Skinner Project – To Earth, With Love

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Non, ce n’est pas la pochette qui a décidé du choix de cette chronique ! En fait, si un peu quand même. Quand j’ai vu cet astronaute tenant par la main un enfant, qui contemple la lune au milieu d’un paysage martien, j’ai tout de suite eu envie d’écouter l’album.

En plus le groupe de rock progressif Skinner Project m’était inconnu, il venait du Brésil et m’avait été recommandé par Alice.

Mais dès les premières secondes de To Earth, With Love, leur album sorti en juillet dernier, je lui ai trouvé une très grande proximité avec un groupe que je n’aime pas beaucoup. Qu’à cela ne tienne, je l’ai écouté une fois et ce que j’ai lu et entendu m’a convaincu d’en faire une chronique ici.

Mais commençons par les présentations : Skinner Project vient de Sao Paulo. Un quatuor né en 2017, mené par Léo Skinner. Le groupe a sorti trois albums, un EP et quelques singles en comptant To Earth, With Love.

L’album de moins d’une heure propose neuf morceaux de quatre à huit minutes ressemblant pas mal à ce que Rush a composé durant sa carrière. Mais voilà, je n’aime pas la musique de Rush toutes périodes confondues et encore moins son chanteur.

To Earth, With Love est un concept album de science-fiction, un voyage spatial sans retour qui explore les sentiments d’isolement et de solitude, enfin, je crois. D’ailleurs, le second morceau, cite des paroles de l’astronaute américain Nick Hague qui a volé à bord l’ISS et qui a accumulé plus de trois cent soixante-treize jours de vol spatial tout de même.

Un truc que je n’aime pas du tout dans Skinner Project, c’est la batterie de Léo Nascimento. Désolé Léo, mais mes héros s’appellent Gavin Harrison et Mike Portnoy. J’aime quand la batterie rebondit, fait de la musique, invente une mélodie dans la mélodie. Pas les ”tchac boum tchac” qui martèlent chacun des morceaux.

Je n’aime pas trop non plus la voix de l’autre Léo, enfin pas tout le temps. Disons que lorsqu’il part dans les aigües, ça me casse les oreilles. Et contrairement à ce que j’ai pu lire ailleurs, je trouve la musique vraiment datée. Certains refrains ressemblent à de vieilles rengaines de mon adolescence.

Mais je vous rassure, je n’ai pas acheté l’album uniquement pour sa pochette. Il y a quand même quelques bonnes choses dans To Earth, With Love au-delà de nos petits différents. Lorsque la musique se fait moins rock, la voix plus douce et les compositions plus éloignées de Rush, j’adhère nettement plus à leur travail.

Cela commence avec le titre album ‘To Earth, With Love’, sans doute parce qu’il contient des passages au piano et des voix enregistrées qui appuient la narration.

Difficile de résister également à ‘Report #28’ qui nous plonge en plein récit de science-fiction. Les monstres ont envahi le vaisseau, et c’est le seul titre instrumental de l’album.

Et malgré son côté K2000 (une série ringarde des années 90 avec David Hasselhoff), ‘The Devil Fault’, plus électro que progressif, a au moins le mérite d’être original au milieu de cet album. Et puis il y a ‘Speaking In Silence’, sans doute parce qu’ici Léo Skinner reste dans un registre vocal plus naturel. Enfin ‘Eternity’ m’a séduit par sa construction même si Léo chante toujours un peu trop haut et que le refrain est relativement ringard.

Après, il a y aussi des titres épouvantables comme ‘A Dream of Us’ avec sa batterie pot de yaourt et son chant façon Club Dorothée. Ce n’est pas le seul loin de là, mais celui-ci est au sommet de ma pile de détestation.

Au final, j’aime surtout la pochette de cet album.

Contrairement à certains de mes confrères, je ne vous recommanderai pas cet album, bien au contraire. Après, vous faites ce que vous voulez bien entendu.

Mystery Chez Paulette

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Nos amis canadiens de Mystery jouaient Chez Paulette samedi dernier. La seconde date de leur tournée européenne après le Spirit et avant d’attaquer le Z7. 

C’était la troisième fois que l’association ArpegiA les invitait. Et cette année, ils fêtaient les dix ans de l’album Delusion Rain. Un évènement à ne pas manquer. D’ailleurs le public l’avait bien compris puisque la salle était quasi comble.

