Hoo !

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Nébuleuse de la Trompe d’éléphant

Chez les photographes le débat entre les partisans de la retouche et ceux du développement fait rage depuis l’avènement du numérique. 

Où s’arrête la photographie et où commence l’image de synthèse ? Avec l’arrivée de l’IA générative, même les fervents adeptes de Photoshop commencent à poser des limites éthiques. 

Il est possible d’effacer des personnages, d’enlever des objets disgracieux, de transformer une journée ensoleillée en matin brumeux, de remplacer un ciel par un autre, d’inventer une partie du cliché, voire de fabriquer de toute pièces un paysage grâce à l’IA générative. 

Alors à quel moment une photo n’est plus qu’une image numérique ? Je n’ai pas la réponse à cette question. Personnellement, j’use le moins possible de ces traitements qui substituent une réalité à une autre plus virtuelle. Je n’utilise pas Photoshop mais Lightroom et je n’utilise l’IA que pour réduire le bruit et supprimer de tous petits détails que je n’avais pas noté en réalisant le cliché. Mais ça c’est en photo.

Nébuleuse du Sorcier

En astro photo, tout est différent. Car qu’est-ce qu’une image en astronomie ? Un signal extrêmement faible, souvent imperceptible par l’œil humain, amplifié par un instrument et une caméra puis délinéarisé dans un logiciel pour transformer des fréquences presque invisibles en couleurs. 

Des fréquences invisibles comme l’infrarouge ou l’ultraviolet que les caméras captent et auquel on attribue arbitrairement des couleurs. Lorsque vous regardez une image du télescope Hubble ou James Web, vous ne voyez pas la réalité, vous voyez différentes longueurs d’ondes colorées puis additionnées pour fabriquer une photographie.

Par exemple James Web ne voit que dans l’infrarouge, autant dire que ses couleurs ne reflètent jamais la réalité. 

En astronomie, certains utilisent des filtres qui ne laissent passer que certaines longueurs d’ondes ou bloquent certains rayonnements. L’image obtenue est inévitablement biaisée par rapport à la réalité.

J’ai commencé la photographie astro avec un appareil Nikon non défiltré, c’est à dire dont le capteur bloque une partie de l’infrarouge, comme tous les boîtiers photos grand public. Ensuite j’ai utilisé une caméra qui capte tout le spectre, visible et invisible, augmentant considérablement la sensibilité de mon setup. Puis j’ai ajouté un filtre UV/IR Cut pour supprimer les ultraviolets et les infrarouges des éclairages urbains qui polluent les images. Enfin j’ai utilisé un filtre tri bandes qui ne laisse passer que des plages étroites de longueur d’onde, hydrogène, oxygène, souffre. Mes photos ne reflétaient plus vraiment la réalité mais avaient gagné en netteté.

Nébuleuse Dumbbell

Il y a peu j’ai publié une photo de la nébuleuse de la Trompe d’Eléphant et un de mes mentors m’a conseillé de la traiter en HOO, c’est à dire avec les longueurs d’onde de l’hydrogène et l’oxygène. 

Oui mais comment ? Et quel intérêt ? Il m’a envoyé un tutoriel basé sur le logiciel Pixinsight et j’ai essayé. La vidéo dure plus d’une heure et contient plein de concepts qui sont loin d’être évidents. Il m’a fallu deux visionnages avec de multiples arrêts sur images et quelques notes pour comprendre l’idée.

Le principe est d’attribuer une couleur, rouge, vert ou bleu, à une une longueur d’onde particulière. Rouge pour l’hydrogène, vert et bleu pour l’oxygène. Ensuite on isole ces couleurs avec des masques pour les traiter de manière indépendante pour enfin tout assembler pour fabriquer une image.

En réalité c’est un peu plus compliqué. En astro photographie, on va tout d’abord étirer l’histogramme des lumières pour amplifier certaines parties et en atténuer d’autres. On va également séparer les étoiles de l’objet photographié pour les traiter indépendamment. Souvent on choisit de réduire le nombre d’étoiles. On assombrit le fond du ciel pour éviter d’obtenir une voûte céleste grise. Bref on bidouille pendant des heures.

À la fin que reste-il de la réalité ? Nous avons filtré les fréquences, amplifié la lumière, enlevé les étoiles, assombri le ciel, attribué des couleurs arbitraires à certaines fréquences, rehaussé des couleurs, estompé d’autres, supprimé des étoiles, ajouté du contraste, réduit le bruit et fabriqué une photographie avec tous ces éléments additionnés.

Nébuleuse du Cocon

Certains astronomes amateurs s’insurgent à raison contre ces pratiques. Car l’information qui pourrait servir à la recherche disparaît lors du traitement de la photographie. Si on n’utilise pas des filtres étalonnés, des caméras spécifiques et des traitements non destructifs, l’image n’est plus exploitable pour la science.

Personnellement, je fais des photographies astro pour la beauté de l’image, pas pour la science. Et le traitement HOO m’offre une toute nouvelle palette de couleurs pour composer des images spectaculaires même si elles sont peu scientifiques. 

Un jour je changerais peut-être d’avis, j’utiliserais une caméra monochrome et des filtres étalonnés. Mais pour l’instant, je me fais juste plaisir.

