Mostly Autumn – Seawater

Image

Je sais, je sais, j’avais écrit que je ne chroniquerai pas le dernier album de Mostly Autumn. Mais il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis.

J’ai été les écouter en concert Chez Paulette, et ça été une belle soirée. Alors, un soir, je me suis replongé dans cet album qui m’avait laissé relativement indifférent, et j’ai aimé ce que j’ai écouté. Alors aujourd’hui, j’ai finalement décidé de vous présenter Seawater.

L’album dure plus d’une heure et quart avec dix morceaux dont le dernier, ‘Seawater’, qui approche les vingt minutes.

Mostly Autumn oscille entre prog symphonique et musique folk ce qui suffit à justifier la présence de Troy Donockley (Nightwish) sur les deux premiers titres de l’album, ‘Let’s Take a Walk’ et ‘Why Do Remember All the Rain’.

L’album s’ouvre et se conclut par des chants d’oiseaux, et entre les deux, parle de nostalgie (‘My Home’) et colère (‘Seawater’).

Je ne suis pas forcément fan du timbre d’Olivia lorsqu’elle pousse ses cordes vocales dans ses retranchements comme dans ‘If Only for a Day’, cependant il faut reconnaître qu’en live elle fait vraiment bien le job. Je me demande même si je ne la préfère pas en concert, sans tous les artifices de l’enregistrement studio.

Les guitares de Bryan et de Chris sont la clé de voûte de Mostly Autumn et les claviers de Iain les piliers du groupe. La batterie est sans doute leur point faible. On ne peut pas dire qu’elle brille par son côté progressif. Elle sonne clairement plus comme les musiques de fêtes foraines, écoutez ‘When We Ran’ pour vous en convaincre. Disons que je n’aime pas.

Comme dit plus haut, Seawater navigue entre ballades folk comme ‘Let’s Take a Walk’ et prog symphonique à la manière de ‘Seawater’ sur le duo vocal que forment Olivia et Bryan.

Si l’album dure plus de soixante quinze minutes tout de même, je ne lui ai pas trouvé de longueurs et il m’est arrivé de l’écouter trois fois d’affilée dans la même après-midi. Le dernier morceau ‘Seawater’, du haut des ses vingt minutes, est bien entendu le point d’orgue de l’album. Déjà sa durée en fait une pièce d’exception, ensuite, il s’agit d’un titre avec de grandes sections instrumentales et soli de guitares à tomber par terre. Enfin il y a le texte qui nous parle d’une vague géante qui engloutit toutes les misérables créations humaines sur cette Terre pour la purifier de notre espèce qui n’a pas su saisir sa chance lorsqu’il était encore temps.

Malgré quelques défauts, qui ne gênent peut-être que moi (le chant et la batterie), Seawater est un album dont je suis finalement tombé amoureux à force de l’écouter, à tel point que je regrette de ne pas l’avoir acheté en édition physique lors du concert de Mostly Autumn Chez Paulette. Parfois, pour rentrer dans certains albums, un certain temps est nécessaire.

Brass Camel – Camel

Image

Dites donc, vous aviez remarqué que cela faisait un bail que je n’avais pas écouté de rétro prog, une éternité en fait. Bizarrement, c’est une musique qui me parle nettement moins aujourd’hui, même si de temps en temps, je me replonge dans la discographie de Genesis.

En surfant sur Bandcamp, à la recherche d’une pépite métal progressive que je n’ai jamais trouvé, j’ai affiné mes choix pour m’orienter vers des productions plus seventies. La majorité des albums proposés figuraient déjà dans ma discothèque jusqu’à ce que je tombe sur Camel du quintet de Vancouver Brass Camel.

Leur premier album sorti il y a trois ans s’intitule Brass, du coup, je me demande comment ils appelleront le troisième, Camel Brass ?

En voyant la pochette, le nom de l’album et du groupe, je me suis dit, encore un cover band de plus. Malgré tout, j’y ai jeté une oreille et ce que j’ai entendu m’a tout de suite plu.

Inévitablement, je retrouve des tonnes d’influences très appuyées sur l’album Camel, de Genesis en passant par Pink Floyd, Queen, IQ et bien entendu Camel. Après, ça ne me dérange pas, parce que je n’écoute plus beaucoup de rétro progressif ces dernières années, du coup, c’est avec plaisir que je retrouve ces sonorités vintages.