ArpegiA m’avait convié à la fête, et donc dès 15h j’étais Chez Paulette, à Pagny Derrière Barine, après deux heures de route depuis Strasbourg. Le temps de saluer tout le monde sans céder au bisou lorrain de rigueur – j’avais un bon rhume et je n’étais pas le seul loin de là – Mystery débarquait dans le petit village, transformé le temps d’une nuit, en temple du rock progressif.

C’était la première fois que je rencontrais le groupe en civil et que j’assistais à leurs balances. De biens belles personnes, très professionnelles avec une bonne dose d’humour, qui une fois le boulot terminé se mêlèrent naturellement aux personnes présentes dans la salle cet après-midi là pour discuter. Le temps de faire quelques photos, parler à droite et à gauche, de Bretagne, de photographie, de Danny Cavanagh, il était temps de passer à table avec les artistes.

Une grande table en L où artistes, organisateurs, techniciens et invités se retrouvaient pour le dernier break de la soirée avant l’ouverture des portes.

Sylvain qui a vécu longtemps en France, retrouve de la famille et sa maîtresse de CP venue l’écouter jouer ce soir. On évoque à plusieurs reprises le mémorable passage de Weather Systems Chez Paulette, je discute de photographie et de réglages avec Andres qui s’attelle à produire des images de com pour Mystery depuis peu.

A 20h, les portes s’ouvrent et la foule impatiente envahit la salle. Je retrouve plein de têtes connues que je salue à distance faute de pouvoir m’en approcher. Et puis Mystery arrive et le travail commence pour moi : photographier. On dira ce que l’on veut, mais réaliser des photos de concert acceptables reste un travail, très physique d’ailleurs lorsque l’on trimballe cinq kilos de matériel pendant plusieurs heures.

J’avoue qu’il ne me reste peu de souvenirs de la première partie du concert. Je me souviens d’un titre de Rédemption, leur dernier album et c’est presque tout. Le son est fort, trop fort à mon goût, par contre il est de qualité. D’ailleurs les membres du groupe salueront le travail de l’ingé son et lui proposeront même de les suivre sur la tournée.

Mystery semble en grande forme. Leur envie de partager la musique avec leurs cousins francophones est palpable. Jean et Sylvain bougent beaucoup, Jean-Sébastien, malgré un bandage au coude gauche, assure derrière les fûts, il m’offre même quelques poses pour l’objectif. Et si Antoine n’est pas là, congé paternité oblige, il trouve en Johnny un digne remplaçant.  Ce n’est pas non plus la première fois qu’il tourne avec le groupe. François, à la basse est un peu caché au fond à droite, assis le plus souvent sur son tabouret. Il jouera tout de même debout de temps en temps en duo avec Sylvain. Reste la guitare d’or du groupe, Michel, tout à gauche de la scène, que je n’aurais hélas pas souvent l’occasion de photographier faute de vrai mobilité dans la salle vue l’affluence.

Après être resté plus d’une heure sous les enceintes à photographier le groupe, je m’éloigne du premier rang pour profiter de la seconde partie du show. Mystery nous rejoue Delusion Rain pour mon plus grand plaisir, alors je ne vais pas m’en priver. Un album clé dans la carrière du groupe, puisque c’était le premier avec leur nouveau chanteur Jean Pageau qui est avec eux depuis cette date. Inutile de dire que je me délecte du titre album, de ‘The Willow Tree’ long de vingt minutes, et du final ‘A Song For You’. Car je trouve que Mystery brille particulièrement dans la forme longue.

Vers la fin du concert, pendant les incontournables rappels, Andrés me tombe dessus genre catastrophé, son boîtier Canon a un problème et il doit réaliser la photo du final avec le groupe et le public. Il m’entraîne sur la scène, derrière la batterie, pour immortaliser cet ultime moment du concert. J’avoue que j’adore ça, j’ai honte mais j’adore le faire, monter sur scène et photographier le public et les musiciens (qu’on se le dise). 

À la fin du concert, je m’offre Rédemption en édition vinyle et je retrouve pas mal de connaissances et d’amis pour une dernière discussion de prog-heads.