Après trois semaines de pluie

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Après la canicule du mois de juin, juillet a été des plus arrosé en Alsace.

Le week-end c’était lecture et séries TV emmitouflé dans un pull pour luter contre la froidure. Impossible d’entretenir le jardin sous les averses orageuses ou d’aller se promener en montagne.

En semaine c’était pantalon de pluie et kWay pour aller au travail à vélo.

La nuit des étoiles est tombée à l’eau et le télescope n’est pas sorti une seule fois après la fête nationale.

La première fenêtre astro à se présenter fut un soir de pleine lune, après un aller-retour à Lyon en camionnette, autant dire les pires conditions pour faire de l’astronomie. Pourtant je suis monté, avec la lunette et le télescope, histoire de réaliser des observations visuelles pendant que je photographiais le ciel.

Je suis monté très tôt afin de profiter de la fraîcheur et observer le soleil. Sur le parking il y avait pas mal de monde dont Philippe, un astronome en culotte courte tatoué de partout, équipé d’un petit télescope Skywatcher 150/750 sur une mini monture azimutale. C’était sa première au Champ du Feu. Il était excité comme un pou avec plein de questions de débutant auquel j’ai tenté d’apporter tant bien que mal des réponses.

J’ai installé mes deux instruments et pointé le télescope vers le soleil, histoire d’observer l’astre qui nous prépare des températures records pour cette semaine. Il était comme d’ordinaire, jaune avec quelques rares tâches noires. Presque décevant lorsque l’on considère que la température va monter à 37 degrés sous abri. Mais est-ce bien le soleil le coupable ?

La nuit est arrivée très vite entre les conversations, une bière partagée, les réglages des instruments et le repas au coucher de soleil. De nombreux promeneurs étaient montés comme moi profiter de la relative fraîcheur et du magnifique paysage. Du coup, pas mal de curieux nous ont accompagné une partie de la nuit.

Mon camarade Clovis est arrivé vers 22h avec son Newton rangé sur un chariot qu’il a conçu sur mesure. En cinq minutes, le télescope était sorti de la voiture et installé sur sa monture. Impressionnant ! Par contre, suite à une mauvaise configuration réseau de son ordinateur, il a quelque peu galéré pour utiliser son setup. De toute manière il était monté sans avoir planifié ce qu’il photographierait cette nuit.

Moi non. Tout était décidé depuis presque un mois. Et je n’en pouvais plus d’attendre. À 23h ma lunette prenait les premières images de la Trompe d’Eléphant dans la constellation de Céphée, ma cible photographique de la nuit. Pendant ce temps je pointais les bec le second instrument la lune qui déjà dessinait nos ombres sur le parking. Puis une fois rassasié, je laissais les badauds observer notre satellite à leur tour en prodiguant quelques explications.

L’un d’entre eux m’a servi l’habituelle théorie complotiste de la Lune inviolée par l’homme. Des fois je ne comprends vraiment pas les êtres humains. Six missions ont déposé des équipages américains sur le sol lunaire, films et photos à l’appui. Des dizaines de milliers de personnes assistèrent au décollage des fusées Saturn V et des kilos de pierres ont été rapportées sur Terre. Pourquoi un tel aveuglement ? Bon, je suis resté poli, mais je lui ai quand même expliqué que tout ça c’était des conneries conspirationnistes.

C’est lorsque Jupiter émergea des arbres qu’il y eut le plus de queue devant le télescope pour observer la planète aux anneaux. Pendant ce temps, la lunette poursuivait tranquillement ses clichés juste à côté sans rencontrer un seul problème technique, un vrai miracle !

Peu après minuit, les curieux sont allés se coucher. Il ne restait plus que les astronomes amateurs et leurs instruments pointés vers les étoiles. Nous avons continué à admirer Saturne, l’amas d’Hercule, la galaxie d’Andromède, la nébuleuse de la Lyre et celle de la cloche pour passer le temps jusqu’à ce que j’ai accumulé plus de trois heures d’images de la nébuleuse.

Le vent s’était levé, je commençais à accuser le coup de la fatigue accumulée ces derniers jours et il aurait fallu que je procède au retournement de méridien pour continuer la session photo. J’ai préféré remballer, tout comme Clovis qui finissait d’imager Saturne.

Deux jours plus tard, je suis remonté au Champ du Feu. Jupiter et Vénus seraient en conjonction à moins de 1 degré peu avant l’aube. C’était également le maximum de l’amas des Perséïdes, mais ça je l’avais oublié. 

J’avais aménagé la voiture en camping car pour pouvoir me reposer un peu durant la nuit car un 22h – 5h30 après une journée assez active ça fatigue quand même.

Le parking était presque rempli, à tel point que j’ai eu du mal à trouver un emplacement pour m’installer. Je suis tombé entre une famille de trois générations alsaco-stupide-facho et un astronome amateur qui n’avait pas sorti son télescope depuis un an. Moi je n’avais amené que ma lunette cette fois pour photographier la Nébuleuse du Sorcier, un de mes objectifs de l’été.

Après avoir lancé ma session photo qui va durer plus de 5h30 avec un retournement de méridien, envoyé bouler poliment deux fois la famille alsacienne qui venait poser des questions vraiment crétines en plein dans les réglages, je suis allé voir mon voisin qui reprenait ses marques avec son tube de 250 mm. 