La liste des instruments utilisés pour enregistrer l’album est tout simplement impressionnante. Rendez-vous compte, trente-trois pour seulement cinq musiciens ! Il y a pléthore de synthés, Moog, Korg, Roland, Hammond et autres ainsi que plein de guitares Fender, bref du beau matos.

Brass Camel excelle sur les longs formats et naturellement mes deux morceaux préférés durent respectivement onze et douze minutes. Ils ouvrent et ferment l’album et entre eux sont coincés quatre petits morceaux de trois à cinq minutes, pour moins de trois quart d’heure de musique.

Si les guitares de Daniel de Dylan sont vraiment très cool, les claviers de Aubrey brillants, la basse de Curtis toujours très présente, c’est la batterie tenue par Wyatt qui est particulièrement éblouissante. J’avais oublié à quel point un bon batteur pouvait faire la différence dans un groupe de prog.

Si vous ne retrouvez le Genesis des seventies dans ‘Zealot’, Queen dans ‘Pick of the Litter’ ou Pink Floyd sur ‘On the other Side’ je veux bien manger mon chapeau. Et dans ‘Another Day’ vous entendrez toutes ces influences et bien d’autres mises bout à bout avec une étonnante cohérence très loin de certains patchworks progressif.

Bref Camel est un excellent album de rétro progressif qui devrait ravir les amateurs du genre.

Peut-être est-ce l’effet de la nouveauté ou bien le fait que cela faisait bien longtemps que je n’avais pas écouté ce genre de musique, toujours est-il qu’il rentre dans mon top 2025.

Church of the Sea – EVA

Image

Je suis très en retard dans mes chroniques et j’ai en plus du mal à trouver mon bonheur ces dernières semaines, la faute à un emploi du temps bien chargé. Heureusement Alice est là avec ses suggestions judicieuses pour me sauver la mise.

Cette fois, l’héroïne de Lewis Carroll m’a donné envie d’écouter un trio venu d’Athènes portant le nom singulier de Church of the Sea. Eva, leur dernier album en date, ne dure que trente et une minutes pour sept morceaux. Donc ici pas de grand format au programme. Le groupe propose un doom au chant féminin envoûtant. 

En découvrant le titre ‘How To Build Universe, Pt I’, la voix d’Irène m’a tout de suite fait songer au chant des elfes dans la trilogie du Seigneur des Anneaux et ça a été certainement l’élément déclencheur de cette chronique coup de cœur.

Autour de cette voix il y a les synthétiseurs et samples d’Alex ainsi que les guitares de Vangelis, non pas celui-ci, il est mort il y a trois ans si vous ne le saviez pas. Une musique minimaliste et pour partie programmée qui n’a pas à rougir de sa production.  Et malgré le peu d’instruments, Eva tient parfaitement la route. Même la section rythmique donne le change.

Le doom est une musique le plus souvent sombre, pensante et lente, un métal prog dépressif qui s’accorde à la perfection avec le chant féminin. Celui Irène est magnifique, une voix médium à la tessiture assez large pour grimper parfois dans les aiguës et redescendre au niveau des basses. Elle chante des paroles en grec malgré les titres en anglais, ajoutant une touche d’étrangeté à cette musique souvent éthérée et incantatoire qui flirte avec le shoegaze comme dans ‘Churchyard’. 

Je verrais aisément des instruments médiévaux et des percussions remplacer la guitare mandoline et les synthés sur la plupart des morceaux de l’album. Eva possède quelque part un côté folk médiéval comme la musique de Malicorne, même si ces deux groupes ne viennent clairement pas du même monde. 

Eva me semble presque une synthèse des albums Spin de Messa et Abur de Pothamus que j’ai chroniqué il y a quelques semaines. Serais-je en train de tourner en rond ?

Le court album fait référence à la Bible, plus précisément à la Genèse. Il présente Eve comme une femme rebelle qui refuse les interdits plutôt que comme une pécheresse. Je laisse les théologiens trancher le débat.

Si vous aimez les atmosphères à la fois sombres et éthérées avec de belles voix, ne vous privez pas, allez écouter Eva ne serait-ce qu’une fois sur Bandcamp, vous pourriez y revenir.

