Kite Parade – Retro

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Vous souvenez-vous de Kite Parade ? Je vous en avais parlé l’an passé avec son premier album The Way Home.

Andy Foster est de retour avec Retro, accompagné de nombreux artistes comme Nick D’Virgilio, Joe Crabtree ou Steve Thorne. Un album six titres de cinquante minutes dont un long format final d’un quart d’heure.

La pochette, aux couleurs vintages, présente une pièce bleue dans laquelle trone un mannequin de couture en robe rouge au visage de femme près duquel une pile de vinyles est posée sur une chaise d’un autre temps. Un décor où les murs déformés rejoignent les portes et les plafonds ornés d’étranges tableaux rouges.

L’album aborde des thèmes de société comme la surconsommation, les choix qui guident notre existence ou le libre arbitre sur des morceaux à guitares dans lesquels se glissent des bruitages et des voix enregistrées.

La longueur des morceaux comme l’écriture d’Andy ou le choix des artistes présents sur ce second opus prouvent, s’il était besoin, le virage progressif qu’à pris Andy et j’avance peut-être ici, mais je pense que personne ne s’en plaindra.

On perd sans doute un peu de spontanéité là où on gagne en complexité musicale. Du coup, Retro se rapproche un peu plus de It Bites, Lonely Robot et de Frost.

‘Shadows Fall’ fait un peu exception à la règle. Le titre de neuf minutes s’ouvre de manière acoustique après des cloches d’église et s’embarque ensuite sur un long solo de saxophone.

‘Merry-Go-Round’ qui clôture l’album en un quart d’heure est dans la plus pure tradition progressive. Il s’ouvre sur une section instrumentale à la guitare de plus de deux minutes avant d’attaquer le premier couplet. A mi-chemin, le thème du début revient sur une voix enregistrée façon commentaire politique avant de repartir de plus belle dans le prog.

Kite Parade perd en originalité et en fraîcheur avec Retro mais va clairement toucher un public plus progressif en s’éloignant de la pop. Pour ma part, il est encore trop tôt pour déterminer lequel de Retro ou de The Way Home aura ma préférence. Les albums sont assez différents mais tous deux excellents. Alors allez les découvrir sur Bandcamp et plus si affinités bien entendu.

Aisles – Beyond Drama

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Je vais vous parler d’un très sérieux candidat à l’album de l’année, ils ne sont pas si nombreux en fait.

Aisles est un groupe chilien d’art rock progressif qui m’avait ébloui, n’ayons pas peur des mots, en 2016 avec leur concept album Hawaï.  Si j’avais bien aimé 4:45 am en 2013, Hawaï constitue un vrai virage dans leur carrière en proposant un univers sonore original sans parler de l’histoire.

Et puis les chiliens ont changé de chanteur et pour tout vous dire, les premières reprises de Israel Gil ne m’ont pas convaincu outre mesure, mais l’expérience de Marillion l’a amplement prouvé, il n’est pas aisé de changer de lead singer dans un groupe. Le premier single, ‘Thanks to Kafka’, m’avait peu emballé à sa sortie en 2021. Le phrasé d’Israël m’avait quelque peu dérangé comme son look adolescent pré pubère face aux cinq autres vieux barbus quadra du groupe. Cela ne m’a pas empêché d’écouter les titres suivants au gré de leurs publications sur Bandcamp comme le génial instrumental ‘Game Over’ qui conclut en beauté l’album.

Lorsque la pré commande fut disponible, je me suis encore lâché et cette fois, je ne le regrette aucunement. Beyond Drama raconte en neuf morceaux la pandémie de COVID-19 et la crise politique qu’a traversé le Chili ces dernières années. Aisles joue d’un rock progressif latino à la rythmique turbulente, aux claviers aux sonorité eighties et aux guitares omniprésentes sans donner pour autant dans le gilmourish. Bref c’est un groupe à part dans le paysage progressif.