Un peu sur ses gardes au début, il s’est détendu lorsque je lui ai prêté un filtre pour  observer la Lune. Après il m’a laissé regarder dans son instrument et même pointer quelques objets.

Dès le premier coup d’œil à l’oculaire j’ai constaté que son instrument était mal collimaté (l’alignement entre le miroir principal et secondaire). Alors ensemble nous avons réglé son tube et ensuite nous avons profité des merveilles de Saturne et des amas globulaires, sa passion.

Vers une heure, un groupe de jeunes s’est joint à nous pour regarder les étoiles, émerveillés par le spectacle, alors que la Lune gâchait un peu la fête.

Une majorité de personnes ne lève jamais les yeux au ciel la nuit, encore moins dans un lieu sans éclairage public. Quand ils le font, ils découvrent soudain la beauté de l’univers mais hélas l’oublient bien vite pour retourner à leurs écrans minuscules alors que la voûte céleste est infinie.

Ils sont partis vers 3h comme mon voisin. Sur le parking il ne restait qu’un camping-car, moi et un télescope parqué près d’une voiture dans laquelle son propriétaire dormait à poings fermés.

Alors j’ai fait pareil, une petite sieste réparatrice dans le coffre de la 2008 en attendant que Vénus et Jupiter ne se lèvent. Difficile de dormir dans ces conditions mais j’étais au moins au chaud. 

Lorsque les deux planètes ont enfin émergé de la cime des sapins, j’ai arrêté de photographier la nébuleuse du Sorcier pour pointer la lunette sur les deux lumières qui rentraient tout juste dans mon champ. Un magnifique spectacle !

Vers 5h j’ai remballé le matériel et suis redescendu en plaine d’Alsace où il faisait nettement plus chaud.

Je suis remonté une nouvelle fois cette nuit pour prendre le frais et photographier la nébuleuse Dumbell dans la constellation du Petit Renard. Ça ne s’est pas passé sans difficulté, un problème avec une option de l’Asiair, du coup pour obtenir mes deux petites heures d’images, je suis rentré à 4h du matin.

Mais hélas, la fin de mes vacances approche. J’aurai passé presque plus de temps éveillé la nuit que le jour. J’espère encore monter au Champ du Feu avant de reprendre le travail histoire de photographier une autre nébuleuse. La météo décidera du jour.

Si vous voulez en voir plus, mes photographies astro sont publiées ici.

Partie de chasse

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Entre le village d’Ottrott et le Champ du Feu, il n’y a que huit cent mètres… de dénivelé. Une magnifique route sinueuse dans les bois où les porches s’essayent à la conduite à la manière d’un Sébastien Loeb.

J’emprunte en moyenne cette route presque deux fois par semaine pour aller observer les étoiles si bien qu’à force, j’en connais chaque virage. Je sais où je dois lever le pied comme j’anticipe les rares lignes droites où j’ai une chance de doubler une Twingo poussive.

À l’aller, il fait généralement jour et quelques véhicules grimpent courageusement la côte qui ne conduit que là haut. Je suis frais, de bonne humeur, seulement inquiet des quelques nuages qui pourraient gâcher la nuit. En moins de trois quarts d’heure, je suis au sommet, paré à en découdre avec les étoiles.

Au retour, il fait nuit, ou bien le soleil se lève. Cela fait au minimum vingt heures que je suis debout. Il s’est écoulé plus de douze depuis mon dernier café, j’ai les yeux qui piquent, le pare brise embué, et un niveau de concentration amoindri.

C’est pourtant la descente de tous les dangers. En hiver la route est fréquemment verglacée et en été, elle est habitée. 

Sur les rebords, se promènent des biches, au milieu de la chaussée, un cerf défie les automobilistes, des renards traversent furtivement la route, des lièvres, éblouis par les phares, restent pétrifiés sur le macadam, des familles de sangliers traversent sans prévenir et on rencontre même des blaireaux.

La première fois que j’ai effectué le trajet, je roulais à 90 km/h, pressé de me glisser sous la couette. La première famille de sangliers qui a coupé la route a divisé par deux ma vitesse de pointe. La seconde l’a réduite à 30 km/h. Parce qu’à 3h du matin, les réflexes ne sont pas les mêmes qu’à 18h.

C’est un spectacle à la fois magnifique et effrayant. Magnifique parce que l’on observe des animaux en liberté, ce qui pour un citadin, est assez rare sorti des parcs animaliers, effrayant parce que la rencontre entre un sanglier et le pare choc avant de la voiture peut très mal se finir pour les deux protagonistes.

Lorsque nous montons, nous partageons des informations sur la température, la qualité du ciel, le coucher de soleil. Mais lorsque nous redescendons, nous partageons des informations sur le gibier rencontré sur la route, parfois des photos voir même une courte vidéo.

Les astronomes en culottes courtes qui viennent étrenner leur nouveau matériel sur les sommets vosgiens reçoivent les conseils des anciens sur comment utiliser les meilleurs réglages de leur équipement . Et avant de repartir, ils sont également briefés des dangers encourus lors de la descente.