N’oubliez pas, on se retrouve vendredi Chez Paulette à Pagney Derrière Barine pour écouter Weather Systems, le nouveau projet de Daniel Cavanagh.


Baroness – STONE

Image

Aujourd’hui je sors de ma zone de confort, je vous avais prévenus. En farfouillant dans Bandcamp dans la catégorie métal progressif, je suis tombé sur l’album Stone de Baroness et aussi surprenant que cela puisse paraître j’ai immédiatement accroché.

Surprenant parce que Baroness joue plus du sludge stoner que du métal progressif et que leur chanteur John Dyer Baizley n’a vraiment pas le genre de voix que je kiffe, bien au contraire.

Bon j’avoue que c’est la pochette très colorée qui m’a d’abord interpellée ainsi que le nom du groupe qui ne m’était pas totalement inconnu. La pochette met en scène trois femmes plantureuses dont chacun des visages est prisonnier de cordes, de barbelés ou de chaînes. Est-ce une représentation allégorique des trois grâces, des éléments ou de tout autre chose ?Sans le paroles, je ne sais qu’en penser.

Stone est leur premier album qui ne fait pas référence à une couleur. Il est sorti en 2023 et comporte dix titres de une à sept minutes. Dedans vous entendrez du bon vieux hard-rock, de la musique acoustique, une chanteuse, du stoner ainsi qu’un morceau complètement expérimental relativement inclassable.

Comme dit plus haut, je n’aime pas vraiment le chant, sans doute parce qu’il est plus gueulé qu’autre chose ce qui n’empêche pas John Dyer de savoir poser sa voix lorsqu’il en a envie comme dans ‘Bloom’. Cela ne m’a pas découragé pour autant, car cela donne une énergie rugueuse à la musique, limite grunge, qui n’est pas déplaisante loin de là.

L’album s’ouvre et se conclut par un titre acoustique, le court ‘Embers’ et ‘Bloom’ qui est quatre fois plus long. Entre ces deux là, sorti de la première minute de ‘Shine’ qui est  relativement paisible et du bref ‘The Dirge’, Stone est rythmé, nerveux, tempétueux, avec une basse, une batterie et une guitare qui semblent se livrer un combat perpétuel.

N’empêche que Stone est aussi un album de rock progressif. Si vous faites abstraction du chant hurlé, de la batterie à donf, vous allez reconnaître les structures alambiquées des seventies comme le solo de guitare vintage pas vraiment très propre du second morceau, ‘Last Word’. Certes, l’album est plus proche du hard-rock comme dans ‘Anodyne’ et du stoner que d’un Selling England By The Pound, je vous l’accorde, n’empêche.

Stone est arrivé à point pour me changer les idées. Maintenant que j’ai découvert l’album, j’ai bien envie d’explorer la discographie du groupe pour voir où elle me mène.

En attendant, n’hésitez pas à découvrir l’album, il est sur Bandcamp.

Everon – Shells

Image

Aujourd’hui je vais vous présenter le groupe Everon et son dernier album Shells. Everon est une formation allemande de rock progressif née dans les années quatre-vingt dix qui n’avait pas donné de nouvelles depuis l’album North sorti en 2008. Du rock progressif symphonique à tendance grandiloquente chanté en anglais.

Shells, sorti seize ans après North, compte pas moins de douze titres dont un grand format final de presque quinze minutes. Alors asseyez-vous confortablement devant votre hifi avec une bonne bière pour l’écouter, car vous allez rester assis pendant soixante onze minutes.

Certaines mauvaises langues disent que je vis trop près de la frontière allemande et que cela a une mauvaise influence sur mes goûts musicaux. C’est vrai, j’avoue, j’aime beaucoup le rock progressif d’Outre Rhin, et ça depuis des années.

Les musiciens de Everon ne sont plus tout jeunes tout comme leur musique qui ne va pas insuffler une nouvelle dynamique à un genre passé de mode. Mais, sans se vautrer dans la nostalgie des seventies, le groupe propose un rock progressif symphonique qui emprunte de nombreux éléments au folk et même du métal.

Les morceaux dégoulinent d’orchestrations symphoniques avec force de violons, de piano, de flûtes, rien de franchement épuré et même parfois limite pompier.