Il est trois heures du matin lorsque je retrouve la couette douillette de mon lit. Deux heures en fait, puisque nous passons à l’heure d’hiver. Je ne dormirai pas beaucoup puisque j’avais promis à Andrés de développer la photographie finale rapidement pour que Mystery puisse en disposer pour sa com. Du coup j’ai continué avec les images du live. À midi, tout était en ligne.

Ce fut un très beau concert et une nouvelle fois de belles rencontres. Merci à Mystery, aux Enfants de Paulette et à ArpegiA de rendre possible ce genre d’événement. On se retrouvera Chez Paulette le 3 avril 2026 pour Lazuli et puis le 23 mai pour un concert encore surprise.

Vous pouvez regarder toutes les photos sur Flickr.

HamaSaari au P8

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À votre avis, qu’est-ce que cela fait de se retrouver tout seul en Allemagne en milieu de semaine dans une petite salle de concert pour écouter un groupe que vous connaissiez à peine ?

Ben rien, c’est ma routine, mais pour HamaSaari j’ai fait fort. Une tempête menaçait de balayer la France cette nuit, je bossais le lendemain et samedi je partais à 200 km de la maison pour écouter Mystery Chez Paulette. J’allais être sur les rotules.

HamaSaari est un groupe français que j’ai découvert par hasard sur Bandcamp et lorsque que j’ai vu qu’ils jouaient au P8 le mercredi 23 octobre, j’ai contacté le tenancier de la salle pour obtenir une accréditation photo.

Arrivé sur place,à l’avance comme toujours, j’ai pris une bière, pas un panaché cette fois (je progresse même si la bibine ressemblait affreusement à une Heineken), et je me suis installé dans un coin en attendant la musique. 

Je ne sais pas si c’est l’appareil photo qui a provoqué ça, toujours est-il que deux allemands très sympathiques sont venus taper la discute avec moi en faisant l’effort de parler en français et en anglais. Du coup, le concert est arrivé très vite et je me suis senti moins seul (mon pote Seb profite d’une lune de miel au soleil).

On ne va pas se mentir, il n’y avait pas grand monde à assister au concert, tout au plus une trentaine de personnes rassemblées plus près du bar que de la petite scène.

La première partie, était assurée par le groupe allemand VELDT VOID que j’ai rapidement écouté en streaming. Un quatuor de hard rock psyché assez classique. Leur musique n’a pas inventé la poudre mais j’ai bien aimé certains de leurs morceaux comme ‘The Son of Man’ tiré de leur premier album du même nom.

Sur scène par contre c’est affreusement statique et le chanteur, en col romain, va rester pendant tout le set dans l’obscurité.

Le quatuor français HamaSaari prend la suite des opérations vers 21h30. Ils sont également quatre. Une basse, une guitare rythmique et chant, une lead et la batterie.  D’emblée l’énergie n’est pas la même. Si leur musique est relativement acoustique, Jordan ne reste pas statique devant son micro, loin de là, il vit la musique. Et malgré le peu de public, le groupe donne tout. Leur album Ineffable, que j’ai écouté en boucle avant de venir, rend encore mieux en live. Les quelques nouveaux titres qui figureront sur leur prochain album, me semblent plus musclés sans atteindre la tension de ‘White Pinacle’ toutefois, certainement le titre le plus agressif de leurs compositions.

Jordan s’adresse aux spectateurs en anglais, salue l’incarcération de Nicolas Sarkozy, parle d’écologie, des sujets qui me touchent comme leur musique. Bref c’est un énorme kiff, genre coup de foudre.

Ils finissent leur performance après un dernier rappel, le public chauffé à blanc en redemande, c’était trop court.

Je retrouve le groupe au stand de merch comme une groupie, on discute quelques minutes avant que je ne craque pour un teeshirt et leur vinyle. Le principe c’est paye ce que tu veux (à condition d’être raisonnable tout de même), et j’ai du l’être puisqu’ils m’ont offert en bonus le vinyle WontTheyFade? de leur précédent groupe Shuffle que j’avais chroniqué fin 2018. C’est en écrivant ces lignes que j’ai fait le rapprochement entre les deux groupes… La vieillesse est un terrible naufrage.

Cette petite soirée au P8 est sans doute un de mes meilleurs concerts de l’année, plein d’émotions, de chouettes rencontres dont Stephan, un des gérants de la salle avec qui j’ai également discuté avant de partir.

