’effluve et une intelligence artificielle extraterrestre révolutionne le règne du Roi Soleil. 

Nous nageons en pleine uchronie à l’écriture maniérée et niaise peuplée d’inventions guères originales. 

Johan Heliot nous ressort le coup de la radioactivité, des pistolets lasers, des voitures électriques, de la télévision et des vaisseaux spatiaux. Certes cela se passe à l’époque de Colbert, mais quel manque d’imagination ! 

La saga de la famille Caron se poursuit dans un Paris révolutionné par l’énergie effluvique, et tous les enfants sont amenés à des actions et des postes exceptionnels pour de simples fils paysans démunis. Jeanne est la voix du peuple, Marie la concubine du roi, Pierre le surhomme géant aveugle vengeur, Martin le spationaute et Etienne le digne héritier de Pascal. Mais quelle famille ! 

Le premier livre n’était pas folichon. Le second est navrant et il m’en reste un dernier à lire…

Retour à Westworld

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La saison 2 trainait à la médiathèque alors je le suis dit, pourquoi pas après tout. J’avais bien aimé l’univers de la première saison mais pas au point de vouloir en regarder une seconde et pourtant…

Le parc s’est effondré, les hôtes se sont libérés de leurs chaînes et de rares visiteurs (ceux qui n’ont pas été massacrés) survivent encore.

Entre Il était une fois dans l’ouest, Les Sept Samouraïs et Blade Runner, cette nouvelle saison livre plusieurs niveaux de lecture. Les personnages, enfin ceux qui ont survécu, gagnent en profondeur et les épisodes esquissent la folie de certains d’entres eux, humains comme machines.

A quoi sert le parc, serait-il une vaste expérience pour tester l’immortalité, à quoi aspirent les hôtes, à la liberté, qui tire les ficelles de ces humanoïdes sophistiqués, qu’est qui se cache derrière la porte ?

La série a gagné en maturité et en complexité avec cette deuxième saison. J’attends donc la troisième avec impatience.

Adieu souris

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Je t’aimais bien tu sais. Tu étais si mignonne toute vêtue de blanc. Je passais mes journées à te toucher, te caresser. Allongée sur le tapis, tu attendais mes directives, tu glissais, tu rampais, réagissant à ma demande. Tu étais mignonne mais un peu vieille, cinquante-six ans tout de même et un peu pénible avec ta manie de trainer ce vieux tapis toute la journée avec toi.

Tu as su évoluer, te libérer de ton fil à la patte, appris à jouer à la roulette, voter à gauche comme à droite. Mais tu prenais vraiment trop de place dans ma vie, tu glissais trop souvent hors de ton tapis, tu peinais à courir d’un angle à l’autre de la pièce sans déraper, alors, alors je t’ai remplacée.

Ta remplaçante ne possède pas tes rondeurs affriolantes, elle est toute plate. Elle ne bouge pas, reste sagement assise sur le bureau à me regarder sans rien dire. Elle ne s’allonge pas sur un tapis au coin du feu pour me faire du charme, elle est froide, précise, efficace.

J’ai longtemps hésité à t’abandonner pour cette nouvelle compagne mais elle travaille tellement mieux que toi, que malgré nos longues années partagées, j’ai franchi le cap. Il faut dire qu’après avoir brisé la fenêtre et croqué la pomme, la séparation semblait inévitable à court ou moyen terme, mais comment se l’avouer au début ?

La main posée sur le bureau, je laisse mon doigt glisser sur la peau froide de ma nouvelle amie. Un doigt, deux, doigts, trois doigts, elle réagit au quart de tour, précise, sensible, efficace, imperturbable. De bas en haut, de gauche à droite, une pichenette et elle répond. Plus de clique et de claques, mais à quel prix ?

La crise de la cinquantaine est passée par là, j’ai fait mon coming out. Ma nouvelle compagne n’en est pas une, mais un. La peau blanche que je caresse de mes doigts amoureux a changé de genre, la souris est devenue trackpad.