C’est ‘No Embrace’, le premier morceau de l’album qui m’a donné envie de découvrir Everon. Des guitares lumineuses posées sur des claviers symphoniques propulsent un chant solaire. La musique emprunte autant au prog symphonique qu’au folk, le tout avec beaucoup d’emphase, rappelant souvent The Ancestry Program et Neal Morse.

Par contre le ‘Broken Angels’ m’a fait très vite douter avec son style lent à la frontière d’une complainte chantée par Demis Roussos vers la fin de sa carrière. Disons que le contraste est saisissant jusqu’au refrain façon oriental qui remet les pendules à l’heure. Maintenant, je l’écoute sans sourciller.

Une fois que l’on est prévenu que Shells ose le kitsch, le pompier et le symphonique programmé, on peut continuer à écouter l’album beaucoup plus sereinement.

En fait, avec Everon je retrouve un peu l’esprit de ASIA, TOTO et des super groupes du même tonneau. Il y a quand même ‘Grace’ qui atteint la limite de ce que je suis capable d’endurer, surtout à cause du chant féminin qui me met mal à l’aise avec son approche quasi lyrique.

Du folk à la musique médiévale il n’y a qu’un pas que le groupe franchit allègrement avec ‘Pinocchio’s Noise’ chanté à deux voix. Une fois encore le symphonique rencontre la musique traditionnelle et c’est assez bluffant de voir comme tout cela est parfaitement arrangé.

Et lorsque l’on découvre ‘Flesh’ et ses quatorze minutes et vingt-cinq secondes, on ne peut que constater que Everon est très à l’aise avec les compositions, même dans leur forme longue. Le titre est une machine de guerre prog symphonique qui vous vole quinze minutes de votre vie sans que vous vous en rendiez compte. Un morceau absolument magistral à la manière de Transatlantic.

Malgré quelques petits dérapages ici où là, Shells est un album qui renoue avec le prog fleuve à grand spectacle. Donc si vous aimez le genre, allez l’écouter, vous ne serez pas déçu.

Moonshine Blast – Realm of Possibilities

Image

Entre des écossais et des allemands, j’ai décidé de glisser un groupe français qui chante en anglais, histoire de changer un peu de langue.

Je ne sais plus vraiment comment j’ai entendu parler de Moonshine Blast et peu importe. Il s’agit de quatre musiciens de la région parisienne qui proposent du rock progressif à la sauce alternative.

J’avais survolé leur premier album Reality Fear sorti en 2018 sans être totalement convaincu et j’attendais leur prochain effort pour voir s’ils progresseraient. Et pas de doute, Realm of Possibilities change de braquet.

Leur nouvel album est ambitieux avec douze titres en comptant ‘The Cell’, le grand format de plus d’un quart d’heure. Realm of Possibilities explore de nombreuses facettes du rock progressif, des morceaux de quatre à seize minutes qui empruntent au prog, au métal, à l’alternatif et aussi à la pop.

Fatalement, on y retrouve de nombreuses influences comme celle de Porcupine Tree qui est certainement la plus flagrante. ‘Only You’ flirte plutôt avec la pop quand l’instrumental ‘Liquid Feels II’ porte clairement la marque du rock alternatif expérimental de Steven Wilson et que ‘Broken Arrow’ possède quelques passages néo-progressifs quand ‘Fractal’ emprunte des éléments à Opeth.

Pour continuer les comparaisons, j’entends dans Realm of Possibilities du anasazi avec ‘When The Wind Blows’, du Cris Luna sur le rageux ‘Strangled’, du Marillion ou du Peter Gabriel, mais l’influence la plus évidente reste, je l’ai déjà dit, celle de Porcupine Tree.

Le titre album compte peut-être parmi les plus originaux, disons que j’ai beaucoup plus de mal à le raccrocher au travail d’autres artistes que j’écoute régulièrement. J’aime beaucoup son ouverture à la basse et la guitare ainsi que l’énergie de la voix Nicolas.

Je trouve que le groupe ne maîtrise pas vraiment la forme longue. ‘The Cell’, du haut de ses seize minutes, est un titre prometteur sur le papier. Hélas, je me perds rapidement en route, passé sa première partie presque psychédélique. Au bout de quatre minutes, Moonshine Blast se lance dans un quasi cover Porcupine Tree qui traine ensuite en longueur, et là, je décroche à chaque fois.