Merci au P8 de permettre ce genres de concerts, merci à HamaSaari d’exister et de nous offrir leur musique, j’espère les revoir très bientôt avec plus de public cette fois.

Les photos de VELDT VOID sont ici : https://flic.kr/s/aHBqjCypJ7

Celles de HamaSaari ici : https://flic.kr/s/aHBqjCysPT

Dissona – Receptor

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Dissona est un quatuor de métal progressif né à Chicago en 2006. Leurs membres n’ont composé pourtant que trois albums et un EP entre 2012 et 2025.

Receptor, sorti le premier octobre, est la continuation très attendue de Paleopneumatic édité neuf ans plus tôt. On parle ici de près d’une heure de musique et onze morceaux de deux à huit minutes.

Dissona joue d’un métal progressif à deux voix mêlant symphonique, cinématique, oriental et électro à sa musique relativement grandiloquente.

L’album est long et me paraît relativement chaotique, et ce malgré de nombreuses écoutes. Disons que je peine à trouver un fil conducteur musical. A plusieurs moments, j’ai l’impression qu’il va se terminer, alors que non, il repart pour un tour.

‘Shadow Consumation’ compte parmi les titres les plus calmes de l’album. Il n’y en a pas beaucoup, donc autant le souligner. Le morceau, long de sept minutes dix, fait penser au travail de Tool dans leurs premières années.

A côté de cela, on trouve ‘Incisor’ suivi de ‘Haimatox’, deux pièces électros par excellence. Et que dire de ‘Weaponized’ où vous allez entendre de grandes orgues sonner au milieu d’une pièce de métal symphonique. ‘Sufuse’, long de cinq minutes, donne pour sa part dans un métal oriental des plus classiques. Et ne me demandez pas pourquoi ce choix musical, je n’ai pas fait l’effort de me plonger dans les paroles en majuscules.

Vous entendrez également deux courts instrumentaux d’environ deux minutes intitulés  ‘Becoming Home’ et ‘Haimatox’.

Si vous cherchez un bon exemple du côté bordélique de l’album, vous l’entendrez dans ‘It Will Drown’. Un titre à la limite du grotesque, à la musique hachée et au chant très étrange.

Comme vous le voyez, l’album est pour le moins varié, trop peut-être à mon goût, ce qui renforce cette sensation de chaos que je ressens à chaque fois.

Malgré son côté brouillon, j’aime bien Receptor, sa pochette intrigante, le logo du groupe et la puissance qui se dégage de leur musique.

Pour une fois, c’est de l’électro métal qui n’est pas chanté par un castrat. Et puis les albums grandiloquents, limite too much, j’ai toujours adoré. Donc n’hésitez pas à y jeter une oreille ou deux à l’occasion, il est sur Bandcamp.

Luke Machin – Soulshine

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Il y a cinq ans, j’ai participé au financement du premier album solo d’un artiste que j’aime beaucoup. Il est le membre fondateur du groupe Maschine qui n’a accouché hélas que de deux albums dont l’excellent Rubidium en 2013 et il a joué entre autres dans les groupes Damanek et The Tangent. Je veux parler bien sûr de Luke Machin.

Après une très longue attente – j’avais même oublié l’avoir commandé – son album Soulshine a enfin vu le jour, et surprise, ça n’est pas du prog, loin de là. En fait, Luke a composé dix morceaux, de une à douze minutes, que je n’aurai certainement pas écoutés en temps normal. Car on parle ici de funk, de soul et de jazz.

Si Soulshine est un album solo, vingt invités ont tout de même contribué à son enregistrement.  Pour n’en citer que quelques-un, vous entendrez Guthrie Govan, Marco Minnemann, Daniel Gildenlow, Jonas Reingold, Peter Jones, Andy Tillison, Robert Reed ou encore Marek Arnold.

Est-ce que j’aime vraiment la soul, le funk et le jazz ? La réponse est non. Mais vu qu’il y a cinq ans, j’avais donné carte blanche à Luke Machin pour composer un album, je ne peux m’en prendre qu’à moi-même aujourd’hui.

Il est quand même amusant d’écouter Peter Jones dans ‘Blossom’, Daniel Gildenlow sur ‘Parisian Rooftops’ ou Guthrie Govan se lâcher dans ‘Final Boss’. Même si tout cela n’est pas vraiment ma came. Les musiques dansantes, ensoleillées ou jazzy n’ont jamais su chatouiller mon âme. Je carbure aux trucs pluvieux, sombres et sinistres de préférence.