À ce jour, aucun copain n’a fait de mauvaise rencontre, mais à chaque fois que je descends, je serre les fesses, guettant des yeux brillants dans la nuit, surveillant le bord du chemin et roulant plein phares au ralenti au milieu de la route pour anticiper toutes les rencontres. La dernière fois, je n’ai croisé que deux renards et huit biches, c’était une nuit paisible.

e commerce

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Leboncoin

Il y a peu je vous parlais du moteur de mise au point que j’ai installé sur la lunette. J’en suis tellement content que j’ai décidé d’en installer un également sur mon télescope, et tant qu’à faire, à acheter la raquette de commande qui va avec. 

Chez ZWO il en existe, à ma connaissance, quatre modèles d’EAF. L’EAF-S, avec un câble USB B et une prise d’alimentation 12 volts, l’EAF-5V, avec un câble USB B qui sert également d’alimentation et l’EAF-N, en USB C, avec un modèle avec une batterie et des boutons de pilotage.

Seuls ces deux derniers sont encore fabriqués par ZWO et ils sont souvent en rupture de stock. Du coup ça spécule pas mal sur les EAFs. Beaucoup revendent les vieux modèles pour passer à la version N qui elle est vendue parfois très cher sur certains sites.

Je voulais acheter un EAF-5V comme le précédent pour me simplifier le câblage. Mais impossible d’en trouver d’occasion sur Leboncoin. Alors quand j’ai vu passer un EAF-S avec sonde de température et raquette je n’ai pas hésité longtemps, même si cela ajoutait un câble pour l’alimentation 12 volts. Je ne suis plus à un câble près sur mon petit setup.

Mais voilà, le lendemain, une autre personne bradait un EAF-N avec raquette. Je n’ai pas pu résister. 

Cinq jours plus tard, je recevais deux colis contenant respectivement des EAF S et N avec chacun une raquette. Damned ! 

J’ai vérifié le bon fonctionnement du matériel, puis j’ai installé tant bien que mal l’EAF-N sur le porte oculaire Crayford du Celestron (il n’est pas prévu pour ça mais en agrandissant deux trous, ça fonctionne parfaitement).

Maintenant il me restait un EAF-S sur les bras.

Je l’ai remis en vente sur Leboncoin et il est parti en dix minutes, après une brève négociation (toujours prévoir une marge de prix pour la négociation sur Leboncoin). La raquette, vendue séparément, est partie quelques minutes après. 

Evidemment j’ai perdu quelques plumes lors de ma brillante opération financière, les frais de la plateforme Leboncoin et le prix de l’expédition. Mais comparé au prix du produit neuf qui est en rupture de stock, j’ai quand même économisé une cinquantaine d’euros.

Me voilà donc équipé de mise au point automatique sur mes deux instruments avec en prime une raquette de commande pour la mise au point manuelle pour l’observation visuelle avec le Celestron 8. 

Il me manque encore une nouvelle caméra, une roue à filtre et un rotateur de champ et je pourrais changer d’instrument. 

Heureusement que j’ai un relais colis Mondial Relais à 50 mètres de la maison !

Épreuves anticipées de français

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Ben oui, nous sommes en pleine période du baccalauréat, c’est donc l’occasion de vous parler des épreuves anticipées de français. Enfin c’est ce que Google me donne comme première entrée lorsque je tape EAF dans le moteur de recherche.

Un peu plus bas dans classement, il y a EAF ZWO, celui qui nous intéresse en réalité. 

ZWO, vous en avez déjà entendu parler si vous lisez mes billets d’astronomie. C’est la marque chinoise qui équipe une grande partie de mon setup d’astro-photo : les caméras, la monture et l’ordinateur.

L’EAF de ZWO est un focuseur, c’est à dire un moteur pour réaliser automatiquement la mise au point de l’image. Une étape essentielle en photographie.

Jusqu’à présent j’ai toujours réalisé la mise au point avec un masque de Bathinov avec d’assez bons résultats. Du coup, je ne voyais pas trop d’intérêt à alourdir mon équipement avec ce moteur. Mais bon, quasiment tous les copains sont équipés d’EAF. Et surtout, mes sessions durant de plus en plus longtemps, je vais être amené à refaire ma mise au point pendant une session photo. Tout ça donnait donc à réfléchir.

Le souci c’est que l’EAF est un accessoire de plus à fixer à l’instrument, qu’il oblige à démonter en partie le porte oculaire et que je ne voyais pas comment faire rentrer ce truc dans la mallette de transport sans tout démonter à chaque fois.

Alors j’ai temporisé jusqu’à trouver quelqu’un qui vendait le sien d’occasion. Le risque serait moins grand en cas de problème.

Un jour, sur le Boncoin, l’objet tant convoité est apparu dans mes recherches. Il faut dire que ZWO vient de lancer une nouvelle version de son EAF tout dernièrement. Du coup, les anciennes versions sont à vendre. Alors je me suis lancé.

Le colis est arrivé à la maison et après le fébrile déballage, vint le moment tant redouté du montage. Le focuseur se fixe à l’aide d’une platine métallique rainurée et de plusieurs vis au porte oculaire. Comme il existe une multitude de porte oculaires, l’EAF est livré avec quatre cylindres de taille différentes pouvant se visser sur l’axe de mise au point, une fois la molette démontée.