Et c’est bien dommage, car l’album s’achève sur une petite pépite, le délicat ‘When The Wind Blows’ qui débute à la guitare acoustique et au chant pour s’enrichir progressivement de claviers, de batterie et de guitare électrique.

L’album est assez varié, ce qui est une bonne chose si l’on considère sa durée. Par contre, il lui manque une identité bien marquée, et le chant, pourrait être mieux maîtrisé et plus varié.

Realm of Possibilities est album intéressant, certes pas très original et sans doute trop long à mon goût, mais il mérite la découverte.

Dim Gray – Shards

Image

Après le magnifique Flown il y a cinq ans, un Firmament qui m’avait un peu déçu en 2022, Dim Gray revient cette année avec leur troisième album studio intitulé Shards. 

Le groupe norvégien, tout d’abord trio en 2020 puis devenu depuis quintette, sort un disque neuf titres d’une quarantaine de minutes. Du rock progressif folk symphonique dominé par le chant et une guitare à la signature très particulière.

Comme souvent dans mon cas, il est question de voix, de mélancolie et de piano. Avec cet album, Dim Gray coche toutes ces cases et plus encore. Comble du bonheur, mon épouse aime beaucoup leur musique, même si elle la trouve un peu bizarre, ce qui m’autorise à l’écouter à fond et en boucle dans le salon.

L’arrivée de Shards a encore une fois bousculé ma programmation musicale et deux de mes derniers achats de l’année attendent dans un coin que je daigne revenir vers eux. 

Du chant à deux, voire trois voix, avec Oskar, Hakon, au timbre très particulier, qui est lead sur trois titres et la chanteuse de pop-jazz norvégienne Vaarin sur le second morceau ‘Myopia’. Du rock progressif avec des violons, violoncelles, mandoline, sitar, santour, piano, synthétiseurs, guitares, basse et batterie, bref une musique très riche sans être écrasante.

Dès les premières notes de ‘Defiance’, j’ai su que j’allais tomber amoureux de cet album. La guitare au style americana conjuguée à la voix d’Oskar ainsi qu’aux notes de piano tissent immédiatement une ambiance assez unique, cinématique et mélancolique qui colle aux paysages et émotions décrits de la chanson.

‘Murals’, le troisième titre de l’album, impose tout particulièrement sa patte folk. Il me fait penser aux danses irlandaises endiablées et la voix étrange de Hakon renforce cette impression.

J’aime également beaucoup la ballade au piano de ‘Mooneater’. Mais bon, si je ne craquais pas pour ce genre de morceau, je ne serais plus moi. Le titre est mélancolique et cinématique, quasi religieux, le genre de merveille entre Anathema et Big Big Train que je peux écouter boucle pendant des heures.

Et après son début intimiste, ‘Little One’ emprunte quelques secondes au prog symphonique des seventies de Genesis avec des claviers à la Tony Banks pour revenir à une musique plus calme ensuite.

Il n’y a vraiment que des merveilles dans cet album, mais bizarrement, je n’accroche pas plus que cela avec ‘Attakulla’, le grand format de dix minutes qui clôture l’album. Je n’y trouve pas de vrai point d’ancrage sorti de sa très belle ouverture quasi à capella. Il lui manque peut-être quelques rebondissements dans sa structure.

Malgré ce bémol, Dim Gray revient avec un troisième et très bel album que je vais certainement acheter en vinyle, dès qu’il sera disponible en commande en Europe. Allez l’écouter d’urgence sur Bandcamp, vous m’en direz des nouvelles.

Weather Systems – ocean without a shore

Image

J’ai longtemps hésité à acheter ocean without a shore. Parce que Weather Systems c’est un peu le Operation Mindcrime de Daniel Cavanagh. On l’écoute parce que ce fut certainement le meilleur album du groupe Anathema et que le nouveau projet, lui, ne réinvente pas la roue un peu comme sur son album solo Monochrome de 2017.