Rien que le nom de l’album, Soulshine, me donne des boutons, quant à la pochette aux couleurs flashies représentant des personnes heureuses en maillot de bain abusant de cocktails dans piscine au coucher du soleil, que dire…

N’empêche, passé le premier rejet épidermique (oui, j’exagère un peu), en fait passé les cinq premiers titres vraiment trop festifs pour moi, Soulshine à parlé à mon âme. Je pense que le soleil venait de se coucher sur la piscine quand Luke les a composés. ‘Parisian Rooftops’, ‘Blossom’ et même la première partie du pourtant très jazzy ‘Wild Roses’ et dans une moindre mesure ‘Turn Around’, ont chatouillé mes oreilles.

La délicieuse voix d’Anita Dondorff n’est pas étrangère à mon plaisir et le talent des musiciens qui jouent avec Luke contribuent également beaucoup à cette immersion dans un univers sonore qui m’est relativement inconnu.

Au fil des écoutes, j’ai réussi à m’approprier un peu plus ces atmosphères relativement festives, mais pas à tomber amoureux.

Soulshine existe en deux éditions, et naturellement la slowed, comprenez ralentie, a ma préférence, surtout pour les premier morceaux. Mais du coup elle est un peu plus longue, avec soixante quinze minutes jazzy et funky au compteur tout de même.

Vous pouvez découvrir ça si le cœur vous en dit sur Bandcamp. Pour ma part, je suis rapidement passé à autre chose.

Royal Sorrow – Innerdeeps

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Bon, les groupes de métal progressif mélangeant chant clair, djent, électro et pop, j’en ai clairement ma claque, sauf si vous me parlez de Voyager, Leprous ou Vola. Alors pourquoi vous présenter Royal Sorrow aujourd’hui, sérieusement ?

Tout d’abord parce que je n’ai plus rien en stock et qu’il fallait bien trouver un album pour cette semaine. Ensuite parce que je n’ai jamais chroniqué ce jeune groupe de metal. Normal vous me direz, puisqu’ils signent ici leur premier disque chez Inside Out. Enfin parce que malgré son côté commercial, Innerdeeps tabasse pas mal.

Innerdeeps est une galette de trois quarts d’heure contenant dix titres de trois à cinq minutes. Sa musique se rapproche comme mentionné plus haut de Leprous, Voyager, Vola, Tesseract et compagnie, savant mélange de gentil poutrage, de refrains mélodiques, de touches électro, le tout joué par trois gamins.

Markus chante et joue des guitares, Eero est à la basse et Janne cogne sur la batterie. Vocalement, pas de growl qui déchire les oreilles. A la place, c’est un chant clair médium un peu énervé qui domine avec des chœurs à profusion.

La batterie offre un service sur mesure, parfois un rythme paresseux minimaliste, parfois un toucher électrique ébouriffant. Quant à la guitare et la basse, elles se calent sur ce tempo à géométrie variable. Les guitares s’offrent en plus du djent de ‘Survival Complex’, quelques envolées lyriques comme dans ‘Samsara’. Il y a également des claviers à tendance électro qui complètent l’ensemble.

Tout cela est très bien joué, le trio connaît son affaire, mais ne nous mentons pas, c’est archi-classique. Niveau prise de risque et innovation, Innerdeeps risque de vous décevoir. Ceci posé, je trouve ‘Metrograve’ assez réussi avec son effet métronomique en introduction et le poutrage de ‘Survival Complex’ est des plus efficaces. Ce sont les deux titres qui sortent vraiment du lot sur l’album Innerdeeps. J’aurais aimé qu’il y en ait plus du même tonneau.

Le côté pêchu de l’album vient à la fois de la voix et de la musique. Si Markus use le plus souvent de chant clair, il force sur ses cordes vocales de temps à autre, toujours à la limite scream sans pousser jusqu’à la grosse voix, énervant quelques secondes un titre qui aurait pu rester gentillet.

Innerdeeps est une belle entrée en matière pour le jeune groupe Royal Sorrow. Il manque toutefois de personnalité, comme bien souvent, en restant largement influencé par ses modèles.