Pour parler chiffres, l’album dure pas loin d’une heure avec des morceaux allant de deux à onze minutes. Pas d’édition vinyle pour l’instant et c‘est bien dommage car la pochette, cet écorché vif aux couleurs très glauques est plutôt réussi. Je me suis donc contenté du digipack et du tee shirt qui ont traversé l’océan Atlantique à la nage, passant entre les mailles des douaniers.

Dans Beyond Drama je retrouve beaucoup l’univers musical coloré de Hawaï ce qui n’est pas pour me déplaire évidemment. Il y a toutefois moins de bruitages et un seul monologue dans ce dernier album.

La pièce de choix n’est pas forcément la plus longue de l’album. C’est en effet ‘Megalomania’, un titre de seulement 6 minutes 25 qui a ma préférence ici avec l’instrumental ‘Game Over’. Et si j’ai eu du mal au début avec ‘Thanks to Kafka’, je trouve aujourd’hui qu’il s’intègre bien à l’album. ‘Megalomania’ au tempo relativement apaisé, brille par ces notes quasi aléatoires, façon Game Boy Advance, sur lesquelles se pose la voix plaintive d’Israël. Un texte, qui, il me semble, parle des personnes transgenres.

Certains grincheux pourraient reprocher la proximité de Beyond Drama avec Hawaï, d’ailleurs peut-être avaient-ils quelques enregistrements à recycler malgré le précédent double album. Pour ma part je trouve que Aisles a assis son style et que ce nouvel album est un des meilleurs de leur discographie. Vous pouvez l’écouter sur Bandcamp ou l’acheter en digipack au même endroit. Ne passez pas à côté, il rentre de ce pas dans mon top 2023, au sommet de la pile.

Riverside – Id.Entity

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Pour tout vous dire, je ne comptais pas acheter le nouvel album de Riverside. En effet le single ‘Friend or Foe ?’ m’avait profondément agacé.

Il m’était arrivé la même mésaventure avec leur précédent disque qui aujourd’hui figure parmi mes préférés de leur discographie. C’est Radio Erdorin qui a tranché le débat avec sa chronique, qui sans être dithyrambique, donnait envie d’écouter la galette.

Id.Entity est arrivé en même temps que le set n°10316 de chez Lego. C’est donc en assemblant ces 6167 petites briques de toutes les couleurs que je me suis plongé dans la découverte de ID.Entity et ses onze morceaux si on compte le CD bonus.

Des titres de cinq à treize minutes dont deux instrumentaux présents sur le second disque.

Stéphane avait raison, comme bien souvent, ce qui est particulièrement agaçant en fait. Le dernier Riverside s’écoute bien et ce malgré un retour marqué vers les eighties ainsi qu’une faute de goût au début du troisième morceau. Oui, vous savez, cet avertissement qui semble marrant la première fois et qui, au bout de la troisième écoute, devient particulièrement horripilant.

J’ai l’impression que Mariusz avait pas mal de comptes à régler avec cet album. A l’intérieur du livret, vous trouverez des paroles où transpirent la colère ainsi qu’un regard tout sauf bienveillant posé sur notre société.

A contrario, la musique de Id.Entity est relativement progressive, parfois très mélodique et les orgues vintages de Michal comme la voix douce de Mariusz réchauffent ce rock venu de l’est.

C’était bien entendu prévisible, j’ai un faible pour le titre fleuve ‘The Place Where I Belong’, justement pour ces orgues qui côtoient la guitare acoustique. Et même s’il comporte de beaux passages, je suis un peu moins emballé par ‘Self Aware’ à l’écriture nettement plus rock entre Police, Aha et Rush.

Le second disque, comme bien souvent, est dispensable, surtout les versions single de ‘Friend or Foe ?’ et de ‘Self Aware’, les deux morceaux que j’aime le moins. Mais tant qu’à faire expédier un CD, j’ai pris la version Deluxe.