Toutefois, plusieurs éléments m’ont finalement décidé : Weather Systems reste justement le meilleur album d’Anathema à ce jour. J’apprécie également beaucoup le travail de Danny, mais pas tout quand même. Ensuite le groupe sera Chez Paulette le 23 mai 2025  alors autant écouter l’album avant le concert. Enfin parce que Pat et Chris de l’association ArpegiA l’ont placé dans leur top 2024.

Weather Systems est donc le nouveau projet de Daniel Cavanagh. Il fait donc du Anathema sans les magnifiques voix de son frère Vincent et Lee Douglas.

ocean without a shore ce sont neuf titres pour presque une heure de musique prog alternative mélancolique. On y retrouve Daniel Cardoso à la batterie et les continuations de ‘Untouchable’ et de ‘Are You There’. Bref, si vous aimez Anathema, vous ne serez pas dépaysé.

Et c’est certainement le plus gros défaut de cet album, même si j’aime Anathema. Un seul des neuf morceaux sort du mood anathémien. Il s’agit du dernier titre ‘The Space Between Us’ long de six minutes qui se rapproche beaucoup du travail de Peter Gabriel en solo. En effet, il emprunte plus à la world music qu’au rock alternatif progressif qui a fait le succès de Anathema sur ces derniers albums.

À l’autre extrémité de l’album, il y a ‘Synaesthesia’ qui ouvre ocean without a shore avec plus de neuf minutes à la forme très progressive. Le titre débute sur du Anathema posé à deux voix avant de s’engager dans long solo de guitare metal nerveux, se poser quelques secondes et changer de forme à la sixième minute et repartir sur des notes électriques déchirantes soutenues par des chœurs pour conclure le morceau.

Le reste oscille principalement entre déjà vu et continuations. Le fan ne sera pas déstabilisé et s’il n’est pas trop exigeant, il y trouvera son compte. Personnellement, je trouve que cet album a un goût de trop peu même s’il s’écoute agréablement. Il ne peut se mesurer à Weather Systems sorti douze ans auparavant qui reste pour moi le chef-d’œuvre absolu d’Anathema. Mais cela fait tout de même plaisir de retrouver Danny sur un album.

J’aime beaucoup l’avant-dernier morceau ‘Ocean Without A Shore’ même s’il n’est pas forcément du plus original. Un titre qui commence sur des claviers et du chant vocodé et qui bascule sur de l’électro, le genre de pièce qui devrait très bien fonctionner le live.

J’aime également ‘Ghost in the Machine’ pour son duo vocal même si lui non plus ne brille pas par son originalité.

Au final ocean without a shore m’a fait plaisir parce que je suis un fan d’Anathema mais il m’a laissé sur ma faim de musique, parce qu’il n’est ni original ni transcendant. Mais ce qu’il y a de certain, c’est que j’irai écouter Weather Systems chez Paulette, parce que bon voilà quoi.

Oddleaf – Where Ideal and Denial Collide

Image

C’est encore une fois Stéphane Gallay qui m’a vendu le groupe français Oddleaf. Lui a reçu leur premier album Where Ideal and Denial Collide en service presse. Moi je l’ai acheté.

Oddleaf est une jeune formation française née en 2020 qui joue du rock progressif inspiré de King Crimson, Jethro Tull, Genesis mais aussi de The Flower Kings ou Steven Wilson. Du prog de haut vol avec flûtes, claviers, guitares, basse, batterie, chant et chœurs joué par cinq musiciens, deux filles et trois garçons.

Where Ideal and Denial Collide comprend six morceaux de une à quatorze minutes dont trois qui dépassent les dix et un qui frise les huit.

Un concept album très instrumental qui parle de notre planète bleue et de ses habitants qui l’ont irrémédiablement empoisonnée et défigurée. Les textes parlent de la beauté de notre monde avant que l’homme n’en fasse un dépotoir, du réchauffement climatique, de la montée des océans, du COVID-19, du numérique qui nous submerge mais aussi de la nature qui résiste tant bien que mal.

Les compositions sont signées par Carina Taurer, la claviériste du groupe. Est-ce donc un hasard si l’album est d’une grande richesse en claviers de tous poils  comme dans le long et brillant instrumental ‘Coexistence – Part I’ ?

Pour la petite histoire, elle jouait auparavant avec le flûtiste du groupe, Mathieu Rossi, dans le trio de musique médiévale Vagarem.