Si vous aimez le métal prog à la manière de Leprous, allez les découvrir.

Green Carnation – A Dark Poem Part I : The Shores of Melancolia

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C’est Stéphane Gallay de Radio Erdorin qui m’a fait découvrir le groupe Green Carnation avec l’album Leaves of Yesteryear il y a cinq ans. Je ne l’avais pourtant pas chroniqué ici, je ne sais plus pour quelle raison, peut-être simplement parce que je n’avais rien à apporter de plus à la chronique de Stéphane. Mais avec la sortie du premier album du triptyque A Dark Poem, j’ai décidé de prendre ma plus belle plume pour vous en parler.

Déjà commençons par les présentations : Green Carnation est un groupe de métal progressif norvégien né en 1990 donne tout d’abord dans le death. La formation actuelle date de 2014, car l’histoire de Green Carnation a été quelque peu mouvementée. 

D’ailleurs je me suis aperçu, en effectuant des recherches pour cette chronique, que j’avais un de leurs albums de la première période, Light of Day, Day in Darkness, sorti en 2001, deux titres épiques respectivement long de trente-deux et vingt sept minutes. Aujourd’hui, leur univers musical me fait penser à celui du groupe Arena avec un son musclé chargé de claviers et un chant théâtral proche de celui de Paul Manzi. 

En parlant de chant, Grutle Kjellson de Enslaved vient hurler sur ‘The Slave That You Are’, cassant la routine tranquille de Kjetill Nordhus. Et puisque l’on en est aux artistes invités, vous entendrez également Ingrid Ose à la flûte sur deux titres et les percussions de Henning Seldal dans le dernier morceau ‘Too Close to the flame’.

J’ai parlé des claviers et du chant mais il serait cruel de passer sous silence l’incroyable jeu de Tommy qui opère derrière les fûts. Une batterie aux rebondissements fabuleusement progressifs comme dans ‘In Your Paradise’.

L’album de quarante-deux minutes contient six morceaux de cinq à neuf minutes. C’est court, mais à ce rythme là, si les gars arrivent au bout de la trilogie, celà donnera un concept album de plus de deux heures quand même.

Avec ce premier opus intitulé The Shores of Melancolia, Le groupe nous embarque pour un voyage fantastique dans la noirceur de l’âme humaine.

The Shores of Melancolia est sombre, violent, progressif, épique. Tout en gardant une belle unité narrative, il alterne les atmosphères musicales avec des tonalités orientales comme dans le titre album ou du heavy dans le titre final.

Comme dit juste au dessus, le thème de l’album n’est pas franchement bisounours. Si vous faites l’effort de lire les paroles, vous verrez que ça ne rigole pas. Voyez vous-même  : “La fin est proche, les victimes, les adversités sont là …  les accidents, les décès, les calamités sont là… le destin, la misère, l’exigence sont là… l’effondrement est proche, l’urgence, le cataclysme est là”.

Je n’ai trouvé qu’un seul reproche à faire A Dark Poem Part I, son illustration. Franchement, elle ne me plait pas, disons qu’elle ne me donne pas envie d’acheter l’édition vinyle. Il y a de l’idée pourtant, cette cape étoilée, ce ciel doré et le motif des vagues que l’on retrouve un peu partout sauf dans le ciel. Mais bon, je n’aime pas.

Bref, sorti de ce petit détail, le dernier Green Carnation pourrait réconcilier les progeux et les métalleux sous une même bannière, celle de The Shores of Melancolia.

Je ne peux que vous le recommander chaudement.

Arjen Lucassen – Songs no one will hear

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La fin des temps arrive, une météorite va percuter la Terre dans cinq mois et personne n’en réchappera.Tel est le scénario du dernier long métrage post-apocalyptique de Lucas film, Songs no one will hear.

J’ai dit long métrage ? Vous l’aurez corrigé vous même, il s’agit bien d’un album de métal progressif, le second album solo du prolifique compositeur derrière Ayreon, Star One et bien d’autres projets, le grand Arjen Anthony Lucassen.

Dans une autre vie, Arjen m’avait avoué, que le projet dont il était le plus fier à ce jour, était Lost In The New real, son premier album solo sorti en 2012 et qu’il rêvait d’en écrire un second. Il aura fallu patienter treize années pour qu’il concrétise son projet, mais cela valait le coup d’attendre.