Id.Entity n’est certainement pas le meilleur album de Riverside mais vous passerez un bon moment en sa compagnie et sa couverture, comme le livret, sont assez réussis, sauf pour le titre ‘Big Tech Brother’ qui tranche trop avec le reste.

Je lui préfère toutefois le sombre Wasteland qui reste mon Riverside préféré avec Shrine of New Generation Slaves.

Shoot in !

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Il y a quelques temps, Didier le frontman du groupe Plus 33 m’a demandé si j’étais partant pour réaliser des photos pour leur prochain album. Pas la pochette, juste des clichés du groupe pour la promotion du disque. J’avais répondu pourquoi pas, même si je ne maîtrise pas du tout l’exercice. 

Après tout, pourquoi ne pas essayer, quitte à ce qu’il fassent appel à un photographe pro si mon travail était trop moche.

La première chose fut de déterminer leur besoin en images, du studio, des portraits individuels, de groupe, sur fond uni, en extérieur, dans un des décors naturels et si oui lesquels.

Le choix du lieu pour les photos de studio était également important, car si j’ai un studio à la maison, il convient pour de l’enregistrement vidéo en solo, pas pour un groupe.

Ensuite il fallu convenir d’une date où j’étais disponible et à laquelle il était possible de réunir tout le groupe avec en plus une météo favorable. Il fallait également décider des lieux en extérieur, sans prendre l’avion jusqu’en Islande pour réaliser deux images.

Restait enfin pour moi le choix du matériel, projecteurs, écrans, optiques, boîtiers, flash, pied, rallonge, de quoi remplir le coffre de la voiture.

Finalement un vendredi, en début d’après-midi, je suis parti, le coffre chargé de mon barda, direction un studio d’enregistrement où j’avais déjà passé une journée, lors de la finalisation du dernier album de Out5ide.

Évidemment, il pleuvait, sinon ça n’aurait pas été amusant. Une genre de bruine sous un ciel gris uniforme, le cauchemar du photographe.

Arrivé au studio j’ai retrouvé les membres du groupe pomponnés pour l’occasion. Didier que j’avais rencontré au Grillen pour le concert de The Watch, Philippe que je connais depuis longtemps, le batteur, la chanteuse et le bassiste, le bout en train du groupe qui est arrivé en retard ainsi que le propriétaire du studio que j’avais déjà rencontré.

Le studio est situé au sous-sol d’une maison. J’ai pu constater que le plafond était bas comme dans mes souvenirs, très bas en fait, disons à deux mètres. De plus il n’est pas large et éclairé par des néons et des LED de toutes les couleurs sans parler des lucarnes qui diffusaient une timide lumière. J’avais bien fait d’apporter mes projecteurs. Le Neewer pour la lumière principale et un des deux Starblitz pour déboucher les ombres. Ensuite j’ai installé l’écran noir, fait quelques essais d’éclairages avec le batteur et le shooting a pu commencer. Je me suis, comme toujours, battu avec les plis du fond noir, afin d’obtenir un arrière plan le plus lisse possible. La technique pourtant éprouvée des pinces à linge n’est pas arrivée à bout du problème, mais il faut avouer que j’étais un peu stressé.

Pendant ce temps, les musiciens écoutaient quelques extraits du futur album que j’ai découvert du coup en avant première. Un disque avec trois pièces principales dont un titre avec des voix féminines, deux courts interludes et beaucoup de piano.

J’ai commencé par des portraits individuels sur fond noir avec ou sans leur instrument, le modèle assis sur un tabouret de bar pour pouvoir le cadrer correctement malgré la faible hauteur de plafond, l’idée étant de faire disparaître l’arrière plan au développement. 

Je n’ai pas l’habitude de diriger un modèle, ça ne s’improvise pas en fait ce genre de chose. J’ai essayé de décoincer les sourires, de proposer différentes attitudes, d’orienter les regards, de faire rire les musiciens pour obtenir des réactions tout en shootant à très forte cadence. Sur les plus de quatre cent photos il y aura plus de 90 % de déchets.