Le timbre d’Adeline Gurtner me fait un peu songer à celui de la chanteuse de Magenta, Christina Booth quand sa ligne vocale me rappelle celui d’Elodie du groupe Auspex. Une voix qui a toutefois tendance à me fatiguer quand elle monte en force dans la gamme. Mais comme l’album possède une forte composante instrumentale, ça passe sans douleur.

Pour la musique, rien à dire, c’est du lourd. Le groupe assure et les compositions sont d’une grande richesse. Difficile de faire plus progressif d’autant qu’il y a de la flûte et des claviers vintages rugissants au menu. Les sections instrumentales sont tout simplement éblouissantes et le dernier titre ‘Coexistence – Part I’ est un feu d’artifice qui ravira les amateurs de rock progressif. C’est d’ailleurs mon préféré.

Donc si vous voulez écouter du rock progressif français de très bonne facture, foncez découvrir le groupe Oddleaf, il est sur Bandcamp et propose même une belle édition CD en digipack, comme ça vous avez le choix.

Checking For Echo Project – The Scattering of Leaves

Image

Checking For Echo Project est le projet de rock progressif mené par le multi-instrumentiste et chanteur écossais Jon Farley. Gravement malade depuis quelques années, il a monté Checking For Echo Project en 2020 et depuis sort un album par an en compagnie de nombreux autres musiciens.

The Scattering of Leaves est son dernier né. Neuf titres pour quarante-quatre minutes de musique où vous pourrez entendre Suzi James, Andy Nixon, Martin Hagarty, Phil Stuckey, Charlie Bramald, Jon Wilkinson, Penny Henderson-Gray et bien entendu Jon.

Un rock progressif atmosphérique parfois gilmourien d’une grande simplicité aux claviers planants et à la rythmique discrète, aux grands soli de guitares et aux voix chargées de pathos.

Près de trois quart d’heure de musique dont les bénéfices financent deux fondations de lutte contre le cancer, autant dire qu’en achetant l’album vous faites en plus une bonne action.

The Scattering of Leaves dégouline de bons sentiments sur une musique proche de celle de Marillion période Easter, de Dave Kerzner ou de Cosmograf. Un truc qui à la base aurait dû me faire fuir et qui pourtant me fait fondre à chaque écoute.

Le coup de foudre est venu pour partie grâce à ces six fabuleux chanteurs mais aussi à cette écriture toute simple, limite naïve qui me change beaucoup de mes dernières découvertes musicales. La présence d’Andy Nixon de Freedom To Glide sur deux morceaux (‘The Scattering of Leaves’ et ‘Those We Leave Behind’) n’y est pas étrangère non plus même si je n’ai pas accroché à son premier album solo The Waterline sorti cette année.

L’album ne comprend que deux titres instrumentaux. Il y a tout d’abord son ouverture à la manière de ‘Serenity’ d’Arena, le court ‘The Darkest Hour is Just Before the Dawn’ et un peu plus loin ‘Ascension’ aux claviers, long quatre minutes et vingt-six secondes.

Sur toutes les autres pièces se succèdent des chanteurs plus ou moins connus mais tous plus talentueux les uns que les autres. Parmi elles, ma préférée est sans nulle doute la plus longue,’ The Ticking Clock’ où une première guitare marque le temps qui passe sur une jolie mélodie pendant qu’une seconde s’envole sur un solo déchirant avant que la voix de Phil Stuckey ne s’impose quelques secondes pour laisser place ensuite à un instrumental angoissant.

Il y a du Floyd dans ‘The Scattering Of Leaves’, du rétro prog dans ‘Venus’, du néo dans ‘The Ticking Clock’, du prog atmosphérique avec ‘Gratis’, une balade sur ‘Stormy Clouds or Brightly Lit’ ou du du planant avec ‘Those We Leave Behind’. Du coup il y en a pour tous les goûts sauf si vous recherchez les sensations fortes et les grands écarts.

L’album The Scattering of Leaves tourne en boucle à la maison au grand désespoir de mon épouse qui ne comprend pas la brutale régression musicale de son époux chroniqueur musical préféré. Mois non plus je ne me l’explique pas trop, peut-être suis-je devenu fleur bleue en vieillissant ? 

Mais voilà, j’adore cet album et je vous le recommande chaudement.