L’installation n’est pas des plus aisées mais pas insurmontable non plus d’autant qu’il existe plus de tutoriels que d’instruments sur YouTube.

Une fois le focuseur installé, il fallait bien entendu le tester. Et là, la seule solution, était de le faire fonctionner en conditions réelles. Alors profitant d’un ciel clair sans lune, je suis parti en montagne avec tout le matériel. Cela tombait bien, je voulais ajouter quelques heures à ma photographie de la nébuleuse du croissant.

C’était une nuit venteuse mais claire. En plaine le mercure affichait 34 degrés et 20 de moins à mille mètres. Ça, plus le vent soufflant du nord-est, pull, anorak et chaussettes épaisses étaient de rigueur.

J’ai installé la lunette à l’abri du vent entre deux voitures. J’ai câblé tous les accessoires, caméras, ordinateur, monture, focusseur, réchauffeur et j’ai pointé l’étoile polaire pour tester le nouvel équipement.

Le logiciel photographie les étoiles à plusieurs reprises en faisant varier la mise au point. Il mesure à chaque fois le diamètre observé et trace une courbe en forme de cloche inversée.  La courbe représente en abscisses la distance focale et en ordonnées le diamètre de l’étoile. Le logiciel recommence une nouvelle fois sa mesure en l’affinant pour déterminer enfin la distance focale optimale. 

Le résultat est stupéfiant. En quelques minutes le setup obtient une image parfaitement nette. Le focuseur dispose également d’une sonde de température qui lui indique si la mise au point doit être refaite pendant la nuit. En mode auto-run, l’Asiair permet de réaliser de nouvelles mises au point au changement de méridien, à chaque modification de cible ou permutation de filtre, toutes des N minutes et lors des variations de températures.

Ce soir là, j’ai ajouté 35 images de 300 secondes à ma nébuleuse du croissant qui en comptait déjà 30 autres soit au final 5h25 de photographie au filtre TriBand avec la lunette de 72 mm.

Nébuleuse du Croissant 5h25 d’intégration

Un week-end ordinaire

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Certaines personnes angoissent à l’idée de se retrouver brutalement à la retraite sans activité pour occuper le temps libre. Pas moi. J’attends cette échéance avec impatience car mes week-ends sont toujours chargés. 

Depuis quelques années je travaille 4,5 jours par semaine. Avec les heures supplémentaires effectuées lors des déplacements, j’arrive assez régulièrement à ajouter une demi-journée de loisir à ma semaine. La fameuse semaine de quatre jours dont un de télétravail qui me laisse trois autres journées pour vaquer à mes loisirs.

Jeudi soir, vers 21h, je partais en montagne pour une nouvelle nuit d’astro photographie. Après sept heures passées sous les étoiles, je retrouvais mon lit à 4h du matin. À 9h j’étais sur l’ordinateur pour traiter plus de cinq heures d’acquisition sur NGC 6888 à l’aide du logiciel Pixinsight.

Après une sieste salutaire, je partais en compagnie de mon épouse pour une audition de musique de chambre où elle était accompagnatrice. Evidemment, j’avais emporté un appareil photo pour immobiliser ce concert. A 20h nous nous retrouvions avec les musiciens dans une brasserie du centre-ville à discuter à bâtons rompus de musique, de projets et de photographies. À 23h30, je retrouvai enfin mon lit.

Le lendemain matin, j’étais de nouveau assis devant l’ordinateur pour trier et  développer les 150 photographies de la soirée. L’après-midi, alors que le soleil faisait bouillir le mercure, je profitais d’une nouvelle sieste à l’ombre en préparant un billet de blog. J’enregistrais également la vidéo de Cosmograf et réalisais son montage avant de la mettre en ligne avec la chronique sur le blog. 

Le soir, nous partions vers Saverne pour la Fête de la Musique où une flûtiste, qui joue avec ma chérie, assurait la première partie d’un concert dans une église. Nous retrouvions là bas des amis de longue date pour une soirée musicale arrosée plus ou moins improvisée. Mon appareil photo me suivait encore une fois, pour immortaliser les flûtistes baroques et le chœur du Bon Tempérament qui revisitait des chansons des Frères Jacques. À 1h nous retrouvions la couette douillette pour quelques heures de sommeil avant le retour de la canicule.

Enfin le dimanche, plus où moins bien remis de la veille, alors que l’air frais (21 degrés) circulait encore dans la maison, je triais les photographies de la veille avant de les envoyer à l’ensemble du Bon Tempérament.

Il me restait encore un article à préparer et trois photographies à sélectionner pour remplir ma semaine médiatique. L’après-midi était terminée, il fallait se préparer à passer une nouvelle semaine de travail avant le prochain week-end qui s’annonce à nouveau intéressant.

I wanna live in America

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Après un voyage en Bretagne suivi de plusieurs jours de pluies diluviennes, j’étais en manque de ciel étoilé. Une fenêtre incertaine s’ouvrait le dimanche soir, incertaine car jusqu’à dix-neuf heures les averses arrosaient encore l’Alsace sous de fortes rafales. Mais depuis trois jours les modèles météorologiques votaient pour un ciel clair sans vent à partir de vingt-deux heures. Hélas la Lune était presque pleine, c’était le week-end de On The Moon again. Elle n’était pas très haute dans le ciel mais pour la photo, c’est toujours un problème.