Ensuite nous avons attaqué les photographies de groupe et croyez-moi, caser cinq personnes devant un petit écran noir dans une pièce au plafond bas, c’est tout un poème. Enfin bon… Là aussi, il a fallu diriger tout ce petit monde et ce ne fut pas une mince affaire avec le bassiste qui n’arrêtait pas de faire le mariole.

Malgré une forte résistance, nous avons également fait des extérieurs, dans un parc à proximité du studio. La lumière était contre nous, le parc ne se prêtait pas vraiment à l’exercice et nous avons dû gérer les promeneurs curieux. Mais bon, j’ai rempli mon contrat avec des images en extérieur.

Évidemment je ne suis pas très satisfait de mon travail. Soit le modèle n’est pas sexy, soit l’éclairage laisse à désirer, soit le cadrage, contraint par la pièce et mon fond, est merdique. J’ai envoyé une quarantaine d’épreuves au groupe pour qu’ils choisissent des images. Celle qu’ils ont retenu pour le livret est probablement celle que j’aurais jeté en premier, comme quoi je n’ai clairement pas compris leurs attentes. L’attachée de presse elle a aimé les images des musiciens avec leur instrument prises sur un fond noir, et c’est tant mieux car c’est celles qui m’ont demandé le plus de travail en post production.

Même si le résultat n’est pas satisfaisant, ni pour le groupe, ni pour moi, ce fut une expérience pour le moins enrichissante et je ne vous cache pas que j’aimerai bien poursuivre dans cette voie.

Face the Day – Echoes Of The Child’s Mind

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Dans la belle ville de Prague vous pouviez trouver il y a quelques années, un disquaire spécialisé dans les groupes de rock progressif d’Europe de l’Est. Une caverne d’Ali Baba remplie de vinyles signés par d’illustres inconnus pour les mélomanes vivant plus à l’Ouest.

Si ce disquaire existe encore aujourd’hui, il devrait proposer l’album Echoes Of The Child’s Mind du groupe tchèque Face The Day. Un CD huit titres d’un peu moins de quarante minutes suggéré par Gerlinde Roth avec qui je partage des goûts communs sur Bandcamp. Face The Day est un groupe naviguant entre le post-rock instrumental et le rock alternatif à la Porcupine Tree.

Un projet mené par Martin Schuster qui à déjà composé en solo trois albums depuis 2016. Pour l’enregistrement, il s’est entouré d’un bassiste, d’un batteur et a invité un saxophoniste sur ‘Last Kiss’ et une chanteuse sur ‘It’s Over’.

Deux instrumentaux prennent place dans Echoes Of The Child’s Mind si l’on considère ‘It’s Over’ comme un titre chanté malgré ses rares paroles. Des texte mélancoliques sur la disparition d’un être cher, en l’occurrence ici, sa mère à qui il dédie l’album.

La plus belle chanson de Echoes Of The Child’s Mind s’intitule ‘Grown Up’. A peine quatre minutes chantées au piano qui vous emportent dans sa mélancolie avec des paroles déchirantes :  “Hero’s Fall, Illusion Fade, It Made Me Numb, Led My Whole Life Astray”. On dirait du Peter Gabriel.

‘Bright Dot In the Darkness’, ‘Dawn’ comme ‘Last Kiss’ rappellent parfois Porcupine Tree de part la ligne vocale et le toucher de guitares de Martin. Toutefois, les compositions sont suffisamment originales pour prendre leurs distances avec le modèle.

Le premier instrumental ‘There’s a Place in My Mind Where I Tend to Hide’ épouse clairement la forme post-rock avec sa guitare mandoline alors que le second, ‘Panta Rhei’, joue de l’acoustique, tel une délicieuse parenthèse avant le dernier baiser.