Songs no one will hear un est bébé de cinquante minutes et neuf titres, dont un de près d’un quart d’heure, qui mélange folk, métal et progressif à la sauce Ayreon et compagnie.

Je me suis offert l’édition physique quatre disques pour les morceaux bonus mais aussi pour écouter la narration de Mike Mills absente de la version proposée sur Bandcamp. En bonus j’ai eu les paroles, de belles illustrations et les neuf pièces en versions instrumentales sans parler du blu-ray que je n’écouterai sans doute jamais.

Aux côtés de Arjen, vous allez entendre plein d’autres musiciens, musiciennes, chanteurs et chanteuses. Je n’en citerai que quelques-uns parce que la liste est longue : Joost Van Den Broek à l’orgue Hammond, Irene, Floor Jansen, Marcela Bovio au chant et Mike Mills comme narrateur. Beaucoup de monde mais c’est Arjen qui reste aux commandes, au chant, guitares, basses, et claviers.

Question instruments exotiques vous vous régalerez avec du violon, de la flûte, du hurdy gurdy, de l’orgue Hammond et du violoncelle sur un métal progressif des plus mélodique bouré de refrains accrocheurs.

Mais je ne vais pas vous mentir, Songs no one will hear, n’est pas d’une grande originalité. C’est un blockbuster au scénario convenu et à la musique archi confortable, du Ayreon en version courte avec nettement moins d’invités. Mais moi, cela me va parfaitement, je suis un fan de la première heure du bonhomme et son nouvel album solo est bien meilleur que le Transitus sorti il y a déjà cinq ans.

Les chansons abordent différentes problématiques de la fin du monde : l’effondrement de la société, le conspirationnisme, comment vivre ses derniers jours, les regrets, les projets, la solitude… Et puis il y a ce bus bleu qui vous emmène sur l’île où s’écrasera bientôt l’astéroïde, la Sanctuary Island du Dr Slumber, un bel endroit situé aux premières loges pour attendre la fin du monde.

La narration de Mike Mills apporte une touche humoristique et sarcastique à cette histoire de fin du monde. L’album perd beaucoup de son sel dans sa version expurgée même si les titres ‘Goddamn Conspiracy’ et ‘Shaggathon’ apportent leurs touches de dérision à l’histoire.

Dans un autre registre, la performance de Floor Jansen dans ‘We’ll Never Know’ est absolument sublime, comme toujours me direz-vous.

Les quatres titres bonus sont parfaitement à leur place à côté de l’album. Ils ne se seraient pas bien intégrés dans l’ensemble, n’empêche, ils méritent plus qu’un détour et j’ai tout particulièrement aimé le clin d’œil à Elon Musk dans ‘Mr M’s Amazing Plan’.

Par contre la version instrumentale des huit morceaux n’a guère d’intérêt pour moi, il manque cruellement les voix…

Science-fiction, fin du monde, humour, folk, métal progressif, Songs no one will hear est un excellent divertissement musical mais pas forcément le chef d’œuvre de l’année pour autant. 

Même si je suis un grand fan d’Arjen, je suis capable de garder la tête froide. Mais si vous aimez le travail du bonhomme, foncez l’écouter et dans sa version intégrale.

Ilho – Legacy

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L’an passé, je vous avais présenté la réédition du premier album du trio britannique Ilho.

Cette année, ils viennent de sortir Legacy, un disque de plus d’une heure comportant dix morceaux dont plusieurs qui dépassent les sept minutes.

Ilho joue du métal progressif au sens très large puisque vous entendrez sur ce second opus des morceaux relativement pops, du métal, du djent, des orchestrations ainsi que de l’électro. Ilho se rapproche musicalement de Voyager, mais également de Leprous, de Tesseract et parfois de Porcupine Tree comme au début de ‘Empire’ en cherchant bien.

Pour réussir à produire tout ce bruit, le trio fait appel à trois autres musiciens, Liam McLaughlin, Connor Mackie et Romain Jeuniau, parce que bon, voila quoi.

Legacy est un concept futuriste qui critique les progrès technologiques qui servent plus le profit que le bien-être de l’humanité. Autant dire un vaste sujet.