Qu’importe, confiant en ma bonne étoile, j’ai chargé la voiture avec le télescope et la lunette et emmené mon petit dernier, de passage à Strasbourg pour un mariage, à mille mètres d’altitude et quatre degrés Celsius pour observer les étoiles.

Arrivés là haut vers vingt-une heure, je n’en menais pas large. Le ciel était encore bien chargé et le vent qui soufflait d’ouest risquait de compromettre la soirée. La météo disposait encore de deux bonnes heures pour corriger le tir avant que je commence les photos.

Nous avons tranquillement installé le télescope pour observer la Lune encore cachée par d’épais cumulus puis j’ai mis en place la lunette pour la session photo. Ce soir là j’étrennais pour la première fois le filtre Triband sur la lunette. Il devait m’aider à oublier la luminosité de notre satellite.

J’avais prévu de refaire la nébuleuse América déjà photographiée avec mon appareil photo l’été dernier. Cette fois j’utilisais une caméra, un filtre et la lunette. Même avec la pleine lune j’espérais faire mieux.

En parlant de la Lune, notre satellite commençait à sortir des nuages, alors j’ai chargé mon garçon de la pointer au télescope pendant que je discutais avec deux membres de l’association montés malgré la météo incertaine. Des visiteurs, venus passer une nuit romantique dans leur mini van, sont venus jeter un œil à l’oculaire et parler astronomie. À notre manière nous avions contribué à l’évènement On the Moon Again, presque malgré nous. Il y a toujours des curieux au Champ du Feu.

Le vent s’est calmé, les nuages se sont dispersés et la Lune est montée dans le ciel. Avec une atmosphère très humide et chargée en poussières venues des incendies canadiens, sa lumière créait un voile blanchâtre qui masquait les étoiles. On ne verrait pas la Voie Lactée ce soir mais avec le filtre Triband je pourrais quand même photographier ma nébuleuse.

Une fois la lunette correctement mise en station et calibrée, j’ai pointé la constellation du Cygne, près de Deneb où s’étend le vaste nuage de la nébuleuse NGC 7000 dite America ou cou du pélican à cause de sa forme très particulière. 

Entre la qualité très moyenne du ciel et le filtre gourmand en lumière j’ai dû pousser le temps de pause. Un premier essai à 300 secondes, un second à 600 pour finalement revenir à la première valeur. Car en dix minutes, bien des choses peuvent se produire comme le passage de satellites ou un problème technique qui me ferait perdre une image perdre et autant de temps de photographie.

Après quelques derniers réglages, j’ai laissé la lunette travailler comme une grande, retournant au télescope pour observer à nouveau la Lune puis la nébuleuse de la Lyre et l’amas d’Hercule. Rien de bien exotique mais je connais très mal mon ciel.

Mon fils, fatigué et frigorifié, s’est réfugié dans la voiture. Je l’avais prévenu pourtant. L’astronomie c’est vivifiant. Moi, protégé par trois couches de vêtements, j’ai continué à observer et surveiller mon setup, qui pour une fois, a fonctionné comme une horloge, sans doute grâce au nouvel équilibrage de la lunette. Au bout de deux heures trente de photo, j’ai eu quand même pitié de mon fils et j’ai remballé tout le matériel.

Christophe était rentré depuis longtemps et Antoine s’acharnait encore sur la nébuleuse du croissant avec son objectif Samyang 135 f2. Il repartira avec quatre heures trente d’images et une magnifique photographie.

Rentré à 3h30, j’étais debout devant l’ordinateur six heures plus tard pour regarder mon travail de la nuit. 30 images, aucun rejet soit deux heures trente de photographie. Le résultat était nettement différent du premier essai. Mais je n’arrive pas encore à décider laquelle des deux photos je préfère.

Les poupée russes

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J’aime bien ranger mes affaires dans des boites et les boites dans des boites. Il s’agit certainement d’un toc mais c’est également un moyen de transporter les objets fragiles en toute sécurité. J’ai plein de boîtes, de sacs et de housses à la maison.

En astronomie, le rangement du matériel est sensible pour plusieurs raisons : le matériel est lourd, fragile, cher et il ne faut rien oublier, sinon la soirée d’observation ou de photographie tourne court.

J’ai rapidement trouvé une valise pour les oculaires et la housse de transport pour le Celestron 8 n’a pas tardé. Ensuite il y a eu la monture équatoriale AM5 livrée avec sa valise. Mais la mallette n’était pas prévue pour emporter l’Asiair, la caméra et la lunette guide, sans parler des câbles. 

Plus tard, j’ai ajouté une lunette Sky-Watcher livrée avec sa mallette à mon setup. Sauf qu’à celle-ci j’ai ajouté un réducteur de focale. Et un réducteur de focale implique du back focus et donc des bagues d’allonges, ce qui rend la lunette plus longue de huit centimètres sans la caméra. Evidemment elle ne rentre plus dans la valise Skywatcher.