Attardons nous enfin sur le premier morceau, ‘It’s Over’ aux paroles minimalistes. La pièce dure tout de même huit minutes quinze et ne comporte que vingt-trois mots. Le titre est d’essence progressive avec une intro, un couplet de quatre vers répétés deux fois et un long instrumental centré sur la guitare.

Echoes Of The Child’s Mind n’est sans doute pas l’album de la décennie mais il mélange agréablement les genres et m’a fait découvrir un artiste tchèque que je vais suivre de près. L’album est sur Bandcamp et existe en CD également dans un beau digipack qui vous arrivera sans vous infliger des taxes de douanes outrancières car Prague est encore en Europe.

Plus 33 – Open Window

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Lors du concert de Out5ide le vendredi 13 janvier, Philippe Rau, guitariste du groupe, m’a parlé du projet Plus 33 qui prépare un second album sur lequel il joue. Un album de rock progressif instrumental quatre titres, tout ce qu’il fallait pour titiller ma curiosité.

Alors je suis allé écouter leur premier effort, Open Window, sorti en 2020 et disponible sur Bandcamp.

Plus 33 est le projet du claviériste Didier Grillot accompagné ici de Lloyd Wright à la guitare, Paul Susan à la basse, Dave Wilde au saxophone et flûte et Adam Sinclair à la batterie. Didier fut le claviériste du groupe Outside jusque Freedom en 2002. C’est donc naturellement que de retour en France, il s’est tourné vers Philippe pour jouer les guitares sur le prochain album.

Mais parlons de Open Window en attendant le prochain album. Un disque cinq titres d’un peu moins d’une heure, cent pour cent instrumental qui décline les quatre éléments en musique plus un épilogue. Côté style, il s’agit d’un prog instrumental atmosphérique parfois jazzy dominé par les claviers où pointe parfois du piano classique comme dans le troisième mouvement de ‘Water’ et dans ‘Epilogue’.

‘Water’ s’ouvre sur un mouvement jazzy contemplatif et se poursuit sur un chant de baleines à la guitare rapidement remplacé par le saxophone, le piano et la flûte traversière. Toujours liquide, la musique se fait impressionniste au piano, dévoilant tout le talent de Didier Grillot sur cet instrument. 

Le quatrième mouvement est quant à lui nettement plus dans la veine du rock progressif symphonique avec force de claviers et guitare. Du prog seventies avec quelques accents Road 66 à la guitare. Des eaux plus tumultueuses on va dire. Puis ‘Contemplation’ nous offre une accalmie liquide, une plongée sous la surface à la manière du Grand Bleu.

L’album nous ramène ensuite sur la terre ferme avec le premier des trois chapitres de ‘Earth’. Un retour à la fusion sur du piano électrique, de la batterie, de la basse, de la guitare, un saxophone dans tous ses états et des claviers pour terminer. La ‘Douce Ivresse’ se joue à la flûte traversière et aux nappes de claviers, un je ne sais quoi de l’Heptade d’Harmonium, juste divin. Le troisième mouvement, ‘You, Us, Them’, se pare de guitare acoustique, de flûte, de piano et de notes graves de synthés dans la continuité de la piste précédente, mais cette fois de nuit.

C’est avec le feu que se poursuit Open Window, une première pièce progressive un peu orientaliste où claviers et guitares mènent la danse. Le second et dernier mouvement du feu est rock expérimental et psyché, un pur bonheur !

Le quatrième et dernier élément est l’air en deux mouvements. Le premier est planant et très cinématique, tout aux claviers de Didier façon Vangelis et le second, très cool également est plus dans un mood hawaïen.

Open Window s’achève par un épilogue de plus de cinq minutes qui revient à la musique impressionniste pour finir façon piano bar.

L’album contient de très beaux passages et d’autres plus classiques. Un instrumental varié entre jazz, prog, classique et atmosphérique joué par des musiciens talentueux qui s’écoute et se réécoute avec bonheur. Vous pouvez le découvrir sur Bandcamp.

verbal delirium – Conundrum

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Verbal Delirium est né au pied du Pirée en 2006. Un quintet de rock progressif dont le quatrième album Conundrum voyait le jour en novembre de l’année dernière.