Ce que j’ai tout de suite aimé chez Ilho c’est la voix claire, haute et plaintive d’Andy Robinson. C’est aussi, paradoxalement, la faiblesse du groupe, car le chant prend, à mon goût, trop le pas sur la musique, qui pourtant, est capable de belles poussées forgeronnes.

Legacy alterne douceur et violence, plus du premier que du second d’ailleurs, ce qui est à mon avis regrettable étant donné la durée de la galette. Oui parce que pour le coup, ce que j’ai envie d’entendre, ce sont les poussées de testostérone comme dans ‘Replica’ ou ‘Cenotaph’.

Ceci posé, j’aime quand même beaucoup le morceau final de dix minutes qui est pourtant relativement soft, voir très progressif.

Le problème est que je n’arrive jamais au bout de Legacy lorsque j’essaye de l’écouter d’une traite. Il y a toujours un moment où je décroche. C’est probablement du à sa relative homogénéité sonore. La densité des claviers et du chant nuisent à la lisibilité de la musique.

Pour moi, c’est clairement trop chargé même s’il y a quelques éclaircies par moment. Legacy est un bel album que je n’arrive pas à écouter dans son intégralité.

Il est trop long, trop chargé et trop homogène à mon goût. Je lui préfère Union et l’écriture plus mordante et plus fraîche. Mais surtout, ne vous interdisez pas de l’écouter, il pourrait bien vous séduire.

Suffocate for fuck sake – to rest in the trust, creates the world

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Alors que je m’apprêtais à vous parler d’un album de plus d’une heure sur lequel je n’ai toujours pas encore trouvé mes marques, je suis tombé sur to rest in the trust, that creates the world, un titre d’une vingtaine de minutes composé par le groupe suédois Suffocate for fuck sake et conseillé par Alice.

La formation donne dans le post-rock hardcore cinématique depuis 2004 avec quatre sorties à son actif en plus de ce titre. Une musique écrite un peu à la manière de Sigur Ros ou de Cult of Luna si vous connaissez, mais en nettement plus accessible d’après moi.

En vingt minutes, vous allez entendre énormément de matériel sonore très contrasté, du scream, du chant clair, un texte de la poétesse Karin Boye, du post-rock, du piano, des chœurs, bref tout plein de belles choses.

Pour la petite histoire, j’ai découvert, en préparant cette chronique, que j’avais lu un roman de Karin Boye, le fameux Kallocaïne, écrit peu avant qu’elle ne se suicide en 1941. Un livre incroyable, sorte de chainon manquant entre Fahrenheit 451, Le meilleur des mondes et 1984. Si cela vous intéresse, je vous renvoie à mon billet de blog à son sujet.

‘to rest in the trust, that creates the world’ débute sur quelques notes paisibles de piano. Oui, c’est un truc qui marche toujours avec moi, j’ai été conditionné par mon épouse. Une guitare électro-acoustique se superpose au piano pour rapidement prendre une forme post-rock sur lequel le scream explose au bout de deux minutes.

La tempête passe et un chant clair, haut et fragile s’installe sur un post psychédélique incantatoire où le scream revient à nouveau. La voix de Karin Boye arrive alors pour un premier extrait en islandais : “Oui, ça fait vraiment mal quand les bourgeons éclatent. Sinon, pourquoi le printemps hésiterait-il ?”…

Après un second extrait de son texte et une courte digression au piano, le titre vire au post-métal hurlé histoire de ne pas s’endormir sur ses lauriers. Mais rassurez-vous, deux minutes avant la fin, le monstre se calme enfin avec du chant clair et un troisième extrait qui pourrait être traduit ainsi : “Tout peut être brisé. Tout guérira, tant qu’il est vivant, notre germe le plus profond.”.

Je dois reconnaître que ce mélange des genres est pour le moins déroutant, scream, chant clair, poésie, post-rock, cinématique… Mais force est de constater que cela fonctionne à merveille pour peu que vous ayez un zeste d’ouverture musicale.

Je trouve ce titre absolument génial et nettement plus digeste que ce que j’avais initialement programmé. Je suis juste frustré de ne pas en avoir plus à écouter ce qui m’a donné envie d’explorer la discographie des suédois.

J’ai commencé avec l’album Fyra sorti en 2021 et de ce que j’ai déjà écouté, je ne peux que vous recommander chaudement d’aller explorer la discographie de Suffocate for fuck sake.