Alors longtemps j’ai transporté la lunette en pièces détachées dans plusieurs valises ce qui impliquait de fastidieux montages et démontages dans le noir, les doigts engourdis par le froid. Et puis j’ai trouvé une grosse mallette pour fusil d’assaut afin de tout ranger dedans. Mais la mallette était trop lourde et ne rentrait pas dans le coffre de la voiture. Alors j’y ai rapidement renoncé. Elle a trouvé preneur chez un autre astronome amateur qui possède une plus grosse lunette.

L’autre problème restait la monture AM5 à laquelle je fixe l’Asiair et la lunette de guidage. À chaque sortie il fallait assembler et brancher tous ces équipements à la lumière d’une lampe rouge sur la monture équatoriale.

Dernièrement j’ai trouvé enfin un fabricant de mallettes avec une large panoplie de tailles et dont le poids semblait raisonnable. J’ai commandé une boîte remplie de mousse découpable suffisamment grande pour contenir la monture avec l’Asair et la lunette guide assemblés ainsi qu’un peu de place pour un iPad, la caméra et des câbles. Autant dire une caisse à plusieurs milliers d’euros.

Restait le problème de la lunette et de son train optique complet. Soixante centimètres de long à transporter dans une caisse rigide pas trop lourde dans laquelle je pourrais également ranger la boîte à flat, le masque de Bathinov et le bandeau chauffant.

J’ai demandé conseil à un vendeur spécialisé qui m’a proposé plusieurs solutions pas vraiment satisfaisantes. Si bien que je me suis décidé, faute de mieux, à tester une housse pour ranger des flashs photo. Le produit pouvait transporter la lunette avec son train optique complet, caméra et porte filtre compris, mais il fallait emballer l’optique dans une housse supplémentaire pour la protéger des chocs. Cela ne m’emballait pas vraiment.

C’est en remettant mon train optique à plat, en rapprochant le porte filtre de la caméra et en changeant la bague d’allonge, que j’ai eu une idée. La lunette, privée de la caméra et du porte filtre, rentait tout juste dans la valise Sky-Watcher moyennant quelques coups de cutter dans  l’emballage. La caméra et le porte filtre pouvaient être rangés quant à eux dans la valise de la monture. Le train optique ne serait pas complètement assemblé mais assez simple à monter malgré tout. De toute manière, la caméra va également se fixer sur le télescope les nuits où j’aime prendre des risques.

Restait le problème des contre-poids, respectivement de 5, 3 et 1 kg, qu’il faut bien emporter lors des soirées photos avec le Celestron. Jusqu’à présent je les rangeais dans une housse souple pas franchement appropriée dans laquelle les poids roulaient librement. Et huit kilos qui se baladent de droite à gauche, c’est peu pratique.

C’est chez Action, alors que je cherchais un nouveau paillasson, que j’ai trouvé la petite boîte miracle, juste à la bonne taille, pour transporter les trois contre-poids. Il faut jusque que je pense à ne pas utiliser la sangle qui risque de se rompre sous la charge.

En résumé j’ai trois valises, une housse cylindrique, une boîte de contre-poids deux trépieds, une batterie, un transat, une table de camping, une couverture, deux Thermos à emporter lorsque je pars faire de l’astrophoto. 

Il ne me manquait plus qu’un chariot pour faire la navette entre la voiture et la maison, parce que trimballer mon propre poids sur cinquante mètres, c’est dur !

Retournement au méridien

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Depuis que j’ai débuté l’astro photographie tout le monde me parle du retournement au méridien. Cette manipulation mystérieuse de la monture se produit pendant une soirée de shooting. 

Comme je suis débutant et ignare, je me suis persuadé que cette manoeuvre n’était réservée qu’aux puristes pointilleux. 

J’avais cru comprendre qu’il était question de la position du miroir du télescope pendant la course de l’instrument pendant la nuit. Je croyais donc que je n’étais pas concerné par le sujet avec ma lunette et comme je ne voulais pas passer pour un imbécile, je n’ai pas demandé. J’ai eu tord.

Le passage au méridien concerne l’objet que l’on poursuit dans le ciel. Lors de sa course effrénée d’est en ouest, celui-ci va couper une ligne imaginaire, lorsqu’il est au plus haut dans le ciel, le fameux méridien en question. 

Une monture équatoriale peut se trouver en difficulté lorsque l’objet approche du méridien. L’axe de déclinaison arrive à une limite où l’instrument, lunette ou télescope, est en équilibre précaire et que le tube risque de buter contre sa monture. 

Combien de fois ma lunette s’est retrouvée coincée après une à deux heures de travail ? Combien de fois le guidage s’est interrompu en quelques plein shooting ? Câble trop tendu, lunette guide bloquée contre la monture, débranchement intempestif d’un équipement. Plein d’incidents incompréhensibles jusqu’à que je me penche sur ce fameux retournement au méridien.

Pour éviter ces galères et éventuellement de la casse, il suffit de s’accorder une petite pause pendant la soirée. 

Vous devez tout d’abord interrompre la session photographique quelques minutes avant le passage au méridien. Patientez un peu afin que l’objet franchisse la ligne imaginaire, repositionnez l’instrument et reprendrenez la session. Cela signifie placer l’instrument en position initiale face à l’étoile polaire puis pointer à nouveau l’objet en basculant de l’autre côté de la monture et relancer le guidage. Cela peut prendre une quinzaine de minutes et il faut vérifier vos câbles lors de la manoeuvre.