Je dois cette découverte à Gerlinde Roth, une parfaite inconnue avec qui je partage des goûts musicaux et des amis Facebook.

Outre les cinq musiciens du groupe, chant, basse, claviers, guitares et batterie, Verbal Delirium s’entoure de nombreux artistes avec, sur cet album, un violoniste, un saxophoniste clarinettiste et plusieurs chanteurs. 

Leur musique est d’une grande richesse, mêlant folk, symphonique, metal, rock, progressif, chœurs et si les mélodies sont extrêmement variées, l’album ne part pas pour autant dans toutes les directions.

Verbal Delirium puise ses inspirations chez Queen, The Beatles ou encore Pain of Salvation. Autant dire que leur musique est riche et un petit peu barrée.

L’album Conundrum se décline en huit morceaux pour cinquante minutes avec deux pièces qui dépassent allègrement les neuf minutes : ‘The Watcher’ et ‘Neon Eye Cage’.

Verbal Delirium passe du grandiloquent ‘Falling’ aux influences symphoniques et metal à l’improbable titre album instrumental ‘Conundrum’. Un titre folk dansant digne des excès du rock progressif des seventies.

‘In Pieces’ vous fera songer aux Beatles mais également à Pink Floyd. C’est si bien écrit que je n’y vois aucun plagiat, tout au plus un très bel hommage. Et son final improbable à la Carl Orff s’intègre étonnamment bien dans le morceau.

‘Intruders’ fait beaucoup penser à Queen de part son exubérance, quelques passages vocaux fabuleux et même les guitares.

Mon titre préféré s’intitule ‘Children Of Water’ où le chant de Jorgon fait des étincelles sur une musique assez géniale, proche du Pain Of Salvation période Scarsick. ‘The Watcher’ est également assez barré dans le genre, limite grotesque avec un refrain en total contrepoint avec les couplets qui virent au metal.

Enfin la ballade violon piano de ‘Fall From Grace’ vous emportera tel un ‘Gentlemen’s Excuse Me’ de Fish avec en prime une magnifique section de guitare dans les dernières secondes.

Conundrum n’est pas le genre d’album que j’affectionne particulièrement d’ordinaire. Les trucs un peu barrés, les rythmes dansants et les mélanges ne font pas bon ménage sur mes enceintes. Pourtant j’adore cet album. Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Je vais d’ailleurs explorer leurs autres compositions pour me faire une meilleure idée de ce groupe atypique et talentueux grec.

Lazuli – Onze

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Voici ONZE, le onzième album de Lazuli écrit pendant le COVID-19, vous savez cette mauvaise grippe qui dure et perdure et qui a rendu la moitié de la population mondiale à moitié dingue.

Deux vinyles glissés dans une double pochette émeraude ornée de l’abeille qui rôde abritent onze morceaux auxquels Lazuli ne nous avait pas forcément préparé. 

Si les musiciens restent fidèles au poste et que les mots sont toujours signés par Dominique, quelque chose à changé. La préface, au début du livret, éclaire assez bien sur l’état d’esprit qui a donné naissance à cet album, ‘une mélancolie, un spleen, une grisaille’ pour emprunter les mots de Domi.

Les paroles de ce onzième album véhiculent beaucoup de la dépression de ces mois confinés, oubliant presque les coups de gueule d’une époque pas si lointaine même si ‘La bétaillère‘ n’y va pas avec le dos de la cuillère. La musique, elle, explore de nouveaux horizons plus symphoniques et même pop rock, revenant parfois à des épures acoustique dans le style de ‘Les mots désuets’. Arnaud apporte dans son bagage de nouveaux sons de guitare et certains arrangements rapprochent Lazuli d’un Marillion francophone comme dans ‘Pleureur sous la pluie’.

Ma première impression, passée la frénésie du déballage, est assez mitigée je l’avoue. ONZE se révèle déstabilisant, très différent du fabuleux Dieter Böhm.

Il y a des titres qui font mouche dès la première écoute comme le fabuleux ‘Parlons du temps’ ou encore ‘Sillonner des océans de vinyles’ et ‘Le grand vide’. D’autres sont nettement plus déstabilisants. Je pense à ‘Égoïne’ aux influences trop americana à mon goût pour Lazuli et ‘La bétaillère’ un chouïa too much dans ses arrangements grandiloquents.

Et puis il y a des morceaux qui me laissent insatisfait, ‘Triste Carnaval’ au double récit obscur et au final instrumental pas très convainquant et ‘Pleureur sous la pluie’ qui possède une construction assez improbable et au solo de guitare qui en fait vraiment trop. ‘Les mots désuets’ réduit à une guitare et le chant aurait à la rigueur sa place dans un album acoustique, même si placé avant le bruyant ‘La bétaillère’, nous évite l’indigestion sonore.

Je suis fan de Lazuli depuis la découverte de 4603 Battements il y douze ans. Hélas avec ONZE, je ne retrouve pas le groupe que j’aime tant. L’album s’écoute très bien, certains textes font mouche, mais j’étais habitué à mieux. 

Alors je sais que vous allez me tomber à bras raccourcis dessus, d’ailleurs j’ai hésité à publier cette chronique, en partie par amitié pour les membres de Lazuli que j’adore et pour les coups que je vais me prendre, mais ONZE, le nouveau Lazuli me laisse de marbre. Cela ne m’empêchera pas d’aller les écouter Chez Paulette le 3 juin prochain, car en live, Lazuli c’est toujours magique.

Mystery Chez Paulette

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Si j’ai manqué les concert de Petter Carlsen et celui d’Altesia à Pagney-derrière-Barine, je ne pouvais faire l’impasse sur celui des québécois de Mystery

Le brouillard ne donnait pourtant pas envie de prendre la route mais comme mes indicateurs biologiques étaient au vert, je suis parti me perdre sur les petites route de Meurte-et-Moselle.

Mystery est une formation de rock progressif menée par le fabuleux guitariste Michel Saint-Père et le chanteur charismatique Jean Pageau. Un groupe qui a débuté sur des fondations néo-progressives et qui sur les deux derniers albums vire plus au prog symphonique. 

Ce sont des habitués de Chez Paulette où ils se produisent régulièrement et à chaque fois pour leur unique date française. La dernière fois qu’ils sont passés, c’était en 2018 et je n’étais pas au top de ma forme pour apprécier leur prestation à sa juste mesure.

Comme d’habitude, un concert chez Paulette est l’occasion de retrouvailles avec de vieux amis, les organisateurs de la soirée et des amateurs de rock progressif. Autrefois je discutais avec une poignée de lecteurs du magazine Neoprog, aujourd’hui c’est avec ceux qui suivent les Chroniques en Images. Des retours sympathiques et encourageants qui donnent envie de poursuivre l’aventure.

Je suis venu avec un seul appareil photo, le Nikon Z6 II que je redécouvre en ce moment. J’ai pris deux cailloux, le 24-70 et le 70-200 tous deux ouverts à 2.8 constant et au final je n’utiliserai exclusivement que la longue focale. Des photos plaisir sans contrainte qui me permettent également de profiter pleinement de la musique.

Mystery arrive vers 20h30 dans une salle bien remplie mais pas comble. Il y a toutefois beaucoup plus de monde que pour Petter Carlsen et Tanyc. 

Le groupe va jouer plus de trois heures avec un petit break en milieu de soirée, une sacré performance surtout en fin de tournée européenne.

Outre les grands classiques de leur répertoire comme ‘Delusion Rain’, ils nous jouent un nouveau titre de leur prochain album ‘Behind the Mirror’ qui devrait être dans les bacs en avril 2023.