Et donc, j’ai enfin procédé à mon premier retournement au méridien volontaire il y a peu. Car maintenant que j’utilise des filtres, je fais également des poses beaucoup plus longues. Il y a encore quelques semaines je photographiais pendant une heure, deux au maximum, échappant souvent par miracle au retournement au méridien. Mais ce soir là, j’ai laissé la caméra travailler plus de trois heures d’affilée et lorsqu’un de mes voisins a parlé de retournement au méridien, j’ai consulté la carte du ciel pour vérifier où en était la galaxie par rapport au méridien. Et en l’occurrence, il me restait à peine une demi-heure avant qu’un nouveau drame ne se produise. 

Cinq minutes avant le passage au méridien, j’ai arrêté le guidage et l’empilement des images. J’ai placé la monture en position initiale et patienté jusqu’au franchissement du fameux méridien. J’ai pointé à nouveau l’objet,  mais sans doute trop tôt. La monture est revenue quasiment dans la position précédente, incapable de travailler ainsi. Alors j’ai recommencé cinq minutes plus tard et la lunette est passée de l’autre côté de l’axe. J’avais procédé au retournement de méridien. J’ai relancé le guidage, vérifié que tout était nominal et recommencé à empiler des images de 300 secondes. C’était reparti pour deux nouvelles heures de photographie.

Ce qui m‘effrayait au début, c’était de travailler avec deux séries d’images différentes lors du traitement. Mais les logiciels comme Siril ou Pixinsight gèrent parfaitement ce genre de chose.

 J’ai d’abord testé deux séries prises le même soir et interrompues par un problème technique. Le centrage de l’objet n’était plus exactement le même lors de la seconde tentative mais Pixinsight gère ça très bien. J’ai ensuite travaillé avec les images de deux soirées consécutives. Là l’orientation de la caméra et le centrage étaient légèrement différents. Cela n’a pas posé de problème. J’ai fini par utiliser la série contenant un retournement au méridien, donc une partie avec des images retournées à 180 degrés et là encore, aucun problème.

Je suis donc paré pour de plus longues sessions de photographie et l’utilisation de filtres afin de composer mes images. Je vais donc photographier moins d’objets et passer beaucoup plus de temps dehors. Il sans doute va falloir que j’accepte de laisser le matériel travailler tout seul pendant que je dors un peu, car les soirées d’astronomie qui se finissent à 5h du matin, ça n’est plus de mon âge.

La nuit

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J’aime la nuit, son silence, la végétation qui respire, l’obscurité, cet engourdissement qui s’empare de mon corps et la douce illusion de liberté créée par la fin de toute cette agitation diurne.

Quand j’y réfléchis bien, j’ai toujours été fasciné par la nuit et j’ai souvent profité de mes passions lorsque les autres dormaient. 

Enfant, je veillais en cachette très tard, me racontant des histoires d’astronautes caché dans mon lit. Adolescent je programmais mon Commodore 64 en langage machine jusqu’au lever du soleil ou je scrutais les étoiles avec des amis. 

Étudiant, j’ai découvert le jeu de rôle avec ses interminables parties autour d’une table s’achevant lorsque les autres partaient s’asseoir dans les amphithéâtres.

Jeune papa, il y a eu les biberons toutes les trois heures avant de partir travailler en mode comateux, la tête dans le brouillard. C’est à cette époque que la nuit a d’ailleurs perdu un peu de sa magie et que toute heure de sommeil grappillée est devenue une bénédiction.

Et puis les enfants ont grandi et j’ai recommencé à veiller tard pour aller écouter des concerts de rock, puis assister à des festivals et leurs nuits blanches.

Aujourd’hui, même si je vais encore à quelques concerts, c’est principalement l’astronomie, m’entraîne dans de longues nuits blanches, parfois dans un froid mordant.

Mais je n’ai plus dix-huit ans et les nuits sans sommeil se payent au prix fort. Avant je récupérai jusqu’à midi passé, aujourd’hui, quelque soit l’heure du coucher, je suis réveillé entre six et sept heures. À la quiétude de la nuit fait place l’agitation matinale, la lumière crue du soleil, le bruit de la rue et l’odeur puissante du café qui va tenter de remettre sur pied le noctambule et ses trois heures de sommeil.

Non content d’être épuisé, je ne peux m’empêcher de m’agiter comme en regardant les images réalisées pendant la nuit, quatre heures de suivi sur une nébuleuse ou bien trois cent clichés d’un concert de rock. Et une fois que je suis devant l’écran, face à ces images, je ne résiste pas à l’envie de les traiter.

Généralement je travaille ainsi jusqu’à midi, aidé de quelques cafés, les yeux qui piquent, le cerveau qui ne distingue plus ce qui est beau de ce qui est laid. C’est l’heure à laquelle je m’effondre, où le chat risque sa vie s’il miaule dans le salon et où je décide que mon travail de la nuit ne vaut absolument rien. L’heure où je me décide à faire enfin une pause et où mon épouse me propose d’aller faire une randonnée en montagne parce qu’il fait beau dehors alors que je n’aspire plus qu’à dormir. Vivement la nuit.