La bonne humeur est au rendez-vous, les ‘cousins’ ne manquent pas d’humour quand le bassiste explique pourquoi il est assis pour jouer et que le batteur explique à son tour pourquoi lui aussi est sur un tabouret. Jean Pageau chante comme toujours au diapason même s’il a plus de mal avec sa flûte traversière et les soli de guitares sont à tomber par terre.

Ils terminent leur set par deux titres assez rocks dans l’esprit de Rush (ne me demandez pas lesquels) avant de rejoindre les fans dans la salle pour discuter avec eux et signer des autographes. Moi je repars avec un vinyle, la réédition de l’album Beneath The Veil Of Winter’s Face datant de 2007. Autant en profiter lorsque l’on connait les frais de port et de douane lorsque l’on achète quelque chose au Canada.

Mystery a promis de revenir prochainement Chez Paulette, peut-être pour la promotion de leur prochain album qui sait ? En attendant l’association ArpegiA nous prépare pour 2023 un concert de RPWL et également, une grosse grosse surprise, mais ils n’ont pas voulu me dire qui, ça n’est pas encore signé.

Dark Light – In Space And Time

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Bangalore est la capitale de l’état de Kamataka dans le sud de l’Inde. Ce n’est pas moi qui l’affirme, c’est Wikipedia. Bangalore est également le berceau du groupe Dark Light. Une jeune formation de rock progressif indienne dans la veine de Pink Floyd et de Marillion, composée de cinq musiciens.

Je dois cette découverte à Launis (oui encore lui) que je suis sur Twitter. Il faisait il y a quelque temps la promo du clip de ‘Satellite’ et vu que nous partageons pas mal d’intérêts en commun sorti du foot, j’ai écouté le morceau. 

Et comme ‘Satellite’ est une merveille, j’ai voulu écouter tout l’album. Pas de bol, il n’est pas disponible sur Bandcamp alors j’ai dû donner de l’argent à Tim Cook au lieu de soutenir le groupe.

Pour résumer Dark Light en quelques mots, ce sont de très belles guitares avec une voix médium feutrée en anglais qui s’envole parfois dans les aiguës. Du néo-prog très influencé par Marillion, Gilmour et Rothery donc pas franchement révolutionnaire.

Si le groupe vient de Bangalore, il aurait très bien pu sortir d’un quartier londonien. Rien dans leur musique n’indique son origine indienne. Aucune chance qu’ils écrivent un jour une BO pour Bollywood.

Leur premier album In Space And Time, sorti en 2020, ne comporte que quatre pistes pour une grosse demi-heure et ‘Satellite’, son titre phare, dure plus de dix minutes.

Si les claviers ne sont pas d’une folle inventivité, ils sont même un peu cheap parfois comme dans ‘Mountain Boy’, les guitares compensent largement avec des soli magnifiques comme par exemple dans ‘Circles’.

‘Planet Goodbye’ vous plonge immédiatement dans un néo-prog pop à la manière des premiers pas de Hogarth chez Marillion. Ici c’est la basse qui mène la danse avec le chant et le piano. Le solo de batterie ne casse pas des briques mais a le mérite d’exister. ‘Satellite’ chanté très haut, est nettement plus construit avec des sections instrumentales, des reprises, des voix off, des changements de rythme et un solo gilmourien. Une merveille. ‘Circles’ s’ouvre sur un 8instrumental aux tonalités vaguement indiennes avant de donner dans un ‘Sugar Mice’ sur le couplet. Franchement, c’est ici que les guitares se dépassent. On finit avec le ‘bref’ ‘Mountain Boy’ qui parle probablement des racines du chanteur. Le duo claviers batterie rappellera celui de ‘The Space’ mais sans le talent de Mark Kelly.

In Space And Time est assurément un sous Marillion pas franchement original et à la production hasardeuse. N’empêche, j’ai bien aimé. Alors pourquoi pas vous ?